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LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE

Il fut proclamé le 26 octobre 1960. Dans son livre «Rwanda politique » (Bruxelles, 1961), Fidèle Nkundabagenzi donne la liste.

- Premier Ministre = Grégoire Kayibanda

- Enseignement = Grégoire Kayibanda

* Assisté d’Isidore Nzeyimana, Secrétaire d’Etat

- Affaires intérieures = Jean-Baptiste Rwasibo,

* Assisté de Charles Lees, Secrétaire d’Etat

- Justice = Anastace Makuza,

* Assisté de Franciscus Ackerman

- Affaires sociales = Hubert Bovy,

* Assisté de Claver Ndahayo, Secrétaire d’Etat

- Agriculture = Baltazar Bicamumpaka,

* Assisté d’ Artur Dubois, Secrétaire d’Etat

- Affaires économiques = Joseph de Man,

* Assisté d’Augustin Ndayambaje, Secrétaire d’Etat

- Réfugiés = Thaddée Gatsimbanyi,

* Assité d’Emmanuel de Jamblinne de Meux, Secrétaire d’Etat

- Finances = Gaspard Cyimana,

* assisté De Jacques Dens, Secrétaire d’Etat
Trois personnalités sont désignées pour exercer des fonctions auprès de la tutelle, à savoir :

- Dominique Mbonyumutwa = Secrétaire d’Administration à la défense Nationale.

* Otto Rusingizandekwe et Aloys Munyangaju = Secrétaire d’Administration pour les Relations Extérieures.


  1. LES ORDONNANCES JURIDIQUES

La première, N° 02/16, sortie le 15 janvier 1961, des mains du Résident Général, Jean-Paul Harroy, accordait au Rwanda l’autonomie interne. La deuxième, du 25 janvier 1961, portant le N° 02/17, également signée par le même Résident Général, conférait au Conseil du Rwanda et au Gouvernement Provisoire les pouvoirs d’autonomie tels que définis par l’ordonnance législative du 15 précédent. Ces deux ordonnances, émises par l’Administration de la Tutelle, créent des structures du pays encore sous Tutelle, y compris celle du Gouvernement Provisoire à moitié belge. L’autorité suprême sur le Rwanda est totalement ignorée. Voilà qui justifie le titre de cette réflexion : c’est un simple camouflet de la Tutelle ! Juridiquement parlant, ces ordonnances sont nulles et non avenues. Cependant comme le dit A. Kagame, «l’ONU ne réussira pas à défaire la situation ainsi créée et le nouvel ordre s’imposera définitivement».



LE COUP DE FORCE

Dans son livre Un abrégé de l’histoire du Rwanda (Butare 1975, p. 308-311). A. Kagame nous narre cette pièce maîtresse qui a tourné définitivement la page d’une histoire plusieurs fois séculaire. Elle fut jouée le 28 janvier 1961. Les actes majeurs de cette journée sont les suivants :

III.1 La convocation d’un Congrès National
Doté des pouvoirs nécessaires par les 2 ordonnances, si illégales soient- elles, le Gouvernement Provisoire, ne perdit pas du temps. « J.B. Rwasibo, le Ministre de l’Intérieur, convoqua tous les Bourgmestres et Conseillers Communaux du pays pour le samedi 28 à Gitarama. A l’ordre du jour : le maintien de l’ordre et la pacification du pays. Cette Assemblée extraordinaire, dénommée dans la suite Congrès National, totalisait 2.873 Bourgmestres et Conseillers (91,9%) sur les 3126 que comptait le Rwanda. Le programme de la manifestation avait été mis au point le jeudi 26 à Kigali, sous la présidence du Résident Spécial, Le colonel Guy Logiest. Ni lui cependant, ni personne de ses Fonctionnaires européens, ne devait se montrer sur les lieux de l’Assemblée. Mais pour assurer l’ordre et parer à toute tentative éventuelle de réaction, le Résident Spécial établirait son Quartier Général à Gitarama même et la troupe ceinturerait discrètement la localité.

III.2 La déclaration capitale


Lorsque tous les camions mis à la disposition des invités furent arrivés au lieu du rendez-vous, la séance fut ouverte en plein air sur le marché de Gitarama. Joseph Gitera, Président du Conseil du Rwanda ; prit la parole et déclara : «le karinga est supprimé et le règne de Kigeli a pris fin». Les exhiba alors de Drapeau qui devait le symbole du nouveau Rwanda. A 12h 15mn il déclara que la forme de gouvernement qui répond le mieux aux aspirations du peuple Rwandais est la République. il termina par le cri : «vive la République», qui fut repris par la foule.

III.3 L’élection du Président de la République


On procéda immédiatement à l’élection du premier Président de la République. On présenta deux candidatures symboliques et deux autres sérieuses. Celle de Dominique Mbonyumutwa, du Parmehutu, qui obtint 2.391 voix (83%) et celle de Joseph Gitera, de l’Aprosoma, qui en obtenait 3 voix (0,1%). D. Mbonyumutwa fut élu.
III.4 L’élection de l’Assemblée Législative
Ce fut ensuite l’élection des membres de l’Assemblée Législative. Après le dépouillement des bulletins, on constata que le Parmehutu, obtenait 40 sièges de Députés, c’est-à-dire la totalité des territoires sauf celui de Butare où l’Aprosoma obtenait 4 sièges sur 8. L’Assemblée Législative élue se réunit et se donna Joseph Gitera comme président et Lazare Mpakaniye du Parmehutu, comme vice- président.
III.5 La formation du Gouvernement
Immédiatement après l’élection des membres de l’Assemblée Législative, le Président Mbonyumutwa chargea aussitôt Grégoire Kayibanda de former le Gouvernement. Peu après 19h30, l’équipe ministérielle était prête composée exclusivement de personnalités hutu que voici :
-Premier Ministre et Ministre de l’Enseignement = Grégoire Kayibanda

- Secrétaire d’Etat = Otto Rusingizandekwe

- Intérieur = Jean Baptiste Rwasibo

- Agriculture = Balthazar Bicamumpaka

- Affaires Sociales et Réfugiés = Jacques Hakizumwami

- Affaires Techniques = Théodore Sindikubwabo

- Affaires Economiques = Callixte Habamenshi

- Finances = Gaspard Cyimana

- Justice = Anastase Makuza

- Affaires Extérieures = Aloys Munyangaju

- Défense Nationale = Isidore Sebazungu
III.6 La création de la Cour Suprême
Le dernier acte fondateur de la République fut la mise sur pieds de la Cour Suprême. Elle fut composée seulement des membres de la Présidence et de la Vice-présidence en attendant plus tard la désignation des autres membres. Elle fut composée comme suit :- Président = Isidore Nzeyimana

- Vice-président = Daniel Shamukiga, Claver Ndahayo, Narcisse Sekerere et François Ackerman


III.7 Principes directeurs du nouveau régime
Le Président Mbonyumutwa proclama ensuite les principes qui guideront le nouvel Etat rwandais :


  1. Le Rwanda est une République démocratique et souveraine.

  2. La nationalité rwandaise sera définie par la loi.

  3. Le Rwanda est divisé en dix préfectures reparties en communes.

  4. Le Rwanda comprend les institutions suivantes : un Président de la République, un Gouvernement, une Assemblée Législative et une Cour Suprême.

  5. Tous les citoyens du Rwanda sont égaux devant la loi, sans distinction de couleur, de race ou de religion.

  6. Tous les Banyarwanda sans distinction ont accès aux écoles ; mais pourront être fermées ou réquisitionnés les écoles dont le pourcentage de fréquentation ne répondra pas à la répartition ethnique de la population.

  7. Le Rwanda reconnaît la Tutelle provisoire de l’Organisation des Nations Unies et la Belgique comme puissance administrante.

  8. Les décisions concernant l’Indépendance devront être prises et soumises à l’Assemblée Législative et à la Cour Suprême.

Le président élu, Dominique Mbonyumutwa clôtura la Session extraordinaire du Congrès National en déclarant que ces mesures entraient en vigueur ce même jour : le 28 janvier 1961.



O. CONCLUSION
Cette relation des événements du 28 janvier 1961 jette une lumière éclatante sur l’ensemble des facteurs qui ont produit le changement politique du Rwanda. L’acteur principal et décisif fut, cela nous semble évident, la Tutelle belge. Les leaders politiques hutu jouèrent un rôle très secondaire. Au niveau des moyens mis en œuvre, des stratégies d’exécution et même des mises en scène juridiques, tout revient pour l’essentiel à la Belgique. Tout ce fit en «rébellion» contre l’ONU, donc dans la totale illégalité. Seulement les faits accomplis créèrent en pratique le droit. La monarchie fut abolie, la république fut instaurée. L’antagonisme entre les Hutu et les Tutsi fut créé, radical et durable. Il engendrera le génocide en 1994. Dans ces conditions, que signifient le «coup d’Etat de Gitarama» ou la «révolution sociale hutu» ? Si ce n’était que cela, ce serait moins grave. La vérité est que même les Hutu, au nom desquels la Tutelle prétendait favoriser n’ont rien gagné dans cette soi-disant « révolution ». Ce fut plutôt un cadeau empoisonné. Refuser l’indépendance du pays, coopérer avec le colonisateur contre les concitoyens, pousser l’antagonisme jusqu'à l’exclusion totale de l’autre groupe, jusqu'au génocide, peut-il y avoir un quelconque intérêt véritable ? La suite des événements de notre histoire l’à bien montré. Tous les collaborateurs de la soi-disant révolution de 1959 ont déjà récolté largement le salaire de leurs œuvres. Les présidents des deux premières républiques, les partis racistes et aussi les hommes et les femmes du monde religieux, scientifique, médiatique qui ont accrédité la «tribalisassions» de notre nation, où sont-ils, où est leur intérêt, quelle gloire retirent-ils de leur idéologie divisionniste ? Fasse le Ciel que tout le monde retienne cette leçon de notre histoire.


DE LA COLONISATION DES HAMITES TUTSI
Jacques VANDERLINDEN

O. INTRODUCTION
Cette réflexion de la Rédaction de cette revue relate un passage du livre de Jacques Vanderlinden, intitulé La république rwandaise (1970, p.17-19). La responsabilité de cet auteur se limite à l’extrait cité. Celui-ci contient cependant l’essentiel de la présente réflexion. Le tout grand mérite de ce texte consiste à affirmer très clairement la position de la Tutelle belge dans les événements du Rwanda dont nous faisons l’anniversaire de 40 ans. Après la citation, nous ferons notre commentaire qui apprécie la valeur de vérité historique et même de qualité morale et juridique pour un homme qui, à l’époque, était « Chargé de Cours à la Faculté de Droit de l’Université de Bruxelles ».
I. LA CITATION

« … De 1962 à nos jours, le Rwanda est indépendant sous la forme d’une République qui s’est libérée dans un climat violent de haine sociale de la tutelle des pasteurs hamites qui s’étaient installés au pouvoir entre le XVIe et XVIIe siècle. Il est sans doute difficile de dater avec précision la constitution du royaume du Rwanda tel qu’il se présentait dans les dernières années du XIXe siècle lorsque l’Allemagne l’engloba dans ce qui était alors l’Afrique orientale allemande. Le processus de colonisation du pays par les pasteurs tutsi débutant vraisemblablement au XIe siècle, se poursuivit pendant de longues années et semble avoir pris sa forme définitive au XVIe et au XVIIe siècle. A ce moment, la lente fusion sociale, économique et culturelle des Hutu, des Twa et des Tutsi s’affirme sur le plan politique par la constitution d’un royaume féodal dans lequel le rôle dominant est tenu les colonisateurs tutsi venus du Nord. A partir de ce moment également, les structures économiques, sociales et politiques se figent dans un système colonial au bénéfice de la minorité tutsi. Sur le plan économique, on peut considérer que 15% de la population, les Tutsi, vivaient de l’activité économique des 85% restant, en l’occurrence des Hutu, si on néglige la très faible minorité Twa. Il importe cependant de souligner qu’au sein des Tutsi, une minorité constituait en fait la classe exploitante ; de nombreux Tutsi ne bénéficiaient que fort peu, voir pas du tout, du système de domination économique imposé aux Hutu. Cette domination était institutionnalisée à travers un système d’impôts en nature qui, frappait pratiquement les seuls Hutu ; les Tutsi ne payaient quant à eux que de faibles redevances fondées sur le bétail. Qu’il s’agisse de légumes (haricots, petits pois éleusine ou sorgho), de produit laitier (lait et beurre), de bétail, d’alcools (comme la bière de banane), les fruits de l’activité économique des Hutu étaient prélevés par l’administration royale dès qu’ils dépassaient le minimum vital ; d’une part celui-ci était bas, de l’autre l’excédent n’était guère abondant. Mais le fait que le sixième environ de la population vivait des autres cinq ainsi prélevés par l’administration fournissaient au souverain (le plus souvent après que les fonctionnaires chargés de la perception aient prélevé une partie du butin) les moyens lui permettant d’entretenir la hiérarchie politique et administrative qui assurait l’exploitation du pays. Cette administration avait à sa tête un « chef de siège », membre du conseil du Mwami, qui avait les finances dans sa juridiction tout comme d’autres hauts fonctionnaires qui administraient les affaires sociales ou les affaires économiques du pays ; par ces dernières on entendait l’administration du domaine foncier du souverain. Sur le plan social, le pays était divisé en deux classes que de nombreuses caractéristiques, volontiers soulignées par le colonisateur hamite, séparaient, sinon dans la réalité, du moins au niveau des types sociaux. C’est ainsi que l’homme de la vache, le pasteur, était opposé à l’homme de la houe, l’agriculteur ; le guerrier au porteur de bagages et d’équipement ; l’individu de haute taille, élancé, à la peau claire, à l’individu de taille moyenne, trapu et à la complexion plus sombre ; le gouvernement raffiné et né pour exercer de hautes fonctions au sujet pour ne pas dire le serf ou l’esclave, rude et né pour obéir. Sur le plan juridique, ces différenciations sociales entraînaient des règles d’endogamie au sein du groupe dominant ; pour ses membres, s’allier avec une personne du groupe dominé était presque inconcevable. Cette différenciation était enfin souvent considérée comme ayant existé de toute éternité, dès les premiers contacts entre les deux groupes, comme le fait remarquer J. Vansina, «dès l’arrivée de Kigwa sur terre, il en fut décidé ainsi» et devant se perpétuer à l’ infini (comme en témoigne la réflexion souvent citée, de certains Tutsi à la veille de l’indépendance du pays : « comment (sur la base de l’histoire) ceux-ci peuvent-ils prétendre être nos frères ?

Sur le plan politique, la domination tutsi était aussi affirmée que dans les autres domaines ; on peut même dire que c’en est l’aspect qui frappait le plus l’observateur extérieur à la société rwandaise. Celle-ci est généralement qualifiée de féodale et ceci à juste titre, puisqu’on retrouve à ses origines un mécanisme qualifiée de féodale et ceci à juste titre, puisqu’on retrouve à ses origines un mécanisme en bien des points identique à celui qui vit naître, au lendemain des invasions, la féodalité médiévale, prototype du genre. L’entrée du Hutu dans le lien de dépendance était en effet causée par un besoin de protection devant l’insécurité née du régime tutsi ; celui-ci sécrétait en effet les causes mêmes de sa future puissance, ce qui le distingue peut-être dans ses causes immédiates de la féodalité européenne où l’insécurité commença par être externe à la suite des invasions.


Le Hutu menacé par l’exaction d’un Tutsi, cherchait protection auprès d’un Tutsi susceptible de le défendre ; il devenait ainsi le dépendant d’un maître suivant un rituel bien défini. Il gagnait aussi une assurance contre les autres Tutsi et nécessairement l’usufruit d’une tête de bétail appartenant à son maître. En échange, il devait divers services à ce dernier, en même temps qu’une partie de ses récoltes. Ce contrat féodal de bail à cheptel, connu sous le nom d’Ubuhake, était la base de la société politique rwandaise traditionnelle. Il faut souligner qu’il ne liait pas nécessairement le Hutu à un Tutsi exerçant effectivement des fonctions politiques ou administratives dans la hiérarchie nationale. Ceci affirmait d’ailleurs le caractère racial de la différenciation sociale, économique et politique. Dans le régime monarchique du Rwanda pré-colonial (il s’agit bien entendu de la colonisation européenne), une race dominait l’autre à tous égards. Cette triple domination s’appuyait sur une armée composée presque exclusivement de Tutsi. Celle-ci assumait aussi bien la défense extérieure du pays que sa police interne. Placée sous le commandement direct du Mwami, son organisation se projetait sur l’ensemble de la structure administrative du Rwanda, les provinces ou districts correspondant aux aires de stationnement des corps d’armée. Son rôle sur le plan intérieur était particulièrement important, puisqu’elle est souvent considérée comme la dépositaire des hautes valeurs intellectuelles et morales de la civilisation tutsi ; c’est ainsi que l’abbé Kagame a pu parler à son égard d’armée «sociale». Enfin son rôle est souligné dans diverses circonstances particulières où il semble que les Hutu aient essayé de tirer avantage de circonstances particulières pour se rebeller contre le régime établi, mais sans aucun succès». (Fin de la citation)
II. ANALYSE DU TEXTE
La critique externe de ce texte montre que son auteur appartient au milieu de la colonisation belge. Sur les deux groupes sociaux du Rwanda, il a exactement les mêmes idées que la majorité des Belges. Les thèses affirmées sont les stéréotypes devenus le credo du colonisateur. La critique interne de ce texte permet de dresser une liste de ces pré-jugés qui peuvent être ramenés à 3 affirmations gratuites :


  1. Le Tutsi n’est pas Rwandais

  2. Le Tutsi est de race hamite

  3. Le Tutsi est supérieur au Hutu

  4. Le Tutsi est colonisateurs du Hutu


III. COMMENTAIRE
III.1 Le Tutsi n’est pas Rwandais
Cette thèse contient au moins deux aspects qu’il convient de distinguer pour mieux les examiner. 1° Le premier aspect est l’affirmation que le Tutsi a une origine étrangère. Nommons cette idée l’extranéité. Comme un immigrant peut recevoir la naturalisation, l’affirmation que le Tutsi n’est pas rwandais signifie qu’il n’a même pas acquis la nationalité par sa présence séculaire sur le territoire rwandais.
1° L’extranéité
Le Tutsi d’aujourd’hui n’est donc pas rwandais parce que ses ancêtres sont venus de l’extérieur. Peu importe la région qu’on assigne à ses origines. A notre connaissance, cette affirmation reste gratuite : aucune preuve historique ne l’atteste. Point n’est donc besoin d’insister. Les mouvements migratoires et dans tous les sens furent à l’origine de nos populations actuelles. Ce qui n’est pas prouvé, c’est que les Tutsi et les Hutu soient venus d’ailleurs : les premiers de l’Ethiopie, les seconds du Tchad ou du Cameroun. Seuls les Twa seraient indigènes. Pourquoi ne pas prendre au sérieux les découvertes archéologiques qui donnent à penser que le berceau de l’humanité est dans l’Afrique orientale ? Dans cette hypothèse scientifiquement solide, les mouvements migratoires partiraient de notre région. Et ainsi nous serions dans la logique opposée à cette thèse de l’extranéité : ce sont les autres qui seraient partis de chez nous. De plus, en appliquant la thèse d’extranéité aux Tutsi, on oublie qu’on l’avait appliqué aussi aux Hutu, supposés venir du Tchad.
2° La nationalité
La question de l’extranéité est distincte de celle de la nationalité. Dire que le Tutsi n’est pas rwandais, tout au moins à part entière, signifie qu’il n’a pas la nationalité rwandaise. Quand bien même la thèse de l’extranéité serait vraie, la présence séculaire des Tutsi sur le territoire rwandais leur aurait acquis cette naturalisation. La thèse suppose que seuls les Twa sont les vrais natifs. Les Hutu sont aussi dans le cas des Tutsi. Leur venue, imaginée antérieure à celle des Tutsi, ne donne pas plus de droit à la nationalité, encore moins à chasser ceux qui les auraient suivis. Sans oublier, bien sûr, que la nationalité rwandaise dont il est ici question vient de la dynastie nyiginya qui a fait l’unité du pays. En parlant de cette question, nous sommes conscients que les problèmes sont ailleurs : il faut trouver des raisons pour éliminer le Tutsi. Voilà tout !
III.2 Le Tutsi est de race hamite
Vraie ou fausse, cette affirmation en elle-même, ne constitue aucun problème. Des peuples de races diverses cohabitent pacifiquement dans un même pays, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, dans une symbiose enrichissant pour l’ensemble du pays. Les Etats-Unis d’Amérique en sont l’exemple patent. Par conséquent, le seul fait que le Tutsi serrait de race différente de celle du Hutu n’est problème ni pour le Tutsi ni pour le Hutu. De nouveau, le problème est ailleurs : trouver le prétexte d’éliminer le Tutsi. Profitons de ce problème même faux, pour examiner un autre plus important : celui de la race rwandaise. Au niveau ethnologique et à l’heure actuelle, qui sont les Twa, les Hutu, les Tutsi ? Au début de la colonisation, on parlait aisément de races. Aujourd’hui, on préfère le vocable «ethnies». Pour sûr, ni l’un ni l’autre, n’est adéquat. L’approche de la question dans sa globalité va nous permettre d’appréhender la réalité dans sa vérité sociologique actuelle. Rappelons les principaux facteurs qui façonnent le physique d’un individu, à savoir: l’hérédité, l’alimentation, l’écologie, l’habitat, l’activité.
Le territoire rwandais est petit : 26.338 km2. Cette exiguïté facilite les contacts quotidiens entre toutes les couches de la population. Il héberge en cette année 2011, plus de 11.000.000 d’individus. L’habitat est commun à tous les groupes sociaux : pas de zones réservées à l’un ou l’autre groupe. L’écologie est évidemment commune à tous les habitants du pays. Les mariages mixtes entre Hutu et Tutsi sont de toujours. L’alimentation est la même selon les particularités régionales. Les métiers sont actuellement les mêmes. Les structures sociales et administratives sont les même pour tous les groupes. Cette communauté de vie dure depuis le 7ème siècle avant J.C. Alors, à penser avec sérieux, une telle société peut-elle maintenir une différence de caractère racial de manière permanente ? Impossible. Même si tel était le cas au départ, au bout d’une certaine durée de cohabitation sans règles de délimitation, la fusion est inévitable. Le résultat est une symbiose ou synthèse des populations en un seul peuple. Telle est la preuve supplémentaire de l’unité du peuple rwandais sans clivage racial et culturel. Tous les groupes sociaux du pays ont une même culture faite des éléments suivants : la langue (le Kinyarwanda), la religion (la croyance en Imana créateur et providence), la loi (morale et civile), le chef d’Etat (autorité politique et administrative), l’habitat (le territoire rwandais sans zones réservées). En réalité, cette unité nationale n’existe dans aucun pays africain, à l’exception du Burundi qui est, presque en tout, semblable au notre.

Mais alors, pourrait-on rétorquer, les noms et les traits caractéristiques des trois groupes existent-il ? Comment expliquer les différences ? Nous ne prétendons pas faire une révélation quelconque. Cette revue a déjà planché sur le sujet. D’autres chercheurs l’ont dit aussi. Le problème s’évanouit si l’on cherche la différence dans celle du rang social fait de pouvoir et de richesse. Au demeurant, les deux sont liés et sont interdépendants. Dans cette hypothèse, la seule vraisemblable, nous avons les trois catégories habituelles dans toute société : les riches, les pauvres et la classe intermédiaire. Tutsi signifie le riche, Twa le pauvre et Hutu, la classe médiane. Il faut savoir que la frontière entre ces catégories reste ouverte pour la descente comme pour la montée. Un Hutu devenu riche en bovidés ou responsable politique devient tutsi. Même un Twa peut devenir tutsi. C’est le cas du nommé Buskete et ses descendants Abaskete. Dans le sens opposé, un Tutsi appauvri, ses enfants se marient avec des Hutu et finissent par devenir des Hutu. C’est peut-être ce phénomène qui explique la présence des trois ethnies dans chaque clan. Même dans celui des Abanyiginya, réputés ultra-tutsi ces trois catégories sociales existent. Une étude de Marcel d’Hertefelt lui donne la répartition suivante : Tutsi =42,27%, Hutu = 57,50%, Twa = 0,15% (Les clans du Rwanda ancien, Tervuren, Tableau 3).

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