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Notes bibliographiques

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  1. Le témoignage des 115 expatriés

Au début de la guerre d’octobre 90, 115 expatriés (Missionnaires) ont signé une déclaration dans la quelle ils se plaignent de « l’image médiatique donnée du Rwanda en Europe ». Nous lisons ce document dans le livre du capitaine Simbikangwa, intitulé « la guerre d’octobre, 1991. De ce texte, retenons deux passages significatifs de l’attitude des Missionnaires à l’égard du régime de Habyarimana justement en pleine guerre avec le Front patriotique Rwandais (FPR).


Pour nos missionnaires et en cette période, le Rwanda est un havre de paix que, malheureusement, l’opinion européenne est en train de saril. Lisons : « on a tué en quelques jours limage de calme, de stabilité, de consciencieux travail que le Rwanda s’était acquis au fil des années sous la présidence de Juvénal Habyarimana » p. 257).
Voici un notre jugement portant sur les bruits de tirs entendus dans la nuit du 4 octobre sur la capitale :« A -t-on clairement expliqué que les tirs sur Kigali n’étaient pas dans l’armée ( patriotique ) qui voulait pénétrer à l’Est mais à des groupuscules infiltrés dans la ville et que la jonction ne s’était pas du tout faite entre les bandes? » (p.258).

Ces Missionnaires connaissaient sûrement la vérité des faits. Cette nuit, l’armée gouvernementale a fait cette simagrée d’attaque du FPR afin de faire accepter à la population de la capitale l’arrestation de 5.000 Tutsi qui devait avoir lieu le lendemain. Ces deux citations montrent à souhait la position des Missionnaires dans cette guerre et à l’égard du régime de Habyarimana.


2. Déclaration de l’« Aprerwa»
Dans le no 12 de cette revue, p. 83-84, est signalée cette déclaration du 18 août 1998. Dans celle-ci ces délégués des prêtres rwandais énumèrent 5 griefs contre leur Église qu’ils acceptent comme fondés.
Parmi ceux-ci rappelons ceux qui suit : « kwemeza ko rubanda nyamwinshi ariyo igomba gutegeka= faire croire que la majorité ethnique a le droit de commander les autres groupes sociaux». C’est le reproche d’avoir cautionné l’ethnisme.
3. Une discrimination acceptée par l’épiscopat
L’un des exemples de l’alignement de l’épiscopat à la politique discriminatoire du gouvernement est l’acceptation et la tentative de justification de la loi de l’équilibre ethnique dans les écoles et l’emploi. Elle a été effectivement appliquée même dans les séminaires et les noviciats, à quelques exceptions près.
4. L’identification de l’injustice sociale avec une« race »
La lettre de carême 1959 de Mgr Perraudin est devenue un document pièce historique si souvent citée. Nous la mentionnons comme modèle de grief attribuable à l’Église. Sa gravité est déjà établie : celle d’attribuer l’injustice à une race, c’est- dire aux tutsi. Et cela dans le contexte de l’époque; ce qui signifiait : ׂ«on a raison de les faire disparaître de la scène politique». Delà à les faire disparaître physiquement, il n’y a qu’un pas, vite franchi.
5. Le tutsi est « naturellement mauvais »
Cette déclaration serait négligeable si elle ne sortait pas de la bouche d’un évêque et si elle n’était pas faite à un journal étranger De volkskrant du 26 juin 1995. A cette première déclaration était ajoutée une autre non moins inouïe qui justifiait le génocide des tutsi : il fallait les tuer pour qu’ils ne nous tuent pas. Cette double insanité sortait de la bouche de l’évêque Phocas Nikwigize, alors évêque de Ruhengeri en refuge à Goma.
6. La consécration du Rwanda au Christ-roi
Le Rwanda fut consacré au christ-roi, par le roi Mutara Charles Rudahigwa, le 27 octobre 1946, dans l’Église de Nyanza. Ce fut le couronnement d’un effort des Missionnaires pour créer « un royaume de Dieu sur terre ». Ils avaient oublié la parole du christ : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (jn 18, 36). Le résultat le plus spectaculaire de cette vision missionnaire fut le génocide de 1994. «La nature de l’ arbre se reconnaît à ses fruits».

7. «Le tutsi est l’ennemi du Rwanda»


Cette idée que « le Tutsi est l’ennemi du Rwanda (Inyangarwanda) » semble avoir été exprimée pour la première fois par Gitera dans ses tumultueux meetings populaires. Vers la fin de la détérioration du tissu social entre hutu et tutsi, l’idée était devenue classique. « Les 10 commandements des Bahutu en faisaient la base de sa doctrine raciste. Le génocide en fit une application matérielle la plus radicale. Son application la plus indubitable pour tout membre «  Hutu- power fut le FPR-Inkotanyi.

8. La persécution d’Église par État


Cette idée est développée dans ce qui précède et surtout dans l’article ultérieur. Nous n’en disons donc pas davantage ici.

NECESSITE DE NOUVEAUX RAPPORTS

ENTRE L’ÉGLISE ET L’ÉTAT
Paul RUTAYISIRE
O. INTRODUCTION

Après le génocide et les massacres de 1994, des membres influents de la hiérarchie de l’Église catholique du Rwanda ont adopté une attitude hostile à l’égard du nouveau Gouvernement,  formé le 17 juin 1994. Ils n’ont pas reconnu sa légitimité. Car, pour eux, il était composé d’une seule tendance politique et d’une seule ethnie. Il est "dominé par le FPR   ou   l’extrémisme tutsi qui veut le pouvoir sans partage’’ (1). On connaît le bilan sombre établi par le représentant spécial du Vatican, après 6 moins d’existence du Gouvernement : un bilan globalement négatif que depuis lors, les milieux missionnaires et négationnistes ne cessent de présenter. Les points positifs relevés étant la reprise des écoles, le fonctionnement de certains services comme la santé et un peu l’administration civile, le rétablissement de l’eau, l’électricité et le téléphone (2). Quant aux points négatifs, de loin les plus nombreux sont les suivants : les arrestations et les détentions arbitraires, les exécutions sommaires, la discrimination dans l’accueil des réfugiés (les anciens étant accueillis avec les faveurs et les nouveaux laissés pour comptes). Bref, pour le père Hoser et tous représentants du Vatican qui lui ont succédé, le nouveau régime est identifié à l’ancien, une thèse développée actuellement par les négationnistes de tous poils (3).



I. POUR UNE NECESSAIRE COLLABORATION
Vouloir mettre le nouveau Gouvernement au même pied d’égalité que l’ancienne relève de la mauvaise foi. Car, sur beaucoup de dossiers qui ont empoisonné la vie nationale dans le passé, le ton et l’approche ont totalement changé, même si les résultats n’ont pas suivi immédiatement. Prenons le problème crucial posé par une présence massive de réfugiés sur les frontières du Rwanda depuis juillet 1994 jusqu’à la fin de 1996. Le nouveau Gouvernement n’a pas nié aux nouveaux réfugiés les droits de retour dans leur patrie. Il a appelé dès les premiers jours tous les Rwandais à rentrer sans condition. Sous l’ancien régime, aucun membre du Gouvernement n’avait visité les camps des réfugiés, alors que le nouveau a envoyé des émissaires au Burundi et en Tanzanie pour convaincre les réfugiées de rentrer avant de les y forcer. La nécessaire coopération entre l’Eglise et le Gouvernent de la troisième République exige la fin d’un conflit imaginaire. En effet, il existe des écrits et des déclarations qui font croire à l’existence d’un conflit ouvert entre l’Eglise catholique et le Gouvernement qui ont eu recours aux clichés fantaisistes habituels et à la diffusion des informations non fondées sur la persécution des prêtres influents et indépendants. Ils parlent du soi-disant anticléricalisme des nouveaux dirigeants qui, d’après un journal belge flamand, ont été, pour la plupart, formés au marxisme et n’hésitent pas à culpabiliser cruellement le colonisateur, et dans son sillage aussi, l’Église catholique (4). Des membres du clergé rwandais réfutent eux-mêmes ces allégations mensongères. Personne ne met en doute les capacités de l’Église catholique à travailler pour la paix et la réconciliation nationale. Néanmoins, elle ne sera crédible que si elle a le courage de faire d’abord le constat de ses erreurs passées, ses compromissions et ses silences. Or, c’est ici que se situe le problème. Beaucoup de leurs écrits, qui sont la référence de la plupart des intervenants du Nord du Rwanda, font preuve d’une grande pauvreté intellectuelle dans la compréhension des réalités rwandaises passées et présentes. Comme dit plus haut, ils se contentent de répéter les clichés habituels. De ces clichés, il faut noter les plus utilisés :
1o L’opposition héréditaire entre les Hutu et les Tutsi ainsi que l’exploitation des Hutu par les Tutsi : «  On ne comprendra jamais la rage meurtrière des Hutu, dit un missionnaire, si on oublie la honte et les humiliations que les Hutu ont endurées si longtemps sous le pouvoir de la minorité tutsi qui se considérait comme la race des seigneurs et qui les méprisaient » ( 5).
2° La colère populaire : «  Le premier responsable de cette vindicte populaire, c’est le FPR et ses alliés, à cause de leur partialité et de leur mépris du peuple. L’intransigeance des politiciens, surtout celle du FPR et de ses complices qui a poussé à bout la patience du peuple »    (6). «  Je les condamne mais j’essaie de comprendre. Ils agissent par colère et par peur. Par colère contre le meurtre de leur Président, et par peur de retomber dans l’esclavage » (7).
3° La minorité qui s’est emparé du pouvoir de la majorité ethnique. Un missionnaire se demande : «  comment accepter qu’une minorité veuille dominer la majorité » (8). Le lobby missionnaire utilise toute une série de moyens pour discréditer le nouveau Gouvernement : l’entretien d’un climat d’hostilité et de mensonge. Le soutien à toutes les fonctions ou initiatives supposées représenter une partie d’opposition, la suspension des activités par certaines Congrégation religieuse, l’attentisme ou l’immobilisme préconisés par d’autres, les appels à la communauté internationale pour suspendre l’aide destinée au Rwanda, etc (9). Tous les responsables ecclésiastiques ne regrettent pas les temps où « la majorité ethnique» était au pouvoir, mais la position prédominante dans les témoignages et les écrits est celle d’une lecture ethniste et fataliste de l’histoire du Rwanda. Pourront-ils se défaire de ce modèle de lecture? La conversion est toujours possible. La difficulté actuelle réside dans le fait que beaucoup d’ecclésiastiques ont participé à l’élaboration et à la diffusion de l’idéologie ethniste. D’autres y ont été initiés. Une nouvelle génération serait peut-être moins liée au passé que les acteurs actuels. La tension que l’on perçoit de temps en temps entre le nouveau Gouvernement et certains membres de la hiérarchie catholique locale, ainsi qu’avec le Vatican (10), provient d’une différence de lecture de l’histoire tourmentée de ce pays. Pour le nouveau Gouvernement, « le génocide et les massacres d’Avril-juillet 1994 au Rwanda n’ont pas été le fruit naturel d’une inéluctable hostilité hutu-tutsi, mais l’aboutissement d’une politique délibérée, d’une campagne menée au vu et au su de tous » (11).
II. POUR UN NECESSAIRE DEBAT
L’église doit débattre sérieusement de son rôle dans la nouvelle société rwandaise. Actuellement et plus encore dans le jour à venir l’Eglise catholique n’aura plus de monopole de l’initiative, comme elle en avait l’habitude sous les régimes précédents. Le nouveau Gouvernement a fait comprendre, et c’est une bonne chose, qu’il ne veut pas que l’église joue un rôle d’avant- plan sur la scène politique comme par le passé. C’est la fin du religieux comme pouvoir mais ce n’est pas nécessairement la fin du religieux comme tel. Ce qui est souhaitable, c’est un réaménagement du religieux dans la société désormais libérée de la tutelle des clercs. Du côté de l’Église catholique, le défi réside dans l’équilibre nécessaire à garder entre « l’engagement politique au nom de la justice et la distance vis-à-vis des groupes politiques». La non-inféodation au pouvoir sera bénéfique tant à l’État qu’à l’Église, qui dialogueront en partenaires sans sujétion réciproque. Le recours à Dieu pour fonder l’ordre social en crise est présenté plus jamais comme une alternative : la religion devenant, dans cette optique, un refuge devant l’incapacité de l’État ou un environnement non maîtrisé comme celui de l’après-génocide. C’est ce qui explique, entre autres, le succès actuel des nouveaux mouvements religieux. Aux adeptes de ces mouvements religieux et à ceux, qui, dans l’Église catholique, préconisent ouvertement ou implicitement un tel modèle, il faut rappeler que « l’identité chrétienne » n’a jamais été un gage de paix. Les nations dites chrétiennes se remémorent qu’il y a un peu plus de 50 ans qu’elles ont enterré la hache de guerre. En outre, rejeter tous les maux sur l’individu et proposer une religion de l’émotion avec un faible outillage critique, c’est tomber dans le piège d’une religion, « opium du peuple ». La solution ou la contribution de la religion est à situer, non pas dans la recherche d’une société tranquille, mais dans une quête continuelle de la vérité; ce qui est caractéristique d’une société de délibération et de débat. Celle-ci est par principe incertaine de ses fins et de ses moyens. Pluraliste par essence, elle est en recherche constante des fondements de son éthique, une telle société de la critique permanente déstabilise une religion dont les rites et les dogmes prétendraient détenir la vérité.
Il y en a aussi qui préconisent l’apolitisme : le retrait du politique, mais un retrait déguisé qui sert souvent à maintenir un « statu quo» politique et socio-économique. Cette position ne permet pas d’imprimer une véritable dynamique prophétique qui met en lumière les véritables enjeux. Elle peut même être un signe d’une peur réelle d’affronter les questions brûlantes de la société au risque de se satisfaire du conformisme et de la compromission. Dans l’Esprit de Vatican II, l’Église ne doit pas concurrencer les instances et les prérogatives de l’État, ni vouloir moraliser sur tout et à propos de tout ce qui ne va pas. Sa contribution est de participer au débat public sur la préoccupation du moment et sur les valeurs qui doivent guider la société, avec d’autres religion et groupes philosophiques. Elle propose sa vision, et ne l’impose pas à partir de l’Évangile, de sa Tradition et de ses analyses des réalités locales. Dans cette optique, l’Église ne se contentera pas de dénoncer facilement et dans des termes généraux l’injustice sans se prononcer sur les causes et sans faire des propositions. Pour cela, elle doit se doter d’une véritable pensée politique, sociale et économique.

L’absence du pouvoir temporel et de toute alliance avec l’État devrait normalement permettre aux Confessions religieuses d’employer leur potentiel spirituel et moral en participant à la création d’une société réellement pluraliste et démocratique. Sans cela, elles ne parviendront pas à un renouveau véritable. La restauration religieuse va de pair avec la transformation de la société. C’est pour cette raison qu’elles doivent se situer au sein de cette société et non pas en marge ou en retrait d’elle. De son côté, l’État ne peut pas contester aux Confessions religieuses leur droit de participer au débat public si celui-ci s’exerce dans le strict respect des lois démocratiques. Il a même l’obligation de le promouvoir.




Notes bibliographiques
1. Petit Écho, N° 8, 1994, p.374

2. Lettre au Ministre de la justice, 9 Janvier, 1995

3. SIBOMANA, André : Garder l’espoir pour le Rwanda, Descellée de Brouwer, 1997.

4. De Standard, 15 Janvier, 1995.



5. Petit Écho, N° 9, 1994.

6. Dialogue, N° 177, 1994, p.56.

7. La Tribune de Genève, 18 Avril, 1994

8. Actualité religieuses dans le monde, op. cit.., p.10

  1. La déclaration du Ministre des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse au mois de mai, 1998.

10.Déclaration du Gouvernement Rwandais en réponse aux propos du Pape à Nairobi, 22 Septembre 1995.
POUR PLUS DE SERENITE ENTRE L’ÉGLISE ET

L’ÉTAT
Philippe BASABOSE
O. INTRODUCTION
Je n’ai jamais été partisan d’une guerre insensée. Ce doit être un pis-aller lorsque toutes les autres possibilités son vainement épuisées. Les relations entre l’Église Catholique et le Gouvernement de la troisième République portent la séquelle des conflits ethniques et du génocide. On a oublié de tourner la page et de penser que personne n’a le moindre gain dans une lutte intestine entre les filles et le fils de ce pays. Tourner la page signifie : remiser les épées dans la gaine pour construire ensemble une société viable pour tous. Par chance, aujourd’hui, nous avons un Gouvernement qui a pour programme justement l’union nationale. Quel est le Rwandais qui aurait la mauvaise idée de chercher autre chose? Ma réflexion démarre de cette base de naïveté que personne ne souhaite continuer le suicide. Si donc je ne mets pas en doute le désir pour tous de vivre en paix avec ses concitoyens, je suis loin d’être naïf pour les conditions qu’exige la faisabilité de ce projet qui est en réalité une paix de braves ! Je suis encore jeune et je ne veux pas vieillir dans la peur d’être tué par des gens qui ont peur que je veux les tuer. Je porte en moi une grande colère contre nos instututions qui encadrent notre vie sociale. J’ai parlé des régimes qui nous gouvernent depuis l’indépendance et des églises chrétiennes qui ont la mission sacrée d’enseigner aux gens l’amour fraternel. J’ai une grande colère comme tous les jeunes contre les institutions. Mais ma colère se redouble lorsque je vois que, maintenant que nous avons un Gouvernement qui cherche, enfin, l’union d’entre nous, on le boude, l’Église catholique surtout le boude. En elle, tout n’est pas sain, encore moins saint. Nous en viendrons aux preuves.
I. PAS DE SOLUTIONS MIRACLES
Ces derniers temps, on veut recourir aux solutions miracles. C’est vrai, une poignée de jeunes gens ont bouté dehors la machine génocidaire du MRND-CDR actionnée par la main de fer des colonialistes. Mais le miracle n’est pas encore parfait. Chez Kabila, c’est la même machine dont on change les pièces usées en les achetant dans les usines du Zimbabwe, d’Angola et d’ailleurs. La réparation sitôt terminée, la machine va rouler à toute allure pour atteindre Kigali. A moins qu’elle rencontre des obstacles sur la route du retour. On cherche un autre nouveau miracle dans le domaine de la justice. Ce miracle s’appelle « Gacaca». Il aurait la vertu de produire une confession générale, avec conséquence que les prisions se videraient de son plein. Ce n’est pas moi qui suis contre le miracle de guérison des malades. Si le virus du génocide peut-être guéri, même miraculeusement, j’applaudirai des deux mains. Comme l’apôtre Thomas, avant de voir, je ne croirai pas ! En effet, on enferme les aliénées tant qu’ils le sont, pour le soigner ou les mettre hors d’état de nuire. Pour le bien soigner et le bien guérir, l’internement n’a plus de sens. Tous les malades n’ont pas les mêmes aptitudes de guérison. Le malade qui se nomme « ecclésiastique» est difficile à guérir parce qu’il a de la misère à reconnaître sa maladie. Il se croit toujours sain parce qu’il est réputé saint. Le témoignage qu’on va lire donne la mesure de cette difficulté.
II. EST-CE LA VOIX DU PAPE?

En date du 19 Mai 1999, fut publié dans l’Osservatore Romano, journal de la Curie romaine, un article non signé mais portant le sigle des 3 étoiles qui désignent les échelons les plus autorisés de cette administration du Saint-Siège. D’aucuns pensent ou veulent faire croire que c’est le Pape qui a parlé. Écoutons d’abord pour juger après.


« Au Rwanda, une véritable campagne de diffamation contre l’Eglise catholique est en cours, afin de la faire apparaître comme responsable du génocide de l’ethnie tutsi, qui a ravagé le pays en 1994. [ …] . L’arrestation de Mgr Misago [évêque de Gikongoro accusé de complicité dans le génocide de certains des 150.000 Tutsi tués dans son diocèse] cinq années exactement après les massacres, doit être considérée comme le dernier acte d’une stratégie du Gouvernement rwandais pour réduire ou éliminer le rôle conciliateur qu’ a eu l’Église dans l’histoire du Rwanda, dans le passé et jusqu’aujourd’hui, cherchant par tous à en salir l’image [...] . Actuellement, l’attention de la population est polarisée sur génocide de 1994. Il faut en réalité continuer de préciser qu’il y a eu au Rwanda un double génocide : celui contre les Tutsi ( et certains Hutu modérés ), commis à partir du 6 Avril 1994, qui fait plus de 500.000 victimes, et celui contre les Hutu, a partir d’Octobre 1990 jusqu’à la prise du pouvoir par le Front Patriotique Rwandais ( FPR) tutsi, en juillet 1994. Ce génocide de hutu s’est poursuivi dans la forêt congolaise, ou les Hutu en fuite ont été, massacrés pendant des mois sans la moindre protection de la communauté internationale. Le nombre de victimes hutu s’élève à environ un million. Les deux génocides ont été horribles et les deux doivent être rappelés, si l’on veut éviter une propagande unilatérale».
C’est ici que termine la citation des extraits de l’Observatoire Romano. La suite est constituée par le commentaire de la revue Billet d’Afrique et d’ailleurs (N° 72, 199, p.7) qui nous sert d’intermédiaire pour cette relation. Apprécions :
"Ce dernier paragraphe, dûment autorisé, est en lui-même une tragédie, compte tenu de l’influence de l’Eglise au Rwanda. On peut discuter de la qualification des massacres de réfugiés hutu dans les forêts congolaises, et du nombre de tués (sur un maximum de 200.000 disparus). Là n’est pas le côté insupportable de ces textes : c’est l’affirmation qu’un deuxième génocide, de Hutu par les Tutsi, aurait été mené d’octobre 1990 à juillet 1994. Cette assertion soulignée, répétée, et l’évocation d’un million de victimes hutu, n’ont aucune base historique (Voir l’étude exhaustive des événements de cette époque : le volumineux rapport d’Human Rights Watch /FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, Billets N° 70). Pire, ces propos mûris au Vatican, reprennent exactement la thèse des planificateurs hutu du génocide des tutsi. Celui-ci serait une réplique au génocide des hutu par les tutsi : une autodéfense. L’organe officieux de l’Eglise catholique rejoint donc l’idéologie génocidaire et la réalimente. Bien au-delà du cas de Mgr Misago cette prise de position insensée s’apparente à une complicité intellectuelle. Elle signale une responsabilité par obstination, par entêtement aveugle. Elle montre que l’Eglise catholique n’est pas capable, aujourd’hui plus qu’en 1994, de jouer le rôle conciliateur auquel elle prétend. On notera par contraste que l’association des églises pentecôtistes du Rwanda demande à ses fidèles poursuivis en justice pour génocide de reconnaître leurs crimes et d’avoir le courage d’en demander pardon à leurs victimes".
Les auteurs de ce commentaire nous disposent d’en dire d’avantage. Le texte intégral de cette revue du Vatican a été traduit récemment en Kinyarwanda dans le journal Imvaho et commenté dans le N° 1520 de Kinyamateka. Il m’a plu de trouver cette analyse dans la revue française qui a mis le doigt là où le bât blesse dans ce domaine des relations entre l’Eglise catholique et le Gouvernement rwandais. Dans l’évangile, Jésus a fait remarquer que « c’est chez lui que le prophète a le moins de succès». C’est le cas de le dire pour l’Eglise du Rwanda. C’est elle qui a le plus de problème pour recevoir la grâce de conversion alors que c’est elle qui la prodigue aux autres pécheurs. Faut-il penser vraiment que ce texte de l’Osservatore Romano vient du Pape, c'est-à-dire de ses services? Jusqu’à preuve du contraire, je continue de penser que les autres l’ont rédigé à sa place et à son insu. Ceux- là devrait évidement être sanctionnés, tout de même!

III. POURQUOI L’ÉVANGILE N’A-T-IL PAS PU NOUS SAUVER?
Mon travail quotidien n’est pas de réciter le chapelet à longueur de journée. Mais j’ai été baptisé dans l’Eglise catholique et je continue de croire au message du Christ. Cette fidélité, au lieu de m’aider, au contraire c’est elle qui me fait le plus de problème. Pourquoi le message d’amour du prochain prêché aux Rwandais depuis bientôt 100 ans n’a rien donné ? Je veux dire n’a pas pu nous sauver du naufrage génocidaire. Dans les lignes qui suivent, je vais balbutier des réponses que j’entends ici et là et aux quelles je crois si peu, pour laisser planer le point d’interrogation. Celle-ci, je la préfère à une soi-disant réponse qui n’en est pas une. Pour l’efficacité de l’Evangile, trois facteurs doivent concourir : le message, le messager et le destinateur. Que s’est-il passé dans notre cas?
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