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Dialogue, N° 137, 1989, surtout les pages 56-68 et 86-96.
Bagaragaza, Thaddée : Une révolution socio-politique et non ethnique, in Dialogue, 137, p. 13-14.
Harroy, J.P. et Logiest, G. : Lire leurs mémoires.
Chretien, J.P. et Prunier, G. : Les ethnies ont une histoire, Karthala, 1989. lire surtout les pages 177-200 et 201-212 ; On a vu dès «ethnies naitre et disparaître » sous l’action de la colonisation.

1959, ANNEE DE REVOLUTION OU DE REGRESSION ?
Pierre KAMANZI

  1. INTRODUCTION

En cette année qui marque le 40ème anniversaire des bouleversements politiques de 1959 dans notre pays, il est important de jeter un regard en arrière pour évaluer les effets de ce changement et de faire une prospective. Car l’avenir de ce pays nous intéresse tous à quelque degré de responsabilité que chacun se situe. Aucun Rwandais ne devrait penser qu’il n’est pas concerné. Nous sommes tous comme des passagers dans un même bateau qui navigue sur une mer houleuse, tous sont également concernés et chacun doit jouer son rôle pour le bien de tous : on se sauve ensemble ou on coule ensemble. Pour ce bilan, la Rédaction de cette revue a approché un sage parmi les sages : Pierre Kamanzi. Elle lui a demandé comment, lui en tant que homme d’expérience qui fut mêlé aux événements dont nous faisons mémoire, il juge ces 40 ans de ce qui est nommé par ses auteurs et sympathisants «la révolution sociale». Il s’est prêté avec beaucoup de disponibilités à cette interview, exigeant seulement que rien ne soit publié en son nom sans qu’il ait eu l’occasion de l’approuver. Et cela d’autant nécessaire que ses propos en Kinyarwanda seront traduits en Français. Ce que, de toutes les façons, nous ne pouvions pas faire autrement. Comme de coutume, la première question fut de nous dire qui il est, par rapport à l’objet de notre démarche.





  1. Monsieur Kamanzi, qui êtes-vous ?

Après un sourire narquois, il répondit tranquillement et paisiblement. Mon nom, vous le connaissez. Ce qui vous intéresse, j’imagine, c’est plutôt ce qui me qualifie pour répondre à vos questions. Et voici. Je suis né en 1920. Après mon école primaire, j’ai voulu devenir religieux et suis entré au juvénat des frères Josephites à Kabgayi. Après cette tentative sans succès, j’ai essayé autres choses. Parmi mes fonctions, j’ai été sous-chef à deux endroits dans le Territoire de Nyanza, pour terminer comme assesseur au Tribunal du Mwami. Cette période couvre à peu prés les 15 années pendant lesquelles se sont préparés les changements politiques baptisés plus tard la «révolution sociale». En 1959, j’ai dû m’exiler d’abord au Zaïre, puis en Tanzanie, avant de m’établir à Bujumbura jusqu’au retour des réfugies en 1994. Durant toutes ces années, la période qui m’a marqué le plus est celle passée à Nyanza, auprès du roi Mutara III Rudahigwa. Si tout le monde avait compris et voulu résoudre nos problèmes comme lui, rien de vraiment grave ne nous serait arrivé. Hélas, j’aurais l’occasion de le préciser, il a rencontré l’incompréhension de beaucoup des siens et l’obstination préméditée de l’Administration coloniale.





  1. Parlez-nous du roi Mutara III Rudahigwa

Vous le savez. Il fut intronisé le 16.11.1931, pendant que son père, Yuhi V Musinga, prenait le chemin de l’exil. Il devait mourir à Bujumbura, le 25.07.1959, dans les conditions que vous connaissez aussi. Entre ces deux dates, mon expérience particulière le concernant est dans trois domaines. Le premier est dans ses initiatives agro-pastorales. J’ai été gérant de la Laiterie de Nyanza dont il était propriétaire. Cette laiterie fut plus tard commuée en la célèbre Coopérative de Nyanza qui est toujours en activité. Je l’ai aussi connu dans le domaine du sport. J’ai été membre de son équipe de football Amaregura. Le plus proche de lui, je le fut surtout au temps où j’étais assesseur dans son Tribunal. Par ces contacts avec Rudahigwa , j’ai eu à apprécier son amour du travail, ses grandes qualités de sportif et son sens de la justice surtout à l’égard du petit peuple. Comme on ne peut pas tout dire, je voudrais signaler deux traits particuliers dans la vie de Rudahigwa. Le premier fut d’avoir été « un homme écartelé entre deux mondes opposés».


Pour commencer, il devait rester fidèle à son père et en même temps sauvegarder les intérêts de la Nation auprès des Blancs. Il a dû être «disciple » de l’Eglise catholique qui chassait son père pour sa fidélité à la tradition religieuse ancestrale. Il a dû lutter entre l’Administration coloniale qui voulait des réformes précipitées et radicales. Mais la majorité des autorités indigènes les trouvait peu fondées. Il a dû finalement affronter la Tutelle pour exiger l’indépendance de son pays, à l’instar des autres pays africains, pendant que les leaders hutu n’en voulaient pas. En réalité, c’est de ce tiraillement qu’il est mort, écrasé entre le marteau et l’enclume.
Le deuxième trait est sont idéal politique de l’unité et le progrès du peuples tricéphale : imbaga y’Inyabutatu ijya mbere. Bien avant tous ses collaborateurs, il avait pressenti que la division entre les Rwandais était le principal danger mortel. Toutes les réformes qu’il entreprenait avaient en priorité ce but. Pensons aux suivantes : la suppression d’ubuhake (le contrat bovin), la suppression des ibikingi (les pâturages), le projet de nomination accélérée de nouveaux sous-chefs hutu, la création de bourses des études à l’étranger au profit des élèves doués. Nous connaissons, par exemple, le fonds Mutara, le début de la création des écoles officielles, le Collège de Nyanza confié aux Pères Jésuites, plus tard transféré à Bujumbura. Je pourrais continuer, mais je vous laisse me poser d’autres questions.


  1. Parlez-nous aussi des partis politiques naissants à cette époque

Vous connaissez les principaux : Unar, Rader, Parmehutu. Tous ces partis ont fini, comme vous le savez aussi, par être éliminés par le Parmehutu de Kayibanda. La raison en est que son programme correspondait exactement au désir de la Tutelle belge qui ne voulait pas donner l’indépendance du pays. Le programme du Parmehutu était clair : pas d’indépendance immédiate. C’est ainsi que dans le premier gouvernement dit «provisoire», la moitié des Ministre était bel et bien des Belges. C’est ce gouvernement qui a prépare et réalisé «le coup d’Etat de Gitarama», les élections communales et le référendum. Evidement, tout était joué à l’avance. Quant aux autres partis, leur sort fut différent. L’Aprosoma qui avait commencé avec la prétention de parler pour la masse laborieuse, a fini par se rapprocher du Parmehutu et même par être absorbé purement et simplement. Le Rader a eu une position fort ambiguë. Il a disparu totalement lors de la pendaison de ses principaux leaders à Ruhengeri en 1963.


L’Unar, avec son programme aux antipodes de la volonté de la Tutelle, ne pouvait que payer tous les frais de son entêtement à vouloir l’unité nationale et surtout à réclamer l’indépendance immédiate. Il a oublié le proverbe ancestral : «Amaboko make atera imico myiza» ( la faiblesse demande la douceur) ou un autre : «ntawe unanira umuhamba» (on ne se bat pas avec son fossoyeur). Le souvenir global que je garde de cette activité des partis politiques es qu’elle fut manipulée par la colonisation belge et que l’avenir de notre pays fut compromis à cette époque. Jusqu’à maintenant, nous payons encore la facture des erreurs de ces partis politiques.

  1. Si on comprend bien, tous les maux viennent de la colonisation ?

Ce n’est pas tout à fait mon idée. Il y ‘avait des injustices à corriger. Mutara avait essayé. Il avait des réformes à opérer dans le pays et en faveur de toute la population. Il y a eu des incompréhensions de la part de certains autorités tutsi. Il y a eu enfin des ambitions démesurées de la part des nouveaux leaders hutu. Mais, tout ceci dit et reconnu, sans la force de frappe de la Tutelle, d’un Logiest et autre Harroy avec leur engeance administrative, un Kayibanda, n’aurait pas fait le poids devant les hordes des monarchistes et nationalistes. N’oublions pas qu’au début des affrontements, les plus farouches monarchistes et nationalistes étaient des Batwa ou des Bakiga du Nord, surtout de Ruhengeri. Lorsque ceux-ci ont expulsé les Tutsi de leur région, on leur avait dit : ces Tutsi du Nduga sont contre le Mwami ! Les choses ont changé après. Les Missionnaires ont joué un rôle décisif dans l’évolution de cette mentalité. On a fini par leur faire que tous les Tutsi sont unaristes, c’est-à-dire : anti-blancs, anti-chrétiens, communistes, par conséquent anti-hutu. Bref, ils ont compris ce que dira plus tard leur évêque Mgr Phocas Nikwigize : les Tutsi sont mauvais par nature» !




  1. Que serait-il arrivé si Unar avait gagné ?

Je n’en sais rien. Au mieux, son programme d’unité nationale aurait conduit le Rwanda au recouvrement de son indépendance et au développement du pays. Les inégalités presque inévitables en tout pays n’auraient jamais revêtu le caractère «ethnique». Dans ce contexte, le génocide serait toujours inconnu au Rwanda. je pense aussi que la crise provoque par l’indépendance immédiate entre le Rwanda et la Belgique n’aurait duré qu’un bref moment. La coopération aurait repris rapidement et sr de meilleures bases de respect mutuel entre les deux pays. De toutes les façons un pays pauvre comme le Rwanda n’a pas de quoi faire le fiers de manière durable !




  1. Monsieur Kamanzi, revenons à nos moutons

Nous sommes venus vous voir pour avoir un avis d’un sage qui a vécu les événements de 1959 au Rwanda, pour savoir comment vous les jugez aujourd’hui avec un recul de 40 ans ; et même pour savoir s’il vaut mieux les oublier ou mes garder dans la mémoire. C’est beaucoup de question à la fois. Essayons de les sérier. Commençons par la dernière dont la réponse est plus facile. Nos ancêtres ont déjà répondu en disant : «Akabi kavugwa nk’akeza» (le mal comme du bien, on en parle toujours). Le sous-entendu du proverbe est le suivant : «du bien pour l’imiter, du mal pour l’éviter» quant au jugement global des événements de 1959, voici mes idées.




    1. Pour moi, 1959 fut la pire année de notre histoire

Il a dû y avoir d’autres catastrophes nationales dans le pas par exemple, sous Ndahiro Cyamatare (1477-1510), lorsque les Abanyabungo ont occupé une grande partie du pays durant 11 ans. Cette catastrophe a été bommée « Urubi rw’i Nyundo», localité de Kingongo en commune actuelle de Kibirira où furent massacrés le roi, la reine-mère et les autres membres importants de sa Cour. Il y a eu aussi des calamités naturelles comme des famines ou des pestes bovines. Néanmoins, rien auparavant n’avait mis en danger mortel l’existence même de la nation rwandaise. Nous avons touché le fond de cette crise lorsqu’il est devenu pensable que «le bonheur du Hutu exige l’élimination physique du Tutsi» ! C’est cela la définition du génocide.




    1. 1959 aurait libéré le «peuple hutu» du joug des féodaux tutsi» ?

Le peuple hutu existe dans la tête de quelques politiciens. Je ne connais que le peuple rwandais. Ceux qui le divisent en ethnies auraient pu le diviser aussi à partir d’un autre critère comme le sexe, la région ou la religion. L’ethnie a été privilégiée parce que la majorité numérique des Hutu offrait un avantage électoral. Quant à dire que les trois groupes sociaux sont des peuples différents, c’est une autre question, somme toute ridicule. Nous avons en commun et depuis des siècles ce qui fait une nation : habitat, écologie, alimentation, langue, loi, religion, morale et pariages entre les trois groupes sociaux. La nation rwandaise est une symbiose de tous ces facteurs. Je reconnais que les noms, Abatutsi, Abahutu, Abatwa existent depuis les temps immémoriaux. Je sais que partout au monde, les gens ont tendance à protéger leurs privilèges par des barrières solides. Convertir une différence socio-économique en catégorie de race répond à cette préoccupation.


L’anthropologie coloniale trahit cette tendance en imaginant des «race nobles» et des «races roturières». Cette conception a été transportée au Rwanda. les Rwandais eux-mêmes l’avaient déjà dans la conception hiérarchique de la société. Anciennement, cette hiérarchie, de haut en bas, était toujours la suivante : Tutsi, Hutu, Twa. Depuis les changements d’alliance politique entre le colonisateur et l’«allié indigène», la même hiérarchie demeure, changeant seulement les occupants. La nouvelle hiérarchie devient : Hutu, Tutsi, Twa ; parfois même : Hutu, Twa, Tutsi. Il faut reconnaître que le passage entre catégorie sociale et catégorie raciale est assez imperceptible dans bien des situations. Les confondre complètement est une erreur évidente.
Toujours est-il que, quel que soit le régime, ce n’est jamais un groupe «racial, spécifique» qui est au pouvoir. De même que la monarchie Nyiginya n’était pas un régime tutsi, de même les premières républiques n’étaient pas des régimes hutu. Dans tous ordres de considérations raisonnables, il faut revenir au bon sens pour dire que les trois groupes sont des catégories sociales qu’il ne peut pas y avoir une race riche ou pauvre. Alors que signifie libération du peule hutu, que signifie le joug de la féodalité tutsi ? C’est toujours le même refrain. Ne dit-on pas aujourd’hui : le régime est tutsi ? Pourquoi ? il a beau avoir comme Chef d’Etat et de Gouvernement des personnalités hutu, rien à faire, c’est un régime tutsi parce qu’il a en son serin des Tutsi. Si libération signifie exclusion, on ne nous y prendra plus. Qu’on se le dise !


    1. 1959 aurait pu être une vraie révolution

Les problèmes prioritaires qui se posaient à cette époque étaient les suivants : 1° l’indépendance du pays ou plus exactement le «recouvrement de notre indépendance» que le colonisateur nous avait spoliée lors de la Conférence de Berlin. 2° l’initiation à la démocratie véritable dont l’essence est la jouissance par tous les Rwandais des droits civils de citoyenneté. 3° l’élimination progressive de certaines discriminations à l’égard des femmes et des Twa. 4° la réforme de certaines institutions sociales et administratives comme le choix entre la monarchie constitutionnelle et le République.


Au lien de cela, le colonisateur a piégé le débat politique. Le piège fut la confusion entre majorité hutu et majorité démocratique qui est celle des idées et des options politiques, pour une meilleure gouvernance du pays au profit de tous les citoyens sans exclusion. Les leaders tutsi se sont enlisés dans une lutte stérile et inégale contre la force redoutable de la coalition colonialo- parmehutu. Quant aux leaders hutu, ils ont cherché le pouvoir contre le bien commun de la nation. Ils ont endossé la terrible responsabilité de nos malheurs actuels.



  1. En homme averti, que pouvez-vous souhaiter pour ce pays ?

Tout le bien possible. Plus précisément, j’utiliserais deux formules traditionnelles : amata n’ubuki ; amahoro n’umudendezo. Qu’est-ce à dire ?




    1. Amata n’ubuki (Le lait et le miel)

Cette formule indique la priorité que les Rwandais donnaient à l’économie dans le bien-être du pays. C’est elle qui donnait le rang social à chaque individu et qui se traduisait en les noms de Tutsi, Hutu, Twa. Le pouvoir politique et administratif lui-même avait cette première dimension. Lorsqu’un pays n’a pas une économie solide, le patriotisme devient «le ventri-otisme», comme certains le disent aujourd’hui. Tous prétextes sont beaux alors pour cacher cette bassesse. L’ethnisme est un exemple éloquent de cette stratégie de l’«écuelle» (imbehe) pour utiliser une autre expression en vogue sous l’ancien régime. Aujourd’hui, le terme «corruption» remplit la même fonction dans le système de «contrôles sociaux).




    1. Amahoro n’umudendezo (la paix et la tranquillité publique)

La paix dans le cœur et la paix dans la rue sont, évidement, à la fois la condition et le résultat de l’économie du pays. Etant donné ce que nous vivons depuis 1959, trois préalables sont nécessaires à cette pacification de notre pays. Il faut «un gouvernement fort» pour imposer les règles de jeu à tous les citoyens. Le génocide et le divisionnisme devenu viscéral ne peuvent pas être exorcisés par des discours lénifiants. Les forces de l’ordre sont un atout indéniable. A condition, bien sûr, que l’usage de la force ne sera pas détourné et mis au service des intérêts égoïstes.


La «justice sociale» est la deuxième condition de possibilité de la paix sociales. Cette justice vise deux problèmes particuliers de ce temps de crise que nous n’avons pas fini de traverser. Il y a le problème du génocide, comprenant ceux qui l’ont fait et ceux qui l’ont subi. Il y a le problème de la cause de ce génocide qui est l’ethnisme, c’est-à-dire la fracture de la nation rwandaise en trois races ennemies. Nonobstant celui de notre diviseur extérieur dont la stratégie est e «divide et impera» (diviser pour régner). La tâche est en réalité une aegeure pour un pays pauvre qui n’a pas les moyens de son action. La justice commence par la vérité des faits à connaître Pour la traiter avec équité. Espérons que le Ministère de la Justice qui a si longtemps pataugé et semble actuellement animé d’un mâle dynamisme du nouveau Ministre jeune et décidé ne sera pas trop vite découragé par l’ampleur et les pièges de la tâche.


0. CONCLUSION

Monsieur Kamanzi, au nom des gens qui vont lire vos appréciations et vos analyses, la Rédaction de notre revue vous remercie infiniment. La réponse à notre question de départ est implicite à tout ce que vous venez de nous dire. Pour vous, 1959 est une régression et un malheur sans pareil dans les Annales de notre histoire. Pour vous la cause première et principale de ces malheurs est la main étrangère qui a manipulé nos petits compatriotes qui ont remplacé le «patriotisme» par «ventriotisme». Merci de nous confier vos espoirs pour notre avenir qui reposent sur un pouvoir juste et fort contre les démons de la division. Nous associons nos veux vôtres pour souhaiter que l’actuel Gouvernement d’Union Nationale ne soit pas seulement un veux pieux mais une réalité. Alors cette nation retrouvera dans le concert des nations sa dignité d’antan !



CONCLUSION GENERALE

Dans cette conclusion, dressons un bref bilan de ces 40 ans de la «révolution de 1959». Il y a sans doute du positif et négatif. Le classement des faits qualifiés tels changent de place selon les opinions. Y a-t-il un classement acceptable par toutes les opinions ? Hasardons-nous.




  1. Bilan négatif




  1. 2.000.000 de tués. C’est le chiffre le plus bas qu’on avance habituellement des Rwandais sacrifiés sur l’autel sacrilège du problème pudiquement nommé «hutu-tutsi». Toutes les catégories sociales sont comprises dans cet holocauste. Y a-t-il quelqu’un de sens qui met ce chiffre au positif ? Peut-il y avoir un problème dont la solution exige impérativement pareille solution ?




  1. La fracture entre Hutu et Tutsi. Quelles que soient les opinions selon lesquelles cet antagonisme est avant ou depuis 1959 ou même seulement depuis 1990, à l’heure qu’il est le fait est indéniable. Actuellement, il est presque impossible de parler avec un autre Rwandais sans avoir à l’esprit la question de son ethnie. De la sorte, celle-ci est devenue problématique. Que trouve cette situation normale ?




  1. Le phénomène de réfugiés. On parle des anciens réfugiés et des récents. Le gros de ces deux catégories est de retour dans le bercail. Y a-t-il aujourd’hui un Rwandais qui ne regrette pas cette apatride ?




  1. Notre commun diviseur. Y a-t-il quelqu’un qui pense sincèrement que le colonisateur est totalement étranger à notre division ethnique ?




  1. Le Parmehutu assisté par l’administration coloniale. Cette idée est-elle sincèrement et objectivement discutable ?


B. Bilan positif ?
1959 a-t-il laissé au Rwanda un acquis positif ? Voici quelques réponses affirmatives.


  1. « Il y a un Rwanda hutu». Dans le livre si connu «Mission au Rwanda» de G. Logiest, son préfacier écrit : «… pour comprendre pourquoi il y a un Rwanda hutu, il faut comprendre le Colonel Logiest (p.IV)». Plus loin nous lisons : «Les circonstances n’étaient cependant pas défavorables aux Hutu. La Tutelle et l’Eglise leur donnaient une chance de s’imposer» (p.104). A l’heure qu’il est, combien de Rwandais partagent cette opinion : qu’il y a un Rwanda hutu et que c’est un acquis positif ?




  1. La suppression de la féodalité tutsi. Ce terme «féodalité» es souvent remplacé par les termes supposés équivalents : «la domination, l’exploitation, l’esclavage, la colonisation». Tous ces termes sont complétés par le qualificatif tutsi. Le système de gouvernement suivi avant la colonisation n’a rien de tutsi ni même de rwandais. Il est commun à toute notre région et à tous les royaumes même hutu. Attribuer cette féodalité aux Tutsi est une contrevérité flagrante. Le contrat bovin (ubuhake) est souvent cité comme l’une de ses bases. On omet de dire que le contrat foncier (ubukonde) était semblable. On fait croire aussi que ce contrat bovin concernait principalement les Tutsi plus nombreux que les Hutu comme possesseurs de bovidés. Dans cette féodalité on inclut aussi les travaux et les prestations obligatoires imposés à la population par l’administration coloniale (akazi n’uburetwa). Ces sévices coloniaux n’ont rien de tutsi même si les autorités indigènes étaient en majorité tutsi par la volonté de l’autorité tutélaire. Si 1959 a supprimé la féodalité, ce fut au profit de tous les Rwandais. Il faut, au demeurant, remarquer que le roi Mutara Rudahigwa fut le principal artisan de cette suppression.




  1. L’introduction de la démocratie. Hélas, la vraie démocratie a été manquée en 1959. Au lieu de ce mode de gouvernement qui convient à tous les Etats modernes, le Rwanda a été soumis à une dictature raciste du Parmehutu. Le nombre majoritaire de la population hutu a été converti en majorité démocratique ; ce qui est antidémocratique. La majorité valable en démocratie est celle des idées et des options politiques. De plus, ce qui est arrivé comme cassure de l’unité nationale montre bien que la démocratie à la Parmehutu est un slogan qui ne leurre personne. La démocratie reconnaît les droits de tous les citoyens et bannit toute discrimination.


  1. La réplique de 1959

Il a fallu plus de 30 ans pour dire non à 1959. Ce fut le premier octobre 1990. La négociation d’Arusha s’est avérée inefficace. Le langage des armes est devenu inévitable. Pas de Rwanda hutu mais Gouvernement d’Union Nationale. Aujourd’hui, tous les espoirs sont permis. Le nouveau drapeau national annonce le nouvel horizon : un pays ensoleillé, sous un ciel bleu et sur un tapis de verdure. On ne peut mieux exprimer la volonté d’en finir avec la discorde nationale. L’unité nationale retrouvée ne sera définitive qu’à deux conditions impératives. La première est le travail pour nourrir tous les enfants de ce pays, sachant que c’est là que se trouve la pomme de discorde. La seconde est le courage, car le démon de la division ne connaît pas le sommeil. Nous avons là, la nouvelle devise du pays. Nous terminons en rendant un hommage le plus sacré à tous nos martyrs pour que survive cette nation. Fasse le ciel que leur sang soit un antidote contre l’ethnisme, le bannissement des populations, les discriminations, le génocide et que le Rwanda retrouve le chemin de la grandeur.


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