Ana səhifə

Presentation du numero


Yüklə 1.1 Mb.
səhifə2/33
tarix27.06.2016
ölçüsü1.1 Mb.
1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   33

IV. DES GRIEFS A L’OCCASION DE L’ATTAQUE DES INYENZI

Entre 1961 et 1964, des groupes de réfugiés rwandais dits « Inyenzi » (cancrelats), fatigués de leur exil forcé, effectuent plusieurs raids contre le Rwanda à partir des pays voisins. A l’attaque de Noël 1963, le gouvernement du président Kayibanda procède à des actes de génocide dans plusieurs régions du pays, notamment à Gikongoro. La presse étrangère condamne cette inqualifiable barbarie du régime rwandais. Ce dernier réagit en publiant en 1964 un document intitulé « Toute la vérité sur le terrorisme Inyenzi au Rwanda » (12). On y recense tous les reproches faits aux Tutsi. En voici les principaux :




  • Avoir pratiqué un racisme érigé en système politique qui maintenait 85% de la population dans une sujétion totale.




  • Avoir érigé en un système de commandement dans le quel toute terre, toute eau appartenait en propre au mwami (roi) ou sultan, le paysan n’occupant son champs que par tolérance parce que le roi confiait l’administration de toute ces terres à des chefs et sous chefs de la race qui avait sur la masse paysanne un pouvoir sans limite.




  • Avoir pratiqué un système où le pouvoir et la richesse étaient entièrement monopolisés par la race féodale, minoritaire mais cruelle et rusée imposant à la masse des servitudes pastorales.




  • Avoir pratiqué un système dans lequel les cadres le d’administration générale et politique étaient réservés à la race féodale.




  • Avoir pratiqué un système dans le quel la justice coutumière était exercée par des juges de la même race qui disposaient ainsi du pouvoir d’user et d’abuser, les litiges étant réglés pour le plus grand avantage de leur race (tutsi).

Avoir pratiqué un système dans lequel l’enseignement à tous les niveaux était réservé par priorité à la race féodale qui, par ce fait même, s’adjugeait tous les postes administratifs profitables ; tous les directeurs d’écoles et les instituteurs étant de cette race,…les enfants hutu étaient écartés systématiquement et par tous les moyens (13).Le document dénonce enfin les autres méthodes de domination « féodale »basée sur l’éducation au mensonge, à la dissimulation, au scepticisme, à l’opportunisme sans scrupule et à plus froide cruauté » (14). Le régime accuse enfin les féodaux d’avoir organisé la terreur interne qui, sous le patronage de Ndahindurwa, aurait réussi à assassiner une quinzaine de leader hutu. La dernière accusation porte sur le terrorisme « Inyenzi ».Il est dit qu’un petit groupe de personnages assoiffés de sang, féodaux impénitents, racistes irréductibles, mystifiés par Kigeri et inspirés par Rukeba, son mauvais génie, orchestrèrent contre le Rwanda.


V. DU REGIME KAYIBANDA AUX GRIEFS CONTRE LES TUTSI
Les griefs contre les Tutsi n’ont jamais cessé tout au long de la première république :1962-1973. Le Tutsi était appelé subversif, unariste » (lunari) et inyenzi ( cancrelat). Non seulement les Tutsi étaient persécutés à chaque attaque des Inyenzi mais même ils qu’en 1973  «, des comités du salut » chassèrent de l’école et de l’emploi étudiants et fonctionnaires tutsi sous prétexte que les Hutu du Burundi étaient persécutés par le régime tutsi en place. En réalité, le régime rwandais avait des difficultés internes.
A l’occasion du deuxième anniversaire de l’Indépendance en 1972, la présidence de la république rwandaise publie une brochure intitulée « Ingingo  z’ingenzi mu mateka y’u Rwanda » (16). Le document est d’autant plus dangereux qu’il est écrit en Kinyarwanda et donc accessible au large public. Le manifeste des Bahutu de 1957 y est traduit. Le document reprend tous les griefs faits aux Tutsi depuis les années 1950/1957 et y ajoute des éléments d’ordre moral qui n’avaient pas été synthétisés dans les écrits antérieurs. Il est reproché aux Tutsi six défauts majeurs :uburyarya ( malignité ou ruse) ubushukanyi ( mensonge), agasuzuguro ( mépris), ubuhake ( contrat bovin), akarengane ( pratique de l’injustice). Voyons de prés ces griefs manifestement chargés d’une animosité à tout casser.
V.1 Uburyarya = la ruse
Le texte qui suit prétend expliquer le contrat d’Ubuhake par la ruse tutsi :
« Abahutu ntibari bafite ibikoresho biborohereza guhinga umurima wabo, babonye inka ikamwa,wayiriwe inyuma gusa nta yindi mvune, bati twatanzwe. Babaza Gatutsi ukuntu nabo babona inka, Gatutsi ati umfasheho igihe naztinda nkakugabira ». Nguko uko ubuhake n’ubuja byadutse mu Rwanda. Gahutu azana umutima mwiza. Gatutsi aramuryarya. Rero bityo Abatutsi baryohewe n’imirimo baryohewe n’imirimo abagaragu babakorera bahagurukira guhaka no kwigarurira Abahutu benshi. Uwabaga ahatse benshi ni we wabaga afite amaboko n’ubukungu »(17). En bref, ce texte est une projection qui réduit le contrat bovin (Ubuhake) en un système d’exploitation du Hutu par le Tutsi. Sans revenir sur les explications déjà fournies précédemment, il faut noter au moins un fait. Ledit contrat vise les possesseurs de bovins qui étaient, en majorité, des Tutsi. Cette vérité, à elle seule, suffit pur mettre à nu la tricherie de cette projection. Si ce contrat avait des défauts d’ordre économique, raison pour laquelle il a été supprimé par le roi Mutara Rudahigwa, il faut savoir qu’il y avait un autre contrat similaire dit Ubukonde (contrat foncier) qui visait les terres arabes et qui donc concernait les cultivateurs en majorité hutu. Nos revendications ne s’en plaignent pas. C’est dire que le problème est ailleurs.
V.2 Ubushukanyi = mensonge
Le reproche évoqué ici contre les Tutsi est que ceux-ci ont détruit la principauté hutu en utilisant des mensonges ou ruses politiques.« Abatutsi batangiye ibitero by’ubutitsa bagambiriye kwigarurira amahugu yategekwaga n’abahinza. Muri ubwo buryarya no mu bwumvikane buhira abantu bake, bashuka abahutu kwirara.Binjira mu moko yabo, kuko burya Abatutsi ni abatutsi nyine nta bwoko bagira » (18).
« Baje kongeraho n’ubundi bushukanyi bwo gutsemba abahinza abkoresheje abakobwa babo babashyingiraga. Umututsikazi yazanaga n’umugaragu byitwa ko amuherekeje. Mu by’ukuri yari intasi. Umukwe nawe yajya kwa sebukwe bakamutsindayo. Ubwo bamara kumwica, ingabo ze zikabayoboka. Ibinyita bye byamara kwambikwa ingoma ingoma zabo z’Ingabe, ubwo igihugu cy’umuhinza kikaba kiyobotse (19).
V.3 Agasuzuguro = le mépris
Le Tutsi est hautain, arrogant, orgueilleux. Ce vice si généreusement attribué aux Tutsi semble devenu une évidence pour bien des gens. Voyons d’abord les tentatives de justification qu’en donne le document en question ici.

« Abatutsi bari bazi ko aribo bwoko buruta ayandi yose ku isi, bwaremewe gutegeka no kurya imitsi y’Abahutu kuko bababeshya ngo bavuye hejuru biyita ibimanuka. Ku bwabo, umuhutu ntacyo yari cyo ». Abatutsi baramusuzuguraga bamunena, bamukoresha nk’ingorofani bamutwara utwe igihe bashakiye, bamukubita nk’inzoka, bamucira mu maso ; aho anyuze bakamuhindura ruvumwa. Ikibaye cyangwa ikivuzwe ngo ni icyo gihutu, dore uko gisa, dore iyo ndeshyo, dore iyo ndoro, dore imfundo nk’iz’ubuhiri, dore ayo mazuru nk’ay’imivuba. N’ibindi byose byo kumugira ayo ifundi igira ibivuzo » (20).



La brochure reprend quelques proverbes défavorisant les Hut tout en les mettant dans la bouche des Tutsi. Par exemple : Umuhutu uramushima agashimuta ; Umuhutu ntashimwa kabiri ; Utuma abahutu agira benshi ». Bref, pour un Tusi, prétend ce document, le Hutu était en dessous de la condition des vaches. Elle ajoute des expressions qui véhiculent des préjugés dépréciant le Hutu comme les suivantes : « Nta bwenge bw’umuhutu, ntagira ikinyabupfura, ntazi kubana, ntazi gutarama, ntazi gucyocyorana, ntazi guhamiriza, ntazi no kubeshya ari byo bitanga ubwenge » (21).
V.4 Ubuhake = le contrat bovin
Le document de la Présidence décrit le Buhake dans le sens d’en faire un contrat d’exploitation économique injuste et d’humiliation humaine. « Ubuhake ni ukwiyegurira Umututsi wowe n’urubyaro rwawe n’abagukomakaho bose, akakugabira inka umaze ku buhange imyaka itabaze. Nho uyiboneye agashobora kuyikunyaga aho ashakiye ndetse n’iyo wihahiye ikajya mu mubare w’izo ugabanye ». Le document énumère alors tous les, travaux auxquels le mugaragu ( qui est ici pris pour hutu) était astreint.C’est tout simple. Dans la maison de son patron toutes les besognes revenaient à lui tout seul. Ecoutons. « Guhingira shebuja, kubaka inkike, gutura amayoga,kumutwaza inkono y’itabi, kumwikorerera inkangara, gufata igihe, kumwoza ibirenge, gukora imirimo yose y’imuhira : guhinga, gutera intabire, kubagara, gusarura, gukura ibijumba, kwenga, gushigisha, kuvoma, kwasa, gucana ibishyito, kwikorera imitwaro, guteka, kubaka urugo, kugarira, kugurura, kumesa, gukuka, gukubura, kugaragira nyirabuja, gutekera umwana w’umututsi ari mu ntore cyangwa mu ishuri, n’indi mirimo yose inaniza umubiri »(22).
V.5 Akarengane = l’injustice
Le document poursuit en ces termes : le Hutu était un instrument dans les mains des Tutsi toute sa vie durant. Il n’avait pas le temps de s’occuper de ses propres affaires. Toutes les autorités du pays, du roi aux contremaîtres en passant par les chefs et les sous-chefs. Il pouvait avoir sur certains biens la nue-propriété mais pas le droit strict. Bref, il était taillable et corvéable à merci (23). Le document reprend enfin tous reproches faits à l’Unar supposé être le parti politique tutsi, (ubushotoranyi bwa lunari) et tous les écrits privés ou publiés soit par des chefs tutsi, soit par des grands serviteurs du roi, soit par des religieux et prêtres tutsi, soit par des nommément par l’Abbé Murenzi (Tutsi) ou par le Mwami lui-même. Tous ces documents sont relevés comme témoignage de la méchanceté des Tutsi (24).
V.I UNE SYNTHESE DE GRIEFS RECIPROQUES ENTRE HUTU ET TUTSI
Un auteur M. Nduwayezu Augustin a tenté en 1991, de faire une synthèse de griefs que chaque groupe ethnique est supposé faire à l’autre (25). Il a présenté le dossier sous forme de chefs d’accusation portés devant le tribunal. Il s’agit du procès de Sebahutu et de Sebatutsi ». Le document est écrit en Kinyarwanda et porte le titre de « Imburagihana, Urubanza rwa Sebahutu na Sebatutsi ». Sebahutu est le porte-parole des Hutu, Sebatutsi celui des Tutsi. Chaque personnage dépose une action en justice contre l’autre. Chaque acte d’accusation d’un groupe expose en long et en large les faits délictueux imputés à l’autre groupe. Les circonstances atténuantes ou aggravantes sont relatées. Des témoins Sebatwa, Muzungu et Mateka se présentent à la barre où siègent le juge Mutimanama et le greffier Inararibonye. Le publique est représenté par Sebantu. La période couverte va de l’époque pré-coloniale à l’attaque des Inkotanyi en 1990. Les événements des massacres et du génocide de 1991-1994 n’y figurent pas. L’auteur cherche à monter les fautes réciproques que les rwandais, présentés dès le départ comme issus d’un même père, ont commises les uns envers les autres tout au long de l’histoire. Le dernier chapitre de ce livre de 200 pages se rapporte aux cérémonies de réconciliation entre des frères auparavant désunis. Cette cérémonie révèle l’intention profonde de l’auteur : la réconciliation du peuple rwandais. Elle explique aussi la façon dont le livre est écrit : l’auteur procède à une sorte d’équilibrage. Il conclut en disant que les Hutu ont commis des fautes envers les Tutsi et que les Tutsi ont aussi commis des fautes envers les Hutu, et que donc ils doivent se pardonner mutuellement. Un fait nouveau apparaît ici. Pour la première fois, le groupe tutsi porte des griefs contre le groupe hutu. Dans les griefs antérieurement inventoriés cet aspect n’apparaissait. Toutes les accusations allaient dans un sens unique :le groupe hutu accusait le groupe tutsi. Manifestement, l’auteur veut « équilibrer » les accusations réciproques entre Tutsi et Hutu. Rendons –nous maintenant au tribunal pour assister à ce procès du siècle.
V.I.1 Sebatutsi accuse :
* Uwareze (accusateur) = Sebatutsi mwene Kanyarwanda ka Gihanga, na nyina Nyirabatutsi, utuye i Rwanda akaba umunyarwanda.

* Uregwa (accusé) = Sebahutu mwene Kanyarwanda ka Gihanga na nyina Nyirabahutu, utuye i Rwanda, akaba umunyarwanda.

* Ibirego ( griefs contre Gahutu) :


  • Yanyiciye abana = meurtre de Tutsi

  • Abandi arabakubita = torture de Tutsi

  • Anyicira inka = massacre des vaches des Tutsi

  • Antemera urutoke n’ikawa = destruction de bananeraies et de caféier des Tutsi.

  • Antwikira urugo = incendie des maisons de Tutsi.

  • Yampereje abana ishyanga = opposition au rapatriement des réfugies tutsi.

  • Abana basigaye mu gihugu abisha inzara y’ibiryo n’ubwenge = exclusion de Tutsi en matière économique

  • Kwita Gatutsi umunyamabanga = le Tutsi traité d’étranger dans son propre pays.

  • Kwita Rudahigwa afatanije na Sebazungu = meurtre du roi Rudahigwa en complicité avec le blanc.

  • Gukoresha iterabwoba mu matora ya 1961 = utilisation du terrorisme lors des élections de 1960.

  • Gufatanya na Logiest kwirukana abatutsi no kwica amatora collaboration avec Logiest pour chasser les Tutsi et fausser le référendum de 1961.

  • Kwica abatutsi mu 1973 nta Nyenzi zateye = meurtre de Tutsi en 1973 en l’absence de l’attaque des Inyenzi.

  • Guteza intambara mu mashuri no mu kazi byo mu 1973 = trouble dans les écoles et dans les services en 1973.

  • Kubuza Abatutsi imyanya myiza mu mirimo y’igihugu = interdiction aux Tutsi d’accéder aux postes de responsabilité dans le pays.

  • Gutindahaza Abatutsi mu birebana n’ubukungu := politique d’appauvrissement des Tutsi.

  • Kugirira ishyari Umututsi = jalousie contre le Tutsi.

Comme on le voit, tous les griefs portés par le personnage Sebatutsi contre Sebahutu sont d’ordre politique : ils datent des années 1959-1973. Ils sont en rapport avec les événements de la « révolution » de 1959-1963 et de 1973 ainsi que de leurs conséquences.


V.I.2 Sebahutu accuse :
Kuba Sebatutsi yarasagariye abakurambere ba Sebahutu, akabanyaga ibyabo, akabigira ibye, akabibategekamo, bakamutura, akanyaga uwo ashatse = le fait pour Sebahutu d’avoir exproprié Sebahutu et ses enfants de tous leurs ses biens.

-Kugira abana ba Sebahutu abagaragu = réduire en sevrage les enfants hutu.

-Kugira abakobwa be abaja : = réduire en servitude les filles hutu.

-Gusambanya abakobwa ba Sebahutu ku gahato = abuser de force les filles hutu.

-Gusuzugura Sebahutu no kumukoresha imirimo yo hasi = mépriser le Hutu et lui imposer les plus humbles tâches.

-Guturwa imyaka = imposer les redevance agricoles ( amakoro).

-Kubanga nta mpamvu = hair les Hutu sans raisons.

-Kubaboha = les mettre aux chaînes.

-Kubikoreza inkangara = leur imposer la corvée de portage

-Gufatanya n’abazungu gukubita ibiboko Sebahutu = s’associer aux blancs pour fouetter les Hutu

-Gufatanya n’abazungu gukoresha bene Sebahutu imirimo y’agahato = s’associer aux blancs pour imposer aux Hutu les travaux forcés.

-Kubikoreza imizigo = leur imposer la corvée de corvées de portage.

-Kurarira abatware bene Sebatutsi = assurer la de nuit aux maisons des chefs tutsi.

-Gutonesha bene Sebatutsi mu mashuri = favoriser dans écoles les enfants tutsi.

-Gushyira bene Sebatutsi bonyine mu mashuri y’ubutegetsi = réserver les écoles d’administration aux enfants tutsi (Groupe scolaire d’Astrida).

-Gushyira bene Sebahutu mu mashuri yigisha imirimo y’amaboko = n’admettre les enfants hutu que dans les écoles de professions manuelles.

-Gutera Sebahutu inshuro zirenze enye nyuma ya 1959 = attaquer les Hutu 4 fois au moins après 1959 ( Inyenzi).

-Guteta Sebahutu mu 1990, kandi yaramutumyeho akanga gutaha = attaquer les Hutu en 1990 après le refus de rentrer pacifiquement (Inkotanyi).

-Kumuteza abanyamahanga bakicisha benshi = Recourrir aux mercenaires pour massacrer beaucoup de Rwandais.

-Kuba atemera ko yamutegeka = refuser d’être gouverné par des Hutu.

-Kwanga gusaba umugeni kwa Sebahutu = refuser de marier des filles hutu.

-Gushaka kugarura ubwami bwavuyeho mu 1961 = tenter de restaurer la monarchie abolie en 1961.

Comme on le voit, à la différence des accusations portées par Sebatutsi et qui concernaient une période récente (1959-1990), les accusations de Sebahutu couvre une période de loin plus longue : de l’époque pré-coloniale à la guerre d’octobre 1990.Elles touchent aussi les domaines les plus variées. Les griefs faits aux Tutsi portent sur les sujets aussi variés que la destruction des hutu, l’instauration d’ubuhake (contrat bovin et les services connexes, la collusion avec le système colonial et ses corvées, le favoritisme colonial à l’égard du même tutsi, les attaques des Inyenzi et Inkotanyi, etc. Il ressort aussi que l’auteur procède par globalisation ce qui a été fait par la fraction dirigeante tutsi est étendu à tout le groupe. La responsabilité des dirigeants devient collective plutôt « collégiale » pour le groupe.

L’auteur, bien qu’il n’invente rien, manipule et interprète des stéréotypes sans en faire une analyse propre. Il n a’fait qu’adhérer aux jugements circulant dans son groupe de référence, c'est-à-dire aux idées et exprimés par certains groupes hutu.


0. CONCLUSION
Nous nous étions demandés au début de cet si l’on peut trouver dans la culture rwandaise des risques d’antagonismes latents, des griefs réciproques entre Hutu et Tutsi, qui auraient facilité ou favorisé la participation massive à la mise en exécution du génocide hutu contre le groupe tutsi et vice-versa ? Il nous est maintenant possible de répondre. La réponse est oui ou non. Non, en se référant à culture populaire d’avant la colonisation. L’univers mental et culturel du peuple ne renferme pas de griefs qu’un groupe aurait portés contre un autre. Oui, en se référant au groupe hutu a développé ces griefs à partir des années 1957 jusqu’au génocide de 1994. Avant cette période coloniale, on ne trouve pas dans l’imaginaire collectif rwandais des éléments opposant les Hutu aux Tutsi. L’idéologie fondamentale est unificatrice. La culture d’antagonismes à base « ethnique »est encore inexistante.
Même si le mythe de Gihanga est un mythe du pouvoir, son rôle est d’affermir l’ordre en place encore chancelant. Il n’oppose pas les deux groupes sociaux. Au contraire, il cherche à assigner à chacun un rôle et une place dans la société. La répartition des rôles est basée sur le mérite et d’aptitude de différentes épreuves auxquelles sont soumis les trois enfants de Gihanga telle est l’essence même du mythe de Gihanga. Certes la période pré-coloniale est caractérisée par toute sorte d’inégalités et d’injustices flagrantes mais le triptyque hutu, tutsi, twa du Rwanda traditionnel se situait en dehors des relations conflictuelles de nature politique ». Si de nombreux conflits ont pu exister, ils n’étaient jamais mis sur le registre des « ethnies ». Un chef tutsi ou hutu pouvait commettre des abus, mais ces derniers n’étaient jamais mis sur le compte de tout son groupe social.
Il en fut de même dans l’unification du pays. Celle-ci fut le résultat de fusion des entités politiques claniques antérieurement autonomes. Ces entités étaient aussi bien hutu que tutsi, qui furent annexées en dernier lieu par la dynastie nyiginya. Le colonialisme, par contre, a introduit dans notre pays, un réel racisme. Celui-ci oppose d’abord les Blancs aux Noirs et ensuite les Hutu aux Tutsi ; tout en ignorant loyalement les Twa. En fait il a introduit une nouvelle culture politico-sociale d’exclusion à base « ethnique ». Cette nouvelle culture s’inspire de l’anthropologie occidentale raciste, telle qu’on la retrouve dans les valeurs occidentales du 19ème siècle : elles sont pleines de préjugés et de stéréotypes racistes. Au début de la colonisation, ce racisme occidental fut mis au profit du groupe tutsi par l’intermédiaire des dirigeants indigènes choisis parmi ses membres. Lorsque ceux-ci, en 1950-1957, revendiquèrent l’indépendance, le groupe hutu, par l’intermédiaire du parti politique Parmehutu, entra dans les bonnes grâces de la colonisation. Le racisme du Parmehutu s’érigea à son tour contre le groupe tutsi et confectionna des griefs anti-tutsi puisés dans l’imaginaire colonial. Ce sont ces griefs qui seront professés le plus officiellement du monde par les régimes de Kayibanda et Habyarimana.

Le racisme anti-tutsi a « évolué sous les deux premières républiques en devenant un facteur mobilisateur contre les difficultés des régimes hutu. Tout ce qui n’allait pas bien avait l’explication toute faite : le Tutsi en est la cause jusqu’au génocide, le Tutsi fut utilisé pour colmater les fissures entre des groupes antagonistes hutu. La dernière utilisation du Tutsi dans les problèmes entre Hutu celle entre les Hutu « kiga » et « nduga » et même entre l’Akazu de Habyarimana et les autres Hutu gagnés au multipartisme. La mobilisation politique étant un fait permanent, la persécution du Tutsi devint aussi permanente parce que nécessaire à la cohésion du régime. L’extermination du Tutsi ne sera envisagée que le jour où il apparaît, non comme un simple épouvantail mobilisateur, mais comme un réel danger, parce que « complice » des éléments armés, venus de l’extérieur, susceptibles, non de souder des éléments du régime, mais de le faire exploser complètement. Pour la soi-disant survie du régime, on envisagea le « solution finale ». On mobilisa des Hutu autour des griefs mis au point depuis plus de 40ans pendant lesquels « le seuil d’acceptabilité de l’exclusion des Tutsi » (Josias Semujanga) au sein de la population nationale avait été atteint.



Notes bibliographiques

--------------------------------





  1. Bigirumwami, A.

Imihango yo mu Rwanda, igitabo cya kabiri, kuragura, guterekera, kubandwa, Nyabingi, Nyundo, 1968, p.17.


  1. Bangamwabo, F.X.

Les relations interethniques au Rwanda, à la lumière de l’agression d’Octobre 1990,Ed.Univertitaire du Rwanda, Ruhengeri,1991,p.107.


  1. Ibid.,p.103.

  2. Bigirumwami,A.

Imihango n’imiziririzo (1964) ;kuragura, guterekera no kubandwa,(1968),imigani migufi n’ibisakuzo ( 1968), imigani miremire n’ibitekerezo (1969) ; imbyino, indirimbo, amahamba ibihamagaro by’inka, ( 1970), Nyundo.

  1. Bigirumwami,A.

Kuragura intama, in op.cit.p.80
6. Bigirumwami,A.

Abana babiri b’imfubyi, op.cit. p.9.

7.Ibidi.p.11

8. Crépeau,P.,Bizimana,S

Proverbes du Rwanda, I.N.R.S., Butare, 1979

9. Ibid.


10. Conseil Supérieur du pays, quinzième session du 19 au mai, 1958-1959 au 12 juin 1958, Annexe I, p.3 et 4.
11. Nkundabagenzi F.

Rwanda politique,1958-1960,CRISP,Bruxelles,1961,p.22.


12.Ministre des affaires étrangères au Rwanda :

Toute la vérité sur le terrorisme Inyenzi au Rwanda, Février 1964.

13. Ibid.,p.2.

14. Ibid.,p.2.

15. Ibid.,p.4.

16. Repubulika y’u Rwanda

Ingingo z’ingenzi mu mateka y’u Rwanda, imyaka cumi y’isabukuru y’ubwigenge ( 01-7-62,01-07,1972, Kigali).

17.Ibid.,p.6

18.Ibid.,p.7

19. Ibid.,p.7

20.Ibid.,p.10.

21. Ibid.,p10.

22. Ibid.,p.11.

23. Ibid.,p.11

24.Ibid.,p.32

25.Nduwayezu,A.


Imburagihana, urubanza rwa Sebahutu na Sebatutsi.

Edit.Bakame,1991,p.27-51;p.180-181.



A QUI PROFITENT NOS MALHEURS?
Bernardin MUZUNGU, o.p.


0. INTRODUCTION
Cette revue vient de parcourir un bon de chemin. Les 4 premiers numéros ont fait œuvre de diagnostic de ce qui de ce qui nous est tombé sur la tête depuis 1959 jusqu’à la catastrophe de 1994. Après cette descente sur le terrain politique et avoir relève les âpretés du panorama global, les grands problèmes de l’heure ont été notés, à savoir principalement : la falsification de notre Histoire, la légalisation de l’injustice à l’égard d’une partie de la population (les Tutsi) et le dialogue de sourds entre les deux grandes composantes de notre société. Les deux premiers problèmes ont déjà été traités, reste le dernier s’attelle le présent numéro.
L’évolution actuelle de la situation du pays semble favorable à cette étape de dialogue entre Rwandais. L’expérience de l’échec de la folie ethnisme et génocidaire semble apporter ses leçons. Des langues se délient et des aveux nombreux sont devenus possibles. Voilà des données qui sont de nature à ouvrir un dialogue sincère et constructif. Il reste à exploiter les qualités du dialogue pour arriver à l’entente nationale en passant par celui entre les deux groupes sociaux : les Hutu et les Tutsi. Mais, qu’est-ce un dialogue ? Le Dialogue (du grec dia = parmi ; logos = parole) est un terme très pacifique qui signifie « entretien, conversation, échange de vues ».Au lieu de sortir les couteaux ou de se laisser tondre la laine sur les dos, on accepte de se mettre autour d’une table et de se regarder en face. Ce face à face limite sensiblement le dialogue de sourds. Le dialogue en question dans cet article concerne le conflit entre les deux grandes composantes de notre société, à savoir les Hutu et les Tutsi. Quelles que soient l’origine, la cause, l’ampleur, aujourd’hui, il y a un problème entre ces deux groupes. La preuve en est qu’il y a eu un génocide des Tutsi par des Hutu. Même s’il y a eu des Hutu tués, ceux-ci l’ont été pour avoir refusé ce génocide et non pour une autre raison indépendante. Ils étaient accusés de « complicité » avec les Tutsi (ibyitso).
L’article débute par une question préliminaire : à quels Rwandais profite le conflit entre Hutu et Tutsi ? Telle est la manière indirecte d’identifier les milieux et les mobiles des auteurs des griefs formulés contre les Hutu et les Tutsi qui constituent l’objectif particulier de cet article. La réponse sera négative : à personne. Dès lors, la seconde question sera, à quels étrangers profite notre conflit de caractère ethnique ? La réponse sera trouvée dans le contexte de la décolonisation de notre pays. Le profit était pour tous ceux qui ne souhaitaient pas l’indépendance immédiate du pays. Après avoir ainsi identifié ceux qui préféraient autre chose à l’indépendance de notre pays, nous pourrons avancer des raisons qui militent en faveur d’un resserrement de coudes entre Rwandais pour ne pas laisser une brèche à nos diviseurs allogènes ou indigènes. Ces trois considérations constituent les étapes de cette réflexion.
1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   33


Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©atelim.com 2016
rəhbərliyinə müraciət