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II.1.1 Le garçon comme gardien de l’identité familiale
La famille rwandaise traditionnelle était parti-linéaire et parti-locale. Le premier trait signifie que les garçons et les filles non mariées étaient socialement classés dans l’ascendance du mari de leur mère. Le second trait signifie que le domicile de leur père et les biens y afférents constituent leur héritage. Telle était l’identité des garçons : Fils d’un tel, de tel clan, habitant à tel endroit. Il n’était pas question, comme aujourd’hui, de l’âge, ni du nom de la mère. Que signifie cette identification qui nous parait curieuse actuellement ? Une chose bien simple. Le garçon jouait dans l’antique société la fonction d’unité et d’identification des membres de la société pour éviter la dispersion dans l’anonymat des personnes et de leurs biens. Par référence à mon père je sais qui je suis et quels sont mes biens et mes droits. Les autres membres de la société le savent aussi et me respectent comme tel. Ainsi je suis quelqu’un, je suis un sujet et non un objet, une chose. C’est très important pour ma dignité de personne humaine.
II.1.2 La fille comme messagère de l’ouverture au monde extérieur
Là où le garçon joue le rôle d’identification, la fille joue celui de l’ouverture au monde extérieur à la famille par le mariage exogamique. Elle enrichit sa famille paternelle des liens avec la famille maritale. Elle crée ainsi un réseau de relations sans limite dans la société. A la famille agnatique, elle apporte la famille cognatique ou par alliance matrimoniale.
II.1.3 Les leçons du passé
Les partis politiques peuvent garder ce double héritage des rôles familiaux des enfants des deux sexes. Sauvegarder l’unité et l’identité de la famille nationale est un bien commun à tous les partis. L’idéologie de la division pêche par rapport à cet héritage précieux et impératif. Aucun parti divisionniste ne devrait plus être toléré. Il est vrai aussi que les particularités, les diverses sensibilités, les intérêts de groupes différents au sein de la population doivent être pris en compte dans les jeux politiques. C’est la fonction d’ouverture au multipartisme. Bien entendu, ce multipartisme répond à la diversité des intérêts de la population et non le simple partage du gâteau national entre les responsables des partis. Ceux-ci ne doivent pas être « des associations des mangeurs» du pays.


  1. LES CORPORATIONS SOCIALES

Avant la colonisation, le peuple rwandais n’était pas comme aujourd’hui une d’individus anonymes. « un homme, une voix ». Comme dans la démocratie moderne en Occident, n’était pas le critère d’exercice des droits civiques. Aucun citoyen rwandais n’était laissé à son sort social à la merci des événements fastes ou néfastes. Comme dit précédemment, chacun était membre d’une famille, depuis le cadre du foyer jusqu’au cadre national en passant par les stades intermédiaires de lignage et de clans. Dans ses nombreux écrits, A. Kagame décrit cette organisation civile du Rwanda en « Armes Sociales », spécialement dans «Les Milices du Rwanda précolonial» (7). La lecture de ces ouvrages permet de constater que ces armées remplissaient plusieurs fonctions dont la principale était de servir d’encadrement social de la population. Chaque Rwandais était incorporé dans l’une ou l’autre de ces corporations. Cette incorporation et prise en charge sociale assurait un certain nombre de services sociaux, allant de l’éducation civique à l’apprentissage de l’art martial. En quoi ces Armées Sociales peuvent-elles être une référence utile pour les formations actuelles ? La chose ne devrait pas être difficile à voir. Les partis politiques, au lieu de se perdre dans une stérile rivalité pour conquérir le pouvoir, ils peuvent servir d’encadrement de la population. Ils peuvent être des écoles de civisme, de patriotisme et même d’un certain art martial : celui de la guerre des idées, des options politiques, pour le meilleur service du pays et de respects des droit de l’homme, reprend à son compte le rôle qui, jadis, était dévolu aux Armées Sociales. Celles-ci, par conséquent, peuvent fournir des méthodes éprouvées pour l’organisation et l’animation des partis politiques d’aujourd’hui. La caractéristique particulière de ces Ingabo (les Milices) divisées en Amatorero (les Compagnies) était l’esprit : un esprit de sportivité, de convivialité, de bienséance, de courage. L’élite du pays était formée dans ce cadre. Même si la situation a changé et que les problèmes du pays et du monde sont passablement autres, il n’empêche que les partis politiques peuvent apprendre quelques choses de cet esprit d’Ubudehe (la sportivité). Ne fût-ce que de ne pas tricher, ne pas tricher, ne pas manipuler les gens, évidemment ne pas propager des idées nuisibles au pays.




IV LE CONTRAT DE BAIL BOVIN ET FONCIER
Parmi les solidarités économiques et professionnelles utiles à mentionner dans cette réflexion, il y en a une qui s’impose de part son importance sociale. Elle est tellement originale que sa traduction en Français n’est pas facile. Faute de mieux, nous la nommons «contrat de bail» Ce contrant portait sur les deux principales productions du pays, à savoir l’élevage et l’agriculture. Le fruit de la première était la vache ; de la seconde la terre arable et ses fruits. Ces deux denrées alimentaires ont donné naissance à un type de relations sociales entre les possesseurs et les démunis : les bailleurs (shebuja) et les demandeurs (umugaragu). Le bail bovin se nomme ubuhake ; le bail foncier s’appelle ubukonde. Comme le contrat bovin a fait l’objet d’interprétations politiques tendancieuses, il convient d’en donner une description brève mais précise. Pour de plus amples information, on peut consulter le livre d’A. Kagame : «Le code des institutions politiques du Rwanda précolonial (8) et celui de F. Nahimana : «Le Rwanda Emergence d’un Etat (9). L’essentiel tient en quelques mots.
IV.1 La description du bail à Cheptel (ubuhake)
La nature du contrat consiste pour le bailleur à donner en usufruit un certain nombre de têtes de vaches en échange de prestations diverses de la part du demandeur. Le premier élément de ce contrant à mettre au clair est que l’initiative revient au demandeur (umugaragu). La rupture, même unilatérale, par le même demandeur est toujours possible. Les termes du contrat sont connus des parties contractantes. En cas d’abus du donateur, les juridictions coutumières ont prévu les sanctions adéquates. En dehors des fautes lourdes dont le principal est la dilapidation du bien contractuel, le donateur n’avait pas le droit à la rupture unilatérale injuste (kunyagira ubusa). Ainsi, ce contrat était non seulement à vise, mais de père à fils, de générations à générations pour les deux parties contractantes. La conséquence de ce contrat à durée illimitée est un effet social d’adoption qui faisait que la famille du mugaragu était adoptée par celle du shebuja dans un rapport de type familles de conditions sociales inégales. Il est clair que ce bail concernait les possesseurs de vaches, en majorité des éleveurs tutsi. Il est donc surprenant que l’on ait pu l’interpréter comme un moyen d’exploitation des Hutu. La nation de servage, appliquée souvent à ce contrat, doit être purifiée de cette connotation d’exploitation. Le serviteur n’est pas nécessairement un exploité. Dans l’ancien Rwanda, malheureux était celui qui n’est serviteur de personne, qui n’est protégé par aucun grand, qui est à la merci de toute violence. On était grand, riche et puissant dans la mesure où on s’appuyait sur un plus grand que soi-même. Les serviteurs du roi étaient les plus grands personnages du pays. Bref, le buhake était une courroie de transmission d’une ascension sociale. Dans une société hiérarchisée, comme celle du Rwanda monarchique et pré-coloniale, cet effet social du bail bovin était la plus naturelle qu’on peut imaginer.
IV.2 Quand l’économique est au service du social
Toute institution sociale doit être appréciée dans le contexte qui l’a générée. C’est ce qui doit être fait à l’égard de l’ubuhake. D’après la description qui vient d’en être faiite, sa fonction économique a donné naissance à une fonction sociale hautement bénéfique : souder des classes sociales inégales au profit surtout de l’inférieure. La coutume de «jurer au nom de son shebuja» en est témoin. «Yampaye inka Rudahigwa» = Rudahigwa m’a enrichi d’une vache n’exprimait pas l’humiliation mais plutôt la fierté ! Des anthroponymes comme Ugirashebuja, Ngiirabanyiginya, sont là pour informes correctement quiconque veut apprécier à sa juste valeur cette institution traditionnelle. Bien sûr, les changements apportés par l’économie moderne l’ont rendue obsolète. Dans l’actuelle organisation de la société par les partis politiques, une telle institution a-t-elle quelque valeur d’exemple ? Pourquoi pas ? Les partis politiques permettent d’accéder au pouvoir et à la richesse. Ceux qui en usent peuvent mettre ce pouvoir et cette richesse au service des gens, à commencer par les plus pauvres. Ce que jadis la vache et la terre garantissaient, aujourd’hui il est procuré par les partis politiques gagnants aux élections. Il y a donc une comparaison à établit entre le buhake et les partis politiques : l’usage que l’on peut faire de ce deux institutions. La première a eu effet positif remarquable. La seconde peut retenir cette leçon : rapprocher les lasses sociales économiquement distantes. Dans notre Rwanda qui a subi les diverses discriminations sociales, cette leçon n’est pas une sinécure. Les partis uniques et racistes Parmehutu et MRND-CDR sont les exemples typiques des abus du pouvoir spolié à tout le peuple rwandais sous le prétexte de nyamwinshi. Tout détenteur du pouvoir qui ne l’utilise pas pour combler le fossé entre les riches et les pauvres pour se remplir les poches n’a rien compris de l’exemple de nos ancêtres dont les richesses étaient partagées sous la forme de contrat bovin et foncier.
V. LA RELIGION
Parmi les facteurs idéologiques qui ont forgé l’unité du peuple rwandais et qui a subi victorieusement l’épreuve du temps, la religion ancestrale occupe la première place. La croyance en Imana, création (Rureme), providence (Rugira) demeure au centre de la vie des Rwandais. Elle est la plate-forme des religions importées comme la religion naturelle qui donne l’assise anthropologique aux religions historiques. De façon particulière, elle constitue une pré-évangélisation du christianisme en ce sens que le Verbe incarné en Jésus de Nazareth se présente comme le Fils de ce «Dieu de nos pères»
« Le Dieu de nos pères» est un titre du livre de Bernardin MUZUNGU (10). Cet ouvrage et d’autres publications de ce chercheur montrent comment Imana fut considéré par nos ancêtres comme l’origine du pouvoir et de l’ordre social. Hategekimana est l’un des nombreux anthroponymes qui l’attestent. Que les détenteurs du pouvoir, aujourd’hui désignés par le truchement des partis politiques gagnants, soient bien inspirés de garder cet héritage religieux est plus qu’un souhait. Le contraire serait une trahison. Imana est le principe suprême de notre unité et de notre fraternité.
VI LE CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE
Au terme de ces développements sur les solidarités traditionnelles il convient de signaler la voie naturelle que suit tout changement culturel. Forcer un peuple à se comporter autrement que ses ancêtres, c’est s’imaginer que l’on écrit sur un tableau noir. Ce qui est une erreur qui expose, tôt ou tard, aux réactions de rejet. Imposer au peuple rwandais la logique des partis politiques à l’occidentale qui le réduit à l’individualisme d’un homme une voix, c’est se mettre le doigt dans l’œil. Le recours à la logique des «ethnies» dénonce clairement cette erreur.

VI.1 Les règle du changement culturel
Parmi les chercheurs qui ont dégagé les lois de tout changement culturel Bronislaw Malinowski, l’un des spécialistes de la théorie culturelle du fonctionnalisme, a une place particulière (11). L’idée maîtresse de cette école est que «chaque trait culturel a une fonction», un rôle, répond à un besoin du peuple qui l’a crée. On ne change efficacement un trait culturel qu’en répondant au même besoin de manière plus satisfaisante. Autrement, le changement finit par être rejeté» Ainsi donc, pour qu’il y ait un vrai changement, deux lois sont observables : la ré-interprétation et l’intégration.
1° La ré-interprétation
Le changement peut toucher la forme ou le sens, c’est-à-dire la réalité. Passer d’une monarchie à une république, par exemple, où le Président se comporte comme un monarque, le changement est de forme. Si le monarque absolu devient un roi constitutionnel qui règne et ne gouverne pas, le changement est de sens.
2° L’intégration
Roger Bastide (12) avertit : «Plus un trait culturel est étrange à la culture receveuse, plus il est difficile à l’intégrer». En clair, plus un changement exige une rupture avec les habitudes d’un pays, plus il est difficile à assimiler et à digérer. Même si il est imposé de force, le phénomène de rejet reste latent et attend l’occasion pour éclater. Dans ce cas, lorsqu’il s’agit d’un changement nécessaire, il faut prendre le temps et les moyens pour lui permettre de s’enraciner dans la culture d’accueil. Illustrons cette idée par un exemple pratique pour nous : la démocratie à l’occidentale. Des siècles durent, le peuple rwandais a connu une monarchie dans laquelle le pouvoir vient d’en haut : un roi par hérédité, supposé être l’élu d’Imana, et gouvernant par des autorités nommés par lui. La conception démocratique, par contre, signifie que la pouvoir vient d’en bas : le peuple est le vrai souverain, il gouverné par des autorités élues par lui. Entre ces deux conceptions du pouvoir, il y a un abîme, une opposition flagrante. Par conséquent, passer de l’une à l’autre, il faut ménager la transition, sinon le changement sera raté et provoquera une crise. L’histoire récente de notre pays est la meilleure illustration d’un changement raté. C’est, sans doute, la raison pour laquelle aujourd’hui on revient un peu en arrière en organisant des élections seulement au niveau de la base pour initier lentement la population à la démocratie de style occidental.
VI.2 Ré-aménager le changement
Cette idée est la conclusion de tout ce qui précède. Le passé de ce pays a été évoqué sous le titre des « solidarités traditionnelles ». le grand changement est essentiellement constitué par l’introduction de la démocratie à l’occidentale sous la forme de « partis politiques»
Le passage entre ces deux périodes et ces conceptions de l’organisation de la société n’a pas respecté les règles normales du changement. Ce hiatus nous a coûté cher. Il faut maintenant refaire ce changement à nouveaux frais. C’est ce que le Gouvernement actuel tente de faire. Parmi ses tentatives, retenons trois traits : les élections des structures administratives de base, les élections de la jeunesse et des femmes, l’introduction de la méthode «Gacaca» dans les procès. Expliquons-nous.
Ré-aménager la base de l’administration du territoire
Des élections à l’échelle de la Cellule et du Secteur viennent d’avoir lieu. Quelle est la portée politique de cette opération ? Ces deux échelles sont la base de l’administration, situées sous l’échelle de la Commune. La préparation de ces élections consistait dans des réunions populaires d’explication de ce mode de scrutin et excluait la propagande ainsi que le oui. Clos. Chaque électeur se mettait dernière son candidat et l’on faisait le décompte des personnes alignées à sa suite. Comme cela a été dit, ce mode de scrutin obéit à trois principales intentions. Le premier est poser une bonne base de la démocratie dans le contexte particulier au Rwanda de l’après-génocide généré par idéologie «ethniste». La deuxième raison était de mettre le pouvoir aux mains de la population tout en évitant qu’elle soit manipulée par les politiciens. Tout a été fait en public au vu et au su de tout le monde. La troisième raison est que ce scrutin constitue un ballon d’essai pour les instances supérieures : la Commune, la préfecture et le pays. A chacun de ces deux stades administratifs, il y a eu deux élections. Une pour le conseil consultatif au suffrage de toute la circonscription. La seconde pour désigner l’exécutif coopté par les élus du conseil consultatif. Ainsi donc, ces élections reproduisent à la lettre la forme originaire de la première démocratie d’Athènes en Grèce. La base du pouvoir est posée par l’assemblée populaire de tous les citoyens. Les instances supérieures garderont cette base. C’est un pouvoir « du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Faire participer à la gestion du pays les deux forces vives de la nation
La jeunesse et les femmes constituent la très grosse majorité de la population. De plus ce sont les deux groupes les plus dynamiques. Eh bien, chacune de ces deux catégories a reçu la possibilité de désigner par élections, une structure de représentativité à l’échelle nationale pour répondre à deux besoins spécifiques : faire valoir leurs intérêts propres et apporter leur contribution à la reconstruction du pays. Si le fonctionnement de ces structures devient opérationnel et correct, à coup sûr, le pays disposera d’un atout extrêmement efficace. Reste, évidemment, à donner à ces structures une philosophie sociale adéquate pour qu’elles ne tombent pas dans le folklore.
Ré- activer la dynamique de «Gacaca»
On parle beaucoup aujourd’hui de «cette méthode traditionnelle dite «Gacaca» ou réunions de voisins pour trancher des différends». Cette méthode semble aider à résoudre le cas épineux des procès de génocide. Cette coutume possède trois avantages remarquables. Le premier avantage est que les membres de ces réunions se connaissent et donc la tricherie est presque impossible. Le second est que les membres sont directement intéressés car ils tranchent des litiges opposant les membres de leur voisinage. Ainsi, d’une façon ou d’une autre, ils sont tous concernés. Le troisième est que le verdict vise convivialité dans leur localité. On fait en sorte que la vie continue ensemble. Les réparations des torts et même l’exclusion, au cas échéant, gardent cet objectif commun. Sans doute que ce «Gacaca» en tant qu’instance juridiciaire dispose d’une juridiction limitée aux différends de bas niveau. On imagine que les grosses affaires seront déférées aux instances supérieures. Mais le dossier de chaque cas peut toujours démarrer à partir de cette base locale.
Gacaga n’est certainement pas une panacée. Pensons à quelques inconvénients patents :
1° Depuis l’hémorragie du génocide, reconstituer de «petites communautés locales» encore en harmonie est une gageure. Aujourd’hui, les regroupements se forment au gré d’autres critères, avec des gens qui les déterminent à rester sur le même endroit. Le lien actuel et provisoire est simplement le fait de se trouver dans une même entité administrative : cellule, secteur, commune. Ce n’est plus le voisinage d’antan d’une cohabitation qui avait créé le besoin de convivialité. 2° Le génocide a créé une cassure de vie commune : les gens ont tué leurs voisins. Dès lors la cohabitation est devenue impossible. 3° Les procès de GACACA ne respectent pas la discrétion. Quel rescapé va s’asseoir à côté du tueur des siens, l’accuser publiquement pour se trouver ensuite en sécurité dans la même localité. Cette liste des avantages et des inconvénients montre qu’il s’agit sauvent des antinomies : chaque avantage a ses inconvénients : un revers de la médaille. Force nous est alors de recourir à un principe supérieur qui impose une solution pratique. Ce principe est la nécessité de devoir vivre ensemble dans ce pays. La méthode Gacaca a donc ce grand avantage d’obliger les voisins à composer malgré tout, chacun mettent de l’eau dans son vin, parfois beaucoup d’eau ! Se parler dans la vérité est le début de la réconciliation.

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Notes bibliographiques

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1. BYANAFASHE, Déogratias, La famille comme principe de cohérence de la société rwandaise traditionnelle, in Cahiers Lumière et Société, NO 6, p. 3-26
2. MUZUNGU Bernardin, o.p. Une nation qui a Dieu pour Père, in Cahiers Lumière et Société N° 6, p. 27-60
3. MURASANDONYI Théodomir, Le Mythe de Ryangombe, in Cahiers, N° 5, p. 45-65
4. KANIMBA Célestin, Origine de la métallurgie en Afrique orientale : Donnees historiques et archéologiques, in Cahiers N° 5, p. 84-100.
5. KAGAME Alexis Un abrégé de l’ethno-histoire du Rwanda, Butare, 1972.
6. BUSHAYIJA Alexis, Le mariage coutumier au Rwanda, Namur, 1966
7. KAGAME Alexis, Les Milices du Rwanda précolonial, Astrida, 1962
8. Idem, Le code des institutions politiques du Rwanda précolonial, Bruxelles, 1952
9. NAHIMANA Ferdinand, Le Rwanda. Emergence d’un Etat, L’ Harmattan, 1993
10. MUZUNGU Bernardin, Le Dieu de nos pères, 3 vol., Bujumbura, 1974, 1975, 1981
11. MALINOWSKI B. Pratical Antropology, in Africa,2,1929
12 BASTIDE Roger, Anthropologie appliqué, 1971, p. 51

ECHECS ET REUSSITES DES PARTIS POLITIQUES RWANDAIS : 1959-1962
Antoine MUGESERA



  1. INTRODUCTION

Le génocide survenu au Rwanda entre 1990 et 1994 vient de loin : ce fut un aboutissement effroyable d’un long processus de désintégration du tissu social rwandais. De quand date ce processus de désintégration ? De la période pré-coloniale, coloniale ou post-coloniale ? Bien qu’ils soient extrêmement difficiles de dater avec précision un phénomène socio- politique, il est néanmoins possible d’en marquer avec certitude des étapes essentielles. Je voudrais dans les lignes suivantes concentrer mon analyse sur une époque qui, en la matière, constitue indéniablement un des grands tournants de notre histoire contemporaine : l’époque comprise entre 1950 et 1962. Elle marque l’éveil de la conscience politique nationale qui a abouti à ce qu’on a appelé la « Révolution de 1959» et à l’indépendance de 1962. L’idéologie génocidaire date de cette époque. Elle est le produit pourri des partis sectaristes Aprosoma et Parmehutu. Ces derniers ont été créés en réaction au parti indépendantiste et unitariste Unar. Ces deux groupes de partis ont adopté des positions tellement opposées que certains d’entre eux sont arrivés à concevoir une idéologie extrémiste de liquidation et même d’extermination non seulement des autres partis politiques, mais même des membres de «l’ethnie» tutsi toute entière. L’idéologie ethniste et ethnisante a créé tout un conditionnement mental et psychologique d’une partie de notre élite hutu d’abord et d’une grande partie de la masse hutu ensuite. Cette dernière a acquis un apprentissage erroné et malheureux qui l’a conduite, plus tard, à adhérer psychologiquement au projet génocidaire. Cet apprentissage, qui a duré plus de 35 ans (1958-1994), a conditionné et prédéterminé les réactions ultérieures de cette masse à l’égard du projet génocidaire conçu et élaboré par les promoteurs des partis Aprosoma, MDR-Parmehutu, MRND-CDR et autres « Hutu-power».


Je voudrais, dans ces pages, rappeler d’abord le contexte général de cette époque en me concentrant sur trois points essentiels : la désintégration du tissu social rwandais par la colonisation, l’éveil manqué de la conscience politique de l’élite et la généralisation du malaise dans tout le corps social rwandais. Je vais ensuite parler de l’épreuve qu’a constituée le projet d’Indépendance nationale. Face à ce grand défi, l’attitude radicalement opposée des partis Unar, Aprosoma et MDR Parmehutu sera évoquée et commentée. En troisième lieu, je ferai une analyse critique des forces et faiblesses de ces partis. Au préalable, je voudrais signaler et justifier deux omissions. Je ne réserve aucun exposé particulier au parti MRND-CDR pour la simple raison que, pour l’essentiel, celui-ci s’inscrit dans la droite ligne des partis Aprosoma et MDR- Parmehutu pour avoir exécuté leur projet génocidaire dont ils sont créateurs et promoteurs. L’omission plus remarquable est celle qui concerne le parti du Rassemblement Démocratique Rwandais (RADER), créé officiellement le 14 septembre 1959. Cette création fait suite à l’Ordonnance du 8 mai 1959, rendue exécutoire au Rwanda-Urundi par l’Ordonnance du 15 juin de la même année. La particularité de ce parti est d’abord qu’il ratissa large dans les rangs des Tutsi dits « progressistes», c’est-à-dire proches de l’administration tutélaire et des Missions catholiques. Ce faisant, il pensait éviter la faute de l’Unar en créant une communauté d’intérêts stratégiques et opportunistes entre les partis hutu et le monde colonialo-missionnaire. A vrai dire, c’est ce calcul qui l’a perdu : il fut broyé entre le marteau et l’enclume. Lorsque les partis des deux bords opposés, Unar et Parmehutu, occupèrent tout l’espace politique, les partis intermédiaires, Aprosoma et Rader, furent collés à ces deux premiers sans aucune ligne de pensée autonome ni de démarcation significative. La différence entre ces deux partis intermédiaires est que l’Aprosoma a eu au moins l’avantage de fournir au Parmehutu la théorie et l’audace de propager l’ethnisme. Le Rader n’a eu que le malheur de participer à l’infortune de l’Unar. Autant dire qu’en politique, un jeu clair vaut mieux qu’un calcul opportuniste peu réaliste ! N’ayant laissé aucun héritage dans la politique actuelle, cette mention suffit dans cette réflexion. Occupons-nous maintenant des partis qui, justement, ont eu un impact politique aujourd’hui encore observable.

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