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II. UNE PROSPECTIVE

La deuxième expérience du multipartisme que le pays a connu dans son histoire récente soulève une série d questions, dont certaine sont toujours d’actualité, qui mériteraient d’être discutées. Faute de temps, nous n’en avons retenu que trois.


II.1 Comment remédier aux carences du leadership ?
A la fin des années 80, les Rwandais ont manifesté par des voies différentes mais divergentes, une soif d’être dirigés autrement. Qu’ils voulaient exercer un droit de contrôle sur la gestion de la chose publique et qu’ils voulaient surtout jouir des libertés fondamentales dont ils avaient été privés. Cet état était en soi un échec des politiques suivies depuis l’indépendance. Car elles n’ont pas satisfait aux aspirations de la population, même si le discours officiel a toujours dit le contraire. Le problème fondamental que soulève ce constat réside dans l’incapacité de la classe dirigeante de répondre adéquatement à cette aspiration de la population à un mieux-être politique, social, économique et culturel.
La «démocratie» dont il a été question a été conçue d’abord en termes d’institutions à mettre en place par les élites. On a cru facilement, avec une certaine complicité de la communauté internationale, qu’une fois les partis politiques autorisés, les élections organisées et les institutions prévues installées, la démocratie tait garantie. Les Rwandais ont appris à leurs dépens que de bons textes ne suffisent pas tant qu’ils ne sont pas adaptés aux réalités, à la culture locale et à leurs aspirations profondes. Le débat politique a dévié de son idéal démocratique de confrontation de projets de société et de programmes politiques pour s’ethniciser. Cette issue n’était pas fatale. Des préalables, dont les promoteurs du multipartisme n’étaient pas conscients ou qu’ils ont ignoré par opportunisme ou par calcul mesquin, étaient nécessaires. Parmi ces préalables, il y a évidemment l’adhésion totale et réelle de la classe politique aux principes et aux implications de la démocratie.
Il a manqué, ensuite, une imagination de donner un contenu concret et contextualisé aux principes généraux et universels de la démocratie. Alors que les élites peuvent être interpellées et motivées par une théorie logique qui s’appuie sur des expériences autres que les leurs, le paysan est plus sensible à une «démocratie au ras du sol», qui a des implications plus palpables dans sa vie quotidienne et son environnement immédiat. Pour s’en rendre compte, il doit l’expérimenter. Le processus «démocratique» a été monopolisé par l’affrontement des états-majors des principaux partis politiques. Cet affrontement ne pouvait pas remplacer le long et difficile travail de l’éducation à la démocratie, à l’initiation de la population entière à de nouvelles manières de penser, de se comporter et d’agir collectivement. On se rend mieux compte maintenant que des étapes intermédiaires ont été escamotées, des étapes importantes qui auraient permis aux gouvernants d’intérioriser les idéaux de la démocratie et leur donner un contenu typiquement rwandais. Cet apprentissage n’a pas eu lieu.
La démocratie se définit principalement comme un régime politique qui promeut les droits et protège les libertés. Les expériences passées de «démocratisation» de notre pays montrent que les mentalités et les pratiques arbitraires ne s’extirpent pas en quelques mois. Elles ont montré, par ailleurs, qu’on peut justifier ce qui, en démocratie, ne peut l’être : la légitimation des crimes, la complicité dans le mal, le mensonge, l’impunité le racisme, l’exclusion, etc. Pour que la démocratie ne soit pas une option prise pour plaire aux bailleurs de fonds, ni un simple slogan qui cache des
calculs et des intérêts égoïstes, il faut trouver des procédures et des mécanismes pour aire pénétrer parmi les Rwandais la culture du respect des droits et des libertés fondamentaux.
Bien des peuples à travers le monde, ont connu des expériences qui peuvent nous instruire et nous inspirer dans ce domaine. Ils y sont parvenus, notamment en renforçant la société civile. Nous l’avons signalé. Les prises de parole et les prises de position de quelques associations de la société civile ont été courageuses bien que limitées dans leur impact. Il est à regretter que ces associations aient dans la suite les effets négatifs de la population politico-ethnique. La conséquence est qu’elles ont fini par être des «satellites» des formations politiques, condamnant par là la civile à l’inertie à cause des ses membres qui jouent, à l’ombre, la politique de protection des privilèges accumulés en utilisant l’ethnie comme un tremplin.
Il ne peut exister des institutions représentatives s’il n’existe pas en amont des acteurs sociaux présentables. La démocratisation suppose par conséquent l’autonomie d’action des associations ou d’autres groupements d’intérêts. C’est l’un des moyens de faire émerger le débat portant sur les préoccupations proches de la vie quotidienne, un débat essentiel et antérieur à celui qui se forme dans les institutions politiques. Si l’opinion publique est dominée par l’affrontement des partis et de leurs leaders, comme nous l’avons vu, la démocratie manque de base.
II.2 Une autre vision du pouvoir
Le contrôle des biens de l’Etat est la source de tous nos conflits et de l’impasse à laquelle ont conduit les démocratisations antérieures. Comme dans beaucoup de pays pauvres, l’Etat rwandais a joué jusqu’à maintenant un rôle important dans la génération la distribution des richesses. C’est lui qui organise la perception des recettes, contrôle les circuits financiers et commerciaux, l’import-export et l’aide internationale. Comme il n’y a pas d’autres moyens de capitalisation, le capital privé étant encore insignifiant, il est compréhensible que celui qui détient le pouvoir politique garde le monopole du pouvoir économique.
Les luttes factionnaires au sein de l’appareil de l’Etat, l’opportunisme de la classe politique et les crises politiques s’expliquent principalement par la sauvegarde des positions acquises au sein de l’Etat ou par le désir d’en obtenir. Ces luttes peuvent prendre des formes particulièrement violentes, surtout durant les temps de pénurie ou de régression économique comme ceux que le pays a connus avant le génocide. La corruption et la paralysie des services étatiques sont également à situer dans ce conteste global des stratégies de contrôler l’Etat. Car ce qui est visé, c’est s’approprier des avantages et de l’influence que procure une place au sein des services de l’Etat pour en bénéficier personnellement et en faire profiter à ses proches.
C’est la raison pour laquelle le pouvoir est mystifié et sacralisé. Le détenteur de ce dernier est considéré comme le meilleur, le seul qui sait, qui ne peut se tromper, au-dessus de tout soupçon, irréprochable, irremplaçable on ne discute pas ses idées ou ses décisions : on y adhère. Il ne demande l’avis de personne sinon sur confirmer le sien ou lui trouver une caution. Tout conseil contraire à son avis devient une critique destructrice.
De là à faire du pouvoir une chasse gardée, il n’y a qu’un pas. Le détenteur n’a de comptes à rendre à personne. Il est au-dessus de la loi. Même celui/celle qui détient un pouvoir subalterne vit dans la conviction qu’il/elle n’a de comptes à rendre qu’à son supérieur hiérarchique ou encore mieux à celui/celle qui l’a installé dans cette place. Tous les autres ne méritent qu’une considération mineure, voire pas de considération du tout. Dans son attitude vis-à-vis du détenteur de ce pouvoir, le sujet montre qu’il pense comme le chef, se fait le chantre de son pouvoir, allant jusqu’à l’excès de zèle.
Petit à petit, il s’interdit toute capacité d’un regard critique sur celui-ci. Inutile dans ce cas de parler du contrôle du pouvoir par la population. Le pouvoir fait tout pour s’entourer d’une auréole de mystère (le secret d’Etat) pour ne pas livrer à la population l’information dont elle a besoin sur

la situation du pays. D’où la monopolisation des moyens d’information, la langue de bois, les manœuvres de division de l’opinion et toute une gamme de techniques de dissimulation utilisées


pour entretenir cette impression de mystère. A la fin, les secrets d’Etat de révèlent être des mécanismes destinés à camoufler les erreurs des uns, les pillages et les crimes des autres. En couvrant le pouvoir d’une aura sacrale, ses détenteurs ou ceux qui le convoitent ne visent rien d’autre qu’en écarter tout contrôle de la part ceux sur qui il s’exerce. Un tel système secrète une culture politique particulière que l’on a vu à l’œuvre ; celle de la déresponsabilisation de la population. Celle-ci se replie dans la résignation et se prête à la manipulation.

Il serait simpliste d’ignorer la force d’une telle tradition et l’attrait qu’elle exerce sur tout le monde. La seconde démocratisation du Rwanda a montré que l’autocratie peut se frayer un chemin dans les régimes qui se disent pluralistes.


II.3 L’illusion de la démocratisation dans la pénurie
La persistance de la vision du pouvoir comme un avoir ou un butin que les détenteurs doivent conservent conserver par les moyens et à tout prix a fait que la «démocratisation» a été une simple illusion. Les ressources de la population ont subi 1985 une diminution drastique. De nombreux biens, dont la possession est habituellement considérée comme prioritaire, étaient hors de portée de larges couches de la population. Au sein des groupes les plus défavorisés de la population, la jouissance des «droits économiques» se résumait de plus en plus dans la lutte pour l’accès difficile aux ressources alimentaires de première nécessité lorsqu’ils ne survivaient que grâce à la «charité internationale». Cette situation, absente dans les discours des politiciens, était génératrice des conflits de toute sorte. Elle le sera toujours tant qu’elle ne sera pas maîtrisée. Les chances d’y parvenir à moyen terme sont minimes. Le basculement de l’économie nationale dans les circuits de l’économie souterraine (informel) conduit non seulement à la prolifération des trafics incontrôlés, mais aussi à l’intensification des luttes sociales.
Par ailleurs, les effets négatifs des politiques économiques d’inspirations néo-libérales sur le tissu social seront de plus en plus observables. On répète partout que l’organisation économique est régie par le libre jeu des forces du marché. La conséquence est que l’Etat «ajusté» ou «déréglementé» se soustrait à la pression des demandes sociales. Il est toujours à craindre que l’érosion continu des conditions de vie continue, conjuguée désormais avec les effets du génocide, des maladies et des épidémies, ne crée ou n’aggrave les dissensions civiles, les recours de plus en plus fréquents aux formes de mobilisation fondées sur l’ethnie, la région ou la religion…Des formes de mobilisation politique qui, loin de conduire vers la démocratie, participent à la reproduction des situations autoritaires. Toute libéralisation du système politique dans notre contexte de pénurie devra faire face au dilemme causé par les conditions économiques de l’exercice des droits politiques.
Un multipartisme dont les bases matérielles se trouvent dans une économie parallèle tendra à favoriser la prolifération des droits segmentés et par conséquentes la violence. D’autre part, l’idée selon laquelle l’économie de marché ne présuppose aucune finalité collective et que, laissés à eux-mêmes les comportements individuels finissent par converger vers un ordre social «optimal» ne correspond pas nécessairement à la réalité nationale. Nulle ne part, le néo-libéralisme n’a atteint cet objectif. Il vaut mieux être conscient de ce défi et ne pas l’éluder des débats politiques.

CONCLUSION GENERALE

Ce numéro a quelques particularités : Il est plus volumineux que les autres. Sans exclure personne, il a un destinataire privilégié : les responsables des partis politiques. Nous avons pensé à eux. Ils peuvent mobiliser le pays pour son bien comme pour son malheur.


Le premier article insisté spécialement sur le danger de téléguidage de nos partis politiques par une main étrangère. Le pays a trop long temps dépendu de ceux ont besoin de notre zizanie.
Le second avertit que tout changement des habitudes d’un peuple a des règles à observer sous peine d’être surpris par des réactions de rejet ou de provoquer des crises sociales sans issue. Aussi des solidarités traditionnelles méritent une attention particulière même lorsque les changements s’avèrent impératives.
Le troisième nous fait assister à un cours académique sur l’histoire des anciens partis politiques qui ont généré les malheurs de ce pays. Aux partis actuels, à bon entendeur, salut
La dernière touche met le doigt sur les astuces d’une démocratie frauduleuse. La principale de ces astuces est la mystification du pouvoir pour échapper au contrôle du peuple qui ne veut pas se laisser tondre la laine sur le dos. Quoi qu’il en soit, il fait un gouvernement juste et fort qui décourage à temps toute dérive suicidaire.

C. NO 15 : LE DIALOGUE ENTRE L’ETAT ET LES CONFESSIONS RELIGIEUSES


PRESENTATION DU NUMERO
Ce N° 15 touche un point extrêmement sensible. Il s’agit du dialogue entre les Confessions religieuses et l’État en général. Mais il vise en particulier le dialogue entre la hiérarchie catholique et le Gouvernement actuel. Contrairement à l’habitude, ce Gouvernement a été mis en place sans l’aval de l’Église catholique. A l’heure qu’il est, les relations entre ces deux institutions sont encore dans une zone de turbulence. Aussi, toutes les contributions qui vont venir, insistent sur le besoin de calmer les jeux et rechercher un modus vuvendi.
La première contribution est une longue citation d’un « Rapport sur le génocide rwandais de 1994 ». Ce rapport indique le contexte international dans lequel se situe ce dialogue national. La deuxième contribution, signée par Bernardin MUZUNGU, cite deux textes de la plus haute hiérarchie de l’Eglise catholique pour montrer à quelle condition «une saine coopération » est possible entre l’Eglise et l’État. Dans la troisième réflexion, Paul RUTAYISIRE insiste sur « la nécessité de nouveaux rapports avec le Pouvoir» pour sortir de sa léthargie actuelle. Philippe BASABOSE termine la série par une invitation à «plus de sérénité» dans les rapports entre l’Eglise et le Gouvernement. L’aspect dialogal de ces articles qui n’est pas apparent au premier abord se trouve dans le fait de décrire la trajectoire qui peut réduire progressivement les distances entre les deux instututions jusqu'à une saine coopération. Il y a lieu même de se réjouir de cette distance de départ qui peut prémunir contre l’inféodation ou la confusion des deux pouvoirs, qui fut de règle dans tous les Régimes du passé.
Le principe qui préside à cette nécessaire collaboration est le but commun : Eglise et État sont, tous les deux, au service des Rwandais. L’État s’occupe du temporel, l’Eglise du spirituel, dans l’émulation et la complémentarité mais sans une stérile confrontation. Cependant, dans l’état actuel de notre pays, après une longue période de désintégration de notre peuple, on ne peut plus traiter des relations entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel sans référence au passé et sans établir des responsabilités endossées par ces deux institutions. Le dialogue en question est donc en même temps un ré -examen de ces modalités. Malgré leur aspect critique, toutes les contributions sons volontairement optimistes. Elles donnent à croire que l’avenir sera meilleur que le passé et que dès maintenant nous sommes en possession des signes d’un grand espoir. L’Eglise, grâce, entre autres, au synode «gacaca », pourra être réaliste, répondre au rendez- vous de l’histoire actuelle de notre pays. Le Gouvernement ne manquera pas de lui tendre la perche. Le bonheur de notre pays exige une entente sincère et définitive.


AUCUN TEMOIN NE DOIT SURVIVRE
Alison Des Forges


INTRODUCTION

Ce titre est celui d’un gros livre de 931 pages, rédigé par Alison Des Forges, sur la base des recherches d’une équipe de 10 personnes et publié dans les Éditions Karthala, en 1999. La lecture de cet ouvrage nous a permis d’apprécier l’analyse qu’en a faite la Lettre mensuelle, nommée Billets d’Afrique et d’ailleurs, N° 70, Mai 1999. Cette analyse que nous allons citer intégralement constitue une excellente introduction de ce numéro de notre revue à un dialogue entre l’Église et l’État : les deux institutions qui assurent les plus hautes responsabilités de ce pays. Tout en remerciant les auteurs de ce Rapport, nous avertissons nos lecteurs que notre citation modifie une certaine transcription matérielle des caractères de la ponctuation et des indications d’omissions fais dans le livre de référence. Par contre, nous introduisons une nouvelle pictographie (gras, italique). Bien sûr, le texte lui-même est cité littéralement. Cette modification toute matérielle cherche l’avantage de livrer un texte coulant, continu et sans hiatus pictographiques dans le débit.



I. Citation
- La citation : « Une étude historique dans tous les sens du terme. L’énorme travail mené sous la houlette d’Alison Des Forges établit définitivement le caractère planifié du génocide rwandais, écartant le rideau de la . Il montre au contraire le lien étroit entre le foyer génocidaire, constitué par le cercle autour du colonel Bagosora, et son idéologie exterminatrice et l’intense travail de propagande qui a multiplié de tels artifices, grâce entre autres, à la trop fameuse Radio des Mille collines. Les partisans du génocide, assez peu nombreux au départ, ont gagné à eux une fraction notable des Hutu rwandais par la persuasion, l’intérêt, la ruse et la force. L’un des nombreux atouts du livre est d’articuler cette perspective globale avec deux vastes enquêtes locales dans les anciennes Préfectures de Gikongoro et de Butare. La description du génocide au quotidien a ceci de fascinant qu’elle applique la coutume. L’on voit ainsi comment la plus grande partie de l’élite hutu, militaire, administrative, religieuse, intellectuelle, est amenée, bon gré, malgré, à participer à la machine génocidaire ou à la cautionner. La communauté internationale, a été, elle aussi, prise au piège de la tolérance, comme hypnotisée. Cette attitude permissive du génocide de la communauté internationale est longuement analysée. Mais un pays, la France, a fait pire. Elle a soutenu le pouvoir génocidaire pendant et après le génocide. Elle avait « choisi le camp du génocide» et elle ne s’est jamais départie de ce choix. Ce camp, c’est le gouvernement intérimaire rwandais, totalement impliqué dans le génocide. Mais c’est surtout les militaires, dont l’étude confirme qu’ils constituèrent le noyau dur et le bras armé du génocide. Ils étaient appuies par leurs acolytes miliciens. Or l’Armée française, ses services secrets et ses mercenaires, vivaient depuis quatre ans en osmose avec ces soldats de l’Armée génocidaire. De tout cela, il fallait que nous donnions un avant goût à nos lecteurs».
- L’organisation du génocide. Le mouvement connu sous le nom de hutu- pawer, une coalition qui devait permettre le génocide, se construisit sur le cadavre de Ndadaye, le Président burundais assassiné par des militaires tutsi le 21 Octobre 1993. Froduald Karamira, leader de la fraction power du MDR, en fut le chantre, au meeting fondateur du 23 Octobre à Kigali (p.164). Le bras armé du hutu-power devait être l’armée populaire de jeunes gens robustes qui avait été embauchée en Janviers 1993 par les Amasasu ( un cercle clandestin d’Officiers ) et par Bagosora ( le chef des Amasasu). Une semaine seulement après la manifestation du hutu-power, une Commission des FAR (Forces armées rwandaises) se réunissait pour planifier son organisation.
- Le plan d’autodéfense populaire fut constitué par les Militaires qui logent à l’extérieur des camps, assistés par d’anciens soldats. Le système n’était peut-être pas tout à fait opérationnel le 7 Avril, mais ce qui existait déjà répondait de manière très efficace à l’objectif recherché ( p. 166-167). Le colonel Théoneste Bagosora s’installe à la commande dès l’assassinat de Habyarimana, grâce à son réseau de Militaires, d’anciens Militaires et Politiciens extrémistes (p. 219). Mais jusqu’au 12 Avril, il rencontre les oppositions assez vives au sein de l’Armée. Il pouvait compter sur 2000 soldats d’élite (p. 228). Les tueurs qui répondirent aux premiers appels au massacre ne furent probablement pas plus de 6000 ou 7000 individus dans tout le pays (p. 235). Ceux qui déclenchèrent le génocide et le massacre des adversaires du hutu-power étaient peu nombreux. Parmi les initiateurs figuraient apparemment des officiers de l’Armée, tels Bagosora, le major Protais Mpiranya, François-Xavier Nzuwonemeye, le major Aloys Ntabakuze, le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, le colonel Tharcisse Renzaho. Robert Kajuga et George Rutaganda, ainsi que Mathieu Ngirumpatse et Jeans Bosco Barayagwiza, ordonnèrent probablement les Miliciens de se jeter dans la mêlée. Ngirumpatse et d’autres politiciens, comme Froduald Karamira, Joseph Nzirorera , Edouard Karemera, Justin Mugenzi et Donat Murego, avaient participé à la formation du Gouvernement Intérimaire à la demande de Bagosora. Ils étaient donc responsables de la composition du groupe qui mit l’Etat au service du génocide. D’autres membres de l’Akazu semblent avoir joué un rôle important. Il s’agit surtout de Madame Habyarimana et le colonel Rwagafirita (p. 233-234).

- Le rôle des militaires. Les militaires jouèrent un rôle décisif en déclenchant le massacre et en l’orchestrant. La participation systématique et à la grande échelle des militaires pendant toutes la durée du génocide, démontre que leur rôle fût dicté ou approuvé par les plus hautes autorités à l’échelon national ( p. 262 -263). Les responsables politiques à tous les niveaux encouragèrent le génocide, se lançant dans la campagne de tueries pour accroître leur influence ou évincer des rivaux (p. 266-267).


I.1 Le témoignage du général Dallaire
Le général Roméo Dallaire, chef de la MINUAR, a donné son témoignage devant le Tribunal d’Arusha dont nous allons citer les extraits suivants : Les milices et ceux qui les contrôlaient semblaient suivre les instructions données par le colonel Bagosora (p.169). La déclaration de Froduald Karamira à la Radio -Rwanda, le 12.04.94, le précise en ces termes : Les milices suivaient l’Armée. Le chef des milices déplaçait leurs hommes d’une région à une autre. Ces transferts temporaires de miliciens démontrent à quel point l’organisation du génocide était centralisée (p.270). Il fallait mobiliser des centaines de milliers de gens pour tuer, s’occuper de la tenue des barrières et de la traque des survivants. Comme l’avait déclaré Karamira dans un discours radiodiffusé le 12 Avril, cette guerre devait devenir la responsabilité de tous. Le Gouvernement Intérimaire ordonna à l’Administration d’effectuer cette mobilisation. Si les Préfets transmettaient les ordres et supervisaient les résultats, les bourgmestres et leurs subordonnés furent ceux qui mobilisèrent véritablement la population. Ils amenaient les gens sur les lieux des massacres, oú des militaires, ou encore d’anciens soldats, prenaient généralement la direction de la suite des opérations. Les bourgmestres eurent la responsabilité d’assurer la poursuite du génocide sur la période de plusieurs semaines (p.272). Les organisateurs du génocide avaient l’intention de bâtir une responsabilité collective pour le génocide. Les gens étaient encouragés à se livrer ensemble aux tueries. Aucune personne seule n’a tué une autre personne, a déclaré l’un des tueurs (p. 892). Des encadreurs de la jeunesse, recrutés par les communes à partir de l’automne 1993, avoir joué un rôle important dans cette mobilisation (p. 155). De Janvier 1993 à Février 1944, 581 tonnes de machettes, d’environ 1 kg, ont été importées au Rwanda. A peu prés le double des années précédentes. Parmi les acheteurs  des machettes, citons les suivants: Félicien Kabuga, homme d’affaires de Byumba, ami de Habyarimana, Eugène Mbarushimana, gendre de Kabuga et secrétaire général des Interahamwe, François Burasa, Frère aîné de Barayagwiza, chef de la CDR (p. 152-153
Bon nombre de clergés locaux, catholiques et protestants, donnèrent leur accord tacite au génocide en participant aux comités de sécurité mis en place par Bagosora pour administrer le génocide à l’échelon local (p. 219). Les autorités militaires, administratives et politiques, se lancèrent dans une entreprise de supercherie avec trois objectifs en tête : tromper les étrangers, leurrer les Tutsi pour le tuer plus facilement et manipuler les Hutu. L’entreprise de mystification était parfaitement cohérente. Les organisateurs utilisèrent le génocide pour faire la guerre et se servirent de la guerre pour dissimuler le génocide (p .297). La justification du génocide fut inventée. Il s’agirait de la colère spontanée des Hutu «Akajinya» causée par l’assassinat de Habyarimana ainsi que l’autodéfense contre les Inyenzi (FPR-Inkotanyi) et leurs complices Tutsi. Ils se répétaient l’éternel refrain d’autodéfense : tuer pour ne pas être tué. Cette propagande constitue une projection : on accuse l’autre de ses propres fautes. Les meneurs de la campagne des tueries tuèrent ou limogèrent de militaires et des fonctionnaires dissidents et en menacèrent d’autres pour les contraindre à obéir (p.309). Le siège du bureau d’autodéfense civile était dans le bureau de Bagosora, au Ministère de la Défense » (p. 328-329). Les massacres les plus horribles étaient terminés à la fin du mois d’Avril 1994 (p.331).
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