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2.2 Les constructions

L’aménagement des églises et des postes missionnaires et administratifs avait nécessité le recours à la main-d’œuvre locale. Il fallut les charpentiers, les briquetiers… Si la plupart d’entre eux travaillaient gratuitement, d’autres par contre recevaient un maigre salaire (perles, puis les roupies). Certains préféraient la désertion du lieu de travail. Souvent, l’usage de la force était nécessaire pour les en dissuader.


S’agissant des routes, leur construction débuta vers 1928. En effet, à l’époque allemande, il n’existait que quelques pistes pour les caravanes des porteurs. L’avènement de la route inaugura une nouvelle ère. Ce fut un événement révolutionnaire, puisque les déplacements des personnes et des biens furent largement facilités. Du coup, elle concourut à la suppression progressive du portage. Les camions pouvaient désormais transporter le bois, les matériaux de construction, les marchandises, etc. la construction des routes fut une nouvelle occasion de levée d’une main-d’œuvre abondante. Le travail sur les routes pesa lourd aux populations enrôlées qui vécurent l’oppression et l’exploitation à outrance. D’après Kimanuka, la création du réseau routier a constitué le travail le plus dur qui ait jamais été imposé aux hommes adultes et valides du Marangara, travail qui variait en durée et en exigence selon qu’il s’agissait d’une route principale à aménager ou d’une route secondaire ou même une piste pour voyageurs (17). Etant donné que le travail était dur, toute la chefferie était pratiquement mobilisée, ce qui obligeait les gens à parcourir de longues distances pour arriver au lieu du travail. Le sous-chef ou son ikirongozi veillaient à la ponctualité des hommes adultes et valides. C’est l’administrateur territorial qui se chargeait de la surveillance de l’état d’avancement des travaux. Les études techniques devaient être menées par le personnel des travaux publics. L’administrateur territorial était assisté par des commis (abakarani), auxquels était dévolu l’encadrement technique des travailleurs. Le sous-chef assistait quant à lui les commis. Le tronçon à aménager devait être divisé en lots qui étaient répartis entre les sous-chefferies. Le sous-chef qui terminait le premier son lot était le mieux coté, ce qui créa une vive émulation au détriment de la main-d’œuvre, qui imaginait plus d’un stratagème pour échapper à la fatigue : travail hardi quand le sous-chef est présent, ralentissement du rythme à son absence,…Malgré cela les résultats demeuraient satisfaisants, à cause du nombre élevé des «corvéable ». Les routes secondaires étaient aménagées et entretenues par la sous chefferie où elles étaient localisées. Enfin, le seul moyen pour échapper à ces durs travaux était l’émigration vers l’Ouganda. (19) Parallèlement à ces travaux de construction, furent instituées les cultures obligatoires.

    1. 2.3 Les cultures obligatoires

D’après le professeur Leplae, «les cultures obligatoires sont celles qui sont imposées aux indigènes par leur Gouvernement mais dont les produit appartiennent à ces indigènes qui les consomment et les vendent à leur profit exclusif.» (20) Les cultures vivrières obligatoires ont été instaurées pour lutter contre les famines et les disettes qui étaient monnaie courante. Elles étaient causées tantôt par les aléas climatiques (sécheresses, excès de pluies), les épidémies, l’attaque des prédateurs (gros gibiers, rongeurs, insectes nuisibles,…), la guerre, etc. Ces cultures vivrières sont le manioc, la patate douce et la pomme de terre. Le choix des deux premières a été dicté par le fait qu’elles résistaient facilement à la sécheresse. Bien plus, la culture du manioc est cultivable en toute saison et se conserve longtemps sous le sol, ce qui permettrait « la libération des forces paysannes durant certains moments du calendrier agricole afin qu’elles soient consacrées aux cultures d’exportation : café, coton… »(21). Une fois résolu le problème de famine, les habitants pourraient alors s’occuper des cultures de rapport. La preuve c’est que « les zones de culture du manioc correspondent à celles du caféier (zones de bas plateaux). Pour d’autres zones, les hauts plateaux par exemple, la pomme de terre semble avoir joué un rôle analogue toute en demeurant une culture saisonnière.» (22) Si la raison majeure était la lutte contre les famines cycliques et régulières, un autre besoin du gouvernement belge a inspiré l’imposition de ces cultures vivrières aux populations Rwandaises et en particulier le manioc. Ces denrées devaient en effet être exportées vers le Katanga où les mineurs devenaient de plus en plus nombreux et ne devaient pas s’occuper de l’agriculture. Le Ruanda- Urundi devait partant constituer un fournisseur des denrées alimentaires. (23)


Quant à la culture du café, elle fut choisie et privilégiée au début des années 1930 parce qu’elle était recherchée sur le marché mondial. Cette culture une fois exportée devait compenser les dépenses du pays en importations, ce qui fait que le gouvernement belge se verrait alléger le budget alloué au Rwanda. En outre, le système de salariat résultant de la fonctionnarisation des autorités coutumières aurait alourdi les charges de la Résidence qui, pour s’acquitter notamment des salaires, recourut aux impôts. Ainsi les contribuables devaient avoir une source de revenus monétaires, en vendant notamment leur café à exporter. La raison principale avancée par l’administration Belge fut l’élévation du niveau de vie du paysan : «  Le développement des cultures de rapport chez l’indigène serait un moyen de lui permettre l’obtention d’une fortune pécuniaire servant à contribuer à l’amélioration de ses conditions de vie matérielle. (24). Si le corollaire de l’amélioration des conditions de vie des populations serait sans doute l’accroissement des revenus de la Résidence en impôt, nous croyons que c’est ces derniers qui ont avant tout été visés. En fait, l’exploitation des colonies venait avant leur développement.
Concernant les textes légaux relatifs aux cultures obligatoires, juste après leur entrée au Rwanda, les Belges fixèrent les premières mesures, à travers la lettre no 791 /A/53 du 2 aout 1917 qui prévoyait la culture obligatoire du manioc ainsi que le reboisement du pays. Les autorités locales devaient impérativement mettre en pratique les décisions y relatives. Au point 5, il était stipulé : « Des plantations de manioc doivent être effectuées par toute la population du Rwanda à l’effet de constituer des vivres de réserves dans le pays. Les Watutsi sont responsables de la non exécution (sic) de cet ordre et seront punis d’un mois de détention. (25)
Le point 8 mentionne les directives sur le reboisement :
« …chaque homme doit planter durant la saison des pluies 10 eucalyptus, chaque femme 5 et chaque enfant 3. Les Watutsi se procureront des jeunes plants dans les postes et les missions ; ceux-ci sont responsables pour leur Wahutu sous leurs ordres… »(26)
Plus tard, sous le régime mandataire, l’administration belge justifia ces mesures obligatoires par le souci de civiliser les indigènes :
« Il va sans dire qu’un gouvernement s’acquittant, dans une société peu avancée, d’une mission civilisatrice, doit avoir le pouvoir d’imposer en certaines circonstances les mesures que comportent l’intérêt général. C’est pourquoi le résident a été placé auprès de l’autorité indigène non pas comme un représentant diplomatique de la puissance mandataire, mais comme un tuteur qui la dirige. »(27)
Et précisément en 1942, considérant que la mise sur pied des cultures de réserve, indépendantes de l’irrégularité et du caprice des saisons, demeurait le seul moyen de prévenir les famines, l’administration belge outrepassa les normes de la société des Nations et imposa ces cultures aux autorités locales qui s’y conformèrent sous peine de sanctions. C’est dans ce contexte que fut promulgué l’ordonnance-loi no22 du 7 novembre 1924, qui établit les cultures vivrières obligatoires au Ruanda-Urundi. Suivie des plusieurs autres ordonnances d’exécution, cette ordonnance obligeait les « indigènes » à planter le manioc, la patate douce et la pomme de terre pour les avantages indiqués ci-haut. L’un de ses principaux règlements d’exécution imposait :
« 1° A chaque indigène adulte et marié, demeurant dans un rayon de trois kilomètres des postes administratifs, et à chaque sous-chef de colline, la plantation de 10 arbres d’essences indigènes et de cinq pieds d’essences européennes à son choix.
2° A chaque chef de province, la plantation d’arbres sur une superficie d’un hectare et la création d’une culture de rapport à son choix, sur une superficie d’un demi-hectare.
3° A chaque indigène adulte et marié, la plantation de cinq ares de manioc en 1926 et de cinq ares en 1927, le manioc pouvant être remplacé dans des régions impropres à cette culture, par la patate douce ou toute autre espèce alimentaire désignée par le personnel compétent. »(28)
Ensuite, le pouvoir mandataire ajouta d’autres mesures coercitives contenues dans l’ordonnance d’application n°52 du 7 août 1927 qui stipulait :
«  article premier : Indépendamment des approvisionnements de graines nécessaires aux semailles, qui ne seront pas inférieurs 10kg par habitant, tout indigène adulte de sexe masculin résidant dans sa chefferie est tenu de constituer à l’époque de la récolte des céréales et des légumineuses aux dates fixées par Résident compétent, des réserves de vivres destinées à la consommation de sa famille. Ces mesures seront calculées à raison de 60kg de vivres par tête d’habitant. Leur conservation sera assurée par le fonctionnaire compétent et elles ne pourront être entamées qu’aux dates et dans la mesure qu’il déterminera.
« Article 2 : En vue d’y prévenir les disettes, les Résidents pourront, sous réserve de ratification par le Gouverneur, subordonner temporairement à une autorisation préalable l’exportation des céréales ou des légumineuses de tout ou partie de leur ressort.
« Article 3 : Dans le but prévu à l’article précédent, les résidents pourront décider temporairement, pour tout ou partie de leurs ressort, que les caravanes de commerce ou autres devront comprendre dans leurs bagages les vivres nécessaires à leur subsistance en cours de route. Les infractions à cette disposition seront poursuivies contre la personne pour le compte de la quelle la caravane voyage et celles qui la conduisent ou l’une d’elles. » (29)

Habimana et Harroy estiment que l’augmentation de la production vivrière se manifesta nettement dans les prix sur les marchés et que la superficie totale cultivée augmenta de plus de 10%. En 1932, la production agricole atteignait 7600 ha de cultures de haricots et patates douces en marais pendant la saison sèche. Pour le manioc et la pomme de terre, les superficies passèrent respectivement de 2488 ha et 325 ha en 1929 à 24143 et 3100 ha en 1932. (30) Vers 1931, juste à l’avènement du roi Mutara III Rudahigwa, le Gouverneur Charles Voisin décida que chaque contribuable devait entretenir 54 plants de caféier, le sous-chef 250 et le chef 1000. (31)


En 1943, l’ordonnance législative n° 347/ A.I.M.O du 4 octobre, relative à l’organisation politique « indigène » du Ruanda-Urundi, a abrogé les dispositions antérieures (1924,1927,…). Il en découla l’année suivante l’ordonnance n°70 A.I.M.O du 20 Novembre 1944 qui fixait les superficies minima à respecter et les aménagements ruraux à mettre sur pied. A cet égard, il fallait au moins cultiver 35 ares de cultures vivrières saisonnières et 25 ares pour les plantes non saisonnières, dont au moins 15 ares réservées au manioc (avec quelques exceptions selon l’altitude). (32) En outre, obligation était faite de procéder aux travaux de reboisement à grande échelle, d’intensifier les cultures vivrières, de prévoir les campagnes de destruction des animaux nuisibles aux cultures,…

C’est durant cette période d’extension des superficies cultivées que s’aggrava la situation des populations qui devaient cultiver les terres localisées à proximité des routes pour permettre une meilleur vérification par les administrateurs territoriaux, leurs subalternes et d’autres visiteurs européens. Sur ce, les hommes adultes et valides devaient parfois faire une journée de marche pour atteindre le lieu de travail, situé la plupart des fois au-delà de leurs sous chefferies. Cela constituait une preuve pour les autorités de la chefferie que partout les superficies énormes avaient été exploitées, ce qui leur valait une cote supérieure. Le pays devint un champ de généralisation des « corvées », tant et si bien que les Européens minimisaient l’ampleur de la contrainte et de la souffrance des Rwandais en prétextant que c’était du « travail pour soi. » (33)

Au regard de cette situation intenable, une loi devait être promulguée en 1953 pour alléger la tâche des abanyakazi. Ce fut l’ordonnance législative n° 21/86 du 10 Juillet 1953 qui remplaça celle de 1943. Les institutions politiques issues des consultations populaires qui eurent lieu en 1953 et qui s’étaient déterminées dans le décret du 14 juillet en 1952 y furent pour beaucoup dans cette révision des conditions de travail au profit des Rwandais. Nous présentons ci-après quelques extraits de cette ordonnance :
« De l’avis conforme du conseil supérieur du pays, le Mwami prescrit à ses ressortissants :
« 1° de faire et d’entretenir à leur profit personnel des cultures individuelles de vivres pour l’alimentation de dans l’intérêt exclusif de la population ;
2° de faire et d’entretenir à leur profit personnel des cultures de vivres ou des produit d’exportation ;
3° d’entretenir dans leurs terres de cultures ou de pacage tous les dispositifs d’amélioration déjà existant et en particulier les dispositifs d’amélioration déjà existant et en particulier les dispositifs de drainage et conservation des sols… ;

4° d’entreprendre les travaux collectifs ayant pour but :


    1. la création de boisements, leur protection ;

    2. le drainage et la conservation des sols,… »(34)

Ainsi, de ce décret, nous retenons qu’autorisation fut donnée aux populations de faire l’agriculture et d’autres aménagements y relatifs dans leurs propres champs et de ne plus uniquement le faire à l’endroit choisi par l’agronome, le commis ou le sous chef. Désormais, chaque homme adulte et valide devait avoir ses 15 ares de manioc au lieu de prédilection. Dans le cas contraire, il encourait d’autres peines que le fouet, car ce dernier fut supprimé depuis 1947. De l’avis général, on convint que dans l’ensemble la production agricole s’accrut considérablement et particulièrement les disettes et les famines devinrent de plus en plus rares. Mais le niveau de vie du paysan ne se modifia guère, car, recourant toujours à l’usage des instruments aratoires rudimentaires, sa production ne fut jamais excédentaire pour lui procurer d’autres biens. Néanmoins, l’institution des cultures obligatoires fut parmi les programmes qui prouvèrent la puissance coloniale à travers l’usage de la contrainte.

A l’augmentation des superficies cultivées qui ont un impact positif sur la production agricole, il faut ajouter l’intervention d’autres techniques et aménagements qui contribuèrent à l’application des moyens prévus dans l’institution des cultures obligatoires. Enfin, pendant que les cultures obligatoires étaient considérées comme des travaux imposées dans l’intérêt individuel des ménages, les techniques et aménagements y relatifs rentraient, y compris les routes, dans la catégorie des travaux collectifs d’intérêt communautaire, régional au national.


2.4. Autres techniques et aménagements

Plusieurs techniques et aménagements furent réalisés au moyen toujours de l’Akazi. Nous pouvons citer la lutte anti-érosive, l’irrigation, la lutte contre les feux de brousse, la lutte contre les ennemis des plantes, l’entreposage et la conservation des produits agricoles, le reboisement,...

En effet, si avec l’extension les superficies réservées à l’agriculture on a assisté notamment à la réduction et à l’espacement des jachères et au labour d’une partie des pâturages, le problème d’érosion s’est posé avec acuité. Causée par le ruissellement de l’eau des pluies, elle provoquait les glissements de terrain par endroits et ailleurs l’appauvrissement progressif et continu de la terre qui perdait progressivement ses éléments solubles. Pour éviter que plusieurs versants des collines et d’autres régions touchées ne deviennent des déserts rocailleux ou improductives, des mesures furent prises. On fit travailler les Rwandais dans le programme de lutte anti-érosive. A cet égard des plantes de couverture furent vulgarisées à travers le pays. En 1946 les haies vives anti-érosives furent appliquées à des régions touchées ou non touchées par des fins préventives. Diverses espèces (graminées et légumineuses) furent employées. Des fossés furent creusés, certains furent accompagnés de haies. Sur les collines non habitées, ces travaux étaient menés collectivement, tandis que dans les propriétés paysannes, c’est la famille restreinte qui s’en chargeait. (31)

L’irrigation aussi fut préconisée afin de repartir les eaux des pluies ou des sources disponibles vers les régions asséchées pour y permettre l’agriculture. D’après HABIMANA Bonaventure, 3.471 ha des canaux primaires et secondaires ont assuré l’irrigation de 6700 ha en 1960. (32) Etant donné le rôle néfaste des feux de brousse, ces derniers furent énergiquement combattus par l’administration belge. Leur utilisation fut réglée par l’ordonnance n° 52 /175 du 23 mais 1953, du Gouvernement Général du Congo, qui fut rendue applicable au Ruanda-Urundi par l’ordonnance n°51/75 du 22 juin 1953. D’après cette disposition, étaient entre autres interdits les feux de brousse ou incendies de broussailles, taillis, bois, végétaux sur pied ou couverture morte n’ayant pas pour but immédiat l’aménagement ou l’entretien des cultures. Toutefois, l’interdiction ne concernait pas les feux préventifs ou hâtifs pratiqués au début de la saison sèche pour éviter ou atténuer les dégâts d’un incendie éventuel ou des feux sauvages. Les agronomes, les sous-chefs et leurs auxiliaires devaient veiller à l’application de ces mesures.


En outre, l’administration belge s’employa à lutter contre les prédateurs et les maladies des plantes dont l’œuvre destructrice pouvait conduire jusqu’à la provocation des disettes et des famines. A cet égard diverses méthodes (moyens mécaniques et chimiques) furent envisagées pour empêcher que le gros gibier (hippopotames, antilopes, buffles,…) les oiseaux (corbeaux pigeons,…) les rongeurs et les insectes n’attaquent les plantes. Les maladies telles que la rouille, le charbon,… furent soignées dans la mesure du possible. Pour l’entreposage et la conservation des produits agricoles, on recourut à la construction des greniers collectifs. Ce programme fut amorcé en 1946, en dépit du fait qu’un règlement ad hoc existait depuis 1927. les greniers collectifs pour semences et les hangars ou silos devaient abriter les produits agricoles conservés dans l’optique de prévenir les famines. Les greniers pour semence ont été érigés dans les chefferies, ou dans les sous-chefferies (ex. Marangara). On y conservait les semences et on les protégeait contre les attaques des insectes et des rongeurs.
Quant aux vivres stockés dans les hangars et les silos ils étaient régulièrement remplacés par de nouvelles récoltes. Le haricot et le sorgho y furent principalement stockés. A chaque période de récolte, le stockage obligatoire de chaque homme adulte et valide devait atteindre 100Kg haricot, pois (cas de Marangara). Puis, ayant constaté que peu de paysans pouvaient fournir cette quantité, on a réduit le poids obligatoire jusqu’à 50Kg. A la fin on arriva à 20Kg, mais des difficultés furent toujours signalées. Pour sécuriser les greniers il fut décidé que les que les hommes adultes et valides de la contrée devait se relayer pour y assurer la garde de nuit. Notons que ces aménagements furent réalisés grâce aux «corvées» et plus tard au fond du bien-être indigène. Enfin, depuis 1931 fut mise mis au point la campagne de reboisement pour répondre aux besoins journaliers de la population et pour créer une réserve de bois d’œuvre. La population dut procéder à des boisements communaux à raisons d’un hectare pour trois cents paysans. Le choix des essences revenait exclusivement aux autorités belges et l’exécution des travaux de reboisement était réservée aux hommes adultes et valides. Au boisement réalisé dans les parcelles domestiques s’ajouta des programmes de reboisement collectifs qui étendirent la superficie boisée. Elle atteignit 13 143 hectares au 31décembre 1946. Ainsi, l’accentuation des sollicitations obligatoires de la population par ces divers travaux (portage, constructions, cultures obligatoires, aménagements divers, l’impôt,…) explique pourquoi plusieurs Rwandais trouvèrent dans l’émigration une solution de rechange.


  1. LE POIDS D’AKAZI ET L’EMIGRATION

Les travaux obligatoires ont pesé tellement lourd sur la population. Ceux qui en avaient la possibilité ont choisi l’émigration principalement vers l’Afrique de l’Est dans les colonies britanniques. Par la suite, l’administration belge a toléré ce mouvement et l’a même favorisé, après avoir prévu une réglementation ad hoc. En effet, des spécialistes affirment que l’émigration est causée par des facteurs de répulsion de son milieu d’origine et d’attraction par le lieu de destination : «… on quitte son pays parce qu’on éprouve des difficultés en place, pacque, compte tenu de l’information dont on dispose, on escompte une vie meilleure là où on va». Cela se vérifie dans le contexte rwandais où les Rwandais se rendirent principalement en Ouganda pour fuir les impositions diverses :


« La route de l’Ouganda fut traditionnellement pour les Rwandais un moyen d’échapper à la famine, à l’impôt et à l’oppression. L’émigration des Rwandais se développa particulièrement au début des années vingt, au moment où les Belges rendirent certaines cultures obligatoires et les renforcèrent le contrôle du payement de l’impôt. Les Rwandais arrivaient au Buganda en famille ou en groupes, pour s’y établir ou pour y cherches un travail saisonnier notamment dans les plantations »
Ils y allaient pour la recherche du travail libre, pour accéder à de l’argent dans des conditions humaines car dans ces pays on ne connaissait pas l’usage du fouet et des travaux obligatoires. L’administration belge l’a reconnu en ces termes : « L’émigration est provoqué (sic) par le désir de se procurer des ressources pécuniaires, mais elle est accélérée par l’esprit d’aventure de quelques uns (sic) et le caractère moutonnier de beaucoup d’autres qui les suivent. D’autre part… bon nombre d’indigènes cèdent également à la tentation de se soustraire, pendant quelques temps aux obligations que, dans un but d’intérêt et de salut public, l’administration européenne leur a imposées».
Ces émigrations saisonnières, parfois définitives de la population rwandaise ne furent pas arrêtées, mais plutôt furent réglementées par l’autorité belge « comme moyen de lutte contre la surpopulation du pays…». En effet, d’après Ruzibiza, l’administration belge a toujours considéré la population rwandaise comme dense, à telle enseigne qu’il fallait même exporter cette-œuvre, surabondante pour le Ruanda-Urundi : « Décidée officiellement en 1926 mais commencée réellement en 1924, l’exportation de la main d’œuvre (sic) du Ruanda-Urundi vers le Congo Belge et les colonies britanniques de l’Est Africain (Uganda, Tanganyika Territory, Kenya) devait dans la suite être l’une des données montrant le caractère sous-périphérique de l’économie des territoires coloniaux limitrophes. Cette exportation allait de pair avec une utilisation interne d’une quantité très faible de la main d’œuvre (sic)».
Le même auteur précise que près de 8.600 ressortissants Rwandais étaient déjà constitués en émigrés au Congo Belge, en Ouganda et au Tanganyika Territory, mais dans les proportions de 80% dans les deux premières colonies. Il indique également que près de 3.115 hommes originaires du Ruanda-Urundi travaillaient sur les chantiers miniers du Katanga. Déjà depuis 1929 l’administration belge avait projeté de transplanter « les excédents » de main-d’œuvre du Ruanda-Urundi au Katanga. En 1947, ce programme de transplantation fut appliqué au Kivu. Notre auteur pense qu’une telle transplantation visait moins la réduction du niveau de la pression démographique que la création d’une situation de concurrence entre de futurs candidats au salariat agricole appartenant à des zones culturelles de travail particulièrement difficiles au Congo Belge, le taux de désertion y était plus élevé qu’au Rwanda et que 20% des Rwandais refusaient le renouvellement de louage de leurs forces de travail à la fin de chaque année.
Dans l’ensemble, le mouvement migratoire orienté vers l’Afrique Orientale s’est révélé plus important que celui du Congo. En 1937, au regard de l’ampleur excessive que prenaient les déplacements de populations, l’administration belge avait pris tout de même les mesures suivantes :
« - L’émigration n’est permise qu’aux indigènes munis de passeport de sortie

  • Le passeport est délivré pour une durée d’une année.

  • La sorti n’est autorisée que par les voies où s’exerce le contrôle de la douane ;

  • L’émigration est suspendue pendant les mois d’octobre et de décembre, période de la saison des pluies réservée aux cultures…»

Cette situation perdure jusqu’à en 1960. Vers la fin des années 1950, l’administration belge fut contrainte, sous la pression du Conseil Supérieur du Pays et par l’ampleur des événements d’abolir les cultures obligatoires et d’autres corvées.



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