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ABOLITION DU TRAVAIL OBLIGATOIRE AKAZI

Dès l’abord, notons que le travail obligatoire Uburetwa avait été racheté depuis 1949. La démarche du rachat avait été menée notamment par le roi Mutara III Rudahigwa, depuis son avènement. Le portage, commencé durant la période allemande et accentué par l’administration belge, a diminué au fur et à mesure que les routes étaient tracées et que les autres moyens de déplacement étaient parvenus au pays. D’autres travaux obligations furent supprimés progressivement. La mesure d’abolition du travail obligatoire Akazi a surtout concerné les cultures obligatoires et d’autres corvées y relatives qui continuaient à peser inlassablement sur les Rwandais. L’abrogation des cultures obligatoires a été le résultat des revendications multiformes faites par les organismes internationaux des Nations Unies et par l’opinion politique rwandaise naissante vers les années 1950.


Déjà dès les années 1920, le Bureau International du Travail et d’autres instances de la société des Nations (SDN) avaient signifié leur désaccord contre la politique belge des cultures vivrières obligatoires. En effet, depuis sa création, la SDN s’étaient donnée pour entre autre mission s’assurer le bien-être et le développement des peuples non métropolitains. A cet égard, l’article 23 du pacte des Nations stipulait que : « La société des Nations doit s’efforcer d’assurer des conditions de travail équitables et humaines pour l’homme, la femme et l’enfant. Les mandants relatifs aux territoires détachés de l’empire allemand, imposent aux puissances mandataires d’interdire tout travail forcé ou obligatoire, sauf pour les travaux publics essentiels et les services publics, et sous condition d’une équitable rémunération».
L’Organisation des Nations Unies (ONU) poursuivit le combat contre cette politique. On le perçoit à travers la convention sur l’abolition du travail forcé n0 105 du 5 juin 1957 qui indiquait entre autre à son article 1 ce qui suit : « tout membre de l’Organisation internationale du travail qui ratifie la présente convention s’engage à supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n’y recourir sans aucune autre forme : []. En tant que méthode de mobilisation ou d’utilisation de la main-d’œuvre à des fins de développement économique […]». Mais le programme belge d’impositions diverses ne changera pas pour autant. La famine continuait à constituer l’argument solide de l’administration belge. Mais vers la fin des années 1950, les famines ayant été considérablement résorbées, il fut difficile de prouver la nécessité du maintien de la contrainte dans les activités culturales. Ainsi, la Belgique s’engagea finalement à appliquer les clauses de ladite convention de 1997.
En conséquence, l’administration belge décida en décembre 1958 l’abrogation des cultures vivrières obligatoires non sans la pression des autorités locales et les revendications des leaders hutu. S’agissant des autorités locales, quelques-unes d’entre elles réunies au sein du Conseil Supérieur du Pays, ont, sous la houlette du roi Mutara III Rudahigwa, réclamé l’abrogation des cultures vivrières obligatoires. Elles récusaient surtout le caractère astreignant de ce programme. L’administration belge mit leur attitude réfractaire sur le compte d’une crise de confiance qui régnait entre les Européens et les Tutsi depuis pratiquement 1958. Voici ce qu’en dit Habimana Bonaventure : « Les Batutsi, voyant leur pouvoir affaibli, ont essayé par des faux bruits de dresser les Bahutu contre le gouvernement de tutelle. Ils disaient notamment que l’obligation de cultiver, maintenue par les autorités, est une façon de perpétuer leur domination sur le Rwanda, alors que quelques pays d’Afrique noire ont acquis leur indépendance ».
L’argument précédent a le mérite de minimiser l’ampleur des cultures obligatoires et d’en faire seulement un prétexte pour les autorités tutsi de gagner la popularité au sein des Hutu, au détriment du pouvoir colonial. L’administration belge venait de substituer à l’ancienne alliance avec les autorités tutsi le soutien de leaders hutu. Ainsi, pour empêcher le roi et le conseil supérieur d’encaisser à son actif la libération des paysans vis-à-vis d’Akazi, un tract fut rapidement diffusé à travers le pays, stipulant que l’administration belge abolissait les cultures obligatoires et autres travaux y relatifs : «Battant le Mwami de vitesse, le Résident Général devait ordonner la diffusion d’un tract annonçant au peuple l’abolition des cultures obligatoires, juste au moment où le conseil supérieur du pays mettait au point le texte d’une motion qui en prendrait l’initiative et, de ce fait, en donnerait tout le mérite aux chefs féodaux alors en perte de vitesse dans l’opinion hutu, qui les rendait les responsables de l’imposition de ces obligations. De là, l’indignation des milieux féodaux de se voir ainsi ravir la popularité d’une si haute portée».
Dans ce tract, il était incessamment rappelé aux Rwandais que le travail obligatoire Akazi était bel et bien aboli, mais que le besoin de nourriture persiste toujours : «Akazi karaciwe, ariko amacumu y’inda ntashira igorora». L’autorité belge fut donc forcée par les autorités coutumières dans sa décision d’abolir Akazi. Pour clore ce paragraphe, mentionnons quelques passages du «Manifeste des Bahutu de 1957 qui avaient trait à la réclamation de l’abolition du travail obligatoire. Les signataires dudit document suggéraient la suppression des corvées et les marges de son remplacement éventuel : « Nous proposons :
1. La suppression des corvées. Les forçats seraient remplacés par un service des travaux publics, au parastatal, engageant les ouvriers vraiment volontaires, qui seraient défendus par la législation sociale dont le progrès actuel est considérable. […] La suppression des corvées donnerait aux populations un minimum de liberté pour entreprendre des initiatives utiles. Les paresseux, il en est de même dans les castes d’élites, seraient surveillés par un système plus humain». En définitive, nous constatons que la description du contexte, du déroulement et de l’ampleur du travail obligatoire au Rwanda a été menée de façon claire et nette, tel que cela ressort des documents consultés. Cependant, étant donné que ces études n’ont pas échappé au contexte politique dont les auteurs sont contemporains (la période entre 1957 et 1962, la Première et la Deuxième Républiques), les conséquences négatives de cette réalité ont été malheureusement captées et interprétées d’après une vision ethniste pour diviser les Rwandais.



  1. CAPTATION ET INTERPRETATION DES MEFAITS

DU TRAVAIL OBLIGATION EN SUIVANT LE MODELE ETHNISTE

Dans l’analyse des méfaits du travail obligatoire au Rwanda (Uburetwa, Akazi), deux schémas apparaissent : la première démarche a consisté à accorder une même ampleur à Uburetwa et à Akazi ; ensuite, il est dit que ces deux institutions ont profité aux Tutsi au détriment des Hutu, le rôle et les intérêts des métropoles ayant été intentionnellement tus. Juste au lendemain de la pénétration européenne au Rwanda, sous la période allemande, les premiers missionnaires ont recouru aux corvées. Notamment pour leur installation (aménagement des infrastructures,…). Ils se justifiaient en alléguant que même les autorités coutumières bénéficiaient d’Uburetwa. Mais l’ampleur de cette institution ne peut être comparée aux nouvelles redevances en travail, précisément dans le portage et la construction des églises, des postes missionnaires et administratifs, … : « Nous pensons que pour minimiser le poids de la corvée qu’ils imposaient, les missionnaires ont affirmé que le système était généralisé. Il est certain que le travail requis par les autorités traditionnelles n’atteignait pas une telle dimension. On le devine à la réticence de certains à appliquer une mesure qu’ils savaient impopulaire». C’est pourquoi nous nous permettons de faire nôtre l’affirmation suivante : Dans leur nature et dans leurs proportions, les sociodrames de l’époque coloniale différent de ceux du Rwanda ancien.


En outre, les Allemands avaient opté pour un régime d’administration indirecte (Indirect rule). Cela signifiait que les mesures édictées par l’administration allemande devaient être appliquées par la population mais sous la surveillance notamment des autorités traditionnelles. Parmi les mesures impopulaires, figuraient les travaux obligatoires et l’usage de la chicote. Il va de soi que la responsabilité des méfaits des travaux forcés tombait d’abord dur les autorités traditionnelles et ensuite seulement dur les Européens. Certaines autorités coutumières allaient jusqu’à contrecarrer l’application de ces mesures impopulaires. Ce fut leur forme de résistance passive à la colonisation. Sous la période belge (Mandat puis Tutelle), l’indirect rule fut maintenu. Dans un premier temps, le pouvoir colonial s’allia aux autorités traditionnelles. Avec la réforme administrative de 1926- 1931, les Belges décidèrent que seuls les Tutsi devaient faire partie de l’administration locale. Les autres groupes (Hutu et Twa) furent depuis exclus. Parmi les Tutsi, les fils des chefs, des sous-chefs et des notables furent privilégiés dans l’éducation. Les petits Tutsi et les autres Rwandais n’eurent pas droit de cité dans ce nouveau système. Ainsi, les seuls collaborateurs de l’administration coloniale furent quelques Tutsi n’excédant pas un millier. Mais la plupart des écrits consultés reconnaissent seulement aux Hutu le statut de victimes d’Akazi. Dans leur analyse, les Tutsi sont exclus et les Twa sont tout simplement ignorés. Dans le passage qui suit, Kimanauka montre comment aux prestations en faveur des colonisateurs et des missionnaires et que toutes étaient supportées par le Hutu :
« L’arrivée des colonisateurs, qu’ils soient Allemands ou Belges pas plus que celle des missionnaires n’a en rien amélioré le sort des abahutu. Tout au contraire ; sic ces nouveaux-venus l’ont compliqué, puisque non seulement toutes les prestations déjà en place ont été maintenues mais encore et surtout, Akazi a vu le jour». Ayant tenté une explication sur l’origine de l’Uburetwa, Kimanuka a du même coup affirmé que Akazi également était supporté par les Hutu : « chef, sous-chef… sont tous au banc des accusés pour être à l’origine de l’alourdissement des charges qui pèsent sur abahutu. Mais aussi umututsi, quel qu’il soit, n’est pas épargné puisque le fait même que Akazi soit le monopole exclusif des Abahutu implique que abatutsi partagent les privilèges de leurs congénères sous-chefs abamotsi…».
L’affirmation de Kimanuka est erronée à bien des égards. D’abord, si les chefs, sous-chefs,…» ont été des agents de l’administration coloniale, ils ne représentaient que les intérêts de cette dernière. Ils ne sont pas les concepteurs du portage, des cultures obligatoires,… Encore que la loi les soumettait à la surveillance des travaux. Certes, certains d’entre eux ont abusé du rôle qui leur était dévolu pour profiter des biens ou des services des abanyakazi, pour exagérer les bastonnades,… Les colonisateurs, initiateurs de ces mesures, doivent donc être considérés comme responsables de ces impositions. Ensuite, que les Hutu aient été les seules victimes du travail obligatoire, cela n’est pas conforme à la vérité historiques. Pour prouver le doute qui plane là-dessus, référons-nous aux interrogations de Mgr Bigirimwami : «Une autre question soulevée par le manifeste en question : le «kazi» […] Peut-on en toute objectivité en attribuer la responsabilité à une quelconque collectivité de Batutsi ? Ceux-ci en sont-ils exempts ? N’en souffrent-ils pas peut-être plus que les Bahutu ? Qu’il suffise pour s’en rendre compte de considérer les causes des nombreuses émigrations en Uganda, au Tanganyika et au Congo. Quels sont ceux qui en sont davantage sujets ?».
Si les Hutu sont présentés comme les victimes du système les Tutsi deviennent leurs oppresseurs et l’administration belge, leur sauveur. Parlant du régime précolonial, Habimana et Harroy notent : «… afin de permettre aux cultivateurs de se soustraire progressivement à l’oppression des Tutsi, l’administration belge exerça une pression lente sur ces derniers pour amener le régime féodal à une organisation plus moderne …» Le régime politique du Rwanda précolonial est diabolisé, par contre le régime colonial est décrit comme celui qui se charge de l’amélioration des conditions de vie des populations : « Lorsque leur mise en œuvre eût réellement apporté une amélioration au sort de la paysannerie, mais au détriment d’un intérêt tutsi, les décisions belges étaient purement et simplement ignorées et non exécutées».
Ailleurs, au sujet des redevances en nature dues aux autorités coutumières, il est écrit ce qui suit : «Le Mututsi au Rwanda se contentait de prélever une dîme sur les produits des cultures de ces sujets et n’établissait pas de plantations». La diabolisation est allée jusqu’à affirmer que même durant le régime colonial, les Tutsi avaient toujours gardé le pouvoir : Ils (les Batutsi) pratiquaient essentiellement l’élevage et méprisaient l’agriculture. Ils dominèrent le Rwanda jusqu’en 1960, les cultivateurs devaient remettre aux chefs tutsi et au Mwami des tributs de leur travail.». Dans le passage suivant qui décrit le statut des trois partenaires, à savoir les autorités traditionnelles Tutsi, les Hutu et l’administration belge avec l’Eglise Catholique, on soutient encore que jusqu’en 1950 le pays est sous la domination féodale : «En 1950 encore, du côté Tutsi , c’était l’exercice poursuivi de la domination féodale, avec parfois des retouches à façade démocratique consentie à la Tutelle mais vite récupérées en sous-main. Du côté Hutu, c’était toujours la résignation, voire l’acceptation, car être dominé c’était aussi souvent être protégé. Enfin, du côté de l’administration, il faut l’ajouter, du côté également de l’Eglise catholique c’était toujours aussi, traduction de l’indirect rule, l’alliance jugée nécessaire avec les Tutsi…».
Plus haut nous avons indiqué une référence qui précisait sans ambages la mission belge au Rwanda. Il n’était pas question de laisser aux autochtones une quelconque parcelle de pouvoir. Ils devaient exécuter sans autre forme de procès les mesures coloniales. On connaît l’impopularité du portage, des cultures obligatoires, du travail obligatoire dans le tracé des routes,… Mais cela n’a pas empêché leur réalisation. L’usage de la force était on ne peut plus indiscutable. C’est pourquoi, juste après sa fondation, l’organisation des Nations Unies (ONU) avait insisté pour que les populations locales fussent dorénavant impliquées dans la gestion politique de leur pays, puisque cela n’avait jusque-là pas en lieu. Ainsi donc, dire que les Tutsi dominaient le Rwanda jusqu’en 1950 ou 1960 était une distorsion pure et simple de la vérité historique. Une autre déformation concerne l’emploi des concepts impropres au contexte rwandais pour décrire la réalité rwandaise. Plus haut on a rencontré les termes régime féodal, domination féodale pour désigner le régime politique du Rwanda précolonial. Une autre citation parle même du Moyen âge dans le cas du Rwanda : «En 1957, après le manifeste des Bahutu, les Belges ont destitué certains chefs tutsi et les ont remplacé (sic) par les chefs hutu ; cette réforme politique a mécontenté la classe qui dirigeait le pays depuis le Moyen-Age». Cette démarche résulte, d’après Ntezimana, du fait que les jeunes évolués de l’époque, dont la plupart ont joué un rôle notable dans ce qu’ils ont appelé la révolution sociale, avaient appris lors de leur formation scolaire à décrire les réalités rwandaises telles que Ubuhake, ibikingi, amakoro, imisogongero, uburetwa, abanyakazi, shebuja en les apparentant aux concepts relatifs à l’histoire de France, comme par exemple : féodalité, fiefs, bénéfices, immunités, corvées, corvéables, suzerain , vassal, etc. Cette vision a indubitablement influencé la plupart des auteurs que nous avons consultés.
De ce qui précède, il apparaît que le schéma ethnique et donc divisionniste a guidé la description des travaux obligatoires et que le pouvoir colonial a été blanchi au grand désespoir des autorités coutumières. Et pourtant une autre lecture était possible, puisque l’examen de l’influence de l’administration belge et de l’Eglise catholique nous offre un exemple concret. En effet, le R.P. Reners avait consulté Mgr Bigirimwami pour s’enquérir de la façon de pouvoir gagner beaucoup de jeunes Rwandais le groupe des Xavériens. Il lui répondit : «Délivrez-les du kazi et j’en ferai ce que je voudrai». En outre, dans une lettre datée du 6 mai 1944, Monsieur le Gouverneur du Ruanda-Urundi précisait à Monsieur le Résidant du Ruanda l’attitude à prendre vis-à-vis des Bakuru b’inama dans l’exécution des travaux obligatoires (en réalité, cette lettre a été signée par le vice-gouverneur général, E. Jungers). Kimanuka indique pour sa part que les Abamotsi notamment bénéficiaient de certaines facilités et qu’ils ne travaillaient pas aussi durement que les autres hommes adultes et valides, alors qu’ils étaient recrutés tant dans le groupe hutu que tutsi. Ainsi, le critère pour bénéficier de l’allégement des travaux obligatoires n’était pas l’appartenance ethnique, mais plutôt l’admission des Rwandais par Eglise catholique et l’administration à certaines catégories professionnelles.
Nous savons donc que les méfaits des travaux obligatoires, faisant partie des injustices que la colonisation a fait subir au peuple rwandais, ne peuvent être placés sur le dos d’un groupe de Rwandais (Hutu ou Tutsi ou Twa). Si tel a été le cas dans certains écrits consultés, c’était pour servir la cause coloniale au détriment de la vérité historique.


  1. CONCLUSION

Les travaux obligatoires figurent parmi les manifestations les plus profondes de l’exploitation coloniale. Dans le système colonial au Rwanda en effet la notion de travail libre n’a jamais existé au vrai sens du mot. Les clichés attribués aux Noirs par les Européens voulant dire qu’ils étaient d’une paresse congénitale et que leurs coutumes constituaient un frein à tout progrès, le recours à la force dans la contrainte au travail trouva toute sa justification. Mais la vérité c’est que la population rwandaise en occurrence était plutôt considérée comme une force motrice et qu’il n’était plus question de rémunérer le travail accompli.


Une autre justification de ces travaux tient lieu du fait qu’ils avaient été imposés soi-disant dans l’intérêt individuel des ménages et collectif. L’intérêt colonial, plus important, a tout simplement été passé sous silence. Que plusieurs travaux contribuèrent entre autres à résoudre bien des problèmes socio-éconmiques locaux, cela est indéniable. Mais le caractère forcé de leur exécution les ont rendus impopulaires. Les témoins des sévisses des travaux obligatoires en gardent encore un souvenir atroce. D’abord les «Abanyiginya» travaillaient gratuitement, puis vint le salariat, mais qu’n’était pas évalué proportionnellement au service rendu. En outre, l’usage du fouet et le poids des impôts ne facilitèrent guère les choses. Si plusieurs Rwandais se résignèrent à toutes ces formes d’exploitation, certains d’entre eux purent émigrer vers l’Ouganda, le Tanganyika Territory ou le Congo. Vers les années 1950, avec la pression de l’ONU et les revendications des autorités traditionnelles, au regard d’une situation intenable, l’administration belge fut contrainte d’abroger les cultures obligatoires. D’autres Kazi l’avaient été progressivement.
Mais cela ne se réalise pas sans heurts, puisque, avec le renversement des alliances, le pouvoir belge, qi avait déjà commencé à ethniser le débat politique, forgea une vision qui voulait que les Tutsi ont toujours été les dominateurs et les exploiteurs des autres Rwandais jusqu’en 1960. Par ce schéma, la colonisation belge devenait inoffensive, même sur le plan de l’imposition des redevances en travail. C’est ce qui ressort de bien des documents par nous consultés. Ainsi, considèrent que dans l’historiographie rwandaise la question de la description des travaux obligatoires a été suffisamment traitée, nous déplorons toutefois l’orientation ethnique et divisionniste que certains écrits ont adoptée. La présente étude, qui concerne une vue synthétique de la question, a contribué par ricochet à démentir cette vision ethniste.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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ACTUALITE ET PERSPECTIVES

DU TRAVAIL PRODUCTIF RWANDAIS

Par Jean Rugagi NIZURUGERO

Professeur à l’UNR

L’approche de cet article se veut sociologique. Son objectif est de survoler, la situation actuelle et les perspectives d’avenir du travail productif rwandais et de ses perspectives d’avenir, parmi lesquelles l’éducation du peuple travailleur à la ponctualité, à l’assiduité et à la rationalité au travail.




  1. GENERALITES

Avant d’aborder l’analyse sociologique de la situation actuelle du travail productif au Rwanda, je voudrais d’abord dire quelque chose sur les généralités du problème du travail. C’est d’abord l’homme qui travaille. Il investit d’entrée de jeu sa force de travail, son énergie et il peut se faire aider par un certain d’énergies ou forces d’appoint : l’énergie animale, l’énergie hydraulique, l’énergie éolienne, l’énergie solaire, l’énergie mécanique, l’électrique-électronique, etc.


Ici au Rwanda l’énergie la plus répandue, c’est l’énergie humaine, la force de l’homme, puisque 91,1% des Rwandais sont des ruraux cultivateurs, «paysannérisés» sans qu’ils le sachent vraiment. Car en sociologie, être paysan, c’est être inséré dans une société englobant qui n’a plus rien de paysan. Car elle est généralement articulée dans le vaste monde actuel, commandé par le système industriel modernisateur. Les paysans n’ont plus la tradition comme maitresse de vie, leur destin leur a échappé. Il est aux mains des gouvernements nationaux, des multinationales, des grands entrepreneurs, de la communauté internationale, des organismes internationaux, des ONG de tout genre, des intellectuels de tout acabit eux aussi orientés par ce système industriel, libéral ou collectiviste modernisateur.
Ces paysans, quelle est la qualité de leur force de travail ? Quelqu’un a ironisé sur eux en disant qu’ils sont des musées bactériologiques. Cela veut dire que la capacité productive de cette force de travail est gravement réduite par leur état de santé : microbes, bactéries, bacilles, virus grouillent en eux. Ici aussi leur destin leur échappe. Quelles connaissances ont-ils des lois de la santé, de la médecine ? Quelles capacités ont-ils de refaire cette santé, quand même ils auraient quelques connaissances sur ses lois ? Ils dépendent entièrement des initiatives des grands acteurs que je viens de citer, de l’existence en nombre suffisant d’un personnel de santé compétent et d’institutions sanitaires !
D’autres ont encore dit que leur capacité productive se trouve au fond de la marmite. Est-ce que dans cette marmite, il y a une nourriture suffisante pour la famille ? Ne souffrent-ils pas de malnutrition, même si la quantité y’était ? Y a-t-il dedans équilibre d’hydrates de carbone, de lipides, de protéines et d’ologo-éléments ? La réponse est aisée à donner dans notre Rwanda actuel où en moyenne une famille a autour de 50ares de terre cultivable, avec des façons culturales traditionnelles et un outillage tout aussi traditionnel, absolument rudimentaire. Et nous savons que si l’Etat rwandais ne réforme pas le mode successoral, ce foncier-là devenu ridiculement morcelé ira en s’amenuisant et en se détériorant ! La force de travail n’est pas le travail. Parce que le travail, c’est le résultat de la force de travail par une action sanitaire, nutritionnelle et éducationnelle rationalisée pour rendre cette force de travail efficace et rentable. Le travail humain, c’est l’activité déployée par l’homme et sa force de travail, dans le procès de production des biens matériels et des services. Donc le travail, c’est le rendement de la force de travail et de son rendement et donc du travail des 91,1% de paysans rwandais, des 1,7% de travailleurs de l’industrie et de 7,2% de travailleurs administratifs rwandais ?
Comment caractériser l’attitude générale du travailleur rwandais ? Naguère, sous la tradition, le travail manuel était méprisé. Le travail pastoral et le travail de gestion (gutegeka) étaient plus valorisés que le travail agricole. Certains trouvaient que le prestige consistait à faire travailler les autres et non à travailler soi-même. Et il n’est pas dit que dans nos mentalités cette attitude ait déjà été remplacée ! Souvent on va à l’école dans l’espoir d’échapper au travail manuel. Le travail que l’on recherche c’est celui encore commander et surtout que l’esprit d’initiative n’est pas particulièrement développé. Il est à éduquer ici. Qu’on observe dans les bureaux et dans les champs. On y constatera très d’heures de travail réel. Rester quatre heures aux champs, c’est déjà une gageure pour beaucoup. Et les hommes cultivateurs préfèrent décharger la durée du travail sur les femmes ! Quelle est alors la productivité d’un tel travail du cultivateur mâle, estimé en heures ? Pourquoi s’étonner qu’il y ait déficit alimentaire et dépendance de l’extérieur ? Il faut huit heures de travail réel et sur l’objet prescrit.
Dans les bureaux, tout est bon soit pour lire des romans photos, des romans policiers, faire un brin de causette traiter des affaires personnelles ou même carrément s’absenter. Point de zèle au travail donc et quand la surveillance n’est pas serrée, l’absentéisme et le manque de ponctualité s’accroissent. Il y a de l’irresponsabilité en les murs, du trafic d’influence, en général de la prévarication. C’est pourquoi il est aujourd’hui de bon ton de chercher à privatiser. Parce que dans l’Etat, souvent o s’intéresse uniquement à percevoir le salaire et non au succès du travail, au rendement, à l’efficacité. Il est certain qu’au Rwanda, comme ailleurs du reste en Afrique, on a besoin d’éduquer à la mystique du travail, à l’efficacité, à l’efficience (maximum de résultats pour un minimum de moyens) et à la rentabilité (le goût du profit). Le Rwandais aime bien s’en remettre à la tradition : je cultive, je fais l’élevage ou l’artisanat comme mes ancêtres l’ont toujours fait. Le travailleur industriel (d’ailleurs ici règne la portion congrue : seulement 1,7% du travail total) et le travailleur administratif, ceux-là imitent, du reste très mal, les façons occidentales. Il est évident que l’éducation ici doit systématiquement à la fois chercher le changement des mentalités (Cultiver l’adaptation et la créativité) et la maîtrise.
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