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1958 tableau des états-unis


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Chapitre 7.

TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES
GÉNÉRALES DU PEUPLE
AMÉRICAIN



I




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Depuis l'Indépendance, le progrès numérique de la population des États-Unis a été constant et dès maintenant le chiffre de 160 000 000 est dépassé.

Les chiffres décennaux d'accroissement ont été de plus en plus forts :

1800-1810 1 931 398

1850-1860 8 251 245

1890-1900 13 046 861

1900-1910 15 977 691

1920-1930 17 064 426

1930-1940 8 894 229

1940-1950 18 886 317

On notera seulement l'effet de la grande dépression sur la période tout exceptionnelle de 1930 à 1940, mais, en faisant le pourcentage des taux d'accroissement, on constatera qu'ils tendent à diminuer : s'ils restent supérieurs à 30 p. cent avant 1880 et à 20 p. cent jusqu'en 1910, ils descendent ensuite au-dessous de ce niveau :

1910-1920 14,9 p. cent

1920-1930 16,1 p. cent

1930-1940 7,2 p. cent

1940-1950 14,3 p. cent

[p. 56]


Le résultat n'en demeure pas moins massif : parmi les nations c'est le quatrième bloc humain par le nombre, incontestablement le premier par l'efficacité productrice et la puissance.

Dans ce développement le facteur de l'immigration est important, mais non décisif : sur un accroissement total de 145 077 129 habitants entre 1800 et 1950, elle en a fourni 38 325 484, soit 26 p. cent. Ce pourcentage a du reste varié selon les périodes : 22,6 p. cent entre 1820 et 1880, 42 p. cent entre 1880 et 1910, 28 p. cent de 1920 à 1930, 6 p. cent de 1930 à 1950. Il est maintenant réduit pratiquement à rien, de sorte que le développement démographique ne dépend plus que du rapport entre la natalité et la mortalité. Les résultats de la période 1940-1950, correspondant au Baby boom (boom de la natalité), prouvent que, sans l'immigration, le progrès, relatif comme absolu, peut demeurer important et même presque sensationnel.

Il y avait eu, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, une tendance persistante à la baisse de la natalité. Venue de plus de 30 p. 1 000, elle était encore de 25,1 en 1915, mais avait baissé jusqu'à 16,7 en 1936. Aux yeux des contemporains le mouvement paraissait irréversible et répondant à des conditions démographiques destinées à devenir permanentes. Les États-Unis étaient par excellence le pays des petites familles, strictement limitées par un birth control généralisé qui faisait de la reproduction un acte conscient ; l'état d'esprit était, non pas hypocritement mais ouvertement, malthusien : on ne voulait plus croire aux grands nombres à l'âge de la machine et les grandes familles, ridiculisées, faisaient presque scandale. Si le taux de natalité restait, par rapport à tels pays européens, aussi élevé, c'était en raison de la fécondité des immigrants non encore assimilés, des fermiers de l'Ouest, des pauvres blancs du Sud, tous milieux en retard sur une mode acquise partout ailleurs.

Aussi est-ce avec étonnement qu'on a constaté, à partir de 1940 et surtout de 1945, un renouveau absolument inattendu de la natalité, passant à 21,5 p. 1 000 en 1943, 25,8 en 1947, se maintenant à 23,5 en 1950. Le nombre des naissances, d'environ 2 000 000 à 2 500 000 entre 1935 et 1942, dépassait 3 000 000 à partir de 1946, 3 500 000 à partir de 1947. Quelles étaient les causes de ce renversement de tendance qu'aucun expert n'avait prévu ? La guerre, sans doute, dont les effets dans ce sens sont partout les mêmes : on hâte les mariages en prévision des appels et, au retour des démobilisés, une foule de naissances différées [p. 57] s'accumulent, cependant que la loi américaine accorde un délai d'appel militaire aux maris dont la femme attend un enfant. En 1950, la guerre de Corée renouvelle ces conditions, génératrices d'une fécondité exceptionnelle. Ces causes circonstantielles ne suffisent pas à expliquer le mouvement et il faut faire entrer en jeu un changement durable dans les mœurs : la mode était depuis plusieurs générations à la petite famille, souvent limitée à un seul enfant, mais il semble maintenant qu'on en accepte volontiers trois ou quatre ; en 1940, 18,6 p. cent des femmes avaient un deuxième enfant, or en 1950 cette proportion s'est élevée au-dessus de 30 p. cent, la tendance étant la même pour la troisième et la quatrième naissance. Loin de presque ridiculiser comme naguère la famille élargie, on paraît la considérer avec faveur, comme exprimant la vitalité de la race. Dans la recherche des explications, on est tenté cependant de se rappeler en l'espèce le dicton scandinave, selon lequel « l'Arbre Ygdrasyl bourgeonne et se dessèche selon des lois trop profondes pour être scrutées ». Il se peut du reste que ce sursaut soit simplement temporaire et que la tendance de fond vers la baisse de la natalité reprenne insensiblement. Le Baby boom n'en marque pas moins un phénomène démographique important, dont les effets se feront sentir longtemps.

Les conséquences en seront d'autant plus sensibles que le taux de mortalité est en baisse constante depuis le début du siècle : 17,2 p. 1 000 en 1900, 13 p. 1 000 en 1920, 9,6 p. 1 000 en 1950, sans que la guerre ait en rien contredit la tendance. Cette orientation est due au fait que l'immigration, puis ensuite la reprise de la natalité, ont accru le pourcentage des jeunes, mais surtout aux progrès sensationnels de l'hygiène, notamment de l'hygiène sociale, dans un pays neuf, non encombré, où les mesures sanitaires sont respectées et efficaces. Le taux de survie, dans ces conditions, est élevé (13,9 p. 1 000 en 1950), entraînant un accroissement annuel de trois à quatre millions d'Américains.

À la veille de la seconde guerre mondiale, les experts croyaient unanimement à une baisse continue de la natalité devant entraîner statistiquement une hausse de la mortalité par accroissement de l'âge moyen ; ils prévoyaient en conséquence, dans un pays désormais sans immigration, un ralentissement du rythme de progrès de la population. Celle-ci, pensaient-ils généralement, atteindrait péniblement un niveau de [p. 58] 180 000 000, pour s'y maintenir ensuite comme à une sorte de palier. De ces évaluations et de leur signification se dégageait toute une philosophie sociale, celle du mépris des grands nombres dans une civilisation mécanique, s'accommodant et même se prévalant du malthusianisme. Dans les conférences démographiques internationales, un conflit, parfois violent, se déclarait invariablement entre les champions de la famille nombreuse et les tenants américains du Birth control, les uns et les autres également intransigeants. On conçoit dans ces conditions que le catholicisme, hostile par principe à toute limitation volontaire des naissances, dût figurer aux États-Unis comme un corps étranger.

Les prévisions se sont maintenant renversées : avec 4 000 000 de naissances annuelles et une mortalité restant au niveau le plus bas, il est normal d'atteindre un accroissement de 30 000 000 à 40 000 000 d'ici vingt-cinq ans, même en tenant compte d'un ralentissement vraisemblable de la natalité et d'un relèvement éventuel du taux de mortalité dû à un âge moyen grandissant ; les 200 000 000 seraient ainsi atteints vers 1975. Le ton des commentaires change en conséquence et, comme tous les peuples, les Américains sont séduits par le prestige d'une population nombreuse : on vante la fécondité américaine, preuve de vitalité, de puissance nationale.

II


En se développant avec les années, le peuple américain passe de la jeunesse à une certaine maturité démographique, mais il continue d'évoluer, avec une rapidité éventuellement déconcertante. De ce fait, il n'est plus aujourd'hui ce qu'il était hier, et demain il sera encore différent, ce qui comporte un changement psychologique correspondant. Il y a curieusement tendance au vieillissement, et en même temps persistance des traits de la plus extrême jeunesse.

Un progrès certain de la maturité s'exprime dans la diminution relative de la masculinité. Au début du siècle, l'intense immigration de la vague slavo-latine avait amené aux États-Unis, ce qui est normal, plus d'hommes que de femmes : en 1900, il y avait 110 hommes pour 100 femmes. Il en avait été de même dans la colonisation de l'Ouest au XIXe siècle, notamment en Californie, où, lors du boom de l'or, les premiers settlements ne [p. 59] contenaient pour ainsi dire aucun élément féminin. Les conséquences sociales de pareil phénomène sont de grande portée, dès l'instant qu'en vertu de la loi de l'offre et de la demande, qui jouait en l'espèce, la femme a traditionnellement fait prime aux États-Unis, d'où la situation privilégiée qu'elle y occupe. Mais avec les années et surtout avec l'arrêt de l'immigration, la tendance a été vers l'équilibre des sexes, 101 hommes pour 100 femmes en 1940, et même vers la prédominance numérique de celles-ci, 98 hommes pour 100 femmes en 1950.

Il s'agit sans doute là d'une moyenne globale, car si l'Est et le Sud ont plus de femmes, l'Ouest au contraire a plus d'hommes, et d'autant plus qu'on s'avance vers le Pacifique : 115 hommes pour 100 femmes dans le Montana, 109 dans le Washington. Mais plusieurs États de l'Ouest sont en train d'évoluer dans le même sens que l'Est et le Sud : entre 1940 et 1950, l'Illinois par exemple passe de 101 à 95,5 hommes pour 100 femmes, la Californie de 103 à 97,6, la raison étant qu'en Californie c'est une migration, non une immigration de l'ancien type qui a récemment peuplé l'État, tandis que dans l'Illinois il n'y a eu ni immigration ni migration, mais simple accroissement naturel.

On peut se demander dans ces conditions si la suprématie féminine, trait distinctif et qui semblait permanent de la société américaine, n'a pas atteint, et même dépassé, son point culminant ? La femme est traditionnellement reine aux États-Unis, toujours sollicitée et n'ayant qu'à choisir entre de nombreux cavaliers se chargeant généreusement des dépenses de la sortie commune. Il se pourrait que demain il n'en soit plus tout à fait ainsi et que, comme en Angleterre, les avances n'incombent plus toujours au côté masculin. Une enquête récente a montré qu'une femme distinguée dans l'Est a moins de chance de trouver mari qu'une femme médiocre au Texas : s'il est vrai que les hommes redoutent les femmes distinguées, le fait n'en prouve pas moins que la relation numérique entre les sexes joue en l'espèce comme un facteur important. On se trouve ainsi en présence d'un mouvement à longue échéance et de grande portée sociale, qui marque aux États-Unis la fin d'une première jeunesse démographique.

C'est le cas particulier d'un courant général tendant à l'accroissement de l'âge moyen : celui-ci, qui était en 1826 de 17 ans, s'est élevé à 30 en 1950. Il y a en conséquence plus de [p. 60] vieux : les plus de 65 ans se sont accrus de 36 p. cent entre 1940 et 1950, les 45 à 64 ans de 16,7 p. cent. Si 25 p. cent des plus de 65 ans sont en mesure de gagner des salaires d'appoint, les trois quarts d'entre eux doivent vivre d'épargnes, de pensions ou d'aide familiale, ce qui signifie que des préoccupations toutes nouvelles s'imposent maintenant à un nombre croissant d'Américains. Ce peuple n'avait eu jusqu'ici qu'une psychologie de jeune, ne pensant ni à la mort ni à la vieillesse, confiant dans sa capacité de travail et sa certitude (ébranlée depuis la dépression) de trouver quand il le voudrait des emplois. Un souci nouveau se fait jour maintenant, celui de la sécurité : l'âge vient pour beaucoup, cependant que le chômage apparaît comme une menace possible. Il y a toujours eu aux États-Unis un souci de prévoyance, s'exprimant sous la forme classique de l'assurance, mais la grande dépression a déclenché des épreuves qui n'étaient plus à la mesure des précautions individuelles, de sorte qu'on a passé avec le New Deal à l'étape de la politique sociale : la campagne du docteur Townsend en faveur des vieux a connu un immense succès, plusieurs États donnent des pensions et, dans les réclamations des syndicats ouvriers, on a vu plusieurs fois l'organisation de la sécurité primer un accroissement de salaires. Il y a là, dans la psychologie américaine, un aspect qui marque un éloignement croissant de la pure jeunesse.

C'est dans ce courant, qui semblait à sens unique, que surgit le courant contraire du Baby boom. Alors que la population s'est accrue globalement de 14,5 p. cent, le groupe des « moins de 10 ans » s'accroît, entre 1940 et 1950 de 39,3 p. cent. Ce rajeunissement par le bas, même s'il n'est que temporaire, modifie l'atmosphère. Il y a quinze ans, on ne parlait que d'hôpitaux, de maisons de retraite, de petites voitures, de pensions. Il s'agit maintenant d'équiper le pays pour cette recrue qu'on n'attendait pas : appel massif d'instituteurs, construction d'écoles, politique accentuée de logements, mais aussi fourniture de matériel scolaire, fabrication de jouets, bref tout ce qui concerne l'enfance... Aussi parle-t-on, – car on est en Amérique, – d'un nouveau boom auquel les affaires doivent se préparer. Les États-Unis retrouvent là leur vraie génie. On les reconnaissait mal quand il n'était question que de dépression, de restrictions, de sécurité, de retraites. Il faut, pour que ce pays soit lui-même, qu'il demeure invariablement tourné vers la hausse.

Quelle que soit cette reprise de jeunesse, c'est malgré [p. 61] tout vers un état de maturité qu'évolue le pays. Des complexes de défense apparaissent auprès des complexes d'expansion, ce qui ne peut manquer d'entraîner des conséquences profondes sur le caractère américain. L'influence européenne, qui du fait de l'immigration avait été prépondérante, tend à diminuer, laissant la première place à celle d'un climat géographique dont les effets lointains sur la race restent encore inconnus. Sous son action se forme peu à peu une race nouvelle, biologiquement différente par son cycle nerveux des peuples de l'Europe. À sa vitalité se joint une instabilité comportant des oscillations plus marquées, de l'attention à la distraction, des joies de l'action au surmenage pathologique générateur des break downs, des engouements à leurs contraires, cependant que la perfection même des mécanismes modernes pourrait à la longue susciter en elle une certaine paresse de l'esprit par respect excessif des recettes techniques et des experts. Il s'agit d'un nouveau type d'hommes, expressif d'une civilisation industrielle à laquelle le nouveau monde a permis de prendre tout son développement.

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