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1958 tableau des états-unis


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DEUXIÈME PARTIE


LE PEUPLE AMÉRICAIN,

SA FORMATION,
SA COMPOSITION,
SA PSYCHOLOGIE


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[p. 23]

Chapitre 3 :

LA FORMATION ETHNIQUE


DU PEUPLE AMÉRICAIN



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Au XIXe siècle et au début du XXe, 40 000 000 d'hommes quittent le vieux monde pour s'établir au delà des océans. 30 000 000 d'entre eux se dirigent vers l'Amérique du Nord, où ils constituent une section nouvelle de la race blanche. Cette marée démographique doit être considérée comme un des événements majeurs de l'Histoire, événement aussi important que les invasions barbares et dont les conséquences ne sont pas épuisées. De ce fait, des races européennes d'origines disparates, de niveaux de vie différents, sont jetées dans le même creuset, cependant qu'un contact exotique, nouveau pour elles, s'impose avec des populations noires, rouges ou jaunes. Les éléments humains en jeu sont anciens, vénérables même : le résultat est la naissance d'un peuple neuf, dans un milieu continental ne rappelant plus en rien celui de l'Europe.


I


Le peuplement des États-Unis par l'immigration européenne et africaine s'est fait en trois phases, on pourrait dire en trois marées, dont chacune a laissé, comme dans les formations géologiques, une couche distincte de population.

Le premier flux, du XVIIe au XIXe siècle, peuple les treize colonies originelles d'éléments presque uniquement anglais et protestants, mais on y distingue trois immigrations parallèles, [p. 24] vers la Nouvelle-Angleterre, le Centre et le Sud. En Nouvelle-Angleterre il s'agit surtout de dissidents puritains ayant quitté leur pays d'origine pour échapper à la domination de l'Église anglicane. Ils y forment une démocratie de gens simples, égaux, indépendants, se gouvernant eux-mêmes selon la tradition de leurs communautés religieuses organisées en congrégations autonomes : société sérieuse, instruite, moralisante, dont la forte personnalité, faite d'initiative et d'énergie, a marqué la vie américaine d'une couleur indélébile, encore sensible aujourd'hui. On ne saurait comprendre l'Amérique, même celle du XXe siècle, sans se référer à ce puritanisme, source véritable de l'œuvre magnifique accomplie par l'élite de ses pionniers. Un second groupe de colonies, autour de New York et de Philadelphie, contenait, à côté d'une base anglo-écossaise, des protestants d'Irlande, des paysans allemands luthériens, des Hollandais et des huguenots français : le milieu était, quoique moins instruit, plus commerçant, plus riche, expressif déjà d'une recherche plus américaine du confort et de la fortune. De part et d'autre il s'agissait de véritables colonies de peuplement, dans lesquelles toutes les fonctions, jusqu'aux plus pénibles, étaient assurées par des gens de même origine ethnique, égaux entre eux.

Il en était tout autrement dans les cinq colonies du Sud où, sous un climat déjà semi-tropical, de riches planteurs, généralement anglicans, faisaient cultiver le sucre, le tabac ou le coton par des convicts et, à partir du XVIIIe siècle, par des esclaves nègres importés d'Afrique. Le régime était celui d'une colonie de plantation, comportant une division de la société en étages hétérogènes, où le Blanc non propriétaire d'esclaves était ravalé par la force des choses à l'état humilié de pauvre blanc. La future guerre de Sécession était virtuellement inscrite dans cette constitution antidémocratique, dont le contraste avec le courant de fond de la société nord-américaine était frappant.

Il faut se rappeler qu'au lendemain de l'Indépendance le pays n'était colonisé que jusqu'aux Alleghanies et qu'il n'y avait encore, en 1790, que 3 929 000 habitants. Cependant quelques traits essentiels avaient été imprimés au peuple américain si profondément qu'il en est encore marqué : qu'il s'agît des Yankees, égalitaires et démocrates, ou des gentlemen du Sud, aristocrates et conservateurs, tous étaient de civilisation britannique, de religion protestante et, même devenus politiquement indépendants, ils restaient Anglais par la culture. Cette [p. 25] origine ne doit jamais être perdue de vue, quelles que soient les alluvions ultérieures qui aient pu la recouvrir.

C'est à partir de 1840 que l'Europe commence de déborder massivement sur l'Amérique. Depuis l'Indépendance jusqu'à cette date il n'y avait guère eu que 1 000 000 d'immigrants, mais dans la période qui va de 1840 à 1880 c'est un flux de près de 10 000 000 d'hommes, dont les neuf dixièmes européens, qui pénètre les États-Unis. Les famines irlandaises, les révolutions, l'appel d'un continent encore vierge à mettre en valeur, l'espoir de trouver en Amérique une atmosphère de liberté trop souvent absente de la vieille Europe sont autant de causes de cet important mouvement démographique. De cet effectif humain, l'Europe centrale et nord-occidentale fournit, entre 1870 et 1880, 92 p. cent, les éléments slaves et latins demeurant négligeables : 32 p. cent d'Allemands, 24 p. cent d'Anglo-écossais, 19 p. cent d'Irlandais, 9 p. cent de Scandinaves. Allemands, Anglo-Écossais et Scandinaves sont d'excellents colons, qui forment avec les puritains de la Nouvelle-Angleterre l'élite de l'armée des pionniers en marche vers l'Ouest. Les Irlandais, eux, s'établissent surtout dans les grandes villes, où bien vite ils tendent à dominer les municipalités. De ce fait, dans le cours du XIXe siècle, les États-Unis, tout en restant essentiellement Anglo-Saxons, tendent à devenir moins exclusivement Britanniques. Ils se pénètrent d'esprit irlandais, qui joue comme un ferment, faisant par sa fantaisie, sa blague, sa vitalité un peu désordonnée contrepoids à l'atmosphère puritaine. Ils se germanisent aussi, par un apport allemand et scandinave qui teinte désormais le caractère américain d'un goût encore sensible aujourd'hui de la recherche consciencieuse et systématique, de l'esprit didactique et de la réglementation. Ils cessent enfin d'être exclusivement protestants : les Irlandais, nombre d'Allemands sont catholiques, cependant que des groupes déjà puissants de Juifs apparaissent. Du fait de cette seconde formation, l'Amérique de la fin du XIXe siècle est devenue anglo-germano-irlandaise. J'ai encore pu connaître cette Amérique-là, avant qu'une troisième vague d'immigrants n’y eût déversé en doses massives une présence slave et latine.

De 1880 à 1914, c'est un véritable raz de marée qui balaie démographiquement la côte Atlantique : près de 22 000 000 d'immigrants, 1 218 000 entrées dans la seule année 1914 ! Mais par rapport à la vague précédente la composition est renversée, [p. 26] puisque, dans les dix années de 1900 à 1910, les Nordiques ne sont plus que 23 p. cent (Britanniques 11 p. cent, Allemands 4 p. cent), cependant que les Slavo-Latins représentent 77 p. cent de l'ensemble (Austro-Hongrois, 26 p. cent ; Italiens, 25 p. cent ; Russes, 20 p. cent). En tant que qualité sociale le niveau, cette fois, est inférieur : surtout une plèbe d'assez pauvres gens, chassés du vieux monde par le surpeuplement, attirés par l'appât de salaires meilleurs, largement recrutés par les agences des compagnies de transports maritimes. Ces nouveaux venus s'entassent dans les bas-quartiers des grandes villes de l'Est, en blocs nationaux difficiles à assimiler, car il s'agit de populations catholiques, parfois orthodoxes, relevant de traditions n'ayant plus rien de commun avec celles des colons de la première et même de la seconde époque. C'est alors que commence à se poser le problème de l'assimilation, qui met en cause la personnalité même du peuple américain : restera-t-il Anglo-Saxon et protestant ? Sera-t-il Slavo-Latin et catholique ? Correspondra-t-il à quelque combinaison humaine nouvelle, libérée de ses origines européennes et cette fois enfin authentiquement américaine ? Cette crise de l'assimilation annonce la fin prochaine d'une immigration séculaire.

La guerre de 1914 clôt la longue période initiale pendant laquelle le peuplement américain s'était alimenté d'éléments étrangers. Après 1918 l'Europe aurait encore un trop-plein à déverser sur les États-Unis, mais ceux-ci, désormais effrayés d'une immigration devenue exotique et surtout soupçonnée par eux d'esprit bolchevik, passent d'une politique d'accueil à une politique de défense. Les lois fondamentales de 1921 et 1924, qui limitent l'immigration par le régime nouveau du quota, la réduisent, dès 1925, à 294 000 entrées ; elle continue ensuite à décliner pour cesser tout à fait à partir de la grande dépression de 1929. Il y avait eu 8 795 386 immigrants en 1901-1910, 5 735 811 en 1911-1920, mais il n'y en a plus eu que 4 107 209 en 1921-1930 et seulement 528 431 en 1931-1940. Si une immigration réduite reparaît au lendemain de la seconde guerre mondiale, c'est largement en raison de l'entrée de plusieurs centaines de milliers de « personnes déplacées » (D. P. Act, 1948-1950). Les entrées de 1950 sont de 249 187, dont 17 p. cent en provenance d'Amérique et 79 p. cent d'Europe, notamment d'Europe centrale et en particulier d'Allemagne. On peut donc considérer qu'une page a été tournée depuis 1914 : les États-Unis ne sont plus, ne veulent plus être un pays d'immigration.

[p. 27]

II


Si l'on prend maintenant une vue d'ensemble de cette évolution démographique, les étapes s'en établissent ainsi :

1790

3 929 000 habitants




1860

31 443 000 –

(guerre de Sécession)

1890

62 948 000 –

(tarif MacKinley)

1920

105 711 000 –

(première guerre mondiale)

1945

139 620 000 –

(seconde guerre mondiale)

1950

150 000 000 –

(dernier recensement)

1954

161 000 000 –

(évaluation)

Cette population de plus de 160 000 000 d'habitants classe les États-Unis au quatrième rang mondial, après la Chine, l'Inde et la Russie. Par comparaison avec l'Asie et même avec l'Europe il ne s'agit pas d'un peuple très nombreux, mais ce peuple compte plus en somme que les masses asiatiques, car, par son équipement, par sa mobilité, chaque Américain vaut évidemment plusieurs Indiens ou plusieurs Chinois. On peut en conclure qu'indépendamment de nombres qui démographiquement ne sont nullement des nombres records, la civilisation américaine est, sans doute plus que toute autre, une civilisation de masse. Il faut insister d'autre part sur le rôle joué dans cette économie par une progression démographique constante : à l'accroissement régulier, statutaire pour ainsi dire, de la population correspond un accroissement du pouvoir d'achat qui entretient cette impression de marée montante perpétuelle, génératrice d'un optimisme dont nous disions plus haut qu'il est un trait distinctif de l'atmosphère du nouveau monde.

Toutefois, la population des États-Unis, si elle est nombreuse absolument, ne l'est pas par rapport au territoire qu'elle occupe : la densité par kilomètre carré n'est que de 17 habitants, ce qui, par rapport à l'Europe et surtout aux pathologiques agglomérations de l'Asie, est peu de chose. L'Amérique du Nord est en somme peu peuplée et sans doute n'atteindra-t-elle jamais, même de loin, la densité des continents de la tradition. La civilisation des États-Unis comporte peu d'hommes, mais efficaces, sur beaucoup d'espace, et nous retrouvons ici cette notion d'espace, qui nous a paru caractériser si profondément ce continent.

[p. 28]

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