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Lettre sur la manière de faire des statistiques De l’importance dont Paris est à la France


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Il n’y a qu’à continuer cette table dans le même ordre jusqu’à la fin de la paroisse, et au bas des colonnes mettre le total de ce qui s’y trouvera. Que s’il s’y rencontre des abbayes, ou familles ecclésiastiques, autres que les curés des lieux, il n’y aura qu’à les écrire ensuite séparément ; observant toujours la distinction des sexes, suivant l’ordre de la table.

On doit soigneusement remarquer :

I. Qu’en faisant les dénombrements, il faut prendre garde à ne pas compter deux fois les valets et servantes, (faute qui peut facilement arriver) en comptant sur le rapport des pères et mères, qui accusant le nombre de leurs enfants, peuvent par oubli ou autrement, ne pas spécifier s’ils demeurent tous avec eux ou non ; et s’il n’y en a pas en service dans le lieu dont on fait le dénombrement, lesquels venant à être comptez comme valets et servantes dans les familles des maisons où ils servent, il se trouverait qu’on les compterait deux fois pour une ; ce qu’il faut éviter, en s’informant soigneusement de ceux qui servent dans les lieux mêmes, afin de ne les spécifier que dans les familles où on les trouve.

II. Que la même chose peut arriver, les pères et mères accusant juste le nombre de leurs enfants ; et spécifiant ceux qui servent hors de chez eux ; comme aussi, s’ils ne disent pas s’ils en ont de mariez qui ne demeurent pas avec eux, parce qu’en ce cas on pourrait encore les compter deux fois ; et c’est à Quoi il faut prendre garde, et les distinguer.

III. Que des dénombrements généraux, on en peut tirer tant d’abrégés qu’on voudra, qui contiendront tantôt une espèce, tantôt l’autre. Par exemple, un abrégé contiendra toutes les maisons nobles du pays ; un autre, toutes les maisons ou communautés ecclésiastiques, séculières ou régulières, suivant leurs ordres et leurs sexes ; un autre les gens de justice ; un autre les artisans les plus nécessaires, comme charpentiers, charrons, menuisiers, et ainsi des autres.

IV. Que si on veut savoir combien il y a de garçons et de filles à marier, ou de femmes veuves ou mariées, plus que d’hommes, il sera encore plus aisé de les spécifier, et d’en faire de petits extraits ; et ainsi des autres particularités.

V. Que pour mieux s’instruire, il sera bon d’y ajouter une description succincte du pays, contenant son étendue, sa qualité et sa situation ; la fertilité et rapport des terres, leur culture ; combien de façons on leur donne ? Quels grains elles rapportent ? Si on les fait tous les ans, et combien d’arpents il y en a ? Quel rapport ont leurs mesures les unes avec les autres, et ce que les terres produisent à leurs maîtres ? S’il y en a en friche, ou abandonnées ; combien, et pourquoi ? S’il y a des rivières navigables, ou si on peut les rendre telles ? Si le pays est bossu ou plain, couvert de bois, ou découvert ; montagneux ou uni, ou entrecoupé de fossés, de marais et d’étangs ; et quel est le commerce du pays ? S’il y a quelques manufactures particulières ? S’il y croît quelques grains ou plantes qui ne croissent pas ailleurs ; s’il est suffisamment peuplé ; s’il y a abondance de bestiaux, et de quelle espèce ? Et enfin, s’il s’y rencontre quelques particularités remarquables, soit du temps passé ou du présent, et les spécifier ?

On pourra par les suites pousser cette recherche jusqu’à savoir le nombre d’arpents des terres labourables de chaque paroisse ; celui des bois, des prés, des déserts, communes, etc. Le nombre des bestiaux de toutes espèces ; ce qui se peut facilement expliquer par une seconde table.

De tous ceux à qui le dénombrement des peuples peut être utile, il n’y en a point à qui il le soit davantage qu’au roi même ; puisque ce n’est que par rapport à son service que les autres en ont besoin ; étant certain que son premier et principal intérêt est celui de la conservation de ses peuples, et de leur accroissement ; parce que le plus grand malheur qui puisse arriver à son état, est leur dépérissement. Or le moyen de l’empêcher est de les connaître, et d’en savoir le nombre, les différentes qualités, les dispositions générales et particulières où ils sont ; ce qui leur fait bien, et ce qui leur fait mal ; ce qui peut troubler leur repos, ou le procurer ; ce qui peut contribuer à leur accroissement, ou les faire dépérir. De savoir comme ils se conduisent, les nouveautés qui s’introduisent parmi eux, à quoi il faut soigneusement prendre garde ; et enfin ce qui fait leur pauvreté ou leur richesse. De quoi ils subsistent, et font commerce ; les sciences, arts et métiers qu’on professe parmi eux, et ceux qui leur manquent. Tout cela ne se peut savoir que par des revues souvent répétées, avec des distinctions exactes des différentes conditions qui sont parmi eux, qu’il faut non moins curieusement que très soigneusement examiner, et bien démêler ; étant très important d’empêcher qu’un état n’empiète sur l’autre, et que les distinctions ne s’accroissent davantage.

Quelle satisfaction ne serait-ce pas à un grand roi de savoir tous les ans à point-nommé le nombre de ses sujets en général et en particulier, avec toutes les distinctions qui sont parmi eux ? Le nombre et les noms de sa noblesse ; le nombre des ecclésiastiques de toutes espèces ; et de tous les gens de robe ; des marchands, des artisans, manœuvriers, etc. Le nombre des étrangers, celui des moines distingués par leur ordre ; des religieuses aussi distinguées de même ; de tous les nouveaux convertis, et gens faisans profession d’autres religions que de la catholique, et les lieux de leurs demeures. Quel plaisir n’aurait-il pas d’en voir l’accroissement par sa bonne conduite ; et à même temps quel désir n’aurait-il pas de raccommoder les parties qu’il verrait dans quelque désordre, à l’occasion des guerres ou autrement ?

Ne serait-ce pas encore un plaisir extrême pour lui, de pouvoir de son cabinet parcourir lui-même en une heure de temps, l’état présent et le passé d’un grand royaume dont il est le souverain maître ; et de pouvoir connaître par lui-même avec certitude, en Quoi consiste sa grandeur, ses richesses et ses forces ; le bien et le mal de ses sujets, et ce qu’il peut faire pour accroître l’un et remédier à l’autre ?

Mais afin que cette utilité fût permanente et de durée, il serait nécessaire de répéter ces dénombrements toutes les années au moins une fois, à raison des gens qui meurent et qui naissent, et des changements de demeure, qui sont ordinairement assez fréquents parmi le menu peuple, spécialement dans les grandes villes, et sur les frontières. Il n’y a point de bataillon dans le royaume, si méchant soit-il, qui ne soit tous les ans sujet à douze revues de commissaire, et à trois ou quatre d’inspecteur ; ce qui se pratique avec beaucoup de soin et d’exactitude, et on fait fort bien. Cependant ce bataillon n’est destiné qu’à de certains emplois très bornés, et ne fait qu’une très petite parcelle du peuple dont ce grand royaume est composé, duquel on ne fait jamais de revue, quoi qu’il rende une infinité de services au roi plus importants mille fois que ceux de ce bataillon, puisque c’est par lui et de lui qu’il tire toute sa grandeur, ses richesses, et sa considération ; et que c’est par lui qu’il se fait craindre et respecter de ses voisins. N’ouvrira-t-on donc jamais les yeux sur l’importance et la nécessité qu’il y a d’en mieux connaître le détail, et d’en apprendre le fort et le faible, du moins tous les ans une fois ? Le roi y a plus d’intérêt lui seul que tout le royaume ensemble, et rien n’est plus aisé que de lui donner cette satisfaction si importante à son service et au bien de l’État.

Voila à peu prés l’avantage qu’on peut tirer des dénombrements des provinces, villes et lieux du royaume. On pourrait y ajouter pour les rendre parfaitement intelligibles, les plans et cartes particulières des villes, et des pays, levez avec soin, et si bien circonstanciez, que les bois, les prés, les terres labourables, rivières, ruisseaux, marais, montagnes, villes, châteaux, villages, abbayes, censés, moulins, ponts, chemins, etc. Y fussent distinguez par noms et figures, placez dans leur vraie distance naturelle, orientez et levez géométriquement, et bien figurez ; ce qui se pourrait par le moyen d’un atlas français, divisé en autant de livres qu’il y a de provinces dans le royaume.

CHAPITRE 11
Réflexion importante, pour servir
de conclusion à ces mémoires
Comme il y a impossibilité manifeste qu’un État puisse subsister, si les sujets qui le composent ne l’assistent, et ne le soutiennent par une contribution de leurs revenus capable de satisfaire à ses besoins ; on ne croit pas s’éloigner de la vérité, si on dit que les rois ont un intérêt personnel et très pressant, de tenir la main à ce que les levées qui se font sur eux à cette occasion, n’excédent pas le nécessaire. La raison est, que tout ce qu’on en tire au-delà, les jette dans une mésaise, qui les appauvrit d’autant, ce qui va quelquefois à tel excès, qu’ils en souffrent jusqu’à la privation des aliments nécessaires au soutien de la vie ; et les exposant à périr, en jette beaucoup dans le désespoir. Ce mal ne s’est que trop fait sentir dans ces derniers temps, où ce défaut joint à celui d’une cruelle guerre, et des chères années, a fait périr ou déserter une partie considérable des peuples de ce royaume, et tellement appauvri les autres, que l’État s’en trouve aujourd’hui affaibli et très incommodé. Perte qui tombe directement sur le roi même, qui en souffre par la diminution de ses revenus, par la perte de ses meilleurs hommes, et par un déchet considérable de ses forces. Ce mal qui subsiste encore dans le temps que j’écris ceci, et qui s’augmente tous les jours, est sans doute beaucoup plus grand qu’on ne pense, et pourrait même tirer à des conséquences très mauvaises par les suites. C’est pourquoi j’estime qu’il est à propos d’en donner une idée plus sensible, et qui fasse toucher au doigt et à l’œil la grandeur de ce défaut. C’est ce que nous ferons en peu de mots, par une comparaison qui me paraît assez juste ; la voici.

Il est certain que le roi est le chef politique de l’État, comme la tête l’est du corps humain ; je ne crois pas que personne puisse douter de cette vérité. Or il n’est pas possible que le corps humain puisse souffrir lésion en ses membres, sans que la tête en souffre. On peut dire qu’il est ainsi du corps politique, et que si le mal ne se porte pas si promptement jusqu’au chef, c’est qu’il est de la nature des gangrènes, qui gagnant peu à peu, ne laissent pas d’empiéter et de corrompre, chemin faisant, toutes les parties du corps qu’elles affectent, jusqu’à ce que s’étant approchées du cœur, si elles n’achèvent pas de le tuer, il est certain qu’il n’en échappe que par la perte de quelqu’un de ses membres. Comparaison qui a beaucoup de rapport à ce que nous sentons, et qui bien considérée, peut donner lieu à de grandes réflexions. Cela même m’autorise à répéter ce que j’ai dit, que les rois ont un intérêt réel et très essentiel à ne pas surcharger leur peuple, jusqu’à les priver du nécessaire. J’ose même dire, que de toutes les tentations dont les princes ont le plus à se garder, ce sont celles qui les poussent à tirer tout ce qu’ils peuvent de leurs sujets ; par la raison, que pouvant toutes choses sur des peuples qui leur sont entièrement soumis, ils les auront plutôt ruinez qu’ils ne s’en seront aperçus.

Le feu roi Henry Le Grand de glorieuse mémoire, se trouvant dans un besoin pressant sollicité d’établir un nouvel impôt qui l’assurait d’une augmentation considérable à ses revenus, et qui paraissait d’un établissement facile : ce bon roi, dis-je, après y avoir pensé quelque temps, répondit à ceux qui l’en sollicitaient, qu’il était bon de ne pas toujours faire tout ce que l’on pouvait, et n’en voulut pas entendre parler davantage. Parole de grand poids, et vraiment digne d’un roi père de son peuple, comme il l’était !

Je reviens au sujet de ce discours, qui n’étant fait que pour inspirer autant qu’il m’est possible la modération dans l’imposition des revenus de sa majesté, il me semble que je dois commencer par définir la nature des fonds qui doivent les produire, tels que je les conçois.

Suivant donc l’intention de ce système, ils doivent être affectez sur tous les revenus du royaume, de quelque nature qu’ils puissent être, sans qu’aucun en puisse être exempt, comme une rente foncière, mobile, suivant les besoins de l’État, qui serait bien la plus grande, la plus certaine, et la plus noble qui fût jamais, puis qu’elle serait payée par préférence à toute autre, et que les fonds en seraient inaliénables et inaltérables. Il faut avouer que si elle pouvait avoir lieu, rien ne serait plus grand ni meilleur ; mais on doit en même temps bien prendre garde de ne la pas outrer en la portant trop haut. C’est-à-dire, que bien qu’il soit dit dans beaucoup d’endroits de ces mémoires, qu’on se pourra jouer entre le dixième et le dixième sol à la livre, ou la vingtième et la dixième gerbe qui est la même chose, il faudrait pour bien faire, n’approcher du dixième que le moins qu’il sera possible, et se tenir toujours le plus prés du vingtième qu’on pourra ; par la raison, qu’à mesure qu’on approchera du dixième, la charge deviendra toujours plus pesante, notamment sur le pauvre peuple qui la sentira le premier, à cause du sel qui doit augmenter à proportion.

Rendons ceci intelligible, et supposons que dans un temps forcé et très pressant, la dîme soit remontée au dixième équivalant à 2 s. pour livre.

L’église tirera de son côté un vingtième et demi pour sa dîme, qui joint aux censives ou droits des seigneurs, à la grêle, mauvais temps, et stérilité des années, emportera plus d’un autre dixième.

Le sel de son côté faisant chemin a remonter comme la dîme royale, emportera encore du moins un dixième, pour peu que les familles soient nombreuses ; et quand elles ne seraient composées que du père, de la mère, et de deux enfants, ils en consommeront chacun pour cinquante sols par an, ce qui fait dix livres pour toute la famille, et conséquemment un dixième et plus ; de sorte que voila trois dixièmes pour chaque livre, c’est-à-dire six sols de vingt, savoir quatre pour le roi, un et demi pour la dîme ecclésiastique, et le surplus pour les seigneurs, et le mauvais temps ; et partant il ne restera que treize à quatorze sols de vingt pour le propriétaire et le fermier, qui partagez en deux, reviendront à sept pour chacun ; sur quoi déduisant les frais du labourage et de la récolte, il leur restera fort peu de chose pour vivre. Et pour peu que cela se répétât plusieurs années de suite, ils en seraient très incommodés ; parce qu’il n’y a guère de paysan qui ne doive à quelque autre, et que cet autre étant aussi chargé de son côté, se trouvera dans le même cas, et conséquemment obligé à se faire payer, comme sujet aux mêmes incommodités. Je ne vois donc que les gens aisés et un peu accommodez d’ailleurs, capables de pouvoir soutenir pour un peu plus de temps le dixième. D’où je conclus, qu’afin que tout le monde puisse vivre un peu commodément, il faut soutenir les impositions le plus prés du vingtième qu’il sera possible, et les éloigner tant qu’on pourra du dixième, si on veut éviter l’oppression des peuples ; d’autant plus qu’on trouvera amplement de quoi satisfaire au besoin de l’État, entre ces deux extrémités ; je veux dire entre le dixième et le vingtième.

Au surplus, je crois qu’il ne sera pas hors de propos de redire encore ici, qu’on peut bien ajouter quelque chose au système de la dîme royale, en perfectionnant ce qu’il a de bon, et corrigeant ce qui s’y trouvera de mauvais ; mais on ne doit pas le mêler avec d’autres impositions, quelles qu’elles puissent être, avec lesquelles il est incompatible de sa nature ; parce qu’il ramasse et réunit en soi tout ce dont on peut faire revenu dans le royaume, qui étant une fois dîmé à la rigueur, on ne peut plus y retoucher, sans s’exposer à tirer d’un sac plusieurs moutures. C’est pourquoi bien qu’il en ait déjà été parlé dans le corps de ces mémoires, je n’hésite pas à le répéter ici, la chose me paraissant d’une importance à ne devoir pas être touchée légèrement.

Il me semble aussi que les revenus du roi se doivent distinguer de ceux de ses sujets, bien que tous proviennent de même source, suivant ce système. Car on sait bien que ce sont les peuples qui cultivent, recueillent, et amassent ceux du roi ; et que pour les percevoir, ses officiers n’ont d’autre soin que de les imposer, et en faire la recette, les peuples faisans le reste. C’est pourquoi il me paraît qu’il serait mieux de dire, que des fonds de terre, du commerce et de l’industrie, se tire le revenu des hommes ; mais que les véritables fonds du revenu des rois, ne sont autres que les hommes mêmes, qui sont ceux dont ils tirent non seulement tout leur revenu, mais dont ils disposent pour toutes leurs autres affaires. Ce sont eux qui paient, qui font toutes choses, et qui s’exposent librement à toutes sortes de dangers pour la conservation des biens et de la vie de leur prince ; qui n’ont ni tête ni bras, ni jambes qui ne s’emploient à le servir, jusque-là qu’ils ne peuvent pas se marier, ni faire des enfants, sans que le prince n’en profite, parce que ce sont autant de nouveaux sujets qui lui viennent.

Ces fonds sont donc bien d’une autre nature que ceux des particuliers, par leur noblesse et leur utilité intelligente, toujours agissante et appliquée à mil choses utiles à leur maître. C’est de ce fonds-là dont il faut être bon ménager, afin d’en procurer l’accroissement par toutes sortes de voies légitimes, et le maintenir en bon état, sans jamais le commettre à aucune dissipation. Ce qui arrivera infailliblement, quand les impositions seront proportionnées aux forces d’un chacun, les revenus bien administrez ; et que les peuples ne seront plus exposez aux mangeries des traitants, non plus qu’à la taille arbitraire, aux aides et aux douanes, aux friponneries des gabelles, et à tant d’autres droits onéreux qui ont donné lieu à des vexations infinies exercées à tort et à travers sur le tiers et sur le quart, lesquelles ont mis une infinité de gens à l’hôpital et sur le pavé, et en partie dépeuplé le royaume. Ces armées de traitants, sous-traitants, avec leurs commis de toutes espèces ; ces sangsues d’état, dont le nombre serait suffisant pour remplir les galères, qui après mille friponneries punissables, marchent la tête levée dans Paris parez des dépouilles de leurs concitoyens, avec autant d’orgueil que s’ils avaient sauvé l’État. C’est de l’oppression de toutes ces harpies dont il faut garantir ce précieux fonds, je veux dire ces peuples, les meilleurs à leur roi qui soient sous le ciel, en quelque partie de l’univers que puissent être les autres. Et pour conclusion, le roi a d’autant plus d’intérêt à les bien traiter et conserver, que sa qualité de roi, tout son bonheur et sa fortune, y sont indispensablement attachez d’une manière inséparable, qui ne doit finir qu’avec sa vie.

Voila ce que j’ai crû devoir ajouter à la fin de ces mémoires, afin de ne rien laisser en arrière de ce qui peut servir à l’éclaircissement du système y contenu. Je n’ai plus qu’à prier Dieu de tout mon cœur, que le tout soit pris en aussi bonne part que je le donne ingénument, et sans autre passion ni intérêt que celui du service du roi, le bien et le repos de ses peuples.





Idée d’une excellente noblesse


et des moyens de la distinguer
par les générations
     Cette lettre fut écrite le 9 mars 1698 à l’attention d’Hercule Hüe de Caligny (1665-1725), ingénieur militaire alors directeur des fortifications de Dunkerque, Furnes, Bergue, Ypres, Graveline, La Kénoque et Calais. Elle concerne d’une manière tout à fait générale, quoique parfois assez précise, la méthode que Vauban affectionnait et qu’il souhaitait voir appliquer par ses collaborateurs, pour l’étude des différentes régions de France.

Supposant que les générations renouvellent de 30 en 30 ans on pourrait compter à peu près les anciennetés comme s’ensuit :





De 80 à 100 ans



l. Anobli

2. Fils d’anobli

3. Noble



De 180 à 200 ans



4. Gentilhomme

5. Noblesse établie

6. Noblesse à chevalerie



De 270 à 300 ans



7. Noblesse achevée

8. Noblesse à haute chevalerie

9. Noblesse à toute preuve



De 360 à 380 ans



10. Noblesse parfaite

11. Noblesse qui ne prouve plus

12. Bonne noblesse



De 450 ans …



13. Très bonne noblesse

14. Noblesse de souche

15. Vieille noblesse



De 450 ans …



16. Noblesse ancienne

17. Noblesse très ancienne

18. Noblesse qui se compte par les aïeux



De 500 à 550 ans



19. Noblesse de tradition

20. Noblesse historique



De …

30. Noblesse perpétuée, dont les commencements sont inconnus


Nota. 1° Que la haute noblesse se doit entendre des souverains, princes et princesses du sang et de tous autres issus des maisons souveraines ou qui ont eu alliances très prochaines avec les maisons royales. C’est ce qu’on appelle encore maison illustre.

2° Noblesse militaire est toute celle de l’article précédent ; et de plus les maisons qui ont eu pour prédécesseurs des connétables de France, grands maîtres de la maison du Roi, ducs et pairs, maréchaux de France, grands maîtres de l’artillerie, amiraux et autres grands officiers de la couronne ; idem, celle qui, sans avoir eu des officiers de la couronne pour prédécesseurs, ont eu des gouverneurs de provinces, généraux d’armée, lieutenants-généraux, gouverneurs de places et tous autres dont la noblesse a été acquise par les armes.

3° Noblesse civile est celle qui est issue des chanceliers de France, premiers présidents des compagnies souveraines, conseillers d’État, présidents à mortier, ambassadeurs, gens de lettres, etc. ; et dans ce genre est aussi comprise celle qui provient de certaines charges qui anoblissent comme les maires de Poitiers, de Bordeaux, de Tours, etc., prévôts des marchands de Paris, de Lyon, secrétaires du Roi, etc. Il est à remarquer que les filles de ceux-ci n’ont point d’entrée dans les chapitres de Mons, Maubeuge et Nivelles, ni même dans ceux de Lorraine, qui tous sont de fondation royale ou souveraine très ancienne.

4° Noblesse titrée sont les chevaliers, barons, vicomtes, comtes, marquis, ducs, etc. ; simples gentilshommes, ceux qui, sans avoir ces titres, ont d’ailleurs toutes les qualités de la noblesse. Il y en a beaucoup de ceux-ci dont les familles sont aussi anciennes que celles des plus qualifiées ; aussi n’en sont-ils distingués que par l’état de leur fortune.

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