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Ion Manoli Dictionnaire stylistiques et poétiques Etymologie. Définition. Exemplification. Théorie


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Dérivative (Figure ~) adj. Du lat. derivatus, de rivus : « ruisseau avec ses détournements ».

La figure dérivative est une variété de détournement; elle consiste en ce que, dans un contexte poétique, apparaissent plusieurs formes lexicales de la même racine (comme un nom et un verbe du même radical). La figure dérivative constitue ainsi un bon moyen pour identifier les réseaux thématiques essentiels dans un texte, comme par ex. dans le texte de Lamartine :


Si ta douce voix la flexible harmonie,

Caressant doucement une âme épanouie,

Au souffle de l'amour,

La berçait mollement sur de vagues images

Dans la pourpre du jour...
La corrélation doux-douce-doucement définit la figure dérivative, soulignant la tonalité élégiatique du poème Chant d'amour.

Synonyme : polyptote (voir sous ce mot).



Dérivative (Rime ~) n. f. Voir sous rime.

Désaccentuation n. f. Du préfixe dés-, et accentuation, du lat. accentuation : « la manière, le fait d’accentuer ».

Perte d’accent subie par un mot dans certaines conditions déterminées, par exemple en français lorsqu’un mot qui est accentué sur sa finale s’il est final du groupe, cesse de l’ȇtre s’il prend place à l’intérieur ; ainsi d’une part : chanter une chanson ; mais d’autre part : chanter une chanson sentimentale. (J. Marouzeau, Lexique de la terminologie linguistique, p. 74).

La désaccentuation importe surtout dans la lecture expressive ou émotive des vers, dans les monologues et les dialogues d’un récit, etc.

Description n. f. Du lat. descriptio. describere : « action de décrire ».

Tout passage qui évoque la réalité concrète dans une oeuvre littéraire s'appelle description. La description du maquis dans la nouvelle Mateo Falcone de P. Mérimée sert comme bel exemple. Une description peut être vivante, pittoresque, monotone ou banale.

Nous vous y présentons deux descriptions appartenant à des écoles littéraires différentes et à des époques distinctes :

1. Ce matin-là, Paris mettait une paresse souriante à s'éveiller Une vapeur, qui suivait la vallée de la Seine, avait noyé les deux rives. C'était une buée légère, comme laiteuse, que le soleil peu à peu grandi éclairait. On ne distinguait rien de la ville, sous cette mousseline flottante, couleur du temps. Dans le creux, le nuage épaissi se fonçait d'une teinte bleuâtre, tandis que, sur de larges espaces, des transparences se faisaient, d'une finesse extrême, poussière dorée où l'on devinait l'enfoncement des rues; et plus haut, des dômes et des flèches déchiraient le brouillard, dressant leurs silhouettes grises enveloppées encore des lambeaux de la brume qu'ils trouaient. Par instants, des pans de fumée jaune se détachaient avec le coup d'aill lourd d'un oiseau géant, puis se fondaient dans l'air qui semblait les boire. Et, au-dessus de cette immensité, de cette nuée descendue et endormie sur Paris, un ciel très pur, d'un bleu effacé, presque blanc, déployait sa voûte profonde. Le soleil montait dans un poudroiement adouci de rayons. Une clarté blonde, du blond vague de l'enfance se brisait en pluie, emplissait l'espace de son frisson tiède...



De grandes nappes de brouillard se déplaçaient; un instant, rive gauche apparut, tremblante et voilée, comme une ville féerique aperçue en songe; mais une masse de vapeur s'écroula, et cette ville fut engloutie sous le débordement d'une inondation. Maintenant, les vapeurs, également épandues sur tous les quartiers arrondissaient un beau lac, aux eaux blanches et unies...

A l'horizon, sur le lac dormant, de longs frissons couraient. Puis le lac, tout d'un coup, parut crever; des fentes se faisaient, et il y avait, d'un bout à l'autre, un craquement qui annonçait la debâcle. Le soleil, plus haut, dans la gloire triomphante de ses rayons, attaquait victorieusement le brouillard. Peu à peu le grand lac semblait se unir, comme si quelque déversoir invisible eût vidé la plaine. Les vapeurs, trait à l'heure si profondes, s'amincissaient, devenaient transparentes en prenant les colorations vives de l'arc-en-ciel. Toute la rive gauche était d'un bleu tendre, lentement foncé, violâtre au fond, du côté du Jardin des plantes. Sur la rive droite, le quartier des Tuileries avait le rose pâli d'une étoffe couleur chair, tandis que vers Montmartre, c'était comme une lueur de braise, de carmin flambant dans l'or; puis, très loin, les faubourgs ouvriers s'assombrissaient d'un ton brique, de plus en plus éteint et passant au gris bleuâtre de l'ardoise. On ne distinguait point encore la ville tremblante et fuyante comme un de ces fonds sous-marins que l'oeil devine par les eaux claires, avec leurs forêts terrifiantes de grandes herbes, leurs grouillements pleins d'horreur, leurs monstres entrevus. Cependant les eaux baissaient toujours. Elles n'étaient plus que de fines mousselines s'en allaient, l'image de Paris s'accentuait et sortait du rêve.

E. Zola. Une page d'amour. C'est un vrai tableau



de la peinture impressioniste

2. Alors, moi, taupe me heurtant à chaque pas dans ses galeries de boue, tel un oiseau migrateur prêt à fondre, j'ai embrassé d'un seul regard toute l'étendue de la ville.

Bien sûr, ce n était qu 'une image très imparfaite; les ardoises des toits vues d'en haut, les cheminées fumeuses, les briques sombres, le macadam des chaussées auraient formé comme un grand lichen gris à stries rousses, ridé, rugueux, couvert d'écume, comme on en trouve sur les rochers au littoral des mers froides, et la rivière, même par la journée la plus claire, aurait gardé, sous quelques reflets, sa noirceur de gourdon; pourtant, grâce à elle, grâce à cette image, j'étais mieux renseigné sur la structure de Bleston qui n 'aurait pu l'être un aviateur la survolant, ne serait-ce que par cette ligne pointillée marquantles limites de son territoire administratif en dehors duquel les maisons se groupent sous d'autres noms, la dessinant en forme d'oeuf, la pointe au nord...

Ainsi, moi, virus perdu dans ces filaments tel un homme de laboratoire, armé de son microscope, je pouvais examiner cette énorme cellule cancéreuse dont chaque encre d'imprimerie comme un colorant approprié, faisait ressortir un système d'organes...

Michel Butor, L'emploi du temps



L'introduction de l'élément dramatique, de l'image, du tableau, de la description, du dialogue me paraît indespensable dans la littérature moderne.

H. de Balzac, Etudes sur M. Beyle



Destinateur n. m. De destiner ; du lat. destinare : « assigner ».

  1. Dans un récit littéraire c’est un personnage qui communique au héros sa mission, ainsi que les valeurs en jeu.

  2. En linguistique c’est l’auteur du message adressé au destinataire et qui utilise un code donné.

Détérioratif, ive adj. Du bas lat. deteriorare, de deterior : « pire ».

Synonyme occasionnel de péjoratif. Voir sous ce mot.



Diachronie (en littérature) n. f. Etymologie dans le texte. Caractère des faits poétiques et littéraires observés du point de vue de leur évolution à travers (gr. dia) la durée (gr. chronos), dont l’étude fait l’objet de la littérature évolutive.

Antonyme : Synchronie (en littérature). Voir sous ce mot.



Diacope ou diacopée n. f. Du gr. diakopê : « incision ».

Un des noms synonymiques de la tmèse.

Voir sous tmèse.

Dialectisme n. m. Du lat. dialectus ; gr. dialektos : « parler local ».

Variété régionale d'une langue. Mot ou expression appartenant à une région ou à un canton et qui étant introduit dans une oeuvre littéraire rend mieux la couleur locale. Mais quand (deux ans après cette catastrophe), on apprit que le comte de Savigny épousait publiquement la fille à Stassin - car il fallut bien déclancher qui elle était, la fausse Eulallie - et qu'il allait la coucher dans les draps chauds encore de sa première femme... (B. d'Aurevilly). « Déclancher » est un dialectisme et dans le contexte ci-dessus signifie dévoiler, dire, avouer. En basse Normandie, il se dit populairement pour parler.

Les dialectismes entrés une fois dans la langue prennent la qualité de mots populaires ou familiers. En principe, la littérature française classique n'admettait pas de dialectismes dans des textes. Les Romantiques les employaient non sans une certaine réticence. C'est l’oeuvre de la littérature moderne : H. Barbusse (Le Feu), L.F. Céline (Voyage au bout de la nuit), P.J.Hélias (Le Cheval d’Orgueil), etc.

Moyen d'expression parfois très efficace, les dialectismes ne peuvent être employés qu'avec circonspection: l'abus de mots dialectaux, loin de produire l'effet recherché, amènerait à l'obscurité.

On aurait pu s'imaginer que les dialectismes n'ont guère de place en poésie. Les études préliminaires sur ce sujet nous annonce le contraire.

Dialogisme n. m. Du lat. dialogues : « entretien », et le suffixe -isme.

Utilisation systématique de dialoges entre les personnages dans un ouvrage littéraire, à but de rendre plus dynamique l'exposé.

Il arrive souvent qu'un seul personnage littéraire utilise la forme du dialogue comme dans cet exemple de Bernanos : On doit la vérité aux morts: que leur donnerait-on?... La vérité, soit, mais laquelle? Hé bien, la justice! Humainement, qui m'empêcherait de confronter deux vaincus? Où serait le mal?

Il s'agit d'un pamphlet dans lequel, au passage où nous sommes, l'auteur s’adresse uniment à ses lecteurs, ne mettant en scène, même fictionnellement, nul personnage. Or, un dialogue surgit.

Pour M. Bahtine et la théorie formaliste le dialogisme est « une tendence naturelle de chaque discours à part » : dans sa réalisation pratique tout discours s’entrecroise avec d’autres discours qui sont étrangers, il entre en « réaction » avec ceux-ci dans une pleine interraction de tension.

La théorie du dialogisme a été largement étudiée et analysé par M. Bahtine dans son ouvrage : М. Бахтин. Проблемы поэтики Достоевского. - М. : Изд-во « Художественная Литература », 1972, - 470 c.

Le dialogisme représente l’une des caractéristiques essentielles du roman polyphonique (voir sous poliphonie).

Les adeptes du modèle d’analyse élaborée par M. Bahtine tendent trouver le dialogisme présent dans toutes les variantes possibles de la prose.

A ne pas confondre avec monologue (voir sous ce mot).

Dialogue n.m. Du lat. dialogus: du gr. dialogos : « entretien entre plusieurs personnages ».

1. Ensemble des paroles qu'échangent les personnages d'une pièce de théâtre, d'un récit, d'une nouvelle, d'un roman ; manière dont l’auteur fait parler ses personnages. Par ex. :


Don Rodrigue : Eh bien sans vous donner la peine de poursuivre,

Assurez-vous l'honneur de m'empêcher de vivre.

Chimène : Elvire, où sommes-nous? et qu 'est-ce que je vois ?



Rodrigue en ma maison! Rodrigue devant moi!

Don Rodrigue : N 'épargnez point mon sang, goûtez, sans résistance,



La douceur de ma perte et de votre vengence.

Chimène : Hélas!

Don Rodrigue : Ecoute-moi.

Chimène : Je me meurs.

Don Rodrigue : Un moment.

Chimène : Va, laisse-moi mourir.

Don Rodrigue : Quatre mots seulement...

P. Corneille

2. Ouvrage littéraire en forme de conversation. Il peut être en prose ou en vers. L'exemple tiré de l'oeuvre de Baudelaire nous prouve que la prose est souvent vers :
L'Étranger


  • Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?

  • Je n 'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.

  • Tes amis?

  • Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.

  • Ta patrie ?

  • J'ignore sous quelle latitude elle est située.

  • La beauté?

  • Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.

  • L'or?

  • Je le hais comme vous haïssez Dieu.

  • Eh!, qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?

  • J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là- bas- les merveilleux nuages!

Ch. Baudelaire

Dans la littérature moderne le dialogue porte un caractère strictement individuel, et il occupe une place primordiale surtout dans les créations épiques (nouvelle, roman, récit) en imprimant plus de vivacité de l'action et plus de connotation individuelle.

La forme platonique du dialogue a été approfondie dans l'oeuvre de Paul Valéry L'Ame et la Danse. Il dit : « Platon n'écrit pas en vers et joue de la plus souple des formes d'expression, qui est le dialogue. »

Antonyme : monologue (voir sous ce mot).



Dialoguer v. De dialogue.

  1. v. intr. Avoir un dialogue avec qqn : converser, entretenir.

  2. v. tr. Mettre en dialogue. Par ex. : Dialoguer un roman pour le porter à l’écran.

Antonyme : soliloquer v. intr. Voir sous ce mot.

Dialoguiste n. m. De « dialogue », et le suffixe -iste.

Auteur d'un dialogue d'un film, d'une émission télévisée : Le scénariste et le dialoguiste (du film, de l'émission).



Diaphore n. f. Du gr. diaphora : « porter à travers ».

La répétition d'un mot ou d'un groupe de mots dans le même micro- ou macrocontexte en leur donnant un nouveau sens ou une nouvelle signification. Il serait difficile de trouver quelque chose de plus honteux que la vie de cet homme, si tant est que ce soit un homme (Quillet). Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas (B. Pascal).

Voir sous antanaclase.

Diastole n. f. Du gr. diastolȇ : « allongement ».

Licence prosodique qui permet dans des cas définis de compter pour longue une voyelle normalement brève, par opposition à systole (voir sous ce mot).



Diasyrme n. m. Du gr. diasurmos : « raillerie ».

Figure opposée à l'hyperbole, par laquelle on diminue l'importance d'un homme ou d'une chose à l'aide d'une ironie mordante, sarcastique et dédaigneuse. Les pamphlets de A. Wurmser, publiés dans les pages de l'Humanité sont des diasyrmes.



De la sidérurgie en détresse, le général Bigeard a dit à Antenne 2 : « ON aurait pu y penser avant ça ». Tout juste, Auguste. Même que ON étant depuis dix-sept ans soit ministre de l'Economie, soit Président de la République, est moins anonyme que ce ON de Bigeard peut bien le dire.

A. Wurmser

L'ensemble du passage fait comprendre que chaque expression emphatique est à comprendre à l'anvers, au sens d'une attaque particulièrement mordante.

Synonyme : astéisme (voir sous ce mot).



Diatypose n. f. Du gr. diatiposis : « ébauche, modèle ».

La diatypose consiste en une « description dynamique d'une scène animée et pouvant donner lieu à un développement oratoire », contrairement à l'hypotypose qui reste statique. Certains auteurs définissent parfois la diatypose comme une hypotypose brève. Cependant, contrairement à l'hypotypose, la diatypose est un court récit enchâssé dans un discours qui l'englobe. Autrement dit, la diatypose est une digression du regard ou de la diégèse qui se porte, un temps, non plus sur le déroulement de l'action mais sur une petite scène visualisable. Elle est souvent introduite par le narrateur lui-même, par le moyen d'une autre figure de style, l'épiphrase, a contrario de l'hypotypose qui se suffit à elle-même et semble close et autonome par rapport au reste du discours (bien qu'il s'agisse d'une figure de l'énonciation).

Le Dictionnaire de rhétorique de Michel Pougeoise considère la diatypose comme une forme d'hypotypose réduite et condensée que l'on retrouve surtout dans le récit, chez Homère par exemple, dans l'Iliade :

« Il le frappa sous le sourcil, au fond de l'oeil, d'où la pupille fut arrachée. Et la lance, traversant l'œil, passa derrière la tête, et Ilioneus, les mains étendues, tomba. Puis Pénélos, tirant de la gaine son épée aigüe, coupa la tête, qui roula sur la terre avec le casque, la forte lance encore fixée dans l'œil ».



Diction n. f. Du lat. dictio : « prononciation ; débit ».

Le terme de diction a plusieurs sens. G. Molinié explique : L’usage le plus ancien consiste à désigner sous ce vocable une certaine catégorie de figures : celles qui tiennent essentiellement à l'emploi grammatical des mots et à la forme de leur présence matérielle dans le discours. Il est difficile de les distinguer vraiment de l'ensemble appelé aussi quelquefois figure d'élocution...



Diction a aussi signifié prononciation. C'est un peu vers ce sens que, dans la tradition moderne, le mot se trouve qualifié de ces attributs qu'énumère au XVIIe siècle Richelet: belle, noble, grande, grave, majestueuse, pressée, pathétique. L'inflexion orale est indéniable.

Enfin, en rhétorique historique, diction est parfois synonyme, comme élocution, de style.

A notre avis, la meilleure définition de la diction appartient à Paul Valéry : Quant à la diction, mère de la Poésie, j'observe que le français, bien parlé ne chante presque pas.

Dicton n. m. Du lat. dictum : « sentence ».

Sentence passée en proverbe. Voir sous maxime.



Didascalie (s) n. f. (pl.) Du gr. didaskalia : « enseignement ».

Le terme nous vient de l’Antiquité. Chez les Grecs, il désigne les instructions du poète dramatique à ses interprètes.

Dans la littérature de la dramaturgie contemporaine ce sont des indications scéniques, situées d’habitude entre parenthèses, avant les repliques proprement- dites des personnages.

Par ex. Vladimir. – Tu lui diras – (il s’interrompt) – tu lui diras que tu m’as vu et que- (il réfléchit) – que tu m’as vu. (Un temps Vladimir s’avance, le Garçon recule, Vladimir s’arrȇte, le Garçon s’arrȇte). Dis, tu es bien sûr de m’avoir vu, tu ne vas pas me dire demain que tu ne m’a jamais vu ?



Silence. Vladimir fait soudain bond et avant, le Garçon se sauve comme une flèche. Silence. Le soleil se couche. La lune se lève. Vladimir reste immobile. Estragon se réveille, se déchausse, se lève, les chaussures à la main, les dépose devant la rampe, va vers Vladimir, le regarde.

S. Beckett, En attendant Godot (1952).

La fonction essentielle de la didascalie dans le texte est celle de désambiguïser, de faire cesser l’implicite, de préciser la personne (le personnage) qui parle dans le cadre des dialogues et monologues (voir sous ces mots).

Diégèse n. f. Du gr.ancien diêgêsis.

Ce terme a été créé en 1950 par Anne Souriau et les chercheurs de l’Institut de Filmologie de Paris qui avaient besoin de cet outil pour analyser des films. Mais cette notion s’applique à tout art y compris celui de la poétique.



  1. Dans la représentation d’une oeuvre, narration par opposition à la démonstration, à l’imitation du vrai (mimesis – voir sous ce mot).

  2. Univers d’une oeuvre, le monde qu’elle évoque et dont elle représente une partie.

La diégèse de madame Bovary, c’est la vie d’Emma, celle de Charles, mais aussi

celle de Homais, y compris dans des événements que Flaubert omit ; c’est aussi la vie en Normandie au XIXe siècle. Dans un certain sens, la rêverie du lecteur fait partie elle aussi à la diégèse.



La diégèse n’est pas la réalité extérieure ; cette notion ne s’embarrasse pas des frontières entre fiction et réalité.

Diegesis n. f. Voir sous mimesis.

Diérèse n. f. Du gr. diairésis : « séparation ».

Figure au niveau phonétique qui consiste en une dissociation des éléments d'une diphtongue. On prononce prier, plier avec diérèse : pri-e, pli-e.

Mais dire cette simple définition de la diérèse en sachant qu'il existe toute une ode linguistique et littéraire consacrée à ce terme, c'est dire peu. Voici pourquoi nous présentons au lecteur une vraie symphonie dédiée à la diérèse écrite par Maurice Rat :
La diérèse

Qui dira tes charmes, ô diérèse, dans les vers et dans la grande prose? Qui empêchera tant de pensionnaires et même de sociétaires du Théâtre-Français qui t'ignorent d'estropier les plus beaux vers peut-être de Racine et de Victor Hugo?

Mais, me direz-vous, qu'est-ce donc que la diérèse? C'est (du grec diairésis, « séparation ») la figure de grammaire qui sépare en deux sons un mot d'une seule syllabe et lui donne ainsi dans les vers la mesure de deux pieds.

Ari-ane, ma sœur, de quel amour blessée...

On connaît le vers de Racine... Il est faux, si l'actrice qui joue Phèdre dit: Ariane... Et j'entends encore la voix d'or de Sarah Bernhardt détachant d'une façon divine les quatre syllabes de ce nom si doux, la miette même du quatrième pied se faisant très doucement entendre.

Il en est de même des vers de Vigny dans la « Maison du berger ».

Pleurant, comme Di-ane, au bord de ses fontaines,

Ton amour taciturne et toujours menacé.

Prononcez Diane comme diable, le vers n'a plus que onze pieds, et le charme musical s'envole.

On n'ignore pas, écrivant ces lignes, que la diérèse des plus beaux mots de notre langue n'est pas toujours pratiquée par les poètes eux-mêmes, et que certains parfois y recourent et parfois non. Mais si les poètes sont grands, ils ont toujours leur raison de la faire ou de ne la pas faire, et quand le jeune Aymerillot, dans la Légende des siècles, sollicitant l'honneur de prendre Narbonne, dit à Charlemagne :

Deux li-ards couvriraient fort bien toutes mes terres

Et tout le grand ciel bleu n'emplirait pas mon cœur.

Hugo fait sciemment liards de deux syllabes, et permet en le faisant au lecteur, à l'acteur, de donner au mot « liard » toute son importance.

On voudrait seulement ici faire cette observation qu'il est intolérable d'entendre sur la scène d'un théâtre national – et l'on ne parle pas des autres, des comédiens presque analphabètes – falsifier un beau texte en vers... Et puis, observer que la diérèse ennoblit la syllabe d'un mot.

Des vocables prosaïques, et généralement pris en mauvaise part comme diable, n'admettent pas la diérèse :

Eh bien! que dites-vous de l'algarade? - Ah! diable!

Je dis que nous vivons dans un siècle effroyable.

V.Hugo, Ruy Blas, acte, I, sc. II.



Mais diamant, dans les vers, s'enrichit d'une diérèse :

Dans le cuivre et le plomb di-a-mant enchâssé.

  1. de Lamartine, Jocelyn, I-ère époque

Il arrive, bien-sûr, que le poète qui joue en cultivant la rime décompose, comme Hugo, le nom liais en deux syllabes :

A chaque porte, un camp, et pardieu, j'oubliais!

Là-bas, six grosses tours en pierre de li-ais!

Mais tout poème, toute œuvre d'art est un jeu, et il sied qu'on l'admette.

Ri-eur, j'élève au ciel d'été la grappe vide.

St. Mallarmé



L'eau qui su-inte et tombe avec de lourds frissons.

Th. Gautier



L'hy-ène après la chair rongera le squelette.

V. Hugo


Même si dans le langage courant on prononce d'une seule émission de voix « rieur, suinte, hyène », la diérèse est toujours possible, et Renan, qui savait la grande musique bretonne et entendait sonner les cloches de la ville d'Ys, n'a pas choisi ce doux nom d'Ariel, qu'il prononçait Ariel, pour l'opposer sans raison au nom de caliban.

La diérèse est demeurée longtemps et demeure toujours une des ressources les plus délicates de la poésie (et de la musique) en rime. Un Apollinaire, un Toulet, un Derème, un Valéry le savaient, et, de nos jours encore, un André Mary ou un Pierre Camo, un Charles Forot ou un Chabaneix. Et jadis un Corneille, un Racine, un La Fontaine, un Chénier en jouèrent délicieusement. Que les comédiens de la Maison de Molière, à l'exemple de leurs grands aînés, un Mounet-Sully, une Bartet, une Segond-Weber ou un Edouard de Max, ne nous privent pas de ce rare délice!

In : Vie et Langage. -Paris, 1965, nr. 154, p. 26-27.


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