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Ion Manoli Dictionnaire stylistiques et poétiques Etymologie. Définition. Exemplification. Théorie


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Diglossie n. f. De l'élément du gr. glôssa : « langue ».

  1. On donne, d'une manière générale, le nom de diglossie à la situation de bilinguisme.

  2. On donne parfois à la diglossie en stylistique le sens de « progression égale et parfaite de deux langues » dans le cadre d’une seule oeuvre littéraire. A se rappeler le roman-épopée de L. Tolstoï Guerre et Paix .

Digression n. f. Du lat. digressio, digredi « s'éloigner ».

L'action que l'écrivain entreprend pour s'éloigner du sujet raconté, pour mettre en valeur une blague, un souvenir, etc. On dit souvent : se perdre dans les digressions; « un style plein de digressions ».

H. Morier marque que la digression peut répondre à plusieurs intentions : 1. elle distrait le lecteur d'un sujet trop aride ; 2. elle peut être une sorte de suspension destinée à faire languir le lecteur dans l'attente impatiente d'un bonheur ou d'un malheur prévu.

L'abondance des digressions ennuie le lecteur. Mais quelquefois dans le style oratoire la digression prépare le lecteur (l'auditoire) à mieux comprendre le sujet essentiel.

La digression, une fois acceptée comme moyen stylistique, est souvent placée après la narration, mais elle peut également se trouver avant, lorsqu'il est préférable de préparer les esprits à un exposé particulièrement délicat, - précise G. Molinié, p. 117.

Dans le roman de Denis Diderot Jacques le Fataliste l’auteur utilise abondamment la digression.



Diminution n. f. Du lat. diminutio : « réduction ».

Figure stylistique consistant dans l'emploi d'expressions au caractère affaibli. Voir sous litote.



Diminutif, ive adj. et n. De diminuer. Du lat. diminuare : «  mettre en morceaux, briser ».

  1. Mot ou élément de formation (d’ordinaire suffixe) qui convient à l’expression

de la petitesse souvent avec une nuance affective (hypocoristique ou péjorative).

On trouve chez les écrivains des XIXe et XXe siècles des créations aux suffixes diminuatifs comme :



  • et, - ette : républiquette ( J. Delteil) ; rapprocher : musique // musiquette ;

  • iule : ȇtricule (J. Audiberti) ; mondicule (J. Laforgue) ;

  • on : cygnon (R. De Gourmont), moustachon, salisson (R. Queneau).

On dit : suffixe diminutif. Subst. Un diminutif.

  1. Nom propre formé de la mȇme manière, indiquant de la familiarité, de

l’affection chez celui qui l’emploie. Pierrot Louison sont des diminutifs de Pierre et de Louise. Par ext. Se dit aussi de Jojo pour Georges, Riton pour Henri, etc.

Antonymes : augmentatif.

Voir sous péjoratif.

Diptyque n. m. Du lat. diptycha ; gr.diptukha : « tablettes pliées en deux ».

Se dit de toute oeuvre littéraire ou artistique en deux parties.



Direct (ordre ~) adj. Du lat. directus, dirigere ; diriger en ligne droite, sans détour. Voir sous inversion.

Dirhème n. m.

Phrase à deux membres où les deux termes ne sont pas encore soudés. Par ex. : Cet homme! un voleur!; ce chat! un bandit! Voir sous ellipse.



Discordance n. f. Du lat. discordare : « dissention ».

Si le décalage se fait par rapport à la césure (voir sous ce mot) apparaît la discordance qui est dite discordance interne, s’il concerne la fin du vers, elle est dite discordance externe.

On distingue trois phénomènes distincts de discordance :

l’enjambement, qui se répartit de manière à peu près égale de part et de l’autre de la limite métrique, et qui ne prétend pas à un effet autre que celui de ce dépassement :


  • enjambement interne : |- - - // - - -|

Par ex. : Errent, et sur les flots // tortueux et funèbres,

Leurs mâts de nuit, portant des voiles ténèbres,

Frissonnent éternellement. (V. Hugo)

  • enjambement externe : // - - - - -

Trois mille cent fois // par heure, la Seconde

Chuchotte : Souviens-toi ! // Rapide, avec sa voix

D’insecte, Maintenant // dit : Je suis Autrefois. (Ch. Baudelaire)
le rejet, qui place un groupe bref (généralement un mot) au-delà de la limite métrique qui est lié syntaxiquement à ce qui précède, et le met ainsi en hauteur :


  • rejet interne : - - - - - - - - - // - - -

Trois mille cent fois // par heure, la Seconde...

  • rejet externe : - - - - - - - - - // - - - - - - - - -

- - -

Ces globes, qu’en prison // Seigneur, vous transformâtes

Errant, et sur les flots tortueux et funèbres. (V. Hugo)
le contre-rejet, qui, à l’inverse, met en avant de la limite métrique un élément verbal bref, lié syntaxiquement à ce qui suit, et a par conséquant un effet de soulignement :


  • contre-rejet interne : - - - // - - - - - - - - -

Leurs mâts de nuit, portant // des voiles de ténèbres

  • contre-rejet externe : // - - -

- - - - - - - - - // - - - - - - - - -

Tu l’embrasses des yeux // et des bras, et ton coeur

Se distrait quelques fois // de sa propre rumeur (Ch. Baudelaire)

Aquien, Michèle, 1996, p. 51-52

Discours n. m. Du lat. discursus, de discurro: « courir, aller-venir ». Le mot est pris en deux sens:

1. dans son acception traditionnelle, en stylistique c'est un synonyme de harangue (voir sous ce mot) et il désigne le discours solennel prononcé par une personnalité ;

2. dans son acception de la linguistique moderne, le terme discours désigne tout énoncé supérieur à la phrase, considéré du point de vue des règles d'enchaînement des suites de phrases. La perspective de l'analyse de discours s'oppose donc à toute optique tendant à traiter la phrase comme unité linguistique terminale (J. Dubois, M. Giacomo et autres, Dictionnaire de linguistique, p. 156).

3. dans le sens de discours lyrique : en matière poétique on dit d’un récit littéraire qui traite d’un sujet en le développant d’une façon lyrique. Dans l’ancienne rhétorique c’est une suite des paroles ordonnées qui constituent un discours, un sermon. Les six parties traditionnelles du discours sont : exorde, proposition, narration, preuve, réfutation, péroraison. Voir sous ces mots.

4. dans le sens du discours emprunt d’emphase qui est encore nommé discours emphatique. Voir sous emphatique (accent ~)

5. sens général : Toute production langagière, orale ou écrite, parlant d’un certain sujet, présentant un sens et une unité.

Synonymes : apologie, éloge (voir sous ces mots), panégyrique.

Discours direct n. m. Du lat. discursus, de discurro : « courir, aller- venir », et direct.

En syntaxe, le mot discours est employé au sens du lat. oratio pour désigner la reproduction qu’on fait d’un énoncé prȇté à autrui, suivant que le sujet parlant en respecte la forme originale ; c’est le discours direct (oratio recto), cité après un verbe de parole : Au temps de juin, jadis, tu me disais :

« Si je savais, ami, si je savais

Que ma présence, un jour, dû te peser,

Avec mon pauvre coeur et ma triste pensée

Vers n’importe où, je partirais ». E. Verhaeren

Le discours direct devient indirect (oratio obliqua) quand le premier disparaît à la suite de la dépendance grammaticale de son propre énoncé :

Au temps de juin, jadis, tu me disais que tu ne savais que ma présence...

On appelle quelquefois discours direct libre le tour qui consiste dans une simple juxtaposition d’énoncés, avec éventuellemnt une variation modale : il viendrait demain, me disait- il.



Discours indirect n. m. Voir sous discours direct.

Discours indirect libre n. m. Voir sous discours direct.

Disjonction n. f. Du lat. disjunctio : « action de désunir ».

Figure au niveau syntaxique qui consiste à supprimer les particules auxiliaires, des outils de présentation des ensembles fonctionnels et syntagmatiques soit d'une phrase simple ou complexe.

Les paroles célèbres Veni, vidi, vici (Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu) par lesquelles César annonça au Sénat la rapidité de la victoire qu'il venait de remporter près de Zéla sur Pharnace, roi de Pont, constituent un meilleur exemple de disjonction.

La disjonction a été largement employée par les représentants du Classicisme (Je vois, je suis, je crois, je suis désabusée. - P. Corneille), mais de nos jours elle reste un moyen assez vivant (Ça les amuse de me voir comme ça... pris au piège, hagard, cafouilleux... Une distraction. C'est bien le genre de ces gens-là... - L.-F. Céline, Le Pont de Londres).

Synonyme : asyndète (voir sous ce mot).

Disposition n. f. En gr. taxis ; Du lat. dispositio : « ordre, rangement ».

Dans la rhétorique : c’est la deuxième partie de la rhétorique qui désigne la mise en ordre des arguments, d’où résulte l’organisation interne du discours, son plan.

A voir sous invention, élocution et action.

Dissonance n. f. Du lat. dissonantia : « désaccord ».

Figure au niveau phonétique qui consiste dans la réunion de sons dans un poème en vers ou dans un poème en prose dont la simultanéité ou la succession des rimes est désagréable, et mène à des rimes inexactes (partielles).


C'est à toi que j'écris, séduisante sanie,

Avec les mots du feu, les syllabes de l'eau,

Mais tu ne lis jamais que la stance silence,

Le clapotis du sec, des pierres et des os

M. Alyn


Dans l’exemple cité on pourrait mentionner le passage subit de l’état poétique, où tout paraît harmonieux, équilibré, à l'état prosaïque, où les choses ne sont que ce qu'elles sont. H. Morier fait des jugements très sérieux à propos de la dissonance. Voici ce qu'il dit :

Rien ne saurait mieux faire voir... que la poésie tisse des liens, titre les choses, dépeint un cosmos, et tend à la consonnance, à l'assonance, à l'unité des sons et des formes: rimes, strophes, refrains. Elle est avant tout ordinatrice. Elle est créatrice d'harmonie. Une poésie qui ne croit pas aux correspondances se renie elle-même.

Dissyllabe n. m. et adj. De di, et syllabe.

Se dit d’un mot, d’un vers de deux syllabes. On dit : un dissyllabe.

Voir sous alexandrin.

Distique n. m. Du gr. distikhon, de dis- et stikhos : « rangée, ligne, vers ».

Dans l'Antiquité un distique est une réunion d'un hexamètre et d'un pentamètre (voir sous ces mots).

Dans la poétique moderne un distique est un couple de deux vers qui se suivent et qui riment ensemble :
Ah! race d'Abel, ta charogne

Enregistrera le sol fumant!
Race de Caïn, ta besogne

N'est pas faite suffisamment;
Race d'Abel, voici ta honte:

Le fer est vaincu par l'épieu!
Race de Caïn, au ciel monte.

Et sur la terre jette Dieu!

Ch. Baudelaire

On ajoute quelquefois un distique dans le douzain (voir sous ce mot) soit après le

septième vers, soit à la fin.



Dit n. m. Parole.

Au Moyen Âge, synonyme de poème ou d'une petite pièce traitant d’un sujet familier ou d'actualité. Par ex.: le dit de l'Herberie, le dit de Pouille, le dit de Rutebeuf, etc. Le terme de la poétique russe сказ est synonyme du mot français dit, mais il a un emploi plus large. Voir A. Квятковский, 1966, p. 269-270.



Dithyrambe n. m. Du lat. dithyrambus, d’or. gr. « Poème lyrique »

1. Dans la poésie antique c’est un poème lyrique, à la louange de Dionysos. Au commencement les dithyrambes n’étaient que des chansons populaires, et plus tard ils étaient devenus de poèmes littéraires proches de l’ode et de l’hymne (voir sous ces mots).

2. Eloge enthousiaste, parfois jusqu’à l’emphase (voir sous ce mot).

Synonymes : ode, hymne, panégyrique. (Voir sous ces mots).

Antonyme : réquisitoire. (Voir sous ce mot).

Dithyrambique adj. Du lat. dithyrambicus, du gr. dithurambikos : « élogié ».

1. Qui appartient au dithyrambe : poème dithyrambique.

2. Sens courant : Qui exalte avec emphase. On dit : discours, paroles, articles dithyrambiques. S’exprimer en des termes dithyrambiques.

Divertissements verbaux n. m. pl. De divertir : « action de détourner »

Une distinction s’impose entre les jeux de mots (voir sous ce mot) et les divertissements verbaux : ainsi le calembour, la contrepèterie (voir sous ces mots) d’un côté et, de l’autre, le scribble ou le mot-le-plus-long (voir sous ces mots). Ces derniers sont des jeux de société fondés sur des tests d’aptitude verbale qui opposent deux adversaires ou deux équipes ou qui peuvent parfois être joués en solitaire comme dans les mots croisés. Ce sont des passe-temps, alors que les jeux de mots sont des modes spécifiques d’expression linguistique dont la fonction essentielle est d’exciter le rire, la dérision, la curiosité... (P. Guiraud, 1980, p.36).

Synonymes : scribble, mots-valises, mots croisés, le mot-le-plus-long.

Voir sous jeux de mots.



Dixain ou dizain n. m. Du lat. decem : « dix ». Prononcez : [di-zê].

Une strophe composée de dix vers. Tout poème qui ne contient plus de dix vers :




La Solitude

Que je trouve doux le ravage

De ces fiers torrents vagabonds,

Qui se précipitent par bonds

Dans ce vallon vert et sauvage!

Puis, glissant sous les arbrisseau,

Ainsi que des serpents sur l'herbe,

Se changent en plaisants ruisseaux,

Où quelque Naïade superbe

Règne comme en son lit natal.

Dessus un trône de cristal!..

M.-A. de Saint-Amant

Voir sous strophe.

Doïna n. f. Etymologie inconnue. D’autres étymologistes considère qu’elle est controversée : en lituanien « doiná », chanson populaire ; du lat. dolor : « douleur » ; en serbe « dvojnica » : flûte, instrument de musique traditionnel des bergers.

Genre du folklore et de la lyrique populaire roumaine qui exprime un sentiment profond de nostalgie (de dor – mot roumain presque intraductible), de mélancolie, d’amour, de révolte, etc.

Dans le plan musical la doïna est une chanson qui a à la base l’improvisation.

Comme genre doïna a été largement employée dans la poésie cultivée, « travaillée » comme celle de M. Eminescu, G. Coşbuc, St. O. Iosif et d’autres.



Double fatras n. m. Voir sous fatras.

Double rondeau n. m. Voir sous rondeau.

Douzain n. m. Du lat. duodecim ; gr. dôdeka : « douze ».

Une strophe composée de douze vers. Tout poème qui contient douze vers. Les strophes de plus de douze vers sont rares. La strophe du dizain se coupe diversement : c’est ordinairement la strophe de dix vers à laquelle on ajoute un distique (voir sous ce mot) soit après le septième vers, soit à la fin.


Modèle : FMMFMFFMFFM
Nous ne goûterons plus vôtre ombre,

Vieux pins, l’honneur de ces fôrets,

Vous n’entendrez plus nos secrets ;

Sous cette grotte humide et sombre

Nous ne chercherons plus le frais ;

Et, les soirs, au temple rustique

Quand la cloche mélancolique

Appellera tout le hameau,

Nous n’irons plus à la prière

Nous courber sur la simple pierre

Qui couvre un rustique tombeau.

  1. de Lamartine

Voir sous strophe.



Douzaines (aisses ~) n. f. Tirade, couplet d'une chanson de douze alexandrins. Voir sous alexandrin.

Dubitation n. f. Du lat. dubitatio, dubitare : « douter ».

Figure par laquelle l'écrivain feint d'hésiter sur la manière dont il doit interpréter ou juger de qch. La dubitation c'est le résultat de la recherche stylistique d'exprimer implicitement un sentiment caché, un fait cruel de la réalité, pour éviter toute grosssièreté ou malheur.

Synonyme : aporie.

Duratif,-ive adj. De durer, du lat. durare : « durcir ».


  1. On appelle quelquefois consonnes duratives (dans la stylistique phonétique), plus habituellement contenues, par opposition aux momentanées, celle dont l’émission comporte une durée appréciative.

  2. Aspect duratif, dit aussi cursif ou imperfectif est celui d’une action envisagée dans son développement et sa durée.

Durcissement n. m. De durcir, de dur. Du lat. durus : « rigide, solide ».

Le passage de la qualité de douce à la qualité de dure d’une consonne. C’est le processus inverse de la mouillure (voir sous ce mot).

Dureté n. f. De « dur », du lat. durus: « rigide, solide ».

La dureté comme la sécheresse, est un défaut de style. Voir sous sécheresse.



-E-
Le mot est une serrure, une clef.

Dans chaque mot règne une bonne

chaleur de pain, une belle et douce odeur de

chair, une poitrine, un souffle, un rire.

Paré Yvon


E atone (improprement appelé E muet).

L'E muet qui tantôt existe, tantôt ne se fait presque point sentir, s'il ne s'efface entièrement, - disait P. Valéry à propos de ce phénomène discutable. E muet est une variété de E ouvert inaccentué de sonorité en principe faible. E muet est un problème, parce que cette lettre, qui a correspondu autrefois à un son nettement prononcé, correspond aujourd'hui à une voyelle de timbre indécis, qui tantôt s'entend, tantôt reste imperceptible à l'oreille. Mais dans la poétique il joue un rôle considérable.

H. Morier, dans son étude consacrée à ce phénomène, distingue des valeurs temporelles et des valeurs esthétiques de E atone.



Valeurs temporelles de E atone. Suivant la durée et l'intensité de E atone, H. Morier le classe dans une échelle de six valeurs. Nous présentons les plus essentielles: E atone devenu sonore - cela n'arrive que lorsque le pronom personnel neutre le est accentué, soit à la forme impérative (Fais-le!) et dans les locutions où ce est inélidable (Sur ce, il partit! ou Ce faisant, il riait). En vers, E atone est de coupe lyrique entravé. Monstre, qu'a trop longtemps épargné le tonnerre... (J. Racine).

Valeurs esthétiques de E atone. E atone, suivant l'usage qu'en fait le poète et selon l'éclairage qu'il reçoit du contexte, voit mis en évidence tantôt l'un de ses aspects rythmiques, tantôt l'un de ses aspects phonétiques.

Aspects rythmiques. E atone exprime: la continuité, la douceur, la féminité, la volupté, la mollesse.
Le ciel est, par-dessus le toit,

Si bleu, si calme!

Un arbre, par-dessus le toit,

Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu 'on voit,

Doucement tinte.

Un oiseau sur l'arbre qu'on voit

Chante sa plainte.

P. Verlaine



Aspects phonétiques. Par sa faible intensité, E atone exprime : « l'air, la transparence, l'inconsistance ».

Elle jouait avec sa chatte,

Et c'était merveille de voir

La main blanche et la blanche patte

S'ébattre dans l'ombre du soir.

P. Verlaine

Par sa note (relativement) basse, E atone exprime la discrétion, le silence, le charme.
Pose l'oreille contre terre; elle chante, berger :

Si tu ne l'entends pas tu es un étranger.

F. Viélé-Griffin

Par son articulation labialisée, E atone exprime la tendresse, l'amour, l'amertume (cas rare).
Les chères mains qui furent miennes,

Toutes petites, toutes belles,

Après ces méprises mortelles

Et toutes ces choses païennes (...)

Les chères mains m'ouvrent les rêves.

P. Verlaine

Voir sous caduc.

Ecart sémantique n. m. De écarter : « séparer (les choses) ».

« Le langage poétique est ce qui fait le poète et non la mesure et la rime... Mais la partie la plus imporatnte et la plus difficile de la poésie, consiste à trouver des images qui peignent ce beau dont on veut parler : à être maître des expressions propres qui donnent une consistance sensible aux idées... » déclare l’Abbé du Bois (1670-1742) dans ses Réflexions critiques sur la poésie et la peinture (1718).

Le discours poétique obtient de la vivacité et de la grandeur grâce aux écarts sémantiques (les figures de pensée). L’écart est une relation entre un signifiant présent et un signifiant virtuel, qui manifeste l’écart entre le mot et son dérivé. La synecdoque (voir sous ce mot) voile ne signifie navire, en substituant la partie au tout, que parce qu’on peut la traduire par le signifiant plus direct navire (G. Genette, Figures, 1976). Toutes les figures sémantiques donnent des écarts.

Voir sous figure.



Ecart stylistique n. m. De écarter : « séparer ».

Fait du discours qui s’écarte d’une norme linguistique. L’emploi des figures de diction, de construction et de pensée mène toujours aux écarts comme faits de style.

Voir sous figure.

Ecphrasis n. m. Prononcez : [ekfrazis].

Etymologiquement l’ecphrasis signifie : description d’une oeuvre d’art. Il peut s’agir de la description d’un tableau mais aussi d’une oeuvre littéraire comme dans la nouvelle Le Poète Mistral d’Alphonse Daudet où est décrit le poème Calendal, de son ami Frédéric Mistral. Exemple :



« Calendal n’était qu’un pêcheur, l’amour en fait un héros... Pour gagner le coeur ; de sa mie, - la belle Estérelle, - il entreprend des choses miraculeuses, et les douze travaux d’Hercule ne sont rien à côté des siens.

Une fois, s’étant mis en tête d’être riche, il a inventé de formidables engins de pêche, et ramène au port tout le poisson de la mer. Une autre fois, c’est un terrible bandit des gorges d’Ollioules, le comte Sévéran, qu’il va relancer jusque dans son aire, parmi ses coupe-jarrets et ses concubines... Quel rude gars que ce petit Calendal ! » [...] , « Mais qu’importe Calendal, ce qui compte avant tout dans ce poème c’est la Provence, - la Provence de la mer, - la Provence de la montagne, - avec son histoire, ses moeurs, ses légendes, ses paysages, tout un peuple naïf et libre, tracez des chemins de fer, plantez des poteaux à télégraphes, chassez la langue provençale des écoles ! La Provence vivra éternellement dans Mireille et dans Calendal. »

(Alphonse Daudet, Les Lettres de mon moulin, extrait de la nouvelle Le poète Mistral)

Dans ce court extrait Alphonse Daudet nous décrit le poème de son ami Mistral. Daudet nous décrit Calendal au niveau du contenu (l’histoire de Calendal) mais aussi au niveau de la forme et du contexte culturel.

Écrit-parlé n. m. Nom composé.

Le terme écrit-parlé désigne le type de discours dans lequel le locuteur lit ou déclame un texte complètement rédigé par lui ou par un autre. L’écrit-parlé a ainsi ses propres règles qui le différencient des énoncés produits oralement, mais aussi des textes rédigés pour être lus par le destinataire et non transmis oralement (Jean Dubois, p. 175).

Les poètes utilisent largement ce type de discours.

Écriture n. f. De scripture, du lat. scriptura : « représentation de la parole et de la pensée par des signes ».


  1. L’écriture est une représentation de la langue parlée au moyen de signes

graphiques. La parole se déroule dans le temps et disparait, l’écriture a pour support l’espace qui la conserve.

Une étude de l’écriture doit se développer sur deux plans parallèles : d’une part une étude historique de l’écriture depuis son « invention » jusqu’à ses états actuels. D’autre part, une étude linguistique qui tente de dégager les règles de fonctionnement de l’écriture, ainsi que ses rapports avec la langue parlée.



L’écriture pictographique ou idéographique reproduit directement la pensée par des signes, dits idéogrammes. Les découvertes de A. Leroi-Gourhan dans le domaine de la pictographie sont vraiment convaincantes. A ces dessins, A. Leroi-Gourhan préfère donner le nom de mythogrammes.

Une écriture phonétique est un système de sygnes représentant les mots ou les sons par syllabes (écriture syllabique), soit par phonèmes isolés (écriture alphabétique). Elles se situent le plus souvent au terme d’une évolution qui, pour des raisons d’économie et de commodité, aboutit à noter certains sons, en tant que sons, à cȏté des idéogrammes, puis à ne noter que les sons.



  1. Manière d’écrire, de réaliser l’acte d’écrire dans un monde nouveau.

En 1953 Roland Barthes écrit un ouvrage «  de degré zéro de l’écriture suivi de Nouveau essais critiques ( - Paris : Editions du Seuil. 1953. – 190 p.) » où il pose dans un chapitre la question «  Qu’est- ce que l’écriture ? » ( p. 11- 17) et tâche de repondre à la question si « y a- t- il une écriture poétique ? » (p. 33- 40).

Selon la conception de Barthes « Langue et style sont des forces aveugles ; l’écriture

est un acte de solidarité historique. Langue et style sont des objets, l’écriture est une fonction : elle est le rapport entre la création et la société, elle est le langage littéraire transformé par sa distination sociale, elle est la forme saisie dans son intention humaine et liée ainsi aux grandes crises de l’Histoire » (p. 14).

Avec Barthes l’écriture devient un terme- pivot de la nouvelle pensée linguistique, stylistique, littéraire... Il dit : «  Placée au coeur de la problématique littéraire, qui ne commence qu’avec elle, l’écriture est donc essentiellement la morale de la forme, c’est le choix de l’aire sociale au sein de laquelle l’écrivain décide de situer la Nature de son langage » (p. 15).

Les études de Barthes qui suivent : Le plaisir du texte (Editions du Seuil, 1973), Roland Barthes par Roland Barthes (Editions du Seuil, 1975), Leçon (Editions du Seuil, 1978) n’ont qu’un but : élargir, approfondir, insister scientifiquement sur l’idée que l’écriture est une notion beaucoup plus vaste que celle de la littérature.

N. B. L’oeuvre de R. Barthes est traduit dans plus de vingt langues du monde. Ses «  Essais critiques (Editions du Seuil, 2005) », « Le plaisir du texte (Editions du Seuil, 1973) » grâce à leur profondeur et leur originalité sont recherchés par tout y compris dans la République Moldova.



Écriture artiste n. m. De scripture ; du lat. scriptura : « représentation de la parole par des signes », et artiste, du lat. médiév. et it. artista ; du lat. ars : « art ».

Création terminologique du célèbre duo d’écrivains français Edmond de Goncourt (1822-1896) et Jules de Goncourt (1830-1870).

À la fin du XIXe siècle, l'écrivain Remy de Gourmont écrivait à propos du style des Frères :

« La domination des Goncourt s’étendit plus loin que sur une école : hormis peut-être Villiers de l’Isle-Adam, il n’est aucun écrivain qui ne l’ait subie pendant vingt ans, de 1869 à 1889 : leur instrument de règne fut le style.

On leur attribue le mot, démonétisé depuis, d’écriture artiste; ils inventèrent du moins la chose et se firent ainsi des ennemis de tous ceux qui sont dénués de style personnel et naturellement des journalistes, qui rédigent en hâte, dont le métier pour ainsi dire est de ne pas « écrire ». Écrire, selon l’exemple des Goncourt, c’est forger des métaphores nouvelles, c’est n’ouvrir sa phrase qu’à des images inédites ou retravaillées, déformées par le passage forcé au laminoir du cerveau; c’est encore plusieurs choses, et d’abord c’est avoir un don particulier et une sensibilité spéciale. On peut cependant, par la volonté et par le travail, acquérir un style presque personnel en cultivant, selon sa direction naturelle, la faculté qu’a tout homme intelligent d’exprimer sa pensée au moyen de phrases. Trouver des phrases que nul n’a encore faites, en même temps claires, harmonieuses, justes, vivantes, émondées de tout parasitisme oratoire, de tout lieu commun, des phrases où les mots, même les plus ordinaires, prennent, comme les notes de musique, une valeur de position, des phrases un peu tourmentées, greffées adroitement de ces incidentes qui déconcertent, puis charment l’oreille et l’esprit lorsqu’on a saisi le ton et le mécanisme de l’accord, des phrases qui chantent, des phrases qui ont une odeur personnelle, des phrases qui se meuvent comme des êtres, oui, qui semblent vivre d’une vie délicieusement factice, comme des créations de magie.
Quand on a goûté à ce vin on ne veut plus boire l’ordinaire vinasse des bas littérateurs. »
Remy de Gourmont, La Revue des Revues, 1er août 1896; cité par Robert de Souza, «Revue de la Quinzaine : Journaux et revues», tome XIX, Mercure de France, septembre 1896, p. 553.

Voir sous le mot style.



Écriture graphique n. f. Voir sous graphique.

Écrivailler ou écrivasser v. intr. De écrivailleur, « écrivassier ».

Sens péj. Composer sur divers sujets et en divers genres (y compris poétiques) des écrits sans valeurs.



Écrivailleur n. m.

Création individuelle. C’est un mot-valise qui désigne un écrivain médiocre.

Voir sous écrivaineux.

Écrivaillon n. m.

Création individuelle ayant une connotation négative :

Voir sous écrivaineux et écrivanité.

Écrivaineux n. m. Dérivé péjoratif de écrivain.

La création a en outre pour conséquence la mise en évidence de l’adjectif vain. Un écrivain médiocre qui « écrit en vain ».

Voir sous écrivanité.

Écrivanité n. f.

C’est un néologisme d’auteur. Il se présente comme le dérivé normal d’écrivain à l’aide du suffixe de qualité –ité ; d’où « qualité, état de l’écrivain. » La présence de vanité n’est pas fortuite, si bien que le mot semble aussi un mot-valise (voir sous ce mot).



Moins âcres les uns pour les autres, toutefois, me semblent les écrivains, naguère enclins à s’exclure réciproquement de l’écrivanité (J. Audiberti).

Écrivassier n. m. De écrivain.

Homme ou femme (écrivassière) de lettres médiocre, aux activités dispersées ; plumitif.

Synonymes : gratte-papier (péj.), mauvais auteur, scribouillard, mauvais écrivain.

Cf. au russe : писака.



Écriveur n. m. Dérivé d’écrire.

Celui qui noircit du papier d’abondance, sans avoir un rapport à l’écriture comme telle. Cf. la célèbre opposition de Roland Barthes entre écrivains et écrivants. Le rêve du véritable écrivain (Baudelaire, Valéry) - à ne pas confondre avec les véritables écriveurs (Larousse, Saint Thomas), - est de ne plus écrire enfin ! (J. Audiberti)



Effet (~ de rupture) n. m. Du lat. effectus, de efficere : « réaliser, exécuter ».

On appelle ce procédé encore effet de surprise et il consiste dans l’emploi dans un contexte stylistique isomorphe d'un élément imprévisible, inattendu. Le contraste résultant de cette interférence est le stimulus stylistique (voir sous ce mot).



Effet stylistique n. m. Du lat. effectus, de efficere : « réaliser, exécuter ».

Riffaterre désigne ainsi toute structure linguistique d'un texte littéraire qui attire l'attention du lecteur. Le fait du style est constitué d'une structure linguistique restreinte (contexte) et d'un élément imprévisible qui vient rompre cette structure habituelle.


Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux

Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne.

G. Apollinaire

La répétition du mot brouillard, tout comme la position inhabituelle de lentement, sont imprévisibles pour le lecteur. Il y a alors une contrainte stylistique, qui a pour effet de ralentir la lecture et d'attirer l'attention sur le fait de style. Ce contraste n'est pas cependant une simple rupture ou une dissociation; il a aussi pour effet de créer de nouveaux rapports entre le contexte et l'élément imprévisible. Si l'on compare la position poétique de l'adverbe lentement à d'autres contextes déjà connus, alors l'effet stylistique devient indiscutable :
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique

Défilent lentement dans mon âme...

Ch. Baudelaire

Voir sous contexte.

Effiction n. f. Du lat. efftctio : « description de l'extérieur d'une personne ».

Caractéristique minutieuse d'une personne.

Voir sous le mot hypotypose.

Églogue n. f. Du lat. ecloga, du gr. eklogȇ : « choix ».

Dans la poétique traditionnelle il s’agit d’un petit poème pastoral ou champêtre.

Les églogues de Virgile, de Ronsard sont très connues dans le monde poétique.

Synonymes : bucolique, pastorale (voir sous ces mots), idylle.



Elégiaque (Poésie ~) adj. Du bas lat. elegiacos.

1. Propre à l’élégie : poèmes élégiaques.

2. Distique élégiaque : vers composé d’un hexamètre et d’un pentamètre.

3. Tonalité mélancolique : qui est triste et tendre de l’élégie.

On dit : accents élégiaques (d’un texte, d’un poème).

Elégie n. f. Du lat. elegia, gr. elegeia : « chant de deuil ».

Poème lyrique à rimes plates exprimant une plainte douloureuse des sentiments mélancoliques et nostalgiques.

Chez les Grecs et les Latins c’est une pièce en vers formée d’hexamètres et de pentamètres alternés. Voir sous ces mots.

L’élégie moderne a été créée dans la littérature française par Alphonse de Lamartine (1790-1869). Le maître de l’élégie roumaine est Mihai Eminescu (1850-1889). Nous y présentons quelques exemples d’élegies choisies.

Les critiques littéraires d’aujourd’hui considèrent « Le Pont Mirabeau » de G. Apollinaire comme une élégie moderne où il chante ses amours, sa nostalgie et ses aspirations. C’est le regret élégiaque non pas du temps, mais de l’amour lui- mȇme qui s’enfuit. C’est le rappel « romantique » d’une souffrance personnelle ( le poème date de 1912, époque de la rupture progressive avec la femme aimée) et, dans l’image de l’eau qui passe, le symbole d’une évanouissement nécessaire :

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé 
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

G. Apollinaire



Elevé (Style ~) adj. De é- et lever : « haut; mettre ou porter plus haut ».

Le style élevé se caractérise par des faits de lexique, de construction syntaxique, d'emploi de figures, d'organisation du développement, voire de sujet ou de matière traités, en tout point marqués par la hauteur et la profondeur des pensées, par la puissance et l'originalité des systèmes figurés ainsi que par leur tenue, par la rigueur et par l'ampleur de la modération des phrases. La pureté grammaticale et lexicale dans le style élevé y est pour beaucoup. C'est un langage trop élaboré.

Colette Stourdzé nous propose dans son article « Les niveaux de langue » un schéma qui nous aide à mieux comprendre la place du style élevé parmi les autres niveaux de langue.

Le style élevé fait part de la langue soignée, littéraire, c'est-à-dire de la langue élaborée. La notion du style élevé est encore étroitement liée aux problèmes de la composition et de l'abondance.

Georges Molinié remarque :

Une dernière question stylistique peut être soulevée à propos de l'élevé: c 'est son rapport avec l’ornement. En principe ce rapport est aussi nécessaire et copieux. Mais le sublime peut apparaître sans abondance d'ornement: il y a donc un problème. C'est à peu près le même risque de se poser avec l’élegance.


Langue contemporaine

Langue classique

Langue populaire

Bon usage

Langue littéraire







Langue fam.

Langue courante

Langue soignée







Parlée

Soignée










I N S T I N C T I V E É L A B O R É E
On finit ainsi par aborder les lisières d'une esthétique et les limites de la théorie hiérarchique: elle peut lasser ou étouffer... (p. 125).

L'expression style élevé qualifie également les oeuvres de ton et d'objet nettement nobles, grandioses, dignes de respect, d'une élégance incontestable.

Le style élevé s'oppose toujours au style bas (voir sous ce mot).

Antonyme : bas (style ~).



Élision n. f. Du lat. elisio: « proprement action d'écraser »; elidere: « écraser ».

L'élision est la supression d'une des voyelles finales A, E, I devant une initiale vocalique ou H muet. Ce phénomène est largement décrit dans des grammaires françaises et moins dans les traités de stylistique. La stylistique s'intéresse à l'élision et à ses valeurs surtout quand on étudie les niveaux de langue, le rapport du français populaire et du français familier avec la langue littéraire et le bon usage. Dans la langue populaire, par exemple, l'U de tu est fréquemment élidé. On a dit, tu t'rappelles p'tit ... Mais t'étais pas là, je crois...(H. Barbusse). L'élision est marquée par l'apostrophe:

1. dans les articles le, la (l'arbre, l'amour, etc.);

2. dans les pronoms je, me, te, se, le (atone), la (atone), que (j'ai, il n'arrête, je l'ai remarqué, etc.); les pronoms le, la n'admettent pas l'élision quand ils sont toniques. Fais-le aujourd'hui! Prends-la, ici!;

3. dans entre, élément d'un des cinq verbes: s'entr'aimer, entr'apercevoir, s'entr'appeler, s'entr'avenir, s'entr'égorger. Mais on écrit sans apostrophe: entre eux, entre amis, entre autres, etc.;

4. dans la langue écrite le groupe du type de Hegel, de Hugo, de Heredia ne donne lieu à l'élision. Dans la langue parlée l'usage est flottant.

Voir sous E atone et caduc.

Ellipse n. f. Du lat. ellipsis; gr. elleipsis : « manque, absence ».

Omission syntaxique d'un ou plusieurs mots que l'esprit supplie de façon plus ou moins spontanée, mais qui ne laisse nulle place à l’obscurité ou l'incertitude pour la compréhension. C'est ce que M. Cressot dans son ouvrage « Le style et ses techniques » appelle monorème. Volée, disparue, mon espérance! - une phrase qui veut dire (à peu près): « Ma grande et ferme espérance est disparue. » L'ellipse est le phénomène de la langue spontanée qui exprime par explosion subite le tourbillon des sentiments et à laquelle le poète ou l'écrivain recourt lorsqu'il est sous le coup d'une forte émotion. Par ex. :



Oh rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie! (P. Corneille).

On distingue :



1. ellipses de langue. Chacun son tour! A table! (Chacun doit agir à son tour; Il faut se mettre à table) ; Il lit un roman, elle le journal. Quelquefois les dictons et les proverbes français sont elliptiques. Vaincre ou mourir; pouvoir c'est vouloir, etc.;

2. ellipses poétiques ou individuelles. Eternité, néant, passé, sombres abîmes... (A. de Lamartine). On dit en faisant une analyse stylistique: les ellipses d'un récit; les ellipses de J. Prévert.

Synonymes : monorhème, dirhème.



Elliptique (Phrase ~, proposition ~) adj. Du lat. ellipticus, « ellipse ».

On qualifie d’incomplètes, d’inachevées ou d’élliptiques certaines phrases, propositions dans lesquelles il manque un ou plusieurs éléments.

Le personnage de la nouvelle « La ficelle » de Guy de Maupassant, en s’expliquant qu’il n’avait pas trouvé nul porte-monnaie, balbutiait des propositions elliptiques : Une ‘tite ficelle... une ‘tite ficelle... t’nez la voilà, m’sieu le maire (Maupassant).

Les phrases elliptiques sont caractéristiques pour les styles familier et populaire que les écrivains utilisent dans leurs oeuvres.

On dit : construction, proposition elliptique ; style elliptique.

Par ext. : Qui fait des ellipses, ne développe pas sa pensée.



Élocution n. f. En gr. lexis. Du lat. elocutio : « parole ».

  1. C’est la troisième partie de la rhétorique qui ne concerne pas la parole orale, mais la rédaction écrite du discours, son style. C’est ici que se placent les fameuses figures de style.

La première partie de la rhétorique c’est l’invention (voir sous ce mot) ; La

deuxième c’est la disposition (voir sous ce mot) et la quatrième c’est l’action (voir sous ce mot).

2. Manière de s’exprimer oralement, d’articuler et d’enchaîner les phrases.

On dit : élocution lente, rapide ; avoir un défaut d’élocution.

Synonymes : articulation, débit, parole.

Éloquence n. f. Du lat. eloquentia : « don de la parole  ; faciliter pour bien s'exprimer ».

L'éloquence peut être considérée une de partie de la rhétorique, définie comme la science de bien écrire, de bien parler, de bien s'exprimer.

Un hommage vibrant à ce terme appartient à Quintilien, que voici :

L'éloquence de sa nature est riche et pompeuse. Or, elle ne sera ni l'un ni l'autre, si nous l'enchaînons dans une multitude de syllogismes, d'épichérèmes et d'enthymèmes qui aient toujours même forme et même fin. Rampante, elle tombera dans le mépris; contrainte, loin de plaire, elle déplaira; trop uniforme et fatigante par la longueur et la sécheresse de ses raisonnements, elle causera de l'ennui et du dégoût. Qu 'elle prenne donc son cours non par des sentiers étroits, mais, pour ainsi parler, à travers champs, non comme ces eaux souterraines que l'on renferme dans les canaux, mais comme un grand fleuve dont le cours est toujours rapide. Si les passages lui sont fermés, qu 'elle sache se les ouvrir. Qu'y a-t-il de plus pitoyable que de s'attacher servilement aux règles? Cette proposition ou cette conclusion que l'on tire tantôt des contraires, tantôt des consécutions d’une chose, ne peut-elle pas s'exprimer noblement, s'amplifier, s'orner, se déguiser, se varier par une infinité de tours et de figures, en sorte qu'elle ait un air libre et naturel, qu'elle semble couleur de source, et n 'ait rien qui sente la contrainte de l'art? Quel orateur a jamais parlé le langage de la dialectique? Plus un endroit est naturellement dénué de grâces, plus il faut tâcher de lui en donner. L'orateur qui veut que sa manière d'argumenter ne soit pas suspecte doit cacher le piège sous des fleurs, et se souvenir qu'un auditeur ou un juge qui prend plaisir à ce qu'il entend est déjà à moitié gagné.

D'un point de vue plus large, l'éloquence est quelquefois distinguée, par un apparent paradoxe, de la technique prise en un sens restreint.

Les symbolistes étaient contre l'éloquence exagérée de la pensée poétique: Prends l'éloquence et tords-lui son cou. (P. Verlaine).

Embrassées (Rimes ~) adj.

Rimes masculines et féminines qui se succèdent dans l'ordre abba, cddc, etc. Voir sous rime.



Embrayeur n. m. De embrayer : « serrer la braie », et le suffixe -eur.

Mot ou morphème dont le sens varie avec la situation, le contexte (par ex. : je, papa, hier, ici, etc).

Selon la description des fonctions du langage, on réserve le nom embrayeur aux unités du code renvoyant obligatoirement au message. Sans en dresser la liste, R. Jakobson signale le pronom et les temps des verbes.

Synonymes : déictique, indicateur, indice de l’énonciation.



Émollient n. m. Du lat. emolliens, emollire : « qui relâche, qui rend mou ».

On désigne sous ce nom toute construction métaphorique ayant le but d'adoucir ou d'atténuer une idée, une nouvelle, une annonce. Comme si l'on..., ainsi dirais-je..., puis comment dirai-je..., etc. Le mot peut ȇtre confondu avec mouillure. Voir sous ce mot.



Émotion poétique n. f. De émotion, émouvoir d’apr. motion, mouvement et poétique.

État affectif, nettement prononcé :

« La poésie ne peut exister sans émotion » (P. Claudel).

Le peintre Degas s’essayait parfois à faire des poèmes. Il dit un jour à Mallarmé : « Votre métier est infernal. Je n’arrive pas à faire ce que je veux et pourtant, je suis plein d’idées... » Et Mallarmé lui répondit : « Ce n’est point avec des idées, mon cher Degas, que l’on fait des vers. C’est avec des mots. »

P. Valéry, qui rapporte ce mot de Mallarmé, vouait-il lui-même dans la poésie « un état émotif particulier », à la fois productif et réceptif, et d’autre part un art, une étrange industrie, dont l’objet est de reconstituer cette émotion que désigne le premier sens du mot, et celle « au moyen des artifices du langage » (Valéry, Propos sur la poésie, variété, dans Oeuvres, Gallimard, 1957, p. 1324. Cité d’après Fontaine, 1996, p. 75).

La fameuse boutade de Jean Cocteau « On ne se consacre pas à la poésie, on s’y sacrifie. » est le résultat de l’affection de l’auteur à l’égard de la poésie.



Emphase n. f. Du lat. emphasis : « montée ; expressivité ; force expressive ».

L’emphase renforce l'expression pour lui donner plus de vivacité, pour faire que les mots reçoivent des connotations supplémentaires assez souvent individuelles.

Par extension, l'emphase désigne encore une exagération parfois dotation négative, dans la manifestation des sentiments : éxagération pompeuse dans le ton, les termes employés, les manières.

Les stylistes sont d'accord qu'il est presque impossible d'être grave, ample, solennel, admirable et de ne pas tomber dans l'emphase.

On peut aussi mettre l'emphase en relation avec la question des passions des personnages, alors l'emphase devient inévitable.

Antonymes : simplicité, exténuation (voir sous ces mots).

Synonyme : grandiloquence, affection (voir sous ce mot).

Emphatique (Accent ~) adj. Du gr. emphatikos : « plein de déclara­tions; pompeux ».

Autre appelation de l'accent affectif (voir sous affectif). On l'ap­pelle encore accent pathétique.

Dans les langues sémantiques, qualité d’une articulation caractérisée par une action de la langue contre le palais mou combinée avec un rétrécissement de l’ouverture des cordes vocales, qui confère à certaines consonnes une sonorité particulière.

Appliqué à l’énoncé, le mot qualifie tout mode d’expression qui comporte une intensité notable ou une certaine grandiloquence : pluriel emphatique, tour emphatique...

Un discours empreint d’emphase est un discours emphatique.

Synonymes : ampoulé, pompeux.



Énallage n. f. Du gr. enallage : « changement ».

Figure de grammaire qui consiste :

1. dans la substitution d'un mode à un autre : c'est par énallage que l'indicatif est remplacé par l'infinitif introduit par de. Ainsi dit le renard, et flatteur d'applaudir (La Fontaine) ;

2. dans la substitution du présent dit historique, dans un contexte qui exige le temps passé. - Dis-moi plutôt ce que le noble vieillard te racontait. - Pas de grands secrets... Simplement, l'homme était à Paris pour des recherches quand la guerre a éclaté. Les Allemands arrivent, une année se passe. Mais une fois la campagne contre la Russie déclanchée, ils le découvrent, ils veulent l'embaucher. Lui a refusé catégoriquement. (Cogniot);

3.dans la substitution du futur simple ou du futur immédiat par le présent pour désigner une action future. Il

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