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Initiation à la recherche juin 2006


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2.Une création collaborative de l’information

L’une des principales caractéristiques de ces outils, c’est leur dimension collaborative. Les wikis ont été conçus pour le travail collaboratif et les blogs, par leur structure, amènent à la création de communautés. Ils modifient les schémas traditionnels de création de l’information.



2.1.Collaboration : mode d’emploi



Le wiki a été pensé pour la collaboration. L’applicatif est localisé directement sur le serveur. Les wikis permettent des modifications simultanées d’un même document et l’accès à des informations structurées sous forme de pages web inter-reliées. A la différence des suites bureautiques ou de certains espaces collaboratifs, les wikis permettent de travailler à plusieurs simultanément sur plusieurs parties de documents (pourvu que le moteur de recherche le gère comme PHP Wiki). Cet outil est également particulièrement réactif et se caractérise par une mise à jour en temps réel via une coopération instantanée. Autre avantage, l’archivage des versions successives ce qui permet revenir à une version précédente en cas d’erreur.
Les blogs permettent aussi la collaboration. En effet, à chaque billet est associée la possibilité d’ajouter un commentaire. Comme le fait remarquer Angélina Garreau, « le blog se différencie de ce dernier [le wiki] par le fait que tous les bloggeurs ne sont pas égaux sur un blog ». Un blog comporte un auteur responsable du blog, seul habilité à modifier le contenu de son blog. Il est à la fois auteur et éditeur. « Les commentaires laissés par les bloggeurs sont, aussi, soumis au jugement du responsable du blog qui choisit seul de les conserver ou de les supprimer. Ce dernier peut aussi choisir de « promouvoir » d’autres bloggeurs au rang de « rédacteurs », ceux-ci bénéficiant, alors des mêmes droits que lui. Dans ce cas, le blog prend alors une dimension collective ». Ces différences éditoriales se reflètent dans la structure des deux outils. Le wiki est le royaume du désordre, de l‘inachevé. Il n’y a pas de structure a priori car son corps se construit au fur et à mesure. On peut trouver des informations redondantes ou contradictoires, des sujets détaillés ou des pages vides… Les wikis correspondent bien aux environnements en transformation continuelle et représentent un creuset idéal pour créer un brouillon créatif. Alors que « le blog laisse à l’auteur un contrôle total de la ligne éditoriale, l’unicité de la source favorisant la cohérence de l’ensemble ».
En fait, l’aspect collaboratif se situe à deux niveaux différents entre les wikis et les blogs. La création de l'information est encouragée par sa dimension sociale à travers l'inscription de la production d'information dans une communauté, autour d'un sujet pour certaines plate-formes de blog, plus direct dans la participation à un wiki. La communauté se structure au sein d’un wiki (par exemple, on parle des wikipédiens pour désigner les collaborateurs de Wikipédia) alors que pour les blogs, elle est plus large.
La collaboration s’appuie sur un réseau de blogs interconnectés. Ainsi, dans un blog, associé au billet, on trouve un lien permanent (Permanent link ou Permalink), c’est-à-dire techniquement une ancre. Il permet à une personne voulant signaler le billet de disposer d’un lien toujours valable (même quand le billet n’est plus en page d’accueil). Comme le fait remarquer Benoît Desavoye, « grâce aux Permalinks, les blogs contiennent en eux-mêmes un outil crucial pour créer de vastes communautés d’intérêts. Les liens multiples existants entre des nombreux blogs traitant de thèmes identiques ou proches constituant la « matérialisation » de l’existence de ces communautés ». L’interconnexion se traduit aussi par deux autres éléments associés au billet : le trackback (pratique de citation) et le blogroll. Le lien trackback ouvre une fenêtre qui affiche le billet ou l’article commentés. Il s’agit donc de citer une source pour la commenter. Ce faisant, les bloggeurs deviennent des distributeurs de ce contenu et promeuvent les idées d’autres bloggeurs. Le blogroll est une liste de liens hypertextes vers d’autres blogs autour d’une même thématique. Il a engendré une nouvelle pratique, le blogrolling, qui consiste à aller d’un blog à l’autre en fonction de ses centres d’intérêts. Ainsi, la blogosphère serait « un ensemble de petits réseaux constitués de blogs qui se reconnaissent et se complètent les uns les autres » pour reprendre Angélina Garreau.


Le blogroll de Figoblog, blog bibliothéconomique.

La création d’information étant collective, on peut se demander comment ces communautés peuvent arriver à générer de l’information de qualité. Cette question n’est pas anodine car des problèmes sont apparus. Ainsi, Wikipédia a été touché par le scandale « Seigenthaler »12. Un article de Wikipédia impliquant faussement cette personne dans l’assassinat de John Kennedy a été laissé en ligne pendant plusieurs mois avant d’être dénoncée par l’incriminé dans le journal USA Today. Des blogs ont également diffusé des informations relevant de la diffamation. Cela pose les problèmes de règles de régulation et de la validation de l’information propres à ces outils et communautés. Avec ces outils, selon Gauthier Poupeau, on passe d’un modèle de validation a priori à un système de validation a posteriori13. Ainsi, « dans le schéma traditionnel, l’information est validée avant sa publication. Cette validation est effectuée par des comités de lecture ou par le seul fait qu’elle provient d’une source dont la légitimité n’est pas remise en cause : instances journalistiques dans le cadre des médias, institutions universitaires ou de recherche, ou chercheurs reconnus dans le cadre de la recherche ». Avec les nouveaux outils que sont les wikis et les blogs, ce schéma est modifié.


Dans les deux systèmes, on peut retrouver des chartes de bonne conduite, précisant les règles, que s’engagent à respecter les futurs contributeurs. Mais il y a aussi des règles propres à chaque outil. Pour éviter les erreurs et le vandalisme, les wikis s’appuient sur la sécurité en douceur. Elle dépend directement des liens sociaux de la communauté. En effet, théoriquement, tout le monde peut écrire sur un wiki, ce qui peut s’accompagner de vandalisme. Mais la facilité à vandaliser retire tout intérêt à le faire. En outre, la communauté veille grâce à la fonctionnalité « derniers changements » ou au flux RSS et peut vérifier et corriger toutes les pages modifiées. De plus, grâce à la facilité d’utilisation et d’écriture sur les wikis, tout le monde peut réparer une erreur (il s’agit d’un simple navigateur). L’historique permet non seulement de revenir à une version précédente mais aussi de visualiser les modifications, précisant le type d’intervention, la date et le pseudo de la personne responsable du changement. Les wikis proposent aussi des pages de discussion, qui permettent de régler les éventuels problèmes.
Enfin, comme le note Gauthier Poupeau, les administrateurs peuvent prendre la main. « Les administrateurs peuvent, si nécessaire, poser des bandeaux d’avertissement en tête des articles incriminés. Enfin, certaines pages sont protégées des vandalismes et seuls les administrateurs peuvent les modifier. Cette dernière précaution pourrait se généraliser, puisque Jimmy Wales a annoncé récemment la mise en place d’une version stable et fermée de Wikipédia rassemblant les entrées « mûres » ». Ce qui remet tout de même en cause un des critères fondamentaux de Wikipédia, à savoir la confiance, affirmé par le même Jimmy Wales dans une interview donnée à Slashdot en 2004 : « Fondamentalement, je pense que ce qui marche le mieux dans un Wiki, c’est d’avoir confiance dans la bonne conduite des participants, autant qu’il est possible ou tolérable, jusqu’au point où votre tête vous fera mal, jusqu’au point où vous serez littéralement effrayé de voir ce que certaines personnes pourraient être sur le point de détruire. Voilà ce qui marche le mieux. Les gens ne sont pas fondamentalement mauvais. Il faut un minimum d’arbitrage – très peu en fait – pour remédier efficacement au problème de ces minorités qui parfois voudraient faire s’interrompre une expérience communautaire ».
Le problème est différent dans le cas des blogs puisque l’auteur du blog en est également responsable et a la main sur sa gestion éditoriale. Les autres bloggeurs peuvent tout de même réagir par les commentaires et relever les éventuelles erreurs. Mais selon Benoît Desavoye, « l’organisation même des blogs crée des mécanismes vertueux valorisant la qualité des contenus produits par les bloggeurs » et ces mécanismes assurent cette qualité. C’est Sébastien Paquet, de l’Université de Montreal, cité par Benoît Desavoye, qui a bien démonté un des de ces mécanismes en expliquant comment les blogs « stimulent la qualité ». En effet, un bloggeur signale sur son blog, par des liens sélectionnés, les autres blogs ou sites jugés de qualité qui sont alors mis en avant. Ce système étant généralisé, il génère « un cercle vertueux à l’image de ce qui se produit dans la littérature universitaire : les articles les plus souvent cités sont les plus lus et donc les plus cités » pour reprendre Benoît Desavoye. Couplé à des moteurs de recherche comme Google, qui accordent le meilleur positionnement au pages les plus populaires, c’est-à-dire à celles vers lesquelles le plus grand nombre de liens pointent, ce phénomène est accentué. Ce mécanisme s’apparente en fait à un système de gestion de la réputation. De plus, le contenu d’un blog étant associé à un auteur et ces contenus étant consultables par les archives, le bloggeur, assimilé à son blog, peut construire sa réputation et la mettre en jeu. Guillaume cite ainsi Manue qui anime le Figoblog, dans un article de Biblio-Acid : « sur un blog, on n’a guère plus de crédibilité parce qu’on est Untel, de la société Machin. On obtient de la crédibilité par la constance (régularité des mises à jour), par le sérieux (vérifier ses sources, les citer) et par la communauté (Untel me cite, donc il m’accorde une forme de validation). L’anonymat n’entre pas vraiment en ligne de compte ; […] ce n’est ni une aide ni un obstacle dans la jungle des blogs. Par contre, c’est une garantie d’être jugé pour ce qu’on dit et pas pour ce qu’on est, ce qui parfois un grand atout ».
Le caractère collaboratif de ces outils amène donc des systèmes originaux de régulation et de nouveaux schémas de validation. Il entraîne également des modifications des notions d’auteur et de documents.


2.2.Le déplacement des notions d’auteur et de document



La notion d'auteur est ainsi remise en cause car les contributeurs sont multiples, les informations sont agrégées depuis différentes sources et le lecteur peut aussi intervenir dans le texte avec ses commentaires ou ses ajouts. Dans ce fonctionnement et si l'on suit la synthèse de M. Melot dans son ouvrage « Livre », le texte n'est jamais clos comme dans un livre. En plus d'être auteur, ils sont leur propre éditeur. En effet, l'utilisation de ces nouveaux outils transforme la fonction de l'auteur en lui permettant d’intervenir à toutes les étapes de conception et de diffusion des documents. L'auteur tend ainsi de plus en plus à assumer des tâches qui étaient auparavant dévolues à l'éditeur. De nouveaux modes de productions semblent émerger et ils modifient son rôle. Comme indiqué dans un article de « Livres Hebdo » du 21 avril 2006, l’édition s’intéresse de plus en plus aux blogs et le rapport blog/livre s’avère fécond (les wikis commencent à s’immiscer dans cette relation). Des blogs deviennent des livres ou servent à la rédaction de livres. Loïc Le Meur s’est ainsi servi d’un blog pour valider au fur et à mesure de son écriture son livre « Blog pour les pros » ce qui lui a permis de récolter de nombreux commentaires. Dans le même ordre d’idées, des livres peuvent être prolongés par des blogs ou des wikis (c’est par exemple le cas du livre « Les wikis », complété par le wiki leswikis.com). Dans la collaboration autour de contenu, il faut pouvoir accepter l'idée que ses idées pourront être modifiées voire supprimées, comme par exemple dans les wikis, ou reprises et critiquées comme dans le cas des rétroliens entre blogs.
Bien que les outils facilitent la création d'information sur internet, la production d'un document numérique nécessite selon R. T. Pédauque la maîtrise de connaissances qui n'est pas la même selon les individus. Mais cette difficulté est en partie contournée grâce à la possibilité de collaborer autour des contenus. La collaboration autour des contenus reprendrait et élargirait, selon H. Le Crosnier, la logique de programmation des logiciels libres. Chacun peut s'impliquer selon ses possibilités et ses compétences. Participer à une aventure collective devient plus important qu'appartenir à une communauté. On assiste donc à des phénomènes de spécialisation, chacun apportant sa pierre à l’édifice en fonction de ses compétences. Cette pratique se rapproche de l’intelligence collective14. Pierre Lévy définit l’intelligence collective comme une « intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences » (cité dans le wikibook "Le Nouveau pouvoir des internautes").  
Cette écriture à plusieurs mains pose également la question du statut de l’auteur d’un point de vue juridique. Le bloggeur rédacteur sur son blog est responsable éditorialement. Le blog présente un indéniable caractère et la loi sur la presse de 1881 s’applique donc. Il en va de même pour les commentaires postés par d’autres bloggeurs sur le blog. Le créateur-éditeur du blog pourra être tenu responsable car il assume de fait la fonction de directeur de la publication. « Quiconque édite, exerce un contrôle sur le contenu publié ou a pris l’initiative de créer un service dans lequel des contenus peuvent se placer pourra voir sa responsabilité engagée que ce soit à titre d’auteur ou de directeur de la publication ». Dans le cas où le blog a été créé par un mineur, les parents ou responsables légaux seront considérés comme responsable. Il en va de même pour les wikis. La question des droit d’auteur est réglée généralement par une licence qui fixe les usages autorisés. Il s’agit par exemple des licences Creative Commons inspirées des licences des logiciels libres et transposées en droit français depuis fin 2004. Les auteurs peuvent déterminer les usages parmi onze possibilités articulées autour de quatre pôles. Une béta version d’une Creative Common spécifique aux wikis a d’ailleurs été lancée.




Exemple d’une Creative Commons.

Mais comme le font remarquer H. Le Crosnier et R. T. Pédauque, nous assistons à un éclatement du document qui devient un rassemblement de plusieurs sources ou de fragments comme l’a fait remarquer Hervé Le Crosnier dans une conférence sur le web2.0. Cela fonctionne par un système de citations directes facilité par le copier/coller et, ou, par un lien renvoyant à la source originale. Le billet d'un blog ou la page d'un wiki peut être alors une synthèse plus ou moins élaborée d'informations piochées à différents endroits auxquelles s'ajoutent ou pas des réflexions personnelles. Hervé le Crosnier évoque la notion de web inscriptible : l'écrit devient le processus et non le produit. Ce qui tend à bouleverser la notion de document. Pour Sylvie Lainé-Cruzel, il faut distinguer document et ressource. Par exemple, un site Internet n’est pas un document mais une ressource car il ne constitue pas un objet stable et ne peut faire preuve. Elle décrit ainsi les ressources : « nous désignerons ainsi des informations construites dans une logique de médiation et d’usage (réception), évolutives (susceptibles d’être mises à jour), et éventuellement adaptables (personnalisables). Leur fonction est d’être utiles et rendre des services. Elles fournissent du renseignement (instantané) mais non de la preuve (au sens d’un témoignage historique ayant été préservé) ».

Toutes ces évolutions ont pour conséquence une information qui augmente sans cesse et de manière permanente. Selon Roger T. Pédauqe, nous connaissons une expension liée à la surdocumentation, par exemple des documents informels se trouvent diffusés et les documents numériques type fichiers sons ou images trouvent aussi davantage de place sur la web grâce à l'accessibilité financière et technique.  
Nous n'avons plus à faire à des documents stables et unifiés, ce qui implique des évolutions dans la structuration et l'accès à l'information. 

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