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Initiation à la recherche juin 2006


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Evolution de la structuration et de l'accès à l'information

L’essor de la création d’information par un nombre croissant d’internautes s’accompagne d’une autre évolution d’importance : la socialisation de l’indexation. Les internautes ont désormais la possibilité d’organiser librement leurs ressources en ligne à l’aide de mots-clés avec de surcroît la possibilité de rendre visibles cette organisation aux autres internautes. Comme pour la création de l’information, la facilité technique du processus a favorisé une appropriation et un usage des ces nouvelles fonctionnalités. Cette appropriation de l’indexation par l’internaute a eu des conséquences tant dans la structuration de l’information sur internet que dans son accès.




1.Evolution dans la structuration de l’information : socialisation de l'indexation


Pour permettre aux internautes de se repérer dans leurs propres données hébergées par des sites externes, il a été mis en place un processus simplifié de classement : les étiquettes ou tags pouvant être partagés ou pas avec les autres internautes. Quand les tags sont partagés voire créés de manière collaborative, ce processus est appelé folksonomie, mot-valise associant folk, le peuple, et taxonomie.

1.1.Evolution de l'indexation, aspects techniques

Auparavant l'internaute avait trois points d'accès essentiels et de stockage de ses ressources numériques en ligne : ses favoris, les listes de liens proposés par ceux-ci, les bases de données ou les moteurs de recherche. Le coeur du processus de folksonomie est de pouvoir organiser facilement et librement son internet. L’internaute peut marquer n'importe quel article, image, blog ou site avec les tags qu’il se choisit. C'est une manière de trier et de conserver ce qui l'intéresse sur le web. Au modèle des dossiers stockés sur son ordinateur, issus du classement physique des documents dans une armoire, le web a substitué très récemment l'attribution de mots-clés ou tags que l'on peut appliquer aisément à différents types de ressources : liens, mails, billets de son blog, textes, photos, sons,... Gmail (le webmail de Google) fut l'un des premiers à supprimer les dossiers au profit du « label », qui n’est rien d’autre qu’un tag. Il est d'ailleurs plus facile d'attribuer plusieurs étiquettes à un courriel contenant différents sujets que de le copier dans plusieurs dossiers. Cela correspond mieux à la logique hypertexte où il n’y a plus une seule manière d'organiser les ressources.15


La création et l'utilisation des tags se fait de manière simplifiée grâce à la combinaison des boutons sur son navigateur, de formulaires ou des menus intégrés au site utilisé. S'il on reprend l'exemple de Gmail ou de Writely (traitement de texte en ligne), il faut d'abord cocher le document à marquer puis utiliser le menu dédié aux étiquettes. Ce menu déroulant propose aussi directement la création d'un nouveau mot-clé. Une fois la manipulation terminée, le tag apparaît alors à côté du document. Il faut reproduire l'opération pour chaque tag. Les étiquettes s'enlèvent de la même manière. Nous pouvons ensuite filtrer l'affichage des documents à l'aide de celles-ci.
L'attribution des tags est un peu plus sophistiquée avec del.icio.us. Une fois que nous avons repéré un site intéressant, nous pouvons utiliser un bouton installé sur notre navigateur qui permet de basculer directement sur le formulaire del.icio.us ou copier puis coller l'url dans ce formulaire. Dans la plupart des cas le lien a déjà été enregistré par d'autres membres de la communauté del.ico.us et les tags déjà utilisés sont proposés, pour les prendre à son compte il suffit de cliquer dessus, ils s'ajoutent alors dans le champ tag du formulaire. D'un clic sur le bouton "save", le lien et les mots-clés sont mémorisés sur notre compte. Dans tous les cas et si l'url n'existe pas encore dans del.icio.us, il est toujours possible d'ajouter ses propres étiquettes. C'est un champ texte libre sur lequel il n'y a aucun contrôle. Cependant del.icio.us n'accepte pas les mots composés car l'espace est censé séparer deux tags différents. Cette limite est généralement contournée par l'usage de symboles typographiques comme le underscore _ . Le fonctionnement de del.icio.us est exemplaire du fonctionnement des tags : simplicité et transparence dans la mise en oeuvre, liberté d’ajouter ses propres mots et suggestion des étiquettes existantes.
Le système est assez similaire dans les blogs ou sur Flickr, l'auteur peut attribuer de manière libre un ou plusieurs tags à son texte ou sa photo. La modification, le changement ou la suppression des étiquettes se font de manière tout aussi simple grâce aux formulaires ou aux menus qui permettent d'accéder à ces fonctions. Cette fonctionnalité nouvelle a pour objectif de permettre une organisation intuitive et personnalisée des flots d'informations repérées sur les blogs ou sur tout site. Clay Shirky explique qu'un lien hypertexte pointe vers des informations et que le tag permet de nommer ce lien. C'est un moyen de rendre intelligible par l'homme les ressources électroniques.
Selon Joseph T. Tennis, de l’Université de Colombie Britannique (Vancouver, Canada), les usages du tag sont multiples, il en donne quelques exemples:

- identifier de quoi ou de qui il est question

- identifier le type et la nature des ressources

- organiser ses propres données

- identifier les qualités et les caractéristiques des ressources (drôle, effrayant,...)

- identifier des ressources pour son propre usage (mes notes, mes commentaires,...)



- organiser des tâches (veille, recherche d’emploi,...)
Cela recoupe l’utilisation que nous avons eue de notre compte del.icio.us. En effet une fois que le plan du mémoire a été élaboré, nous avons repris les ressources de nos tags principaux pour leur donner un nouveau tag soit partie_1 ou partie_2. Matt Locke, responsable innovation au département Nouveaux Médias de la BBC, repère en outre des motivations sociales du tagging, notamment attirer l’attention, jouer et être en compétition, faire son auto-présentation ainsi qu’exprimer une opinion.
Les internautes ne se contentent plus de créer de l'information comme nous l'avons montré en première partie, mais ils apportent eux-mêmes les métadonnées pour leurs contenus ou les contenus qu'ils ont repéré. La capacité d'indexation se déplace des professionnels vers l'usager. De cette manière, les internautes contrôlent eux-mêmes les mots-clés utilisés pour leurs données. Il s'agit de l'atout principal des tags : faire sens pour leurs utilisateurs.
L’appropriation et le déplacement de l’indexation vers l’utilisateur final constituent l’évolution majeure de l’émergence des tags et de la folksonomie. Selon différentes analyses rapportées par Jessica Dye dans son article sur les folksonomies dans « E-content Mag » d'avril 2oo6, les tags sont les premiers mots qui viennent à l'esprit dans un contexte donné. Il s'agirait de la manière dont vous voulez vous souvenir de l'information ou de la manière dont vous souhaiteriez découvrir ou rechercher la même information plus tard.
Devant la croissance très importante des données mises en ligne16 (textes, vidéos, photos, sons,...) les robots des moteurs de recherche semblent pour l'instant moins efficaces que les étiquettes et que les moteurs de recherche spécifiques. Ainsi Technorati peut référencer le billet d'un blog en quelques heures alors que cela prendra plusieurs jours pour Google. Cette réactivité provient aussi du fait que les logiciels de blogs ou les plate-formes sont capables d'envoyer un signal de mise à jour, nommé ping, à Technorati ou aux autres sites de référencement similaires.
L'inconvénient des tags c'est qu'il n'y a pas de hiérarchie et que les mots ou expressions sont au même niveau. Il y a aussi le problème de la synonymie, par exemple "java" peut désigner soit le langage informatique soit l'île. Selon Clay Shirky, cela ne gêne pas les internautes. Il avance même que pour certains les synonymes n'auraient pas le même sens : les internautes qui utilisent le tag "movie" n'utiliseront pas forcément "cinema" car pour eux cela n'a rien à voir et ils n'iront pas forcement regarder les ressources marquées avec le synonyme.
Il n’est pas non plus certain qu’un internaute utilise au cours du temps toujours les mêmes mots pour étiqueter le même type de ressource. Danah Boyd pose aussi une question sur l’éthique des tags. Elle pense qu’il y a des risques de marginalisation de certaines ressources et que cette exclusion pourrait se faire de manière informelle dans le fonctionnement des folksonomies. Comment fonctionnerait une homogénéisation des tags ? Quelles conséquences? Cela peut-il blesser des gens ?17
Les fermes à wikis ou les logiciels de wiki s'adaptent aux tags : par exemple la ferme Metawiki, dans laquelle nous avons travaillé une partie du temps pour notre mémoire, a développé une navigation par tags. Enfin nous risquons à terme d'être noyés sous l'accroissement exponentiel des tags. Technorati s'oriente d'ailleurs vers le tagging du blog plutôt que de l'ensemble des billets. del.icio.us et Flickr ont mis en place les « bundles » ou « clusters » afin de regrouper les tags selon une thématique plus large.
Le tagging se caractérise par la combinaison d’un usage personnel et d’un usage utile à la communauté à laquelle s’ajoute souplesse et réactivité face aux changements. L'individu fait ainsi évoluer ses propres étiquettes selon l'évolution de sa connaissance dans un domaine ou selon l'évolution de ses besoins. En outre, l'action d'attribuer des mots-clés s'affine et change en fonction des mots utilisés par la communauté.
C'est cette socialisation de l'indexation et le changement dans la structuration des ressources en ligne que nous allons analyser maintenant.

1.2.Evolution dans l'indexation, aspects sociaux : la folksonomie

Dans son article Order out of chaos (Wired 13 avril 2005), Bruce Sterling confirme que l'essor des folksonomies est possible grâce une évolution technique, la capacité des machines à automatiser une partie des opérations de classification qui contribuent à l'évolution des usages sociaux, permettant ainsi aux utilisateurs de classer sans grand effort.


Si la folksonomie découle essentiellement de la possibilité d'attribuer des mots-clés sans système hiérarchique, elle prend toute sa dimension grâce à l'étiquetage collaboratif et au partage de ces métadonnées18. Du fait que les internautes stockent de manière délocalisée ces informations, cela facilite la mise en commun des ressources et l'échange autour des contenus, qu'ils soient sur le site lui-même ou qu'ils soient sur un autre site web en suivant un lien hypertexte.
Il s’agit bien d’une évolution importante et inattendue : non contents de créer de l’information, les internautes créent leurs propres métadonnées et collaborent pour les développer.
Le blog Yoono définit la folksonomie comme "un moyen de catégoriser l’information de manière collaborative et décentralisée. Chaque participant catégorise l’information qui l’intéresse selon son propre point de vue et accepte de partager son classement avec les autres utilisateurs." (extrait du billet "Tagging is folksonomy but folksonomy is not tagging !": http://blog.yoono.com/blog/?p=21)
Jessica Dye explique qu'à la logique des métadonnées destinées aux robots-logiciels des moteurs de recherche se substitue la logique des folksonomies destinées aux cerveaux des êtres humains.
Dans la conclusion de son étude sur les folkonomies, Adam Mathes (traduit par Cyril Fiévet sur Internet Actu) évoque ainsi cette évolution :

"La liberté apportée par les tags encourage les utilisateurs à organiser l’information à leur manière, en l’adaptant à leurs besoins et à leur vocabulaire. […] La constitution d’un ensemble de meta-données, relevant jadis d’une activité isolée et professionnelle, s’est transformée en une démarche partagée impliquant des utilisateurs actifs et communicants entre eux". En conséquence l'organisation et l'indexation des informations ne se font plus à priori par des éditeurs, des professionnels ou des institutions établies mais à postériori par les usagers finaux.


Grâce à la simplicité technique de la création des tags décrite plus haut qui permet une appropriation rapide du processus, la folksonomie séduit car elle s'adapte aux besoins de chacun. Cela correspond à la logique d’une offre de services de plus en plus centrée sur l’utilisateur : dossiers Mes documents ou Ma musique sur son ordinateur personnel, Mon Yahoo! ou Ma page personnel de démarragesur internet type Netvibes,...
La folksonomie se répand rapidement grâce à sa dimension sociale qui ne laisse pas l'internaute seul face à l'étiquetage. Dans la plupart des cas, l'information a déjà été mémorisée par d'autres et cela permet de ne pas être seul à choisir les tags et d'adopter simplement des mots-clés déjà utilisés. Cela assure d'ailleurs la possibilité de retrouver d'autres informations similaires.
En outre la dimension sociale des tags autorise une évolution selon les besoins, alors que les classifications établies par des professionnels sont plus longues à changer (note de Clay Shirky sur la folksonomie). Les folksonomies sont d'autant plus efficaces que les internautes sont nombreux à avoir tagué la même référence. Le point de vue sur une même information s'affine grâce à la multiplicité des points de vue.
J. Dye ajoute à ce processus une dimension plus cognitive liée au fait que les métadonnées suggérées permettent parfois d'obtenir une vision plus large que la sienne grâce à la multiplicité des points de vue offerte par la multiplicité des mots-clés. De cette manière, nous appréhendons les modes de penser et les idées des autres internautes présents sur un site.
Parmi les approches critiques, Stephen Lee dans son blog Guten Tag décrit le tag comme "le web sémantique du pauvre, suffisant pour créer des connexions intéressantes entre les différents contenus de la toile". Ellysa Kroski, reference librarian à l’Université de Columbia et consultante, ajoute dans son blog InfoTangle que les folksonomies sont imprécises dans leur utilisation, l'étiquette est soit trop précise, soit trop large. Créée par un internaute, l'étiquette ne serait compréhensible que par celui-ci. Il y a par ailleurs la difficulté de fixer entre les usagers la définition univoque d'un mot. Enfin l'utilisation trop importante des synonymes ne permettrait pas une vue d'ensemble sur un sujet.19
Nova Spivack trace des perspectives positives à la folksonomie. Selon lui, une combinaison des informations interconnectées sur internet, du websemantique et des réseaux sociaux pourraient faire advenir ce qu'il appelle le Metaweb. Celui-ci mettra en relation les intelligences et accroîtra la possibilité pour l'internaute d'accéder à des ressources pertinentes.


Diagramme du Métaweb
Dans le même esprit, Pierre Lévy présentait lors d'une conférence à l'ENS-LSH en mai 2OO6, l'IEML, un métalangage qui est l'aboutissement de plusieurs années de recherche. Dépassant tous les problèmes de langue et les limites des ontologies, ce métalangage aurait pour fonction d'automatiser l'échange des métadonnés grâce à une grammaire simplifiée. Celle-ci serait ainsi compréhensible et utilisable tant par les machines que par les humaines.
La classification humaine restera selon J. Dye toujours meilleure que celles des machines ou des logiciels. Les folksonomies commencent à jouer un rôle non négligeable dans l'accès à l'information comme nous allons l’analyser maintenant.

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