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A. Boulenger, (chanoine honoraire d’Arras)


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8ème LEÇON

Les œuvres de Dieu (suite)

Le Monde. L’Homme.



I) Origine du monde et des êtres vivants

A) D’après la foi

    1. source de son enseignement

    2. ses affirmations dogmatiques

B) D’après la science

  1. certitudes

  2. hypothèses

    1. Formation du monde. Hypothèse de Laplace

    2. Origine des êtres vivants

      • transformisme absolu

      • transformisme mitigé

  1. Pas de conflit entre :

    1. les affirmations de la foi

    2. et les certitudes de la science


II) L’homme

A) Origine

  1. hypothèses

    1. Matérialistes

    2. Evolutionnistes

  2. Doctrine catholique

B) Nature

  1. corps

  2. âme

    1. existence

      • adversaires

      • preuves

      • objections

2. Spiritualité

    1. Facultés

      • raison

      • volonté libre

      • écriture sainte

    2. Immortalité

      • écriture sainte

      • raison

      • consentement universel

C) Unité de l’espèce humaine

  1. erreurs

  2. doctrine catholique

D) Antiquité de l’homme

  1. d’après la Foi

  2. d’après la Science


53. Mots.
Homme. Créature composée d'un corps et d’une âme raisonnable. Ainsi l’homme tient le milieu entre l’ange et l’animal. Il se distingue de l'ange parce qu’il a un corps tandis que l’ange n’en a pas. Et ce qui le met au dessus de l’animal, c’est sa raison qui le rend capable de juger, de raisonner, de discerner le bien du mal, alors que l'animal n'est guidé que par son instinct.

Corps. Ensemble des organes d'un être animé. Nous pouvons voir et toucher un corps.

Âme. Esprit immortel, destiné à être uni à un corps : a) L'âme est esprit : elle n'a rien de matériel comme le corps; on ne peut la voir, ni la toucher, ni la diviser. b) L'âme est un esprit immortel, c’est-à-dire qui a eu un commencement et ne doit pas avoir de fin. Ne pas confondre immortel avec éternel (qui n'a eu ni commencement ni fin). Dieu seul est éternel. c) L'âme est un esprit destiné à être uni à un corps. Par là l'homme diffère de l'ange. Dieu a fait l'homme à son image. Cette expression signifie que l'homme a une âme qui est « esprit » comme Dieu. Mais il est clair que la ressemblance n'est pas entière. Les qualités de l'âme humaine sont bornées ; celles de Dieu sont infinies.
DÉVELOPPEMENT
54. I. Les Oeuvres de Dieu.
Nous avons vu dans la leçon précédente que les oeuvres de Dieu sont de deux sortes : les créatures spirituelles c’est-à-dire les anges, et les créatures corporelles, c’est-à-dire le monde. Après avoir parlé des anges, la question qui se pose est donc celle de l'origine du monde. Mais le mot monde étant un terme général, il y a lieu de subdiviser la question et de considérer l'univers, tout d'abord dans son ensemble, puis plus particulièrement au point de vue de la Terre que nous habitons et des êtres vivants qui la peuplent. Parmi ces derniers, enfin, notre étude devra porter plus spécialement sur l'homme, sur son origine, sa nature et sa destinée. Sur chaque point il nous faudra rechercher quels sont les enseignements de la foi catholique d'une part, et ceux de la science d'autre part. La comparaison entre les deux nous permettra de voir s'il y a conflit entre les affirmations dogmatiques25 de la première et les conclusions certaines de la seconde.
55. II. Origine du monde d'après la Foi.
Remarque préliminaire. Il importe de remarquer, pour qu'il n'y ait pas de malentendu, que l'expression origine du monde peut être prise dans deux sens différents. Elle désigne tantôt l'origine de la matière qui compose le monde, et tantôt la formation ou organisation du monde tel que nous le voyons, avec l'ordre et l'harmonie qui y règnent. Il nous faudra donc fixer l'enseignement de l'Église à ce double point de vue. Avant de le faire, nous citerons la source à laquelle l'Église a puisé sa doctrine, c’est-à-dire le premier chapitre de la Genèse et les trois premiers versets du second.
1° Le récit mosaïque sur l'origine du monde.
Genèse chap. I 1) Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. 2) La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l'abîme. 3) Dieu dit: « Que la lumière soit ! » et la lumière fut. 4) Puis il sépara la lumière d'avec les ténèbres. 5) Il appela 1a lumière jour et les ténèbres nuit. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.
6) Dieu dit : « Qu'il y ait un firmament au milieu des eaux. » 7) Et il fit le firmament... 8) Et le nomma ciel. Et il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le deuxième jour.
9) Dieu dit : « Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu et que l'élément aride paraisse. » 10) Il appela l'aride, terre, et mer, l'amas des eaux, et il vit que cela était bon. 11) Et il dit : « Que la terre fasse pousser du gazon, des herbes portant semence, des arbres à fruits produisant selon leur espèce, du fruit ... » 12) Et la terre fit sortir du gazon, des herbes portant semence, selon leur espèce ... et Dieu vit que cela était bon. 13) Et il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.
14) Dieu dit : « Qu'il y ait des luminaires dans le firmament pour séparer le jour et la nuit et qu’ils soient des signes pour marquer le temps, et les saisons, les jours et les années, 15) et servent de luminaires pour éclairer la terre. » 16) Et Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand pour présider au jour le plus petit pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles... et Dieu vit que c’était bon. 19) Et il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.
20) Dieu dit : « Que les eaux foisonnent d'une multitude d'êtres animés et que les oiseaux volent sur la terre. » 21) Et il créa les grands poissons et les animaux dont fourmillent les eaux, et tout volatile ailé selon son espèce... et il vit que cela était bon. 23) Et il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le cinquième jour.
24) Dieu dit aussi: « Que la terre produise des êtres animés selon leur espèce, les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes de la terre selon leur espèce... »
26) Puis Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance et qu'il commande aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, aux animaux domestiques, à toute la terre, et à tous les reptiles qui rampent sur la terre. » 27) Et Dieu créa l'homme à son image... 31) Et il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour. »
Chapitre II 1) « Ainsi furent achevés le ciel et la terre. 2) Puis Dieu se reposa le septième jour. 3) Et il bénit ce jour et le sanctifia, parce que ce jour-là il s'était reposé de toute l’œuvre qu'il avait créée. »
Il est facile de discerner dans le récit mosaïque deux éléments de caractère différent : l'élément théologique et l'élément scientifique.
A.ÉLÉMENT THÉOLOGIQUE. Il ne fait pas de doute que l'élément essentiel du récit mosaïque soit l'élément théologique, dogmatique et moral.
1. Au point de vue dogmatique, le but poursuivi par l’écrivain sacré était certainement d'inculquer à son peuple l'idée de création, de lui enseigner qu'un Dieu unique a créé l'univers, le ciel et la terre, au commencement des temps, qu'il n'y a rien qui ne soit son oeuvre, et que cette oeuvre est bonne et doit inspirer à l'homme des sentiments de gratitude, d'autant plus grands que Dieu l'a fait le roi de la création.

2. Au point de vue moral, l'auteur sacré tire les conclusions de l'enseignement dogmatique : il proclame l'obligation du culte et la manière de le rendre. Le Créateur, et le Créateur seul, a droit au culte des créatures. Les Hébreux ne doivent donc pas imiter les nations polythéistes et idolâtres qui adorent plusieurs dieux, qui adorent même des êtres créés, des plantes et des animaux. Mais comment rendre le culte à Jéhovah ? Par la sanctification du sabbat. À l'instar de la semaine divine, la semaine de l'homme doit se diviser en deux parts : six jours de travail et un jour de repos. Et ce jour de repos ou sabbat doit être consacré au Créateur.
B. ÉLÉMENT SCIENTIFIQUE. Mais l'élément religieux, qui est pourtant le point central du récit mosaïque, se trouve pour ainsi dire absorbé par l'élément scientifique. Non seulement l'écrivain sacré tranche la question de l'origine de la matière en affirmant le fait de la création, mais il paraît même enseigner une cosmo­gonie (grec, kosmos, monde, gonos, génération) c’est-à-dire une histoire de la forma­tion du monde. Nous pénétrons donc ici sur le domaine de la science, et la question qui se pose tout naturellement est de savoir quelle valeur a la cosmogonie mosaïque. Est elle conforme à la réalité, ou du moins aux données certaines de la science moderne ? Et si elle ne l'est pas, faut-il conclure que l'écrivain inspiré ait fait erreur ? Pour résoudre cette difficulté, il suffit d'appliquer un principe d'exégèse formulé depuis longtemps par saint Augustin. Ce grand Docteur enseignait déjà en effet que « l'écrivain sacré n'a pas voulu apprendre aux hommes les vérités concernant la constitution intime des choses visibles parce qu'elles ne devaient servir de rien pour leur salut. » C'est ce principe que Léon XIII rappelait aux exégètes dans son Encyclique Providentissimus. « Les écrivains sacrés, y est-il dit, peu préoccupés de pénétrer les secrets de la nature, décrivent et expriment quelquefois les choses ou avec des métaphores, ou selon le langage usuel de leur temps, analogue à celui qui a cours aujourd'hui dans la vie ordinaire pour beaucoup de choses, même entre les hommes les plus instruits. » Et c'est toujours le même principe que nous retrouvons dans la 7e réponse de la Commission biblique du 30 juin 1909, qui déclare que dans l'interprétation du premier chapitre de la Genèse « on ne doit pas toujours rechercher exactement la propriété du langage scientifique », l'auteur sacré « ne s'étant pas proposé d'enseigner scientifiquement la constitution intime des choses visibles et l'ordre complet de la création, mais plutôt de donner à ses nationaux une connais­sance populaire, suivant que le comportait le langage vulgaire de l'époque et adaptée aux idées et à la capacité intellectuelle des contemporains. »
Conclusion. Le récit mosaïque de la création doit donc être considéré, non comme une cosmogonie scientifique, mais comme un récit historique populaire de nos origines. Et par récit populaire il faut entendre tout récit où l'historien n'écrit pas l'histoire pour l'histoire, avec la précision rigoureuse d'un historien moderne, mais où il se borne à un choix de faits approprié au but qu'il poursuit. Or, dans le cas présent, l'inspiration qui a guidé l'écrivain sacré l'a poussé à donner un enseignement reli­gieux, et rien de plus. Il arrive, il est vrai, que celui-ci se trouve encadré dans un élément scientifique. Mais l'élément scientifique ne rentrant pas dans le but de l'auteur, il est tout naturel que ce dernier parle la langue de ses contemporains, et traite des phénomènes de la nature selon les apparences et avec une science qui ne dépasse pas celle de son époque.
2° Les affirmations dogmatiques de la Foi. Voici maintenant les enseignements que l'Église a tirés du récit mosaïque.
A. Sur la question de L’ORIGINE DU MONDE, l'Église a emprunté à l'élément théologique du récit, les dogmes, a) de la création de l'univers considéré dans son ensemble et au point de vue de la matière qui le compose ; b) de la création, soit directe soit indirecte, des êtres vivants et c) de la création spéciale de l'homme.
B. Sur la question de la FORMATION DU MONDE, l'Église, considérant le récit mosaïque comme fin récit populaire n'ayant aucune prétention scientifique, n'a jamais formulé d'enseigne­ment officiel à ce sujet. Elle estime que la question n'est pas de son res­sort, et elle l'abandonne à la recherche des savants. Donc, encore une fois, ni sur le mode de formation du monde et de la Terre, ni sur l'époque où remonte la création, la Foi catholique n'impose de dogmes.


56. III. Origine du monde et des êtres vivants d'après la Science.
État de la question. Le problème de l'origine de la matière étant insoluble par l'observation, la science positive sérieuse ne dit rien à ce sujet. Elle ignore la question ou du moins elle la laisse de côté. Seule, la philosophie matérialiste, dans le but de se passer de Dieu, suppose que la matière est éternelle ; mais c'est là une assertion qu'elle est bien incapable de démontrer expérimentalement. Les vrais savants, dignes de ce nom, ne traitent donc que les questions de la formation du monde et de l'origine des êtres vivants.
Formation du monde.
HYPOTHÈSE DE LAPLACE-FAYE. Les systèmes qui prétendent raconter l'histoire de la formation du monde, autrement dit les cosmogonies scientifiques, sont de date relativement récente. Sans doute, l'idée était déjà venue dans l'antiquité de rechercher l'origine des choses, témoin le poème de Lucrèce (de Natura rerum),qui explique la formation du monde phy­sique par une évolution lente ; mais jusqu'à l'époque moderne jusqu'à l'hypo­thèse de Laplace, qui fut, depuis, modifiée par Faye ou même remplacée par d'au­tres hypothèses, les systèmes manquaient de base scientifique.

Les découvertes de la géologie (grec, géo, terre ; logos, discours) et de la paléon­tologie (gr. palaios, ancien; on, ontos, être ; logos, discours) servirent de point de départ à l'hypothèse de Laplace. La géologie constate en effet que la terre n'a pas toujours eu l'aspect que nous lui voyons, qu'elle a passé par des phases diverses, subissant dans sa structure et à sa surface des modifications profondes. C'est ainsi qu'elle se compose de plusieurs couches de terrains   primaires, secondaires, ter­tiaires et quaternaires   qui se superposent et se distinguent les unes des autres par la présence d'innombrables fossiles ou restes de végétaux et d'animaux. La paléontologie ayant étudié ces fossiles, conclut à son tour que les espèces se sont suc­cédé, que les végétaux ont apparu en premier lieu, puis les animaux et enfin l'homme.

Partant de ces données, Laplace a fait l'hypothèse suivante sur la formation du monde : à l'origine, la matière qui compose la terre, les autres planètes et le soleil, formait une immense masse gazeuse à l'état d'atomes isolés. Douées de la propriété d'attraction dont Newton a découvert les lois, les molécules de cette masse se sont rapprochées et combinées. Puis, grâce au mouvement de rotation dont elles étaient animées, la force centrifuge l'a emporté sur la force d'attraction. À mesure que le mouvement s'est accéléré, des lambeaux de matière gazeuse se sont détachés et ont formé les astres, les planètes et leurs satellites. Peu à peu, les éléments gazeux se sont condensés, et l'état liquide a succédé à l'état gazeux. Puis, avec le temps, la surface de l'astre s'étant refroidie, la vie a commencé.
2° Origine des êtres vivants.
À une certaine époque qu'il n'est pas possible de déterminer, mais qui remonte assez loin, la vie fait donc son apparition sur la terre. D'où viennent les premiers êtres vivants ? Qui leur a donné la vie ? Et quelle est l'origine des espèces ?À ces questions la science répond par deux hypothèses: le créationnisme et le transformisme.
A. CRÉATIONNISME. Une première hypothèse suppose que les différentes espèces, végétales et animales, du temps passé et des temps actuels, ont été successi­vement créées par Dieu, que les espèces sont fixes, qu'elles ne se transforment pas, et qu'il ne peut pas y avoir passage de l'une à l'autre par voie d'évolution.
B. TRANSFORMISME ABSOLU. Nous désignons sous ce nom l'hypothèse de la génération spontanée et l'hypothèse de la transformation des espèces. Pour pou­voir se passer de Dieu, les matérialistes prétendent, avons-nous dit, que la matière est éternelle ; mais cela ne suffit pas, et il leur faut expliquer l’origine de la vie. Ils croient résoudre la difficulté par les hypothèses de la génération spon­tanée et de la transformation des espèces. Ils affirment d'une part, que la matière éternelle a produit un jour, spontanément et par ses forces, un ou plusieurs êtres vivants, et, d'autre part, que ces premiers êtres, vivants ont donné naissance, par voie d'évolution, par des transformations tentes et progressives, aux différentes espèces, dont nous constatons l'existence soit dates le passé, soit dans le présent.

Comment cette évolution s'est-elle accomplie ? D’après les uns (Lamarck) les désirs et les besoins des individus ont créé des facultés et des organes, susceptibles de se perfectionner avec le temps et 1’usage. D'après d'autres (Darwin), les principaux agents de la transformation des espèces ont été la lutte pour la vie et la sélection naturelle.


C. TRANSFORMISME MITIGÉ. La thèse du transformisme peut être moins radicale. Le transformisme mitigé, tout en supposant que les espèces sont nées les unes des autres, garde à la base l’existence d'une cause suprême qui a créé la matière. Il admet en outre que le premier être vivant a été créé par Dieu, soit par une intervention directe du Tout-puissant, soit que Dieu ait doué la matière de forces capables de produire la vie ; il admet enfin que l'homme, du moins quant à son âme, a été créé directement par Dieu. (V. N° 58.) Telles sont les différentes hypothèses scientifiques, tant sur le mode de formation du monde que sur l’origine des êtres vivants. Quant à la date où ces divers événements se sont produits, les calculs des savants reposent sur des hypothèses trop incertaines pour que nous nous y arrêtions.


  1. IV. Pas de conflit entre l'enseignement de la Foi et celui de la Science.

Y a-t-il conflit entre l'enseignement de l'Église et celui de la Science, il sera facile de nous en rendre compte : 1° en comparant les affirmations dogmatiques de l'une et les conclusions certaines de l’autre, et 2° en montrant dans quel cas il faut faire des hypothèses de la Science.


1° Dogmes de la Foi et certitudes de la Science.
A. SUR l’ORIGINE DE LA MATIERE qui compose l’univers, il ne saurait y avoir conflit entre la foi et la science. Tandis en effet, que la Doctrine catholique affirme, conformément au récit mosaïque, que l’univers a été créé par Dieu au commencement des temps, la science reste muette, ou ne peut avancer aucune certitude, car l'éternité de la matière mise en avant par les matérialistes ne mérite en rien le nom d'hypothèse scientifique.
B. SUR L'ORIGINE DES ÊTRES VIVANTS. La foi enseigne que la vie, que les êtres vivants viennent de Dieu soit directement soit indirectement. La science, elle aussi, admet que la vie n'a pas toujours existé sur la Terre et nous allons voir plus loin par quelles hypothèses elle tente d'en expliquer l'origine. Mais déjà nous pouvons conclure   et c’est ce qui importe   qu'il n’y a aucune opposition entre les dogmes de la foi et les conclusions certaines de la science.
Hypothèses de la science.
A. À propos de la FORMATION DU MONDE, la foi peut parfaitement admettre l’hypothèse de Laplace. Sans doute, il n’y pas un accord parfait entre la cosmogonie et le récit de Moïse. Mais nous avons vu que celui-ci n’a aucune prétention scientifique. Il n’importe donc pas qu’il y ait quelques divergences entre les deux et que l’écrivain sacré place, par exemple, la création des plante le 3e jour, bien qu’elle aient eu besoin, pour vivre, du soleil qui n’apparaît qu’au 4e jour, ou bien qu’il fixe la production des reptiles au 6e jour, après celle des oiseaux au 5e jour, lorsque la paléontologie trouve des fossiles des reptiles avant ceux des oiseaux. Il importe peu également que le firmament soit représenté comme une voûte solide qui en réalité n'existe pas ; l'auteur a parlé selon les apparences, et comme il nous arrive tous les jours de le faire. Il n'y a pas davantage à se demander le vrai sens que l'auteur a voulu attacher au mot jour, s'il a entendu parler d'une durée de 24 heures ou d'une longue période indéterminée. L'élément scientifique du récit mosaïque, n'étant que la partie secondaire et tout à fait accessoire, et l’Église n'avant aucun enseignement sur la formation du monde, aucun conflit n'est possible entre la foi et la science et la foi peut accepter toute hypothèse qui suppose la création de la matière26.
B. Sur l'ORIGINE DES ÊTRES VIVANTS, voyons à présent quelle est la valeur des hypothèses scientifiques. a) Le transformisme absolu contredit non seu­lement la foi mais aussi la raison et l'expérience.

1. Il va contre la foi. Il suppose, en effet, trois choses : l'éternité de la matière, la génération spontanée et l'évolution fortuite des espèces. La foi affirme au contraire la création de la matière dans le temps et si elle ne condamne pas les deux autres propositions, elle les croit au moins téméraires,

2. Le transformisme est condamné en outre par la raison. La raison n'admet pas l'évolution d'une matière éternelle. En effet, du moment que le monde passe par des transformations successives, l'on ne saurait comprendre que ces changements aient pu se produire éternellement, vu qu'un nombre déterminé ne peut être infini et qu'on ne peut concevoir une série infinie de changements.

3. Le transformisme absolu n'est pas vérifié par l'expérience. 1) La génération spontanée a été démontrée scientifiquement fausse par Pasteur et Tyndall qui ont prouvé que tout être vivant vient d'un autre être vivant et que, là où l'on a pris soin de supprimer tous les germes qui sont en suspens dans l'air, aucun être vivant ne peut être engendré. 2) L'évolution des espèces n'est pas davantage un point acquis. Les transformistes ont beau invoquer les influences du milieu, de la lutte pour la vie, de la sélection naturelle et de l'hérédité, et parler des modifications qu'elles peuvent causer dans les individus ; les partisans des créations successives n'ont pas de peine à leur répondre que les types ne varient que dans la limite des races et non dans celle des espèces27, et que si l'on se reporte aux temps géologiques, l'on constate que les fossiles n'indiquent aucunement des transformations opérées d'âge en âge et auraient conduit d'une espèce à une autre.

b) Le transformisme bien que, à première vue, il paraisse opposé au sens littéral du récit mosaïque peut être soutenu comme une hypothèse probable. Sauf pour l'origine du corps de l'homme, il n'est en opposition, ni avec la foi, ni même, à la rigueur, avec le texte mosaïque, ni avec la Tradition.

1. Il n'est pas en contradiction avec la foi, vu qu'il laisse Dieu à la base, l'évolu­tion des espèces n'empêchant pas que Dieu en reste le créateur, au moins d'une manière indirecte. 2. Le texte de la Genèse peut également être interprété dans ce sens. Les paroles du verset où Dieu commande à la terre de produire des herbes et des arbres selon leur espèce n'affirment pas d'une façon évidente que les espèces furent immédiatement créées par Dieu. 3. En outre, la Tradition n'est pas contraire à la thèse de l'évolution. Plusieurs Pères de l'Église et les scolastiques ont admis la génération spontanée des infusoires ou animalcules vivant dans les eaux stagnantes. Saint Augustin enseigne l'évolution pour les végétaux, les animaux aquatiques et certains animaux terrestres. Saint Thomas semble restreindre aux plantes la géné­ration spontanée. Rien n'empêche donc de soutenir le transformisme mitigé comme une hypothèse probable.


CONCLUSION. Comme on peut le voir, il n'y a entre la foi et la science aucune espèce de conflit. Les affirmations dogmatiques de la foi ne sont nullement battues en brèche par les découvertes modernes ; le résultat de ces dernières a été plutôt de ruiner les hypothèses trop avancées des savants incrédules.


58. V. Origine de l'homme.

1° les hypothèses de la science. Les savants qui ont recherché l'origine du monde et de la vie n'ont pas manqué de se poser la même question pour l'homme. a) Les uns : les évolutionnistes et les matérialistes (Darwin, Spencer, Haecel, Vogt) pensent que l'homme vient de la brute sans intervention d'une cause première et par les simples lois de l'évolution. b) Les autres, les transformistes mitigés (Mivart) croient que l'âme a été directement créée par Dieu, tandis que le corps de l'homme tirerait son origine de l'animal et serait le résultat de nombreuses transformations dont les lois auraient été posées par le Créateur.
Doctrine catholique. Nos premiers parents ont été créés direc­tement par Dieu, quant à l'âme, et même quant au corps, d'après l'opinion commune des théologiens. La doctrine catholique s'appuie sur la Sainte Écriture, la Tradition et la raison.
A. SAINTE ÉCRITURE. Nous lisons dans la Genèse (I, 26 ; II, 7, 18, 21, 22): « Dieu dit: « Faisons l'homme à notre image, selon notre res­semblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel... et sur toute la terre... Dieu forma l'homme de la poussière du sol, et il souffla dans ses narines un souffle de vie... Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul »... Il prit une de ses côtes... il forma une femme et l'amena à Adam. » Il ressort de ce texte pris dans son sens littéral : a) que Dieu forma le corps du premier homme d'une matière déjà créée et lui donna la vie en lui infusant une âme, les expressions bibliques « de la poussière du sol » et « souffla dans les narines un souffle de vie » étant évidemment des expressions métaphoriques ; en d'autres termes, que Dieu créa directement le premier homme, corps et âme, et b) qu'il tira le corps de la première femme du corps du premier homme28.

L'hypothèse des transformistes mitigés, d'après laquelle Dieu aurait introduit l'âme raisonnable dans un corps d'animal amené à un état convenable, élevé au degré de perfection voulu pour la recevoir, ne paraît plus actuellement soutenable. Rome ayant condamné en 1895 la thèse du P. Leroy qui reprenait à son compte celle du théologien anglais Mivart, il en résulte que la doctrine catholique semble exiger une intervention spé­ciale du créateur dans la formation du corps du premier homme. (V. Ami du Clergé, année 1924, p. 489.)


B. TRADITION. Les Pères de l'Église, sauf Origène et Cajetan, ont interprété les paroles de la Sainte Écriture dans le sens d'une créa­tion directe de l'homme par Dieu.
C. RAISON. La raison confirme la doctrine catholique par une double preuve : 1. Preuve indirecte tirée de l'impossibilité où se trou­vent les darwinistes de démontrer que l'homme est un animal perfec­tionné. Rien, en effet, n'atteste la transformation de l'animal en homme. Les darwinistes sont bien incapables de nous apporter les traces de cette évolution chez les hommes des âges préhistoriques. Et par ailleurs, si l'évolution avait été une loi dans le passé, comment expliquer que la nature ait perdu ce pouvoir de développement et qu'elle ne puisse plus nous montrer, aujourd'hui encore, des cas où tels animaux seraient devenus des hommes ? 2. Preuve directe tirée des différences essentielles qui existent entre l'homme et l'animal. Si l'on compare le corps de l'homme avec celui du singe, l'on découvre de nombreuses différences qui repoussent toute idée de parenté directe entre l'un et l'autre : l'attitude verticale propre à l'homme, l'existence de deux mains seulement, la structure du cerveau, la conformation générale de la tête, l'angle facial qui est, en moyenne, de 80° chez la race blanche, de 70° chez la race nègre, et qui descend brusquement à 40° et 35°, chez l'orang outang, le gorille et le chimpanzé. Mais la supériorité de l'homme éclate bien plus encore quand on considère les deux facultés maîtresses de son âme, la raison et la liberté dont nous parlerons dans le paragraphe suivant29.
59. VI. Nature de l'homme. Existence de l'âme. Objections.
1° Nature de l'homme. L'homme est un être composé de deux substances distinctes, le corps et l'âme, unies dans une seule nature. Nous n'avons pas à prouver l'existence du corps, puisqu'elle nous est manifestée par les sens. Nous ne parlerons donc que de l'existence de l'âme.
2° Existence de l’âme.
A. ADVERSAIRES. L'existence de l'âme est niée par les matérialistes évolutionnistes dont nous avons parlé dans le paragraphe précédent. N'admettant d'autre substance que la matière, ils prétendent qu'il n'y a entre l'animal et l'homme aucune différence essentielle, que l'homme est sorti de l'animal par voie d'évo­lution et que la pensée est le produit du cerveau30.
B. PREUVES. L'existence de l'âme s'appuie sur le témoignage de la Sainte Écriture et sur la raison.


  1. Sainte Écriture. Il est dit dans la Genèse (II, 7) que « Dieu forma l'homme de la poussière du sol et qu'il lui insuffla une âme


b) Raison. 1. L'observation nous atteste qu'il y a en nous deux sortes de phénomènes : les phénomènes physiologiques, comme la nutrition, la digestion, la circulation du sang, etc., et les phénomènes psychologiques, comme la pensée ou le raisonnement, le souvenir, etc. Or, comme ces phé­nomènes sont de nature différente, ils ne peuvent provenir du même prin­cipe. Il faut donc admettre dans l'homme deux principes différents, l’un qui explique les faits physiologiques : c'est le corps ; l'autre qui explique les faits psychologiques : c'est l'âme. 2. La conscience perçoit dans notre être un principe qui, à travers les vicissitudes de notre existence, reste toujours identique. Bien que je n'aie plus, à l'âge mûr, mes idées, mes goûts et mes sentiments d'enfant ou de jeune homme, je sens que j'ai toujours été le même à toutes les étapes de ma vie et que la cause qui a produit ces divers phénomènes de mon existence n'a pas changé. Or ce principe identique n'est pas le corps puisqu’il est soumis au tour­billon vital, qu'il se transforme sans cesse, si bien qu'en quelques mois à peine il est complètement renouvelé. Il y a donc un nous un autre prin­cipe, distinct du corps, qui reste toujours le même et constitue notre identité personnelle : ce principe c'est notre âme.
1ere Objection. Personne, disent les matérialistes, n'a jamais vu l'âme. Or la science positive n'admet que ce qui peut être vérifié par l'expérience. Il faut donc regarder l'existence de l'âme comme une hypothèse dénuée de fondement.
Réfutation. Il est vrai que l'âme ne tombe pas sous les sens. Mais il est faux de prétendre que les sens soient le seul moyen de connaître. Les matérialistes ont-ils jamais vu leurs pensées, leurs douleurs, leurs plaisirs ? Ils se gardent bien cependant d'en nier l'existence. En dehors des connaissances qui nous sont fournies par les sens, il y en a donc d'autres que la conscience nous révèle et qui sont tout aussi incon­testables que les premières.
2eme Objection. Le cerveau et la pensée. Contre la spiritualité de l'âme, et de ce fait, contre son existence en tant que principe distinct du corps, les matérialistes invoquent les rapports étroits qu'il y a entre le cerveau et la pensée. Le cerveau, disent-ils, est la cause de la pensée. « Le cerveau, dit K. Vogt, sécrète la pensée comme le foie sécrète la bile et les reins sécrètent l'urine. » Et la preuve que les choses sont ainsi, que la pensée est le produit du cerveau, c'est que, d'une part, plus le cerveau est développé, plus l'intelligence est grande, et d'autre part, si le cerveau vient à se détraquer, l'intelligence en ressent aussitôt le contre coup.
Réfutation. Il est incontestable qu'il y a rapport intime entre le cerveau et la pensée, mais ce qu'il s'agit de savoir c'est si le cerveau est la cause ou la condition de la pensée. a) S'il est cause, il doit toujours y avoir corrélation entre l'un et l'autre. Qu'on nous dise alors de quoi dépend la valeur de la pensée ? Du poids ou du volume du cerveau, ou de la finesse de ses circonvolutions, ou encore de la qualité de la substance qui le compose, de sa richesse en phosphore ? Les matérialistes sont bien embarrassés de nous répondre sur ce point. Car, si par exemple ils mettent en avant le poids, nous pouvons leur objecter de suite qu'à côté de cerveau comme celui de Cuvier, dont le poids fait, de 1.830 grammes, on peut leur en citer d'autres comme celui de Gambetta, qui ne pesait que 1.160 grammes. Gambetta n'est pour­tant pas regardé comme une intelligence inférieure. L'on ne peut pas prouver non plus que, d'une manière générale, la valeur de la pensée dépend du volume ou des circonlocutions du cerveau. Le matérialisme repose donc sur une hypothèse contre­dite par les faits. En affirmant que le, cerveau est la cause de la pensée, il dépasse les 1imites de la science positive. b) il faut donc conclure que le cerveau n'est pas la cause de la pensée ; il n'en est que la condition. Que le cerveau soit un instrument nécessaire, la chose ne fait pas de doute, mais dire qu'il est, seul, l'organe de la pensée, c'est oublier l'instrumentiste. Pour tirer des sons d'une harpe, il faut sans doute une harpe, mais il faut aussi, et avant tout, un harpiste. c) Mais si le cerveau est un instrument nécessaire, il n'y a plus lieu de s'étonner que les accidents qui l'affectent, paralysent les fonctions qu'il doit remplir. Avec ou sans instrument, le harpiste n'en est pas moins harpiste ; mais de sa harpe brisée, il ne sait plus tirer de sons.
60. VII. Spiritualité de l'âme. Ses Facultés. La Raison et la Liberté.
L'âme humaine, distincte du corps, quoique unie à lui par des liens intimes, est une substance spirituelle dont les deux facultés maîtresses sont la raison et la volonté libre.
L'âme, substance spirituelle.
A. DÉFINITION. Par substance spirituelle, il faut entendre une substance indépendante de la matière, qui a son action et sa vie propres, qui peut vivre en dehors du corps et par conséquent lui survivre.
B. PREUVES. La spiritualité de l'âme découle de l'enseignement de l'Église et du témoignage de la raison.

1. Enseignement de l'Église. La spiritualité de l'âme a été proclamée par le Concile de Latran qui déclare que « Dieu créa le monde spirituel et le monde matériel, puis l'homme formé d'un esprit et d'un corps. »

2. Raison. 1) L'on peut juger de la nature d'une substance par ses actes. Or l'âme conçoit des objets qui n'ont rien de commun avec la matière: telles sont les idées de vrai, de bien, de beau, de vertu, etc. Or c'est un principe admis que la cause doit être de même nature que l'effet. Donc l'âme doit être une substance spiri­tuelle. 2) En outre, nous allons prouver plus loin que l'âme est libre. Or la matière est soumise à des lois auxquelles elle obéit nécessairement. Si l'âme est libre, c'est donc qu'elle est immatérielle.
2° Les facultés de l'âme.
A. LA RAISON. Esprit immatériel, l'âme a pour première faculté la raison. Tandis que l'animal n'a que des connaissances sensibles et n'a d'autre moyen de les exprimer que par le langage naturel, l'homme a des idées abstraites qui ne lui sont pas fournies par les images des objets qui frappent ses sens ; il atteint des objets immatériels comme les idées de Dieu, de devoir, de bien, de justice, etc. Ses idées, il peut les comparer entre elles par le jugement et le raisonne­ment, et il a le pouvoir de les exprimer à l'aide du langage conventionnel. Sachant distinguer entre le bien et le mal, et libre de choisir le bien, l'homme est capable de moralité, de religiosité et de progrès ; l'animal, au contraire, ne connaît ni la loi morale, ni le remords, il n'est pas suscep­tible d'idée religieuse ; ne suivant d'autre guide que son instinct, il fait irrésistiblement et invariablement ce qu'il a toujours fait.
B. LA VOLONTÉ est la seconde faculté maîtresse de l'âme. Or la volonté suppose la liberté. Que serait en effet la volonté, si l'homme par son intelligence connaissait le bien et la loi morale, et n'était pas libre de s'y conformer ? Mais la liberté, qui est la condition de la volonté, existe-t-elle ? Il importe au plus haut point de le savoir, car si l'homme n'est pas libre, il n'est pas responsable, et ni Dieu ni les hommes ne peu­vent lui demander compte du bien ou du mal qu'il accomplit.
Existence de la liberté.
A. ERREURS. La liberté a été niée par les 1. Protestants qui soutenaient que le péché originel a supprimé la liberté 2. par les fatalistes qui prétendent qu'une divinité aveugle et inexorable, que les anciens appelaient le destin, mène tout ici-bas 3. par les déterministes, école positiviste et matérialiste, qui, sous un nom différent et apparemment plus scientifique, profes­sent la même doctrine. Selon eux, le libre arbitre n'existe pas, car tous les actes de notre volonté sont commandés par des causes nombreuses, telles que les influences du climat, de l'hérédité, du tempérament etc.
B. LA DOCTRINE CATHOLIQUE. L'homme, même déchu, jouit de la liberté de choisir entre le bien et le mal. Cet article de foi, défini contre les protestants par le concile de Trente, Sess. VI, can. 5, est fondé sur l'Écriture, la Tradition, la raison et le consentement universel.
a) Écriture Sainte. 1) Ancien Testament. Dieu dit au peuple juif en lui donnant sa loi : « J'ai mis aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal en te prescrivant d'aimer Jéhovah, ton Dieu, de mar­cher dans ses voies et d'observer ses commandements... Choisis donc la vie afin que tu vives. » (Deuter., XXX, 15, 16, 19). 2) Nouveau Testa­ment : « Si tu veux entrer dans la vie, dit Notre-Seigneur au jeune homme riche, garde les commandements.» (Mat., XIX, 17). Il ressort de ces textes, d'une part, que Dieu a imposé sa loi à l'homme, et de l'autre, qu'il lui a donné la liberté de déterminer son choix de prendre la voie du bien ou celle du mal.

b) Tradition. Tous les Pères de l'Église reconnaissent que l'homme a des devoirs à accomplir, qu'il est libre de choisir entre le bien et le mal ; qu'il est responsable par conséquent et que s'il ne fait pas son salut, c'est qu'il abuse de la grâce et de sa liberté.

c) Raison. 1. Non seulement la Sainte Écriture et la Tradition sont là pour nous garantir l'existence de la liberté, mais la conscience nous témoigne que nous avons le pouvoir d'opter entre le bien et le mal. Avant d'agir, en effet, nous délibérons ; au moment d'agir, nous fixons notre choix. Or délibérer et choisir sont deux actes qui prouvent que nous sommes libres. 2. La raison peut apporter une preuve indirecte de l'existence de la liberté en montrant à quelles conséquences graves aboutit la négation du libre arbitre. Supprimer la liberté c'est supprimer du même coup le devoir et la responsabilité, la vertu et le vice, le mérite et le démé­rite. Le désintéressement, l'abnégation ne seraient que des formes d'égoïsme et n'auraient pas plus de valeur que la lâcheté, la trahison et le crime. Qui oserait soutenir de semblables conséquences ? Ne savons-nous pas, au contraire, que l'homme, loin de suivre ses penchants natu­rels, les réprime, les discipline et se crée d'autres habitudes, et que c'est là précisément le grand travail de l'éducation, de remplacer l'inclination mauvaise par un penchant meilleur et le désir du bien ?

d) Consentement universel. « Non seulement, tous les hommes, depuis que le monde est monde, croient à la liberté ; mais cette croyance est naturelle et invincible... Le sauvage croit à sa liberté, comme le citoyen d'une société civilisée, l'enfant comme le vieillard... Celui qui, à force de méditer, s'est créé un système où la liberté ne trouve pas de place, parle, sent et vit comme s'il croyait à la liberté... Trouvez un fataliste qui n'ait ni orgueil ni remords ! » (Jules Simon)
61. VIII. Immortalité de l'âme humaine.
L'âme est immortelle. Cet article de foi, défini par le IVème concile de Latran, est fondé sur la Sainte Écriture, la raison et le consentement uni­versel.
1° SAINTE ÉCRITURE. Tous les passages de la Sainte Écriture qui affirment l'existence d'une récompense ou d'un châtiment sont autant de preuves de l'immortalité de l'âme. Dans l'Ancien Testament, la mort des patriarches est représentée comme une réunion à l'âme de leurs pères. (Gen., XV, 15). Les Psaumes déclarent que Dieu ne laissera pas aller l'âme des justes en Enfer. (Ps., XV, 10).

2° RAISON. a) Argument métaphysique. L'immortalité de l'âme découle de sa nature, c’est-à-dire de ce double fait qu’elle est une sub­stance simple et spirituelle. Substance simple, elle n'est donc pas sujette à la décomposition, comme le corps, dont la mort consiste précisément dans la dissolution ou séparation des éléments qui le composent. Sub­stance spirituelle et, conséquemment, indépendante du corps qu'elle anime (V. N° 60), sa disparition ne saurait être causée par la décomposition du corps. L'âme ne peut donc périr que si Dieu l'annihile. Sans doute Dieu a la puissance de l'anéantir, comme il a celle de la créer. Mais une telle annihilation répugne à ses attributs, et en particulier à sa bonté et à sa justice, comme on va le voir dans les deux arguments qui suivent. b) Argument psychologique. Il doit y avoir proportion entre les penchants naturels de l'homme et les moyens de les satisfaire ; autrement, l'homme serait un être mal fait, et la bonté et la sagesse de Dieu seraient en défaut. Or il y a dans l'homme un immense désir de vivre. Notre cœur tend au bonheur parfait et ne goûte ici-bas que des joies incom­plètes et fugitives ; notre intelligence aspire à la vérité et se sent enveloppée de toutes parts par l’inconnu. Or, le seul moyen de satisfaire ces aspirations et d'étancher cette soif de bonheur et de vérité, c'est l'existence d'une autre vie et d'une vie sans fin, car, dit Cicéron (Traité de Finibus) « si la vie bienheureuse peut être perdue, il est impossible qu'elle soit le vrai bonheur.» Il est donc inadmissible que Dieu ait mis en nous ce désir de l'immortalité pour nous illusionner et nous tromper. c) Argument moral. L'immortalité de l'âme est une condition de la morale. Il est conforme en effet à la justice de Dieu que chacun reçoive selon ses oeuvres, que le bien soit récompensé, et le mal puni. Or cette justice n'existe pas ici-bas. Il convient donc que Dieu rétablisse l'ordre dans une autre vie. « Quand je n'aurais d'autre preuve, dit Jean-Jacques Rousseau, de l'immortalité de l'âme que le triomphe du méchant et l'oppression du juste en ce monde, cela soit-il m'empêcherait d'en douter
3° CONSENTEMENT UNIVERSEL. Non seulement les Juifs qui avaient les lumières de la Révélation, mais encore tous les autres peuples ont cru à l'immortalité de l'âme, témoin les honneurs rendus à la dépouille des morts, les prières, les cérémonies funèbres que nous ren­controns dans tous les cultes.
62. IX. Unité de l'espèce humaine.
Erreurs. L'unité de l'espèce humaine a été niée: a) par les préadamites (De la Peyrère) qui prétendirent qu'Adam ne fut pas le premier homme, qu'il fut le père des Juifs mais non des Gentils; b) par les polygénistes qui soutiennent qu'il existe des espèces humaines complètement différentes les unes des autres, et par conséquent, de différentes origines.
2° Doctrine catholique. D'après l'enseignement de l'Église, le genre humain tout entier est issu d'un seul homme, Adam, et d'une seule femme, Ève31. La doctrine catholique s'appuie sur la Sainte Écriture et sur les conclusions de la science.
A. LA SAINTE ÉCRITURE. Il est dit dans les premiers chapitres de la Genèse que Dieu fit l'homme, et non plusieurs hommes, qu'il créa un premier couple : Adam et Ève, qu'Adam donna à sa femme le nom d'Ève parce qu'elle était la mère de tous les vivants. (Gen., III, 20). L'hypothèse des préadamites, qui avait pour origine une fausse interprétation des Livres Sacrés, n'est donc pas soutenable.
B. CONCLUSIONS DE LA SCIENCE. L'unité de l'espèce humaine repose sur une double preuve : indirecte et directe : a) Preuve indirecte. Les monogénistes démontrent contre les polygénistes que les trois races, blanche, jaune et noire, ne sont pas séparées par des diver­gences essentielles. Les traits qui les caractérisent, tels que la couleur, la nature des cheveux, les différences anatomiques, l'angle facial, ont pu être le résultat de causes naturelles comme l'influence du milieu (climat, genre de vie, civilisation) ou de circonstances plus ou moins fortuites. b) Preuve directe. La communauté d'origine ressort des ressemblances physiques et morales qu'on constate dans les différentes races. Il semble donc bien, au seul point de vue scientifique, que l'erreur des polygénistes est de confondre les races avec les espèces.

Nous pouvons donc conclure que la science, loin de contredire l'ensei­gnement de l'Église qui affirme l'unité de l'espèce, l'appuie par les argu­ments les plus solides.


63. X. Antiquité de l'homme.
La foi enseigne, et la science n'y contredit pas, que l'humanité tout entière descend d'un couple unique. Une autre question se pose: À quelle époque remonte la création du premier homme ?
Époque de la création du premier homme. Cette question peut être envisagée à un double point de vue: au point de vue de la foi et au point de vue de la science. Quelques mots à ce sujet nous permettront de voir qu'il n'y a aucune opposition entre l'enseignement de l'Église et les données de la foi.
A. D'APRÈS LA FOI. L'Église n'a rien défini sur l'antiquité de l'homme. Elle n'a, pour déterminer l'âge de l'humanité, d'autres renseignements que ceux de la Bible qui raconte la création du premier homme. Or il est admis par les exégètes que la Bible ne fixe aucune date pour l'apparition du premier homme32. « La chro­nologie biblique, dit Le Hir, flotte indécise ; c'est aux sciences humaines qu'il appartient de trouver la date de la création de notre espèce
B. D'APRÈS LA SCIENCE. Que dit la science sur l'antiquité de l'homme ? Rien d'absolument précis. Jusqu'ici les paléontologues n'ont découvert de traces certaines de l'homme (fossiles) que dans les terrains de l'époque quaternaire. La chronologie doit donc, jusqu'à preuve du contraire, s'établir à partir de cette époque. Mais comment apprécier l'âge de l'époque quaternaire ? Les uns lui ont donné plus de deux cent mille ans ; d'autres, dix mille ans seulement. L'écart des deux chiffres montre assez combien la science est peu avancée dans la solution du problème.
Conclusion. Nous pouvons donc conclure : a) que la foi ne pourra jamais être en contradiction avec la science, vu qu'elle ne fixe aucun chiffre à l'origine du pre­mier homme ; et b) que la science ne possède pas pour le moment, et il est vrai­semblable qu'il en sera ainsi longtemps encore, les données suffisantes pour résou­dre un problème qui est de son domaine33.

Conclusion pratique. 1° Remercier Dieu de nous avoir donné une âme qui nous met au-dessus de toutes les créatures terrestres. 2° Répondre aux bienfaits de Dieu par l'amour. 3° Lui manifester notre amour par le zèle à accomplir tous ses commandements et à éviter tout ce qu'il défend. 4° « Vous m'avez fait pour vous, Seigneur, et ce n'est qu'en vous que mon cœur agité et tourmenté trouvera enfin son repos. » (Saint Augustin).
LECTURES. 1° Les premiers chapitres de la Genèse. Création du monde d'Adam et Ève. Le Paradis terrestre. 2° Lire sur la création de l'homme la IXème Élévation de Bossuet.
QUESTIONNAIRE.
1° Quelles sont les questions qui se posent à propos de l'origine du monde ?
2° Quel est le double sens de l'expression « origine du monde » ? Comment Moïse a-t-il raconté la création ? Quels sont les deux éléments du récit mosaïque ? Parlez de l'élément théologique. En quoi consiste l'élément scientifique ? Si la cosmogonie mosaïque est contredite par la science moderne, doit-on conclure que l'écrivain sacré a commis des erreurs ? Quel principe d'exégèse faut-il appli­quer ? Comment faut-il considérer le récit mosaïque ? Quels enseignements l'Église a-t elle tirés du récit mosaïque ?
3° Que dit la Science sur l'origine de la matière ? Parlez de l'hypothèse de Laplace sur la formation du monde. Quelle est l'origine des êtres vivants d'après la science ? Qu'est-ce que le créationnisme ? Qu'est-ce que le transformisme absolu ? Qu'est-ce que le transformisme mitigé ?
4° Y a-t-il conflit entre l'enseignement de la foi et celui de la science ? La foi est-elle en contradiction avec la science sur l'origine de la matière ? Et sur l'origine des êtres vivants ? L'hypothèse de Laplace sur la formation du monde est-elle en opposition avec la Foi ? Que pensez-vous du transformisme absolu ? Le transformisme mitigé est-il admissible ?
5° Quelles sont les hypothèses de la science sur l'origine de l'homme ? Que nous enseigne la doctrine catholique ? Sur quoi s'appuie-t-elle ?
6° Quelle est la nature de l'homme ? Qui sont ceux qui nient l'existence de l’âme ? Quelles sont les preuves de l'existence de l'âme ? Qu'objectent les matérialistes ? Peut-on conclure que l'âme n'existe pas parce qu'on ne la voit pas ? Le cerveau est-il la cause ou la condition de la pensée ?
7° Qu'entend-on par « substance spirituelle » ? Quelles sont les preuves de la spiritualité de l'âme ? Quelles sont les facultés de l'âme ? Parlez de la raison et de la volonté. Par qui la liberté est-elle niée ? Quelles sont les preuves de son existence ?
8° Comment démontre-t-on le dogme de l'immortalité de l'âme ?
9° Par qui l'unité de l'espèce humaine a-t-elle été niée ? Quel est l'ensei­gnement de l'Église sur ce point ? Sur quoi la doctrine catholique s'appuie-t-elle ?
10° Quelle est l'époque de la création de l'homme d'après la foi ? Et d'après la science ? Y a-t-il conflit entre les deux enseignements ?

DEVOIRS ÉCRITS. 1° Comment l'homme peut-il être l'image de Dieu soit par son corps, soit par son âme ? 2° Développez les preuves de l'existence de la liberté humaine. 3° Preuves de l'immortalité de l'âme.


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