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Michel Zévaco



Buridan

le héros de la Tour de Nesle



BeQ

Michel Zévaco

Buridan

le héros de la Tour de Nesle
roman

La Bibliothèque électronique du Québec

Collection À tous les vents

Volume 758 : version 1.0

Du même auteur, à la Bibliothèque :

Le Capitan

La reine sanglante

Buridan, le héros de la Tour de Nesle

Édition de référence :

Le Livre de poche.

I



La Courtille-aux-Roses


Près du Temple, presque dans l’ombre sinistre de cette noire et silencieuse bastille aux abords de laquelle nul n’osait s’aventurer, c’était un enclos fleuri, d’une exquise et imprévue gaieté, plein de chants d’oiseaux, quelque chose comme une jolie primevère tapie au pied d’un monstrueux champignon.

On l’appelait la Courtille-aux-Roses, nom charmant de ce poétique jardin où, venue la belle saison, les roses de toutes nuances éclosaient, en effet, en buissons magiques.

Dans l’enclos, c’était une mignonne maison, un bijou, avec un toit aigu à clochetons, sa tourelle, ses fenêtres ogivales à vitraux de couleur, un logis qui respirait le bonheur.

Et là, par cette claire matinée caressée de brises folles, là, en une salle ornée de belles tapisseries et de meubles richement sculptés, c’était un groupe adorable de jeunesse et de beauté... deux amoureux ! Elle, délicate, fine, gentille à ravir ; lui, mince, fier, et très élégant dans son costume un peu râpé.

Dans le fond de la pièce, une femme déjà vieille, au teint blafard, au sourire visqueux, les couvait de son regard louche.

« Adieu, Myrtille... à demain, murmura le jeune homme.

– Demain ! répondit la jeune fille. Demain, hélas ! Puis-je être assurée que je te reverrai demain ou jamais, quand tu cours à un si terrible danger ! Oh ! si tu m’aimes, Buridan, renonce à cette folie ! »

Les bras autour du cou de l’aimé, ses cheveux blonds dénoués en flots d’or, ses yeux d’azur pleins de larmes, elle suppliait :

« Songe que ce soir mon père sera ici ! Songe que ce soir je vais lui avouer notre amour !

– Ton père, Myrtille ! fit le jeune homme en tressaillant.

– Oui, Jean, oui, mon cher fiancé, ce soir, mon père saura tout !

– Ton père !... Mais ce père que je ne connais pas, qui ne me connaît pas, voudra-t-il de moi ? Qui sait ?... Et qu’est-ce, ton père ? Ô Myrtille, depuis six mois que tu m’apparus en cet enclos retiré, depuis le soir où tu laissas tomber sur moi ton doux regard, que de fois n’ai-je pas essayé d’entrevoir cet homme qui est ton père ! En vain ! Toujours en vain ! »

La vieille au regard louche s’avança :

« Maître Claude Lescot, dit-elle, est toujours par monts et par vaux dans le lointain pays des Flandres, pour son commerce de tapisserie. Mais ce soir, sûrement, il sera ici, comme il me l’a fait savoir...

– Et je lui dirai tout ! reprit Myrtille. Si tu savais comme il m’aime, comme il me comble de sa tendresse ! Quand je lui dirai que je te veux pour époux, que je meurs si je ne suis pas à toi, il sera bien heureux, va, de mettre ma main dans la tienne !

– À demain donc ! fit gaiement le jeune homme. Et puisse le digne Claude Lescot accueillir Buridan qui, alors, se croira admis dans le paradis des anges !

– Cher bien-aimé !... Mais est-ce bien dans un jour comme celui-là, à la veille de notre bonheur, que tu veux... oh ! jure-moi de n’y pas aller... oh ! il secoue la tête... Gillonne, ma bonne Gillonne, aide-moi à le convaincre ! »

La vieille s’approcha et posa sa main sèche sur le bras du jeune homme.

« Ainsi, dit-elle, vous êtes résolu à parler à Mgr Enguerrand de Marigny ?

– Ce matin même. Et puisque tu as surpris ce secret, vieille, puisque la langue t’a démangé et qu’à toute force tu en as parlé à ta jeune maîtresse, répare ta faute en lui disant la vérité : que je ne cours aucun danger.

– Aucun danger ! gronda Gillonne. Insensé ! Il faut être possédé du diable pour s’attaquer à Mgr Enguerrand de Marigny ! Écoutez, Jean Buridan, écoutez : ne savez-vous pas que le premier ministre est plus puissant que le roi lui-même ? Malheur à qui se heurte à pareil rocher ! Celui-là est mis en pièces. Car cet homme sait tout, voit tout, peut tout ! L’un après l’autre, ses ennemis tombent par le poignard ou le poison. Et il a encore la hache et la corde. Son œil d’aigle lira dans votre conscience le projet que n’aurez bagayé qu’à votre pensée dans le silence des nuits profondes. Sa rude main vous saisira au fond de la retraite la plus sûre, et, tout pantelant, vous jettera au bourreau. »

Gillonne fit un signe de croix.

« Tu entends ? » balbutia Myrtille.

Un nuage assombrit le front du jeune homme. Mais, secouant la tête :

« Enguerrand de Marigny fût-il plus puissant encore, fût-il escorté de cent diables des plus cornus et des plus fourchus, rien ne peut m’empêcher d’aller au rendez-vous que m’ont assigné mes deux braves amis, Philippe et Gautier d’Aulnay. Et même, si je n’avais pas promis assistance à ces deux loyaux gentilshommes, je hais Marigny comme il me hait. Il faut enfin que face à face...

– Écoutez ! » s’écria Gillonne.

Un bruit de cloches traversait l’espace.

Myrtille enlaça le cou de l’aimé.

« Jean ! fit-elle d’une voix mourante, par pitié, n’y va pas ! »

D’autres cloches se mettaient à sonner... puis d’autres, partout, dans Paris, et les airs se remplirent d’un vaste bourdonnement.

« Voici le roi qui sort de son Louvre ! cria Buridan. C’est l’heure ! Adieu, Myrtille !

– Buridan ! Mon fiancé bien-aimé !

– À demain, Myrtille ! Demain, l’amour ! Aujourd’hui, la vengeance ! Demain, la Courtille-aux-Roses ! Aujourd’hui, Montfaucon ! »

En s’arrachant à l’étreinte désespérée, il jeta un dernier baiser du bout des doigts à Myrtille et s’élança au-dehors.

Éperdue, sanglotante, Myrtille tomba à genoux devant une naïve image de la Vierge...

À ce moment, Gillonne, d’un pas furtif, sortit du logis dans l’enclos et de l’enclos sur la route.

Un homme était là, qui, d’un recoin de haie où il se dissimulait, s’avançait vivement :

« Est-ce fait, Gillonne ?

– Oui, Simon Malingre. Et voici la chose. »

La vieille sortit d’une poche un petit coffret, que l’homme ouvrit avec crainte.

Et c’était étrange ce que contenait ce coffret ! C’était une figure de cire ornée d’un diadème et vêtue d’un manteau royal ! Une épingle était plantée dans le sein, à l’endroit du cœur ! Alors, Gillonne, les yeux aux aguets, la voix sourde, murmura :

« Tu diras à ton maître, le noble Charles comte de Valois : cette figure est le premier maléfice établi par la sorcière Myrtille à l’effet de tuer le roi. Myrtille en a préparé un autre qu’on trouvera dans sa chambre. Va, Simon Malingre, et répète bien ces paroles au comte de Valois ! »

Simon Malingre, alors, cacha le coffret sous son manteau, puis s’élança, rasant les haies.

Gillonne, un livide sourire sur ses lèvres minces, rentra dans la Courtille-aux-Roses et gagna la salle où Myrtille priait la Vierge pour son fiancé...


II



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