Ana səhifə

A. Boulenger, (chanoine honoraire d’Arras)


Yüklə 2.4 Mb.
səhifə11/66
tarix24.06.2016
ölçüsü2.4 Mb.
1   ...   7   8   9   10   11   12   13   14   ...   66

9ème LEÇON

L’Homme (suite). État originel du premier homme.

L’Épreuve. La Chute ou le Péché originel



1° État originel du premier homme

  1. Dons naturels

  2. Dons surnaturels

    1. grâce sanctifiante

    2. destination à la gloire du ciel

  3. Dons préternaturels

2° L’épreuve

3° La chute ou le Péché originel

  1. Existence

  2. Gravité

  3. Transmission du péché originel

    1. à tous les hommes

    2. les deux exceptions

  4. Conséquences

    1. pour Adam et Ève

    2. pour leurs descendants

  5. Nature

    1. péché actuel chez Adam, habituel chez les descendants

    2. erreurs

    3. la doctrine catholique

  6. Objection des rationalistes



64. MOTS
Don naturel, préternaturel, surnatu­rel. Le don c'est tout ce que l'on reçoit gratuitement et sans qu'on y ait aucun droit. Tout ce qui nous vient de Dieu est un don, même la vie, puisque nous n'avons aucun droit vis-à-vis de Dieu. Mais le don peut être naturel, ou préter­naturel, ou surnaturel.

1. On entend par naturel tout ce qui fait partie de l'essence d'un être, tout ce qui est dû à sa nature : ses propriétés, sa fin et les moyens d'atteindre sa fin. Ex. : l'homme, de par sa nature, est un animal raisonnable. La raison et la liberté sont donc pour lui des dons naturels.

2. On entend par préternaturel tout ce qui est au-dessus des exigences d'un être, mais ne dépasse pas les exigences des êtres d'ordre supérieur. Ex.: l'im­mortalité est une propriété naturelle à l'ange, car l'ange est un pur esprit et l'esprit est, de par sa nature, immortel. L'homme au contraire, par son corps est mortel. D'où il suit que l'immortalité du corps constitue pour l’homme un don préternaturel, ou surnaturel relatif.

3. On entend par surnaturel ce qui dépasse les exigences de toute nature créée ou possible. Ex. : la grâce sanctifiante et la vision béatifique le bonheur de voir Dieu face à face, sont, pour l'homme comme pour l'ange, des dons surnaturels absolus.



NOTA. Il importe d'insister sur la signification de ces trois mots. Les no­tions qui précèdent sont essentielles à l'intelligence des leçons qui vont suivre. Elles permettront de comprendre faci­lement l'état originel du premier homme (N° 65), la nature du péché originel (N° 69), la nécessité d'un Rédempteur pour rendre à l'homme les biens surna­turels (N° 100) et les effets de la Rédemp­tion (N° 102).

Paradis terrestre. Jardin délicieux dans lequel Dieu avait placé Adam et Ève. Aucun document ne permet de dire où il était situé.

Péché originel. Deux sens: 1° le Péché qu'Adam et Ève commirent en déso­béissant à Dieu. On l'appelle originel parce qu'il remonte à l'origine de l'humanité, qu'il est le premier que l'homme ait commis. 2° État de péché dans lequel naissent tous les descendants d'Adam c'est-à-dire tous les hommes : péché que nous contractons, par conséquent, à notre origine. Le péché originel n'est donc pas un péché personnel, un péché volontaire (N° 69) ; aussi ne suffit-il pas à entraîner la peine de l'Enfer. Nous ver­rons ailleurs (N° 318) que les enfants qui meurent sans le baptême, c'est-à-dire avec le péché originel, vont aux Limbes, mais non en Enfer.

Concupiscence (lat. concupiscere, con­voiter). Penchant qui pousse l'homme au mal, aux plaisirs défendus.

Conception. Moment où l'âme s'unit au corps. La conception d'un homme est le premier instant de son existence.

Immaculée. Sans tache, exempte du péché originel.
DÉVELOPPEMENT
65. I. État originel du premier homme. Son élévation à l'ordre surnaturel.
Etat originel du premier homme. Adam et Ève furent établis dans l'état de justice et de sainteté. Article de foi, défini par le concile de Trente, Sess. V, can. 1. Dieu octroya au premier homme trois sortes de dons : naturels, surnaturels et préternaturels : a) des dons naturels, c'est-à­-dire toutes les propriétés du corps et de l'âme exigées par sa nature d'homme, autrement dit, tous les moyens qui lui étaient nécessaires pour atteindre sa fin naturelle ; b) des dons surnaturels. Dieu aurait pu ne départir à l'homme que les seuls dons naturels. La Révélation nous enseigne qu'il lui accorda, en outre, des dons surnaturels, à savoir : la grâce sanctifiante et la prédestination à la vision béatifique, au bonheur du ciel, le premier don étant le moyen, ici-bas, d'obtenir le second là-haut. Par ces dons, nos premiers parents étaient élevés à l'ordre surnaturel : une seconde vie, la vie surnaturelle, dépassant les exigences de toute nature créée, se surajoutait à leur vie naturelle. Cet état de justice et de sain­teté, dû à la grâce, qui faisait d'eux de vrais fils adoptifs de Dieu, devait par ailleurs se transmettre à leur postérité ; c) Dieu accorda enfin au premier homme, sans doute comme conséquences du don surnaturel de la grâce, des dons préternaturels tels que : 1° l'immunité, ou exemption, de la souffrance (prop. certaine). Mis par Dieu dans un jardin du délices, Adam et Ève devaient y travailler, mais sans effort et sans peine ; 2° l'immunité de la mort (vérité de foi, définie par le concile de Trente, Sess. V, can. 1). De par sa nature, le corps de l'homme est voué à la dissolution et à la mort. Or Dieu devait conduire nos premiers parents et leur descendance au bonheur du ciel sans les faire passer par les angoisses de la mort ; 3. l'immunité de la concupiscence. Le premier homme avait bien des mauvais penchants, ou convoitise des sens, mais ils étaient soumis à sa raison : le corps obéissait à l'âme, la volonté à la raison ; la concupiscence, c’est-à-dire la rébellion de la chair contre l'esprit, n'existait pas dans l'état d'innocence ; 4. l'immunité de l'ignorance ou le don de science. Non seulement nos premiers parents furent doués d'une intelligence supérieure, mais ils eurent la science infuse des choses humaines, spécialement de celles d'ordre religieux et moral : science dont ils avaient besoin pour pouvoir être les éducateurs de l'humanité. De ces quatre dons les deux premiers concernaient le corps, les deux autres, l'âme.
Cet état, dans lequel Dieu créa le premier homme, s'appelle soit l'état d'innocence parce qu'il était incompatible avec le péché, soit l'état de justice originelle parce qu'il rendait Adam et Ève justes devant Dieu. Dans le cas hypothétique où Dieu n'aurait octroyé à l'homme que les dons naturels, à l'exclusion des dons surnaturels et préternaturels, c'eût été l'état de pure nature.
66. II L'Épreuve. Le Péché originel.
1° L'Épreuve.
Comme nous venons de le voir, Adam et Ève furent comblés par Dieu de toutes sortes de dons auxquels ils n'avaient aucun droit. Mais il est bien entendu que, par suite de la liberté qui était une des facultés maîtresses de leur nature, l'abus de tant de grâces restait une hypothèse possible. Par ailleurs, il convenait que le bonheur, dont nos premiers parents jouissaient déjà au Paradis terrestre et qui n'était que le prélude d'un bonheur plus complet qui devait leur échoir au Ciel, ne fût pas un simple don gratuit, mais la récompense de leur fidélité. Comme les anges, Adam et Ève furent donc soumis à une épreuve. Dieu leur défendit de « manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal » (Gen., II, 17). Par ce commandement, le Créateur voulait rappeler à la créature sa sujétion : « Il donne un précepte à l'homme, dit Bossuet, pour lui faire sentir qu'il a un maître ; un précepte attaché à une chose sensible, parce que l'homme est fait avec des sens ; un précepte aisé, parce qu'il voulait lui rendre la vie commode, tant qu'elle serait innocente. »
2° Le péché originel.
A. EXISTENCE. Le fait de la chute de nos premiers parents, par conséquent l'existence du péché originel, est un article de foi, défini par le concile de Trente, ses. V, can. 1. Le dogme est fondé : a) sur le récit de la Genèse (III, 6). Nos premiers parents écoutant la voix du démon qui se présenta à Ève sous la forme d'un serpent34, transgressèrent le commandement de Dieu ; b) sur le témoignage de saint Paul, qui affirme que « par un seul homme le péché est entré dans le monde ». (Rom. V, 12).
B. GRAVITÉ. La désobéissance d'Adam et Ève fut un péché d'autant plus grave qu'avec l'abondance des grâces qui leur avaient été données, l'obéissance au précepte divin leur était facile. Outre la désobéissance, il y avait dans le péché originel la malice : 1. de l'orgueil « Vous serez comme des dieux » leur avait dit le tentateur (Gen., III, 5) 2. de la curiosité. Ils espéraient connaître tout « le bien et le mal ». 3. Il y avait de plus chez Adam, une complaisance déréglée pour Ève dont il écoutait les mauvaises suggestions, et chez eux un péché de sensualité et de scandale.
67. III. Transmission du péché originel aux descendants d'Adam et Ève. Les deux exceptions.
1° Transmission du péché originel. Le péché originel s'est transmis à toute la postérité d'Adam35. Cette vérité de foi, qui a été définie par Concile de Trente, sess. V, can. 2, est fondée sur l'Écriture, la Tradition et, jusqu'à un certain point, sur la raison.
A. ÉCRITURE SAINTE. a) Ancien Testament. 1. Job déclare: « Personne n'est pur de toute souillure, pas même l'enfant dont la vie n'aurait été que d'un seul jour sur la terre. » (Job., XIV, 4, version des Septante). 2. Le saint roi David dit à son tour: « J'ai été engendré dans l'iniquité et ma mère m'a conçu dans le péché » (PS., L, 7).
b) Nouveau Testament. Nous avons ici le témoignage très explicite de saint Paul: « Comme le péché, dit l'Apôtre, est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché ; ainsi la mort est passée dans tous les hommes, tous ayant péché en un seul.» (Rom., V, 12). D'après saint Paul, il y a donc eu péché chez un seul homme, et ce péché avec ses suites est devenu universel en se transmettant à toutes les générations humaines. La croyance de l'Église sur la transmission du péché originel fait donc partie à la fois de la révélation évangélique, de la révélation mosaïque et de la révélation primitive. Elle remonte, en un mot, à la chute d'Adam,
B. TRADITION. a) Témoignage des Pères de l'Église. Saint Augustin n'est pas l'inventeur du dogme, comme les pélagiens et les adver­saires de la doctrine catholique l'on ont accusé. Les Pères de l'Église, anté­rieurs à l'évêque d'Hippone, saint Irénée, saint Cyprien, saint Justin, Ter­tullien, Origène, etc., avaient enseigné avant lui le dogme du péché ori­ginel. b) Témoignage des religions païennes. Cette croyance au péché originel se retrouve jusque dans les superstitions des religions païennes. Les poètes grecs et latins ont chanté un âge d'or qui n'a eu qu'une durée éphémère, et l'ont dépeint sous les couleurs les plus séduisantes. Nous retrouvons souvent chez eux ces descriptions : et les moissons qu’il ne coûtait pas de semer ni de récolter, les fleures de lait qui coulaient de toutes parts, les coteaux chargés de fruits toute la nature féconde et bienfaisante, et faisant hommage à l'homme de ses inépuisables richesses. Comment expliquer un témoignage aussi universel en dehors d'une révé­lation primitive ?
C. RAISON. La raison ne petit apporter aucune preuve de l'existence du péché originel, mais elle en découvre au moins la probabilité dans toutes les misères qui affectent tant l'âme que le corps de l'homme.
2° Les Exceptions. La loi générale de déchéance originelle a subi deux exceptions : l'une de droit, l'autre de privilège. a) L'une de droit. Le Christ, en raison de sa conception virginale, échappait à la loi générale. b) L'autre de privilège. Pour l'honneur du fils, il ne convenait pas que la mère fût salis de la moindre tache. Par une faveur toute spéciale de Dieu, et en prévision des mérites de Notre-Seigneur, la Sainte Vierge fut donc préservée du péché originel et «pleine de grâce». C'est ce que l'Église appelle le privilège de l'Immaculée Conception36. (Nos 64 et 87).

68. IV. Conséquences du Péché, originel.
Nous allons établir, d’après le Concile de Trente, sess. Vème chap. 1 et 2, quelles furent les conséquences du péché originel, 1° pour Adam et Ève, 2° pour leurs descendants.
1° Conséquences Pour Adam et Ève
Il faut nous rappeler ici les trois sortes de dons que nos premiers parents avaient reçus de Dieu (n° 65). Que la conséquence immédiate de la faute originelle ait été de supprimer tout ce qui dépassait les exigences de la nature humaine, cela ne doit pas nous étonner.

Pourquoi Dieu aurait-il maintenu à l'homme des faveurs que celui-ci n'avait pas su mériter, au prix de sacrifices si légers ? Adam et Ève perdirent donc : a) les dons surnaturels : la grâce sanc­tifiante et la destination à la gloire. Dépouillés de la grâce, nos premiers parents cessaient d'être les amis et les fils adoptifs de Dieu, et de ce fait, ils n'avaient plus droit à l'héritage du Ciel ; b) les dons préternaturels : 1. l'immunité de la souffrance. Chassés du Paradis terrestre, ils devaient désormais payer leur tribut à la souffrance et à la maladie. Dieu dit à la femme : « Je multiplierai tes souffrances, tu enfanteras des fils dans la douleur. » Puis il dit à Adam : « La terre est maudite à cause de toi... C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras ton pain. » (Gen., III, 16, 17, 19). Ainsi le travail, qui était jadis un plaisir, devient une fatigue et une peine. 2. l'immunité de la mort. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière », dit le Seigneur à Adam (Gen., III, 19) ; 3. l'immunité de la concupiscence. Leur volonté allait subir la domination des sens : d'où plus grande difficulté à faire le discernement du bien et du mal ; 4. l’immunité de l’ignorance. Le précieux privilège du don de science, sans être totalement supprimé, rencontra désormais des obsta­cles du fait même de la domination des sens et des désirs dépravés. Il ne resta donc plus à Adam et Ève que les dons naturels propres à leur condition de créatures raisonnables. Encore faut-il ajouter que même leurs facultés naturelles, par suite de la perte des dons surnaturels, se trouvaient elles aussi dans un état de déchéance. « Dépouillé des dons gratuits, dit Bède le Vénérable, Adam pécheur, fut blessé dans sa nature propre, gratuitis vulneratus in naluralibus ».



Conséquences pour leurs descendants.
Bien que péché personnel, la faute d'Adam et Ève n'en fut pas moins un péché de nature, un péché de race si l'on veut; en d’autres termes, ses conséquences rejaillirent sur ceux qui partageaient leur nature, qui étaient de la même race, c’est-à-dire sur l'humanité toute entière. Les suites du péché originel furent donc, pour les descendants comme pour Adam et Ève : a) la perte des dons surnaturels. Nous verrons plus loin que, pour nous les recouvrer, la seconde Personne de la Trinité a voulu s'incarner (N° 81) et par le supplice de la Croix (Nos 101 et 102), tous les péchés de l'humanité, n'imposant d'autre charge aux hommes que de coopérer à son oeuvre de Rédemption ; b) la perte des dons préternaturels. Si la Rédemption nous a rendu les moyens de retrouver les dons surnaturels, la porte des dons préternaturels a été irréparable; c) l'affaiblissement des dons naturels, non dans leur nature intrinsèque, mais dans leur exer­cice, les passions étant causes d'erreur pour le jugement et égarant la volonté.
69. V. Nature du péché originel.
Remarques préliminaires. Pour bien comprendre la nature du péché originel, il importe de distinguer entre le péché actuel et le péché habi­tuel. Le premier exprime l'action par laquelle nous transgressons volon­tairement la loi de Dieu ; le second exprime l'état dans lequel nous nous trouvons après le péché. 2. Il va de soi que le péché originel n'a été péché actuel que chez Adam et Ève, tandis que pour leurs descendants il n'est et ne peut être qu'un péché habituel, un état de péché. 3. C'est en tant que péché habituel, et considéré spécialement chez les descendants d'Adam et Ève, que nous recherchons ici la nature du péché originel.
1° Erreurs.
a) Luther et Calvin, s'appuyant sur des textes de saint Paul et de saint Augustin, prétendirent que le péché originel consistait essentiellement dans la concupiscence et que la corruption de la nature humaine était telle que le libre arbitre serait détruit. Selon eux, la concupiscence, et par conséquent le péché, subsiste après le baptême, mais le péché n'est plus imputé. b) Même doctrine à peu près chez Baïus et Jansénius, qui soutinrent que la volonté est si faible que sans la grâce effi­cace, elle est nécessairement entraînée par la concupiscence et incapable d'aucun bien.
2° La doctrine catholique.
Le concile de Trente a condamné la thèse protestante, en affirmant, sess. V, can. 5 : 1. que le péché ori­ginel ne se confond pas avec la concupiscence ; 2. que le baptême efface le péché originel, tout en laissant subsister la concupiscence ; 3. que la concupiscence, si elle est parfois appelée «péché» par saint Paul, l'Église l'a toujours entendu dans ce sens qu'elle vient du péché et y mène.

L'erreur protestante une fois condamnée, le concile de Trente n'a pas défini la doctrine catholique sur la nature du péché originel. D'après l'opinion la plus communément admise, le péché originel consiste essentiel­lement dans la privation de la grâce sanctifiante, et conséquemment, dans la perte de la justice originelle : ce qui constitua Adam et ses descendants dans un état d'aversion, d'éloignement de Dieu. Mais comment expliquer une telle déchéance chez les descendants innocents du crime de leur père ? C’est que, d'une part, la justice originelle était un don de nature, autrement dit, un don fait à la race humaine dans la personne d'Adam ; c'est que, d'autre part, Adam, étant le père et le chef de l'hu­manité, ne pouvait léguer à celle-ci que cet état de privation et de déchéance où il se trouvait après sa coupable désobéissance. Péché directement volontaire et personnel chez Adam et Ève, indirectement volontaire et imputé à ses descendants en raison du lien de nature qui les rattache et les fait solidaires les uns des autres.


7° VI. Le péché originel devant la raison.
Objection des Rationalistes contre la doctrine du péché originel. D'après les rationalistes, la raison ne peut admettre que la faute d'un homme rejaillisse sur toute sa descendance. a) Le dogme du péché originel, disent-ils, répugne aux attributs de Dieu. Dieu ne serait ni juste, ni bon, s'il punissait les innocents comme les cou­pables. b) De plus, n'est-il pas étrange que le péché, qui est une tache de 1’âme, puisse être propagé par la génération du corps ?
Réponse.

A. Quoi qu'en disent les rationalistes, la doctrine catholique du péché originel ne répugne nullement aux attributs de Dieu. a) Elle ne répugne pas à sa justice. La justice veut que l'on rende à chacun ce qui lui est dû. Or les dons surna­turels et préternaturels avaient été accordés à l'homme en dehors des exigences de sa nature. Ils avaient été des dons tout à fait gratuits et, par ailleurs, conditionnels. Un bienfaiteur qui octroie des faveurs, sans y être forcé, a bien le droit de mettre une condition à la distribution de ses largesses, et on ne saurait l'incriminer parce que celui à qui il offre ses biens ne veut pas remplir la condition imposée.

Ce qui se passe à propos du péché originel n'est pas un cas isolé et se reproduit ailleurs, dans l'ordre physique comme dans l'ordre moral. Ainsi les parents transmet­tent à leurs enfants leurs qualités ou leurs défauts, leur santé ou leurs tares, leur fortune ou leur misère : c'est la loi de l'hérédité. La gloire ou le déshonneur d'un prince retombent sur tous les citoyens de la même nation ; la renommée ou la honte d'un père, sur tous les membres de la même famille : c'est la loi de la solidarité. Pourquoi la raison, qui ne s'insurge pas contre ces deux grandes lois, les rejetterait­-elle, seulement quand il s'agit de la perte de la grâce ? b) Elle ne répugne pas à la bonté de Dieu. Celle-ci serait en défaut si les descendants d'Adam étaient punis pour une faute qu'ils n'ont pas commise. Or la chose ne se passe pas ainsi, car, même après le péché originel, l'homme garde tous les biens qui sont dus à sa nature d'homme et reste libre de choisir entre le bien et le mal37. En outre, la bonté de Dieu n'a pas voulu s'en tenir là. Par les mérites du divin Rédempteur qu'il nous a donné, les dons surnaturels nous ont été rendus et si par ailleurs nous considérons que même la perte des dons préternaturels définitive en la vie présente nous offre les moyens d'atteindre, par l'acceptation généreuse des souffrances et de la mort, à une plus haute perfection morale, n'est-ce pas le cas de redire avec l'Église, dans l'Exultet du samedi saint : « Ô heureuse faute qui nous valut un tel et si grand Rédempteur ! » 

B. Le péché originel ne répugne pas plus à la raison sous le rapport de la transmission. Il est vrai qu’on peut dire d'une certaine manière que le péché est propagé par la génération ; toutefois ce n’est pas la génération qui est en cause : uniquement la faute d'Adam ; et si Dieu ne donne plus la vie surnaturelle à l'âme qu'il crée, c'est parce qu'Adam n'a pas gardé la condition que Dieu avait imposée pour la conservation et la transmission de la grâce. C'est donc mal à propos que les rationalistes sont choqués du dogme de péché originel.


Conclusion pratique.
1° Ce n'est pas tant le péché originel qui doit nous inspirer de l'horreur, que nos péchés actuels, car nous ne sommes pas sûrs que nous aurions été plus forts que nos premiers parents si nous avions été à leur place.

2° Le péché originel a été abondamment racheté par la Rédemption. Remercions Dieu d'avoir permis que cette tache fût lavée par le Baptême.

3° Craindre l'orgueil qui nous entraîne si facilement et qui fait de nous une proie si facile pour le démon.

4° Invoquer Marie et lui demander de venir à notre aide : « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous, qui avons recours à vous. »


LECTURE. Lire la chute d'Adam et d’Ève (Chapitre III de la Genèse.)
QUESTIONNAIRE
1° Dans quel état Adam fut-il créé ? Quels dons reçut-­il de Dieu ?
2° Pourquoi Dieu voulut-il soumettre Adam et Ève à une épreuve ? Quelle fut cette épreuve ? Par qui nous est attestée l'existence du péché originel ? Quelle fut la gravité du péché originel ?
3° Sur quoi est fondé le dogme de la transmission du péché originel ? Quelles furent les deux exceptions ?
4° Quelles furent les conséquences du péché originel pour Adam et Ève ? Et pour leurs descendants ?
5° Quelle différence y a-t-il entre le péché actuel et le péché habituel ? Le péché originel est-il un péché actuel ou habituel ? Quelle est sa nature ?
6° Qu'objectent les rationalistes contre le dogme du péché originel ? Répu­gne-t-il aux attributs de Dieu ? Répugne-t-il à la raison sous le rapport de la trans­mission ?
DEVOIRS ÉCRITS. 1° Comment le péché originel a-t-il pu nous perdre, puisque nous ne l’avons pas commis ? 2° Le péché originel est-il une injustice ? 3° La science a constaté que les races primitives étaient sauvages. Est elle en contradiction avec l'histoire sainte ? Celle-ci ne nous apprend-elle pas que les hommes furent si corrompus que Dieu résolut de les exterminer par le déluge ? Par la suite, ne se choisit-il pas un peuple pour conserver la vraie Religion ? Montrer que si l'histoire religieuse et la science sont d'accord sur les faits, elles diffèrent par l'explication.

1   ...   7   8   9   10   11   12   13   14   ...   66


Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©atelim.com 2016
rəhbərliyinə müraciət