Ana səhifə

A. Boulenger, (chanoine honoraire d’Arras)


Yüklə 2.4 Mb.
səhifə6/66
tarix24.06.2016
ölçüsü2.4 Mb.
1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   66

4ème LEÇON

1er Article du Symbole : existence de Dieu.

« Je crois en Dieu le Père tout puissant

Créateur du ciel et de la terre. »




1° Adversaires du dogme

  1. Les indifférents ou les athées pratiques

  2. Les positivistes

  3. Les matérialistes ou athées théoriques

2° Erreurs sur la manière de démontrer Dieu

  1. Ontologisme

  2. Fidéisme

  3. Traditionalisme

  4. Criticisme

  5. Modernisme

3° Preuves de l’existence de Dieu

A) Révélation

  1. Écriture sainte

  2. Tradition

    1. Pères de l’Église

    2. Symboles

    3. Définition du Concile du Vatican

B) Raison

  1. preuves physiques

    1. Existence du monde

    2. Mouvement

    3. Ordre du monde

  2. preuves morales

    1. Loi morale

    2. Consentement universel

  3. preuves tirées de la réfutation des adversaires


24. Mots.
Je crois. Deux sens: a) Dans le lan­gage courant, le mot «croire» implique, un doute. Exemple: Je crois qu'il fera beau demain, veut dire : il me semble bien qu'il fera beau, mais je n'en suis pas tout à fait certain. b) Dans le Symbole des Apôtres, « Je crois» signi­fie: je suis absolument certain qu'il y a un Dieu et je ne crains pas de me tromper en affirmant son existence.

Dieu : Être infiniment parfait (V. le­çon suivante), créateur du ciel et de la terre (V. leçon VII), et souverain Sei­gneur de toutes choses. Le Seigneur est un Maître. Dieu est « Souverain Sei­gneur », c'est-à-dire qu'il est le Maître au-dessus de tous les autres maîtres, qu'il commande à tous et que toutes les créatures doivent lui obéir.

LES NOMS DE DIEU DANS L'ANCIEN TESTAMENT. a) Elohim, qui est un pluriel de majesté et signifie « tout­-puissant». Ce nom est tantôt appliqué au vrai Dieu, tantôt aux dieux étran­gers. b) Jéhovah ou Jahveh, c'est-à­-dire l'être par excellence, celui qui a la plénitude de l'être et qui crée. Les Juifs avaient un tel respect pour ce nom qu'ils ne le prononçaient jamais et le rempla­çaient par les mots « Elohim » ou « Ado­naï » c) Adonaï, le souverain Maître qui gouverne le monde. d) Sabaoth ou Dieu des armées, Celui qui est à la tête des armées et donne la victoire à qui il veut.

La RAISON appelle Dieu : a) l'être nécessaire, celui qui ne peut pas ne pas être, ni être autrement qu'il n'est. Les créatures, au contraire, qui auraient pu ne pas être ou être autrement, sont des êtres contingents ; b) la cause pre­mière, celle qui a produit toutes les causes secondes. On entend par causes secondes tout ce qui a été créé, tout ce qui doit son existence à la cause pre­mière, c'est-à-dire l'univers et tous les êtres qui le composent; c) le premier moteur.



Athée (du grec « a » privatif et « theos » : dieu = sans dieu). Celui qui ne croit pas à l'existence de Dieu.

Raison. Faculté par laquelle l'homme pense et juge. À l'aide de sa raison, l'homme parvient à découvrir certaines vérités. Mais il y a des vérités qui dépas­sent ses forces et qu'il ne connaît que parce que Dieu les lui a révélées.
DÉVELOPPEMENT


  1. I. objet du 1er Article du Symbole.

Le 1er Article du Symbole: « Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre », répond aux trois questions suivantes: 1° Dieu existe-t-il ? 2° Quelle est sa nature ? 3° Agit-il au dehors et quelle est son oeuvre ? Il sera donc traité dans cette leçon de l'existence de Dieu. Dans la 5ème leçon, nous étudierons les attributs de Dieu, et dans la 6ème, sa vie intime (mystère de la Sainte Trinité). Avec la 7ème, nous aborderons l’œuvre de Dieu : la création des Anges, et avec la 8ème, la création terres­tre et spécialement la création de l'homme.




  1. II. Les Adversaires du dogme de l'existence de Dieu.

Les adversaires du dogme de l'existence de Dieu peuvent se diviser en trois classes : il y a: a) ceux qui ne veulent pas s'occuper de la question : ce sont les indifférents. Ils suivent à la lettre le conseil de Littré : « Pourquoi-vous obstinez-vous à vous enquérir d'où vous venez et où vous allez, s'il y a un Créateur intelligent et bon. Ces problèmes sont une maladie ; le meilleur moyen de s'en guérir, c'est de ne pas y penser. » Malheureusement, comme dit Brunetière, il est impossible pour « tout homme qui pense » de ne jamais se poser la question. À cette première école qui s'appelle l'indifférentisme, l'on pourrait rattacher l'athéisme pratique qui consiste à vivre comme si l'on ne croyait pas en Dieu.

b) Il y a, en second lieu, ceux qui prétendent que la question est insoluble : ce sont les positivistes, qui ont pour chef Auguste Comte (mort en 1857) et Littré (mort en 1883), et les agnostiques, qui, sous un autre nom, professent à peu près la même doctrine : « Le problème de la cause dernière, dit l'Anglais Huxley, me paraît définitivement hors de l'étendue de mes pauvres facultés.» D'après ces deux systèmes, il n'y a de vérités que celles qui s'appuient sur des faits dont on peut contrôler l'existence. L'expérience est l'unique source de la connaissance, et la science a justement pour objet la vérifi­cation de ces faits et la détermination de leurs lois ; tout ce qui ne peut pas être vérifié appartient à la fiction ; d'où il faut conclure que Dieu est du domaine de l'inconnais­sable ; « L'infini est comme un océan qui vient battre nos rives, mais nous n'avons ni barques ni voiles pour l'explorer. » Littré.

c) La troisième classe d'adversaires est formée par les matérialistes qui font profes­sion d'athéisme. L'athée matérialiste ne dit plus, comme le positiviste : « Il peut se faire que Dieu existe, mais il est impossible de le démontrer. » Il sort de cette neutra­lité et affirme que Dieu n'existe pas. S'appuyant, lui aussi, sur le principe qu'il n'y a de vrai que les sciences expérimentales, il ne reconnaît que l'existence de la matière et il prétend qu'elle suffit à tout expliquer. Il établit alors comme conclusions que la matière est éternelle, que la force et le mouvement lui sont essentiels et incréés comme elle, que les lois de la nature qui gouvernent le monde sont immuables et il n'est pas besoin, par conséquent, de recourir à une cause intelligente et libre pour expliquer la création et le gouvernement du monde.



La première et la meilleure réfutation de ces théories de l'athéisme, c'est l'expo­sition des preuves de l'existence de Dieu.
27. III. Les erreurs sur la démontrabilité de l'existence de Dieu. 
Au point de vue catholique, il y a, comme nous le verrons tout à l'heure, deux façons de démontrer l'existence de Dieu. Les preuves nous viennent d'une double source : a) de la Révélation, et b) de la raison. L'on n'a donc pas le droit de reje­ter l'une de ces deux sources ni même d'exalter l'une au détriment de l'autre. Parmi les erreurs principales qui ont été commises sur ce point, citons :
1.L'ONTOLO­GISME, système de Malebranche qui regarde l'idée de Dieu comme une idée innée, l'essence divine étant perçue par nous, non pas d'une manière absolue, mais comme le principe de toutes les choses qui existent. Cette opinion fut condamnée en 1861 par un décret du Saint-Office.
2.Le FIDÉISME, pour qui la Révélation est le seul moyen de connaître Dieu: erreur condamnée en 1840 et en 1870 par le Concile du Vatican.
3.Le TRADITIONALISME (J. De Maistre, De Bonald, De Lamennais), qui affirme également l'impuissance de la raison à découvrir les vérités reli­gieuses et morales. D'après les traditionalistes, ces vérités ont été révélées au premier homme et nous ont été transmises par la Tradition.
4.Le CRITICISME, théorie inventée par Kant (mort en 1804), qui proclame que la raison pure ne peut atteindre la réalité des choses. Il n'y a, d'après ce philosophe, aucune vérité objective, il n'y a que des vérités subjectives ; en d'autres termes, nous pouvons bien savoir ce qui est dans notre pensée mais il nous est impossible d'affirmer que les choses existent telles que nous le croyons. Système très dangereux qui aboutit au doute et à la négation de toute certitude. Il est vrai que Kant, pour sauvegarder la vérité objective de l'exis­tence de Dieu, recourt à une distinction ingénieuse mais trop subtile et sans fonde­ment entre la raison pure et la raison pratique, et qu'au moyen de cette dernière il rétablit l'existence de la loi morale, et, par celle-ci, l'existence d'un législateur qui est Dieu.
5. Le MODERNISME14, doctrine qui découle directement du criticisme de Kant. De nombreux catholiques en France, en Angleterre, en Italie, et en Allemagne, imbus des théories du philosophe allemand, estimant avec lui que la raison pure ne peut démontrer l'existence de Dieu, pas même par le moyen des créa­tures, proclamèrent que Dieu n'était pas objet de la science. D’après eux, le sentiment est l'unique fondement de la croyance. Il suffit de descendre au fond de nous-mêmes pour trouver Dieu et pour en faire comme « l'expérience individuelle ». C'est donc dans la conscience ou plutôt la subconscience, comme ils disent, que nous avons l'intuition de Dieu et du divin. Certes, il peut se faire que des âmes privilégiées, aidées de la grâce, sentent expérimentalement la présence divine, mais ce ne peut être là un moyen infaillible et général d'arriver à la connaissance de Dieu. Cette doctrine a été condamnée par la Congrégation du Saint-Office le 3 juillet 1907 (Décret Lamen­tabili) et par Pie X le 8 septembre 1907 (Encyclique Pascendi).
28. IV. Les preuves de l'existence de Dieu.
L'existence de Dieu se démontre par une double voie : par la Révélation et par la raison. Art. de foi, concile du Vatican.
A.Preuves fournies par la Révélation.
a) ÉCRITURE SAINTE. En nous apprenant que Jahweh s'est souvent manifesté aux hommes, la Bible nous révèle à la fois l'existence et la nature de Dieu.

1. Dans l'Ancien Testament, les livres de Moïse (Pentateuque) nous mon­trent Dieu comme le Créateur et souverain Seigneur de toutes choses, à qui seul est dû le culte d'adoration dont le rite principal est le sacrifice , comme le Législateur, qui apparut à Moïse sur le mont Sinaï et lui remit les Tables de la Loi où était inscrit le Décalogue contenant les points essentiels de la Loi morale. Avec les prophètes, se dégage encore mieux la notion du vrai Dieu : Sa toute-puissance, son éternité, son univer­selle royauté, sa miséricorde, sa bonté paternelle. Les prophètes réagissent contre les tendances particularistes des Juifs qui les poussaient à faire de Jahweh un Dieu national ; ils réagissent surtout contre leur culte et leurs pratiques de piété, où les rites extérieurs tenaient trop de place au détri­ment de la justice et de la sainteté intérieures. Les livres sapientiaux insistent sur les perfections infinies de Dieu, sur sa présence en tous lieux.



2. Dans le Nouveau Testament, « Dieu nous a parlé par son Fils » (Héb. I, 2). Jésus a été le grand révélateur de la divinité et de ses attributs. Plus que les prophètes, il s'est élevé contre le particularisme juif, en affirmant que Dieu est le Père de tous les hommes, qu'il veut le salut de tous. (Mat., XVIIII, 14, XXII, 10 ; Luc, XIV, 23), en montrant la bonté divine s'étendant à tous les êtres de la création, voire aux plus infimes, mais réservant sur­tout sa sollicitude aux hommes (Mat., VI, 26-32 ; Luc, XII, 24-30).

b) TRADITION. 1. Les Pères de l'Église et les scolastiques ont prouvé l'existence de Dieu tant par les textes de l'Écriture Sainte que par les lumières de la raison. 2. L'existence de Dieu est la première vérité énoncée par les différents symboles. 3. Ce dogme a été défini par le IVème Concile de Latran contre les Albigeois et autres hérétiques et par le concile du Vatican, qui déclare Sess. III, chap.1 « La sainte Église catholique croit et professe qu'il y a un seul Dieu, vrai et vivant, Créateur et Seigneur du ciel et de la terre. »
B. Preuves de l'existence de Dieu par la raison.
L'existence de Dieu peut être connue avec certitude par la raison. Cet art. de foi, condamnant les opinions dont il a été question dans le N° précédent, a été défini par le Concile du Vatican, qui déclare sess. III, chap. 2, can. 1 : « Si quelqu'un dit que le Dieu unique et véritable, notre Créateur et Maître, ne peut pas être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine, au moyen des choses qui ont été créées, qu'il soit anathème. » Dans son Motu proprio du 1er septembre 1910, Pie X est plus explicite encore : « Dieu, dit-il, peut être connu, et par conséquent aussi démontré avec certitude par la lumière naturelle de la raison au moyen des choses qui ont été faites, c’est-à-dire par les ouvrages visibles de la création, comme la cause par ses effets. »
Le dogme a son fondement dans l'Écriture et la Tradition. Voici quelques textes de la Sainte Écriture : « Insensés par nature, est-il dit dans la Sagesse (XIII, 1), tous les hommes qui ont ignoré Dieu, et qui n'ont pas su, parles biens visibles, s'élever à la connaissance de Celui qui est. » « L'insensé dit dans son cœur : il n'y a point de Dieu. » (Ps., XIII, 1). Et saint Paul déclare que : « Les perfections invisibles de Dieu, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l'intelligence par le moyen de ses oeuvres. » (Rom., I, 20).
Classification des preuves de l'existence de Dieu. La division la plus ancienne et la plus classique des preuves de l'existence de Dieu est celle qui les range en trois classes: les preuves physiques, les preuves morales, et les preuves métaphysiques15, Nous choisirons, entre les preuves physiques et les preuves morales, les plus simples et les plus populaires, en laissant de côté les preuves métaphysiques, qui sont plus difficiles à saisir et qui paraissent d'ailleurs de moindre portée16.

29. V. Preuves physiques de l'existence de Dieu.
Les plus connues sont celles qui sont tirées du monde tel qu'il existe, c’est-à-dire considéré: a) dans son existence, dans les éléments et les êtres qui le composent b) dans le mouvement que nous y constatons c) dans l'ordre et l'harmonie qui y règnent.
1° Preuve tirée de l'existence du monde17. Les causes secondes (Voir vocabulaire) supposent une cause première, de même que les êtres contingents supposent un être nécessaire. Or le monde est composé de causes secondes et d'êtres contingents. Donc il suppose une cause première et un être nécessaire.
A. Il semble assez incontestable que les causes secondes supposent une cause première. Du moment, en effet, que les causes sont subordonnées et qu'elles sont incapables par elles-mêmes de produire leur existence elles supposent nécessairement une cause première. Il serait absurde de prétendre qu'elles s'expliquent les unes par les autres, que le fils s'explique par le père, le père par l'aïeul, et ainsi de suite jusqu'à l'infini. Car quand bien même on pourrait admettre une série infinie de causes secondes, ce n'est pas le nombre de semblables causes qui en changerait la nature. On a beau supposer une multitude infinie d'aveugles, on n'obtient pas pour cela un homme qui voit. Les causes secondes ne s'expliquent donc que par une cause première.
Le raisonnement reste le même si l'on considère les êtres non plus comme causes secondes mais comme êtres contingents. Du fait qu'ils n’ont pas par eux-mêmes la raison de leur existence, les êtres contingents exigent un être nécessaire qui soit leur raison d'être.
B. Que le monde soit composé de causes secondes et d'êtres contingents, il est facile de le prouver. Soit dans son ensemble, soit dans ses parties, le monde est un assemblage de choses éphémères dont notre esprit conçoit très bien la non-existence. La matière brute, les minéraux que nous avons sous les yeux, les êtres vivants dont nous faisons partie, n'existent pas par eux-mêmes. Encore moins peut-on concevoir leur existence comme nécessaire. La science n'est-elle pas là d'ailleurs pour nous attester que les végétaux et les animaux n'ont pas toujours existé et que l'homme est d'origine relativement récente. « Or si chacune des parties de l'univers n'existe pas nécessairement, dit Clarke, le tout ne peut exister nécessairement. »
Donc le monde suppose une cause première et un être nécessaire qui lui ait donné l'existence. Cette cause première, cet être nécessaire, c'est Dieu.

2° Preuve tirée du mouvement du monde. Les moteurs seconds, c’est-à-dire ceux qui n'ont pas en soi la raison d'être de leur mouvement, supposent un premier moteur. Or le monde est animé d'un mouvement qu'il n'a pu se donner lui-même. Donc il appelle un premier moteur.
A.Il est clair que, pour les moteurs seconds comme pour les causes premières, on ne peut invoquer une série infinie de moteurs qui se seraient communiqué le mouvement les uns aux autres. Si chacun est impuissant à se donner le mouvement dont il est animé, nécessairement il faut admettre un premier moteur.
B. Qu'il y ait du mouvement dans le monde, c'est un fait que nos sens nous attestent à chaque instant. D'autre part, c'est un principe admis par la science que la matière, que les êtres inorganiques, sont inertes et ne peuvent par eux-mêmes ni acquérir ni modifier leur mouvement. À supposer même que le monde soit en mouvement de toute éternité, ce qui est en contradiction avec l'hypothèse de Laplace qui tient pour certain que le mouvement du monde a commencé, il faudrait encore admettre un premier moteur qui lui aurait donné le mouvement. Aucun être ne pouvant se donner ce qu'il n'a pas, il s'ensuit que tout être inerte par nature et qui est en mouvement, a dû recevoir ce mouvement d'une cause étrangère. Cette force étrangère, ce premier moteur, nous l'appelons Dieu.
3° Preuve tirée de l'ordre du monde, dite des causes finales18. Tout ordre est l’œuvre d'une cause intelligente. Or il y a dans le monde un ordre admirable. Donc l'ordre du monde suppose une cause intelligente.
A. Il découle du principe de causalité que tout plan suppose un ordonnateur et que l'ordre et l'harmonie dans l'effet attestent l'intelligence dans la cause. L'ordre est en effet l'adaptation des moyens à la fin. Pour faire marcher une montre il ne suffit pas de disposer les rouages au hasard, il faut les mettre à la place et de la manière voulues. Or ce travail requiert une certaine science chez l'ouvrier.
B. Mais est-il vrai que l'ordre règne dans le monde ? Est-il vrai qu'il y ait partout juste proportion entre les moyens et la fin ? Il suffit de jeter un coup d’œil sur l'univers, sur l'ensemble comme sur les parties, pour voir avec quel génie et quel art il a été fait. Tout dans la nature s'harmonise. Au-dessus de nous, nous voyons les astres suivre leur cours avec une régularité inflexible: « Les cieux, dit le Psalmiste, racontent la gloire de Dieu. » (Ps., XVIII, 2). Sur la terre et dans chacun des êtres qui l'habitent, l'harmonie n'est pas moindre. Tout être a des organes parfaitement adaptés à la fin qu'il poursuit; l'oiseau a des ailes pour voler; l'homme a des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, et l'on ne peut étudier ces différents organes sans admirer leur merveilleuse structure. Et qu'on ne dise pas que l'ordre du monde peut être le produit du hasard, car précisément le caractère des effets du hasard est de manquer d'ordre et de symétrie. « Qu'on raisonne et qu'on subtilise tant qu'on voudra, dit Fénelon, jamais on ne persuadera à un homme sensé que l'Iliade n'ait point d'autre auteur que le hasard... Pourquoi donc cet homme sensé croirait-il de l'univers, sans doute encore plus merveilleux que l'Iliade, ce que son bon sens ne lui permettra jamais de croire de ce poème ? » Cette même conclusion se retrouve dans les deux vers souvent cités de Voltaire :
«  L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer

Que cette horloge marche et n’ait point d'horloger »

Qu'on ne dise pas davantage que l'ordre du monde est l’œuvre de l'évolution, car si l'évolution peut être la loi qui a présidé à la formation du monde, elle n'en saurait être la cause.


Nous pouvons donc conclure que l'ordre du monde ne peut s'expliquer sans un merveilleux artiste qui en ait disposé tous les rouages. Cet habile ouvrier, cette intelligence ordonnatrice, c'est Dieu19.
30. VI. Preuves morales de l'existence de Dieu.
1° Preuve tirée de la loi morale. Il y a une loi morale à laquelle tous les hommes se sentent obligés d'obéir. Or cette loi universelle ne peut avoir d'autre cause que Dieu. Donc Dieu existe.
A. L'existence de la loi morale est hors de conteste. Il y a une règle absolue, universelle et immuable qui s'impose à notre volonté, en nous prescrivant le bien et en nous défendant le mal. Cette loi vient à notre connaissance par la voix de la conscience. Avant l'acte, la conscience nous dit si la chose est bonne ou si elle est mauvaise. Après l'acte, elle nous approuve si nous avons fait le bien, et elle nous blâme si nous avons succombé au mal. La conscience peut se tromper sur les prescriptions de la loi morale, elle peut croire qu'une chose est bien quand elle ne l'est pas et il peut arriver, selon le mot de Pascal, que ce qui est « Vérité en deçà des Pyrénées soit erreur au delà ». Il n'en est pas moins vrai qu'elle proclame de toutes façons que nous sommes obligés d'obéir à une loi qui commande en nous.

B. Il faut donc expliquer d'où vient cette loi que la conscience nous révèle. Il va de soi, en effet, que toute loi suppose un législateur, et qu'une obligation ne peut être intimée à une volonté inférieure et dépendante que par une volonté supérieure et indépendante. Or, ce législateur nous ne le trouvons ni en nous-mêmes, ni dans la société. a) En nous-mêmes. On ne peut pas être à la fois législateur et sujet. On a allégué, il est vrai, comme motifs du devoir, soit la beauté intrinsèque de la vertu ; soit sa conformité avec la nature humaine ; soit encore l'harmonie qui existe entre la vertu et le bonheur. Mais il est facile de voir que ces différents motifs sont impuissants à créer l'obligation morale. 1. Et tout d'abord la beauté intrinsèque de la vertu. Si la beauté morale d'une action suffisait à la rendre obligatoire, le devoir deviendrait d'autant plus pressant que l'action serait plus généreuse, et les actes les plus beaux comme l'héroïsme, au lieu d'être réservés à une élite, seraient une obligation imposée au commun des mortels : ce que personne n'admet. 2. Quant à la pré­tendue conformité du bien avec la nature humaine, il est loin d'en être ainsi. Ne savons-nous pas par expérience qu'il nous en coûte souvent pour accomplir le bien et remonter le courant qui nous entraîne au mal ? 3. Est-il vrai qu'il y ait toujours harmonie entre la vertu et le bonheur ? Non assurément. Mais même s'il en était ainsi, le bonheur pourrait être pour l'homme un mobile qui le déterminerait à faire son devoir, mais non un prin­cipe d'action, vu qu'il n'y a pour nous aucune obligation de rechercher le bonheur. b) L'obligation morale n'a pas davantage sa source dans la société: aucun homme, en effet, n'est le maître absolu de ses semblables. L'obliga­tion morale ne s'impose-t-elle pas d'ailleurs aux chefs de la société aussi bien qu'aux sujets ? Il est donc permis de conclure que le devoir n'a pas de sens en dehors de Dieu, que Dieu seul peut être la source de l'obligation morale.

Nous pourrions ajouter que Dieu est encore nécessaire pour appliquer la juste sanction à nos actes. La sanction ne s'impose pas, il est vrai, pour fonder la loi morale, mais elle doit la compléter : l'ordre veut que la vertu soit récompensée et le vice puni. Or rien ne nous garantit la justice des sanctions terrestres. Nous ne pouvons donc trouver, en dehors de Dieu, le Rémunérateur que réclame notre conscience. Donc l'existence de la loi morale suppose Dieu et comme Législateur et comme Rémunérateur20.
Preuve tirée du consentement universel. Cette preuve découle naturellement des précédentes. Si la raison peut démontrer l'existence d'un être supérieur, les peuples ont dû être unanimes à reconnaître une divinité. L'histoire nous témoigne, en effet, que dans tous les temps et tous les pays l'on a cru à l'existence de Dieu : « Vous pouvez trouver, dit Plutarque, des cités privées de murailles, de maisons, de lois, de monnaie, de culture des lettres ; mais un peuple sans dieux, sans prières, sans ser­ments, sans rites religieux, sans sacrifices, nul n'en vit jamais. » Les hommes ont pu errer sur la manière de le concevoir, comme les poly­théistes qui ont imaginé des divinités multiples, mais ils se sont au moins accordés sur le fait lui-même. « Aucune nation, dit Cicéron, n'est si gros­sière, si sauvage, qu'elle ne croie à l'existence des dieux, lors même qu'elle se trompe sur leur nature. »

D'où vient cette croyance universelle ? On ne peut en chercher le fondement dans une des causes de l'erreur. Elle ne vient: a) ni de la crainte : l'on ne craint pas un être qui a la bonté pour principal attribut ; b) ni de l'ignorance, puisque cette croyance est partagée par les savants et par les ignorants ; c) ni des passions : l'existence de Dieu les gêne au contraire ; d) ni des législations humaines. Les princes ont pu se servir de la croyance pour obtenir le respect de leurs peuples, mais ils ne l'ont pas faite ; sinon, l'histoire aurait enregistré le nom de l'inventeur.

Il est donc permis de conclure que, si tous les peuples ont admis une divinité, c'est que cette croyance leur a été imposée par leur raison, de sorte que le consentement universel, sans être à proprement parler un nouvel argument, vient corroborer fortement la valeur des preuves qui ont été précédemment exposées, et constitue une démonstration indirecte de l'existence de Dieu.
31. VII. Preuve tirée de la réfutation de l'athéisme.
Nous voulons parler ici de l'athéisme scientifique qui, sous sa double forme de posi­tivisme et de matérialisme, prétend ou bien que Dieu est du domaine de l’inconnaissable, ou bien qu'il n'existe pas. Les deux écoles s'appuient sur le même principe, à savoir que rien n'est vrai, que ce qui peut être vérifié par l'expérience. Elles ne diffèrent que dans leurs conclusions : tandis que la première suspend, en apparence, son jugement, l'autre ne recule pas devant la négation ; mais, en fin de compte, le positivisme aboutit toujours en pratique au même résultat, puisqu'il n'est pas pos­sible, dans cet ordre de questions, de tenir le milieu entre l'affirmation et la négation et que la neutralité a les mêmes inconvénients que l'athéisme positif.

Le principe du positivisme et du matérialisme, que l'expérience est l'unique source de nos connaissances, est évidemment trop exclusif et faux. Il est, en effet, d'autres principes nécessaires, universels, comme le principe de causalité (tout ce qui a com­mencé d'exister a une cause), ou le principe de non-contradiction (il est impossible qu'une chose soit et ne soit pas en même temps), que la raison nous fournit et que tout esprit juste admet, bien qu'il ne soit pas toujours possible d'en faire la vérification expé­rimentale.

Non seulement le principe des matérialistes est faux, mais ils sont les premiers à ne pas l'appliquer. Ils admettent, par exemple, que deux lignes parallèles ne se rencontrent jamais, ou bien encore qu'un objet ne saurait être en même temps blanc et noir ; et cependant ils sont incapables de le prouver par l'expérience.

Quand les matérialistes, dans le but d'expliquer le monde, déclarent que la matière est éternelle et incréée et qu'elle a comme propriétés la force et le mouvement, où est l'expérience qui démontre la vérité de leur assertion ?

Aussi est-il permis de conclure que l'existence de Dieu apparaît comme la vérité la mieux établie, tant par l'ensemble des preuves apportées par la raison que par la faiblesse des objections des adversaires.
Conclusion pratique.
1° « Nul ne nie Dieu, s'il n'a intérêt à ce qu'il n'existe pas. » (Saint Augustin.) « Tenez votre âme en état de désirer toujours qu'il y ait un Dieu et vous n'en douterez jamais. » (Jean-Jacques Rousseau.) « Nier Dieu c'est un aveuglement et une folie.» (V. Hugo.)

2° Plaise à Dieu que non seulement notre âme n'ait jamais de raisons de douter de Lui, mais qu'elle s'élève souvent par la prière jusqu'à son trône !


LECTURES. 1° Lire dans l'Exode (chap. 3) : Dieu dans le buisson ardent. 2° L'Arabe du désert. On demandait à un pauvre Arabe, ignorant comme beaucoup d'Arabes, comment il savait qu'il y a un Dieu. De la même façon, répondit-il, que je connais par les traces marquées sur le sable s'il y a passé un homme ou une bête.
QUESTIONNAIRE.

1. Quel est l'objet du 1er Article du Symbole ?


2. Quels sont les adversaires du dogme de l'existence de Dieu ? Quelle différence y a-t-il entre les positivistes et les matérialistes ?
3. Citez les erreurs sur la démontrabilité de l'existence de Dieu. Qu'est-ce que le fidéisme ? Le traditionalisme ? Le criticisme ? Le modernisme ?
4. Quelles sont les preuves de l'existence de Dieu fournies par la Révélation ? La raison peut-elle démontrer l'existence de Dieu ? Comment peut-on classer ses preuves ?
5. D'où sont tirées les preuves physiques de l'existence de Dieu ? Expliquez la preuve tirée de la contingence du monde. Qu'est-ce que la preuve du premier moteur ? Exposez la preuve tirée de l'ordre du monde.
6. Qu'est-ce que les preuves morales de l'existence de Dieu ? Que prouve la loi morale que nous révèle notre conscience ? Exposez la preuve du consente­ment universel.
7. Que pensez-vous du principe de l'athéisme scientifique ? L'expérience est-elle vraiment l'unique source de nos connaissances ? La réfutation de l'athéisme positiviste et matérialiste n'est-elle pas une nouvelle preuve de l'existence de Dieu ?
DEVOIRS ÉCRITS. 1° Exposez les différentes preuves de l'existence de Dieu. 2° Dites quelle est, à votre avis, la plus convaincante et celle qui fait le plus d'im­pression sur votre esprit.


1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   66


Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©atelim.com 2016
rəhbərliyinə müraciət