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Ion Manoli Dictionnaire stylistiques et poétiques Etymologie. Définition. Exemplification. Théorie


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Trisyllabe n. m. ou trisyllabique adj. Du gr. trisyllabus : tri- : « trois » et syllabe.

Se dit d’un mot, d’un vers de trois syllabes.

On dit : un trisyllabe ; un pied, un vers trisyllabique.

Voir sous alexandrin.



Trochée n. m. Du lat. trochaeus, du gr. trokhaios : « coureur, course ».

Le terme nous vient de la poétique antique et désigne le pied formé d’un syllabe longue (-) suivie d’une autre brève. La formule du trochée et (- U).

« Les pieds employés, qui sont des trochées, consitent en une syllabe longue suivie d’une brève » (Ch. Baudelaire). Le trochée communique ainsi au vers une allure rapide.

Voir sous versification.



Trope n. m. Du lat. tropus ; du gr. tropos : « tour, manière de détourner ».

Figure de style par laquelle un mot ou une expression sont détournés de leur sens propre, habituel. En ce cas il y a une transposition de sens; le mot est pris au sens figuré. La transposition de sens est une des sources d'enrichissement du vocabulaire d'une langue et c'est la lexicologie qui étudie ces faits.

La stylistique s'intéresse aux tropes, c'est-à-dire aux mots et expressions employés dans un sens figuré sentis comme tels par les usagers, par exemple, les métaphores, les comparaisons, les métonymies, les synecdoques, etc. Ceux ayant un caractère neutre, traditionnel intéressent moins un styliste, tandis que poétiques qui surpassent de ceux beaucoup ceux neutres par leurs valeurs riches en connotations constituent l'objet direct d'étude de la stylistique.

Tous les styles du français moderne (à l'exception du style officiel) recourent largement aux tropes. Le français parlé et le français populaire affectionnent les tropes stables, traditionnels, de caractère affectif. Dans un exposé scientifique les tropes ne sont qu'un moyen auxiliaire.

Les tropes individuels, inédits, résultent d'une vision psychologique individuelle en exclusivité. Jugez- en-vous-même : Il n’y avait plus qu'à replier sur le secret de sa jouissance les ailes ouatées de l'oubli. (R. Rolland) ; Ils semblaient n'avoir plus l'âme, mais simplement derrière les yeux un miroir d'argent oxydé. (M. Druon); Le bruit de machine à coudre rongeait le silence. (G. Duhamel) ;... neige noire des nuits blanches. (P. Eluard) ; Un vieux cygne noir passait fier comme une galère. (M. Druon), etc.

G. Molinié donne une explication assez détaillée à ce phénomène : Ilexiste théoriquement autant de tropes qu'il peut exister de rapports sémantiques entre les valeurs de base de deux termes, c'est-à-dire entre la valeur habituelle du mot tropique et celle du mot, exprimé ou non, auquel renvoie en l'occurence ce mot tropique. Défait, seuls quelques grands types généraux de rapports sémantiques sont effectivement productifs et ont été concrètement répertoriés, les deux tropes majeurs étant la métaphore et la métonymie. Mais il y en a bien d'autres ; il s'en réalise, dans la vie du discours, des nuancements multiples ; et il ne faut pas oublier que les tropes sont souvent mêlés (p. 323-329).

Selon la nature des rapports qu'ils établissent entre les réalités, on distingue plusieurs espèces de tropes, comme : métaphore, métonymie, comparaison imagée, personnification, synecdoque, périphrase, ironie, etc. (voir sous ces mots).

Troubadour n. m. et adj. Du provençal trobador, trobar : « trouver, inventer ».

Poète ayant composé dans l'ancienne langue française, dite langue d'oc ou langue provençale. Les troubadours et les trouvères (voir sous ce mot) sont les créateurs de la poésie française. Les troubadours, répandus dans le Midi de la France du XIe au XIIIe s., ont surtout brillé par la recherche de la forme et des difficultés de la versification. La ballade, le lai, le rondeau, la sirvente sont de l'invention des troubadours auxquels les trouvères les ont plus tard empruntés. Ils chantaient surtout la chevalerie et l'amour, allant de château en château, récitant ou chantant en s'accompagnant d'une guitare. Ils étaient souvent accompagnés d'un jongleur. Leurs compositions étaient généralement courtes; ils ont laissé cependant des oeuvres importantes : Le Bréviaire d'Amour, Girard de Roussillon, etc. Parmi les principaux troubadours, on cite: Guillaume IX d'Aquitaine, Bertrand de Born, Bernard de Ventdour, Faydit, Raymond Béranger, Richard Coeur de Lion, etc.

Il est difficile de connaître la biographie des troubadours, car leur vie est devenue légendaire. Il sont très nombreux (400 environ) et leur origine sociale est très diverse.

Un troubadour est à la fois poète et compositeur : on dirait de nos jours « auteur-compositeur ». La musique chez les troubadours était essentielle. Aujourd’hui on ignore de quel instrument s’accompagnait le troubadour ; La grande „joy” à laquelle aspire le troubadour représente le bonheur parfait qui naît de l’amour de deux êtres qui éprouvent l’un pour l’autre estime, respect et passion. L’alouette et le rossignol en sont les messagers.



Troubadour adj.

Se dit d’une mode qui s’est manifestée dans les lettres et les arts en France, sous la Restauration, et qui se caractérise par une libre évocation du Moyen Ȃge et du style gothique. On dit : le style troubadour.



Troubadourisme n. m. De troubadour.

Se dit par ironie du genre et des façons de troubadour.



Trouvère n. m. De l'anc. fr. trovere : « celui qui trouve ».

Poète ayant composé dans l'ancienne langue française du Nord de la France, dite langue d'oïl. Les trouvères, appelés aussi trouveurs, ont fait leur métier en même temps que les premiers troubadours (voir sous ce mot), c'est-à-dire dès le XIe s. Les principaux d'entre eux étaient d'origine picarde ou normande. Leurs poésies sont beaucoup moins riches de figures stylistiques que celles des troubadours; leur caractère original est la naïveté ou la causticité.

Les oeuvres des premiers trouvères sont les romans en prose rimée qu'on appelait chansons de geste, ou des contes appelés fabliaux. Les plus célèbres auteurs des chansons de geste du XIe-XIIe s. furent H. de Villeneuve, R. Wace, J. Bodel, A. de Paris, G. de Châtillon et Ch. de Troyes. On doit aux trouvères les romans de chevaleries. La poésie lyrique n'eut pas dans le Nord de la France le même éclat de force que dans le Midi. Comme celles des troubadours, les poésies des trouvères étaient destinées, les unes à être chantées, les autres à être simplement récitées.

Truisme n. m. De l’angl. truism, de true : « vrai ».

Vérité d’évidence et banale que l’on présente sous une forme naïve ou humoristique et n’apportant aucune information.

Par ex. : Hélas, La Palice est mort.

Est mort devant Pavie ;

Hélas, s’il n’était pas mort,

Il ferait encore envie (La Palice).

Synonymes : lapalissade, cliché, redondance. Voir sous ces mots.





-U-

Il pleure dans mon coeur

Comme il pleut sur la ville...
P. Verlaine

Unipersonnel, - elle adj. et n. De uni. -, personne, et suff. – el.

Les grammairiens français appellent quelquefois ainsi les verbes qui ne peuvent ȇtre employés qu’à une personne, la III- e du singulier, et qui sont en réalité des impersonnels : il pleut ; il neige ; il vente.

Par ext. on dit : les unipersonnels d’un texte, d’un poème.

Urbanisme n. m. De urbanus : « de la ville ».

Forme caractéristique de l’usage de la ville, par opposition aux rusticismes, provincialismes, pérégrinismes.

A consulter : Henri Bauche, Le français tel qu’on le parle dans le peuple de Paris. In. : Le langage populaire. – Paris, 1920, p. 15-30 ; Le français dans tous ses états. Sous la direction de B. Cerquiglini, J. – M. Klinkenberg et B. Peeters. – Paris : Flammarion, 2002. – 416 p.

Usage (Langue d’). Du lat. usus, de uti : « se servir ».


  1. Par opposition à la langue littéraire ou spécialisée, celle qui est employée par le

commun des usagers. On oppose fréquemment dans la grammaire normative l’usage à la théorie.

  1. Mise en oeuvre de l’ensemble des éléments du langage par la parole.

  2. Un dictionnaire d’usage est un dictionnaire de langue unilingue dont la

nomenclature correspond au lexique commun à l’ensemble des groupes sociaux constituant la communauté linguistique.

  1. Chez L. Hjelmslev, l’usage s’oppose à la norme et est constitué par l’ensemble

des caractères non distinctifs.

 


-V-
De la musique avant toute chose...

Que ton vers soit la bonne aventure

Eparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym...

Et tout le reste est littérature.

Paul Verlaine



Valeur n. f. Du lat. valor : « prix ».

Le terme n’est ni stylistique, ni poétique, mais il est largement employé dans des expressions comme valeur stylistique ; valeur poétique ; valeur de la rime, etc.

On appelle valeur linguistique le sens d’unité définie par les positions relatives de cette unité à l’intérieur du système linguistique. « Dans la langue, chaque terme a sa valeur par son opposition avec tous les autres termes ». (F. de Saussure).

La valeur s’oppose à la signification définie par référence au monde matériel (à la substance). Ainsi, les pièces de monnaies, les billets de banque et les chèques sont des manifestations différentes d’une seule et mȇme valeur ; de mȇme, les unités linguistiques demeurent les mȇmes quels que soient les sons qui les représentent ; elles gardent la mȇme valeur, qu’elles soient réalisées phoniquement ou graphiquement.

A consulter : Jean Dubois, Dictionnaire de linguistique, p. 506.

Valeur de la rime n. f. De « valeur », et rime.

Une rime peut être riche ou pauvre, suffisante ou défectueuse. Alors le caractère mesurable d’une rime en tant que susceptible d’ȇtre valorisée nous appelons valeur de la rime.

A voir sous rime.

Vaudeville n. m. Prononcez : [vɔdvil]. Mot d’origine norm. Il est probable qu’il provienne du nom Val (Vau) de Vire de Normandie où vivait Olivier Basselin qui composait au XVe siècle des chansons satiriques. En s’éloignant de ce lieu, le nom dégénéra en vaudeville.


  1. Chanson populaire au thème satirique.

  2. Oeuvre appartenant au genre dramatique, mȇlée de chansons et de ballets, d’un

ton léger, où l’intrigue est comique, extravagante. Ex : « Un chapeau de paille d’Italie » de Labiche.

Le vaudeville dans le théâtre met l’accent surtout sur le dialogue récité ou chanté. Eugène Scribe a présenté son discours à l’Académie Française (1836) qui a été entierement consacré au vaudeville comme oeuvre poétique et théâtrale.

Au XIXe siècle Désaugriers, Scribe, Labiche ont écrit des comédies à couplets.

Aujourd’hui, le nom de vaudeville est appliqué à toute comédie légère, habilement intriguée, d’un comique un peu gros, fondée sur le quiproquo (voir sous ce mot).



Véhémence n. f. Du lat. vehementia : « ardeur ; impétuosité ».

La véhémence est une des qualités du style; la force impétueuse des sentiments ou de leur expression y est pour beaucoup. La véhémence crée l'impression d'une grande énergie et a pour but de toucher le lecteur (l'auditeur). La véhémence est le contraire du style plat et froid.

Synonyme : fougue, passion.

Véhicule n. m. Du lat. vehiculum ; de vehere : « transporter ».

Composante imagée de la comparaison; le comparant, par opposition à la teneur. Par ex. :


Des mains affreusement maigres, nouées, pareilles à des bêtes étranges.

G. de Maupassant

Antonyme : teneur (voir sous ce mot).

Voir aussi sous comparaison.



Verbiage n. m. Du moyen fr. verbier : « gazouiller ».

Abondance de paroles, inutiles et d’expressions de mots vides de sens ou qui disent peu de choses.

On dit : un verbiage creux ; spécifique. « Et il se lança dans un verbiage très embrouillé » (G. Flaubert).

Synonyme : prolixité. Voir sous ce mot.



Vérbigération (ou logorrhée, ou verbiage) n. f. Du lat. verbigerare : « se quereller »

Flux de paroles inutiles n’apportant aucune nouvelle information, proche du phébus et du galimatias.

Les personnages de la Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco utilisent un verbiage incohérent, avec répétitions inutiles.

Le mot vient du domaine de la psychiatrie.

Synonyme : amphigouri (voir sous ce mot).

Verlan n. m. Inversion de (à) l’envers.

Création argotique conventionnelle consistant à inverser les syllabes de certains mots. Par ex. : laisse béton pour laisse tomber ; zarbi pour bizarre. Voir sous jeux de mots.



Vers n. m. Du lat. versus : « sillon, ligne, vers ».

Assemblage de mots mesurés et cadencés selon certaines règles de la versification (voir sous ce mot). Dans la théorie de la versification il y a toute une série de termes-expressions, formés à l'aide du mot vers : vers alexandrin (voir sous ce mot); vers libres, suite de vers réguliers mais de longueur inégale et dont les rimes sont combinées de façon variée. On distingue :



1. le vers libre classique : système de vers hétérométriques à rimes mêlées ; il est composé de mètres pairs de quatre à douze syllabes.
Après avoir aux dieux adressé les prières,

Tous les ordres donnés, on donne le signal.

Les ennemis, pensant nous tailler des croupières,

Firent trois pelotons de leurs gens à cheval;

Mais leur chaleur par nous fut bientôt réprimée

Et vous allez voir comme quoi.

Voilà notre avant-garde à bien faire animée;

Là, les archers de Créon, notre roi;

Et voici le corps d'armée.

Molière


2. le vers libre symboliste: ce sont des vers syllabiques non rimés et irréguliers.
Les chars d'argent et de cuivre -

Les proues d'acier et d'argent -

Battent l'écume,-

Soulèvent les souches des ronces.

Les courants de la lande,

Et les ornières immenses du reflux,

Filent circulairement vers l'est.

Vers les piliers de la forêt, -

Vers les fûts de la jetée,

Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière. A. Rimbaud

3. vers blancs : ce sont des vers syllabiques non rimés et de mesures variées ;

4. vers léonin (voir sous léonin) ;

5. vers macaroniques où l’auteur entremêle des mots d'une langue étrangère et des mots de sa propre langue (voir sous barbarisme);

6. vers pleins: H. Morier qualifie de plein le vers ne contenant aucun E atone prononcé devant une consonne ;

7. vers sotadiques ou rétrogrades : ce sont des vers qu'on peut lire en renversant l'ordre des mots ou des lettres ; lorsque le vers est lisible à rebours, de telle sorte que l’on y retrouve une rime. Un ex. du rhétoriqueur Jean Molinet :

« Femmes sont douces, non rebelles

Gemmes luisants, non brunes perles... »
« Rebelles, non douces, sont femmes :

Peles brunes, non luisants gemmes ».
8. vers réguliers: ce sont des vers conformes aux règles de la versification traditionnelle, composés d'un nombre égal de mètres ou de pieds - hexamètre, pentamètre, tetramétre, septénaire, etc. Le vers pour être senti comme tel, doit répondre à deux conditions primordiales : donner l'impression du rythme déterminé, et constituer, à lui seul, un tout indépendant de ce qui précède et de ce qui suit. Pour que le vers donne l'impression d'un rythme déterminé, il faut: qu'il puisse se partager en un certain nombre de portions de ce rythme nommées pieds ; que toutes ces portions soient perçues par l’oreille comme égales.

9. Vers écho : C’est la répetition d’une rime sur le vers suivant qui est formé d’un seul mot homophone.

Par ex. : Si tu fais ce que je désire,



Sire

Nous t’édifierons un tombeau

Beau.

(V.Hugo, Odes et Ballades, La chasse du Burgravé).

Dans le cadre stylistique le vers-écho constitue une répetition d’un phonème dans une même phrase.

Par ex. : Et les servantes de ta mère, grandes filles luisantes (Saint-John Perse).



Verselet n. m. De vers et le suffixe diminutif -elet. Petit vers.

Verset n. m. De vers. Bien sûr c’est un diminutif.

Dès le XIIIe siècle, le mot verset désignait chacune des divisions numérotées, en forme de paragraphe, que présentent la Bible et certains autres textes sacrés.

Dans la poésie moderne le verset est une espèce de vers libre élargi, fondé sur la respiration, dont la structure se rapproche tantôt de l'octosyllabe (voir sous ce mot), tantôt de l'alexandrin (voir sous ce mot), l'ensemble de ces vers libres constituant une unité rythmique. Ex. : Toute la mer levé sur elle-mȇme, tapante, claquante, riante dans le soleil, détalant dans la tempȇte ! P. Claudel, le Partage.

Paul Claudel, Saint-John Perse ont largement utilisé le verset.



Versicule ou versiculet n. m. Du lat. versiculus : « petit vers ». Le mot s'emploie parfois dans un sens péjoratif.

Versificateur, -trice n. Du lat. versificator ; de versificare : « versifier », et le suffixe -ateur.

Celui, celle qui fait des vers. Par opposition à la notion de poète, celui qui fait facilement des vers, mais dépourvu de génie poétique. Les versificateurs sont plus nombreux que les poètes.



Versification n. f. Du lat. versificatio : « technique du vers ».

Ensemble des règles auxquelles on doit obéir quand on compose des vers. La versification est une branche de la poétique (voir sous ce mot) avec ses règles, ses structures et ses méthodes d'analyse. Nous présentons d'une façon abrégée l'étude faite sur la versification par les collaborateurs du Dictionnaire Encyclopédique Quillet :



1. Nature du vers français. Valeur et groupement de syllabes. Le vers français n'est ni métrique, ni rythmique; il est syllabique, c'est-à-dire qu'il se construit, non d'après la quantité des syllabes brèves ou longues, comme le vers latin ou grec, non d'après leur accentuation, comme le vers allemand ou anglais, mais d'après leur
nombre. Chaque syllabe d'un vers est parfois appelée pied, mais ce terme doit être évité, car le pied du vers antique est une mesure, formée de plusieurs syllabes. Le compte des syllabes était très aisé à faire en ancien français: la prononciation détachait nettement toutes les syllabes, et l'on comptait d'après la prononciation; il n'y avait jamais E réellement muet. Les complications sont survenues au fur et à mesure des changements dans la prononciation; le compte est devenu une opération délicate, et a suscité bien des discutions et bien des désaccords. En principe, toute syllabe, muette ou sonore, peut compter dans la mesure du vers français. Voici quelques règles concernant E muet. Il ne compte jamais, pas plus d'ailleurs qu'une syllabe muette, à la fin d'un vers. Il ne compte pas non plus, dans le corps du vers, après une voyelle atone. Tu joueras - deux syllabes. S'il vient après une voyelle tonique, le mot n'est pas admis à l'intérieur du vers, à moins que E ne puisse s'élider. Prie. Les mots terminés par - ie, -ée, -ue, etc. doivent obligatoirement se trouver devant une voyelle, s'ils sont à l'intérieur d'un vers. Et sa perfide joie éclate malgré lui. (J. Racine). Chez les poètes symbolistes toutefois, on trouve ie, ue, ée devant une consonne; mais E muet ne compte pas dans la mesure du vers. Dans l'intérieur d'un mot, et quand il suit une voyelle, E ne compte que pour trois syllabes. Dénouement, dévouement. En latin toute voyelle finale s'elide (c'est-à-dire s'écrase dans la prononciation) quand le mot commence par une voyelle. En français, seul E final s'élide. L'hiatus, ou rencontre de deux voyelles, dont l'une finit un mot, et dont l'autre commence le mot suivant, est, en principe, banni depuis le XVIIe s.

2. Différentes mesures de vers. Il existe des vers d'une à douze syllabes, exceptionnellement, de treize à quinze ; ces derniers ne peuvent figurer que dans des pièces de fantaisie. Quant aux petits vers d'une, deux, trois, quatre syllabes, ils sont le plus souvent mêlés à d'autres plus longs.


Mettez-vous bien cela



Jeunes fillettes: Songez que tout amant

Ment

Dans ses fleurettes.

Panard


Très rare, le vers de deux syllabes se trouve, parfois, mêlé à d'autres. C'est promettre beaucoup... Mais qu'en sort-il souvent? / Du vent! (La Fontaine).

Les vers de trois syllabes sont presque toujours employés avec d'autres. La Chanson d'automne de P. Verlaine est un alliage de vers de quatre syllabes suivis d'un vers de trois.

Le vers de cinq syllabes ne se trouve guère que dans les chansons.
Des lacs de délice

Où le poisson glisse

Où l'onde se plisse

À des réseaux d'or.

V. Hugo


Le vers de six syllabes est rare aussi. La poésie lyrique admet aisément les vers courts, de même le conte, la fable, l'épigramme, et en général les pièces d'un caractère vif et plaisant. Mais les vers plus longs, ayant plus de majesté, conviennent mieux aux genres graves, tels sont surtout l'octosyllabe, le décasyllabe et l'alexandrin.

3. La rime. La rime caractérise la poésie française. Elle consiste essentiellement dans la répétition, à la fin de deux ou de plusieurs vers groupés ensemble, de la même voyelle accentuée suivie des mêmes articulations. Certaines écoles modernes, surtout les symbolistes, rejettent même complètement la rime, composant des strophes libres, où le rythme n'est plus marqué que par des espèces de refrains, des répétitions de mots, des allitérations. Du point de vue purement acoustique, on distingue la rime masculine et la rime féminine (voir sous rime). La valeur des rimes: a) une rime est dite suffisante quand elle porte sur une syllabe accentuée suivie des mêmes articulations, c'est-à-dire des mêmes consonnes. Terrible / invincible, brume / plume; b) elle est dite riche quand, dans les deux mots qui riment, la voyelle sonore est, en plus, précédée de la même articulation, de la ou des mêmes consonnes, dites consonnes d'appui. Redoutable / épouvantable, régler / cingler, etc. Certaines rimes, pour leur banalité, doivent être évitées comme trop faciles: telles sont celles d'un mot simple et de son composé. Voir / prévoir, lire / relire, battre / combattre, etc. De même celles qui expriment des idées trop analogues ou contraires. Douleur / malheur, bonheur / malheur, campagne / montagne, etc. La recherche de la rime riche ne doit pas être poussée trop loin, elle aboutirait alors à des rappochements fâcheux, à de véritables calembours.
Un ouvrier d'Egine a sculpté sur la plinthe

Europe, dont un dieu n 'écoute pas la plainte.

V. Hugo

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