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André Durand présente l’intérêt littéraire de ‘’À la recherche du temps perdu’’


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- La duchesse de Guermantes « fit pleuvoir sur moi l’averse étincelante et céleste de son sourire.» (II, page 58).

- « Ces arbustes que j’avais vus dans le jardin, en les prenant pour des dieux étrangers, ne m’étais-je pas trompé comme Madeleine quand, dans un autre jardin, un jour dont l’anniversaire allait bientôt venir, elle vit une forme humaine et ‘’crut que c’était le jardinier’’? Gardiens des souvenirs de l’âge d’or, garants de la promesse que la réalité n’est pas ce qu’on croit, que la splendeur de la poésie, que l’éclat merveilleux de l’innocence peuvent y resplendir et pourront être la récompense que nous nous efforcerons de mériter, les grandes créatures blanches merveilleusement penchées au-dessus de l’ombre propice à la sieste, à la pêche, à la lecture, n’était-ce pas plutôt des anges? » (II, pages 160-161).

- Le danseur vu après la représentation de la pièce où joua Rachel « semblait tellement d’une autre espèce que les gens raisonnables en veston et en redingote au milieu desquels il poursuivait comme un fou son rêve extasié, si étranger aux préoccupations de leur vie, si antérieur aux habitudes de leur civilisation, si affranchi des lois de la nature, que c’était quelque chose d’aussi reposant et d’aussi frais que de voir un papillon égaré dans la foule » (II, page 177).

- Des officiers, lors de l’affaire Dreyfus, « dans un costume spécial, du fond d’une vie différente et d’un silence religieusement gardé, venaient seulement de surgir et de parler, comme Lohengrin descendant d’une nacelle conduite pas un cygne » (II, page 234).

- La duchesse de Guermantes, daignant enfin parler à Marcel, « pencha en avant son corps qui se redressa rapidement en arrière comme un arbuste qu’on a couché et qui, laissé libre, revient à sa position naturelle. » (II, pages 254-255).

- Le baron affirma à Marcel : « Le ‘’Sésame’’ de l’hôtel de Guermantes et de tous ceux qui valent la peine que la porte s’ouvre grande devant vous, c’est moi qui le détiens. (II, page 293). Plus loin, on lit : « Les mots : ‘’Cette amie, c’est Mlle Vinteuil’’ avaient été le Sésame […] qui avait entrer Albertine dans la profondeur de mon cœur déchiré. » (II, pages 1127-1128).

- Les œuvres de Bergotte, « bondissantes comme des filles qu’on aime mais dont l’impétueuse jeunesse et les bruyants plaisirs vous fatiguent, entraînaient chaque jour jusqu’au pied de son lit des admirateurs nouveaux. » (II, page 326).

- Un mot nouveau dans le vocabulaire d’Albertine était « une alluvion laissant soupçonner de si capricieux détours à travers des terrains jadis inconnus d’elle » (II, page 356).

- Les peintures d’Elstir étaient « comme les images lumineuses d’une lanterne magique laquelle eût été, dans le cas présent, la tête de l’artiste » (II, page 419).

- « M. de Guermantes se trouvait posséder des souvenirs qui donnaient à sa conversation un bel air d’ancienne demeure dépourvue de chefs-d’oeuvre véritables, mais pleine de tableaux authentiques, médiocres et majestueux, dont l’ensemble a grand air. » (II, page 536).

- Devant un aristocrate doté d’une riche généalogie, Marcel contemplait « toute une châsse, pareille à celles que peignaient Carpaccio ou Memling » (II, page 536).

- Le visage de Charlus en colère « convulsé et blanc différait autant de son visage ordinaire que la mer quand, un matin de tempête, on aperçoit, au lieu de la souriante surface habituelle, mille serpents d’écume et de lave » (II, page 554).

- « Sa voix devenait tour à tour aiguë et grave comme une tempête assourdissante et déchaînée. » (II, page 558).

- La « voix douce, affectueuse, mélancolique » du baron fut, après son accès de colère, « comme dans ces symphonies qu’on joue sans interruption entre les divers morceaux, et où un gracieux ‘’scherzo’’ aimable, idyllique, succède aux coups de foudre du premier morceau. » (II, page 560).

- Charlus asséna à Marcel : « Ma sympathie un peu prématurée avait fleuri trop tôt ; et comme ces pommiers dont vous parliez poétiquement à Balbec, elle n’a pu résister à une première gelée. » (II, pages 560-561).

- « L’homme-femme aura trouvé le moyen de s’attacher à un homme, comme le volubilis jette ses vrilles » (II, pages 621-622).

- L’inverti solitaire ne peut que « rêver dans sa tour, comme Grisélidis, s'attarder sur la plage, telle une étrange Andromède qu'aucun Argonaute ne viendra délivrer, comme une méduse stérile qui périra sur le sable, ou bien il reste paresseusement, avant le départ du train, sur le quai, à jeter sur la foule des voyageurs un regard qui semblera indifférent, dédaigneux ou distrait à ceux d'une autre race, mais qui, comme l'éclat lumineux dont se parent certains insectes pour attirer ceux de la même espèce, ou comme le nectar qu'offrent certaines fleurs pour attirer les insectes qui les féconderont, ne tromperait pas l'amateur presque introuvable d'un plaisir trop singulier, trop difficile à placer, qui lui est offert » (II, page 626).

- La méduse est vue comme une « délicieuse girandole d'azur. Ne sont-elles pas, avec velours transparent de leurs pétales, comme les mauves orchidées de la mer? » (II, pages 626-627).

- Charlus et Jupien furent comparés à Roméo et Juliette : « La haine des Capulet et des Montaigu n'était rien auprès des empêchements de tout genre qui ont été vaincus, des éliminations spéciales que la nature a dû faire subir aux hasards déjà peu communs qui amènent l’amour, avant qu'un ancien giletier, qui comptait partir sagement pour son bureau, titube, ébloui, devant un quinquagénaire bedonnant ; ce Roméo et cette Juliette peuvent croire à bon droit que leur amour n'est pas le caprice d'un instant. » (II, page 627).

- Dans le sommeil, « pour parcourir les artères de la cité souterraine, nous nous sommes embarqués sur les flots noirs de notre propre sang comme sur un Léthé intérieur aux sextuples replis, de grandes figures solennelles nous apparaissent, nous abordent et nous quittent, nous laissant en larmes. » (II, page 760).

- D’une belle inconnue vue sur la plage, « les yeux, autour de leur centre, disposaient des rayons si géométriquement lumineux qu’on pensait, devant son regard, à quelque constellation. » (II, page 851).

- « Quand, dans la salle du casino, deux jeunes filles se désiraient, il se produisait comme un phénomène lumineux, une sorte de traînée phosphorescente allant de l’une à l’autre. » (II, page 852).

- « La mer n’apparaissait plus, ainsi que de Balbec, pareille aux ondulations de montagnes soulevées, mais, au contraire, comme apparaît d’un pic, ou d’une route qui contourne la montagne, un glacier bleuâtre, ou une plaine éblouissante, situés à une moindre attitude [...] l’émail même de la mer, qui changeait insensiblement de couleur, prenait vers le fond de la baie, où se creusait un estuaire, la blancheur bleue d’un lait. » (II, page 897).

- « J’entrais dans le sommeil, lequel est comme un second appartement que nous aurions et où, délaissant le nôtre, nous serions allé dormir. » (II, page 980, début d’une description du sommeil et du réveil qui s’étend sur plusieurs pages).

- L’église de Quettelhome était « toute en clochetons, épineuse et rouge, fleurit comme un rosier » (II, page 1013).

- De l’église de Saint-Mars, « les deux antiques clochers d’un rose saumon et comme palpitants, avaient l’air de vieux poissons aigus, imbriqués d’écailles, moussus et roux, qui, sans avoir l’air de bouger, s’élevaient dans une eau transparente et bleue. » (II, page 1015).

- « La lune tout étroite parut d’abord […] comme la légère et mince pelure, puis comme le frais quartier d’un fruit qu’un invisible couteau commençait à écorcer dans le ciel. » (II, page 1019).

- L’aviateur « semblant céder à quelque attraction inverse de celle de la pesanteur, comme retournant dans sa patrie, d’un léger mouvement de ses ailes d’or il piqua droit vers le ciel. » (II, page 1029).

- « Comme par un courant électrique qui vous meut, j’ai été secoué par mes amours » (II, 1127).

- « Sous l’apparence de la femme, c’est à ces forces invisibles dont elle est accessoirement accompagnée que nous nous adressons comme à d’obscures divinités.» (II, 1127).

- « Certains beaux jours, il faisait si froid, on était en si large communication avec la rue qu’il semblait qu’on eût disjoint les murs de la maison, et chaque fois que passait le tramway, son timbre résonnait comme eût fait un couteau d’argent frappant une maison de verre. » (III, page 25).

- « C’était surtout en moi que j’entendais avec ivresse un son nouveau rendu par le violon intérieur. Ses cordes sont serrées ou détendues par de simples différences de la température, de la lumière extérieures. » (III, page 25).

- « L’odeur dans l’air glacé des brindilles de bois, c’était comme un morceau du passé, une banquise invisible détachée d’un hiver ancien qui s’avançait dans ma chambre. » (III, page 27).

- « Cette robe de chambre était chinoise avec des flammes jaunes et rouges, je la regardais comme un couchant qui s’allume.» (III, page 33).

- Marcel, rappelant à Mme de Guermantes qu’elle porta « une robe toute rouge, avec des souliers rouges, vous étiez inouïe » put lui dire : «  Vous aviez l’air d’une espèce de grande fleur de sang, d’un rubis en flammes » (III, page 37).

- « Ces toilettes n’étaient pas un décor quelconque, remplaçable à volonté, mais une réalité donnée et poétique comme est celle du temps qu’il fait, comme est la lumière spéciale à une certaine heure. » (III, page 33).

- « J’écoutais cette murmurante émanation mystérieuse, douce comme un zéphir marin, féerique comme un clair de lune, qu’était son sommeil. » (III, page 70).

- Les « écueils de conscience » sont «  recouverts maintenant par la pleine mer du sommeil profond.» (III, page 72).

- Marcel révéla qu’auprès d’Albertine : « Je faisais pendre ma jambe contre la sienne, comme une rame qu’on laisse traîner et à laquelle on imprime de temps à autre une oscillation légère, pareille au battement intermittent de l’aile qu’ont les oiseaux qui dorment en l’air. » (III, page 72).

- Le ventre d’Albertine, « dissimulant la place qui chez l’homme s’enlaidit comme du crampon resté fiché dans une statue descellée », « se refermait, à la jonction des cuisses, par deux valves d’une courbe aussi assoupie, aussi reposante, aussi claustrale que celle de l’horizon quand le soleil a disparu. » (III, page 79).

- Le thème de la punition imposée à Sodome et à Gomorrhe réapparut quand fut imaginé que, dans « la vie amoureuse la plus contrastée de toutes », « la pluie imprévisible de soufre et de poix tombe après les moments les plus riants [et que] nous rebâtissons immédiatement sur les flancs du cratère d’où ne pourra sortir que la catastrophe. » (III, page 80).

- La référence aux ‘’Mille et une nuits’’ traversant tout le livre, Marcel se vit « déployer chaque jour plus d’ingéniosité que Shéhérazade. Malheureusement si, par une même ingéniosité, la conteuse persane retardait sa mort, je hâtais la mienne. » (III, page 131).

- Marcel avait vu Albertine « comme un oiseau mystérieux ». « Une fois captif chez moi l’oiseau que j’avais vu un soir marcher à pas comptés sur la digue, entouré de la congrégation des autres jeunes filles pareilles à des mouettes venues on ne sait d’où, Albertine avait perdu toutes ses couleurs. » (III, page 173).

- Marcel s’étonna devant Charlus vieilli : « Je vis que le sommet de sa tête s’argentait maintenant par places. Mais tel un arbuste précieux que non seulement l’automne colore, mais dont on protège certaines feuilles par des enveloppements d’ouate ou des applications de plâtre, M. de Charlus ne recevait de ces quelques cheveux blancs, placés à sa cime, qu’un bariolage de plus, venant s’ajouter à ceux du visage. » (III, page 226).

- La fenêtre de la chambre d’Albertine que « la lumière électrique de l’intérieur, segmentée par les pleins des volets, striait de haut en bas de barres d’or parallèles » fut pour Marcel un « grimoire magique » (III, page 330).

- Albertine s’étant endormie, « ses draps, roulés comme un suaire autour de son corps, avaient pris, avec leurs beaux plis, une rigidité de pierre. On eût dit, comme dans certains Jugements Derniers du moyen âge, que la tête seule surgissait hors de la tombe, attendant dans son sommeil la trompette de l’Archange. » (III, page 359).

- Les yeux d’Albertine étaient « comme, dans un minerai d’opale où elle est encore engainée, les deux plaques seules polies encore » ; ils « faisaient apparaître, au milieu de la matière aveugle qui les surplombe, comme les ailes de soie mauve d’un papillon qu’on aurait mis sous verre » (III, page 383).

- « Dans le jardin des religieuses voisines j’entendais, riche et précieuse dans le silence comme un harmonium d’église, la modulation d’un oiseau inconnu qui, sur le mode lydien, chantait déjà matines, et au milieu de mes ténèbres mettait la riche note éclatante du soleil qu’il voyait. » (III, page 388).

- Une robe de Fortuny « semblait comme l’ombre tentatrice de cette invisible Venise. Elle était envahie d’ornementation arabe comme Venise, comme les palais de Venise dissimulés à la façon des sultanes derrière un voile ajouré de pierre, comme les reliures de la Bibliothèque Ambrosienne, comme les colonnes desquelles les oiseaux orientaux qui signifient alternativement la mort et la vie, se répétaient dans le miroitement de l’étoffe, d’un bleu profond qui, au fur et à mesure que mon regard s’y avançait, se changeait en or malléable par ces mêmes transmutations qui, devant la gondole qui s’avance, changent en métal flamboyant l’azur du Grand Canal. Et les manches étaient doublées d’un rose cerise, qui est si particulièrement vénitien qu’on l’appelle rose Tiepolo. » (III, page 394).

- « Albertine n’était, comme une pierre autour de laquelle il a neigé, que le centre générateur d’une immense construction qui passait par le plan de mon coeur. » (III, page 438).

- L’amour est caché par « l’énorme œuf douloureux qui l’engaine et le dissimule autant qu’une couche de neige une fontaine » (III, page 438).

- « Le point où s’arrêtent les regards de l’amant, le point où il rencontre son plaisir et ses souffrances, est aussi loin du point où les autres le voient qu’est loin le soleil véritable de l’endroit où sa lumière condensée nous le fait apercevoir dans le ciel. » (III, pages 438-439).

- « Dans la personne la pensée ne nous apparaît qu’après s’être diffusée dans cette corolle du visage épanouie comme un nymphéa » (III, page 453).

- Une « impression de l’amour » n’est guère discernable des « autres impressions de la vie » car « ce n’est pas d’en bas, dans le tumulte de la rue et la cohue des maisons avoisinantes, c’est quand on s’est éloigné que, des pentes d’un coteau voisin, à une distance où toute la ville a disparu ou ne forme plus au ras de terre qu’un amas confus, on peut, dans le recueillement de la solitude et du soir, évaluer, unique, persistante et pure, la hauteur d’une cathédrale. » (III, pages 493-494).

- « Mon souvenir […] ne faisait, comme une aurore boréale, que refléter après la mort d’Albertine le sentiment que j’avais eu pour elle, il était comme l’ombre de mon amour. » (III, page 532).

- À Venise, « parfois au crépuscule en rentrant à l’hôtel je sentais que l’Albertine d’autrefois, invisible à moi-même, était pourtant enfermée au fond de moi comme aux ‘’plombs’’ d’une Venise intérieure, dont parfois un incident faisait glisser le couvercle durci jusqu’à me donner une ouverture sur ce passé. » (III, page 639).

- « Au moment de descendre dans le mystère d’une vallée parfaite et profonde que tapissait le clair de lune, nous nous arrêtâmes un instant, comme deux insectes qui vont s’enfoncer au cœur d’un calice bleuâtre. » (III, page 693).

- Marcel vit ainsi Saint-Loup : « Même immobile, la couleur qui était la sienne plus que de tous les Guermantes, d’être seulement l’ensoleillement d’une journée d’or devenu solide, lui donnait comme un plumage si étrange, faisait de lui une espèce si rare, si précieuse, qu’on aurait voulu le posséder pour une collection ornithologique ; mais quand, de plus, cette lumière changée en oiseau se mettait en mouvement, en action, quand par exemple je voyais Robert de Saint-Loup entrer dans une soirée où j’étais, il avait des redressements de sa tête si soyeusement et fièrement huppée sous l’aigrette d’or de ses cheveux un peu déplumés, des mouvements de cou tellement plus souples, plus fiers et plus coquets que n’en ont les humains, que devant la curiosité et l’admiration moitié mondaine, moitié zoologique qu’il vous inspirait, on se demandait si c’était dans le faubourg Saint-Germain qu’on se trouvait ou au Jardin des Plantes, et si on regardait traverser un salon ou se promener dans sa cage un grand seigneur ou un oiseau. » (III, page 703-704).

- « Il est possible que Morel, étant excessivement noir, fût nécessaire à Saint-Loup comme l’ombre l’est au rayon de soleil. » (III, page 705).

- À Paris, où, pendant la guerre, on ne déblayait plus la neige, « les silhouettes des arbres se reflétaient nettes et pures sur cette neige d’or bleuté, avec la délicatesse qu’elles ont dans certaines peintures japonaises ou dans certains fonds de Raphaël ; elles étaient allongées à terre au pied de l’arbre lui-même, comme on les voit souvent dans la nature au soleil couchant, quand celui-ci inonde et rend réfléchissantes les prairies où des arbres s’élèvent à intervalles réguliers. Mais, par un raffinement d’une délicatese délicieuse, la prairie sur laquelle se développaient ces ombres d’arbres, légères comme des âmes, était une prairie paradisiaque, non pas verte mais d’un blanc si éclatant à cause du clair de lune qui rayonnait sur la neige de jade, qu’on aurait dit que cette prairie était tissue seulement avec des pétales de poiriers en fleurs. Et sur les places, les divinités des fontaines publiques tenant en main un jet de glace avaient l’air de statues d’une matière double pour l’exécution desquelles l’artiste avait voulu marier exclusivement le bronze au cristal. » (III, page 736).

- « Au-dessus de la ville nocturnement éclairée […] le ciel avait l’air d’une immense mer nuance de turquoise, qui se retire, laissant déjà émerger toute une ligne légère de rochers noirs, peut-être même de simples de filets de pêcheurs alignés les uns après les autres, et qui étaient de petits nuages. » (III, page 762).

- En 1916, sur les boulevards, se déroulait « le défilé le plus disparate des uniformes des troupes alliées ; et parmi elles des Africains en jupe-culotte rouge, des Hindous enturbannés de blanc suffisaient pour que de ce Paris où je me promenais je fisse toute une imaginaire cité exotique, dans un Orient à la fois minutieusement exact en ce qui concernait les costumes et la couleur des visages, arbitrairement chimérique en ce qui concernait le décor, comme de la ville où il vivait Carpaccio fit une Jérusalem ou une Constantinople en y assemblant une foule dont la merveilleuse bigarrure n’était pas plus colorée que celle-ci. » (III, page 763).

- « La querelle [entre la France et l’Allemagne] prenait des formes immenses et magnifiques, comme le soulèvement d’un océan aux millions de vagues qui essaye de rompre une ligne séculaire de falaises, comme des glaciers gigantesques qui tentent dans leurs oscillations lentes et destructrices de briser le cadre de montagnes où ils sont circonscrits. » (III, page 771).

- Les aéroplanes faisaient « comme des insectes des taches brunes sur le soir bleu, passaient dans la nuit qu’approfondissait encore l’extinction partielle des réverbères, comme de lumineux brûlots […] montaient comme des fusées rejoindre les étoiles » tandis que « des projecteurs promenaient lentement, dans le ciel sectionné, comme une pâle poussière d’astres, d’errantes voies lactées. » (III, page 801).

- « Le clair de lune semblait comme un doux magnésium continu permettant de prendre une dernière fois des images nocturnes de ces beaux ensembles comme la place Vendôme, la place de la Concorde, auxquels l’effroi que j’avais des obus qui allaient peut-être les détruire donnait par contraste, dans leur beauté encore intacte, une sorte de plénitude, et comme si elles se tendaient en avant, offrant aux coups leurs architectures sans défense. » (III, pages 802-803).

- Devant l’avancée des Allemands, Charlus envisagea « les derniers jours de notre Pompéi », imaginant que « la lave de quelque Vésuve allemand (leurs pièces de marine ne sont pas moins terribles qu’un volcan) » surprenne les Parisiens « à leur toilette et éternise leur geste en l’interrompant », en fasse les victimes de « gaz asphyxiants analogues à ceux qu’émettait le Vésuve et d’écroulements comme ceux qui ensevelirent Pompéi», « comme les prêtres d’Herculanum surpris par la mort au moment où ils emportaient les vases sacrés » (III, page 806) ; il pensait que « nous pouvons avoir demain le sort des villes du Vésuve, celles-ci sentaient qu’elles étaient menacées du sort des villes maudites de la Bible » et ajoutait : « On a retrouvé sur les murs d’une maison de Pompéi cette inscription révélatrice : ’’Sodoma, Gomorra’’. » (III, page 807). Et, plus loin, Marcel se dit que, sur l’hôtel de Jupien, « M. de Charlus eût pu prophétiquement écrire ‘’Sodoma’’ comme avait fait, avec non moins de prescience ou peut-être au début de l’éruption volcanique et de la catastrophe déjà commencée, l’habitant inconnu de Pompéi.»  (III, page 833), raconta que « quelques-uns de ces Pompéiens sur qui pleuvait déjà le feu du ciel descendirent dans les couloirs du métro, noir comme des catacombes» (III, page 834) et « célébrèrent, aux grondements volcaniques des bombes, au pied d’un mauvais lieu pompéien, des rites secrets dans les ténèbres des catacombes. » (III, page 835).

- « Symbole soit de cette invasion que prédisait le défaitisme de M. de Charlus, soit de la coopération de nos frères musulmans avec les armées de la France, la lune étroite et recourbée comme un sequin semblait mettre le ciel parisien sous le signe oriental du croissant. » (III, page 809).

- Peut survenir dans la conversation « une phrase émergée d’un lac inconnu où vivent des expressions sans rapport avec la pensée » (III, page 822).

- De nouveau, chez Charlus vieilli, Marcel remarqua qu’« une barbe blanche, comme celle que la neige fait aux statues des fleuves dans les jardins publics, coulait de son menton » ; qu’était « visible et brillant tout le métal que lançaient et dont étaient saturées, comme autant de geysers, les mèches, maintenant de pur argent, de sa chevelure et de sa barbe, cependant qu’elle avait imposé au vieux prince déchu la majesté shakespearienne d’un roi Lear. » (III, page 859, « roi Lear » [allusion au personnage de Shakespeare] réapparaissant en III, page 922) ; que « les torrents de sa chevelure d’argent ruisselèrent » (III, page 861).

- « Plus que n’eût fait tel chœur de Sophocle sur l’orgueil abaissé d’Œdipe, plus que la mort même et toute oraison funèbre sur la mort, le salut empressé et humble du baron à Mme de Saint-Euverte proclamait ce qu’a de fragile et de périssable l’amour des grandeurs de la terre et tout l’orgueil humain. » (III, page 860).

- « Le geste, l’acte le plus simple reste enfermé comme dans mille vases clos dont chacun serait rempli de choses d’une couleur, d’une odeur, d’une température absolument différentes. » (III, page 870).

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