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A. Boulenger, (chanoine honoraire d’Arras)


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13ème LEÇON  

4e article du symbole



«  A souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié

est mort, a été enseveli »
LA PASSION - LE MYSTÈRE DE LA RÉDEMPTION
1° Mode : la Rédemption s’est faite par la Passion

  1. Pourquoi les Juifs firent mourir Notre-Seigneur

  2. Les différentes scènes de la passion

2° Notion

3° Nécessité hypothétique

  1. Dieu pouvait punir l’homme coupable ou lui rendre son amitié

  2. Dans la seconde hypothèse, Dieu pouvait

    1. ou pardonner, sans exiger de réparation

    2. ou exiger une réparation

  3. La passion qui fut le mode réel, n’était pas le mode nécessaire

4° Existence

  1. Notre-Seigneur nous a dit le but de sa mort

  2. Les Apôtres et l’Église l’ont compris ainsi

5° Caractères

  1. Libre

  2. Satisfaction pour le péché

  3. Réconciliation de l’homme pécheur avec Dieu et délivrance de l’esclavage du démon

6° Valeur

  1. universelle

  2. conditionnelle

7° Le mystère devant la raison

  1. Elle peut le comprendre

  2. Elle prouve qu’il n’est pas absurde



Rédemption (lat. redemptio, rachat). Rachat d'un captif, moyennant une rançon payée soit par le captif lui-même soit par un intermédiaire.

Médiateur (lat. mediator, intermédiaire). Celui qui s'interpose entre deux partis, pour opérer un accord, une réconciliation. Moïse, médiateur entre Dieu et le peuple juif, est la figure de Jésus-Christ, le vrai Médiateur.

Expiation. Peine que l'on subit pour la réparation d’une faute. On peut expier sans satisfaire.

Satisfaction : (lat. satisfacere, faire assez). Ce mot, comme il est employé dans cette leçon, signifie la réparation d'une injure par une expiation adéquate.

La Passion. Souffrances qui précédèrent et accompagnèrent la mort de Jésus.

Le Sanhédrin. Tribunal suprême qui siégeait à Jérusalem. Il était composé d'un président qui était le grand prêtre et de deux vice-présidents ; il comptait comme membres les grands prêtres honoraires, d'autres prêtres, ainsi que les principaux chefs de famille (anciens) et des scribes.

Le Supplice de la Croix, en usage chez les Egyptiens, les Perses, les Carthaginois, était réservé, à Rome et en Grèce, aux esclaves et aux grands criminels. Il fut adopté par les Juifs, du temps d'Hérode. Chez les autres peuples, les suppliciés restaient sur leur croix, et leur corps devenait ainsi une proie pour les oiseaux du ciel. Les Juifs, eux, leur rompaient les jambes, à la tombée du jour, et quand la mort était officiellement constatée, ils permettaient aux parents et aux amis du crucifié de venir enlever le corps et de lui rendre les derniers honneurs.
DÉVELOPPEMENT
97. 1. Objet du 4e Article du Symbole.
Il sera question dans cette leçon d'un double objet: 1° de la mort de Jésus-Christ, et 2° des fruits de cette mort. La première partie, la seule énoncée dans le Symbole des Apôtres, s'appelle la Passion, et la seconde la Rédemption
98. II. Art. 1. La Passion de Jésus-Christ.
C'est à Jérusalem, capitale de la Judée, sous le gouvernement de Ponce Pilate, représentant de Rome, que se déroule le grand drame de la Passion. Pourquoi les Juifs firent-ils mourir Notre-Seigneur ? Quelles sont les scènes principales qui marquent le drame sanglant ? Telles sont les deux questions auxquelles nous allons répondre.
Pourquoi les Juifs firent mourir Notre-Seigneur52.
C'est un moment étrange de l'histoire juive que celui où ils firent mourir le Messie qu'ils avaient pourtant appelé de tous leurs vœux. Il est assez facile cependant de découvrir dans leur mentalité les raisons de leur attitude, à première vue inexplicable.
L'idée que les Juifs s'étaient généralement faite du Messie, était celle d'un conquérant victorieux qui relèverait le prestige de la nation et les délivrerait de la domination étrangère. D'autre part, ceux qui exerçaient l'autorité religieuse étaient divisés en deux camps ennemis. Il y avait, d’un côté, la secte des sadducéens qui était amie du pouvoir et en recevait les faveurs, et ,de l'autre, la secte célèbre des pharisiens qui désirait ardemment l'indépendance du pays. Les deux sectes étaient hostiles à Notre-Seigneur : la première, parce qu'elle s'accommodait volontiers de l'ordre de choses établi et considérait le Messie comme un perturbateur et un révolutionnaire ; la seconde, qui avait été si souvent heurtée dans ses pratiques formalistes, parce qu'elle jugeait que Jésus n'était point le Messie glorieux.

Les sadducéens et les pharisiens ne formaient pas sans doute, à eux seuls, la masse de la nation. Il y avait le peuple pour qui Notre-Seigneur avait eu tant de bonté et de sollicitude. Mais le peuple, par entraînement et par faiblesse, est si mobile dans ses opinions ! Ainsi s'explique que, dans une heure d'égarement, ceux qui jusque-là suivaient Jésus par­tout, tant ils l'admiraient et l'aimaient, poussèrent des cris de mort et commirent des actes de violence indignes d'un pays et d'une nation civilisée.


Les scènes Principales de la Passion.
A. L’AGONIE AU JARDIN DES OLIVIERS. C’est le soir du jeudi Saint, tout aussitôt après l'institution de l'Eucharistie, que s’ouvre le grand drame. Notre-Seigneur s'était retiré dans le jardin de Gethsémani, pour prier. Là, en face des tourments qu'il entrevoyait dans un avenir tout proche, en face surtout des péchés dont il prenait la responsabilité, il subit, plusieurs heures durant, une agonie épouvantable, où, malgré le réconfort qu'un ange lui apporta du Ciel, une sueur de sang coula de son corps sacré.
B. TRAHISON DE JUDAS. - L'ARRESTATION. - LE PRO­CÈS. - Vers minuit, une troupe arrive ; elle est conduite par le traître Judas qui, par un baiser, découvre son Maître aux soldats qui l'accom­pagnent. Ceux-ci sont d'abord terrassés par la puissance de Jésus, puis ils se relèvent, s'emparent de sa personne, et après l'avoir enchaîné, ils le conduisent au tribunal d'Anne, ancien grand prêtre et beau-père du grand prêtre en exercice, Caïphe (Jean, XVIII, 13).

Chez Anne et chez Caïphe. Malgré la nuit, l'interrogatoire commence chez Anne. Mais celui-ci renvoie bientôt l'accusé an tribunal de Caïphe. Là, en présence du Sanhédrin Jésus est interrogé sur sa doctrine ; on lui suscite de faux témoins. Leurs témoignages ne s'accordant pas, Caïphe se lève et pose la question solennelle : «  Es-tu le Christ, le Fils de Dieu ! » Sur sa réponse affirmative, Jésus est condamné à mort pour cause de blasphème. Il est alors livré à la valetaille qui l'injurie et le frappe. Le lendemain, de grand matin, nouvelle réunion du Sanhédrin pour ratifier officiellement la sentence portée illégalement la nuit.

Chez Pilate. Toutefois la sentence ne pouvait être exécutée sans avoir été auparavant confirmée par le procurateur romain. L'on se rendit donc en toute hâte à l'autre extrémité de la ville où était la résidence de Pilate, et l'on voulut arracher promptement la confirmation de la peine de mort à l'autorité du gouverneur. Pour y mieux réussir, les Juifs changèrent le motif d'accusation. Ils abandonnèrent la question religieuse à laquelle Pilate était bien indifférent, et, se mettant sur le ter­rain politique, ils l'accusèrent d'être un séditieux et de prétendre à la royauté. Pilate interrogea donc l'accusé dans ce sens, et discerna bien vite qu'il avait affaire à un innocent. Alors, pour se débarrasser d'une affaire importune, il renvoya Jésus chez Hérode qui était venu à Jérusalem pour les fêtes de Pâques, et qui n'avait d'ailleurs d'autorité sur l'accusé que celle que voulait bien lui laisser le gouverneur romain. Hérode voulut se divertir ; mais Notre-Seigneur ne daigna même pas répondre au meurtrier de saint Jean-Bap­tiste, et ce dernier, n'en pouvant rien obtenir, le renvoya chez Pilate, après l'avoir revêtu d'une robe blanche, en signe de mépris.
C. Le JUGEMENT. - CONDAMNATION DE JÉSUS. Chez Pilate pour la seconde fois. Pilate vit avec déplaisir le retour des Juifs avec leur accusé devant son tribunal. Convaincu qu'il était de son inno­cence, poussé par sa femme à se désintéresser de la cause, il essaya plu­sieurs expédients pour sauver Jésus. Il proposa sa délivrance. En vertu d'une coutume, qui existait en Judée, de relâcher un prisonnier le jour de Pâques, il mit Jésus en parallèle avec Barabbas ; mais le peuple, influencé dans l'intervalle par les agents du Sanhédrin, réclama avec frénésie la délivrance de Barabbas.

Pilate trouva alors un autre expédient ; il proposa de le faire flageller. Après cette affreuse torture, le juge le présenta à la foule, espérant que la vue d'un homme si cruellement meurtri allait l'apitoyer. Vaine tenta­tive ! Les cris de mort redoublèrent. Pilate, craignant désormais une émeute, et trop faible pour lui tenir tête, eut la lâcheté de livrer l'innocent à la fureur aveugle de la foule et des princes des prêtres.


D. L'EXÉCUTION. La voie douloureuse et le crucifiement. Après la condamnation de Jésus, une lourde croix fut apportée et posée sur ses épaules. Il dut la porter sur tout un long parcours que l'on a appelé : « la voie douloureuse», et que la vénération de l'Église a consacré par l'institution du Chemin de la Croix, dont les quatorze stations rappellent les cruelles péripéties. Arrivé sur la montagne du Calvaire, Jésus fut cloué sur sa Croix, entre deux malfaiteurs, et au milieu de la populace qui voci­férait toujours et poussait des cris de haine. Au pied de la Croix, se tenaient la mère de Jésus, Marie-Madeleine et quelques femmes courageuses ; de ses disciples il restait saint Jean ; les autres avaient pris la fuite. Le crucifiement avait commencé le vendredi, à midi ; après trois heures d'atroces souffrances, Jésus expirait53. Entre temps, il avait prononcé sept paroles mémorables. Quand on le clouait à la Croix: « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » À sa mère et à saint Jean : « Femme, voici votre fils. Voici votre mère. » À son Père « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? » Au bon larron : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » Puis « J'ai soif. » Enfin : « Tout est consommé», et : « Père, je remets ma vie entre vos mains. »
E. L'ENSEVELISSEMENT. Joseph d’Arimathie et Nicodème, deux membres du Sanhédrin favorables à Jésus, obtinrent de Pilate l'autorisation de détacher le corps de la Croix et de l'ensevelir ; ce qu'ils firent hâtivement à cause de la proximité du Sabbat. Puis ils le déposèrent dans le sépulcre neuf qui appartenait à Joseph d'Arimathie et qui se trouvait près du Golgotha, et ils firent rouler une grosse pierre pour fer­mer l'entrée du caveau, comme du reste c'était l'usage chez les Juifs.
99. III. Art. II. La Rédemption. Notion.
La Rédemption est le mystère de Jésus-Christ mort sur la Croix pour nous racheter.

La Rédemption en général suppose trois choses : a) la perte d'un bien, b) la rentrée en possession de ce bien, c) la rançon payée pour recouvrer la chose perdue. Nous trouvons ces trois conditions dans la Rédemption du genre humain, opérée par Jésus-Christ, à savoir : a) la perte de la grâce par le péché originel, b) la réintégration de l'homme dans l'amitié de Dieu, c) la rançon donnée à Dieu par la mort du Christ.

Que la Rédemption soit un mystère, il est facile de le voir. La raison en effet, ne peut comprendre qu'un Dieu soit attaché à une croix, qu'il souffre et meure, non pas sans doute en tant que nature divine, mais un Dieu pourtant, puisque tous les actes de la nature humaine sont attribués à la personne divine.
100. IV. Nécessité hypothétique de la Rédemption.
Étant donnée l'existence du péché originel, il y avait pour Dieu deux façons de traiter l'homme coupable - le punir ou lui rendre son amitié :

A. Si Dieu choisissait le premier parti, il pouvait annihiler le genre humain avec Adam ou simplement le réduire à l'ordre naturel.

B. Dans le second cas, deux solutions se présentaient également : 1. Ou bien Dieu pouvait pardonner l'injure, sans exiger de réparation. L'offensé est toujours libre d'oublier la faute de l'offenseur. Toutefois, cette alternative, si elle fait éclater la bonté, ne sauvegarde pas la justice, 2. Pour concilier la bonté et la justice, il est nécessaire que celui qui a offensé paie la rançon de sa faute. La question qui se pose est donc de savoir si l'homme pouvait apporter la rançon que Dieu était en droit d'exiger. En principe non, puisque l'offensé, étant Dieu, avait droit à une réparation infinie et que l'homme en était incapable. Mais il est évident que Dieu pouvait abandonner de ses droits et accepter la rançon que l'homme était en mesure de lui apporter. Dans ce cas, la rançon n'aurait pas été à la hauteur de l'offense.

Dans l'hypothèse donc où Dieu exigerait une réparation équivalente à 1’injure, il n'y avait d'autre moyen que celui de l'intervention personnelle de Dieu lui-même. Dieu seul pouvait apporter la satisfaction exigée. Mais était-il possible à une personne divine de donner les marques d'abaisse­ment et de soumission qui s'imposent comme conditions nécessaires à toute réparation d'une offense ? Elle ne le pouvait qu'en s'unissant une nature créée. Voilà pourquoi le Fils de Dieu devait s'incarner, s'il ren­trait dans le plan divin de demander une satisfaction parfaite et en même temps de la donner. Est-ce à dire que le Dieu qui s'était abaissé déjà si profondément, quand il avait pris une nature humaine, devait aller jusqu'à l'extrême limite d’une mort honteuse et sanglante ? Certainement non, et une seule larme du Christ, une prière, l'abaissement de l'Incar­nation, suffisaient largement à payer à Dieu la somme qu'il pouvait réclamer en raison de l'offense. D'où nous pouvons conclure que dans le cas où Dieu voulait exiger une réparation proportionnée à l'injure, la Rédemption devait se faire par l'Incarnation54 d'une personne divine, sans que la Passion fût le mode nécessaire.


101. V. Existence de la Rédemption.
Adversaires : Le Dogme qui affirme l’existence de la Rédemption a pour adversaires : a) tous ceux naturellement qui rejettent le péché originel : les pélagiens au Vème siècle, et, de nos jours, les rationalistes ; b) les Sociniens, au XVIème siècle, d’après qui la mort de Notre-Seigneur n'a eu d'autre vertu que celle de nous servir d'exemple, notre salut se faisant par nos propres mérites et par l'imitation du Christ ; à notre époque, les Protestants libéraux et les modernistes, qui prétendent que l'idée de Rédemption est une doctrine qui ne se trouve pas dans les Évangiles et qui aurait été introduite dans la croyance chrétienne par saint Paul.

Ses preuves.
Par sa passion et sa mort sur la croix, le Christ a satisfait pour tous les péchés des hommes et a mérité leur salut. Cet art. de foi, défini par le concile d'Ephèse, can.10 et par le concile de Trente, sess. VI, chap. VII, est fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tra­dition.
A. ÉCRITURE SAINTE. a) Ancien Testament. Les Pères s'accor­dent à voir dans la libération du peuple hébreu de la servitude égyptienne, grâce à l'Agneau pascal, une figure de la future délivrance de l'humanité de l'esclavage du démon par la médiation du messie, le vrai Agneau Pas­cal. Dans le Ps. XXI et dans Isaïe (LIII), le futur Messie (le serviteur de Dieu) est déjà annoncé comme l'hostie propitiatoire, comme la victime qui doit satisfaire à la justice de Dieu pour nos péchés. b) Nouveau Testament. Le dogme de la Rédemption ressort clairement, 1. du témoi­gnage de Notre-Seigneur rapporté par les Synoptiques. Jésus déclare lui­ même qu'il est « venu sauver ce qui était perdu » (Luc XIX, 10; Mat., XVIII, 11), « qu'il fallait qu'il allât à Jérusalem, qu'il souffrit... qu'il fût mis à mort » (Mat., XVI, 21), qu'il devait « donner sa vie pour la rédemption d'un grand nombre» (Mat., XX, 28 ; Marc, X, 45). À la dernière Cène, il parle de son sang, qui va être « répandu pour un grand nombre en rémission des péchés. » (Mat., XXVI, 28 ; Marc, XIV, 24 ; Luc, XXII 20); 2. du témoignage des Apôtres. 1) Celui de saint Pierre d'abord « Vous avez été affranchis... par un sang précieux, celui de l'Agneau sans défaut et sans tache, le sang du Christ ». (I Pierre, I, 18 19). 2) Celui de saint Jean : « Jésus-Christ est lui-même une victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier. » (I Jean, II, 2.) 3) Celui de saint Paul : plus qu'aucun autre apôtre, saint Paul développe la doctrine de la Rédemption, en particulier dans l'Epître aux Ephésiens (I, 7), dans la IIème aux Corinthiens (V, 18), et surtout dans l'Epître aux Romains (III, 24, 25). Il n'y a pas lieu d'insister sur son témoi­gnage, vu que nos adversaires prétendent que la Rédemption est une doctrine paulinienne ; nous ferons seulement remarquer que leur préten­tion est contredite par la déclaration de saint Paul lui-même dans la (I Cor., XV, 3) où il dit : « Je vous ai enseigné, comme je l'ai appris moi­ même, que le Christ est mort pour nos péchés. »

De ces différents textes, il résulte bien que non seulement dans saint Paul, mais dans les Évangiles et les autres livres du Nouveau Testament, la mort du Christ est présentée comme une vraie satisfaction et la cause méritoire de notre salut.


B. TRADITION. - La doctrine de la Rédemption est enseignée par les Pères de l'Église. On la trouve déjà au Ier et au IIIème siècles chez les Pères apostoliques, comme Saint Clément, qui dit que « le sang du Christ a été versé pour notre salut » (Ep. aux Cor., VI, 1, 4), chez les Apologistes, comme saint Justin, chez les polémistes, comme saint Irénée, qui enseigne, dans son Traité contre les hérésies, que « nous avons été rachetés par le sang du Christ, par sa mort qui fut un vrai sacrifice et par son obéissance qui expia notre désobéissance. » La même doctrine sera exposée dans le cours des siècles, plus ou moins bien, jusqu'à saint Thomas, qui en fixa d'une manière définitive les points principaux.

102. VI. Caractères de la Rédemption.
1° La Rédemption a été libre. C'est volontairement que Jésus a souffert et est mort pour nous. Au jardin des Oliviers, lorsqu'il terrassa les sol­dats de la cohorte romaine (Jean, XVIII, 7), il voulut montrer en effet qu'il pouvait leur échapper. Il s'est donc offert en oblation parce qu'il l'a voulu (Isaïe, Lui, 7). « Je donne ma vie, pouvait-il dire,... personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même » (Jean, X, 17, 18).
2° La Rédemption a été une satisfaction pour le péché. Elle a été une satisfaction : a) substitutive, c'est-à-dire offerte par personne interposée, par un médiateur qui a acquitté les dettes de l'humanité coupable ; b) universelle, qui embrasse l'humanité tout entière (V. N° suivant); c) plé­nière, c'est-à-dire adéquate à l'offense. la valeur de la satisfaction dépend, en effet, de la dignité de celui qui l'offre, comme la grandeur de l'offense dépend de la dignité de celui qui est offensé; d) surabondante, comme le dit saint Paul (Eph., I, 8; Rom., V, 20). Toutes les actions du Christ, même la plus petite, étant de valeur infinie, et, par conséquent, surabondantes, le sacrifice de la Croix marque un point culminant qui dépasse ce qui était requis pour constituer une satisfaction plénière.
3° La Rédemption a été la réconciliation de l'homme pécheur avec Dieu. « Il nous a aimés, dit saint Jean, et nous a lavés de nos péchés dans son sang. » (Apoc., I, 5). « Il a porté, dit saint Pierre, nos péchés dans son propre corps sur le bois. » ( I Pierre, II, 24). Du fait même que la Rédemption réconcilie l'homme avec Dieu, il le délivre de l'esclavage du démon. Le Christ détruit sa puissance par sa mort et combat l'influence mauvaise qu’il avait sur les créatures (Héb., II, 14).
4° La Rédemption a été une restauration. Elle a rendu à l'homme les dons surnaturels : la grâce sanctifiante et la gloire du ciel que le péché d'Adam lui avait fait perdre (Jean, I, 12-16).
103. VII. Universalité de la Rédemption. Conditions pour obte­nir les fruits de la Rédemption.
1° Universalité de la Rédemption.
A. Erreurs. Les Calvinistes et les Jansénistes ont nié l’universalité de la Rédemption, en prétendant que le Christ était mort pour les seuls prédestinés.
B. C'est un article de foi, défini par le concile de Trente, sess. VI, chap. III, que la Rédemption est universelle et que le Christ s'est donné en rançon pour tous les hommes et pour tous les péchés : a) pour tous les hommes. La Sainte Écriture le dit formellement : « Il n'y a qu'un Dieu et qu'un médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus fait homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous » (I Tim., II, 5, 6) ; b) pour tous les péchés : péché originel et péchés actuels. Saint Paul le déclare : « Jésus-Christ s'est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité.» (Tite, II, 14). Le même Apôtre affirme ailleurs que la mort du Christ mérita le pardon des prévarications commises sous l'Ancien Testament (Héb., IX, 15). Ce qui revient à dire que tous ceux qui sont sauvés, les hommes justes, tant de l'Ancien Testament que du Nouveau, la Sainte Vierge elle-même, les Apôtres, les Martyrs, les Saints, n'ont obtenu leurs grâces de salut qu'en raison des mérites de Notre-Seigneur.
Nécessité de la coopération.
A. Erreurs. a) Luther et Calvin, d'après qui nos actions, vu la corruption de la nature humaine viciée par le péché originel, sont dépourvues de liberté et, partant, de mérite, enseignaient que la mort du Christ opère, notre salut sans notre coopération, que la foi seule suffit sans les oeuvres. b) Socin prétendait, au contraire, que nous nous sauvons par nos seuls mérites.
B. La coopération de notre part est une condition indispensable à notre salut. Prop. certaine. La foi ne suffit pas pour notre justification ; il faut y ajouter les oeuvres. Solidaires d'Adam dans la faute, nous sommes aussi solidaires du Christ dans l’œuvre de la réparation. Nous sommes « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, dit saint Paul, si toutefois nous souffrons avec lui, pour être glorifiés avec lui » (Rom., VIII, 17). Pour obtenir les fruits de la Rédemption, les hommes doivent donc expier avec le Christ pour leurs péchés et partager sa croix. « Si quelqu'un veut être mon disciple, dit Notre-Seigneur, qu'il renonce à soi-même, qu'il prenne sa croix et me suive. » (Mat., XVI, 24). « Celui qui t'a créé sans toi, dit saint Augustin, ne te sauvera pas sans toi. »
104. - VIII. Le Mystère de la Rédemption devant la raison.
La Rédemption est, comme l'Incarnation et la Trinité, un mystère proprement dit. D'après les rationalistes, ce dogme contredit la raison parce qu'il met en Dieu le sentiment de la vengeance.
Réponse.
Les rationalistes se trompent quand ils affirment que ce dogme de la Rédemption est contraire à la bonté de Dieu. Ils confondent à tort la vengeance avec la justice distributive qui rend à chacun selon ses mérites, qui récompense le bien et punit le mal. Il est évident que Dieu pouvait pardonner, mais il ne l'est pas moins que, dans toute société bien ordonnée, la désobéissance à une loi juste doit être suivie d'une sanction. Du reste, Dieu n'a-t-il pas su concilier la justice et la bonté en exigeant une satisfaction équivalente à la faute et en rendant à l'homme son amitié et sa grâce ? Les rationalistes ont donc le droit de dire qu'ils ne comprennent pas le mystère, mais non pas qu'il est absurde et condamné par la raison.
Conclusion pratique.
1° « Nous vous adorons et nous vous bénissons, ô Christ, qui par votre sainte Croix avez racheté le monde

« Salut, ô Croix, notre unique espérance, gloire et salut du monde, augmentez la grâce dans les âmes justes, et anéantissez les crimes des pécheurs. » (Hymne de la Passion). « À Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la Croix de Jésus-Christ Notre-Seigneur » (saint Paul).

2° Jésus dans sa Passion doit être notre modèle dans la souffrance et l'épreuve.

3° Porter sur soi un crucifix, et faire de temps en temps le Chemin de Croix.


LECTURE. Lire le récit de la Passion dans les Évangiles.
QUESTIONNAIRE.
1° Quel est l'objet du 4ème article du Symbole ?
2° Quels étaient les adversaires de Notre-Seigneur ? Pourquoi le firent-ils mourir ? Quelles sont les scènes principales de la Passion de Notre-Seigneur ? Parlez de son Agonie au Jardin des Oliviers, de la trahison de Judas. Devant quel tribunal fut-il d'abord conduit ? Pour quel motif fut-il condamné au tribunal de Caïphe ? Pour quelle raison fut-il renvoyé chez Pilate ? Quel fut le nouveau motif d'accusation qu'on invoqua ? Comment Notre-Seigneur fut-il reçu par Pilate et à qui fut-il renvoyé ? Que fit Pilate pour sauver Notre-Seigneur, lorsqu'il revint à son tribunal ? Que se passa-t-il après la condamnation de Jésus ? Qu'est-ce que la « voie douloureuse » ? Quelles furent les paroles prononcées par Notre-Seigneur sur la Croix ? Où et par qui Notre-Seigneur fut-il enseveli ?
3° Qu'est-ce que le mystère de la Rédemption ? En quoi la Rédemption est-elle un mystère ?
4° La Rédemption était-elle nécessaire ? Quel devait être le mode de la Rédemption ? Était-il nécessaire que Notre-Seigneur souffrît une mort sanglante pour nous racheter ?
5° Comment peut-on prouver l'existence de la Rédemption ? Était-ce l'intention de Notre-Seigneur de mourir pour l'humanité coupable ?
6° Quels furent les caractères de la Rédemption ?
7° Le Christ est-il mort pour tous les hommes et pour tous les péchés ? La Rédemption produit-elle ses effets en dehors de notre coopération ?
8° Le mystère de la Rédemption contredit-il la raison ?
DEVOIRS ÉCRITS. 1° Parmi les ennemis de Notre-Seigneur dans le cours de sa Passion, quel est celui qui vous inspire le plus d'antipathie ? 2° Que pensez-vous de la conduite des Apôtres ? 3° Si Notre-Seigneur n'était pas mort, serions-nous rachetés quand même ? 4° Après la Rédemption, que reste-t-il à faire aux hommes, pour aller au ciel ?


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