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Rues de tongres


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LA RUE DITE KATTESTRAAT
Avant 1434 existait à Tongres une rue appelée Velinx­strate, reliant, du côté intérieur des remparts, la Steender­poort au Velinxtoren, un des bastions de l'enceinte dont les ruines subsistent encore à la porte de Liége et près duquel on avait établi un pont sur le Jaer afin de faciliter les communications entre la ville et le hameau d'Offelken, ainsi que pour permettre aux artisans de se rendre au quartier op de loere.
Le nom de Velinxstrate vient du nom de famille Velinc ou Veling qui est très connu au XIVe siècle. Dans un

manuscrit inédit renfermant les états des biens de la léproserie de St-Antoine (1) et datant de 1344, nous voyons que cette famille Velinc possédait plusieurs vignobles sur le versant du Bucberg (Bukenberg).


C'était une famille importante et riche et on ne doit donc pas s'étonner que son nom ait été donné non seule­ment à la Velinxstrate mais aussi au Velinxtorne. C'est ainsi aussi qu'une autre tour des remparts fut appelée Schaetzen-torne.
Depuis 1434 il ne reste plus de la Velinxstrate qu'un tronçon allant de la Steenderpoort au marché aux porcs gras­.
C'est l'actuelle Kattestraat. Voici l'origine de ce nom étrange. Le long de l'ancienne Velinxstrate, près de la Steenderpoort, sur l'emplacement de la propriété de M. Collée, s'élevait jadis un hospice appelé ter noet Goeds (= ter nood Gods), fondé en 1375 par l'écuyer Ricald de Luyck appelé aussi de Luke ou de Louck. Depuis la fon­dation de l'hospice, cette partie de la Velinxstrate reçut le nom de Ricautsgoit van Louck qu'on abrégea ensuite en Ricaldstraat et qui finit par devenir, dans la bouche du peuple, la Kattestraat.

.

Cette altération populaire de mots dont on ne comprend plus le sens n'a rien d'étonnant. Si l'on songe que l'hospice de Ricald de Luycke fut supprimé de bonne heure et que par conséquent le nom de son fondateur tomba bientôt dans l'oubli, il était naturel que le peuple perdit la com-préhension de ce nom de Ricaldstraat et chercha à le rem­placer par quelque chose de plus concret.


C'est en 1424 que les bourgmestres de Tongres sub­stituèrent à cet hospice un couvent de chanoines réguliers.
Mais dès 1434 ceux-ci s'y trouvèrent trop à l'étroit et reçurent de la ville l'autorisation d'incorporer, dans l'en­ceinte de leur couvent, le reste de la Velinxstrate, qui dans toute son étendue jusqu'au JaeI traversait les jardins
(1) Il sera publié un de ces jours par M. C. Van den Haute.

dépendants du couvent des Réguliers. Mais ils n'obtinrent cette donation qu'à condition d'ouvrir une nouvelle rue menant de la rue de la monnaie jusqu'au tronçon appelé Ricaldstraat. (Cette nouvelle rue, élargie aujour­d'hui, sert de marché aux porcs gras).


Le couvent s'étendit ainsi tout le long des remparts, depuis la Steenderpoort jusqu'au Vetinxtoren.
Il fut démoli en 1802 et l'emplacement qu'il occupa s'ap-pelle encore aujourd'hui het Reguliere. Seulement la ville en a pris une partie pour établir une communication entre le marché aux porcs et le boulevard.



LA RUE DU JAER
La strata Jecore ou Jekerstraat était déjà connue au XIVe siècle. Elle allait, comme aujourd'hui, de la rue du Puits jusqu'au Jaer, mais à cette époque il n'y avait pas de pont au bout de cette rue. Il est à supposer que le pont que nous y voyons à présent, fut construit dès 1434, lors de la suppression de la Velinxstrate. En effet, en supprimant cette rue, on supprima en même temps le passage d'eau du Velinxtoren qui, à cette époque, était le seul qui reliait la ville au quartier de Loere. Force fut donc d'établir une nouvelle communication entre les deux parties de la ville. Il est plus que probable que c'est alors qu'on établit le pont au bout de la rue du Jaer, en même temps qu'on relia cette rue à la Ricald-straat par une nou­velle rue prise aux jardins des réguliers, à l'endroit appelé, en 1425, Clauwenpoel et où se trouve actuellement le marché aux porcs gras.
A cette époque la Jekerstraat n'avait pas tout à fait le même aspect qu'aujourd'hui. Outre qu'avant 1434 il n'y avait pas de pont sur le Geer ni de rue communiquant avec la Ricaldstraat et que du côté des jardins des réguliers il n'y avait pas d'habitations, il y existait en­core, à la fin du

XVe siècle, une chapelle dédiée à St-Josse. Cette chapelle était déjà démolie en 1516.


LA RUE DITE BULKERSTRAAT
Ce nom de rue a été profondément altéré au cours des siècles, à tel point que la forme qu'il revêt aujourd'hui est devenue méconnaissable et incompréhensible.
Au XIVe siècle on disait Boerkenstraet. Certains histo-riens ont estimé que cela signifie rue des paysans ou des paysannats. Mais que faire alors de la forme latine vicus Boerken ? Du fait que les documents latins ne traduisent pas le mot Boerken, il faut présumer que ce n'était pas un nom commun, mais plutôt un nom propre et partant intra-duisible. Nous estimons donc que cette rue, comme tant d'autres, tire son nom d'un certain Boerken et en effet nous savons que ce nom a existé et qu'un appelé Nicolas Boerken vivait à Tongres au XIVe siècle.
Il était bénéficier de l'autel de St Michel.
Quand on a vu le bénéficier Egbert, l'écuyer Ricald de Luycke, Jeanne de Repen, Arnold Pousters donner leur nom à la Egbertstraat, à la Ricaldstraat, à la Repenstraat, à la Poustersstraat et si l'on se reporte aux cas analogues que révèlent les rues dites de Heymelingen, Gherlach-straat, Kydelsttaat, il faut concéder que cette hypothèse est plus que plausible.
Au XVe siècle la rue s'appelait Borkenstraat ; puis on altéra successivement ce nom en BorkeIstraat, Bolker-straat, Bulkerstraat.
En 1409, il y avait dans cette rue, pour ainsi dire dos-à-dos de la chapelle de St-Josse de la rue du Jaer, une chapelle placée sous le vocable de St-Evergisle.

L'embranchement qui, vers le bas de la rue, communique avec la rue du Jaer, portait déjà en 1672 le nom de Kriekelstraat.



LA RUE DE LA MONNAIE
Le nom de Muntstraat date d'avant 1298 et fut donné à cette rue parce qu'ou y transféra, vers cette époque, l'atelier monétaire situé auparavant au coin de la Grand’Place et de la rue de la Croix.
Dans ce nouvel atelier, qu'on appela de Muynt ou de Munt et qui garda ce nom longtemps encore après avoir été désaffecté de sa destination primitive, on frappa mon­naie sous Jean d'Arkel (1364-1378} et sous Arnold de Hornes (1378-1390). Il se trouvait au coin de la rue appelée Boerkenstraat.
Dans les bâtiments élevés plus tard sur son emplace-ment, fut fondé en 1655, par le chanoine Guillaume Van Langenaeken, un séminaire ou internat dans lequel étaient admis dix-sept jeunes gens, les plus proches parents du fondateur. Cet établissement subsista jusqu'en 1820 et les élèves qui y étaient hébergés suivaient, pendant cinq ans, les cours du collège des chanoines réguliers.
A cette date il fut loué par la ville qui y établit un collège communal. En 1855, le collège communal fut transféré dans la rue de Maestricht et l'école primaire de garçons prit sa place. En 1863, le bâtiment fut vendu aux dames Bénédictines, qui le firent démolir l'année suivante.
Un dernier renseignement concernant la rue de la Mon-naie : La maison occupée par M. l'avocat Indekeu, est une des rares maisons qui aient échappé à l'incendie général de 1677.
LA RUE DES CERCEAUX
La rue qu'on désigne de nos jours par cette appellation étrange, portait dès 1360 le nom de Tabbartstrate.
A cette date y demeurait une dame, Jeanne de Repen, probablement fille de Jean, seigneur de Repen.

Vers 1421, cette dame donna sa demeure à une com-

munauté religieuse, placée sous la protection spéciale de Ste-Agnès, et fonda ainsi le couvent qui depuis lors porta le nom de cette Sainte.
D'après l'habitude bien naturelle de donner aux rues le nom de la personne la plus importante qui y demeure, cette rue fut appelée dès 1385, der vrouwe strate van Repen, rue de la dame de Repen.
Depuis 1450 on l'a dénommée Repenstraat, tout court et on a oublié peu à peu le sens primitif de cette dénomi­nation.
On a prétendu que cela devait se traduire par Rue des dames de Repen et on l'a expliqué par le fait qu'au XVe siècle, des chanoinesses ayant leur couvent à Repen, auraient eu leur maison d'hiver dans cette rue.
D'abord, nous n'avons trouvé nulle part des traces de ce double domicile des sœurs de Ste-Agnès. Ensuite, cette rue portait déjà ce nom de der vrouwe strate van Repen en 1385, alors que les Agnètes ne s'y fixèrent qu'en 1421.
Il s'agit donc bien de la dame Jeanne de Repen et notre interprétation est encore confirmée par les traductions latines qu'au XIVe siècle on a faites de ce nom de rue. Nous trouvons en effet dans les archives vicus dominæ de Repen et jamais vicus dominarum de Repen. Une seule fois nous avons même lu vicus Johannǽ de Repen, ce qui dissipe tout malentendu.
De nos jours, quelque bureaucrate du cadastre, frappé de la ressemblance du mot Repen avec le flamand reep, cerceau, s'est avisé de traduire ce nom de rue vénérable d'une façon absolument ridicule. Et voilà pourquoi la rue de Repen s'appellera désormais la rue des Cerceaux !
Comme nous l'avons dit plus haut, c'est vers 1421 que fut fondé, dans Ia rue de Repen, le couvent de Ste-Agnès. En 1434, l'évêque Jean de Heinsberg permit d'y ériger une chapelle et d'y établir un cimetière. Cette église fut rebâtie en 1574 et en 1586, le prévôt de Tongres, Conrad Thibaut

de Gavre la dota d'une verrière. Une partie du couvent fut détruite par le feu en 1701. A la ré­volution française, en 1798, tout l'enclos avec les bâti­ments fut vendu à un nommé Libotton. Le chanoine Van­dermaesen qui le racheta, fit démolir l'église en 1805 et, en 1813, le couvent fut changé en ferme. Actuellement la maison occupée par le chevalier Arnould Schaetzen s'élève sur une partie de son emplacement.


LA RUE DES SARRAUS
Ici nous sommes encore une fois en présence d'une corruption manifeste du nom primitif que devait avoir cette rue.
Au XIVe siècle, on l'appelle Kyedelstroete ou Kydel­-strate, ce qu'on traduit dans les documents latins par vicus kydel.
A partir de la fin du XVIIe siècle, ce nom s'est altéré en kielestraat et naguère on l'a traduit naïvement par rue des Sarraus. On se demande ce que les sarraus viennent y faire.
Jusqu'à présent, la seule interprétation que les historiens de Tongres aient proposée est celle-ci : Cette rue aurait été une des premières pavée ou chargée de gravier et elle aurait reçu de là le nom de Kieselstraat, rue du gravier.
Nous pensons encore une fois que cette explication re­lève du domaine de la fantaisie, car on n'a jamais pro-noncé kieselstraat, mais kydelstraat.
En l'absence de toute espèce de documents pouvant jeter quelque clarté sur cette question d'origine, il n'y a que la dénomination latine qui puisse nous mettre sur le chemin de la vérité.
Si cette rue, par allusion à son empierrement, s'était appelée Kieselstraat ou rue du gravier, il est certain que dans la traduction latine on aurait employé un terme latin correspondant, tel que glarea (gravier) ou pavimentum.

Or, que voyons nous ? Les traducteurs latins n'en font rien. Mais, de même que pour d'autres rues qui doivent leur nom à un personnage quelconque, ils laissent le mot kydel intact. C'est une preuve que, dès l'origine, ce nom était intraduisible et qu'il cache très probablement un nom de personne ou de famille.


Dans la Kielestraat fut établi, en 1638, un couvent de Jésuites chassés de Maestricht. Ceux-ci y demeurèrent jusqu'en 1773, à laquelle date la Compagnie de Jésus fut supprimée par le pape Clément XIV.
Les Carmes Déchaussés, qui avaient déjà résidé à Ton-gres de 1638 à 1640, y étaient revenus en 1675 et avaient établi un refuge pour leurs missionnaires anglais, dans une maison située également dans la Kielestraat, à coté des Jésuites, devenu vacant par la suppression de ceux-ci. En 1777 ils achetèrent le couvent. Ils l'occupèrent jusqu'en 1794. En 1798, le couvent fut vendu par les français et l'église fut démolie. Sur son emplacement se trouvent aujourd'hui les maisons Voncken et Vroonen-Coumont.
En 1634, les Dominicains s'établirent aussi dans la Kydelstraat, au coin de la rue qui depuis lors porte leur nom (rue des Dominicains). Leur chapelle fut construite en 1644 et le couvent était achevé en 1645. En 1677, les français brûlèrent quatre maisons qui leur apparte­naient. Les Dominicains ne les rebâtirent pas, mais les incor-porèrent dans leur enclos. En 1714, ils élevèrent une nouvelle église à laquelle on travaillait encore en 1752. En 1738, Saumery (Délices du Pays de Liége, III, 402) écrit à propos de cette église : « qu'elle promet beaucoup et que la nef sera séparée des collatéraux par de belles colonnes en pierre. »
Pendant la Révolution française elle servit de magasin de fourrage et de boulangerie.
En 1797, tout l'établissement fut vendu et en 1804 l'église fut démolie.

LA RUE DES MARAIS
L'ancienne rue de Mure (prononcez Moere), en flamand Moerestraat, ainsi que la Porte de Mure, Moerepoort, ont été appelées ainsi, l'une parce qu'elle conduisait, l'autre parce qu'elle se trouvait à un endroit appelé Mure. Quel était cet endroit et où se trouvait-il ? Pour peu que l'on scrute les textes d'archives qui citent ce lieu-dit, on acquiert la certitude que toute la partie de la ville où est construit le Béguinage, jusqu'au Jaer, portail autrefois le nom de Mure.
Il faudrait donc traduire Moerestraat par rue de Mure et non par rue des Marais ? Oui, mais ceux qui ont adopté la dénomination de rue des Marais essaient de justifier leur traduction en disant que l'endroit appelé Mure était un endroit marécageux et que d'ailleurs le mot Mure lui-même signifie marais.
Nous allons voir que ni l'un ni l'autre n'est exact.
D'abord la déclivité de l'endroit et le fait qu'on y con-struisit le béguinage excluent déjà toute idée de marécage.
Ensuite le mot Mure n'a pas du tout la signification qu'on veut lui prêter. Dans la charte de 1257 par laquelle l'évêque Henri permet aux béguines de transférer le béguinage dans l'intérieur de la ville, à l'endroit dit de Mure, le sens de Mure est parfaitement éclairci par la juxtaposition d'un synonyme : «ln loco dicto den dries nominato de Mure, » dit ce document.
Or Dries signifie jachère, endroit inculte. Il ne s'agit donc pas ici d'un marécage, mais plutôt d'un terrain vague. S'il s'était agi d'un marais, on l'aurait appelé Brouck (1), mot qui seul, à cette époque, est employé dans ce sens.
La distinction entre Mure et Brouck est établie bien nettement dans plusieurs anciens textes où les deux mots sont employés.
(1) Voyez les noms de Moerebroek (Motten) et Grotenbouck ou Geebrouck (du côté de la fontaine de Pline)

Un texte du XIVe siècle parlant du Molen te Mouren (aujourd'hui Kruiskensmolen occupé par MM. Theunissen) dit qu'il est situé : « op genside der jeckeren te Brucke wert, » c'est-à-dire de l'autre coté du Geer vers le marais. Le marais dont il s'agit ici sont les Motten.


Il en est de même dans un texte du XVIe siècle qui, parlant du marais qui s'étend hors de la porte de Mure, l'appelle Moerebroek.
Nous pouvons donc affirmer hautement que la traduction de moerestraat en rue des marais (1) est fautive.
La Moerepoort date de la fin du XIVe siècle, comme le prouve l'inscription presque entièrement effacée qui se trouve au dessus de la petite porte qui donne accès dans le donjon :
+ ANNO DNI MCCCLXXIX

MESIS MARTII III...


Ce spécimen des plus intéressants de l'architecture mili-taire de cette époque échappa, comme par miracle, à toutes les tentatives de démolition qu'on fit subir à nos remparts et au cours desquelles les autres portes de la ville disparurent successivement. Il est seulement regret­table qu'une restauration trop radicale ait enlevé à cette ruine une partie de son cachet de vétusté.
La Moerestraat n'a jamais été une rue très importante et il ne s'y trouvait qu'un nombre très restreint de maisons.
Comme nous l'avons dit plus haut, les chevaliers de l'ordre teutonique s'y établirent en 1663. Leur propriété étant devenue domaniale lors de l'entrée des républicains français en 1798, fut vendue à des particuliers et convertie
(1) Les textes latins ne disent d'ailleurs jamais vicus ou porta paludis (ou mieux vicus ou porta paludum), mais toujours vicus porta de Mure. Si les termes vicus ou porta paludum avaient existé (ce qui aurait signifié «rue ou porte conduisant aux marais situés hors ville»), ils auraient eu pour correspondants flamands, Brouck-straat et Brouckpoort.

en maisons (aujourd'hui maison du notaire Lysens), en jardins et en prairies.


A l'intersection de la Moerestraat et de la Grunestraat (aujourd'hui rue des clarisses) se trouvait au XIVe siècle un puits appelé Commerput.
LE BÉGUINAGE
C'est en 1256 que les béguines qui, depuis 1243 avaient demeuré hors de la porte de la Croix, transférèrent leur béguinage dans l'intérieur de la ville et l'établirent sur un terrain vague appelé de Mure, qui s'étendait le long du Jaer. On vit bientôt s'élever en cet endroit jadis inhabité, un nombre toujours croissant d'habitations spacieuses ; la chapelle primitive entourée d'un cimetière fut remplacée dès 1294 par une église consacrée à Ste-Catherine ; on édifia une infirmerie pour les béguines pauvres et malades; cette infirmerie fut dotée peu de temps après d'une chapelle qu'on dédia à Ste-Ursule et le béguinage ainsi constitué s'agrandit et s'enrichit de jour en jour, grâce surtout aux rentes nombreuses et considé­rables qui lui furent léguées par plusieurs riches béguines.
En 1322, les maisons construites dans l'enclos (car le béguinage était entouré d'un mur) s'élevaient au nombre de cinquante et chacune portait un nom spécial : c'était soit celui de la béguine qui l'avait fait construire, soit celui du saint sous la protection duquel se trouvait placée la demeure.
Dans la suite ce nombre s'accrut encore et, pour juger de l'importance de la communauté, disons qu'à un certain moment, le nombre des béguines, demeurant ensemble dans l'enclos fut de deux cent soixante cinq.
En 1508, fut fondé un noviciat au sein du béguinage. Il fut établi derrière le chœur de l'église, vers la porte de Mure, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la maison de M. le juge Silveryser et qui fut jadis occupée par les Sœurs Grises.

Ce noviciat fut appelé Goedtshuys (Gods­huis). Il fut reconstruit en 1134 et reçut le nom de Berg van Oliveten.


A côté de ce noviciat fut fondée en 1676, par les béguines Catherine et Marie Vandermeer, la maison ap­pelée St-Josefhuys, qui devait servir de demeure à neuf béguines peu fortunées.
En 1841, cette maison fut vendue par la commission des Hospices civils à la ville de Tongres et sert aujourd'hui d'école communale et d'école de musique. De là vient le nom de St-Jozefstraat donné à la rue qui longe aujourd'hui cette maison et celle du noviciat.
L'infirmerie et chapelle qui en dépendait se trouvait aussi de ce côté. Ces bâtiments qui subsistent encore et dont une partie garde encore la forme d'une chapelle, servirent d'orphelinat de 1805 à 1819 et furent convertis en 1819 en école gratuite pour garçons. Ils sont occupés depuis 1821 par l'école des filles (section payante) et en 1852 on y établit aussi une école normale pour institu­trices.
L'école primaire pour garçons fut transférée en 1821 dans une autre maison du béguinage, située Onder de Linde et affectée maintenant au service de la stérilisation des viandes.
Le béguinage de Tongres, ainsi que toutes les institutions analogues, fut supprimé à la Révolution française. L’association fut dissoute et les biens des béguines furent donnés à l'administration des Hospices civils. Les bégui-nes, qui à ce moment occupaient le béguinage, conser-vèrent, il est vrai, la jouissance des maisons qu'elles habitaient et ce ne fut qu'au fur et à mesure de leur décès que leurs demeures furent converties en écoles et en habitations privées. C'est ainsi qu'au courant de la première moitié du XIXe siècle, la plupart des quatre-vingt seize maisons furent aliénées ; qu'on créa de nouvelles rues ; qu’on éleva un abattoir sur le préau du béguinage ;

qu'on démolit le mur de clôture ; qu'on jeta un pont sur le Jaer et qu'on transforma le cimetière en place publique.


On alla jusqu'à proposer la démolition de l'église.

Heureusement cette proposition ne fut pas traduite en fait.


Actuellement l'église est louée, en bail emphytéotique, aux Pères Franciscains, qui par des restaurations intel­ligentes parviendront, espérons-le, à restituer son cachet primitif à ce vénérable monument du XIIIe siècle.
LA RUE DE LA VIGNE
Aux XIVe et XVe siècle et même avant cette époque, il y avait bon nombre de vignobles à Tongres et dans la banlieue.
Les innombrables lieux-dits, tels que Wijngaardstraat, Wijngaardveld, in den Wijngaard, etc., que nous trouvons dans les archives et même encore dans les déno­minations actuelles du cadastre en font foi. Nous savons ainsi entre autres, qu'au XIVe siècle, Tilmant Cockart pos­sédait un vignoble sur le tumulus appelé Cockarts tombe et situé entre la chaussée de St-Trond et le Beukenkerg.

En 1322 un des versants du Beukenberg était complète­ment couvert de vignobles. D'autres documents font mention de vignobles entre Elderen et Ketzingen. Il n'est donc pas étonnant qu'il y ait eu aussi un vignoble sur le versant de la colline où se trouve aujourd'hui la rue de la Vigne. Nous traduisons rue de la Vigne et non rue des Vignes. En effet les textes latins disent constamment vicus vineae, au singulier et jamais vicus vinearum.


Au bas de la rue de la Vigne, à gauche, se trouvait, au XIVe siècle, le petit hôpital de N. D. qui s'étendait jusque derrière le chœur de l'église de St-Jean. Cet hôpital fut englobé, en 1626, dans le couvent qu'élevèrent au même endroit les Franciscains ou Récollets. Ceux-ci y construi-sirent aussi une église qui fut consacrée en 1639.

Dans sa description du couvent des Récollets, Saumery (Délices du pays de Liège, III, 402) dit « Son église, quoique petite, est riante et bien ornée ; son principal autel est d'ordre corinthien ; le massif, séparant la nef du chœur est adossé à deux autels et supporte un orgue bien travaillé dont la montre est chargée du cadran d'une hor­loge. » Ajoutons que, dans la fenêtre placée au-dessus de la porte d'entrée de l'église, on voyait une verrière donnée par les douze métiers de Tongres et ornée de leurs ar­moiries.


Ce couvent fut supprimé et vendu en 1797. L'église fut démolie en 1809 et le reste de l'établissement fut converti, en 1816, en caserne de gendarmerie.
De l'autre côté de la rue de la Vigne, sur le terrain compris entre cette rue, la rue des Paniers et le Koolkuil, fut construit, en 1644, un couvent de dames chanoinesses du St-Sépulcre. Les jardins qui dépendaient de ce couvent aboutissaient au Jaer. Ces religieuses étaient appelées à Tongres Bonnefanten ou Bollefanten, contraction du nom Bons Enfants, parce qu'avant de venir à Tongres, elles avaient demeuré à Liège, dans un couvent occupé aupa­ravant par des chanoines réguliers appelés Bons Enfants.
Dès leur arrivée à Tongres, les Sépulchrines ouvrirent un pensionnat et un externat pour filles.
Leur couvent fut vendu en 1798 et démoli dans la suite. Depuis lors plusieurs maisons ont été élevées sur son emplacement.
L'origine du nom de la rue dite Koolkuil n'a pas encore été trouvée. La prolongation de cette rue, à partir de la rue de la Vigne jusqu'à la rue St-Jean, s'appelait, au XIVe siècle, Nuwen steynwech. Lors de la construction du couvent des Récollets, en 1626, on changea ce nom en Vóór Minderbroeders. Après la démolition du dit couvent, ce nom a lentement disparu de l'usage courant, mais aucun autre ne l'a remplacé.

AUTOUR DE L'ÉGLISE DE ST-JEAN
En parlant des rues du béguinage nous avons dû pas­ser sous silence certaines d'entre elles pour la raison qu'elles n'ont pas de nom. Il en fut ainsi pour la rue qui passe devant l'ancienne infirmerie (actuellement école payante pour filles), pour les ruelles qui relient celle-ci à la rue St- Joseph et à la place devant le béguinage, ainsi que pour celle qui conduit de la rue devant le béguinage jusqu'au pont de l'abattoir.
Nous devons faire la même constatation pour les rues qui avoisinent l'église de St-Jean. Cette absence de nom ou cet oubli du nom ancien doit être rapproché du fait qu'il s'agit précisément des deux quartiers les plus pauvres et les moins fréquentés de la ville.
Nous avons déjà dit que la rue devant l'église de St-Jean, aujourd'hui sans nom, fut jadis appelée successivement Nuwen steynvech et Vóór Minderbroeders. Quant à l'impasse qui se trouve derrière le chœur de l'église, on l'appelle bien aujourd'hui Zakstraat, mais cela n'est pas, à vrai dire,un nom de rue, puisque cela veut seulement dire que c'est un cul-de-sac.
Cette rue, actuellement peut-être la moins importante de toutes, était jadis bien loin d'être d'un aspect aussi misérable.
Notons d'abord qu'elle n'est devenue une impasse que par l'établissement de la gendarmerie au siècle dernier.
Avant cela elle communiquait d'une part, par un embranchement, avec le bas de la rue St-Jean, et d'autre part elle se prolongeait jusqu'au Jaer, sans toutefois être reliée par un pont avec le terrain marécageux des Motten, qui s'appelait autrefois Zuerbempde ou Bredenweyer.
Au XIVe siècle on appelait Peperstrate la partie allant du Nuwen steynwech jusqu'au Jaer et Gherlachstrate, le coude conduisant à la rue St-Jean.
Nous avons déjà vu qu'au XIVe siècle, le petit hôpital de

N. D., situé au bas de la rue de la Vigne, s'étendit jusqu'à la Peperstrate.


Il en fut de même du couvent des Récollets qui le rem­plaça en 1626 et qui, après sa démolition en 1809, fit place à la caserne de gendarmerie que nous y voyons encore aujourd'hui.
Mais ce ne sont pas là les seuls établissements qui s'élevaient jadis dans cette rue.
En 1399, se trouvait au fond de la Peperstrate, à droite en allant vers le Jaer, en face de l'hôpital de N.D., un établissement, servant d'école et appelé die scoele. Cette école fut incorporée plus tard dans la recluserie dont nous allons parler tantôt et devint dans la suite le couvent des Sœurs Grises.
Il est certain que, vers le XIIe siècle, une recluserie était déjà construite près de l'église de St-Jean. Durant les siècles suivants, elle fut occupée par de pieuses personnes et par des pénitentes qui, en dehors des exer­cices de piété auxquels elles se livraient, rendirent de signalés services lors des cruelles épidémies de 1484 et de 1489.
La modeste cellule fut progressivement agrandie et formait, à la fin du XVe siècle, un vaste bâtiment élevé près du chœur de l'église, dont cependant il était éloigné de quelques pieds. En 1591 on agrandit encore la reclu­serie en y incorporant une partie du cimetière de St-Jean et on reconstruisit l'ermitage et l'oratoire de N. D. qui y était annexé. Les Sœurs Grises l'occupèrent depuis 1669 jusqu'en 1730. A cette date elles se retirèrent dans le couvent des Clarisses situé au coin de la rue St-Jean et de la rue dite Voor Minderbroeders ; le reclusoir ou clause fut transformé en orphelinat dépendant de la Mense des pauvres et il resta affecté à cet usage jusqu'à la révo­lution française. Cette œuvre de l'entretien des orphelins fut alimentée par des donations nombreuses et parfois très importantes.

En 1797 l'administration des biens de la maison des orphelins fut confiée à la commission des hospices civils. Celle-ci transféra, en 1805, l'orphelinat dans les bâtiments occupés auparavant par l'infirmerie du Béguinage de Ste- Catherine. Aujourd'hui l'orphelinat fait partie de l'hô­pital.


L'ancienne recluserie, inhabitée depuis 1805, fut ven­due en 1817 à un boulanger Michel-Pascal Sweeck qui, quel-ques années après, la revendit à la ville.
De 1835 à 1857, la clause fut occupée par l'école pri-maire pour garçons (section payante). En 1856 on agran­dit le jardin de cette école en y englobant une partie de l'ancien cimetière de St-Jean ainsi que l'ancienne Gherlachstraat. C'est ainsi que l'ancienne Peperstraat (déjà fermée du côté du Jaer par l'établissement de la gendar­merie), devint définitivement une impasse.
En 1858 on transféra dans l'ancienne recluserie, l'école primaire gratuite pour garçons et en 1869 elle fut rebâtie en partie et appropriée à une habitation pour le curé de la paroisse de St-Jean.
FIN
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