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Rues de tongres


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LES
RUES DE TONGRES


Ă TRAVERS LES SIÈCLES

En publiant ce travail ou plutôt cette suite de notes hâtives, nous n'avons eu qu'un but : tâcher de faire revivre dans l'imagination de nos concitoyens l’aspect qu’a revêtu notre vieille cité aux diverses époques de son existence.

Pour cela, nous avons cherché à élucider, autant qu'il était possible, l'origine de nos anciens noms de rues ; nous avons recherché la destination primitive de nos places publiques et de nos anciens monuments ; nous avons fait, pour ainsi dire, une promenade rétrospective à travers nos rues et ruelles pour découvrir et noter, de siècle en siècle, les changements successifs qui se sont produits dans leur nom, dans leur emplacement, dans leurs édifices, je dirais presque dans leurs habitants.
Pour faire tout cela nous ne disposions malheureuse-ment que de très peu de ressources. En effet, les siècles passés ne nous ont légué aucun plan, aucune peinture, aucune description de notre ville.
Seules de rares et toujours sobres indications éparses dans de nombreux textes d'archives ont éclairé notre promenade singulièrement obscure et tâtonnante.
La plupart de ces indications ont été recueillies depuis longtemps par les nombreux historiens qui ont fouillé les archives de notre ville et qui ont tâché, avant nous, de

faire parler ces témoins très discrets mais absolument dignes de foi. Nous n'avons donc eu, le plus souvent, qu'à coordonner et à contrôler les uns par les autres ces renseignements toujours laconiques ; parfois nous avons profité des commentaires auxquels ils ont donné lieu et adopté les conjectures que ces indications semblaient permettre ; d'autres fois aussi nous avons dû renoncer à produire des renseignements qui ne pouvaient avoir germé que dans l'imagination trop féconde d'historiens absolu­ment fantaisistes.


Notre seul mérite est donc d'avoir réuni d'une façon aussi complète que possible et d'avoir passé au crible d'une critique expéditive, il est vrai, mais malgré tout suffisam-ment saine et rigoureuse, les témoignages anciens ainsi que les travaux modernes qui se rapportent à l'histoire de nos rues.
Notre seul désir, en évoquant ces vieux souvenirs, est de faire ainsi goûter davantage le charme qui se dégage de nos places publiques, de nos vieux coins et jusque de la sinuosité même de nos rues.

LA GRAND’PLACE
Les plus anciens documents mentionnant les places publiques et les rues de Tongres ne remontent pas au-delà du XIIIe siècle.
Nous ne savons donc rien de l'aspect que présentait notre ville avant cette date. Il faut croire qu'après les in­vasions des Vandales en 406, elle ne se releva que très lentement de ses ruines et demeura une bourgade sans im­portance jusqu'au XlIIe siècle, époque où elle reprit sa qualité de ville.
Les premiers textes latins qui parlent de la grand-place l'appellent forum, mais ne donnent aucun détail sur son aspect ni sur les édifices qui s'y trouvaient. Les textes flamands postérieurs appellent indistinctement merckt les places que nous désignons aujourd'hui par les noms de Grand’Place, de Marché au beurre, de Marché aux grains et de Marché au lin.
Ce n'est qu'au XIVe siècle que nous apprenons qu'au milieu de la Grand’Place se trouvait un perron. C'était une colonne en pierre posée sur trois marches et que surmontait une pomme de pin rehaussée d'une croix. Le perron se rencontrait sur la place publique de toutes les villes soumises à la juridiction des princes-évêques de Liége. Il était le symbole de cette juridiction et peut-être aussi des franchises accordées par les princes-évêques à leurs bonnes villes. C'est au pied de ce monument qu'on publiait les édits de l'autorité supérieure et les recès du magistrat. On y citait les débiteurs et on y exécutait les criminels.
En 1467, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, après avoir saccagé notre ville, lui enleva son perron avec ses

franchises. Il fut transporté à Bruges d'où il ne revint qu'en 1478. En 1677, lors de l'incendie général de la ville, il fut abattu par les français et on n'en éleva un nouveau qu'en 1753. Cette fois il fut hissé sur une pompe qu'on venait de construire au milieu de la place. Cette pompe reconstruite en 1813 d'une façon plus monumen­tale fit place en 1866 à la statue d'Ambiorix et avec elle le perron disparut pour toujours.


Derrière le perron, au coin de la rue de la Croix (Kruisstraat) se trouvait avant 1298 une maison appelée de Munt dans laquelle on frappait monnaie.
Vers cette époque cet atelier monétaire fut transporté dans la rue qui reçut depuis lors le nom de Muntstraat et l’ancienne Munt fut changée en maison communale et en halle aux viandes.
Cette maison communale fut démolie en 1519 et recon-struite en 1520. On la restaura encore en 1559 et elle brûla complètement dans le grand incendie de 1677. Rebâtie depuis lors elle devint une maison particulière ; elle est occupée aujourd'hui par Mme Ve Vanderijdt.
L’'hôtel de ville actuel date de 1732 et fut élevé au milieu de la place qui s'appelait alors koren-vlas-en kemptmerkt.

L’établissement de l’hôtel de Ville eut pour conséquence que nous avons aujourd'hui trois places au lieu d'une : le marché au lin, le marché aux grains et le marché au beurre.


Au fond du marché au lin se trouvait, outre le local de la corporation des brasseurs (brouwer-camer) (1), la maison dite du St-Esprit, local de la Table ou mense du St-Esprit. Cette fondation datant du XVe siècle a fait place, après la révolution française, au Bureau de Bienfaisance qui a hérité de ses revenus et de ses attributions. La maison du St-Esprit, dont le souvenir nous est rappelé en­core de nos jours par le nom d'un café qui se trouve sur son emplace-
(1) En 1289 ce bâtiment servait de Halle, c'est-à-dire de marché couvert où les corps de métiers exposaient leurs produits en vente.

ment fut brûlée en 1677. L'établissement fut transféré de l'autre côté de la place, dans une maison appelée het Engelken, qui fut cédée aux administrateurs de la Mense par le chanoine d’Heur. Cette dernière maison prit dans la suite le nom de Arme Huys et sert encore de local au Bureau de Bienfaisance.


De l'autre côté de l'ancienne koren-vlas-en Kemptmerckt, accolée contre la tour de l'église Notre-Dame, s'élevait l'église St-Nicolas dont l'existence est mentionnée dès 1209. Elle était de construction romane, mais sa tour fut surmontée plus tard d’une flèche gothique, laquelle ayant péri dans l'embrasement général de la viIle en 1677, fit place, en 1710, à un couronnement renaissance qu'eIle conserva jusqu'en 1818.
A cette date, l'église de St-Nicolas n'était plus qu'une ruine ; eIle encombrait le marché et masquait la belle église primaire ; depuis 25 ans elle n'était plus affectée au culte ; elle avait été démeublée, convertie lors de la révolution française, en temple de la déesse Raison, puis transfor­mée successivement en magasin, caserne, prison et écurie. Après requête adressée au roi Guillaume, la ville fut mise en possession de l'église St-Nicolas en 1818 et la démoli­tion s’en fit la même année. Le coin du marché au beurre actuel où se trouvait jadis ce monument, conserve encore le nom de Place St-Nicolas.
Revenons à la Grand’Place elle-même et faisons en le tour pour évoquer les quelques souvenirs qui s'attachent à plusieurs de ses maisons. Nous n'avons pu rétablir, iI est vrai, que les noms que certaines d’entre elles portaient dans les siècles passés ou retrouver les inscriptions des enseignes qui servaient à Ies désigner. Cette multiplicité des enseignes est encore aujourd'hui une particularité qui frappe l'œil de l'étranger.
«Mais, comme l'a dit M. Ch. Thijs, au Moyen-Age, l'enseigne n'était pas ce qu’elle est aujourd’hui, une ins-cription, indiquant le nom et la profession d’un marchand

et changeant à chaque nouveau locataire ; c’était une indication adhérente à la maison elle-même, (sans rapport avec le métier qui s'y exerçait) ; elle lui donnait son nom et existait aussi longtemps qu'elle. »


Nous avons déjà cité la maison de engel située au mar­ché au lin.
A côté de l'ancien hôtel de ville, sur l'autre coin de la rue de St-Trond se trouvait le local de la Chambre de Rhétorique et du métier des forgerons. Cette maison s'appelait dès le XIVe siècle, dat Smeehuys et aussi, en 1466, den Pelikaan, à cause de son enseigne.
A côté de celle-ci se trouvait la maison appelée den Visch dont l'enseigne existe encore ; plus bas on rencon­trait de Valck (le faucon) et au coin de la rue des chiens et de la Grand’Place, de Moriaen.

De l'autre côté de l'ancien hôtel de ville on voyait l'au­berge du Casque (den Helm) qui subsiste toujours ; de Hooge Brugge qui d'après un document du XIVe siècle se trouvait op die zijde naest raethuys ; et au coin de la Grand’Place et de la Hemelingestraat, (actuellement mai­son Vandenrijdt-Van Even) la maison dite à Empereur, laquelle, détail curieux, parait avoir été reliée, clôturant ainsi la place, par un arveau (arc-voie) à celle d'en face (ancienne maison Bertrand). Une partie de la maison de l'empereur fut abattue en 1818, afin d'élargir la chaussée trop étroite pour le roulage des voitures.

La maison occupée par M. Julien Hubens s'appelait dès 1409, in den Sleutel. Elle fut de tout temps une auberge et dut avoir même une certaine importance, car nous savons qu'en 1673, pendant la guerre de Louis XIV contre la Hollande, l'ambassadeur d'Espagne y logea, alors que sa suite était hébergée au Casque. A côté de l'auberge de Sleutel se trouvait het Groenhuis (ancienne maison La­minne) et het Paradijs qui fut démoli en 1865.


En face du Paradijs, au coin de la Grand’Place et du marché au Beurre était la maison dite die Roose, datant du

XIVe siècle et gardant encore aujourd’hui son antique enseigne.


Restent encore quelques noms que nous n'avons pas su identifier complètement. Nous les citerons d'après les ar-chives. Déjà au XIVe siècle on voit “een huys gelegen langs den Hall genaemt den groenen schilt” ; puis "een huys gelegen op den merckt genaamt de Lelie”, en 1516, ln den Horn habitée alors par le médecin Théodore Van Sprolant ; en 1672 "in den bock op den grooten merckt” habitée par Lucas Tieken, bourgmestre. Un texte du XIVe siècle parle aussi d'une maison « gelegen op de mert genaemd dat hoefyser oft Brouwerscamer : il s'agit du local du métier des brasseurs qui se trouvait au fond du marché au lin et s'étendait jusqu'en face de la rue des Membourgs.
Pour donner une idée complète des anciennes enseignes de notre ville, nous passerons ici en revue toutes celles dont l'histoire nous a conservé les noms. L'hôtel du Paon était déjà connu au XVIe siècle et l'auberge du glaive exis­tait également en 1385 dans la Kruisstraat. Ensuite nous trouvons au XIVe siècle, dans la rue de Maestricht, au coin de la Kydelsfrate (rue des sarraus), de Bourdon et dans la même rue, de koning van Spanien ; devant l'hôpi­tal, het huys van den Swaen et het allerheyligenhuys ; dans la rue de la vigne, het Crommengoet ; dans la Borkelstraat, het Bruyloftshuys ; dès 1551, dans la Hemelingestraat, les trois navets ; en 1672, une maison de la rue de Maestricht s'appelle in ‘t sceep, puis d'autres dont nous n'avons pas reconnu l'emplacement, de fortuin, het wind-je, de bonte Os, etc…
Nous terminerons ce chapitre en citant un page curieuse de Ch. Thijs, sur Tongres au XIVe siècle, qui montre bien l'aspect de la ville à cette époque :

« Rien n'était plus curieux que de voir, au-dessus de la porte d'entrée de chaque maison, se balançant au bout d’une volute de fer élégamment contournée, une enseigne

découpée en bois ou en tôle, représentant soit un sujet mystique, chevaleresque, mythologique, historique, ou même facétieux, soit un fabliau, un proverbe, une légende ou une devise.
Quant aux enseignes satiriques et facétieuses elles étaient très nombreuses à Tongres et quelques-unes sont parvenues jusqu'à nous ; nous citerons entre autres le cochon heureux, le coq hardi, la bonne femme, la danse des lièvres, etc. etc. Les maisons qui portaient ces enseignes étaient pour la plupart construites en bois et couvertes de vastes et somptueuses demeures élevées à grands frais en pierre ou en blocages ; mais le plus grand nombre des maisons étaient occupées par des marchands et par des artisans ; celles-ci étaient très resserrées. Les ateliers et les boutiques étaient situées dans un rez-de-chaussée ouvert, et les transactions se faisaient, pour ainsi dire en plein air. L'acheteur restait dans la rue et la vente se faisait sur une large tablette d'étalage qui s'avançait sur la voie publique. Quelquefois, cet étalage était préservé des intempéries de l'air par une espèce d'auvent. Le soir, après le couvre feu, la tablette se redressait et se rejoignait avec un volet supérieur relevé pendant le jour, pour for­-mer la fermeture ; enfin deux barres de fer engagées dans des crochets tenant aux montants venaient serrer ces vantaux. (1)
D'autres maisons étaient entièrement construites en bois, avec étages surplombant les uns au-dessus des autres.
Eclairées par de larges fenêtres à petits carreaux losangés, et ornées de sculptures et de mascarons, sur-tout aux poutres transverses qui supportaient les étages en encorbellement, elles donnaient aux rues une grande fraîcheur et un aspect des plus pittoresques.
(1) La dernière maison qui avait encore cet aspect il n’y a pas longtemps, était occupée par le Charcutier Denis, et située au bas de la Grand’Place.

Au XIVe siècle, la plupart des rues manquaient de pavés. L'éclairage de la ville était nul alors, et les personnes riches qui devaient sortir la nuit, se faisaient accompagner de valets portant des torches allumées. On faisait disparaître la flamme de ces luminaires, en la fourrant dans de grands éteignoirs en fer, disposés sur la façade ou près de la porte d'entrée de chaque maison.


RUE DE HASSELT
Ce nom fut donné au siècle dernier (évidemment après la construction de la chaussée de Tongres à Hasselt) à la rue appelée depuis toujours et encore aujourd'hui hemelingestraat ou mieux heymelingestraat. Elle allait de la Grand’Place à la heymelinghe poort qui se distinguait des autres portes de la ville en ce qu'elle était surmontée d'une énorme statue de la Vierge. Des historiens ont dit que le nom de cette porte et de la rue qui y menait sont dus au couvent des Célestines (Hemelinnen) qui y fut établi. C'est une grave erreur qui se laisse toucher du doigt. Si la heymelingestraat avait tiré son nom du Couvent des Célestines, elle n'aurait pu avoir reçu ce nom qu'à partir de la fondation du dit Couvent dans cette rue. Or le Couvent des Célestines, de l'ordre de St-Augustin, n'a été établi à Tongres qu'en 1640 et n'y demeura que jusqu'en 1677..., et la rue de heymelinghen est déjà mentionnée dans un testament datant de 1291 ! Ce n'est donc pas le Couvent des Hemelinnen qui peut lui avoir donné son nom. D'ailleurs on n'a jamais dit Hemelinnestraat et il ne faut donc point traduire Hemelingestraat par rue des Céles­tines. Autant vaudrait de placer l'effet avant la cause.
De toutes les étymologies proposées jusqu'à présent pour résoudre la question de l'origine de ce nom, il n'y en a aucune qui satisfasse.
Pour notre part, nous avons l'intime conviction que cette dénomination a la même origine que les noms d’une foule

d'autres rues du vieux Tongres, telles que Egbertstraat, Gruwelsteeg, Repenstraat, Vermijlenstraat, Poustersstraat, Ricaldstraat, Wampachsgaet, Boerkenstraat, Gherlach-straat, etc …, c’est-à-dire qu’elle vient du nom d'un de ses premiers habitants. En effet le nom de famille de Heymelinghen est un des plus anciens de la ville et nous le trouvons dans les archives de l'Eglise N. D. dès le XIIIe siècle. En 1280 vivait une certaine Marguerite de Heymelinghen, en 1312, Henri de Heymelingen, en 1334 Gertrude de Heymelingen.

Ce qui tend à prouver d'ailleurs que le nom de Heyme-lingestraat provient d'un nom de famille, c'est que les documents latins qui traduisent toujours fidèlement les noms de rue (ainsi rue de la croix = vicus Crucis ; rue des Chiens = vicus Canum ; rue de la Vigne = vicus Vineæ ; rue du puits = vicus Putei, etc…) le gardent intact de même que les autres noms que nous venons de citer plus haut. C'est donc qu'il était intraduisible … Or cela n'aurait pas été !e cas si Heymelingengestraat avait signifié rue des Célestines, car alors les textes latins auraient porté, non pas vicus de Heymelinghen, mais bel et bjen vicus Cœlestinarum.
Quant à la signification de ce nom lui-même de ou van Heymelinghen, il faut se rappeler qu'au Moyen-Age les noms de famille n'existaient pas encore d'une façon sté­réotypée comme aujourd'hui et qu'on avait l'habitude de désigner les personnes (ainsi que cela se fait encore au village) soit par le nom du lieu d'où elles étaient origi-naires, soit du métier qu'elles exerçaient ou de l'endroit où elles demeuraient.
C'est là l'origine des noms de famille tels que Van Bloer; Van Brabant, Van Elderen, de Hinnisdael, Van Hamont, Van Hasselt, Van Heer, Van Hees, de Hemri­court, Van Genck, Van Bilsen, Van Grootloon, De Waleffe, etc., et les personnes qui les premières portèrent ce nom étaient sans aucun doute respectivement originaires de ces en-

droits. De même les familles Smets (ou Smeets, Smits, Schmidt, Desmet), Maréchal, Lefèvre, Beckers, Cremers, Slegers, Cuypers, Molenaers peuvent être certaines que Ieur ancêtre le plus éloigné a été un for­geron (en vieux-flamand : Smet, en vieux-français : Fêvre), un boulanger, un mercier (en vieux-flamand : Cremer), un boucher (en vieux-flamand : Sleger), un ton­nelier ou un meunier. Dans ce même ordre d'idées rappe­lons que l'ancien bourgmestre de Tongres Vaes-Valck tenait son nom de ce qu'au XVle siècle son père occupait sur la Grand’Place la maison qui avait pour enseigne un faucon (in den Valck).


Le nom patronymique de Heymelingen vient donc très probablement du nom d'un endroit situé dans les environs de Tongres et dont il ne reste plus de traces. C'est aussi le cas pour le nom de famille de Scharmure que nous trouvons dès le XIIIe siècle et qui doit son origine à l'ancien lieu-dit Scarmure ou Schermure. Cet endroit se trouvait hors ville entre le Geer et la route de Coninxheim et était relié jadis à la porte de Heymelingen par un chemin appelé Schermurenstraat, altéré au XVIIIe siècle en Schermer-straat et disparu depuis lors.
On pourrait aussi se demander si, comme la Schermure-straat ou la Henisstraat, la Heymelingestraat ne tire pas directement son nom du lieu-dit de Heymelingen.
Dans ce cas cet endroit aurait du se trouver dans la direction de la chaussée de Hasselt, et la Hemelingestraat jadis y aurait conduit. Mais ce n'est là qu'une hypothèse qui ne se base sur aucun fait connu. C'est pourquoi nous ne nous y attarderons pas.

Nous avons dit que la rue de Heymelingen est mention-née dès le XlIIe siècle. Mais c'est à des dates plus rap­prochées que nous trouvons des renseignements plus pré­cis.

C'est entre autres dans cette rue que fut établi jusqu’en 1663 le refuge des Chevaliers de l'ordre teutonique, dont

la maison-mère ou commanderie était située à Vieux-Joncs (Ouden Biessen).


Ce refuge fut transféré en 1663 dans la rue appelée Moerenstraat. Mais la maison qu’ils occupèrent d’abord (habitée précédemment par Vander Heyden-Loverix, actuellement par M. Beckers,) conserva le nom de Het Biessenhuys, et c'est ainsi qu'elle est encore désignée dans le manuscrit relatant l'incendie et la destruction de la ville en 1677.
Un autre couvent, celui des Célestines fut établi en 1640 dans la rue de Heymelingen. Mais ces sœurs ne restèrent à Tongres que jusqu'en 1677 : les français ayant brûlé leur maison, elles se réfugièrent dans leur maison­-mère située au faubourg d'Avroi à Liége.
Leur couvent se trouvait à côté de la Grange décimale (tiende schuur) appartenant au chapitre de Notre-Dame et dans laquelle les contribuables de jadis venaient payer la dîme, cette espèce d'impôt en nature qui consistait dans le prélèvement de la dixième partie de la récolte. Le chapitre jouissait de la dîme de tous les fruits croissants et naissants à Tongres et dans la banlieue. Cette grange décimale se trouvait d'abord à côté de la 6e maison claustrale (maison Rigo), mais ayant brûlé en 1498, elle fut reconstruite en 1500 près de la Heymelingestraat. Elle existait encore en 1864 et appartenait alors à Mlle Elise Loverix.
C'est sur son emplacement que se trouve aujourd'hui la maison de M. le notaire Neven.
N'oublions pas de dire que non loin de la Porte de Heymelingen se trouvait le Goeswijnstoren qui était un bastion de l'enceinte de la ville, ainsi qu'une autre tour qui fut démolie en 1766. Le Goeswijnstoren fut démoli en 1843 lors de la construction de la route de Bilsen.
Un dernier renseignement relatif à la Heymelingestraat, c'est que dans cette rue existait encore en 1861, une des rares maisons qui avaient échappé au grand incendie de

1677. C'était la maison des trois navets (in de drie raap­kens). Elle avait été construite en 1551 par l'écolâtre Jean Van der Blocquerijen et constituait, avec sa façade en bois, ses croisées à petits carreaux rectangulaires, ses têtes de poutres ornées de mascarons, un spécimen intéressant de l'architecture du seizième siècle.


CHAUSSEE DE SAINT-TROND
C'est depuis la construction de la chaussée de Tongres à St-Trond, en 1817, qu'on a donné ce nom à la rue qui, avant cette date, portait le nom bien plus suggestif de rue de la Croix et que le tongrois appelle encore et uniquement Kruisstraat. Cette manie de changer les noms des rues a fait perdre son cachet, sa poésie à plusieurs d'entre elles. Le lecteur s'en convaincra aisément en lisant ces pages. Heureusement ces innovations aussi stupides qu'admi­nistratives n'ont pas réussi à effacer, du moins pas com­plètement de la mémoire du peuple ces anciens noms donnés à nos rues par nos ancêtres et qui évoquent dans l'imagination de celui qui en veut scruter le sens, le sou­venir bien vivant des générations disparues, de leur vie et de leurs mœurs.
La rue de la Croix aboutissait à la porte de la Croix. Les plus anciennes mentions qui en sont faites dans nos archives datent du XIVe siècle, et à cette époque le coin de cette rue et de la Grand’Place, à droite en allant vers la porte de la Croix, était occupée par la Halle aux viandes et servait aussi de maison communale. Avant 1298, comme nous l'avons déjà vu, s'y trouvait un atelier moné­taire et de là le nom Antiqua Moneta qu'on lui donnait à partir de cette date.
A côté de la Halle aux viandes se trouvait l'auberge du glaive (het swert) dont on parle déjà en 1385 et plus loin l'hôtel du Paon (De Pauw) qui était connu au XVle siècle et qui n'a disparu que tout récemment.

La rue neuve a été percée avant ou tout au moins dans le courant du XIVe siècle, pour faciliter les communications entre la rue de la Croix et la porte de Heymelingen.


La porte de la Croix, appelée ainsi dès 1448, reçut son nom de la grande croix de pierre qui la surmontait. Ce donjon qui, selon d'aucuns servait de cabanon de tortures, fut détruit lors du démantèlement de 1476, reconstruit en 1515 et complètement réparé en 1568. L'année suivante il fut bombardé et brûlé par le duc d'Albe et en 1673 les français le firent sauter. Auparavant la porte de la Croix était flanquée de deux tours imposantes. Elle fut recon­struite en 1723, mais ne revêtit plus les dehors monu­mentaux de jadis. Elle ne constituait plus qu'un vaste bloc carré orné des armoiries anciennes et modernes de la ville ainsi que de celles du prince-évêque Clément de Bavière, pendant l'épiscopat duquel elle avait été recon­struite. La porte de la Croix fut démolie en 1873, en même temps que la Steenderpoort.
Non loin de la porte de la Croix, droite, se trouvait un bastion appelé Saxtoren, qui fut rasé en 1880. Ce fut le dernier acte de Vandalisme qu'on perpétra contre les restes de nos vieux remparts et ce fut un des plus regrettables.
Jadis, en sortant de la ville par la porte de la Croix, on pouvait voir, à droite, les vestiges de l'hôpital de St- Jacques, détruit en 1276, et à gauche, près de la Coghel-strate (qui aujourd'hui encore relie la chaussée de St- Trond à la route de Coninxheim) quelques débris du bé-guinage fondé en 1243 par Ide et Ode de Lude et transféré en 1257 dans l'intérieur de la ville.
Plus loin, en face de la maison Pipelers on voit encore un tumulus qui en 1473 s'appelait Cockarts tombe, proba-blement du nom d'un de ses propriétaires. Et en effet nous savons qu'au XIVe siècle, un certain Tilman Cockart y possédait un vignoble.
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