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1900-1977) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées


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Vive la Presse’’

(1932)
Pièce de théâtre


Le personnage central est le capitalisme. Il est entouré des journaux de l’époque : ‘’Le temps’’, ‘’Le matin’’, ‘’La croix’’, ‘’L’oeuvre’’, ‘’L’ami du peuple’’, etc. Sont dénoncés les mensonges et la soumission de la presse écrite aux « marchands de canons ».
Commentaire
La mise en scène était de Lou Tchimoukov. Jacques Prévert tint le rôle du vendeur de ‘’L’ami du peuple’’, Jean-Paul Dreyfus celui du capitalisme.

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Vinrent aussi demander des textes à Jacques Prévert quelques membres d’une troupe naissante qui était une de ces troupes de théâtre amateur qui voulaient suivre l’exemple de l’agit-prop soviétique, intervenir dans les vives luttes prolétariennes de la période crispée de l’entre-deux-guerres, réagir au climat économique, politique et social de la France d’alors, lutter contre le fascisme, se mobiliser contre la guerre, défendre les opprimés contre les effets de la crise. Cette troupe réunissait des employés, des ouvriers, des couturières, des instituteurs, travaillant le soir avec quelques professionnels, jouant, par nécessité autant que par conviction (le souci de placer l’action scénique au contact même des travailleurs), dans toutes sortes de lieux (rues, cafés, goguettes, préaux d’école, stades, usines et magasins) et de circonstances (manifestations, fêtes, grèves, meetings politiques ou syndicaux). Ce ‘’Groupe Octobre’’, dont le nom indiquait suffisamment les sympathies politiques, était affilié à la Fédération du théâtre ouvrier de France, d’obédience communiste. On y valorisait le choeur parlé, la représentation spontanée, le souci de l’efficacité qui reléguait souvent au second plan la technique et l’esthétique, les spectacles s’apparentant plus au cabaret voire au cirque qu’au théâtre conventionnel et s’inscrivant dans une mutation du mouvement théâtral mondial.

Entre 1932 et 1936, Jacques Prévert, qui avait déjà montré par ses scénarios qu’il pouvait consentir aux nécessités du travail collectif, donna à la troupe des sketchs politiques satiriques, subversifs et à l’humour dévastateur, qui furent mis en scène par Lou Tchimoukov mais qui se prêtaient à l’improvisation collective (à laquelle il participait). Il sut assimiler l’héritage du théâtre populaire, se dégager progressivement des influences surréalistes (souvent « tyranniques » et empêtrées dans des contradictions insurmontables entre des théories révolutionnaires et des modes d’expression ésotériques), concilier le drame populaire et le théâtre onirique, tendre vers la perfection spectaculaire, ce qui fit qu’Artaud salua le dramaturge : « L’humour de Jacques Prévert signale que la vie de l’époque est malade. » Il put laisser s’épancher sa sensibilité « d’enfant qui fait la mauvaise tête », son indignation devant le pitoyable spectacle du monde des années trente, sa créativité débridée. Tous les témoignages le confirment : « C’était cocasse, déconcertant, désopilant, un peu à la Marx Brothers » (Lazare Fuchsmann) - « Jacques nous faisait mourir de rire. Sur les thèmes les plus simples, les plus immédiats, il avait une invention et une drôlerie incessantes, avec un visage toujours impassible, et son fluide toujours si amical » (Ida Lods-Jamet) - « Le Groupe Octobre, ce n’était pas du théâtre mais une sorte de vie, avec la stature colossale de Jacques Prévert, son humour corrosif agissant comme un acide sur une plaque » (Fabien Loris) - « Jacques parlait sans arrêt, sans lien logique apparent ; son discours se déroulait par associations d’images, de mots, d’émotions. Pas de censure, pas d’effort de rationalisation des impressions, mais de véritables juxtapositions de tranches de réalité, mélangées aux émotions ressenties, aux réflexions impromptues... et à une richesse de vocabulaire incroyable » (Arlette Besset) - « C’était la grande époque de Jacques. Il était brillant, intarissable. Il avait un dynamisme extraordinaire. » (Pierre Prévert).

Il produisit ainsi :

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‘’La bataille de Fontenoy’’

(1932)
Pièce de théâtre


Est raillée l’absurdité de la Première Guerre mondiale. Dans la bouche de Poincaré, on peut entendre : « Soldats tombés à Fontenoy, le soleil d’Austerlitz vous contemple […] À la guerre comme à la guerre. Un militaire de perdu, dix de retrouvés. Il faut des civils pour faire des militaires ; avec un civil vivant on fait un soldat mort… »
Commentaire
André Gide, qui avait connu Prévert au temps du Groupe Octobre, aimait son théâtre et avait en particulier une grande admiration pour cette pièce.

Le texte a été repris avec des variantes dans ‘’Spectacle’’.

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En 1933, la pièce fut représentée à Moscou, lors d’une Olympiade internationale de théâtre ouvrier, où Jacques Prévert accompagna la troupe. Le Groupe Octobre joua devant Staline, bien que beaucoup de ses membres étaient trotskistes ! Si la troupe était d’obédience communiste, il ne faudrait pas en déduire hâtivement que Jacques Prévert ait souscrit à l’idéologie marxiste. Il confia : « M’inscrire au Parti? Moi, je veux bien... On me mettrait dans une cellule. » Plus tard, il expliqua à un journaliste qu’il n’était pas précisément communiste, « mais je travaillais avec eux pour les grèves, l’agitation, enfin tout ce qu’il fallait faire. Après, ça a changé, et je me suis tiré. Quand les communistes ont commencé à chanter la Marseillaise, alors bonsoir ! ». Des témoignages de divers participants du groupe, il ressort que, plus que d’une stricte soumission partisane, ses sketchs relevaient plus une certaine conception anarchiste de la liberté et de la solidarité.

On peut citer aussi :

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‘’Actualités’’

(1933)
Pièce de théâtre


Était souligné l’avènement d’Hitler dont Prévert avait bien compris qu’il avait été plébiscité par une bourgeoisie allemande qui n’avait rien fait pour empêcher les assassinats politiques.

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‘’Citroën’’

(1933)
Pièce de théâtre


Était dénoncée la précarité de la vie des ouvriers : « Un ouvrier, c’est comme un vieux pneu… Quand il y en a un qui crève, on ne l’entend pas crever. Citroën n’écoute pas… Citroën n’entend pas… »
Commentaire
Cette saynète, jouée devant les grévistes de Citroën le 18 mars 1933, est toujours d’une troublante actualité.

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‘’La famille Tuyau de poêle’’

(1933)
Pièce de théâtre


Des bourgeois, respectables en apparence, pratiquent en réalité adultère, inceste, homosexualité et amours avec le personnel, alors qu’ils se prétendent hypocritement très vertueux.

Commentaire
L’expression « famille tuyau de poêle » est très familière, pour ne pas dire vulgaire. L'image qu'elle véhicule est parfaitement compréhensible pour qui a eu l'occasion, au moins une fois dans sa vie, d'installer un poêle à bois ou à charbon avec toute sa tuyauterie d'évacuation : il a en effet pu constater que celle-ci est composée de tronçons qui s'emmanchent les uns dans les autres. L’expression désigne donc une famille dont les membres ont entre eux des relations sexuelles.

En 1935, cette violente charade, un condensé de Feydeau, du surréalisme et de Freud, a été jouée par le Groupe Octobre.

En 1954, une seconde version, allégée et complétée, a été représentée à ‘’La fontaine des quatre saisons’’, ce texte figurant dans ‘’La pluie et le beau temps’’.

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C’est pour le Groupe Octobre que Jacques Prévert écrivit ses premières chansons, sur des musiques de Christiane Verger ou Louis Bessières. Elles furent interprétées par Agnès Capri, Germaine Montero ou Marianne Oswald.

Mais le Groupe Octobre, qui voulait atteindre les ouvriers, ne toucha pas un public vraiment populaire ; l’auditoire se serait limité aux intellectuels et aux amitiés des Prévert liées dans le cinéma ou venues du surréalisme. Aussi s’est-il dissous.

Jacques Prévert revint au cinéma.

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‘’Comme une carpe ou Le muet de Marseille’’

(1933)
Scénario


Un mari volage, au retour de ses frasques, voit se dresser devant lui...sa femme. Il feint alors d'être sourd, pour éviter de répondre à une pluie de questions. Il en arrive à mimer la confection de l'oeuf au plat. Son entourage le croit, non seulement sourd, mais muet, parle librement devant lui et révèle au malheureux, qu'il est lui-même trompé par sa femme.
Commentaire
Le film fut un court métrage de Claude Heymann.

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‘’Bulles de savon’’

(1933)
Scénario


Commentaire
Le film fut un court métrage de Slatan Dudow.

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En 1933, Jacques Prévert eut le projet d’une adaptation du ‘’Brave soldat Schweik’’ pour une maison de production tchèque. Les interprètes prévus étaient Michel Simon et Charles Laughton. G.W. Pabst devait être le réalisateur, mais il renonça à faire le film.

La même année, Prévert écrivit un scénario pour Georg Höllering, dont la musique devait être de Hans Eisler, ‘’Dolina’’. Mais le projet fut abandonné.

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‘’Si j’étais le patron’’

(1934)
Scénario


Un ouvrier est propulsé à la tête de son usine par le principal actionnaire, aux contacts humains faciles, surtout quand il a bu.
Commentaire
Prévert adapta anonymement un film allemand de J.A.Hübler-Kahla, ‘’Wenn ich König war’’, et s’amusa à modifier, voire à inverser les situations sociales pour montrer que la valeur des êtres est souvent inverse de leur position sociale, que le génie inventif vient du peuple parmi lequel se trouvent les véritables seigneurs. René Pujol est seul crédité pour les dialogues qui ont été pourtant beaucoup retravaillés par Prévert. Le film fut réalisé par Richard Pottier.

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En 1934, Prévert collabora avec Marc Allégret à l’adaptation de ‘’L’hôtel du libre-échange’’. Il y imprima sa marque, ajoutant à la mécanique débridée du comique original de Feydeau, qu’il admirait, non seulement quelques gags de son cru, mais surtout un ton, une liberté, un mordant typiquement prévertiens. ‘’L'hôtel du libre-échange’’, c'était déjà ‘’Drôle de drame’’. Marc Allégret réalisa le film, le meilleur qu’il ait fait, où Prévert tint un rôle. Mais jouait aussi un Fernandel qui n’était pas encore stérotypé, qui laissait prévoir le grand acteur qu'il fut dans ‘’L’armoire volante’’ ou dans ‘’L'auberge rouge’’.

En 1934 encore, Prévert dit, dans ‘’La pêche à la baleine’’, court métrage de Lou Tchimoukov, son texte (qui allait être repris dans ‘’Paroles’’).

Avec Claude Autant-Lara, il adapta un roman du Chilien Jenaro Prieto, ‘’El socio’’. C’est l'histoire d'un homme pauvre, Julien Pardo, qui est invité à servir de prête-nom dans une affaire louche ; pour différer sa réponse, il s'imagine un associé qu'il baptise Mr Davis ; une suite de coïncidences heureuses fait à l'invisible Mr Davis la réputation d'un homme d'affaires extraordinaire ; bientôt, chacun prétend le connaître ; il a des amis, des parents, il est même l'amant d'une dame assez mûre. Pardo, qui n'existe plus que par Davis, est excédé ; il crie que Davis n'est qu'un mythe : personne ne le croit ; il le tue alors en duel, mais lui-même n'est plus rien ; et il doit finalement disparaître, victime de la vengeance de Davis, vaincu par le personnage qu'il avait inventé. Prévert écrivit un scénario assez tragique qu’il avait intitulé ‘’Vive le carnaval’’, qui fut remanié par des Anglais qui le transformèrent en un vaudeville, l’intitulant ‘’My partner, Mr Davis’’ (ce qui fit que Prévert ne le signa pas), qui fut tourné par Autant-Lara à Londres dans les conditions les plus difficiles, le film, sorti en Angleterre en mars 1937, n’étant jamais présenté en France.

À Biarritz, avec Marcel Duhamel, il remania un scénario de Ricardo Soriano et de Santiago Ontañon. Son travail fut refusé mais il semble qu’il ait tout de même largement inspiré les deux Espagnols. Au générique de ce film de moins d’une heure (qui compte notamment Sylvia Bataille, Marcel Duhamel, Jacques Henley et Sylvain Itkine comme interprètes), ‘’Un chien qui raccroche’’, apparut uniquement : « comédie originale de R. Soriano et S. Ontañon ».

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‘’Un oiseau rare’’

(1935)
Scénario


Le riche industriel milliardaire Melville, qui a un valet de chambre qui, dans un concours de slogans, a gagné un séjour aux sports d'hiver, l'y accompagne car il ne peut se priver de lui. Il est bien entendu que le valet se fait passer pour le maître, mais la substitution se complique du fait qu'un autre gagnant est pris par le personnel de l'hôtel pour le milliardaire.
Commentaire
Prévert adapta (et, cette fois, signa le texte) une pièce d’Erich Kästner, ‘’Das lebenslangliche Kind’’ (elle-même adaptée de son roman ‘’Drei Männer in Schnee’’). Il fit jouer un rôle essentiel à un perroquet nommé Ravaillac ; c’est que cet animal disert, expert en pataquès et sentencieux dans le lieu commun, occupait une place de choix dans son bestiaire car il voyait en lui un poète inspiré.

Le film fut tourné par Richard Pottier.

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La même année, Jacques Prévert découvrit un pauvre musicien venu de Hongrie, Joseph Kosma, qui allait mettre en musique plusieurs de ses poèmes.

Lui et Simone Dienne se séparèrent.

Cette année-là, dans le même esprit que le Groupe Octobre, fut créée une coopérative de production pour un film auquel il collabora avec Jean Stelli :

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‘’Jeunesse d’abord’’

(1935)
Scénario


Quatre jeunes gens se marient selon leur cœur en dépit du vœu de leurs parents.
Commentaire
Le film fut tourné par Jean Stelli et Claude Heymann.

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En 1935 encore, Jacques Prévert adapta une nouvelle de Charles Radina, pour ‘’Taxi de nuit’’, moyen métrage d’Albert Valentin.

D’après une histoire de Jean Castanier et Jean Renoir, il collabora avec ce dernier à :

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‘’Le crime de monsieur Lange’’

(1935)
Scénario


Le directeur d'une petite entreprise de publications populaires, Batala, exploite honteusement son personnel. Il édite aux moindres frais "Arizona Jim", un western écrit par l'un de ses employés, le sympathique M. Lange, tout en lardant sa prose de slogans publicitaires. Entre deux affaires véreuses, il viole l'innocente Estelle, employée de la blanchisserie du rez-de-chaussée dont la patronne, Valentine, est amoureuse de Lange. D'autres intrigues se nouent gentiment dans la cour de l'immeuble. Acculé à la faillite, Batala prend le large. Mais son train déraille, et il passe pour mort. En réalité, il a volé les vêtements et usurpé l'identité d'un ecclésiastique qui voyageait avec lui. En son absence, l'affaire est renflouée et sainement gérée par les ouvriers réunis en coopérative. On s'apprête à tirer un film d'"Arizona Jim". C'est le moment que choisit l'ignoble Batala pour reparaître et faire valoir ses droits. Lange, effondré, le tue. Après quoi il s'enfuit en compagnie de Valentine et passe aisément la frontière.
Commentaire
Ce scénario, conçu à une époque où la gauche nourrissait les plus grands espoirs, est résolument optimiste. C'est une oeuvre qui a avant tout un sens social du fait :

- de l'union des ouvriers créant une coopérative, union qui va jusqu'à la merveilleuse dernière séquence, où, sans un mot, les frontaliers mènent le couple à la liberté ;

- des bassesses commerciales ou sensuelles du patron ;

- des scènes où il réapparaît habillé en curé (agonisant en soutane, il réclame un prêtre ! - à la question : « Qui donc vous regretterait? » le subversif auteur, qui jouait à nouveau du déplacement des rôles, lui fit répondre : « Mais les femmes, mon cher, les femmes... » !) ;

- de la netteté du dialogue.

Le film fut tourné par Jean Renoir. Il est regrettable que ce fut, pour ce film seulement, que se soient associés Prévert et Renoir, car il y avait un accord profond dans le style des deux hommes : chez tous les deux une richesse d'invention exubérante, une imagination qui s'autorisait toutes les audaces, un mépris total pour les canons du bon goût, et, dans leurs meilleurs moments, un bonheur dans l'expression qui tient aussi à l'expression d'un bonheur contagieux. De la rencontre entre le scénariste, assez peu capable semble-t-il de retenue et de juste mesure, et le cinéaste « en manches de chemise », débordant de fougue et de vie, de cette rencontre où des défauts similaires eussent logiquement dû s'ajouter pour « en rajouter », naquit au contraire une oeuvre extraordinairement dosée, sans un mot de trop ni une image inutile. ‘’Le crime de monsieur Lange’’ est un film parfait. Mais, entre deux personnalités aussi fortes, pourrait-il y avoir une collaboration durable?

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En 1936, Jacques Prévert adapta la pièce de Cervantès, ‘’Le tableau des merveilles’’, pour le Groupe Octobre qui se désagrégea après les représentations. En 1961, Pierre Prévert en fit un film.

La même année, le producteur Pierre Braunberger lui demanda (avec l’accord probable de Jean Renoir) de créer un scénario pour un long métrage à partir des « rushes » tournés par Renoir pour ‘’Une partie de campagne’’ dont le tournage avait été interrompu pour de multiples raisons. Prévert accepta mais son scénario ne fut finalement jamais tourné.

Il écrivit le commentaire de ‘’Ténériffe’’, un court métrage tourné par Éli Lotar en 1932.

En 1936 encore, Jacques Prévert devint l’amant d’une jeune actrice, Jacqueline Laurent, et séjourna avec elle à Ibiza, dans les îles Baléares. Il y écrivit ‘’Lettre des Îles Baladar’’ et les poèmes de ‘Lumières d’homme’’ qu’il porta la même année â l’éditeur Guy Lévis-Mano. Mais la guerre et d’autres événements allaient ajourner dix-neuf ans leur publication.

À la fin de 1936, il fit paraître, dans ‘Soutes’’, les poèmes ‘’La crosse en l’air’’ (sous-titré ‘’Feuilleton’’), ‘’Aux champs’’ et ‘’Chanson dans le sang’’ (qu’apprécia Henri Michaux), qui allaient être repris dans ‘’Paroles’’. Dans ‘’La crosse en l’air’’, il attaquait le pape, Mussolini, Franco et leurs partisans.

En 1936 encore, il fit la rencontre d’un jeune réalisateur, Marcel Carné, qui, ayant assisté à une représentation de ‘’La bataille de Fontenoy’’ et ayant été séduit par l’humour percutant des réparties, lui demanda d’adapter un scénario de Pierre Rocher, ‘’Jenny’’, et d’en écrire les dialogues, en collaboration avec Jacques Constant. Ce premier film plein de promesses tranchait sur la médiocrité de la production de l'époque.

L'amertume causée par l'échec du Front populaire, l'angoisse devant la montée du fascisme, la marche inexorable à la guerre lui firent écrire pour Carné des films noirs, tandis que sa vie privée, chaotique sur le plan sentimental, en accentua encore le pessimisme.

La même année, touché et choqué par l’histoire vraie d’enfants enfermés dans un bagne à Belle-Île-en-Mer qui se mutinèrent alors qu’il y était en villégiature, il décida de se mobiliser contre le régime pénitentiaire des mineurs et, laissant éclater son indignation, il composa d'abord le poème ‘’La chasse à l'enfant’’ que chanta Marianne Oswald, puis commença à travailler au scénario et aux dialogues d’un film intitulé ‘’L’île des enfants perdus’’ que Marcel Carné devait réaliser. Ils essayèrent de convaincre les producteurs mais sans succès.

Il adapta une pièce de théâtre de Maurice Hennequin et Pierre Veber, ‘’Vous n’avez rien à déclarer?’’. Mais, quinze jours avant le tournage, Raimu refusa l’adaptation. Elle fut refaite par Jean Aurenche et Yves Allégret sur des dialogues de Jean Anouilh, et réalisée par Léo Joannon.

Il collabora avec René Sti à l’adaptation d’un scénario de Noël-Noël et de Georges Chaperot, ‘’Moutonnet’’, et écrivit les dialogues du film tourné par René Sti.

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‘’27, rue de la Paix’’

(1936)
Scénario


Gloria Grand, qui souhaite divorcer, propose une importante somme d'argent à l'ex-maîtresse de son mari, Jenny Clarens, pour qu’elle accepte de figurer dans le flagrant délit d'adultère qu'elle projette de faire constater. Le lendemain, le cadavre de Jenny est trouvé dans la Seine. Denis Grand aurait-il tué Jenny Clarens? Tous les indices semblent le confirmer... Alice Perrin, jeune journaliste, en menant discrètement son enquête, découvre les clés de cette énigme.
Commentaire
Prévert écrivit le scénario avec Carlo Rim.

Le film fut réalisé par Richard Pottier. 

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Le 31 décembre 1936 mourut le père de Jacques Prévert.

En 1937, il fit paraître dans ‘’Les cahiers G.L.M.’’ le poème ‘’Évènements’’, qui allait être repris dans ‘’Paroles’’.

Avec Jean Aurenche, il adapta un mélodrame de Moreau, Siraudin et Delacour, ‘’L’affaire du courrier de Lyon’’, histoire d’un fameux procès où un certain Lesurques, affligé d'une ressemblance frappante avec le chef de bandits Dubosc, fut condamné et exécuté à sa place. Tandis que, pour certains, Lesurques était complice de Dubosc, Prévert prit parti pour son innocence et ne rata pas l'occasion de faire une satire de la justice. Mais, à cause de désaccords avec Maurice Lehmann, directeur du théâtre du Châtelet, qui signa la réalisation, en fait effectuée par Claude Autant-Lara, il aurait refusé d’être crédité au générique.

La même année, il adapta un roman de Joseph Storer Clouston, ‘’His first offence’’, pour :

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‘’Drôle de drame’’

(1937)
Scénario


À Londres, en 1900, le révérend Archibald Soper, évêque de Bedford, qui, dans ses conférences, fustige Felix Chapel, un auteur de romans policiers (que personne n'a jamais rencontré), s'invite chez son cousin, Irwin Molyneux, un très sérieux professeur de botanique. Mais les domestiques viennent de démissionner sans préavis, et Margaret Molyneux, faisant tout pour dissimuler l'affaire, se cache à la cuisine pour préparer le repas, que sert la jeune Éva, sa demoiselle de compagnie, ce qui déclenche une série de quiproquos fort amusants tandis qu’Irwin invente mensonge sur mensonge, chacun plus maladroit que l’autre, pour justifier auprès de son cousin l’absence de sa femme, prétendant qu’elle est partie à la campagne rendre visite à des amis. Au cours du repas, le révérend Soper, qui déclare bien fort qu’il n’apprécie pas la littérature policière, qui est nerveux parce qu’un tueur hante les rues voisines, se rend compte que quelque chose ne va pas, se met à soupçonner le tranquille Irwin Molyneux, pensant qu’il a empoisonné sa femme. Le lendemain, après une nuit passée au domicile de son cousin, il appelle Scotland Yard. Il va découvrir qu’Irwin Molyneux n'est autre que Felix Chapel qui se trouve accusé de meurtre, exactement comme un de ses personnages.

Dans un hôtel de passe chinois, Margaret Molyneux tombe dans les bras de William Kramps en s'extasiant devant un bouquet de fleurs qu’il lui offre, elle qui déteste les fleurs. Ce William Kramps est un tueur de bouchers car il aime les animaux (les moutons plus exactement, il en a même un, encadré façon relique, dans sa chambre) et, comme les bouchers tuent les animaux, très logiquement il tue les bouchers. Il est aussi un amant transi qui, alors qu'il est censé rencontrer une femme pour la première fois de sa vie, se montre bien entreprenant. Il va jusqu'à se sacrifier à la fin pour Margaret et s'accuser du meurtre de Molyneux, meurtre qu'il n'a pas commis alors qu'il voulait effectivement tuer Felix Chapel dont les conseils pour commettre le crime le plus parfait avaient failli le faire arrêter. L'inspecteur de police, Bray, mène l'enquête avec un sens de la déduction qui n'appartient qu'à lui. La tante de Molyneux, Mac Phearson, passe son temps à chercher sa petite chienne, Canada, morte il y a cinq ans, pour finir persuadée que c'est William Kramps qui l'a empoisonnée. Elle, qui n'aimait pas son neveu, finit par lui léguer sa fortune quand il devient à vie Felix Chapel.


Commentaire
Marcel Carné reconnut : « Il est indiscutable que le rôle de Jacques Prévert dans ‘’Drôle de drame’’ est presque plus important que le mien. C’est vraiment lui qui m’a fait connaître l’humour noir, m’a montré l’importance qu'il fallait accorder aux personnages secondaires. Ses textes ont souvent l'air faciles comme ça ; mais, quand il faut dire en mettant un bijou sur les cheveux d'Arletty : ‘’un doux rayon de lune sur tes cheveux de nuit’’, ce n'est pas commode. » Jean-Louis Barrault qui joua le rôle de Williams Kramps, évoquant ses souvenirs du tournage, déclara : « Il y avait une poésie, un humour, une espèce de folie, de gaieté anarchistes ».

On ne peut considérer le film comme une oeuvre mineure parce que comique : il ne faut pas prendre l'humour « à la lourde » comme disait Prévert ! Il contenait déjà beaucoup de thèmes, de situations qu’on allait retrouver dans ‘’Quai des brumes’’ ou ‘’Les enfants du paradis’’. Ici, il traita en particulier celui de la force créatrice du romancier, vivant les situations, retrouvant les personnages qu'il a inventés. Mais ces thèmes ne perdent rien de leur force à être traités sur un mode burlesque.

La réalisation de Carné, qui tourna avec Michel Simon (Irwin Molyneux, alias Felix Chapel), Françoise Rosay (Margaret Molyneux), Louis Jouvet (Archibald Soper), Jean-Louis Barrault (William Kramps), fut sobre et discrète.

Cependant, en 1937, le public bouda ce chef-d'œuvre né trop tôt. Marcel Achard écrivit : « Un film excellent, tué par une merveilleuse photographie. Les éclairages sont savants, les ombres exquises, les contre-jours subtils, les visages parfaitement mis en valeur. Chaque image est en soi un petit chef-d'oeuvre de joliesse, de cadrage ou de luminosité et c'est cela qui tue le film ». Et il ajoutait : « Carné a de la force et peut-être du rythme, mais il manque de vitesse ».

Mais le public acclama le film quinze ans plus tard.

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Pierre Braunberger soumit à Prévert le projet d’une sorte de « remake » du ‘’Fantôme du Moulin-Rouge’’ de René Clair. Le scénario, ‘’Le métro fantôme’’, était, semble-t-il, destiné au réalisateur Alberto Cavalcanti. Les décors furent commencés par Georges Méliès, mais il décéda et le projet fut abandonné.

En 1937 encore, toujours à la demande de Pierre Braunberger, il écrivit un scénario, ‘’Le grand matinal’’ (ou ‘’Paris matinal’’), une satire du journalisme que Jean de Limur puis Jean Grémillon envisagèrent de réaliser avec Jacqueline Laurent, Maurice Chevalier puis Jules Berry, mais qui fut abandonné.

En 1938, avec Jean-Henri Blanchon, Jacques Prévert, qui privilégia toujours l’univers poétique et créatif de l’enfance, adapta le roman de Pierre Véry, ‘’Les disparus de Saint-Agil" pour le film de Christian-Jaque qui ressort agréablement sur le tout venant de sa production, généralement assez dépourvue d'ambition. C’est que Prévert était encore passé par là. Cela est sensible dans tel détail cocasse, dans la mystérieuse association des « Chiche-Capons ». Et puis, il semble qu'en cette occasion Christian-Jaque se soit lui-même surpassé, réalisant un de ses meilleurs films, habile mais sans virtuosité gratuite. Cependant, Prévert ne signa pas son scénario. Lors de sa sortie le 13 avril, ce fut Jean-Henri Blanchon, auteur d’une première adaptation du roman de Pierre Véry, qui fut crédité.

La même année, avec Jean Manse, Prévert adapta le roman de Jacques Perret, ‘’Ernest le rebelle’’, pour le film de Christian-Jaque. Mais sa participation au scénario et aux dialogues resta anonyme.

Il produisit une remarquable adaptation d’un roman de Pierre Mac Orlan :

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