Ana səhifə

1900-1977) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées


Yüklə 0.57 Mb.
səhifə3/6
tarix25.06.2016
ölçüsü0.57 Mb.
1   2   3   4   5   6
Quai des brumes’’

(1938)
Scénario


Jean, un beau déserteur de l’armée coloniale, arrive au Havre en camion, et cherche un abri où se cacher avant de quitter la France. Il est hébergé dans une cabane au bout des quais par l'étrange et chaleureux Panama. Il fait la connaissance d'un peintre curieux, Michel, et d'une belle jeune fille triste, Nelly. Cette orpheline vit sous la coupe de Zabel, son tuteur, qui la terrorise. Ce vieillard libidineux, qui passe des heures à écouter de la musique religieuse, est un homme assez louche, un receleur chafouin, un assassin, lui-même guetté par un petit groupe de voyous dont le chef est Lucien, personnage veule que Jean gifle devant ses acolytes un matin où il importune Nelly dont il est tombé amoureux. Michel se suicide, laissant ses vêtements et son passeport à Jean qui décide de s'embarquer pour le Vénézuela. Mais le souvenir de la nuit qu'il vient de passer avec Nelly le retient à terre. Il court chez la jeune fille, trouve Zabel : une scène violente éclate et Jean écrase le crâne de Zabel à coups de brique. Au moment de fuir vers le port, il est abattu à coups de revolver par Lucien. Il s'écroule, Nelly sanglote à côté de lui. «Embrasse-moi... vite», lui dit-il avant de mourir.
Commentaire
Jacques Prévert s’éloigna de l’œuvre originale, remodela les personnages mais sans trahir l’atmosphère du romancier qui lui donna une approbation «sans réserves». Il donna aux acteurs des répliques restées célèbres : « T’as de beaux yeux, tu sais... » dit le déserteur, et Nelly lâche dans un souffle la réplique de l’abandon : « Embrassez-moi . »

Dans cette histoire où le réel se mêle à l’imaginaire, planent la fatalité et la mort ; les amoureux sont désespérément seuls dans un monde sans issue, peuplé d’épaves pathétiques et de sombres crapules ; du suicide à la désertion, on cherche à fuir.

Le film fut tourné par Marcel Carné, avec Jean Gabin, Michèle Morgan, Pierre Brasseur, Michel Simon. Le couple formé par Jean Gabin et Michèle Morgan (c’est Jacques Prévert qui lui aurait conseillé de se vêtir d’un imperméable à la ceinture bien serrée et de se coiffer d’un béret, l’ensemble étant fort seyant) est devenu mythique. La célébrité du film tint encore, non seulement au scénario de Jacques Prévert, mais aussi aux décors d’Alexandre Trauner, à la photographie expressionniste d’Eugène Schufftan et à la musique de Maurice Jaubert. Ce manifeste de ce qu’on a appelé le « réalisme poétique » eut un grand succès.

Cependant, comme le cinéma n’a toujours disposé que d'une marge étroite de liberté, la censure, veillant à ce que les films ne soient pas trop « gênants », fit couper la séquence jugée insupportable où, dans un terrain vague, Zabel assassine proprement l'amant de sa pupille, détache la tête qu'il enveloppe dans du papier goudronné, se rend à un rendez-vous donné dans un dancing aux amis de sa victime, s’y répand en propos amers sur le relâchement des moeurs ; puis, emporté par son sujet, quitte soudain ce mauvais lieu avec un adieu sec ; dans la rue, se rappelle qu'il a oublié la tête, revient au vestiaire et, après avoir fait tinter un pourboire de dix centimes, s'éloigne, en portant la tête sous son bras.

_________________________________________________________________________________
Avec Jean Ferry, Prévert adapta un reportage de Stéphane Manier, d’abord prévu pour Marcel Carné puis pour Jean Grémillon : ‘’Train d’enfer’’. Jean Gabin, prévu pour le film, fit même un stage sur une locomotive de la ligne Paris-Le Havre. Mais ce scénario ne fut pas tourné car la production (les frères Hakim) lui préféra ‘’La bête humaine’’ de Jean Renoir, ce qui fit que, finalement, le stage servit tout de même à Gabin !

En 1938, Prévert fit un séjour d’un an aux États-Unis, pour y retrouver Jacqueline Laurent. Il y écrivit ‘’Demain nous serons heureux !’’ et travailla pour Marcel Carné à : ‘’La rue des vertus’’ (ou ‘’L’auberge des quatre couteaux’’, ou ‘’L’eau fraîche’’), un scénario très politique sur la presse d'extrême droite auquel il tenait beaucoup mais auquel le réalisateur renonça à la suite de pressions directes.

En 1939, toujours alerté par le scandale de l’enfance opprimée et misérable, il travailla anonymement, avec Pierre Véry et Pierre Ramelot, sur le scénario original de Pierre Véry, ‘’L’enfer des anges’’, comme, avec Pierre Laroche, aux dialogues. Le film fut réalisé par Christian-Jaque, avec Louise Carletti, Jean Tissier, Sylvia Bataille, Lucien Galas, Fréhel, Bernard Blier, Marcel Mouloudji, etc..

En 1939, il écrivit :

_________________________________________________________________________________
‘’Le jour se lève’’

(1939)
Scénario


François, un ouvrier sableur, vient d'assassiner Valentin. Au comble du désespoir, il s'est barricadé dans sa petite chambre au sommet d’un édifice gigantesque. Tandis que la police est à sa recherche puis entreprend de le déloger, il repasse dans sa mémoire les évènements qui l'ont conduit au crime. Le vieux beau Valentin, qui est bien habillé, qui ne trime pas, qui est provocateur et méprise la classe ouvrière, avait pris plaisir à séduire par jeu, avec de bons mots, sa fiancée, la fragile Françoise qui rêvait d’un ailleurs. De plus, François était victime de son travail dans une usine où le bruit énorme empêchait tout contact, au point qu’il sentait sa raison l’abandonner. De sa fenêtre, quelque temps après son méfait, il lance : « Quel François? Y a plus de François ».
Commentaire
Prévert adapta un scénario de Jacques Viot. Dans cette histoire urbaine d’amour triste, comme dans ‘’Quai des brumes’’, il voulut montrer un personnage poussé au meurtre à la suite de mauvaises rencontres qui perturbent son précaire équilibre. Les provocations volontaires répétées de Valentin déclenchent chez cet être qu’il considère comme primaire, chez qui il veut réveiller la tendance à tuer, un mécanisme évolutif violent. François est victime d’une vraie malchance qui le conduit à un destin implacable. Prévert dénonçait ainsi la condition de l’ouvrier qui ne peut être doublement heureux par l'amour et l'utilisation d'un outil de travail adéquat.

Il fit une nouvelle fois preuve de son immense talent en construisant un puzzle narratif (qui décontenança les premiers spectateurs qui ne comprirent rien aux retours en arrière, cette progression captivant au contraire de bout en bout ceux d’aujourd’hui), en offrant quelques dialogues remarquables, en imposant son empreinte grâce à la verve poétique qu’il insuffla à certaines séquences.

Le film, le mieux construit, le plus parfait des films de Prévert et de Carné (faut-il attribuer une part de ce mérite à Jacques Viot?), obtint un beau succès critique. Mais, quelques mois après sa sortie, le gouvernement de Vichy, le jugeant trop démoralisant, l’interdit. Resté préservé du vieillissement par sa solidité et sa rigueur, il est devenu un classique de ciné-clubs.

_________________________________________________________________________________


En 1939 encore, Jacques Prévert, avec André Cayatte et Charles Spaak, adapta le roman de Roger Vercel, ‘’Remorques’’, pour un film de Jean Grémillon du même titre, avec Jean Gabin et Michèle Morgan. Le même optimisme, cet optimisme lucide qui n'ignore ni les difficultés, ni les vrais problèmes, et qui rend combatif, hargneux, intransigeant, cet optimisme malgré tout, rapprochait Grémillon et Prévert, qui a dû apporter au scénario l'étrange personnage du « bosco » ainsi que le très beau duo d'amour sur la plage entre Jean Gabin et Michèle Morgan.

À partir d’un scénario de Jean Redon et Jean Rollot, il travailla avec son frère, Pierre, Pierre Laroche et Pierre Véry, à un film à sketchs qui devait être tourné par Bernard Deschamps : ‘’Feux follets’’ (ou ‘’La clef des champs’’, ou ‘’Au clair de la lune’’), qui contait l'évasion d'une maison de santé de six personnages et les aventures de chacun, mais fut interrompu par la guerre.

En 1939 encore, Jacques Prévert reprit un projet de Hans Richter qui, à Zurich, avait préparé une adaptation du ‘’Baron de Münchausen’’ avec Georges Méliès qui décéda. Jean Renoir s’y intéressa et le scénario reçut le titre : ‘’Les mensonges du baron de Crac’’. Prévert y ajouta un Président Lagrandeur, y fit régner une suspicion policière, poussée logiquement jusqu'à la plus extrême conséquence : la population entière étant sous les verrous, « le président en vient à douter de l'armée. Sous prétexte de grandes manoeuvres, il fait arrêter une moitié de l'armée par l'autre moitié, puis un quart par l'autre quart, et ainsi de suite jusqu'au dernier homme que M. Mouche (le chef de la police) enferme. Puis le policier n'ayant plus personne à arrêter s'incarcère lui-même et dévore la clef. » Il y fit place à un perroquet, Écho. Mais son travail fut interrompu par la déclaration de la Seconde Guerre mondiale.

Au moment de la mobilisation générale, il était alité, victime d'une crise d'appendicite. Il fut transporté à Orléans où il fut réformé, après avoir simulé des troubles mentaux et avoir affiché son antimilitarisme.

Pendant le conflit, il vécut dans le Midi avec sa nouvelle amie, Claudy Carter (qui avait seize ans quand il en avait trente-huit), un temps s'installa à Saint-Paul-de-Vence où il rencontra le poète André Verdet.

En 1941, il travailla à :

_________________________________________________________________________________
‘’Le soleil a toujours raison’’

(1941)
Scénario


Dans un port méditerranéen, Tonio, le pécheur, est fiancé a Micheline. Il doit livrer une barque a un vieil homme qui vit en compagnie d'une gitane. Elle s'éprend de Tonio. Déçue, Micheline est prête a épouser Gabriel, mais Tonio rentre a temps, et loin des brumes, retrouve sa fiancée et le soleil.
Commentaire
Prévert adapta une nouvelle de Pierre Galante, puis participa à la rédaction du scénario et des dialogues.

Le film fut tourné par Pierre Billon, avec Tino Rossi, Charles Vanel, Micheline Presle, Germaine Montero, Pierre Brasseur.

_________________________________________________________________________________
En 1941, Prévert écrivit et termina un scénario prévu pour Marcel Carné, avec Pierre Brasseur et Louis Salou : ‘’La lanterne magique’’ (ou ‘’Jour de sortie’’, ou ‘’Les présents du passé’’). Mais il ne fut pas réalisé : il semblerait que la dureté du sujet ait effrayé les producteurs.

En 1941 encore, il adapta, avec Pierre Swab, un scénario de Max Colpet dont il écrivit les dialogues avec Pierre Laroche : ‘’Comme la plume au vent’’ (ou ‘’M. Casa’’). Le projet était prévu pour Marc Allégret. Mais Pierre Braunberger refusa finalement de le produire.

La même année, il adapta, avec Pierre Laroche, un scénario original de Jacques Companeez et Jean Bernard-Luc, intitulé ‘’Une femme dans la nuit’’ et qui fut tourné par Edmond T. Gréville. Prévert avait voulu établir deux actions parallèles entre le sujet de Manon Lescaut et l'amour de deux comédiens qui en jouaient une adaptation théâtrale. À la suite des modifications apportées par l’actrice principale, Viviane Romance, les deux adaptateurs, ne se reconnaissant pas dans le matériau final, retirèrent leurs noms. Seul Jean Bernard-Luc est crédité au générique pour le scénario. Deux scènes seulement restent dans le ton Prévert : ‘’L'homme de la montagne’’, jouée par Orbal, et ‘’Le charbonnier’’ qu'interpréta Andrex.

Toujours en 1941, il écrivit un scénario qui devait être réalisé en collaboration avec son frère, Pierre, et interprété par Anouk Aimée, Pierre Brasseur et J.-B. Brunius : ‘’Hécatombe ou l’épée de Damoclès’’. Son thème était la dénonciation de la dictature.

La même année, avec Jacques Companeez et Jean Bernard-Luc, il adapta ‘’Pour une nuit d’amour’’, nouvelle de Zola, pour le film de Edmond T. Gréville, ‘’Une femme dans la nuit’’.

Avec Pierre Laroche, il écrivit :

_________________________________________________________________________________
‘’Lumière d'été’’

(1942)
Scénario


Cri-Cri, ancienne danseuse de l'Opéra, dirige une auberge en Haute-Provence. Elle s'est fixée là parce qu'elle est courtisée par le châtelain Patrice Le Verdier, un aristocrate égoïste et débauché. Une jeune fille, Michèle Lagarde, arrive à l'auberge pour y attendre son amant, Roland Maillard, un peintre raté. Patrice s'éprend de Michèle et attise la jalousie de Cri-Cri. Un jeune ingénieur, Julien, travaillant sur un barrage en construction, sauve Michèle de ce nœud d'intrigues troubles après une étourdissante fête costumée donnée par le châtelain au cours de laquelle ce dernier tue Roland avant de trouver lui-même la mort face aux ouvriers.
Commentaire
Les dialogues font plusieurs références à Shakespeare.

Dans ‘’Lumière d'été’’, plus que dans aucun autre de ses scénarios, se trouve marquée l'opposition chère à Prévert entre le monde des bons et celui des méchants, entre le monde des travailleurs et celui des oisifs ; mais ici semblent triompher les bons, alors que chez Carné ils étaient presque toujours écrasés. Unis, ils prennent conscience de leur force : rien n'est plus significatif que le plan où des ouvriers robustes et calmes avancent lentement sur Patrice qui les menace de son arme. À cause de ces images trop parlantes, la censure songea un moment à interdire le film qui fut toutefois réalisé par Jean Grémillon, avec Paul Bernard, Madeleine Renaud, Pierre Brasseur, Madeleine Robinson.

_________________________________________________________________________________
Avec Pierre Laroche, Jacques Prévert écrivit :

_________________________________________________________________________________


‘’Les visiteurs du soir’’

(1942)
Scénario


« Or donc, en ce joli mois de mai 1485 Messire le Diable dépêcha sur terre deux de ses créatures afin de désespérer les humains... » En effet, Gilles et Dominique, deux ménestrels, se rendent au château du baron Hughes où l'on doit célébrer le mariage de sa fille, Anne, avec le chevalier Renaud. Les fiancés sont profondément épris l'un de l'autre. Mais, par leurs maléfices, les deux suppôts de Satan s'efforcent de les désunir. Dominique provoque la mort de Renaud au cours d'un tournoi où il l’affrontait. Le Diable lui-même transforme les amoureux en statues de pierre. Mais en vain : il ne parviendra pas à empêcher leurs deux cœurs de battre à l'unisson, indéfiniment...
Commentaire
Cette jolie légende médiévale se veut allégorique : elle montre la lutte de l'amour et de la pureté contre le diable et ses émissaires, et les scénaristes en ont insidieusement fait une métaphore de la Résistance contre le mal hitlérien . Mais les allusions qui peut-être touchaient le spectateur de 1942 nous échappent aujourd'hui.

Le film est contemporain de ‘’Lumière d'été’’, mais ils s'opposent comme le jour et la nuit, comme s'opposent leurs titres : d'un côté une lumière dure et crue qui éclaire franchement tout un monde vrai, de l'autre les couleurs artificielles, les contours imaginaires d'un rêve qui est refus de la réalité, refuge contre la réalité.

Le film fut tourné par Marcel Carné et Pierre Laroche, avec Arletty, Alain Cuny, Jules Berry, Fernand Ledoux. Le décor édifié par Alexandre Trauner (un château éclatant de blancheur), le faste de la reconstitution (bal costumé, fanfares, tournoi), le brio de l’interprétation, la musique langoureuse de Joseph Kosma, la naïveté voulue de l’intrigue, tout contribua au charme un peu diaphane de l’oeuvre, un éclatant succès autour duquel se fit la quasi unanimité du public et de la critique.

_________________________________________________________________________________


En 1942, Jacques Prévert écrivit ‘’Monsieur Casa’’, une comédie destinée à Marc Allégret, le personnage étant inspiré par son père.

Il fit paraître le poème ‘’La rue de Buci maintenant...’’ qui allait être repris dans ‘’Paroles’’.

La même année, il adapta un scénario d’Alfred Adam, ‘’Sylvie et le fantôme’’, qui était initialement prévu pour Jean Grémillon. Alfred Adam, qui était acteur, ne se voyant plus confier le rôle, usa de son droit de veto. Le projet fut finalement repris par Jean Aurenche et réalisé par Claude Autant-Lara.

En 1943, Jacques Prévert tomba amoureux d’une comédienne, Janine Loris.

Il écrivit :

_________________________________________________________________________________


‘’Adieu Léonard’’

(1943)
Scénario


Monsieur Léonard, un petit commerçant ruiné par les coûteuses folies d'une femme pour qui les contingences de l'existence ne comptent pas, est condamné à périr ou à assassiner le doux Ludovic, un sympathique jeune poète à qui la vie sourit en la personne de Paulette, sa fiancée. Il se demande gravement par quel moyen il devra exécuter celui auquel il ne veut pourtant aucun mal. Ludovic veut à son tour, en exerçant sur lui un chantage, pousser un criminel à tuer monsieur Léonard, mais tous deux s’enfuient à la campagne, où ils connaissent quelques folles situations et rencontrent de bizarres ruraux.
Commentaire
Cette intrigue romanesque extravagante, dans laquelle s’exprima le rêve d’une société libertaire, fut conçue par Pierre et Jacques Prévert. Le film fut réalisé par Pierre, avec Charles Trenet (qu’il fut, par le producteur, obligé de faire tourner, ce qui aurait provoqué des remous sur le plateau), Denise Grey, Pierre Brasseur, Julien Carette, etc.. C’est un film à réhabiliter : d’abord, Charles Trénet y est loin d'être si mauvais (pourquoi ne pas aimer sa nonchalance et sa décontraction sub-lunaire?) ; ensuite, Carette est merveilleux en père attentif contraint au vol avec effraction en même temps qu'à la garde de ses enfants, en brave homme que la logique d'un méchant veut transformer en meurtrier (« Qui vole un oeuf vole un boeuf, qui vole un boeuf risque d'étrangler le berger... Vous êtes voleur, donc assassin. ») ; enfin, les thèmes de Jacques Prévert y sont mieux que jamais lisibles en clair, soulignés par les trouvailles constantes du dialogue. Parallèlement, la gentillesse et le charme « fleur bleue » de Pierre Prévert ne se sont jamais mieux montrés qu'avec son tableau de « petits métiers » (partie amputée pourtant par le producteur).

_________________________________________________________________________________


‘’Les enfants du paradis’’

(1944)
Scénario


À Paris, au temps de Louis Philippe, le boulevard du Temple, du fait de ses théâtres où se jouent chaque soir des mélodrames aux sanglants dénouements, a été surnommé "Le Boulevard du Crime". C'est là que le comédien Frédérick Lemaître aborde la belle Garance. Mais elle rejoint son ami, le bandit poète Lacenaire. Tandis qu'ils regardent la parade du ‘’Théâtre des ‘Funambules’’, Lacenaire vole une montre et disparaît. Garance va être accusée, mais Baptiste Debureau, sous son maquillage de Pierrot, la disculpe en mimant la scène. Garance en signe de reconnaissance lui jette une fleur. Baptiste l’aime, mais Nathalie, la fille du directeur du théâtre, aime Baptiste. Un soir, au cours d’une représentation, une violente bagarre éclate. Baptiste et Frédérick sauvent la situation, font un début triomphant et fraternisent. Baptiste l'emmène loger dans son modeste hôtel, "Le Grand Relais". Au cours de ses vagabondages nocturnes, Baptiste rencontre Garance qui est en compagnie de Lacenaire dans un immonde tripot. Il l'entraîne au ‘’Grand Relais" pour disparaître aussitôt. C'est là qu'elle retrouve Frédérick... Et tandis que, sur scène, les trois protagonistes interprètent une pantomime où ils parodient les événements réels, le sinistre comte de Montray vient chaque soir admirer Garance.

Quelques années plus tard, Frédérick Lemaître est devenu l'un des rois du Boulevard, tandis que Baptiste triomphe tous les soirs aux ‘’Funambules’’. Il s'est marié avec Nathalie dont il a un petit garçon. Frédérick lui signale que Garance vient chaque soir l'applaudir. Mais, lorsqu'il se précipite dans sa loge, elle a disparu. Elle est rentrée chez le comte de Montray dont elle a été forcée de devenir la maîtresse, ne chantant toutefois jamais devant lui ses chansons préférées car il n’aime «que la grande musique».

Frédérick remporte un immense succès dans ‘’Othello’’. Après la représentation, le comte se querelle avec lui, convaincu qu'il est son rival. Mais Lacenaire soulève un rideau, dévoilant aux yeux de tous Garance et Baptiste enlacés. Les amants partent pour "Le Grand Relais". Le lendemain matin, aux bains turcs, le comte est assassiné par Lacenaire. Nathalie retrouve les fugitifs. Garance s'en va seule sur le Boulevard du Crime, qui est envahi de masques en ce jour de carnaval, tandis que Baptiste tente vainement de la rejoindre.
Commentaire
Le scénario est ambitieux par cette fresque de la vie théâtrale en France au XIXe siècle ; par l’entrelacement des intrigues étalées sur dix ans et deux « époques », riches en péripéties, en rebondissements ; par l’entrelacement des destins des personnages auxquels colle le dialogue savoureux, truculent, mordant, peut-être trop riche, trop encombrant, trop bavard, car bien souvent il prend le pas sur les images. Ces personnages représentent des types d’humanité auxquels on peut s’identifier. Prévert opposa le romantisme d'un Frédérick Lemaître et même de l'assassin Lacenaire au classicisme étroit de l'aristocrate Édouard de Montray, que dégoûte Shakespeare et qui ne jure que par la tragédie classique française et « la grande musique ».

La moquerie de Garance à son égard est savoureuse. Alors qu’il sollicite d’elle son amour, elle le rassure : « Mais je vous aime, mon ami. Vous êtes séduisant, vous êtes riche, vous avez beaucoup d'esprit, vos amis vous admirent, les autres vous craignent, vous plaisez beaucoup aux femmes. Enfin, tout le monde vous aime, Édouard. Vraiment, il faudrait que je sois bien difficile pour ne pas faire comme tout le monde. » Il lui répond : « Taisez-vous, Garance. Vous savez bien ce que je désire, ce que je veux !» Ce à quoi elle rétorque : « Vous êtes extraordinaire, Édouard ! Non seulement vous êtes riche, mais encore vous voulez qu'on vous aime comme si vous étiez pauvre ! Et les pauvres, alors? Soyez un peu raisonnable, mon ami. On ne peut tout de même pas tout leur prendre, aux pauvres ! »

Le film fut, d’août 1943 à mars 1944, avec des interruptions, tourné par Marcel Carné, avec Pierre Brasseur, Arletty, Marcel Herrand, Jean-Louis Barrault, Maria Casarès, Louis Salou, grands acteurs tous au plus juste de leur emploi. Mais Carné, fidèle à son esthétique de la tragédie, a bâti une oeuvre belle, froide, calculée, qui force souvent notre admiration, mais jamais n'entraîne par son rythme.

Le film ne fut projeté qu’en mars 1945, mais fut alors un des plus grands succès populaires de l’histoire du cinéma français dont il passe pour être un des chefs-d’oeuvre.

_________________________________________________________________________________
En 1944, Jacques Prévert, séduit par les atmosphères étranges et envoûtantes de superstitions anciennes, adapta le roman de Claude Boncompain, "Le cavalier de Riouclare" sous le titre ‘’Sortilèges’’. Prévert y mit sa marque, avec des détails cocasses (ainsi Sinoël en vieille paysanne), avec des phrases comme : « Pour soigner les gens, il faut les connaître, pour les guérir, il faut les aimer », avec l'étrange atmosphère du film pour lequel Christian-Jaque s’est surpassé, réalisant un de ses meilleurs films, habile mais sans virtuosité gratuite. Il tourna avec Fernand Ledoux, Renée Faure, Madeleine Robinson, etc..

La même année, il fit paraître, dans ‘’Les cahiers d’art’’, les poèmes ‘

1   2   3   4   5   6


Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©atelim.com 2016
rəhbərliyinə müraciət