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1900-1977) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées


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Le petit lion’’

(1947)
Nouvelle


Un petit lion découvrant le monde fait des rencontres insolites avec un chien puis un chat, enfin des humains…
Commentaire
Dans ce livre de photographies destiné aux enfants à une date où de tels livres étaient une curiosité, Jacques Prévert commenta celles d'Ylla. Son texte fut à treize reprises amputé par l’éditeur qui, visiblement, n’aimait pas qu’on prenne les enfants au sérieux.

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En 1948, Jacques Prévert mit sa marque sur :

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’’Les amants de Vérone’’

(1948)
Scénario


Les héros sont les doublures de Roméo et Juliette, qui, en même temps que se tourne ce film inspiré de Shakespeare, vivent un merveilleux amour, tandis que les Montaigu et les Capulet du XXe siècle sont un ex-procureur fasciste et des profiteurs du marché noir.
Commentaire
Jacques Prévert adapta, profondément semble-t-il, un scénario original d’André Cayatte, pour redire à quel point il était persuadé que l’amour doit se vivre même sous la menace et dans l’imminence de la mort. Il lui donna la même construction que celle qu’il avait projetée pour ‘’Une femme dans la nuit’’. Cette reprise d’une idée à laquelle il tenait, plutôt que le rajeunissement d'une oeuvre littéraire, offre l'intérêt d'une double démonstration : celle de la permanence d'un grand thème poétique et celle de la solidité des liens unissant le destin de l'individu à celui de la société dans laquelle il vit.

André Cayatte tourna le film, avec Pierre Brasseur, Marcel Dalio, Serge Reggiani, Louis Salou, Martine Carol, etc.. Passant sans cesse du plan d'un amour poétique à celui de la mire sociale, le film était fait pour dérouter, sinon pour scandaliser. Il fut assez mal accueilli. Une des rares critiques favorables fut celle de Denis Marion, qui affirmait : « ‘’Les amants de Vérone’’ sont le seul scénario d'après-guerre de Jacques Prévert qui offre, comme les précédents, le même miraculeux dosage de poésie et d'observation quotidienne, de caricature à l'emporte-pièce et de sentimentalité populaire. André Cayatte l'a servi à merveille en le trempant dans une atmosphère italienne aussi exempte d'exotisme que les meilleures séquences du néo-réalisme. » En fait, la réalisation de Cayatte, assez terne, ne mérite peut-être pas tant d'éloges ; simplement elle ne desservit pas Prévert et laissa quelques bons acteurs s'exprimer sans retenue dans un style admirablement prévertien. De cette interprétation, il faut détacher la silhouette extraordinaire de la gouvernante libidineuse, campée par Marianne Oswald, cette grande actrice qui, aux yeux des Américains, évoquait à la fois Électre et Harpo Marx.

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En 1948, Prévert, qui avait le goût des contes et du merveilleux, adapta avec Paul Grimault un conte d’Andersen : ‘’Le petit soldat’’ qui devint un dessin animé de Paul Grimault. Il en fit une oeuvre avant tout poétique, une merveilleuse histoire d'amour.

Le 12 octobre 1948, alors qu’on était sur le point de tourner, avec Orson Welles (qui avait été emballé par le scénario qu’il avait lu sur le tournage d’’’Othello’’), ‘’Hécatombe ou l’épée de Damoclès’’, que les repérages avaient été faits, et qu’il se trouvait dans les bureaux de la radiodiffusion française aux Champs-Élysées, d’une porte-fenêtre située au premier étage il tomba sur le trottoir ; relevé sans connaissance, il resta plusieurs semaines dans le coma. Puis, gardant des séquelles neurologiques graves, il passa de longs mois de convalescence à Antibes et à Saint-Paul-de-Vence où il allait se fixer pendant quelques années avec sa femme, Janine, et sa fille, Michèle. Le rythme jusque alors soutenu de l’écriture fut suspendu. Mais, lui qui ne cessa de collaborer avec des peintres (Chagall, Ernst, Miro…) et des photographes (Peter Cornelius, Doisneau…), homme d’images lui-même, il satisfit alors son goût pour des collages qu’il composait avec les revues, les livres, les journaux, les cartes postales et les planches de catéchisme qu’il gardait, et qui ouvrent sur des univers surréalistes, incongrus et provocateurs, son anticléricalisme viscéral crevant l’image et les mots.

En 1949, il participa anonymement à l’adaptation, avec Marcel Carné et Louis Chavance, du roman de Simenon, ‘’La Marie du port’’, à la scénarisation et à la rédaction des dialogues (avec Georges Ribemont-Dessaignes), pour le film qui fut réalisé par Marcel Carné, avec Jean Gabin, Nicole Courcel, Blanchette Brunoy, Julien Carette, etc.. Mais la marque de Prévert n’apparaît guère dans cette oeuvre uniformément noire, où Gabin se montra pour la première fois en vaincu résigné, victime assez lamentable du matriarcat.

La même année, avec son frère, Pierre, durant deux mois, il reprit, pour Yves Allégret, le scénario de ‘’La rue des vertus’’, mais le projet n’aboutit finalement pas.

Avec Marc Allégret, il adapta ‘’Les caves du Vatican’’. Mais le film ne fut pas réalisé.

En 1949 encore, en préface au recueil "Souvenirs du présent", d’André Verdet, il donna :

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"C’est à Saint-Paul-de-Vence..."

(1949)
Poème


Prévert s’y amusa à évoquer des promeneurs :

«une boiteuse avec un hussard



un laboureur et ses enfants

un procureur avec tous ses mollusques

un chien avec une horloge

un rescapé d'une grande catastrophe de chemin de fer

un balayeur avec une lettre de faire-part

un cochon avec un canif

un amateur de léopards...»
Commentaire
Le poème, dédié à André Verdet, allait être repris dans ‘’Histoires’’ (1963).

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En 1950, Jacques Prévert écrivit les scénarios de deux sketchs du film ‘’Souvenirs perdus’’ de Christian-Jaque, tourné avec Edwige Feuillère, Pierre Brasseur, Bernard Blier, Suzy Delair, Danièle Delorme, Yves Montand, François Périer, Gérard Philipe, etc.. Le bureau des objets trouvés étant « le temple de la distraction », le film entreprenait de raconter l'histoire de quatre de ces objets choisis parmi les plus inattendus.

Dans le premier sketch, "Une statuette d'Osiris", cet objet fut donné en cadeau par Philippe à Florence ; après des années, ils se sont revus et se sont remémoré, l'espace d'un soir, leur amour passé ; mais l'orgueil les a empêchés de s'avouer qu'ils s'aimaient toujours et qu'ils avaient raté leur vie...

Dans le deuxième sketch, ‘’Le violon’’, adaptation d’un scénario de Pierre Prévert, ‘’Le petit prodige’’ (1931), les parents du petit prodige ne reconnaissent pas ses dons, et le violon est rapporté par un agent de police malchanceux ; il lui avait été remis en cadeau par l'épicière dont il était amoureux, alors qu'il avait été évincé dans son cœur par un chanteur de rue... Il fut interprété par Yves Montand, Henri Crolla, Bernard Blier, Christian Simon, Gilberte Géniat...

En 1950 encore, Orson Welles songea un moment à lui demander une adaptation théâtrale d’‘’Hécatombe ou l’épée de Damoclès’’, qu'il aurait interprétée à Paris au Théâtre Édouard-VII.

À partir des années 1950, la popularité du poète s'amplifia, attestée par la diffusion sans égale de ses recueils en collections de poche, ce qui eut pour revers un certain désintérêt de la critique, surtout universitaire (moins imperméable qu'on ne le croit au snobisme et à l'élitisme), et le confinement de l'œuvre à l'école primaire et au collège où, en revanche, il n'y eut guère d'enfants qui ne l'abordèrent, même réduite à quelques morceaux choisis, ne fût-ce que ‘’Le cancre’’ (‘’Paroles’’).

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‘’Des bêtes’’

(1950)
Album de photos commentées


Les photographies étaient d'Ylla.

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‘’Spectacle’’

(1951)
Recueil de textes



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‘’La transcendance’’
« Il y a des gens qui dansent sans entrer en transe et il y en a d'autres qui entrent en transe sans danser. Ce phénomène s'appelle la Transcendance et dans nos régions il est fort apprécié. »

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‘’Représentation’’
« - Qu'est-ce que cela peut faire que je lutte pour la mauvaise cause puisque je suis de bonne foi?

- Et qu'est-ce que ça peut faire que je sois de mauvaise foi puisque c'est pour la bonne cause? »

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‘’Intermède’’
« Les jeux de la Foi ne sont que cendres auprès des feux de la Joie. »

« Enfants, en Italie, Sacco et Vanzetti rêvaient peut-être à l'électrification des campagnes. »

« Tout est perdu sauf le bonheur. »

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‘’L'enseignement libre’’
Extrait
« En entendant parler

d'une société sans classe

l'enfant rêve

d'un monde buissonnier »

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‘’Sanguine’’
« Et ta robe en tombant sur le parquet ciré

n'a pas fait plus de bruit

qu'une écorce d'orange tombant sur un tapis

Mais sous nos pieds

ses petits boutons de nacre craquaient comme des pépins

Sanguine

joli fruit

la pointe de ton sein

a tracé une nouvelle ligne de chance

dans le creux de ma main

Sanguine

joli fruit

Soleil de nuit. »

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On y trouve aussi des compositions scéniques composées en vue d'être montés par le Groupe Octobre, entre 1932 et 1936 : ‘’La bataille de Fontenoy’’, ‘’Le tableau des merveilles’’ et ‘’Branle-bas de combat’’, divertissement satirique où un amiral trompé par son fils, de qui son épouse attend un enfant, dit à son abominable rejeton : « Est-ce à l'amiral que vous parlez, lieutenant, ou est-ce à ton père que tu parles, Stanislas? » Burlesques et savoureuses, pleines d'invention comique, de violence, de liberté irrépressible, elles étaient faites pour l'incarnation et le mouvement dramatiques.

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On y trouve encore :

- des citations des « bêtes noires» de Prévert : Pascal, Bossuet, Jouhandeau, Mauriac, le maréchal Pétain et le R. P. Bruckberger ;

- des aphorismes : « Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie » ;

- des chansons (notamment ‘’Les enfants qui s'aiment’’) ;

- des descriptions insolites d'œuvres picturales (Miro, Chagall, Picasso) ;

- un juste résumé de l'activité oratoire chez les gens de plume assemblés aux cocktails de la Nouvelle Oisellerie française (« une grande foule de grands solitaires, irréductibles, inséparables et néo-grégaires se rencontrait ») ;

- des textes qui n'ont leur place dans aucun genre connu.

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Commentaire sur le recueil
Il rassemblait des textes souvent écrits avant guerre.

Il subit des éreintements.

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‘’Vignettes pour les vignerons’’

(1951)
Recueil de poèmes


Commentaire
L’ouvrage, écrit pour les vignerons de Saint-Jeannet (Alpes-Maritimes), comporte des dessins de Françoise Gilot et des photographies de Marianne.

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Le 8 septembre 1951, l’anticonformisme de Jacques Prévert, ajouté à l'amitié de Boris Vian, l’ayant rapproché du Collège de Pataphysique, il y entra. En 1953, il allait être élevé au rang de satrape, à titre de « fabricant des petits plats dans les grands », en référence à son poème d’’’Histoires’’.

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‘’Le grand bal du printemps’’

(1951)
Album de photographies commentées


L’ouvrage fut le fruit de la première collaboration entre le poète et le photographe Izis, un dialogue entre poèmes et images. C’est d’abord un hymne aux réprouvés, aux petites gens, au peuple, aux « étranges étrangers » : on voit des enfants en guenilles, des ouvriers exténués, « fous de misère », écrit Prévert, dormant sur le pavé, des murs lépreux, des clochards, etc.. Ces photos marquent la dureté des conditions de vie du peuple parisien en ces années de privation.

Mais ces deux flâneurs humanistes qu’étaient le poète et le photographe adressèrent au monde encore traumatisé par la guerre un message d’espoir, car les beaux jours, forcément, revenaient…. Sur une palissade, une affiche annonce : « Grand bal du printemps », ce qui symbolise un retour à la vie. À un endroit, on aperçoit une affiche sur une colonne Morris, ailleurs, un homme-sandwich promeut un film, ‘’Souvenirs perdus’’, projeté en exclusivité rive gauche. Sur la zone, là où désormais circule le périphérique, deux biffins plantés-là comme des épouvantails, exposent leurs trouvailles qu’ils espèrent sans doute revendre contre la promesse d’un litre de rouge. Sur une affiche vantant la parole du Christ, une main malicieuse a tracé à la craie un mot insolent. Ailleurs, on lit un titre de ‘’Paris-Presse’’ : « Corée : les Chinois ont lancé l’offensive de printemps ». Mais, s’il y a toujours la guerre, elle est lointaine. On entend déjà le vacarme des auto-tamponneuses et, le long des Tuileries, une beauté parisienne de vingt ans marche fièrement.

C’est une célébration de Paris, un chant d'amour pour la ville donné en duo. Jacques Prévert a toujours été « le poète de Paris ». Son Paris est celui des quartiers populaires, des musiques de rue, des fêtes et de la misère, des enfants en liberté. C’est une ville humaine, une ville au quotidien, avec ses grands malheurs et ses petits bonheurs. Après le cauchemar de la guerre, c’est un Paris de rêverie, de repos bien mérité (on y voit beaucoup d’hommes et de femmes de peine récupérer après la tâche), un Paris qui retrouve sa joie de vivre enfantine. Loin d’être un guide touristique, le livre propose une vision non apprêtée de la ville. C’est une observation de l’époque à hauteur d’hommes. Aujourd’hui, ‘’Grand bal du printemps’’ nous rappelle que Paris était la ville du peuple, que le peuple était à Paris dans ses murs.

Les soixante-deux photographies d'Izis donnent des visages à cette humanité. Dès le texte initial, Prévert l’a comparé à «un colporteur d’images

[...]

qui joue à sa manière

surtout en hiver

le Sacre du Printemps»,

le recueil étant ainsi placé sous le signe de Stravinsky. Son regard est tendre, mélancolique aussi, onirique souvent. Ses photos sont rythmées, plastiques, mystérieuses, sensibles. Les cheminées regardent le ciel comme les guetteurs de l’île de Pâques, les volets sont des visages fermés, les draps qui sèchent des fantômes, les pavés un miroir où semblent se refléter trois pigeons. Il convoque les ombres, formes insolites et parfois inquiétantes qui surgissent entre chien et loup.

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‘’Bim le petit âne’’

(1951)
Scénario


Commentaire
Le texte, attentif et simple, fut écrit pour le moyen métrage d’Albert Lamorisse, d'après ses photographies. Il fut dit par Prévert.

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‘’Charmes de Londres’’

(1952)
Recueil de photographies et de collages


On voyage de Hyde Park aux docks de l'Est, de Portobello Road à Whitechapel.
Commentaire
Les photographies sont d’Izis, et les collages, qui ont la couleur de l'enfance, sont de Prévert.

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‘’Guignol’’

(1952)
Pièce de théâtre


Comme au théâtre de Guignol, on trouve un gendarme... Mais aussi un marchand de sable, un vitrier, un petit garçon, un chien, un chat, une souris, une jeune femme, un chauffeur de taxi et un canari. Sans oublier les deux personnages principaux : « Le Monsieur », un égoïste cousu d'or, et « L'Individu », un pauvre plein d'aplomb qui s'invite chez le premier pour Noël avec femme, enfant, chien, chat, souris et canari, leur cohabitation étant explosive.
Commentaire
Jacques Prévert prit un malin plaisir à brouiller les évidences, à mettre de l'humour là où il faudrait pleurer, à déguiser la subversion en tendresse.

Ce livre pour la jeunesse fut illustré par Elsa Henriquez.

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‘’Lettre des Îles Baladar’’

(1952)
Poème


Il y avait autrefois, au beau milieu des quatre coins du monde, dans l'archipel des Baladar (ainsi nommé car les îles « se baladent »), une « petite île de rien du tout » où tout était calme et gai, où le temps passait sans se presser, où le bonheur se promenait parmi les pêcheurs de thons, leurs animaux familiers et les enfants qui chantaient du matin au soir. À la moindre occasion, c'était la fête et ses échos traversaient la mer jusqu'au Grand Continent où vivaient les chasseurs de paons. Mais, un triste jour, un homme y débarqua pour y proposer en solde de vieux paons empaillés, le Grand Continent possédant une magnifique usine d'empaillage de paons. Mais ce fut en vain. Cependant, avant de repartir bredouille, il s'aperçut que les hameçons des pêcheurs étaient en or, que la pelle du balayeur était en or, que tout ce qui était métal était de l'or. La petite île sous le vent ne le savait pas, ne connaissait que la richesse de sa mer, de ses chants, de ses arbres, de ses fleurs, de ses oiseaux, de ses fêtes et de la tendresse.

Sont alors venus les grands guerriers, grands exploiteurs, grands administrateurs. Dans la capitale, la nouvelle se propagea vite. Mais le gouverneur réprima durement toute ruée vers l'or et décida la construction d'un grand pont pour annexer ce qui ne sera qu'une presqu'île. Un « général trésorier » débarqua avec sa suite, et les indigènes pêcheurs de thons se retrouvèrent en un rien de temps mineurs de fond de la péninsule du Trésor et bien plus malheureux qu'avant.

Mais, le temps de prendre conscience du drame, les mineurs s'insurgèrent contre leurs gardes et prirent le maquis. Ils avaient plus d'un tour dans leur sac et n'étaient pas du genre à se laisser prendre pour des paons. Le Général avait tenté de corrompre le balayeur de la municipalité, « Quatre mains à l'ouvrage » : il l’avait nommé « Grand Amiral des Mineurs ». Mais, après un dialogue avec lui-même, « Quatre mains à l'ouvrage » retourna contre le Général le sabre qu'il lui avait confié et donna le signal de l'insurrection. Le Général et sa suite furent chassés. Les bâtisseurs se sauvèrent, emportant avec eux des boulons du pont, en souvenir... Et le pont disparait. L'île retrouva son indépendance, redevint une île abandonnée et prit le nom de « l'île comme Avant ».

« Et peut-être, si vous voguez par beau temps dans les parages de l'Archipel Baladar et que vous possédiez une lunette de haute précision, pourrez-vous apercevoir une île heureuse où les animaux conversent avec les passants, où les pêcheurs assistent sur la grande place à un concert donné par un orchestre de thons et où le balayeur a le loisir de s'endormir dans un hamac où il rêve que tout soit toujours pareil, aussi simple, aussi vrai, aussi beau et nouveau qu'avant. »


Commentaire
Le conte n'offre qu'une similitude de nom avec le dessin animé ‘’Baladar’’. C’est une fable très claire sur le thème de la colonisation. Mais il finit bien. Il jette aussi un regard moqueur sur le progrès qui peut aliéner l’être humain, évoque un monde économique où l’équilibre est garant du bonheur, dénonce l’exploitation de l’homme par l’homme à tous les degrés et fait prendre conscience de l’importance de s’assumer soi-même.

Le texte, poétique et nostalgique, est accompagné d'illustrations au crayon noir, dues à André François, enfantines mais fourmillant de détails. S’il fut écrit pour les enfants, il est lisible par les adultes car il présente plusieurs degrés où chacun puise à son gré.

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"La bergère et le ramoneur"

(1953)
Scénario
Au royaume de Takicardie règne un cruel tyran, Charles V-et-III-font-VIII-et-VIII-font-XVI, qui empêche une bergère et un ramoneur de s’aimer, car il est jaloux de ce dernier. Mais les amoureux, aidés par l’Oiseau et d’autres alliés, finissent par triompher.
Commentaire
Prévert adapta le conte très court d’Andersen pour permettre un dessin animé de long métrage. Il en fit une oeuvre avant tout poétique, une merveilleuse histoire d'amour. Mais, en même temps, profitant peut-être de la liberté plus grande qui lui était laissée de s'exprimer dans une oeuvre en apparence aussi peu réaliste qu'un dessin animé, reprenant des thèmes qui lui tenaient à coeur, il brossa le tableau d'un monde concentrationnaire. Il y plaça un perroquet auquel Brasseur prêta sa voix.

Le film fut réalisé par Paul Grimault. Mais, terminé par le producteur sans l’avis des auteurs, il fut désavoué par eux, fut retravaillé et revit le jour en 1980 dans une version conforme à leurs vœux, intitulée ‘’Le roi et l’oiseau’’.

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‘’Tour de chant’’

(1953)
Recueil de quatorze textes pour des musiques


Commentaire
La part de l'inédit était bien réduite, car sept de ces textes avaient été publiés dans ‘’Histoires’’, deux dans ‘’Paroles’’.

Le recueil était accompagné de dessins de Loris et d’une musique de Christiane Verger.

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‘’L'opéra de la lune’’

(1953)
Nouvelle
« Il était une fois un petit garçon qui n’était pas gai. Il n’y avait pas beaucoup de soleil où il habitait. Il n’avait jamais connu ses parents et il vivait chez des gens qui n’étaient ni bons ni méchants, ils avaient autre chose à faire, ils n’avaient pas le temps. » Ce petit garçon, Michel Morin, se laisse envahir par les rêves de la lune. Malgré les assauts des adultes qui menacent de « lui mettre du plomb dans la tête », il s’imprègne de la nuit et de son rêve riche et éphémère. Il goûte aux délices que lui réserve l’astre nocturne. Lors de ses escapades « sur la lune, dans la lune », il côtoie deux enfants qui lui ressemblent fort : son papa, « un enfant de la lune » et sa maman, « une petite fille du soleil », mais il n’en demeure pas moins un être fragile
Commentaire
Une fois de plus, on constate que le mal de vivre causé par la perte de l’être aimé n’a pas d’âge dans l’oeuvre de Prévert. Les animaux reviennent dans la chanson de Michel Morin ; et dans la lune, loin de nos sociétés industrielles et policières, tout est bien et ramené à l'ordre : « et les aiguilles dans la pendule / tricotent le beau temps jour et nuit », le beau temps immobile. ‘’L'opéra de la lune’’ est un hymne à la liberté et à la paix, un univers foisonnant et coloré qui nous en met plein les yeux et le coeur, d’autant plus qu’il est illustré des images multicolores de Jacqueline Duhême qui émerveillent.

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