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Textes de méthodologie en sciences sociales


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Ce ne sont précisément pas les grands concessionnaires ou détenteurs de monopoles, que l'on retrouve toujours à toutes les époques d'expansion commerciale ou coloniale — des « surhommes » économiques —, mais leurs adversaires : les couches, bien plus larges, des classes moyennes bourgeoises en voie d'ascension, qui ont été les porteurs typiques de la conception de la vie puritaine. Je l'ai souli­gné de mon côté avec force et, bien qu'il le sache (puisqu'il le cite), Rachfahl me l'oppose, comme toujours, quand cela l'arrange, comme une « objection ». Mais les remarques de Petty, conjointement avec le passage cité plus haut, peuvent manifestement être utilisées aussi pour illustrer l'attitude si paradoxale — en apparence ! — de l'« ascèse protestante » (dans mon acception du mot) vis-à-vis de la richesse, tout à fait conformément à ce que j'avais tiré d'autres sources, et notamment des principes des dénominations ascétiques, lesquels agissent encore aujourd'hui au travers des prolongements de ces dernières. La richesse en tant que telle, considérée comme source de la convoitise du pouvoir et de la jouissance, n'est pas seulement un danger mais le danger par excellence, la poursuite des biens de ce monde est en soi tout simplement répréhensible. Je pourrais à loisir ajouter d'autres passages à ceux que j'ai cités. C'est aussi ce que dit Petty. Et cependant Petty lui-même avait fait de l'industry de ces individus si hostiles aux riches et à la richesse une source particulièrement importante de la formation de la richesse, et avait souligné qu'ils constituaient une très grande majorité des entrepreneurs — de la même manière, encore une fois, qu0 je l'avais fait moi-même. Toute personne qui a réellement lu mes études se souvient combien ce paradoxe apparent est simple à résoudre. Rachfahl aussi le sait, quoique la forme dans laquelle il restitue mon exposé sur ce point-là soit plus qu'étrange. Car il connaît bien mes analyses, pourtant passablement détaillées, sur le rapport des puritains (au sens large du mot) au gain, un rapport assurément singulier, que nous pouvons aujourd'hui difficilement nous représenter sans y soupçonner quelques hypocrisie et autoaveuglement, mais qui pour des hommes qui devaient trouver un pont entre l'ici-bas et l'au-delà n'était pas du tout si « compliqué ». Et il connaît aussi la différenciation expresse que j'ai établie par rapport à l'habitus qui s'exprime dans les paroles de Fugger citées par Sombart. Et comme il le sait également, j'ai rappelé expressément que le type, dans son ensemble, représenté par les grands financiers italiens, allemands, anglais, hollandais, et d'outre-mer, est justement un type qui, comme je suis contraint de le répéter encore une fois, a existé aussi loin que remonte notre connaissance historique ; sa singularité n'est absolument pas caractéristique, de quelque manière que ce soit, du « capitalisme primitif » des temps modernes ; au contraire, il forme justement le contraste le plus prononcé avec les traits du visage de celui-ci, dont la mise au jour me tenait vraiment à cœur, parce qu'ils se dérobent plus facilement au regard et comptent pourtant parmi les plus importants. Mais la connaissance exacte qu'il a de mes idées n'empêche pas Rachfahl, quoi qu'il en sache, de m'opposer comme argument le type de capitalistes que connaissait déjà l'époque pharaonique et à qui manque le trait que j'ai qualifié d'« ascétique ». Il est indiqué dans mes études, avec la plus grande clarté, que je ne m'occupe pas de ce type-là, que je ne m'occupe donc pas, pour la Hollande, par exemple, de ce type (que je connais aussi bien qu'un autre) d'hommes d'affaires « avides de gain » qui — j'avais moi-même, bien entendu, cité cela — « pour l'amour du profit, traverseraient l'enfer, quand bien même ils y brûleraient leurs voiles ». Malgré cela, on me réplique en me demandant si ce ne serait pas cela le « véritable » esprit capitaliste ? Pour un lecteur de mes études, je peux bien me permettre de ne pas répondre. Il en est de même lorsque Rachfahl se lance avec empressement à la recherche de toutes sortes de territoires où l'économie capitaliste est fortement développée et où l'« ascèse protestante » ne joua pas, en réalité ou prétendument, de rôle décisif, ou alors, inversement, où elle joua un rôle sans qu'en ait résulté l'apparition d'une économie capitaliste développée. J'ai déjà abordé plus haut les détails de cette critique. Sur le principe, je m'étais déjà exprimé aussi à ce sujet assez clairement ; je m'étais même répété, mais j'y reviens volontiers. Car peut-être touchons-nous là un point où il semble possible d'envisager une confrontation de nos points de vue respectifs.
Je dis : semble. Car, en vérité, Rachfahl n'a absolument pas de point de vue personnel auquel il serait possible de se confronter. On construit sur du sable avec lui. Et, avant tout, on se demande en vain dans quel but il a écrit cette étrange canonnade contre moi qui se poursuit sur cinq articles, dans la mesure où lui-même déclare finalement, en guise de bilan, qu'il faudra « reconnaître » aux facteurs religieux analysés par moi (p. 1349) « assurément une grande importance dans le développement de la situation économique ». Seulement, poursuit-il, « pas exactement dans la même direction » que moi, ou bien — ce qu'il concède tout de suite à nouveau —, si on va dans la même direction que moi, alors, du moins, pas de façon aussi exclusive que je ne l'ai soi-disant fait — malgré toute ma bonne volonté, je ne vois pas où ? Mais on peut lire encore que « l'éthique de la profession-vocation propre à la Réforme » a fait partie « sans aucun doute » des éléments qui ont favorisé le développement économique (et tout de suite après : des « forces motrices » de ce développement). Il prétend même, mais à tort (cf. supra), que c'est d'abord cette signification-là que j'aurais analysée. La seule réserve étayée sur des faits porte sur la caractérisation « ascétique » de cette éthique de la profession-vocation : il la critique longuement dans ses articles, ce dont il a déjà été question plus haut. Je pourrais me déclarer tout à fait satisfait de ces concessions de monsieur mon censeur, car j'ai moi-même souligné, aussi fortement qu'il était possible, qu'il n'était justement pas dans mes intentions de supposer plus que la présence de cette « force motrice ».
Dans quelle proportion, comparée à d'autres composantes, a-t-elle agi dans la direction qui lui était adéquate ? Je n'ai en effet pas essayé (comme Rachfahl le souhaite) de l'établir « dans le détail », si important certainement que soit ce travail. Mais celui-ci ne peut être entrepris que pays par pays et il est difficilement réalisable. Pour ma part, je considère comme parfaitement dérisoire l'exigence de Rachfahl, qui voudrait que fût établie ici une sorte de sta­tistique. Ainsi doit le faire toute personne qui sait par expé­rience quelles difficultés inouïes s'opposent aujourd'hui à toute tentative de mesurer, concernant un objet toujours vivant, la portée d'une motivation déterminée « relevant d'une conception du monde », même s'il ne fait aucun doute que cette motivation est présente et agissante. La tâche que je me suis assignée — délimitée en tant que telle aussi clairement que possible dans mon étude — était la suivante — : tout d'abord établir non pas où et avec quelle intensité mais comment, par quels enchaînements de motivations psychiques, certaines conformations de la foi protestante furent mises en mesure d'agir comme elles l'ont fait, ce que Rachfahl pense aussi. Le fait qu'elles aient agi ainsi fut naturellement tout d'abord illustré par un certain nombre d'exemples, mais il fut pour le reste supposé connu, car ce n'était absolument pas une « nouveauté ». Rachfahl aussi, exactement comme moi, suppose expressément (col. 1265, haut) qu'il s'agit d'un fait indubitablement établi. Mais, à vrai dire, dès la phrase qui suit, il revient dessus de manière passablement étrange (et pas seulement pour les non-historiens !), puisqu'on nous dit qu'il s'agit à présent de prouver l'existence de ces connexions — qui ne font, lisions-nous, « aucun doute ». Concernant cette tâche — laquelle, comme je l'ai dit, n'était aucunement mon propos —, Rachfahl déclare ensuite que j'ai usé de facilités. Reste à voir si d'autres lecteurs ont l'impression que j'ai pris trop à la légère la tâche que j'avais vraiment en vue. Mais on se demande tout de même aussi, face à de telles remarques, qui ne manquent tout de même pas d'arrogance, avec quel « sérieux » l'exigeant critique a, de son côté, abordé le problème que — selon lui — je n'aurais pas résolu. Et quant au fait qu'on ne trouve, dans l'ensemble de ses cinq études, rien, absolument rien — ou alors quoi, je vous prie ? —, ne serait-ce que sur la relation entre le calvinisme (dont il est seul question chez Rachfahl) et le capitalisme, qui ne se trouve pas déjà exactement tel quel dans mon étude, je peux bien me dispenser de répliquer. À cet égard, il ne me reste plus, naturellement, pour l'essentiel, qu'à prier d'éventuels intéressés (prière simple mais, à vrai dire, exigeante) de reprendre mes études, après la critique de Rachfahl et — c'est en cela que consiste l'essentiel de mon immodestie — à les lire entièrement. Ils verront alors, non seulement : 1) que j'ai qua­lifié d'« absurde », dans mon étude même, la supposition selon laquelle on pourrait faire dériver le système économique capitaliste de motivations religieuses en général, ou de l'éthique de la profession-vocation propre à ce que j'ai appelé le protestantisme « ascétique ». J'ai souligné moi-même, de la manière la plus détaillée possible, justement dans le but de justifier ma problématique, qu'il a existé un « esprit capitaliste » sans économie capitaliste (Franklin) aussi bien que l'inverse (certes, Rachfahl cite lui-même tout cela, mais l'oublie aussi vite, dès que cela l'arrange, pour me l'opposer ensuite comme une objection). Mais aussi : 2) que je n'ai pas envisagé d'identifier ces motiva­tions de « nature ascétique » — que je pense être déterminées à l'origine religieusement — à l'« esprit » capitaliste (comme cela est insinué de long en large par Rachfahl à ses lecteurs —, et cela dès le résumé qu'il fait de mes études, col. 1219 ; mais que je ne fais appel à ces motiva­tions (XXI, p. 107) qu'en tant qu'elles sont seulement un élément constitutif de cet « esprit » (et d'ailleurs, expressément, comme un élément constitutif aussi d'autres particularités de la culture moderne) — ce que Rachfahl, comme je le disais, finit par admettre comme exact, après d'interminables tergiversations ; 3) que je me suis exprimé parfaitement clairement au sujet du rapport entre ce que l'on appelle la « pulsion de gain » et l'« esprit capitaliste ». Les remarques de Rachfahl sur ce point ne sont donc qu'une preuve supplémentaire de ce que, soit il ne désire pas mener des discussions polémiques avec la bonne volonté qui consiste à supposer dans les déclara­tions de son adversaire, je ne dirais même pas le plus de bon sens possible, mais même le moindre bon sens, soit il ne se souvenait plus, au moment où il rédigeait sa « critique », de ce qui était dit dans le travail critiqué.
On laissera de côté la question de savoir si l'on devrait absolument désigner les faits psychiques, extrêmement hétérogènes, qui peuvent être au fondement de la recherche de l'argent et des biens, par l'expression unifiée « pulsion de gain » (Erwerbstrieb), empruntée à un genre de « psychologie » qui par ailleurs est dépassé depuis longtemps. Cette expression n'est en tout cas pas complètement superflue. Ce que l'on appelle « pulsion » se retrouve en toute démesure, et justement à proprement parler, sous une forme pulsionnelle, c'est-à-dire irrationnelle et effrénée, à tous les stades du développement culturel et dans toutes les couches sociales possibles : on la trouve à un degré colossal chez le barcaiolo napolitain, chez le petit com­merçant oriental, d'hier comme d'aujourd'hui, chez le « brave » petit aubergiste tyrolien, chez l'agrarien « nécessiteux », chez le chef de tribu africain. En revanche, sous cette forme pulsionnelle naïve, on ne la retrouve justement pas ni chez le « type » du puritain ni chez cet homme aux pensées aussi rigoureusement « respectables » que j'ai cité, B. Franklin. C'est là un des points de départ les plus explicites de mon exposé, et j'étais en droit d'espérer que celui qui entreprendrait de le critiquer au moins ne l'oublierait pas. Et pour le répéter encore une fois : partout où s'est produit un développement hautement capitaliste, où que ce soit, dans la lointaine Antiquité comme de nos jours, ce type de money-maker sans scrupules a naturellement existé : on le retrouve à l'œuvre dans l'exploitation des provinces romaines comme dans les colonies de pillage des cités maritimes italiennes ; dans les spéculations mondiales des « bailleurs de fonds » florentins et dans les plantations des esclavagistes, dans les gisements aurifères de toutes les parties du monde comme dans les chemins de fer américains ou dans les agissements des grands princes d'Extrême-Orient, ou encore dans les spéculations également mondiales des « impérialistes » de la City. C'est dans les possibilités et les moyens techniques que réside ici la différence, non dans la psychologie du gain. À vrai dire, je crois que Rachfahl aurait pu s'épargner d'énoncer des vérités surprenantes telles que : la recherche du « bonheur », de l'« utile », de la « jouissance », de l'« honneur » et de la « puissance », ou encore le désir d'assurer l'« avenir de sa descendance » et autres choses du même genre, lesquelles, à travers des combinaisons très diverses, ont toutes contribué et contribuent, toujours et partout, à déclencher la recherche du maximum de gain. On aura du mal à trouver quelqu'un pour contester cela. Je n'ai évoqué ces moti­vations (mais alors là expressément) que lorsque, dans leur portée, elles entraient en tension avec l'« éthique de la profession-vocation » qui m'intéresse ici. D'une justesse tout aussi surprenante est le long plaidoyer de Rachfahl, affirmant qu'il y a des gradations psychologiques entre les différentes formes de rapport intérieur au gain et celle dont je me suis occupé, et que, de plus, dans la réalité, on ne peut pas « purement détacher » la motivation que j'ai présentée « isolément », car elle est le plus souvent « combinée avec d'autres », et « même aujourd'hui » elle n'est pas exhaustive, etc. Cela pourrait valoir pour n'importe quelle motivation concevable de l'activité humaine, et cela n'a encore empêché personne, lorsqu'il s'agit d'essayer d'analyser les effets spécifiques d'une motivation déterminée, et cela le plus possible « isolément » et dans sa cohérence interne. Celui qui n'est pas intéressé par toute cette « psychologie », mais seulement par les formes extérieures des systèmes économiques, je le prierai de ne pas lire mes essais. Et je le prierai aussi d'avoir la bonté de me laisser libre de vouloir, moi, m'intéresser justement à cet aspect psychique du développement économique moderne, tel que le révèlent, au sein du puritanisme, les grandes tensions et les grands conflits intérieurs entre la « profession », la « vie » (comme nous disons volontiers de nos jours), l'« éthique », et cela à un point d'équilibre singulier, qui n'a existé de cette manière ni avant ni après. En outre, dans un domaine où les traditions de l'Antiquité et du Moyen Âge indiquaient d'autres voies, et où nous sommes aujourd'hui plongés dans de nouvelles tensions, lesquelles — bien au-delà de la sphère que j'ai mise en évidence — deviennent des problèmes culturels de premier ordre tels que, sous cette forme, seul notre monde « bourgeois » les connaît. Rachfahl se trompe, tout simplement, quand il affirme négligemment que l'« éthique de la profession-vocation », telle que la connurent les orientations « ascé­tiques » (dans mon acception) du protestantisme, était déjà également dominante au Moyen Âge. Cette affirma­tion, comme toute sa polémique, est en contradiction plus que criante avec les concessions, citées plus tôt, qu'il fait lui-même à la fin de sa « critique ». En ce qui concerne l'opposition avec le Moyen Âge, des points plutôt extérieurs comme la position de la doctrine de l'Église vis-à-vis de l'« usure » ne sont absolument pas pour moi ce qui est décisif. Tout lecteur de mon étude le sait, tandis que, à vrai dire, les remarques de Rachfahl précisément à ce sujet ne sont qu'un témoignage classique de ce qu'il ne com­prend rien à l'enjeu de ces problèmes. Écoutons-le : « Et lorsqu'un capitaliste se sentait à ce point gêné par cela (l'interdit de l'intérêt), qu'il pensait devoir apaiser sa conscience par de pieuses donations, cela ne prouve-t-il pas justement que ses conceptions fondamentales étaient antitraditionnelles ? Car la pulsion de gain était en lui si puissante qu'il n'avait même pas besoin, comme plus tard les "ascètes"protestants, du moteur d'une éthique religieuse pour se sentir poussé à acquérir de l'argent... » (col. 1300). La « pulsion de gain » de tous ces fondateurs et spéculateurs qui « frôlent la prison » pour gagner des millions, la « pulsion de gain » du garçon de café dans les centres touristiques de la Riviera, qui, éduqué au manque de vergogne, prend pour habitude de tromper les clients sur l'addition, ont encore moins besoin d'« éthique » comme « moteur » — et s'il fallait construire une échelle d'intensité de la « pulsion de gain », le puritanisme ne caracolerait certainement pas en tête, non plus que le type rationaliste d'acquéreur d'argent que j'avais choisi d'illustrer en la personne de Benjamin Franklin. Mais il ne s'agit pas de l'avidité pulsionnelle d'argent, de bonheur, de splendôr familiae, etc. Toutes ces choses sont justement plus éloignées des puritains sérieux que d'autres : en effet, c'est en dépit de leur détachement du monde qu'ils s'enrichissent. Il s'agit du fait que le protestantisme « ascétique » crée pour le capitalisme aussi l'« âme » qui lui correspond, l'âme de l'« homme de la profession-vocation », qui n'a pas besoin des moyens de l'homme médiéval pour se sentir en accord avec son agir. — Le marchand des débuts de la Renaissance à Florence, lui, ne l'était pas. Ce n'est pas ici le lieu d'analyser le profond déchirement intérieur qui traversait, malgré toute la force dont ils débordaient et leur apparente solidité, les plus sérieux des hommes de cette période. Ces restitutions de biens acquis « grâce à l'usure » ne sont qu'un élément, et certainement plutôt superficiel, de ce tableau. Mais il fait cependant partie de ce tableau. À vrai dire, et de même que toute personne à peu près impartiale, je ne peux interpréter ces « moyens d'apaisement » que comme l'un des nombreux symptômes de la tension entre la « conscience » et l'« agir », de l'incompatibilité entre le Deo placere non potest — que Luther ne dépasse pas non plus —, entre les idéaux des catholiques sérieusement convaincus, et la poursuite « commerciale » du gain. Et je ne peux interpréter les nombreux « compromis » pratiques et théoriques justement que comme des « compromis ». Il n'est pas exact, précisément, que toute forme d'activité se soit simplement forgé de tout temps et de la même manière son « éthique professionnelle », ainsi que l'affirme Rachfahl et comme cela semble en effet « le plus évident ». Mes études auraient justement voulu contribuer à faire connaître dans quelle mesure cette conception (« matérialiste historique », pour l'essentiel) dont personne, naturellement, moi moins que quiconque, ne conteste en soi le bon droit tri­vial, a ses limites dans le développement historique.
Pour résumer ce qui a été dit : il s'agissait dans mes développements d'analyser une composante déterminée, constitutive du style de vie qui se tint près du berceau du capitalisme moderne, à la construction duquel elle a — avec de nombreuses autres forces — contribué, et de la suivre dans ses transformations et son dépérissement. Une telle tentative ne peut pas se donner pour tâche d'établir ce qui était présent à toutes les époques et partout où le capitalisme existait, mais elle doit justement établir, à l'inverse, ce que ce développement singulier recelait de spécifique. J'ai déjà refusé une fois avec la plus grande vigueur d'être tenu pour responsable du fait que d'autres absolutisent ces facteurs religieux que j'ai, expressément et avec le maximum d'insistance, désignés comme une composante particulière, et qu'ils l'identifient avec l'« esprit du capitalisme » en général ou même en font dériver le capi­talisme. Mais Rachfahl, quoiqu'il le sache, ne s'est pas senti obligé d'en tenir compte. Ma tentative peut avoir réussi ou échoué. Mais lorsqu'un historien ne voit rien de mieux à m'objecter que rémunération d'une série d'autres composantes qui ont accompagné de tout temps des expansions capitalistes — ce dont personne ne doute —, il sert peu les tâches et les intérêts de sa discipline. Pourquoi en effet s'intéresser à l'« histoire », si celle-ci se contente de montrer que, au fond, « tout a déjà existé » ?
Mais assez de tout cela et ajoutons seulement quelques remarques sur les relations entre l'« esprit » du capitalisme et le système économique capitaliste.
Werner Sombart a consacré à ce thème une étude (dans le tome précédent de cette revue, p. 689 sq.) qui, du fait de notre large accord sur les points essentiels, notamment sur le plan de la méthode, me dispense de devoir entrer dans les détails. On ne peut construire le concept de « capitalisme », et à plus forte raison l'autre, celui d'« esprit du capitalisme », que comme des formations de pensée « idéaltypiques ». Et cela de deux manières possibles. Soit abstraitement : ce qui est en permanence de même nature est alors distillé dans sa pureté conceptuelle et, dès lors, le second des deux concepts est à peu près vidé de son contenu pour ne devenir, presque, qu'une pure fonction du premier. Soit historiquement : de telle sorte qu'on forme des tableaux de pensée « idéaltypiques » des traits spécifiques d'une époque précise par opposition à d'autres, tandis que les traits qui sont présents d'une manière générale sont supposés également donnés et connus. Ce qui importe alors, naturellement, ce sont justement les traits de la formation qui n'ont pas existé de cette manière à d'autres époques de vie ou qui ont existé à un degré spécifiquement différent. J'ai essayé de le faire pour le « capitalisme » de l'Antiquité considéré comme système économique, d'ailleurs de manière certainement encore très imparfaite (dans le Handwôrterbuch der Staatswissens-chaften, dans l'article « L'histoire agraire de l'Antiquité »)— pour ce que j'ai voulu appeler « esprit » du capitalisme moderne, mon étude devait représenter le début d'une analyse, dont le propos était d'abord de suivre les fils nou­veaux tissés par l'époque de la Réformation.
Et maintenant demandons-nous : que peut-on entendre par « esprit » du capitalisme par rapport au « capitalisme » lui-même ? En ce qui concerne le « capitalisme » lui-même, cela ne peut désigner qu'un « système économi­que » déterminé, c'est-à-dire un mode de comportement « économique » vis-à-vis des hommes et des biens, qui consiste en une « mise en valeur » de « capital », et dont nous analysons la manière de faire « sous l'angle pragmatique », c'est-à-dire en déterminant quel est, en fonction de la situation donnée dans sa typicité, le moyen « inévitable » ou le « meilleur ». Comme je le disais : soit nous analysons tout ce qui était commun de tout temps à de tels systèmes économiques, soit les éléments spécifiques d'un système historique déterminé de ce genre. Ici seul le dernier cas nous importe. Une forme historiquement donnée du « capitalisme » peut être emplie par des modes très différents d'« esprit » ; mais elle peut aussi — et c'est ce qui se passe la plupart du temps — être avec des types historiques déterminés de cet « esprit » dans des « rapports d'affinité élective », selon une gradation très diverse : l'« esprit » peut être plus ou moins ou pas du tout « adéquat » à la « forme ». Il ne fait pas de doute que le degré de cette adéquation ne reste pas sans influence sur le cours du développement historique, qu'en outre « forme » et « esprit » tendent — comme je l'ai déjà dit en son temps — à s'ajuster l'un à l'autre, et qu'enfin, quand un système et un « esprit », qui sont entre eux dans un « degré d'adéquation » particulièrement élevé, se rencontrent, un développement d'une unité intérieure également sans faille se met en marche, développement du genre de celui que j'avais commencé d'analyser.
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