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Les Hypocrites La folle expérience de Philippe Beq berthelot Brunet (1901-1948) Les Hypocrites


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Le séminariste


Philippe n’alla pas loin, le docteur et les bottines lui causant le même effroi. La démence que, certains jours, il craignait tant, commençait-elle à se manifester sous ces formes grotesques ? Son pied serré lui était un symbole du monde qui se rétrécissait autour de lui, pour l’emprisonner, l’avoir enfin. Philippe souriait lui-même de cette comparaison, mais, comme tout était burlesque, il fallait que sa terreur le fût aussi.

Philippe avait une autre raison de revenir, l’eau de Floride de la dévote et la douillette de l’abbé l’intriguaient vivement. Lorsqu’il entra, ce fut le séminariste, l’ancien séminariste qu’il rencontra. Philippe n’entendit pas d’abord ce que ce grand garçon blondasse lui disait, mais sur un signe de celui-ci, il ne sut que le suivre.

Sa chambre faisait contraste avec celle du docteur Marquette et lui ressemblait aussi. C’était une vraie petite chapelle, avec des chapelles latérales en outre. Ce qui surprit le plus Philippe, ce fut une série de gravures, de chromos posés à hauteur égale et qui, sur trois côtés, coupaient les murs en deux.

– Mais, c’est un Chemin de croix, fit-il.

– Un vrai Chemin de croix. J’ai obtenu ça avec toutes les peines du monde : on ne vend pas un Chemin de croix à un laïc sans s’étonner, et, après tout, je ne suis qu’un laïc. Mais je dois vous dire tout de suite que je n’ai pas la permission de faire mon Chemin de croix ici : on n’a d’indulgences qu’à l’église. Cependant, quand je suis malade, en disant mes Pater et mes Ave, je peux me recueillir devant chaque station. Et, quand je puis aller à l’église, je me prépare ici, et, au retour, je médite à nouveau devant ces gravures, sur mon Chemin de croix...

Aux quatre coins de la pièce, il y avait des tablettes avec statues, devant lesquelles brûlaient des lampions. Le chiffonnier était le piédestal d’un grand Enfant Jésus de Prague, et, près du lit, une petite table-bibliothèque, qui ne contenait que missels, livres de prières, heures saintes et offices divers. En outre, la courtepointe du lit était ornée d’une grande croix rouge en flanelle.

– Décidément, cette maison est le capharnaüm de toutes les folies, songea Philippe.

– Je ne vous ai pas offert d’eau bénite, comme je suis distrait ! fit le séminariste. J’ai si peu de visites !

Il y avait un bénitier, près de la porte, surmonté d’un bout de palme jaune. Toutes ces bondieuseries, comme il disait en mordant dans le mot, donnèrent à Philippe le goût du sacrilège, et il tira sa bouteille, en crânant :

– Vous permettez ? Moi, je ne suis pas un saint homme, je suis même un dopé, et je dois sacrifier à mon vice.

– Pauvre jeune homme ! comme je vous plains ! J’ai été malheureux, moi aussi, mais grâce à Dieu, j’ai eu la force de résister. Voulez-vous que je vous conte mon histoire ? cela vous fera peut-être du bien.

Philippe n’écouta rien d’abord de ce que l’autre lui débitait d’un ton onctueux. Comme il lui arrivait si souvent, les paroles d’un autre ne lui servaient que d’accompagnement à une scène qu’il revivait. Philippe ne causait guère, les conversations ne lui étant que des prétextes qui donnaient comme le déclic à un film qui se déroulait.

Cette fois, c’est à Bernard, son camarade Alfred Bernard qu’il pensait. Le samedi après-midi, les classes terminées, ils étaient quelques-uns du collège à se rendre dans une pâtisserie, où, en causant, ils mangeaient des gâteaux. Un jour, Philippe avait proposé d’aller faire une promenade dans le quartier des filles. Alfred Bernard, qui était pieux, avait suivi pourtant les autres. Même, devant une maison aux persiennes closes, Philippe avait dit à Bernard :

– Je parie que tu n’auras pas le courage de sonner.

Le respect humain du jeune garçon avait surmonté sa honte, mais dès que la porte s’était ouverte, il était revenu à ses camarades :

– Je vous assure qu’il n’y a personne... Allons-nous-en...

– Il y a quelqu’un, j’ai vu la grosse femme...

– Il n’y a personne...

Philippe s’était beaucoup réjoui d’avoir fait frôler le vice à cet être pudibond, de l’avoir effrayé et même de l’avoir forcé à mentir... Le pauvre Bernard en avait été triste pour deux semaines, et Philippe était sûr qu’il s’était accusé plusieurs fois devant son confesseur d’être allé dans une « mauvaise maison ».

Maintenant, bien que le séminariste, avec sa chevelure éteinte et ses yeux d’albinos, lui donnât à rire, Philippe, parce qu’il avait la bonté de l’escalier et la pitié rétrospective, s’attendrissait. Il se força donc à écouter l’histoire du séminariste. Rien n’était plus banal, cependant. Il avait dû quitter le séminaire, parce qu’il était de santé trop délicate. Alors, il était entré à l’emploi d’un marchand d’objets de piété, qui l’avait envoyé au Canada comme démarcheur. Peu de temps après, il avait reçu un petit héritage, mais il n’avait pu se résoudre à retourner en France, parce que ce pusillanime craignait le mal de mer. Toutes épreuves dont il était fier que son humilité, vraiment chrétienne, osât les confesser. Il les colorait du reste, et le séminariste ne manquait ni de raisons ni de prétextes :

– On peut faire du bien, partout, même dans mon humble sphère... Et le Canada français est tellement religieux, tandis qu’en France, avec ce sale gouvernement... Savez-vous ce qui nous manque ? Un roi, d’abord, bien entendu, et, aussi, pour changer l’état de ces esprits pervertis et faussés, des prêtres historiens, comme vous en avez plusieurs, des prêtres qui nous prouveraient notre mission providentielle, qui continueraient le Discours sur l’histoire universelle. Vous, vous êtes chanceux, la lignée de Bossuet ne s’est pas éteinte chez vous, et on sent bien que tout peuple chrétien est le peuple de Dieu. Il y a toujours des Nabuchodonosor qui projettent sa destruction, mais Dieu est toujours vainqueur. Vos écoles séparées sont vos catacombes, mais bientôt vous verrez la victoire du Christ et de vos héroïques maîtresses d’école sur les Anglais et Néron. Amherst, Craig, Colborne, Borden, Meighen, ce sont là vos Néron, et vous avez commencé vos Croisades, lorsque vos héroïques ancêtres allaient brûler les villes de la Nouvelle-Angleterre.

Le séminariste était fier de sa fraîche érudition, et il était si heureux de faire plaisir à Philippe ! Celui-ci s’amusait et, voyant un tapage possible, il ne contredisait pas le naïf. Il renchérissait même :

– Et Madeleine de Verchères est notre Jeanne d’Arc, sans compter que nous n’avons jamais eu de Voltaire pour se moquer niaisement de notre Pucelle.

Philippe avisait, sous le lit, une pile de journaux. Le séminariste s’en aperçut :

– Ce sont des journaux français, Candide, Gringoire, qui préparent à leur façon le retour de l’ordre dans mon pauvre pays. Malheureusement, ils s’adressent à un public perverti, et c’est pourquoi ils se pensent obligés, pour faire avancer la bonne cause, de glisser des nouvelles et des dessins immoraux. Dieu jugera de leurs intentions. Des grands écrivains comme Bourget et Bordeaux ont bien été obligés de proposer leurs leçons morales au moyen d’histoires impures d’adultère.

Le séminariste prononçait avec une telle horreur le mot d’adultère que celui de sodomie venait immédiatement à la bouche de Philippe. Il se contint, il ne voulait pas rater sa quête.

– J’ai la permission de mon confesseur, vous savez ! J’ai même obtenu celle de lire tout Maurras. Celui-là nous reviendra, soyez sûr, il pense trop bien, et il en a tellement converti : Dieu ne peut lui tenir rigueur.

La conversation commençait à paraître longue aux impatiences de Philippe, qui, sans préambule, aborda son histoire : il la composait au fur et à mesure :

– Vous avez été prêtre...

– On n’a jamais été prêtre, on reste prêtre, je n’ai été que séminariste...

– Je vous demande pardon. Mais vous étiez digne d’être prêtre. Je veux vous demander un conseil. Je suis pécheur, je l’avoue, et j’ai eu une maîtresse...

Le séminariste clignait des yeux. Puis il regarda ailleurs, joignant les mains, d’un geste inconscient.

– Ma maîtresse a un fils, sept ans. Le père veut l’envoyer à l’école protestante, où des amis peuvent lui obtenir une sorte de bourse. Mais la mère est chrétienne, malgré tout...

– Cela la sauvera.

– Et je suis moi-même très attaché à l’enfant. (Philippe sourit d’un air qui fit rougir le séminariste, si bien que Philippe avait honte de ce mensonge, comme si l’histoire eût été vraie et qu’il révélât goujatement des choses intimes). Je suis très ami de la famille, et si je proposais de payer l’instruction de l’enfant, on accepterait un collège religieux. Mais je n’ai pas le sou...

Sans dire mot, le séminariste se dirigea vers le chiffonnier : la statue contenait une cachette, et, la renversant, il en tira une liasse de billets :

– Le Saint-Enfant-Jésus de Prague me sert de porte-monnaie, et c’est plus sûr que la banque... Prenez ceci, et faites un petit chrétien de votre filleul... Ce sera votre filleul devant Dieu, et les Anges diront peut-être que je suis son parrain spirituel de confirmation, sa confirmation dans la foi.

Cela avait été trop aisé, et Philippe restait là sans prononcer un mot.

– Allez, tout de suite, porter cet argent au père, ou plutôt, demandez-lui tout de suite de placer son enfant au collège, accompagnez-le et donnez vous-même l’argent au directeur... Mais je vais vous demander une promesse. J’entreprends une neuvaine pour votre conversion... Je ne vous crois pas perverti, mais il y a toujours à expier... Et les saints eux-mêmes se convertissent. Vous vous unirez à ma neuvaine. Et priez pour la France.

Le séminariste accompagna Philippe jusqu’au couloir, en ajoutant à mi-voix :

– Ce sont des épreuves qu’il faudrait à la France, des épreuves qu’elle accepterait chrétiennement. Je rêve d’un grand chef, qui lui dirait : France, c’est maintenant le temps de la pénitence et de l’expiation.

Philippe n’entra même pas dans sa chambre. Ces billets le brûlaient, et, subitement, il décida de vérifier s’il était devenu, par la dope, cet impuissant dont il rougissait. Arrivé devant la maison de rendez-vous, il était déjà dégoûté, et, là, il ne sut que boire. Aux filles, il disait :

– J’ai une maîtresse qui me trompe, je l’ai dans la peau, et je ne peux même pas la tromper.

– Pauvre chou ! s’écriaient les filles, en se moquant.

– C’est vous qui êtes à plaindre, vous n’êtes même pas capables d’amour, pauvres petites filles...

Il bafouillait, et on le fit coucher.

Cette fantaisie ratée lui coûta cher, mais, revenant chez la Maureault, il avait encore assez d’argent pour passer une semaine délicieuse et d’oubli, sa dernière volupté.

Cependant, la crainte le fit frapper à la porte du séminariste. Celui-ci était en train d’encadrer une reproduction du Saint Suaire de Turin :

– Excusez-moi, vous me prenez à l’ouvrage...

Avant qu’il eût pu observer la mine de Philippe, celui-ci se couvrit :

– Tout est arrangé, le petit ira au collège. Mais cela a été dur, et j’ai été obligé de boire avec le père...

– N’y pensez plus, allez vous reposer, votre bonne action vous rendra la santé et le courage.

Ce fut alors que Philippe fut malade pour de bon. Durant deux semaines, c’est à peine s’il pût se lever deux, trois fois par jour, le temps d’aller à la pharmacie, ou acheter quelques sandwichs. Même, le plus souvent, le séminariste se laissa convaincre et fit les courses. Philippe lui avait dit :

– Il n’y a que cette drogue qui me calme, et je ne pourrai m’en passer que graduellement...

– Je sais, mais prenez sur vous, Sursum corda...

Il regardait Philippe avec de bons yeux tristes, puis partait et, dix minutes après, revenait avec la jaune :

– Vous m’avez promis que la bouteille durera jusqu’à ce soir, tenez votre promesse...

Lorsque Philippe faisait le geste de lui rendre l’argent, l’autre disait :

– Ce n’est pas la peine. Je vous donne ça, pour obtenir votre guérison, je l’offre...

Philippe ne sortait et avec peine que deux, trois fois par jour : le matin, pendant que son compagnon était à la messe, il n’y manquait pas, pour faire sa provision d’une journée et en tout cas : les bouteilles du séminariste, ce n’était que de l’accessoire.

Cependant, Philippe baissait. Il vivait maintenant dans la terreur. À tout instant, il se jetait à bas de son lit, des crampes dans les jambes. Certains moments, il ne se retrouvait plus, cherchait jusqu’à son nom. Et ce n’était qu’images fantastiques qui lui passaient devant les yeux. Des souvenirs, puis un présent déformé.

D’autres fois, il était dégoûté de lui à vomir. Jamais il n’avait eu d’amitiés pures, nettes. Il aurait si volontiers volé la femme de Dufort, lorsque son mari était mourant. Sa liaison avec Claire, c’était une vengeance posthume contre Julien. Même Florence il l’avait arrachée au jeune Américain. Il lui revenait encore d’autres histoires. Longtemps, il avait été lié avec François, à demi divorcé et qui, dans un hôtel, oubliait ses amours entre ses livres et une bouteille de whisky. Des mois, Philippe l’avait vu chaque jour, causant longuement avec lui. Puis, invité un soir chez la femme de François, à la fin d’une beuverie, il l’avait prise dans ses bras, l’embrassant à pleine bouche. Ensuite, une seule fois, elle s’était donnée à lui, comme pour se venger, elle aussi, de son mari. Et François, il ne l’avait plus revu, et, quelques mois après, dans sa solitude, il s’était suicidé. Philippe ne voyait que des bassesses dans sa vie. En ce moment, il était couché, parce que, trompant un pauvre fou (et qui sait ? ce naïf avait peut-être un grand cœur !), il avait dépensé l’argent que l’autre destinait après tout, si niais fut-il, à une belle action. Alors des rages prenaient Philippe. Il appelait le séminariste :

– Je veux bien revenir à la pratique religieuse, mais tout me scandalise...

C’est le séminariste que, naïvement, bien entendu, il voulait scandaliser :

– Quand les prêtres s’occupent d’action, ils y mettent une passion troublante, qui laisse bien loin tout fanatisme politique. Je connais un abbé, un saint homme qui, à chaque élection, dit : « Ce n’est pas une élection comme les autres », parce qu’il veut faire passer le candidat de son collège, qu’il croit tenir, et qui se moque de lui... Quand les prêtres font quoi que ce soit, ce n’est jamais comme les autres.

– Vous avez raison, ils travaillent pour un but surhumain.

Philippe retombait dans ses cauchemars, pour se réveiller et se mettre à rire : « Quelle mouche le piquait de s’intéresser au cléricalisme ? » Il réussissait à joindre les deux bouts et il percevait que, s’il en avait contre les prêtres en ce moment, c’est que le séminariste lui rappelait ses années de collège et ce catholicisme des livres français de la génération de Veuillot qui l’écœurait.

Philippe ne savait pas qu’à travers ces caricatures, dans peu de temps, il retrouverait paradoxalement la foi.

Il se sentait comme séquestré. Souvent, il se levait pour vérifier si la porte s’ouvrait, si les fenêtres n’avaient pas été verrouillées. Le docteur ferait de lui un cobaye, le séminariste et la Maureault, dont il entendait la voix, le gardaient quelques jours pour le livrer aux sœurs d’un asile d’aliénés, où on le remettrait de force aux pratiques religieuses : « on parle des francs-maçons, je les ai connus, et il n’y a rien de vrai dans ces bobards, mais s’il y avait une franc-maçonnerie catholique ?... »

Philippe partit, une nuit. Il ne savait où il irait. Peut-être, le lendemain, à l’hôpital, où le docteur Dufresne, qui n’était pas croyant, le défendrait contre ces menaces onctueuses.

Et toute la nuit, il marcha. Il se forçait à ne pas penser. Des souvenirs se levaient quand même. Le pavé froid et vide, l’asphalte le ramenaient à Florence, lorsque, pour agacer cette femme économe, presque avare, il avait semé sa route de sous et de pièces d’argent, pour le plaisir de la voir se retourner, et en criant : « Tu es fou », se mettre à la recherche de la monnaie.

Cette grosse maison de pierre, cossue même la nuit, lui rappelait une vieille folle : elle s’était cloîtrée dans une chambre qu’elle louait pour inonder la ville de lettres anonymes. Cette libre-penseuse – elle avait toujours ce mot à la bouche – s’en prenait aux faux ménages. Ce n’était pas vertu, mais, chaste toute sa vie, elle était maintenant jalouse des maîtresses de tous ses amis.

Philippe repoussait ces images. C’est le repos qu’il voulait. Pour éviter l’asile d’aliénés, il songea à se faire pincer par la police : la prison véritable vaudrait mieux que cette prison de sœurs.

Ce qui arriva. Assis sur le pas d’une porte, n’en pouvant plus, un agent l’emmena au poste. C’était le petit matin, et des ivrognes ronflaient encore dans les cellules d’une saleté infecte.

Il y avait un petit gars pris dans une rafle, qui obtint la permission de téléphoner :

– Maman, on m’a arrêté pour rien... Un gros agent arracha le téléphone des mains du jeune garçon :

– On va voir si t’as été arrêté pour rien... Dis à ta mère que le cautionnement est pas de dix piastres, mais de vingt-cinq piastres pour un petit voyou comme toi.

Un frisson courut sur le dos de Philippe, qui téléphona à son séminariste. Dans ses peurs, il le voyait descendre dans une robe de chambre invraisemblable jusqu’à la salle à manger où la Maureault avait son téléphone. La Maureault devait bougonner, mais son séminariste l’empêchait de trop faire voir.

– Je suis malade, je suis au poste, faites venir l’ambulance de l’hôpital, dites que je suis le patient de mon ami le docteur Dufresne.

On le laissa partir, le docteur Dufresne étant persona grata à la police.

Dans la voiture d’ambulance, il y avait le séminariste, qui n’avait pas voulu laisser son nouvel ami entrer seul à l’hôpital.

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