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André Durand présente Miguel de cervantèS y Saavedra (Espagne) (1547-1616) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées


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El casamiento enganoso’’

Le mariage trompeur”


Nouvelle de 16 pages
À la porte de l'hôpital de la Résurrection de Valladolid, conversent l’enseigne Campuzano, qui vient d’y subir un traitement énergique contre « le mal napolitain » (la syphilis), et son ami, le licencié Peralta. Campuzano, homme faible et peu sûr de lui, raconte qu’il rencontra à Valladolid Stéphanie, une femme galante qui avait le pouvoir d'ensorceler les hommes et dont il fut victime. Elle se disait repentie et aspirant à une vie tranquille. Mais, dominatrice, possessive et trompeuse, elle prétendit avoir une belle maison. Il se résolut à l’épouser, pensant avoir, de cette façon, une vie agréable et pleine de délices. La lune de miel se passa gaiement et l'avenir paraissait être plein de promesses, lorsqu’il apprit tout à coup qu’elle n'avait même pas une chemise à elle : la maison où ils avaient festoyé, et tout ce qu'elle contenait, appartenait à une amie qui les lui avait donnés tout simplement à garder. Stéphanie s'enfuit, en emportant un collier (d'ailleurs faux) appartenant à Campuzano, mais en lui laissant, en guise de compensation, une authentique maladie vénérienne. Il ne la retrouva jamais.
Commentaire
Cette nouvelle, très brève, ne sert en réalité que de prétexte pour introduire ‘’Le colloque des chiens’’ [‘’Colloquio de los perros’’]. En effet, tout en racontant cette triste aventure, Campuzano affirme avoir entendu, durant une nuit d’insomnie, alors qu'il se trouvait à l'hôpital, les deux chiens quêteurs de l’hôpital, Scipion et Berganza, tenir une conversation en langage humain qu’il a transcrite. Et notre homme de rapporter ce dialogue paradoxal.

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Coloquio de los perros”

Dialogue des chiens Scipion et Berganza”


Nouvelle de 2 pages
Le chien Berganza narre sa vie au chien Scipion, son compagnon d'infortune, qui se contente de commenter les principaux passages avec une philosophie quelque peu amère.

Berganza rapporte l’explication que lui avait donné du mystère de sa naissance la sorcière Cannizarès qui le familiarisa avec les arts magiques : sa mère, la sorcière Montiela, sur le point d’accoucher, aurait, sous l’effet d’un sortilège jeté par une troisième sorcière, mis au monde deux chiens jumeaux. La sorcière Cannizarès a cru reconnaître en Berganza un fils de Montiela. C'est à cette origine qu’ils doivent leur pouvoir de faire tant de choses et, surtout, de parler.

Il raconte aussi que les employés de la boucherie principale de Séville volaient les meilleurs morceaux de viande pour leurs petites amies, les prostituées ; que les pâtres, chez lesquels il eut à « travailler », loin d'être ces hommes modèles que chantent les romances et les poésies pastorales, sont non seulement grossiers et vulgaires, mais encore volent leurs patrons, tout en mettant leurs propres méfaits sur le compte des loups.

Du service des fils d'un marchand, où il avait connu les délices de la vie estudiantine, il passa à celui d'un inspecteur de police prévaricateur, qui se faisait le complice des prostituées et des voleurs, compère du fameux Monipodio (inoubliable héros de ‘’Rinconete et Cortadillo’’).

Il fut recueilli par un soldat qui ne trouva rien de mieux que de lui enseigner des tours et d'en faire un chien savant, de façon à pouvoir vivre sans avoir à travailler.

Il passa encore au service de gitans, de Maures, de comédiens ambulants, etc. ; il connut avec eux, tour à tour, la misère et. la gloire, mais partout il constata que le genre humain se complaît dans l'ignominie.

Ce triste périple s’est terminé à l'hôpital, ultime refuge des deux chiens, où Berganza apprend à connaître les plus misérables échantillons de la race humaine : un poète, auteur d'un poème dont les vers se terminent tous par un mot accentué sur l'antépénultième ; un alchimiste ; enfin, un mathématicien utopiste qui a trouvé le moyen d'assainir le budget du roi, en obligeant les contribuables à jeûner une fois par mois et à verser la somme ainsi économisée au Trésor public.

Comme la faculté que les chiens ont de parler cesse avec la nuit, le récit de Berganza se termina au lever du soleil et la relation des aventures de son ami Scipion fut remise à une autre nuit.


Commentaire
Le récit de la vie de Berganza constitue un bref mais magnifique roman picaresque, dont la satire, bien que classique, offre un intérêt nouveau par le fait même que le héros en est un chien, et non un être humain. À travers la conversation entre les deux chiens, Cervantès rendit présente et toute palpitante de vie la société espagnole du temps, ses hasards, ses diversités, jusqu'à ses sorcières et leurs sabbats. Les épisodes évoqués font surgir un tableau amer et sombre d'une société en dissolution devant laquelle son indulgente ironie cède la place au sarcasme. Homme plein de bonne volonté, il est dévoré d'amertume à contempler le spectacle des injustices sociales de son époque. La perversité de l'humanité est telle que même un chien en éprouve un réel étonnement : c'est là toute la clé de l'histoire.

La nouvelle, composée entre 1603 et 1604, est une des meilleures du recueil.


Hoffmann donna à cette nouvelle une suite dans “Informations sur les récentes fortunes du chien Berganza” (1813).

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Commentaire sur le recueil
Dans le prologue, Cervantès revendiqua le mérite d’avoir été le premier à composer des nouvelles en castillan et expliqua : «J’ai donné à ces nouvelles le titre d’exemplaires, car à bien les considérer il n’y en a aucune dont on ne puisse tirer un exemple utile.» Les critiques romantiques tout comme les critiques modernes ont voulu voir dans cette déclaration un hommage rendu aux prescriptions du concile de Trente, mais cet hommage est démenti par leur caractère profane. D’autres ont pris le mot « exemplaire » dans le sens de « pur plaisir de l'esprit sans mélange d'éléments troubles». En réalité, il n'y a aucune raison de ne pas croire l'auteur, puisque la même intention moralisatrice présida à la naissance de ‘’Don Quichotte’’, qu’il conçut comme une attaque dirigée conlre les romans de chevalerie. Néanmoins il ne faut pas oublier que tout l'art du XVIIe siècle se développa sous l"influence d'Aristote, lequel assigna précisément aux artistes la tâche de proposer la vérité exemplaire et universelle. Lope de Vega qualifiait d'exemplaires les nouvelles de Bandello. Aujourd'hui, on reconnaît la prépondérance de cette influence jusque dans les romans picaresques qui ont été interprétés comme une sorte de glorification à l'envers de l'ascèse.
La critique divise généralement les ‘’Nouvelles exemplaires’’ en trois groupes selon le sujet traité :

- un groupe d'inspiration idéaliste, le plus faible, qui comprend les nouvelles où l'auteur brode autour de thèmes traditionnels, chevaleresques et pastoraux, où la vie demeure extérieure aux choses, où le pathétique est superficiel et abstrait, où l'influence de l'Italie se fait sentir, où les protagonistes sont conçus suivant un idéal de perfection chevaleresque, de telle sorte que la peinture des personnages y est remplacée par des images sans personnalité, leur caractère « exemplaire» tenant essentiellement au côté providentiel du récit et de l'intrigue, une fin heureuse venant nécessairement conclure les histoires les plus sombres et les plus dramatiques : ‘’L'amant généreux’’, ‘’Les deux jeunes filles’’, ‘’Cornélia’’, ‘’La force du sang’’, ‘’L 'Espagnole anglaise ‘’;

- un groupe «idéoréaliste» où fiction idéale et réalité se mêlent, où les éléments fantastiques sont plus ou moins mêlés de réalisme espagnol, où les personnages appartiennent encore à une hiérarchie sentimentale, où l'intrigue, dont ils sont les jouets, les entraîne dans les voies étroites et artificielles d'un romanesque baroque : ‘’La petite Gitane’’, ‘’L'illustre servante’’, ‘’Le jaloux d'Estrémadure’’ ;

- un groupe réaliste qui comprend les nouvelles dont la création représente un acte entièrement personnel et original, où parlent des êtres qui sont pathétiques, où sont décrits tous les aspects de la société avec une remarquable liberté et une grande justesse psychologique, ces pages picaresques, humoristiques sans cynisme, marquant un tournant dans le domaine de la brève narration : ‘’Rinconete et Cortadillo’’, ‘’Le mariage trompeur’’, ‘’Le colloque des chiens’’, ‘’Le licencié de verre’’ et ‘’La fausse tante’’ (en admettant que celle-ci soit de Cervantès).

Il est indéniable que la valeur esthétique des nouvelles varie suivant que l'idéalisme cède la place au réalisme ; mais on ne peut distinguer une courbe de développement puisqu'elles sont chronologiquement contemporaines. Elles marquent une date dans l'histoire du réalisme en Europe. Car, à travers les traits empruntés aux modes et aux conventions du temps et particulièrement au genre de la nouvelle italienne, une décisive autorité s'y manifesta dans l'art de dire le vrai. C'est que le réalisme de Cervantès était le résultat d'un événement vécu, à savoir la brutalité avec laquelle il avait, du haut de ses songes, été rendu à la plus basse condition dans un monde inexorable. D'où ses pages picaresques. Mais, à la différence des romans picaresques et de leur terrible aïeule, ‘’La Célestine’’, sa tranquille et ironique observation ne va jamais jusqu'au cynisme. Car le cynisme est une attitude unilatérale et Cervantès est un esprit essentiellement dialectique.

Composées entre la première et la seconde partie de ‘’Don Quichotte’’, les ‘’Nouvelles exemplaires’’ représentent le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès. Le cadre conventionnel de la nouvelle italienne se brisa, même dans les nouvelles du premier groupe, pour atteindre un équilibre esthétique intérieur qui ne dépend plus de règIes apparentes et fixes. Cervantès partait de la tradition pour cueillir, au-delà de toute convention, les aspects de cette humanité qui s'agitait sur les places et dans les rues de l'Espagne de son temps. Il arriva à ce résultat par l'emploi de procédés esthétiques entièrement nouveaux, dont il était l'initiateur : grâce à un dialogue serré et vif, le récit progresse, sans une faille, traduisant fidèlement l'évolution psychologique des personnages ; il n’y a point de notations qui ne soient déduites, et toujours avec bonheur, de la situation elle-même ; la peinture est sobre, juste, le style, brillant et précis ; la vie se reflète dans ses aspects multiples tour à tour tragique et comique ; dans certains récits où s'affrontent les instincts élémentaires de la vie, et qui comptent parmi les meilleurs, on assiste à la naissance d'une poésie brutale et cependant jamais vulgaire car, si rien n'échappe au regard pénétrant de l'auteur, rien non plus qui ne soit évoqué avec amertume : constamment se dessine ce sourire ironique, légèrement résigné, et somme toute bienveillant, où s'exprime un amour malheureux mais attentif des humains.

Le recueil eut sept éditions du vivant de Cervantès.

Généralement, les éditeurs y incluent :

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‘’La tia fingida’’

‘’La fausse tante’’


Nouvelle
Claudia de Astudillo y Quinones est une brave femme qui n'a rien trouvé de mieux pour s'assurer de confortables gains que de se servir de la jeune et pure Esperanza comme d'un appât propre à retenir les galants. Deux étudiants de Salamanque vont mordre à l'hameçon, quand un de leurs amis plus à la page, don Félix, parvient à s'introduire dans la maison et écoute les conseils donnés par la tante à sa prétendue nièce. Trahi par une toux inopportune, le jeune homme est découvert par dona Claudia. Un grand tumulte nocturne s'ensuit, qui ne prend fin que par l'intervention de la police et l'arrestation des deux femmes. Les deux étudiants, ayant appris la fraude et ne voulant pas rester dupes, soustraient Esperanza à la police. Mais l'un d'eux, séduit par le charme de la fausse nièce, se met d'accord avec son camarade et l’épouse.
Commentaire
La nouvelle a été découverte en 1788 dans un manuscrit contenant les versions expurgées du ‘’Jaloux d’Estrémadure’’ et de ‘’Rinconete et Cortadillo’’. Les critiques y ont décelé des passages entiers des ‘’Ragionamenti’’ de l'Arétin et, de ce fait, contestent à Cervantès la paternité de ‘’La fausse tante’’. On oublie que de semblables procédés furent utilisés pour d'autres œuvres du grand écrivain et, si cette objection est la seule qui soit élevée pour douter de l'attribution de cette nouvelle à Cervantès, on peut conclure de façon affirmative à cause des indéniables caractéristiques du style.

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On inclut aussi parfois dans le recueil les nouvelles intercalées dans ‘’Don Quichotte’’ dont ‘’El curioso impertinente’’, ‘’Le curieux extravagant’’.

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‘’El viaje del Parnasso’’

(1614)


‘’Le voyage au Parnasse’’
Poème
C’est, inspirée de l’Italien C. Caporali, une épopée burlesque en huit chants de tercets, la plus longue des compositions poétiques de Cervantès où il rapporte, sur un ton burlesque, son ascension du mont Parnasse et sa comparution devant Apollon et les Muses, un plaisant périple, quelque peu satirique, dans la république des lettres, en compagnie d'une foule de rimailleurs, contemporains auxquels il rend hommage, tout en revendiquant sa place parmi eux. Ce n'est toutefois qu'un rêve au terme duquel il retrouve son lugubre logis.

«Rare inventeur […] Moi qui, par l’invention, les dépasse tous…» y dit-il de lui-même, se montrant donc convaincu qu’il possédait une formidable imagination qui « atteint les choses les plus imposibles. » C’est probablement son texte le plus intime, puisqu'il s'y livre totalement, sur le ton de la confession, en affirmant son idéal stoïque. Apollon apparaît, qui lui conseille, pour mettre fin à tout débat entre lui et sa fortune, un geste populaire, superbement espagnol :



«Toi-même t'es forgé ton aventure...
Mais si tu veux sortir de ta querelle,
Plie ta ta cape et assieds-toi dessus.»

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‘’Ocho comedias y ocho entremeses’’

(1615)


‘’Huit comédies et huit intermèdes’’
Recueil de pièces de théâtre
Il réunit toute la production des dernières années de Cervantès qui, dans le prologue, esquissa une rapide synthèse du théâtre espagnol depuis les origines jusqu’à son temps, se plaçant, avec un réel esprit critique, entre Lope de Rueda et Lope de Vega. Il se vantait d’avoir écrit vingt à trente comédies qui toutes avaient été représentées, d'avoir réduit le nombre des actes de cinq à trois et d’avoir introduit dans ses comédies des « figures morales », c’est-à-dire des personnages alllégoriques. Puis vint « le grand prodige de la nature », Lope de Vega, qui « s'empara du royaume de la scène » : Cervantès qui, dans la première partie (1605) de ‘’Don Quichotte’’, s'était moqué, par la bouche du chanoine, des extravagances des comédies à la mode (« Choses qui n'ont ni queue ni tête »), montrait qu’il avait subi son influence. Jugeant bon de se justifier quand il s'écartait par trop des règles classiques, il accepta ses innovations, tout comme celui-ci avait accepté la leçon moqueuse de ‘’Don Quichotte’’.

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‘’El gallardo Espanol’’

‘’Le vaillant Espagnol’’


Comédie
Un soldat espagnol, don Fernando de Saavédra, provoqué par un Maure jaloux de sa réputation, abandonne, malgré les avis de son commandant, la cité assiégée et passe sous un faux nom dans le camp ennemi. Là, il est rejoint par une femme éprise de lui qui, travestie en homme, l'a cherché par toute l'Espagne et l'Italie, et par le frère de cette femme qui est à la recherche de sa sœur. Fernando, sans se dévoiler, accompagne l'armée ennemie sous les murs de la cité. Mais, au moment de l'assaut, il se retourne inopinément contre les infidèles et défend seul les remparts.
Commentaire
C’est une comédie sur un thème de roman de chevalerie inspirée par le voyage de Cervantès à Oran en 1581. Elle est colorée et fort habile, son sujet étant essentiellement romanesque. Elle présente quelques-uns des motifs les plus personnels de Cervantès : l'amour pour l'atmosphère mauresque qui allait reparaître dans d'autres comédies et la prédilection pour les traits épiques.

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‘’La casa de los celos’’

‘’Le palais de la jalousie’’


Comédie
Bernardo del Carpio, «caballero español», est disposé à aider Marphise et à défier Roland. Il doit attendre Roncevaux pour le vaincre. Mais, ramené par la Castille à la raison, il abandonne ce projet fantastique où il ne gagnera rien.
Commentaire
Pour traiter cette version espagnole de l’épopée de Roland, Cervantès s’essaya à la comédie de magie dans la veine de l’Arioste. Sa pièce se ressent aussi de l'exemple du Lope de Vega le plus grandiose (celui, par exemple, de ‘’Las pobrezas de Reinaldos’’). Les trois actes sont pleins de la beauté fulgurante d'Angélique suivie des rivaux Roland et Renaud, parmi les enchantements de Malagigi, à l'ombre de la barbe fleurie du grand Charlemagne. Combats, enchantements, pastorales, se succèdent comme dans une lanterne magique actionnée par l'imagination d'un Arioste qui serait privé d'ironie et de vigueur.

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‘’Los baños de Argel’’

(1580)


Les bagnes d’Alger”
Comédie en trois actes et en vers
La pièce est faite d’une suite de tableaux colorés, sans aucune véritable unité dramatique, montrant la vie des esclaves chrétiens à Alger, des épisodes dramatiques alternant avec des épisodes romantiques ou grotesquement réalistes. La meilleure intrigue est celle qui raconte les vicissitudes de Zahara, jeune Arabe qui s’est secrètement convertie au christianisme. On voit aussi deux époux esclaves, Fernand et Constance, qui sont dans l’obligation de répondre favorablement à la passion qu’éprouvent leurs maîtres pour eux : ils doivent ruser pour éviter de fâcher l’épouse de l’un ou encore feindre de satisfaire les goûts de l’autre pour la jeune captive qu’ils aiment et cherchent à faire évader avec eux. Les femmes usent de leurs charmes et de leur ruse pour berner les maris. On assiste à la célébration de Noël parmi les prisonniers : ils représentent un mystère sacré de Lope de Rueda. Une jeune chrétienne qui ne veut pas abjurer subit le martyre. La comédie se termine par la fuite générale de tous les esclaves chrétiens.
Commentaire
De sa triste expérience de captif à Alger, Cervantès chercha à tirer profit sur le plan littéraire du moins. Il avait déjà traité le sujet dans la pièce ‘’La vie à Alger’’, dans l’histoire nouvelle du «captif» insérée dans ‘’Don Quichotte’’, dans la nouvelle ‘’L'amant généreux’’ des ‘’Nouvelles exemplaires’’, dans la pièce ‘’Le vaillant Espagnol’’. Quelques épisodes furent tirés de la ‘’Silva’’ de Pedro Mexia. La comédie est d'un genre tout personnel : la «comedia de caulivü», indépendante de tout plan et presque sans armature théâtrale, composée d’une série de scènes disposées comme autant de tableaux à l'aspect épisodique et non reliés par une véritable action, sur un rythme très libre. Toutefois les thèmes mis en conflit et le dynamisme des dénouements donnent des effets dramatiques très puissants. Elle fut certainement l'une des meilleures et des plus originales que Cervantès ait écrites.

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‘’El rufián dichoso’’

‘’Le truand béatifié’’


Drame en trois actes en vers
Au premier acte, à Séville, Cristobal de Lugo, mauvais sujet, spadassin brutal, mène une vie dissolue et, avec son serviteur, Lagartijo, exerce une véritable domination sur la population crapuleuse de la ville, jusqu'à ce que la bonté naturelle de son cœur se rebelle devant le mal et qu'il fasse échouer le rapt prévu d'une femme, en avertissant son mari.

Le second acte se passe à Mexico, et nous montre l'ancien truand et son acolyte sous le froc des dominicains, respectivement devenus fray Cristobal de la Cruz et fray Antonio. Une pécheresse impénitente, Ana de Trevino, sur le point de mourir, refuse de se confesser. Fray Cristobal se rend auprès d'elle, parvient à l'émouvoir et, pour la sauver, offre ses propres sacrifices à Dieu et prend à son compte ses fautes.

Le troisième acte nous montre la pénitence de fray Cristobal, qui expie les péchés d'Ana en souffrant tous les maux dans son corps et les plus insidieuses tentations dans son âme, jusqu'à ce qu'il meure saintement, assisté du prieur et de tous les frères, sauvé par sa dévotion aux âmes du Purgatoire et à la récitation du rosaire.
Commentaire
Cette bizarre pièce dévote appartient au genre de la «comedia de santos », de la comédie hagiographique, qui avait été remis à l’honneur par les dominicains puis par le concile de Trente. Cet unique drame de caractère religieux de tout le théâtre de Cervantès lui permit de donner une nouvelle preuve de son originalité. L'argument était tiré de l'’’Histoire de la fondation de l'ordre des frères prêcheurs à Santiago du Mexique’’ (1596), de fray Agustin de Davila Padilla, où était rapportée la vie de fray Cristobal de la Cruz (dans le siècle Cristobal de Lugo) qui passa de l'existence picaresque à l'héroïsme chrétien, gagnant à Dieu, au prix de ses mérites, une pécheresse impénitente.

Le drame se développe graduellement, bien que le premier acte, avec les prouesses de Lugo, l'atmosphère pleine de mouvement et de bonne humeur, le tableau coloré et dramatique qui rappelle les tableaux picaresques de ‘’Rinconete et Cortadillo’’, ait un relief psychologique qu'on ne retrouve pas dans les deux autres qui, toutefois, par l’élévation du dialogue entre Cristobal et dona Ana, par la pénitence et la mort glorieuse du saint, sont brûlants de mysticisme et sont le point culminant du drame.

Malgré ses inégalités, ‘’Le truand béatifié’’ demeure l'un des plus beaux drames de Cervantès et l'un de ceux qui eurent le plus d'influence sur le théâtre espagnol, ouvrant la voie à Lope de Vega (‘’El prodigio de Etiopia’’ ou ‘’La fianza satisfecha’’), à Amescua pour son ‘’Esclave du démon’’, à Tirso de Molina pour ‘’Le damné par manque de foi’’, à Calderon pour ‘’La dévotion à la Croix’’ et ‘’Le purgatoire de saint Patrice’’.

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‘’La gran sultana’’

La grande sultane

(1615)
Comédie en trois actes et en vers
L'Andalouse Catalina de Oviedo, enfermée dans le harem du Grand Turc, parvient, grâce à sa beauté, à conserver sa religion chrétienne et même à adoucir le sort de ses compagnons d'esclavage.
Commentaire
L'intrigue est tirée d'un fait historique que Cervantès traita avec beaucoup de fantaisie. Mais il montra sa connaissance des coutumes de la cour du Grand Turc, prodiguant tous ses dons pour peindre la vie du sérail, revenant au monde pittoresque et passionné des ‘’Bagnes d'Alger’’. Nul mieux que lui ne pouvait traiter ces sujets où les protagonistes frôlent toujours la mort pour rester fidèles à leur foi.

Mais, comme toutes ses comédies, elle est plus riche d'invention que de perfection. On sent trop à la lecture les efforts faits par l’écrivain pour se tailler un chemin dans un domaine qui n'est pas le sien. Tous les personnages, à commencer par l'héroïne, sont conventionnels. Par ailleurs, l'action cherche à s'appuyer sur le comique, mais le jeu des intrigues amoureuses, le parallélisme entre les motifs pathétiques et leurs contrastes grotesques sont trop poussés. C'est pourquoi plus d'un critique considère “La grande sultane” comme une comédie burlesque.

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‘’El laberinto de amor’’

‘’Le Labyrinthe d'amour’’

Comédie
Commentaire
De caractère épique, c’est une des comédies les plus extérieures et extravagantes du recueil. D'atmosphère italienne, elle développe le thème de l'innocence calomniée et défendue par un paladin inconnu, motif traditionnel de la littérature médiévale (voir ‘’Lohengrin’’) que Cervantès a pu trouver dans le chant V du ‘’Roland furieux’’ de l'Arioste. Il s’est complu à embrouiller l'intrigue à l'extrême pour mieux étonner le spectateur par son dénouement à effet.

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‘’La comedia entretenida’’

‘’La comédie amusante’’


Comédie
Cardenio, étudiant pauvre et loqueteux, aspire à la main de la riche Marcela dont le frère est épris d'une autre Marcela, en laquelle il trouve à la fois le nom et la ressemblance de sa sœur qui croit donc que son propre frère est amoureux d’elle. Elle doit épouser un de ses cousins qui voyage au Pérou. Sur le conseil d'un serviteur, Cardenio se présente sous le nom du Péruvien et s'installe chez Marcela avec son valet, Torrente, accumulant les gaffes verbales et de conduite. Mais voici que le véritable cousin arrive. Cardenio et Torrente sont délogés. Mais le cousin ne pourra pas épouser Marcela car la dispense de mariage pour cousinage proche vient d’être refusée, et Marcela, vexée, refuse tout engagement. Ainsi personne ne se marie : ni la dame, ni sa suivante car personne ne veut d’elle, ni la servante coquette qui, après avoir refusé le valet grossier, est méprisée par le page pour ses excès de ruses.
Commentaire
Cervantès développa, avec beaucoup de souplesse et d'intuition théâtrale, un motif de « commedia dell'arte », une série d’imbroglios ménagée entre les valets, les maîtres, les dames homonymes. La structure est traditionnelle, et s'organise autour du classique parallélisme des amours des maîtres et de ceux des serviteurs. Mais les notations psychologiques donnent à la pièce un fond ambigu et inquiétant qu'adoucissent quelques passages lyriques (comme par exemple cette belle et célèbre «endecha» : «triste de las mozas / a quien trajo el Cielo / por casas ajenas / a servir a duenas... !») ; tandis que la rivalité des serviteurs et leur jalousie sont décrites avec un humour plein d'entrain. Cervantès aimait à surprendre son public et il y réussit car nous restons en haleine, et il conclut ironiquement la comédie sans la terminer par la traditionnelle scène de noces, comme il était d'usage dans le théâtre de Lope.

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‘’Pedro de Urdemalas’’
Comédie en trois actes et en vers
Un chiromancien a prédit à Pedro de Urdemalas qu'il serait un jour moine, pape, empereur et roi. Pedro, qu’un obscur besoin pousse à se transformer de mille manières, à vivre la vie dans ses formes les plus variées, attend bien entendu la réalisation de ces prophéties. Au premier acte, il est à la fois le domestique et le confident d'un noble provincial, rustique et grotesque maire de village qui vit dans l'oisiveté, et nous le voyons mener à bonne fin, grâce à son habileté, diverses intrigues amoureuses entre les filles de son maître et leurs soupirants. Au second acte, il s'éprend d'une gitane, la jeune et charmante Belica, et se fait bohémien pour lui complaire. Pour obtenir sa main, il a besoin d'argent ; il en soutire à une veuve avaricieuse, mais fort dévote, en se faisant passer pour une âme du Purgatoire venue quêter sur terre au nom des âmes affligées. Or Belica, qui rêve aussi d'être princesse et reine, découvre à la fin qu'elle est de souche royale ; son père la reconnaît et elle montera les marches du trône. Pedro doit se résoudre à prendre un nouvel état, celui de comédien. Non seulement c'est un métier qui est bien dans ses moyens, mais il permet aussi l'accomplissement de la prophétie : en embrassant le métier d'acteur, il sera donc, au moins en illusion, pape, empereur et roi, car « le métier d'acteur / embrasse tous les états ».
Commentaire
Pedro de Urdemalas était un personnage folklorique déjà présent dans l’anonyme récit du ‘’Voyage en Turquie’’ (autour de 1555), un Arlequin qui joue avec le destin des personnages et les détrousse autant qu’il le peut, une sorte de « picaro », ce personnage habituel du roman espagnol. Aventureux, la malice même, à la fois noble et cynique, rompu à tous les métiers, Pedro est presque une image du peuple qui, des couches les plus modestes («Yo soy hijo de la piedra / que padre no conoci»), se lance dans la vie pour en jouir de toutes les manières. Don Quichotte à l'envers, il se résigne à rêver sa vie alors que « le chevalier à la triste figure » ne pouvait vivre que dans le songe.

La pièce, à mi-chemin entre la comédie d’intrigue et l’intermède, est tout à fait typique de l'esprit de Cervantès avec ses traits picaresques et la profondeur du thème psychologique. Constituée de trois tableautins, elle tire surtout sa valeur de son mouvement et de sa couleur, de la richesse de ses éléments poétiques et de la puissance de suggestion des personnages.

Une intrigue plus nourrie et moins embrouillée aurait certainement fait du personnage une des plus grandes créations de Cervantès.

Deux thèmes chers à l'auteur en constituent les éléments fondamentaux :

- la satire de la justice populaire (l’ingénuité du maire de village qui tire du sac à malices de Pedro les sentences qu’il doit rendre est critiquée avec verve) qu'on retrouve dans ‘’L'élection des alcades de Draganzo’’, dans l’épisode où Sancho est gouverneur de Barataria (deuxième partie de ‘’Don Quichotte’’) ;

- la peinture de la vie aventureuse des gitans, comme dans la nouvelle intitulée ‘’La petite gitane’’.

Sont dénoncés aussi la vanité et l’égoïsme de Belica qui, élevée chez les gitans, les dédaigne lorsque sa filiation princière est reconnue et qu’elle est l’objet des assiduités du roi.

Les critiques sont d'accord pour estimer que cette comédie est une des meilleures qu'ait écrites Cervantès.

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‘’El juez de los divorcios’’

‘’Le juge des divorces’’

Intermède
Devant un juge comparaissent quelques couples mal assortis : un vieillard qui a épousé une jeune femme, Mariana ; une dame, dona Guiomar, et son mari, soldat fainéant ; un chirurgien avec sa femme, Aldonza Minjaca ; un commissionnaire qui a épousé pour la sauver une femme de mauvaise vie. Ces couples, après s'être jeté réciproquement tous leurs torts à la face, demandent une sentence de divorce. Mais le juge, tout en trouvant graves les dissentiments des prévenus, repousse leur requête pour manque de preuves. Les plaignants sortis, entre une compagnie de musiciens qui invitent le juge à participer à la fête qui se donne pour la réconciliation d'un couple, et tous de chanter la ritournelle qui est un peu la morale de la fable : «Mieux vaut le pire des accords / que le meilleur des divorces

Commentaire

Cette pièce en prose offre une satire sociale pleine d'un humour authentique.

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‘’El rufián viudo’’

‘’Le rufian veuf’’

Intermède
Trampagos, un souteneur, a perdu sa précieuse compagne. Aux amis qui lui expriment leurs condoléances, il énumère grotesquement les vertus de la morte. Mais tous le consolent et l'invitent à se choisir une nouvelle compagne parmi les prostituées disponibles sur la place. Les concurrentes se bousculent et se querellent, mais le choix est vite fait et l'intermède se termine par une gaie beuverie.
Commentaire
Cet intermède en vers retrace avec un réalisme poussé et un grand charme verbal les mœurs et le langage caractéristiques de la mauvaise vie. C'est un tableau animé et pittoresque, d'un réalisme presque forcé, que l'auteur semble opposer avec un sourire aux travestissements raffinés de la comédie chevaleresque.

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‘’La elección de los alcaldes de Daganzo’’

‘’L'élection des alcades de Draganzo’’



Intermède
À Draganzo, on doit élire deux alcades. Devant les magistrats chargés de l'élection, se présentent quatre candidats qui vantent leurs mérites respectifs. L'un est analphabète, mais connaît bien quatre oraisons qu'il récite quatre à cinq fois la semaine. L’autre sait tirer à l'arc d'une façon merveilleuse. Le troisième est un inimitable connaisseur de vins. Le quatrième a une mémoire prodigieuse. L'arrivée d'une troupe de gitans laisse l'élection en suspens. Un sacristain proteste alors contre le manque de sérieux de l'assemblée et celle-ci punit l'ingérence du pouvoir religieux dans les choses publiques en faisant sauter le pauvre sacristain dans une couverture.
Commentaire
Cet intermède en vers est une plaisante satire de la magistrature.

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‘’La guarda cuidadosa’’

(1611)


‘’Le gardien vigilant’’

Intermède

La fille de cuisine Cristina est courtisée par un sacristain riche et par un soldat bravache et sans le sou. Ce dernier, par jalousie, se met à monter la garde à l’entrée de la maison des patrons de Cristina. Il en éloigne, bon gré mal gré, par la menace ou la douceur, tous les visiteurs de sexe masculin et va jusqu’à barrer la porte au maître de la maison. Survient le sacristain accompagné d’un sien collègue et un combat terrible s’engage en l’honneur de la fille de cuisine. L’intervention d’une belle comtesse arrange les choses et la farce prend fin sur une promesse de mariage échangée entre Cristina et le sacristain.



Commentaire

Cet intermède, qui est en prose, est également un tableau de mœurs. On a pu y voir une burlesque querelle entre les lettres et les armes. Des huit, c’est le plus théâtral et le plus riche en humour. L’intrigue se déroule ici sans entraves jusqu’à la fin. Le type du soldat est tracé avec une maîtrise étonnante.

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‘’El vizcaíno fingido’’

‘’Le faux Biscaïen’’

Intermède

Solorzano, à l'aide de deux colliers faux et avec la complicité d'un ami qui prétend être de Biscaye, parvient à tromper et à voler une courtisane, se faisant de plus inviter à dîner.



Commentaire
Cet intermède en prose traite avec vivacité un thème bien ordinaire.

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‘’El retablo de las maravillas’’

‘’Le tableau des merveilles’’


Intermède
Chanfalla, le montreur de marionnettes, et sa compagne, Chirinos, ont constaté qu'on gagne davantage à duper son prochain qu'à montrer des marionnettes. Ils arrivent dans un village avec une enfant qu’ils ont volée et qui exprime son désespoir par la complainte du violoncelle. Cette musique d’une tristesse immense déplaît fortement aux notables que sont le préfet Rémy, le sous-préfet et le capitaine Crampe. Ces derniers acceptent d’assister au spectacle que leur propose Chanfalla, à condition que l’enfant ne joue pas de son instrument. Chanfalla et Chirinos, au lieu du spectacle habituel, prétendent représenter une scène magique dont les personnages ne doivent être visibles qu'aux spectateurs n'ayant pas d'ascendants juifs et qui sont fils légitimes. C’est dans un climat de révolte que la présentation se prépare. Le paysan, le tailleur de pierres et la mendiante font comprendre aux autorités qu’ils n’impressionnent plus le peuple. Le spectacle a lieu, mais les spectateurs ne voient rien. Cependant, pour sauver leur dignité, ils feignent de voir les scènes et les figures que suggèrent les deux charlatans : les exploits de Samson, la fuite d'un taureau furieux, une invasion de rats, etc. Finalement, un soldat entre dans la salle pour demander aux autorités du pays de lui fournir des logements pour une troupe de militaires ; et, comme il n'est pas prévenu, il ne voit rien sur le théâtre des merveilles. Tous les assistants le regardent alors avec un air de compassion, le tenant pour un bâtard ou un converti ; et cela amène une bataille entre lui et les villageois.
Commentaire
L’intermède est tiré d'un des apologues (le XXIIe) du ‘’Comte Lucanor’’ de Juan Mannel. C’est une fine satire des conventions sociales qui trouve ses effets les plus heureux dans l'enthousiasme des spectateurs à voir ce qui ne se voit point, dans leurs commentaires à haute voix et les doutes qu'ils formulent à voix basse. C’est le plus réussi de ces tableautins populaires. Quinones de Benavente imita cette farce dans un intermède du même titre, mais resta très en-dessous de son modèle quant à la richesse de l'esprit, le réalisme des personnages, la bonne humeur de la satire.

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‘’La cueva de Salamanca’’

‘’La caverne de Salamanque’’



Intermède
Leonarda, femme de Pancrazio, après avec de faux soupirs déploré le départ de son mari, donne rendez-vous à son amant et à celui de sa servante, Cristina. À la petite bande de jouisseurs se joint Carraolano, un étudiant qui avait demandé asile pour la nuit. Au moment où les convives vont se mettre à table, Pancrazio, qui a eu un accident de voiture, revient inopinément chez lui. Les deux galants se cachent dans les corbeilles contenant les victuailles, mais Carraolano, découvert et aussitôt pardonné, pour permettre aux deux autres de réapparaître avec les vivres, feint d'être expert dans l'art magique qu'il aurait appris dans la fameuse cave de Salamanque. Pour donner une preuve de son habileté, il déclare qu'il évoquera deux diables, lesquels assumeront pour la circonstance l'aspect du sacristain et du barbier du pays.
Commentaire
Cet intermède en prose, dans sa malice qui rappelle Boccace, est l'un des plus parfaits. Il fut très souvent imité et Calderon en tira une comédie.

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‘’El viejo celoso’’

‘’Le vieillard jaloux’’



Intermède

Le vieux Canizares est jaloux de sa jeune femme, Lorenza, de la façon la plus grotesque, au point que non seulement il exclut les hommes de chez lui, mais ne veut même pas de figures masculines sur les tapisseries qui ornent sa maison. Moins stupide, au contraire, est sa peur des voisines qu'il juge des instruments de perdition. En effet, l'une d'entre elles, Hortigosa, s'est mise en tête de faire le bonheur d'un de ses protégés aux dépens de Canizares. Par un expédient assez hardi, elle parvient à ce que le galant retrouve Lorenza, à quelques pas de la chambre où elle-même s'entretient avec le mari.


Commentaire
Cet intermède en prose est une réplique de la nouvelle ‘’Le jaloux d'Estramadure’’ traduite à la manière de Boccace. Grillparzer le considérait comme une des farces les plus hardies qui aient été mises au théâtre. Mais le rire de Cervantès n'a rien de vulgaire et parvient à transfigurer les situations les plus scabreuses.

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On attribue également à Cervantès d’autres intermèdes :

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‘’Los dos habladores’’

‘’Les deux bavards’’


Intermède
Un « picaro », soldat fanfaron et bavard, ayant appris qu'un cavalier a payé un coup d'épée d'une pénalité de deux cents écus, lui propose de recevoir de lui un autre coup d'épée pour le quart de cette somme. Il l'assourdit par un tel flot de paroles que le cavalier l'emmène chez lui afin de le présenter à sa femme, incorrigible bavarde elle aussi, pour qu'elle se corrige enfin en voyant le défaut de l'autre.
Commentaire
Par leur vivacité, ‘’Les deux bavards’’ pourraient être de Cervantès.

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‘’La carcel de Sevilla’’

‘’La prison de Séville’’


Intermède

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‘’El hospital de los podridos’’

‘’L'hôpital des pourris’’


Intermède

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‘’El entremes de los romances’’

‘’Intermède de romances’’


Intermède
Le paysan Bartolo, à force de lire le ‘’Romancero", devient fou et se met à imiter les personnages qui y figurent, devenant un chevalier ridicule, armé de carton et monté sur un cheval de bois.
Commentaire
Bartolo serait l’ancêtre de don Quichotte et l'intermède serait la source du roman. Mais il n'est sans doute pas de Cervantès.

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Commentaire sur le recueil
Si Cervantès n'avait écrit que les huit comédies, il n'eût été rien de plus qu'un dramaturge de second ordre de l'époque de Lope de Vega. Mais c'est dans les ‘’Huit Intermèdes’’ que son génie trouva son expression la plus typique car il était un tempérament plus porté à créer un genre spécial qu'à répéter les formes à la mode. Sur le modèle du « paso» créé par Lope de Rueda, il a créé un genre nouveau, d'un réalisme bien équilibré. Dans ces petits tableaux pleins de saveur, de vivacité et de gaieté triomphent son originale observation de la vie et son humour débonnaire et expansif.

Il y déploya ses étonnantes qualités d'observateur et atteignit une originalité qui rappelle les meilleures ‘’Nouvelles exemplaires’’ où se trouvaient déjà certains thèmes qu’il y a traités. La vieille farce de Lope de Rueda devint plus légère, plus vivante, les caractères sortirent de l'anonymat, les figures physiques et morales prirent un sens réaliste et l'humour, sous la déformation caricaturale, laissa transparaître un sentiment de mélancolique sympathie, transfiguré en un rire franc, sans gaieté équivoque.

Les ‘’Intermèdes’’ sont autant de critiques sociales sur les mariages mal assortis, la duplicité des femmes, la naïveté des vieillards qui épousent des tendrons, la crédulité devant le faux savoir ou la sorcellerie, la bêtise vaniteuse des paysans vieux chrétiens qui gobent tout ce qu’un va-nu-pieds leur raconte.

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En 1615, Cervantès publia la seconde partie de ‘’Don Quichotte’’ où, après avoir prononcé la condamnation des romans de chevalerie, cette grande âme pure gardait encore sa naïveté, et revenait une dernière fois aux illusions qui avaient été si puissantes.

«Déjà le pied à l'étrier», c’est-à-dire prêt à partir pour son dernier voyage, Cervantès écrivit son tout dernier ouvrage qui fut un roman de chevalerie, pareil à ceux qu'il avait tant moqués, et peut-être meilleur encore que les plus fascinants d'entre eux :

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Los trabajos de Persiles y Sigismunda, historia septentrional

(posthume, janvier 1617)

Les travaux de Persilès et de Sigismonde”
Roman en quatre volumes
Persilès, prince de Thulé, et Sigismonde, fille du roi de Frise, partent ensemble pour fuir l’amour impur car non partagé du frère aîné de Persilès, Magsimino, pour Sigismonde. Ils sont séparés par les hasards de la mer. Ils se retrouvent sous les noms de Périandre (le compagnon-frère) et Auristela (l’étoile d’or inaccessible). Elle est l’objet de l’amour du prince de Danemark, qui l’a rachetée de l’esclavage des Barbares. Or elle déclare avoir fait vœu d’aller à Rome pour y parfaire sa foi, avant de décider de son avenir, et Périandre, son pseudo-frère, l’y accompagne pour la protéger des dangers. Sur fond de corsaires, de dragons, de jalousies, de rivalités amoureuses, de batailles, ils passent à travers le Portugal, la France et l'Italie, jusqu’à Rome pour obtenir du pape la légitimation de leur amour qui sort pur et inchangé des pires épreuves et des plus terribles aventures.

Tel est l’argument principal sur lequel se greffe l’intervention de divers personnages rencontrés aux étapes volontaires ou involontaires du voyage sur mer puis par voie de terre. Si tous les chemins mènent à Rome, tous ne l’atteignent pas, car tel n’est pas leur désir ; et ceux qui y parviennent, n’y trouvent pas le même salut ni aussi facilement, car les voies du destin ou de la providence sont imprévisibles. Les chastes amours de Périandre et d’Auristela doivent résister aux dangers de la beauté même d’Auristela, aux désirs du prince de Danemark, à la vindicte d’une courtisane éprise de Périandre et qui cherche à faire périr Auristela par la magie d’une sorcière juive, ce qui mène Périandre à l’article de la mort. Enfin, il faut résister au droit d’aînesse de Magsimino qui, toujours malade d’amour pour Sigismonde, en meurt, ce qui permet au prince Persilès et à la princesse – d’abord tentée de prendre le voile –, de s’unir par les liens sacrés du mariage, au grand dam de tous ses autres admirateurs, dont le duc de Nemours qui, ébloui par un portrait d’Auristela, cherche à trouver l’original . Mais les voies du mariage commencent par une longue ascèse. Et le retour voit donc unis ceux qui se sont eux-mêmes éprouvés et résolus.


Commentaire
Avec cette traditionnelle histoire du couple d'amants soumis par le sort aux péripéties et aux malheurs les plus inattendus jusqu'à ce qu'ils puissent s'unir définitivement, Cervantès avait donc donné un remarquable exemple du roman de chevalerie qu’il avait pourtant ridiculisé dans ‘’Don Quichotte’’. D’ailleurs, le prologue, d’une tristesse déchirante, est la transcription à la première personne de la fin de “Don Quichotte”.

Le sous-titre, «histoire septentrionale», convient mieux aux deux premiers volumes qui se passent sur les brumeuses plages nordiques que voyageurs et écrivains du temps se représentaient, avec l'ardente imagination du XVIIe siècle, comme l'«ultime Thulé» fantastique et mystérieuse. Cervantès se sert de ce monde merveilleux et fabuleux comme d'une toile de fond pour ce modèle du genre épique en prose, genre que le curé de don Quichotte opposait aux extravagances des romans de chevalerie, écrits sans art et sans règles. Art et règles signifient, pour Cervantès, littérature classique. Déjà, dans le prologue des “Nouvelles exemplaires”, il avait déclaré implicitement vouloir rivaliser avec Héliodore dont le roman ‘’Théagène et Chariclée’’ ou “Les Éthiopiques” (IIIe siècle après J.C.) fut, au XVIIe siècle, considéré comme le modèle du classicisme, et la critique a signalé les analogies de situations entre les deux œuvres, Cervantès procédant à une modernisation en conférant au couple toutes les vertus poétiques et chrétiennes et en substituant au lumineux monde méditerranéen la ténébreuse atmosphère septentrionale.

Au septentrion, les personnages étaient barbares et mus pour d’aucuns par la cupidité et la concupiscence. En avançant vers le sud, sous le vernis de la morale chrétienne, la barbarie des sentiments et des désirs affleure malgré tout. Enfin, à Rome, la vie libre et débauchée côtoie les austérités monastiques.

Le roman a un plan compliqué, étant soumis aux constants rebondissements de l'intrigue et une multitude d’épisodes secondaires se greffant sur le récit du long voyage. Cela permit à Cervantès de se livrer à toute sa fantaisie et d'abandonner ses héros et les personnages secondaires que le hasard mettait sur leur route à la mystérieuse influence d'un destin aveugle. Dans les deux premières parties, il ne se soucia nullement de vraisemblance historique : les rencontres qu'il leur ménagea s'accumulent avec la plus libre fantaisie ; naufrages, enlèvements, séparations, prodiges, les mille et une aventures et les épisodes qui enrichissent la trame s'insèrent dans le cours du récit principal, sans en troubler le développement. Dans les deux dernières parties, il chercha, pour les aventures de ses deux chastes amoureux, un décor plus varié en se servant d'un monde qu'il connaissait mieux, et retrouva alors ses dons d'ironique observateur de la réalité humaine.

Avec ce récital de procédés romanesques, Cervantès esquissait une réflexion sur son art.

Quant à la méditation sur la vie humaine, si le roman propose un parcours initiatique et rédempteur, multiple et discordant, il reste très énigmatique en matière de religion, et a souvent été lu comme un paradigme de la Réforme catholique et de la dévotion post-tridentine.

Ce retour aux chimères, constamment contredit par une réalité implacable, correspondait au drame de l’Espagne décadente et à celui de Cervantès lui-même.

On peut aussi lire le roman comme un voyage initiatique vers la connaissance du christianisme civilisateur et des progrès des héros dans la pureté de leurs sentiments. Auristela-Segismunda est l’étoile qui guide les égarés vers Rome ; étoile Polaire qui voyage pour atteindre sa vérité, source symbolique de la perfection, elle attire tout à elle.

Cervantès considérait comme son chef-d'œuvre cette dernière œuvre où, après avoir montré la contradiction entre le cœur et le bon sens, le premier l’emportait finalement.

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Le 19 août 1616, Cervantès signa la dédicace des ‘’Travaux de Persilès et de Sigismonde’’ au duc de Lemos : «Hier, je reçus l’extrême-onction et aujourd’hui je rédige cette épître : les moments sont brefs, l’anxiété s’accroît, l’espoir tombe et, pourtant, ma vie ne se soutient que par le désir que j’éprouve de vivre…». Après avoir prononcé ses vœux pour entrer dans le Tiers Ordre de saint François (il avait abandonné la congrégation du Très Saint Sacrement, trop mondaine à son gré) et alors qu’il avait encore des ouvrages en préparation, il prononça ces derniers mots : «Adieu grâces de l’esprit ! adieu plaisanteries ! adieu mes joyeux amis ; je m’en vais mourir avec le désir de vous retrouver bientôt, contents, dans l’autre vie», et il s'éteignit, sa femme à son chevet, le 23 avril 1616, le même jour que Shakespeare (mais, en fait, l'Angleterre et l'Espagne de cette époque n'obéissaient pas au même calendrier, et les deux géants ont dû mourir à dix jours d’intervalle !)
Au cours d’années d'apprentissage, d'aventures, de travaux, de peines et d'épreuves, Cervantès fut formé par la lecture aussi bien que par l’expérience et la souffrance combinées.

Homme d’un courage et d’une abnégation exceptionnels, il eut une vie qu’entourent encore de nombreuses zones d’ombre, mais qui fut en soi un roman d’aventures : pendant dix ans, il fut soldat, acteur obscur d'une épopée glorieuse, puis un malheureux forçat. La guerre et la captivité auraient pu lui permettre d’exercer sa vocation héroïque, ouvrir sur un grand destin. Mais il est retombé dans sa condition d'individu malchanceux, ayant maille à partir avec les autorités, de pauvre hère, de « picaro » qui pratiqua les bas-fonds (dont il savait les mœurs et les codes, dont il entendait l'argot), de littérateur sans succès, de fonctionnaire à histoires. Par conséquent, ses généreuses ambitions durent se réduire en chimères. Et sa raison, d'accord avec sa rebutante expérience, reconnut leur vanité. À la fin de sa vie, c'est-à-dire à la fin de l'expérience et à l'heure du bilan, il exprima son désappointement et fit la critique de ses trop naïves illusions.

Homme de grande culture, il connaissait aussi bien les écrivains de son époque, espagnols ou italiens, que ceux de l’Antiquité classique. Il accueillit les idées les plus représentatives de son époque, la Renaissance dont les canons esthétiques enrichirent son style mais sans brider sa liberté de créer des mondes où la littérature et la vie se confondent.

Poète, dramaturge, nouvelliste, romancier, il se plut à transgresser les conventions, à inventer de nouvelles formes, à tendre à ses contemporains des miroirs sans concessions. Cependant, appartenant à l'espèce des génies tardifs, il se contenta d’écrire de la littérature, montrant toutefois ainsi pour cet art un goût indéniable et n’a fait paraître la première partie de ‘’Don Quichotte’’ qu’à l'âge de cinquante-sept ans, huit ans s'écoulant encore avant que commence la publication des autres chefs-d'œuvre, dont la seconde partie de ‘’Don Quichotte’’, et qu’ils ne se précipitent dans un court délai de trois ans jusqu'à sa mort. Lorsque ses dernières années virent éclore son génie, il fut l'un des plus grands écrivains qui aient jamais été, l'écrivain par excellence, l'écrivain non pas né pour écrire (puisque tel n'a pas été le cas), mais fait pour écrire et qui répondit à cette détermination par un style armé de toutes les perfections de l'art d'écrire : la propriété des termes, le nombre, l'harmonie, une souveraine aisance, une rayonnante chaleur de poésie et d'humanité, un accent, un ton d'une incomparable noblesse.

Son drame intime fut le heurt du réalisme et de l’imagination, d’une réalité effroyablement dure, celle de la première société moderne avec sa morale férocement terrestre, et d’un acharnement à retourner aux chimères. Témoin lucide d'un temps de doutes et de crise, il se fit l'interprète, très personnel, d'une Espagne observée par lui à un tournant de son histoire, entre le Moyen Âge et son régime féodal qui s’écroulaient et l'âge moderne qui se formait avec la concentration monarchique, la notion d'État et la politique de puissance. Les fables, les amours idéales, les chevaleries, les héroïsmes des âges révolus, et même certains thèmes encore en usage comme le thème pastoral ou celui des amours moresques, tout cela, dans la nouveauté de l’accablante ère moderne, ne pouvait plus apparaître que sous forme de regret et de nostalgie. Un grand déchirement avait ouvert ses yeux à la connaissance, amère et indéniable, de la toute-puissance du réel. Il exprima ce déchirement par un sentiment de farouche et hautaine acceptation et, en même temps, par du regret, de la mélancolie et de l'ironie. Ne pouvant plus réaliser l'héroïsme dans sa vie, il l'imagina dans son œuvre. Et, par conséquent, sur le plan de l'ironie et comme une rêverie insensée, don Quichotte le pratiqua dans un univers fantasmagorique, substitué, par un décret de l'imagination, à l'univers réel du premier siècle des temps modernes.

Il fut donc d’une part un grand réaliste, qui excella à représenter les paysages, les objets, toute la vie d'un lieu et d'un moment, les circonstances, la nature, à peindre les êtres humains, leur présence corporelle, leur caractère et leurs moeurs, à les faire parler, chacun de ses personnages, noble ou gueux, duègne ou fille d'auberge, même des chiens, se qualifiant par son langage, selon son état et sa nature. Il savait que chaque groupe social a son langage, conforme aux règles de ce groupe, que le langage du gentilhomme est la formule courtoise et humaine et que le langage du peuple est le proverbe, fleur de sagesse, somme des connaissances que procurent les travaux des champs.

Mais son implacable esprit réaliste fut combattu par son tempérament de héros frustré, imbu de chimères et tourné vers les fables du passé. D'où une formidable imagination, toujours disponible, fertile, infatigable, dont il était profondément conscient et dont il se vantait, qu’il loua d'atteindre «les choses les plus impossibles». Par un suprême degré d'ironie, il admettait comme allant de soi le monde imaginaire de tel ou tel de ses personnages, même quand c’était un fou comme don Quichotte. Manifestant un profond besoin de s’approprier le domaine du rêve, de l’imagination, de l’inconnu, il montra ainsi les limites de la froide raison et la force de l’instinct, découvrit la face cachée de la conscience humaine.

Cette réduction de l’imagination par le réalisme lui inspira non pas la résignation, mais une robuste et sarcastique acceptation, le stoïcisme étant une philosophie très espagnole. Et il resta animé par la bonté, l'amour pour les choses, pour les bêtes, pour la nature et pour l'être humain ; non pas la pitié, mais bien l'amour véritablement évangélique et les très humains sentiments de la justice, de la dignité humaine, de la liberté, choses très hautes et dont l'âme singulière de don Quichotte s'étonne qu'on les puisse offenser.



Une telle personnalité et une telle œuvre font que Cervantès a suscité maints mythes et, aujourd’hui, les nombeuses études historiques, littéraires, esthétiques, sociales, philosophiques qui lui sont consacrées, constituent toute une science qu’on apppelle le cervantisme.

André Durand
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