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André Durand présente Miguel de cervantèS y Saavedra (Espagne) (1547-1616) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées


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La senora Cornelia”

‘’Cornélia’’


Nouvelle de 47 pages
Juan de Gamboa et Antonio de lsunza, fils de familles illustres, se rendent à Bologne pour y terminer leurs études. Une nuit, Juan s'entend appeler par une servante qui lui remet un paquet contenant un nouveau-né. Il l'emporte chez lui pour le confier à quelqu'un et repart demander des explications. Mais une nouvelle aventure l'attend : il lui faut aller au secours d'un jeune homme assailli par des gens armés. De retour chez lui, il a une troisième surprise : son compagnon, Antonio, a rencontré entre-temps sur sa route une jeune femme d'une grande beauté qui se lamentait à propos d'un duel et qui s’est réfugiée chez lui : c'est Cornélia Bentibolli, qui fournit l'explication de la triple énigme. Elle a été séduite, sous une promesse de mariage, par le duc de Ferrare, et l'enfant qui a été confié par erreur à Juan est son propre fils qui, cette nuit même, devait être emmené à Ferrarre. L'inconnu que Juan a sauvé est le duc lui-même, et ses agresseurs sont les hommes d'armes du frère de Cornélia qui voulait laver dans le sang la honte de sa famille. Les amants devraient se retrouver en sûreté mais la gouvernante des Espagnols crée une dernière péripétie. Cependant, grâce à eux et à la générosité du chef de la maison d'Este, l'aventure se termine de façon «exemplaire».

Commentaire
Sous les dehors d'une intrigue artificielle, se fait jour un réalisme de bon aloi.

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Rinconete y Cortadillo”

Rinconete et Cortadillo”


Nouvelle de 47 pages
Sur la route qui va de Castille en Andalousie, deux jeunes vagabonds (ou «picaros»), futés et en rupture de ban, Pedro del Rincon et Diego Cortado, se rencontrent à la porte d'une taverne. D'un seul coup d'œil, ils se reconnaissent du même acabit : échangeant avec une gravité tout espagnole leur nom et qualités (tricheur l'un, chapardeur l'autre), ils décident de devenir amis et scellent leur alliance en dépouillant un imprudent muletier qui se laisse entraîner à faire le troisième dans leur partie de cartes. Sans soupçonner la véritable profession de ses deux partenaires, le muletier voudrait leur reprendre son argent, mais les deux larrons n'hésitent pas à se servir de leurs armes. Ayant trouvé place dans une diligence qui se rend à Séville, pour n'en pas perdre l'habitude, ils font main basse sur une valise appartenant à un Français voyageant en leur compagnie. Arrivés à Séville, après une brève enquête judiciaire, ils deviennent commissionnaires et Cortado inaugure son nouveau métier en volant la bourse d'un sacristain. Mais un autre garçon qui a observé la scène, Petit-Crochet, les avertit que, pour voler sur la place de Séville, il faut s'inscrire sur les registres de la société secrète des ruffians de Séville qui est dirigée par le senor Monipodio. Accompagnés de Petit-Crochet, qui les instruit des rites et des statuts de l'honorable association (dont il énumère les ramifications parmi les policiers, les prostituées, les voleurs, les hommes de main, les mendiants et les clercs), les deux vauriens se présentent à Monipodio. Celui-ci, après les avoir examinés, les accueille dans la confrérie sous les noms de Rinconete et de Cortadillo, leur attribue un territoire et les exempte du noviciat réglementaire. Tandis que se célèbre l'admission des deux nouvelles recrues, un policier vient réclamer la bourse du sacristain : Cortadillo la lui remet, ce qui lui vaut de la part de Monipodio l'appellation de « bon ». Puis les deux gredins participent au dîner offert par les dames à leurs souteneurs, dîner interrompu par l'arrivée de la prostituée Cariharta qui vient se plaindre des mauvais traitements que lui fait subir l'entremetteur Repolido. Monipodio promet de faire justice, tandis que les femmes présentes se complaisent à rappeler à la prostituée les preuves d'affection que lui a données son ami. Mais voici Repolido en personne : vexé par l'attitude narquoise de ses « confrères », il s'apprête à provoquer une bagarre générale, lorsque Cariharta accourt se réfugier dans ses bras. Les querelleurs apaisés, Monipodio congédie tout ce beau monde et, après avoir donné sa bénédiction à chacun, convoque toute la bande pour le dimanche suivant.
Commentaire
Cette nouvelle, composée probablement en 1601-1602, est une vision dramatique des bouges de Séville où l'action disparaît au profit d'une attention accrue portée à la réalité. C’est un tableau picaresque où Cervantès révéla pleinement son sens prodigieux de la couleur, le don merveilleux qu'il possédait de donner du relief à la plus humble réalité pour la rendre poétique. Les personnages sont tracés, les types individualisés avec une richesse d'accent et une grande profondeur psychologique. L'auteur, dont le sourire semble émaner d'une conscience qui observe et se garde bien de juger, ne put cacher sa sympathie pour les loqueteux et les humbles, pour cette sordide réalité si opposée aux florissants paradis des fantaisies chevaleresques et pastorales. Mais c'est une sympathie entachée d'ironie qui, si elle ne va pas jusqu'à défigurer les personnages, leur confère une physionomie quelque peu caricaturale, leur donne une étrange résonance psychologique, une amère gaieté. Il s’est complu à souligner avec ironie les difformités d'un monde qui a perdu toute loi morale et n'a plus d'autre base que l'instinct, qui a transformé la religion en superstition et l'honneur en préjugé. Certes, cette hypocrisie trouve sa condamnation dans l'effarement des deux héros en face du spectacle des voleurs récitant le rosaire, chacun son tour toutes les semaines, ne volant pas le vendredi et s'abstenant le samedi de toute conversation avec les femmes portant le nom de Marie. La vie de vagabonds et d'escrocs que mènent Rinconete et Cortadillo n'est pas sans agir sur leur âme. Le moment approche où la bonté native de leur cœur reprendra le dessus.

C’est l'une des meilleures ‘’Nouvelles exemplaires’’.

On en connaît une seconde version avec quelques variantes qui ne portent que sur la forme, trouvée dans un manuscrit appartenant au cardinal Nino de Guevara.

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‘’El amante liberal’’

L'amant généreux”


Nouvelle de 59 pages
Au XVIIe siècle, à Trapani, en Sicile, Ricardo aime Léonisa et se désespère parce que la jeune fille, elle, aime Cornélio. Fou de jalousie, il assaille son rival sous les yeux de la belle. Mais une horde de pirates turcs, débarqués à l'improviste, interrompt la rixe et capture Ricardo et Léonisa. Il offre vainement une forte somme pour le rachat de la jeune fille. Tandis que les galères turques font voile vers Tripoli, une tempête les surprend et elles font naufrage. Ricardo croit alors avoir perdu Léonisa. Mais il la retrouve sitôt débarqué à Chypre où ils sont tous deux esclaves du même maître. Celui-ci s'éprend d'elle, tandis que sa femme s'éprend de Ricardo. Les deux esclaves sont chacun de son côté invités à persuader l'autre de céder aux instances de leurs maîtres. Cependant Ricardo, à l'aide de Mahamud, un ami de Palerme qui s'est fait musulman, réussit à échapper aux intrigues de harem et, après de périlleuses aventures, parvient à ramener Léonisa dans sa patrie. «Amant généreux», il lui laisse la liberté de lui préférer Cornélio. Mais elle lui offre son amour.
Commentaire
La nouvelle fut inspirée d'éléments mauresques déjà mis à contribution dans la comédie des ‘’Bagnes d'Alger’’ et l'’’Histoire du Captif’’ qui fut insérée dans ‘’Don Quichotte’’. Elle est la plus faible du recueil, le récit s'établissant sur des motifs conventionnels et les personnages n'ayant aucune consistance et aucun caractère particulier.

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Las dos doncellas”

‘’Les deux jeunes filles’’


Nouvelle de 42 pages
Théodosia, séduite par Marco-Antonio Adorno, se travestit en homme et part à sa recherche. En chemin, elle se voit contrainte de partager la chambre d'un jeune homme auquel elle se confie mais qui, heureusement, se trouve être son frère, Rafael, qui se joint à elle. Alors que tous deux se dirigent vers Barcelone où ils savent que Marco-Antonio va s'embarquer pour l'Italie, ils rencontrent un groupe de voyageurs qui ont été détroussés par des voleurs. Parmi eux, se trouve la jeune Léocadie ; travestie elle aussi en homme, elle est, tout comme Théodosia, à la recherche de Marco-Antonio qui l'a leurrée de fausses promesses. On retrouve le trompeur dans le port de Barcelone, où il participe à une violente rixe dont il sort gravement blessé. Guéri, il épouse Théodosia, et Léocadie se console avec Rafael. Au retour d'un pélerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, les deux couples rencontrent deux cavaliers en train de se battre. Ce sont les pères de Marco-Antonio et de Théodosia ; l'arrivée de Ieurs enfants réconcilie les adversaires et tout finit dans la joie générale.


Commentaire
Cervantès y développa le sujet, emprunté à des contes italiens, de la jeune fille abandonnée qui court à la recherche de son amant infidèle. La mythologie sentimentale de la nouvelle est éloignée de la réalité dans son thème chevaleresque. Les actions des personnages n'ont aucun rapport avec la psychologie et n'ont pour but que de donner une apparence de vie individuelle à des types anonymes.

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‘’El licenciado vidriera’’

Le licencié de verre”


Nouvelle de 31 pages
Tomas Rodaja, pauvre diable recueilli par deux étudiants de bonne famille, fréquente avec eux l’université de Salamanque où il se distingue par son amour du savoir. Mais, poussé par le goût de l’aventure, il abandonne ses études et, s’étant enrôlé dans un «tercio», se rend en Italie avec un certain don Diego, puis revient poursuivre ses études. Une prostituée tombe amoureuse de lui et veut même l'épouser. Devant son refus, elle lui fait prendre un philtre amoureux. Resté longtemps entre la vie et la mort, il en demeure quelque peu bizarre : il se croit tout entier fait de verre. Sa vie en est bouleversée car, de crainte que son corps ne se brise, il vit dans les meules de foin, évite les tuiles qui peuvent le briser, ne permet à personne de s'approcher de lui. Son étrange folie l’a fait surnommer « le licencié de verre ». Mais sa compagnie est recherchée car il émet des remarques profondes, des sentences amères, sur les sujets qu’on lui propose. Enfin, un moine le guérit et il plaide alors au tribunal. Mais les gens, qui naguère s’intéressaient à sa folie, ne portent plus la moindre attention à l’homme raisonnable qu’il est redevenu. Ne trouvant pas d'emploi, pour gagner son pain, il est contraint de s’enrôler comme soldat et part en Flandres où il meurt.
Commentaire
La nouvelle, composée soit en 1604, soit en 1606 (suivant les critiques), marque un des sommets de l'art narratif de Cervantès. Elle est certainement, après ’’Don Quichotte’’, ce qu’il a écrit de plus original et de plus profond. Cependant, on a fait remarquer que cette nouvelle semble n'avoir été écrite, et le personnage du licencié n'avoir été créé, que pour lui permettre, suivant la mode du temps, de rassembler une série d'aphorismes qui n'acquièrent cependant de valeur que dans la bouche du héros, une sorte de Don Quichotte dont la folie n'est pas engendrée par la lecture des romans de chevalerie, mais est l'œuvre d'une femme amoureuse. Car les vérités de la pure intelligence, dites simplement, deviennent offensantes quand elles sont prononcées par un esprit sain.

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‘’EL celoso extremeno’’

Le jaloux d'Estrémadure”


Nouvelle de 43 pages
Un gentilhomme originaire d'Estrémadure, Felipe de Carrizales, part pour l'Amérique après une jeunesse passée dans la gêne. Il y amasse une immense fortune et rentre en Espagne lorsqu'il a presque soixante-dix ans et s’établit à Séville. Après avoir longuement réfléchi sur l’emploi de son capital, il choisit le parti le plus mauvais : épouser une toute jeune fille innocente mais très belle, Leonora. Il lui assure une riche dot et dépense de grandes sommes pour construire une maison où, pour la soustraire à la vue des galants et ne pas être trompé, il fait murer portes et fenêtres, la transformant en forteresse inaccessible. Cependant, le galant Loaysa, informé de la beauté de la prisonnière, tombe amoureux d’elle et, voulant à tout prix atteindre son but, imagine une supercherie. Il échange ses vêtements contre ceux d'un mendiant, trompe le gardien et réussit enfin à s'installer dans la maison. Par son art de guitariste, il attire bientôt l'attention de Leonora. Un somnifère administré au mari jaloux et la complicité de la duègne Marialonso permettent à Loaysa de passer une nuit entière avec Leonora, laquelle pourtant se défend ferme contre son séducteur car, si elle est inexpérimentée, elle est fidèle. Le lendemain matin, en s'éveillant, le malheureux vieillard trouve son épouse entre les bras du galant. Elle a beau jurer que rien ne s'est passé, il est pris d'un désespoir que les assurances de Leonora ne réussissent pas à dissiper. Il est si jaloux qu’après avoir pris des dispositions testamentaires qui démontrent une véritable grandeur d'âme, il trépasse en bénissant et aimant celle qui lui a fait du mal. Mais Leonora, au lieu d'épouser Loaysa, se repent du péché qu'elle a commis et s'enferme dans un couvent.
Commentaire
Dans cette nouvelle, écrite vers 1606, Cervantès fit montre d'une grande liberté d'inspiration : - l’intrigue, qui se déroule d'un si ferme et implacable mouvement, échappe au romanesque pour entrer dans le domaine du quotidien, sans perdre le moins du monde son caractère « exemplaire » ;

- la supercherie de Loaysa est narrée avec habileté et fait ressortir chez lui tant d'obstination qu'on pourrait la définir comme une sorte d'héroïsme dans le mal ;

- le récit fut conduit en dehors de tout schéma préconçu alors que thème du jaloux était partout traité selon des poncifs. Cervantès le développa avec tout son contenu de pathétique humain, car, en réalité, son jaloux s'aime lui-même plutôt que sa femme, et son égoïsme est sévèrement puni car la tragique réalité l’en arrache et il reconnaît son erreur. Mais, comme don Quichotte, il ne peut survivre à la ruine de ses illusions Avec celui-ci, avec Canizares (protagoniste de l'intermède ‘’Le vieillard jaloux’’) et avec « le licencié de verre » (dans la nouvelle qui porte ce nom), il appartient au groupe des grands maniaques créés par le génie de Cervantès. Ce ne sont pas seulement des déséquilibrés, mais des êtres qui sont animés par ce que la poésie a d'éternel.

La nouvelle ne le cède en rien aux ouvrages que notre temps a produits sur le même sujet, de connivence avec les recherches de la psychologie des profondeurs.

Dans la seconde rédaction de cette nouvelle, expurgée celle-là, Cervantès fit en sorte que l'adultère ne soit pas consommé ; néanmoins, il n'a pu s'empêcher de jeter sur l'ensemble de son récit le voile d'une ironie délicate où s'exprime toute la désillusion du moraliste.

Ce thème étant l’un des plus vivants de la littérature espagnole, ses prolongements à l'époque moderne se retrouvent jusque dans ‘’Le oui des jeunes filles’’ de Leandro Fermindez de Moratin.

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La Espanola inglesa”

‘’L’Espagnole anglaise’’


Nouvelle de 46 pages
Le corsaire Clotald, pendant le sac de Cadix, enlève une enfant espagnole, lsabelle, et la conduit en Angleterre où il l'élève en même temps que son fils, Ricared. En grandissant, les deux enfants en viennent à s'aimer et, comme Clotald, en secret, est catholique, rien ne devrait s'opposer à leur union. Mais la reine, ayant appris que Clotald s'est emparé d'un «butin» qu'elle juge sien, lui ordonne d'amener la jeune fille à la Cour. Ayant pris lsabelle en affection, elle décide de ne la donner à Ricared que si celui-ci se distingue dans une expédition de corsaire. Le sort vient en aide au jeune homme : nommé commandant à bord d'un navire, il réussit à enlever aux pirates algériens un galion sur lequel voyagent les parents d'Isabelle. Il les ramène à la Cour où ils retrouvent leur fille. Mais Arnest, fils d'une puissante dame de la Cour, s'est épris entre-temps de celle-ci et, pour se venger, lui administre un poison qui flétrit sa beauté. Ricared, fidèle à son amour, entend épouser sa bien-aimée, fût-elle laide. Mais, comme ses parents voudraient lui donner une jeune Écossaise pour fiancée, il part pour Rome sous le prétexte de demander au pape de le délier du serment qu'il a fait à Isabelle. Celle-ci, retournée en Espagne avec ses parents, l'attend fidèlement. Au bout de deux ans, elle apprend par une lettre d'Angleterre que Ricared a été victime d'un attentat machiné par Arnest. Bien qu'elle ait recouvré sa beauté, elle décide de se faire religieuse. Mais tandis qu'elle se rend solennellement au couvent où elle entend finir ses jours, Ricared apparaît et tout finit par un mariage.
Commentaire
La nouvelle aurait pour antécédents un sonnet sur l’attaque anglaise de Cadix en 1596, puis un autre sur le catafalque dressé le 24 avril 1598 pour la mort de Philippe II à Séville. Mais les amours de la jeune fille et son temps de séjour en Angleterre indiquent une rédaction autour de 1612. Elle réussit à réaliser son rêve d’amour.

Triomphe dans la nouvelle ce goût pour les intrigues compliquées et baroques qu'on trouve dans la production espagnole de l'époque. Cervantès y relata sa capture par les pirates turcs.

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La illustre fregona”

‘’L’illustre servante’’


Nouvelle de 62 pages
Deux jeunes galants, rejetons de noble famille, don Tomas de Avendano et don Diego de Carriazo, au lieu de rejoindre Salamanque pour y faire leurs études, préférant l’aventure, s’en vont mener à leur guise une existence picaresque, hors de la règle commune. Ils s’arrêtent dans une auberge de Tolède où se trouve une jolie et pudique fille de cuisine, Costanza. Avenado, dès le premier coup d’œil, tombe éperdument amoureux d’elle. Pour être plus près de sa bien-aimée, il se place comme palefrenier à l’auberge, tandis que Carriazo, pour ne pas le quitter, s’achète un âne et se fait vendeur d'eau. L'aubergiste raconte qu'elle est la fille qu'une noble dame, violée dans son sommeil par un visiteur, qui l’a eue dans l'auberge, qu’ils ont recueillie quand sa mère est morte et qu'on devait venir chercher. C'est ce qui arrive : deux chevaliers se présentent dont l'un est le père de Carriazo et de Costanza, l'autre celui du timide Avendaño à qui, sans lui demander son avis, supposé favorable (mais qui s’en soucie? insinue Cervantès) on fait épouser l’illustre servante.
Commentaire
Cette nouvelle, composée entre 1597 et 1603, qui présente un mélange d'éléments romanesques et d'éléments réalistes (détail amusant, les noms d’Avendaño et de Carriazo figurent bien comme étudiants dans les registres de l’université de Salamanque, où passa Cervantès, de 1581 et 1584), où se découvre une brillante origine et qui, comme il fallait s’y attendre, se termine le mieux du monde par un mariage, est analogue à ‘’La petite gitane’’ et on peut la considérer comme une reprise dans un sens plus réaliste. D’autre part, elle a beaucoup de points communs avec ‘’Rinconete et Cortadillo’’ où Cervantès a également dépeint de nombreuses scènes de la vie des bas-quartiers.

Une des scènes les plus savoureuses est celle où Carriazo perd son âne au jeu, quartier par quartier : il réussit à le récupérer en faisant valoir que la queue de la bête ne fait pas partie du dernier quartier, constituant ainsi un nouvel enjeu qui lui permet de regagner le tout.

L’auteur dramatique José de Canizares (1676-1750) en a tiré une comédie, ‘’La mas illustre fregona’’ (‘’La plus illustre des servantes’’).

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‘’La fuera de la sangre’’

La force du sang”


Nouvelle de 23 pages
À Tolède, Léocadie a été violée par Rodolphe, un débauché. Un fils naît de ce crime, Louis. Beau, sain et intelligent, passant pour le cousin de Léocadie, il est élevé chez des grands-parents. Il a sept ans quand, devant la maison même où sa mère a subi l'outrage, il est renversé dans la rue par un cavalier et se voit grièvement blessé. D'une fenêtre, celui qui est son grand-père sans le savoir a vu l'accident et a reconnu dans les traits du petit blessé les traits de son propre fils qui est au loin. Aussitôt, il accueille l'enfant dans sa maison. Léocadie reconnaît le lit sur lequel elle a été violée et révèle alors son secret. Rodolphe, qu'appellent ses parents, doit réparer sa faute et l'épouser.
Analyse
Intérêt de l’action
De la tragédie du début (contée avec beaucoup de vivacité), on va vers une issue heureuse après être passé par un autre grand malheur qui, lui aussi, s'est retourné en rencontre heureuse. Le récit a donc un côté providentiel, le hasard jouant un rôle favorable dans cette histoire un peu trop «arrangée avec le gars des vues» (comme on dit au Québec) : c'est presque une invitation à se faire violer pour risquer de rencontrer l'homme de sa vie !

Le découpage ne se fait qu'en paragraphes. En ce qui concerne la chronologie, il faut remarquer le saut de sept ans. La focalisation se fait sur Léocadie puis sur Louis et revient à Léocadie et Rodolphe.


Intérêt littéraire
Le lexique est marqué par l'ancienneté du texte, le traducteur rendant les formes archaïques espagnoles par des formes archaïques françaises : «canoniser des sottises» - «un transport libertin» - «au pouvoir du religieux» - «donné les enseignes» - «à quelles enseignes elle avait reconnu» - «camériste» - «tenir à bonheur le malheur de leur fille» - «pansement» [action de panser] - «je ne vous entends point»- «arrêter un mariage» - «les extrêmes de la galanterie» - «un appartement» [pour une pièce] - «porter mon malheur en patience» - «valets et servantes, gens plus inconsidérés» - «les larmes s'augmentaient» - «une honnête violence».

En ce qui concerne le style, on remarque :

- des métaphores : «les deux escadrons : les brebis et les loups» (pour les faibles et les nméchants) - «la lumière de l'intelligence» - «le plus riche bijou de Léocadie» (sa virginité) - «la sépulture de l'honneur» - «un nouveau cours à sa passion» - «les dépouilles que tu as emportées de moi sont celles que tu pouvais emporter d'un tronc d'arbre» - «le théâtre où s'était jouée la tragédie de son infortune» - «sous l'aile de ses parents» - «la tombe de son sépulcre» (le lit) - «Dieu donne la plaie mais aussi la médecine» - «sans gauchir porter le joug» [du mariage !] - «le plus bel échantillon d'elle-même» ;

- des hypallages : «entrailles sans pitié» ;

- des hyperboles : «aveugles privés des yeux de leur fille qui étaient la lumière des leurs» - «ciel fermé» - «lumière des yeux» - «quelque être céleste, quelque ange descendu sur terre» - «s'arrachaient la barbe et les cheveux» ;

- des litotes : «essayer de nouveau ses forces» ;

- des antithèses : «à la fois cruel et compatissant» ;

- des formules parallèles : «en me rappelant mon offense, me rappeler mon offenseur» - «délier la langue, la lier» ;

- une liaison habile : «leur donna de quoi pleurer bien des années. Vingt-deux environ pouvait en avoir un jeune gentilhomme...» ;

- une prétérition : «qu'une autre plume, qu'un esprit plus délicat que le mien se charge de peindre...» [ce que Cervantès peint lui-même !]).
Intérêt documentaire
Cervantès fait d'abord l'éloge de Tolède et de son site magnifique, le Tage tournant autour du rocher où se trouve la ville et son célèbre alcazar.

Il évoque les conditions de la vie quotidienne : les vêtements, les parures, les maisons et leur ameublement, le voyage par galères et par la poste (c'est-à-dire un système de voitures et de chevaux dont on change à intervalles réguliers), les classes sociales : celle de la famille de Rodolphe (dont le nom serait faux pour ne pas porter ombrage à une famille connue, mais ça pourrait être un artifice pour faire croire à la réalité de l'aventure) et celle de la famille de Léocadie (son père est un pauvre hidalgo) tandis que les «valets et les servantes sont des gens inconsidérés», le culte de l'honneur qui est d'abord celui des gentilshommes et celui du peuple espagnol en général («une once de déshonneur public fait plus de mal que dix livres d'infamie secrète») ; l’importance de la religion («le véritable déshonneur est dans le péché»), la soumission à la volonté de Dieu («attendre ce que Dieu ferait du blessé») et de là le mariage.


Intérêt psychologique
Rodolphe est le personnage intéressant. Il est, comme le souligne Cervantès, victime du laxisme de ses parents («grande imprudence des parents»), il devient ainsi, à la façon du don Juan de Molière, un «grand seigneur méchant homme» ; il est très vite épris («sa volonté est subjuguée») ; il cède à la pulsion du sexe qui conduit au mariage forcé avec sa victime qui, à peine violée, sait faire face à son agresseur et lui poser des conditions. Il a une revendication d'union du plaisir avec le mariage, une exigence de beauté chez son épouse.
Intérêt philosophique
La nouvelle permet de constater l'importance de la religion à l’époque. Elle révèle une conception de l'amour qui fait que la rigueur morale, qui est montrée ailleurs dans le texte, s'envole soudain quand la violée fond entre les bras de son violeur.

Finalement, une apologie est faite de l'impulsion sensuelle de Rodolphe, comme s'il savait que cette femme était vraiment la femme de sa vie et qu'il avait eu raison d'y aller rondement avec elle. Voilà que la validité du mariage tiendrait à «la volonté des contractants» (ce qui est évidemment vrai mais pas toujours reconnu, surtout à cette époque). D'ailleurs, l'auteur semble accepter ici le machisme, admettre comme allant de soi la violence masculine. Ne dit-il pas que «la compassion et la miséricorde sont aussi naturelles [à la femme] que la dureté chez l'homme». Le titre n’aurait-il pas un double sens? «La force du sang», c'est évidemment, celle des gènes de Rodolphe qui se sont retrouvés chez Louis, mais aussi la force de son désir qui s'est trouvée reconnue par tout le monde, même par monsieur le curé, la religion n’étant qu’un conformisme qu'on affiche hypocritement (il y a plein de maximes dans le texte), une contrainte dont la société se sert quand elle fait son affaire !

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