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Devoir surveille n°1 français ecrit – 1L/ES/s mardi 08 octobre 2013 – 2 heures Aucun document et aucune question autorisés


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DEVOIR SURVEILLE n°1 FRANÇAIS ECRIT – 1L/ES/S

Mardi 08 octobre 2013 – 2 heures

Aucun document et aucune question autorisés.
Objet d’étude : Le personnage de roman, du XVII° à nos jours
Corpus
Texte A : Marguerite Duras, L’Amant, 1984.

Texte B : Jean Echenoz, Je m’en vais, 1999.

Texte C : Eric Chevillard, Au plafond, 1997.

Texte A : Marguerite Duras, L’Amant, Editions de Minuit, 1984.


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A bord du ferry qui transporte les passagers de l’autre côté du fleuve à Saigon et qui la ramène vers son pensionnat, la jeune fille de 16 ans, héroïne de ce roman autobiographique, est abordée par un jeune Chinois.
L’homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d’homme et aux chaussures d’or. Il vient vers elle lentement. C’est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d’abord. Tout d’abord il lui offre une cigarette.

Sa main tremble. Il y a cette différence de race, il n’est pas blanc, il doit la surmonter, c’est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu’elle ne fume pas, non merci. Elle ne dit rien d’autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille. Alors il a moins peur. Alors il lui dit qu’il croit rêver. Elle ne répond pas. Ce n’est pas la peine qu’elle réponde, que répondrait-elle. Elle attend. Alors il le lui demande : mais d’où venez-vous ? Elle lui dit qu’elle est la fille de l’institutrice de l’école des filles de Sadec. Il réfléchit et puis il dit qu’il a entendu parler de cette dame, sa mère, de son manque de chance avec cette concession1 qu’elle aurait achetée au Cambodge, c’est bien ça n’est-ce pas ? Oui c’est ça.

Il répète que c’est tout à fait extraordinaire de la voir sur ce bac. Si tôt le matin, une jeune fille belle comme elle l’est, vous ne vous rendez pas compte, c’est très inattendu, une jeune fille blanche dans un car indigène.

Il lui dit que le chapeau lui va bien, très bien même, que c’est … original… un chapeau d’homme, pourquoi pas ? elle est si jolie, elle peut tout se permettre.

Elle le regarde. Elle lui demande qui il est. Il dit qu’il revient de Paris où il a fait des études, qu’il habite Sadec lui aussi, justement sur le fleuve, la grande maison avec les grandes terrasses aux balustrades de céramique bleue. Elle lui demande ce qu’il est. Il dit qu’il est chinois, que sa famille vient de la Chine du Nord, de Fou-Chouen. Voulez-vous me permettre de vous ramener chez vous à Saigon ? Elle est d’accord. Il dit au chauffeur de prendre les bagages de la jeune fille dans le car et de les mettre dans l’auto noire.


  1. Terrain accordé aux colons dans les colonies d’Extrême-Orient..


Texte B : Jean Echenoz, Je m’en vais, Editions de Minuit, 1999.


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Félix Ferrer a quitté sa femme et part pour le pôle Nord où il espère découvrir un trésor enfoui dans la banquise. Mais avant son départ, il fait la rencontre de sa voisine.
Ferrer sort de chez lui et sur quoi tombe-t-il donc : le parfum de sa voisine de palier.

Bérangère Eisenmann est une grande fille gaie, très parfumée, vraiment très gaie, vraiment trop parfumée. Le jour où Ferrer l’avait enfin remarquée, en quelques heures l’affaire était enlevée. Elle était passée chez lui prendre un verre, puis on allait sortir dîner, elle avait dit je laisse mon sac ? Il avait dit mais oui, laissez donc votre sac. Puis, le premier enthousiasme passé, Ferrer avait commencé de se méfier : les femmes trop proches posaient des problèmes, à plus forte raison les voisines de palier. Non pas qu’elles fussent trop accessibles, ce qui serait plutôt bien, c’était surtout que lui, Ferrer, devenait beaucoup trop accessible à elles, éventuellement contre son gré. Certes on n’a rien sans rien, certes il faut savoir ce qu’on veut.

Mais surtout, très vite, le problème du parfum allait se poser. Extatics Elixir est un parfum terriblement acide et insistant, qui oscille périlleusement sur la crête entre nard1 et cloaque2, qui vous comble autant qu’il vous agresse, vous excite autant qu’il vous asphyxie. Chaque fois que Bérangère passerait chez lui, Ferrer devrait donc ensuite se laver très longuement. Remède très relativement efficace tant le parfum semblait s’être insinué sous sa peau, donc il changerait les draps, les serviettes de toilette, lancerait directement ses vêtements dans la machine à laver – plutôt que dans la corbeille de linge sale où ils auraient vite fait de contaminer définitivement tout le reste. Il aurait beau aérer très longuement l’appartement à fond, l’odeur mettrait des heures à s’évaporer, d’ailleurs elle ne s’en irait jamais vraiment. D’ailleurs elle serait si puissante qu’il suffirait que Bérangère appelle pour que, véhiculée par les seuls fils du téléphone, elle envahisse à nouveau l’appartement.

Avant de connaître Bérangère Eisenmann, Ferrer ignorait l’existence d’Extatics Elixir. Maintenant, il le respire encore pendant qu’il se dirige vers l’ascenseur sur la pointe des pieds : le parfum passe par le trou de la serrure, les interstices de la porte palière, il le poursuit jusque chez lui. Bien sûr il pourrait suggérer à Bérangère de changer de marque mais il n’ose pas, bien sûr aussi qu’il pourrait lui en offrir un autre mais différents arguments l’en dissuadent, ce serait peut-être un peu trop s’engager, ah non de Dieu, vivement le pôle Nord.



  1. Parfum très odoriférant sous forme d’huile.

  2. Eau croupie





Texte C : Eric Chevillard, Au plafond, Editions de Minuit, 1997.


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Le personnage principal porte en permanence une chaise retournée sur la tête. Les autres se moquent de lui jusqu’au jour où il croise Méline.
C’était un soir, et il est vrai que j’avais beaucoup marché. Je titubais un peu. Je devais avoir l’air fatigué. Elle m’a très aimablement proposé de m’aider à porter ma chaise – est-ce que j’habitais loin ? – , il a fallu que je lui explique. Elle a semblé surprise, mais intéressée. Elle m’a demandé pourquoi.

Je lui ai répondu : Quand les historiens des siècles prochains se pencheront sur notre époque, tout leur apparaîtra avec évidence, l’organisation générale, les grands axes, les tournants, les fractures, les motifs et les fins, les causes de nos errements, l’origine des conflits, le sens du progrès ce qui semblait absurde, incohérent, ils en dégageront la logique implacable, rien ne sera laissé au hasard, les coïncidences qui nous étonnent se donneront à eux pour ce qu’elles sont ; des preuves, les preuves que tout se recoupe et se tient, l’énigme que je représente aujourd’hui sera vite résolue – et comme on pouvait s’y attendre, à ce moment-là, parut un homme portant une chaise retournée sur la tête, voilà ce qu’ils diront, ou : il eût été surprenant, dans ce contexte, que ne parût point un homme portant une chaise retournée sur la tête, ou : ce qui devait arriver arriva, un homme parut qui portait une chaise retournée sur la tête, ou : inutile de dire qu’un homme parut alors qui portait une chaise retournée sur la tête… voilà ce qu’ils diront. Voilà ce que je lui ai répondu. Elle m’écoutait en souriant. Une femme me souriait et ne se moquait pas de moi (deux incisives se chevauchent au milieu de son sourire, mais si légèrement que Méline n’usurperait ni le maillot pailleté ni la gloire d’Angélique Chiarini, de Virginie Kenebel, Ellen Kremzow, Zora Truzzi, Lily Strepetov, May Wirth ou Ella Bradna1, les plus gracieuses écuyères sur cheval blanc de l’histoire de la piste). Elle accepta de m’accompagner jusque chez moi.




  1. Artistes de cirque.






Question

Après avoir lu les trois textes du corpus, vous répondrez à la question suivante :



Comment les textes du corpus renouvellent-ils la scène de la première rencontre ?

Votre réponse doit prendre en compte l’analyse fournie des procédés d’écriture, être illustrée par des références précises aux textes, et être entièrement et correctement rédigée.









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