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Deux voyages en ouroud


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Moussa Ouroud

DEUX VOYAGES EN OUROUD


Бакu – 2009

Az

G 82






Ce livre est publié par le parrainage d'un conseiller d'aide publique aux organisations non gouvernementales auprès du Président de la République azerbaïdjanaise.

Traducteurs : Yousifli Djavanchir

Eyyoubov Allahyar

G Moussa Ouroud



DEUX VOYAGES EN OUROUD

Baku, 2009, 128

L’ouvrage de Musa Urud "Deux voyages en Urud" a un point de vue embrassant les hommes éprouvant la perte de patrie à cause du conflit de l'Arménie-Azerbaïdjan-Nagorni Karabakh conservés sur plus de vingt ans, étant toujours dans l'agenda de discussion de la communauté internationale. L'auteur s'efforce de jeter la lumière sur ce conflit causant des privations à deux peuples a la fois par son propre point de vue désintéressé. Les sentiments de l'auteur, qui est l'un des réfugiés de Iravan surgis dans 18 ans, tout en revenant sur la terre indigène sont exprimés par des compétences inégalées littéraire. La principale conclusion de l'auteur, qui n'a rien trouvé dans sa propre maison, dans les jardins et dans le cimetière qui n'appartiennent qu'à lui et a sa famille pendant le dernière Voyage sur ces terres, c'est qu'un homme ne doit pas être vécu toute discrimination et d'expulsion et il est cruel de tuer d'autres personnes.

ИSBN 978-99152-25-118-7


Gouliyev M., 2009



Vous avez déété dans le village

dUrud? Il s'agit d'un trés beau village.

Hеydar Aliev

LA PATRIE C’EST AUTRE CHOSE
Perdre la Patrie c’est un malheur sans remède, c’est une douleur insupportable. La perte de Patrie est une perte qu’on ne peut jamais indemniser, qu’on ne peut pas alléger en pleurant, qu’on ne peut pas oublier même dans le sommeil, c’est une perte qui t’enlève la quiétude, qui te détruit l’âme et qui te rend inerte. Quand on perd quelqu’un de très proche on pleure, on s’englotte, on s’arrache les cheveux jusqu’à l’enterrement et après on se calme. Après l’enterrement du décédé la période de relaxe émotionnel commence, on commence à s’éloigner de l’événement. Voilà pourquoi on dit : la terre fait oublier le chagrin et toutes les douleurs causées par la perte. Peut être à cause de ça tous les peuples du monde enterrent leurs décédés.

L’homme qui perd sa Patrie devient le plus malheureux et le plus désepéré des êtres humains. Le seul remède à la perte de la Patrie c’est de la retrouver.

On peut vivre sans père et sans mère.

On peut vivre sans sœur et sans frère.

On ne peut pas vivre sans Patrie, mon Dieu !

Pourquoi devient-on déplacé de sa Patrie?

Pourquoi ne peut-on pas mourir à la Patrie, bon Dieu?

Je n’utilise pas cette introduction triste comme un moyen poétique pour renforcer l’effet de mon écriture. Cela fait presque vingt ans que je porte ce fardeau en moi et depuis je cohabite avec ce chagrin. Je parle de mes chagrins parce que je veux m’alléger.

Cela fait déjà vingt ans que j’ai perdu le village d’Ouroud – la Patrie historique de mes ancêtres et depuis je suis devenu déplacé de mon foyer, de ma maison, j’ai perdu les terres où errent maintenant les esprits inquiets de mes grands-parents. Depuis presque vingt ans je ne peux pas trouver la réponse à une question de ma mère qui a à peu près quatre-vingts ans. Elle me demande toujours : «O fils, je ne vois en rêve qu’Ouroud, je n’ai jamais vu en rêve ni Bakou, ni Gandja. Pourquoi?»

Il y a vingt ans que nous avons perdu Ouroud, Zangazour et d’autres lieux d’habitation des azérbaïdjanais. D’abord on a pensé que c’était un rêve, cette perte, on n’y a pas cru. Puis nous avons espéré y revenir bientôt et nous nous sommes consolés d’un retour tôt ou tard. Mais un peu plus tard petit à petit les personnes âgées nous ont quittés pour toujours en se rappelant Ouroud, Zangazour, Goythca, Iravan et nous les avons enterrées dans des cimetières des autres villes et villages. Avec toutes ces pertes on était si malheureux, comme si on avait eu le bras amputé. Petit à petit nous avons commencé à nous présenter aux autruis comme des réfugiés en disant «oui, oui, je suis réfugié».

Le système nerveux humain est formé de façon que toute douleur existante dans n’importe quelle partie de l’organisme puisse créer un foyer dominant dans le centre appartenant à cet organe. Même si on fait amputer des organes malades comme le bras ou le pied on les sent toujours faisant douleur. Cela veut dire on sent toujours la douleur des organes qui sont déjà amputés. Dans la médecine cela s’appelle « douleur fantôme». Cela fait déjà vingt ans que les douleurs de nos terres ne nous quittent pas commes des douleurs fantômes, elles ne nous laissent pas tranquilles même en sommeil.

On dit que «vingt ans c’est une durée de vie humaine pendant laquelle on peut faire beaucoup de choses». Le brave homme qui devrait déjà libérer ces terres occupées en les transformant de nouveau en Patrie et en les cultivant est «né» et est «mort» dans nos rêves. Cela fait vingt ans que ce brave homme de nos rêves est écrasé par les sentiments pessimistes. Cela fait déjà vingt ans que le monde soi-disant «monde civil» et les forces soi-disant «puissances modernes» en même temps que les pays dirigés par les diables essaient de «lier les mains» de l’Azerbaïdjan en le faisant mordre par leur chien de chasse.

Cela me rappelle une histoire: Un jour de printemps le Lion - Roi des forêts se repose sur une colline verte ayant mangé l’antilope - son gibier. Le Chacal qui passe par-là s’approche du Lion en le saluant et lui demande l’autorisation pour manger le reste du gibier. Le Lion ayant bien déjeuné et n’ayant plus faim se repose sous les rayons agréables du Soleil du printemps, demande au Chacal afin d’entendre la confirmation de sa suprématie:


  • Dis-moi, y a-t-il un être animé plus fort que moi dans cette forêt? Regarde, je peux arracher cette chêne, si tu veux, je peux briser cette roche par un coup de poing ou si tu veux je peux rassembler ici tous les habitants de la forêt par un seul cri.

De nouveau le chacal fait des courbettes devant le Lion et dit:

  • Mon Sieur, dans cette forêt il y quelqu’un qui est plus fort que toi. Mais tu peux m’écraser si je prononce son nom maintenant. Permets-moi de lier tes mains et tes pieds par les intestins de l’antilope et seulement après je peux te dire le nom de celui qui est plus fort que toi.

Le Lion tombe accepte. Le Chacal lie bien soildement les mains et les pieds du Lion avec les intestins de l’antilope et attaque le reste de l’antilope après s’être assuré qu les intestins sont bien secs.

Le Lion qui perd sa patience crie :



  • Mais tu n’as pas toujours dit le nom de celui qui est plus fort que moi dans cette forêt.

Le Chacal ayant mangé à son aise le reste du gibier, essuie la bouche en souriant:

  • Celui qui est plus fort que toi dans cette forêt, c’est moi!

Le Lion mis en colère noire, pousse un cri horrible et essaie de libérer les mains et les pieds, mais en vain. Chaque fois qu’il s’efforce les intestins séchés lui coupent les pieds et les bras comme une corde de soie. Le rugissement du Lion en colère prend la forêt. Et le chacal s’éloigne en remuant la queue.

Vers le soir une souris vient près du Lion tout à fait par hasard :



  • O, père Lion, permets moi de te libérer les mains et les pieds.

Le Lion qui a le coeur gros, dit:

  • Comment peux – tu régler un problème que je ne peux pas régler? Va-t-en, ne multiple pas mon chagrin.

La Souris ne veut pas partir et insiste. Le Lion accepte. La Souris attaque les intestins avec ses dents bien aiguёs et libère d’abord les mains et après les pieds du Lion et puis elle s’adresse au Lion:

  • O, père Lion, continue à régner dans notre forêt.

Le Lion à son tour lui répond en soupirant profondément:

  • Non, je ne peux plus rester et régner dans une forêt où les mains et les pieds du Lion sont ficelés par un chacal et libérés par une souris.

Le Lion quitte la forêt pour toujours.

Et qu’est-ce que doit faire le peuple Azerbaïdjanais dont les mains sont ficélées par «les renards»?

Les populations déportées de Derbend, de Bortchali, d’Irévan pourront-elles revenir un jour à leurs foeyrs historiques? Pourront-elles vivre en paix dans leurs foyers si elles y reviennent?

Perdre la Patrie c’est un chagrin inexplicable. Seulement les gens qui ont perdu leur patrie peuvent comprendre ce problème. Quand j’étais enfant je demandais sans fin à mes grands-parents de me raconter des contes. Lorsque mon grand père Ali finissait tous les contes qu’il connaissait il me racontait des histoires réelles intéressantes de leur vie de refugiée à Goubadli et à Zanguilan en 1918-1922. Une fois j’ai demandé à mon grand-père:

Pourquoi n’êtes-vous pas restés en Azerbaïdjan et vous êtes revenus en Arménie?

Mon-grand père a répondu ayant soupiré profondément:



  • O, mon fils, la Patrie c’est une autre chose, tu le comprendras quand tu seras grand, Inshallah!

En 1918 nos grands-pères avaient perdu leurs terres et ils les ont retrouvées après cinq ans. Nous aussi, nous avons perdu ces terres et cela fait déjà vingt ans que nous ne pouvons pas y retourner. Combien de temps va encore durer cette séparation qui a commencé il y a vingt ans, Dieu le sait.

Je suis né, j’ai grandi et vécu jusqu’à la fin de mes études secondaires dans le village d’Ouroud du district de Sissyan où je revenais toujours pendant les vacances d’été quand je travaillais comme médecin à Gandja jusqu’en 1988, un peu plus avant la dévastation du village par les arméniens. Après la déportation des azéris j’y ai été revenu deux fois – première fois en 1988 et deuxième fois en 2006. La première fois j’y suis revenu pour sauver ma mère et ma soeur et la deuxième fois au bout d’une séparation de 18 ans par le grâce du Dieu j’ai pu revenir dans le foyer natal de mes grands-pères resté dans les mains des ennemis.

Je veux vous parler de ces voyages.

PREMIER VOYAGE
Les derniers jours de Zangazour
L’année de 1988 a été la dernière année du vingtième siècle où les Azerbaïdjanais de Zangazour vivaient sur leurs territoires natals. Cette année a été très dure, très pénible, l’année de privation physique et morale. La prétention arménienne pour Karabakh s’est transformée d’abord en rancune et puis en animosité nationale.

Parfois on dit que, le conflit armé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le Haut Karabakh a commencé au mois de fevrier 1988 après l’appel de “Miatsum” des manifestants à Khankendi et est devenu l’un des plus longs conflits du monde entier.

Mais en réalité, les reflexions de ce type ne permettent pas d’éclaircir l’essentiel et le rendent plus compliqué. Le problème est que les manifestations commencées au mois de février 1988 à Khankendi étaient les résultats d’un processus qui avait commencé un sciècle avant et qui était préparé par les hommes politiques, les personnalités publiques, les hommes de lettres arméniens, l’Eglise arménienne et les savants arméniens ayant rejoint ce processus un plus tard et ils considéraient ce processus comme le moment de réalisation de leur plan historique.

Le fait est que malgré le soutien et la protection du Gouvernement Soviétique, en 1920 les arméniens qui prétendaient à Zangazour, à Nakhtchévan et aussi en Haut Karabakh n’ont pu prendre que la partie montagneuse de Zangazour : quatre districts et n’ont pu obtenir que le statut d’autonomie pour le Haut Karabakh. Après cela les arméniens ont plusieurs fois tenté d’occuper les territoires de l’Azerbaïdjan et de les rattacher à l’Arménie.

L’une des tentative de ce genre-là a abouti au rattachement de trois villages du district de Zanguilan de l’Azerbaïdjan – Nuvédi, Ernézir et Tougout au district de Mégri de l’Arménie en 1929.

Une autre tentative a eu lieu en 1943 pendant la Conférence de Téhéran : le diaspora arménien a fait une demande (peut être pas gratuite!) auprès de Molotov et par conséquent Stalin a signé un ordre concernant la déportation des Azerbaïdjanais de la RSS d’Arménie aux certaines régions de la RSS de l’Azerbaïdjan. Suite à cette déportation, 100 milles Azerbaïdjanais vivant sur leurs territoires historiques dans la RSS d’Arménie ont été déportés dans des régions plates de la RSS d’Azerbaïdjan et les arméniens ont pu prendre de grandes régions d’habitation des Azerbaïdjanais y compris la vallée d’Irévan.

La tentative suivante a eu lieu à l’époque de Khrouchov qui était en visite en Arménie et qui avait visité d’abord Irévan et après le lac de Sévan. Au dîner ayant soûlé Khrouchov, les arméniens l’inondent de larmes de crocodile et lui demandent d’aider les arméniens du Haut Karabakh à se rattacher à leur Mère – à l’Arménie. Et Khrouchov les avaient bien chagrinés ayant dit : J’ordonnerai tout de suite de vous fournir de camions et d’autres moyens techniques pour pouvoir transporter en une semaine tous les arméniens du Haut Karabakh en Arménie et comme ça vous vivrez ensemble. Après la réponse de Krouchov les arméniens n’ont plus soulevé cette question pendant longtemps.

En 1965 à l’époque de Brejnev, les arméniens ont célébré solennellement et massivement sur la place d’Opéra à Irévan le 50ième anniversaire du «génocide arménien» soi-disant «qu’ils avaient subi en Turquie». Pour la première fois dans l’histoire du Pouvoir Soviétique ils avaient fait franchement des appels nationalistes antiturcs, antiAzerbaïdjanis et ils avaient prononcé des slogans sur l’idée de «Grande Arménie», le rattachement de Nakhitchévan et du Haut Karabakh à l’Arménie etc. Mais ils n’ont pas pu atteindre leurs buts cette fois parce que Léonid Brejnev était un homme suffisamment sensé.

Les années suivantes, c’est à dire les années 1970 et le début des années 1980, à la période où Heydar Aliyev dirigeait la République d’Azerbaïdjan les arméniens ont tenté plusieurs fois de réaliser des actes séparatistes et ils ont toujours échoué.

Enfin l’arrivée de Gorbatchov au pouvoir, ses activités dans le sens de destruction de l’URSS, son entourage arménien, surtout son contact permanent avec Sitaryan, son assistant et Aganbekyan, son conseiller pour les question économiques a encouragé les arméniens.

Au début de 1988 les arménients ont créé les organisations «Krounk» en Haut Karabakh et «Miatsoum» à Irévan et ces organisations ont commencé leurs activités en même temps et de la même manière ayant revendiqué le rattachement du Haut Karabakh à l’Arménie. En Arménie à cette époque-là personne – ni les organismes d’Etat, ni les organisations civiles et ni la population n’a protesté contre cette politique choviniste et au contraire ils l’ont applaudie et ils l’ont soutenue franchement.

Les premières déportations des Azerbaïdjanais de l’Azerbaïdjan d’Ouest ont commencé à la fin du mois de février et au mois de mars justement de Zangazour. Les Azerbaïdjanais étaient attaqués, battus, insultés, subis au chantage à Kafan, Mégri, Gorouss, Sissyan. Déjà, au mois d’avril, les Azerbaïdjanais qui travaillaient dans le secteur publique n’étaient pas payés et leurs droits étaient partout violés. Ils étaient obligés et parfois forcés de quitter leurs maisons natales en Arménie.

Les Azerbaïdjanais recevaient des coups de téléphone menaçants, les arméniens armés apparaissaient dans des villages Azerbaïdjanais. Pendant les nuits les jeunes arméniens barbus tiraient au fusil et terrorisaient les gens qu’ils rencontraient dans les rues. Mais il n’y avait pas de mort, parce qu’ils n’avaient pas d’ordre de tuer.

Déjà à partir du mois de mars les militants arméniens appelés «les barbus» ont commencé à venir à Zangazour pour créer les branches locales de leur organisation qui s’appelait «Karabakh» dans les quatre districts de cette région. Ces branches locales avaient des missions concrètes : organiser des manifestations constantes partout, attaquer les villages habités par les Azerbaïdjanais, les terroriser, couper les communications entre leurs villages et les centres administratifs des districts et faire tout pour qu’ils quittent l’Arménie eux- mêmes.

A partir du mois de mai les habitants Azerbaïdjanais de Zangazour ayant compris l’impossibilité de cohabitaion avec les arméniens ont commencé à se sauver en partant pour différentes régions de l’Azerbaïdjan, surtout pour Bakou et Soumgait. Ils ont commencé à chercher les abris pour eux. Ceux qui avaient les moyens ont acheté des appartements pour vivre et ceux qui n’avaient pas de moyen pour s’en procurer ont trouvé l’abri chez leurs parents et chez leurs proches. Les amis arméniens des Azerbaïdjanais leur donnaient des coups de téléphone en les prévenant des dangers qui les attendaient et ils leur proposaient de vendre les maisons, de retirer l’argent des comptes bancaires et surtout d’évacuer les filles et les femmes et de se sauver. Malgré la vraie intention de ces préventions elles causaient des inquiétudes aux gens. Des rumeurs couraient en effrayant les Azerbaïdjanais qui étaient en panique et qui comprenaient qu’ils passaient leurs derniers jours dans leurs maisons paternelles.

Vers la fin du mois de mai la circulation quotidienne des bus à itinéraire fixe Bakou-Sissyan était annulée. Aux mois de juin et de juillet l’exode des Azerbaïdjanais s’était intensifié.

On avait l’impression que la déportation des azéris était organisée et gérée d’un seul centre. Bien que le Gouvernement Azerbaïdjanais n’en parlât pas les moyens de transports étaient déjà désignés pour transporter la population. Le gouvernement arménien faisait tous ses possibles pour accélérer la déportation des azéris.

Les manifestations qui ont eu lieu aux mois d’août et de septembre 1988 à Bakou ont eu une grande résonance à Irévan et après cela les relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont aggravées encore plus: maintenant les arméniens ne demandaient plus aux azéris s’ils voulaient quitter ou pas, ils les forçaient de laisser leurs maisons et de quitter l’Arménie le plus vite possible.

J’étais médecin à Gandja dans cette période de trouble. Ma mère qui était maître d’école vivait à Ouroud avec ma soeur cadette. Il y avait un an que mon père avait décédé. Jusqu’à sa mort il avait travaillé brigadier et prézident du kolkhoz d’Ouroud. Nous l’avions enterré dans le cimetière d’Ouroud. Au mois de mai 1988 déjà avait commencé la déportation des Azerbaïdjanais du district de Sissyan. Les Azerbaïdjanais des villaiges de Vagadu, de Chéki, de Dastaguird qui étaient habités par les Azerbaïdjanais et arméniens et du village d’Agdu tout près de Sissyan avaient commencé à chercher des abris à Bakou, à Soumgait et dans d’autres villes et villages de l’Azerbaïdjan.

Bien que les habitants d’Ouroud ne quittassent pas le village jusqu’aux mois de novembre et décembre 1988, ceux qui avaient des possibilités ont essayé d’évacuer leurs biens précieux.

Le 30 août 1988 à Gandja j’ai loué un «Kamaz» pour aller à Ouroud et évacuer ma mère, ma soeur et certains objets chers de notre maison. Le chauffeur m’a demandé 1000 roubles pour ce voyage dur et suite à une négociation nous sommes tombés d’accord pour 800 roubles. A ce propos je voudrais souligner une chose qu’avant le conflit les chauffeurs de camion demandaient 100 roubles pour la même route. L’animosité entre ces deux peuples leur a donné la possibilté de bien gagner.
La route de Latchin
A huit heures du matin nous sommmes partis de Gandja. Ayant suivi la route de Gandja-Yevlakh-Barda-Agdam-Shousha nous sommes arrivés à Latchin à midi. Les employés du poste de police de route nous ont arrêtés et nous ont dit qu’il serait impossible d’aller à Sissyan par cette route, parce que les arméniens de Gorousse auraient coupé la route en ne pas laissant passer aucune voiture ou camion suivant la destination d’Azerbaïdjan et venant de l’Azerbaïdjan. Dans les villages qui se trouvaient sur la route de Gorousse tels que Digh, Karachen, Khinzirek et dans la ville de Gorousse les arméniens barbus armés fusillaient les Azerbaïdjanais qu’ils rencontaraient et brûlaient leurs voitures.

Pour sauver ma mère et ma soeur je devais arriver à Ouroud quoi que ça coûtât, en passant le col et le passage des montagnes qui nous séparaient de Sissyan, même à pied si c’était nécessaire. La tante Naringul, petite-fille de l’oncle de mon père, s’était mariée en 1950 avec un homme qui vivait à Latchin. L’oncle Kamran, son mari était chauffeur de camion. C’était un homme robuste, brave, vif et débrouillard. Je me suis renseigné sur leur adresse et j’ai trouvé leur maison. J’étais accueilli avec une grande hospitalité. Après le repas et le thé l’oncle Kamran m’a dit que la seule route sûre c’était celle qui passait par Minkend. On devait monter aux alpages de Minkend et après on devait arriver à la place d’Ane en passant par le col de Sariyal et ensuite on arriverait à Sissyan. L’oncle Kamran a encore ajouté que s’il pleuvait on ne pourrait pas passer par le col qui se couvrait de boue glissante après la pluie. Les difficultés de route qui nous attendaient ont fait peur au chauffeur. «Je ne veux même pas ton argent, mon frère, je ne veux plus avancer, je retourne à Gandja», a-t-il dit. Ayant discuté pendant longtemps avec lui j’ai enfin pu le persuader de continuer la route et je lui ai promis d’ajouter encore 200 roubles au prix agréé. A trois heures de l’après midi nous sommes arrivés aux alpages de Minkend. Les alatchiks (maisons temporaires que les bergers nomades construisent en été dans les montagnes) des bergers se trouvait à la pente de la montagne qui était couverte de prairie alpestre pleine de fleurs et qui s’allongeait jusqu’à la source de la rivière de Minkend. Il y en avait à peu près vingt. Les troupeaux de moutons étaient pâturés à la pente, on entendait de temps en temps les chiens aboyer et les bergers qui appelaient les uns les autres. Il y avait une brume et une pluie fine.


Le col de Sariyal
Nous avons appris qu’il ne serait pas facile de passer le col de Sariyal. L’averse qui avait commencé la nuit avait mouillé la route passant par le col l’ayant transformé en boue trop glissante et de plus, huit camions attendaient en faisant queue. Etant venus tous de Bakou, de Soumgait et d’Agdam, ces camions devaient transporter les biens des azéris de Sissyan obligés de déménager pour se sauver des dangers qui les mençaient à chaque pas. Nous sommes devenus le neuvième. Un tracteur S-100 remorquait les camions jusqu’au sommet du col et il prenait 100 roubles pour ce travail.

Malgré que ça fût le mois d’août, dans les montagnes il faisait très froid. J’avais froid parce que j’étais habillé très légèrement: j’étais en chemise à manches courtes, en pantalon d’été et mes chaussures n’étaient pas du tout valables ni pour le froid, ni pour la boue. Et de plus, la pluie m’avait mouillé complètement comme je descendais souvent du camion, j’arrêtais les camions venant de la direction opposée et j’interrogeais leurs chauffeurs pour me renseigner sur la situation à l’autre côté du sommet. Je n’avais pas de vêtements secs pour me changer. Il n’y avait pas d’endroit sec et chaud où je pourrais me changer et me sécher. Le chauffage du camion ne marchait pas et je me gênais d’aller demander de l’aide chez les bergers. Juste au moment où je perdais déjà tout mon espoir et ma patience, le chauffeur a sauvé la situaion ayant demandé une couverture chaude à l’un des bergers. J’ai enlevé tous mes vêtements mouillés et je me suis couvert de couverture chaude, mais usée et puante. Bien qu’elle puât la pomme de terre pourrie, elle était sèche.

Un peu plus tard le chauffeur a arrêté le camion devant l’une des tentes des bergers, peut être ait-il eu pitié de moi ou simplement il avait faim lui-même. Le chauffeur a donné à la propiétaire de la maison ma chemise et mon pantalon pour les faire sécher et il est revenu avec deux tasses de thé chaud avec l’herbe de provence et s’est assis près de moi dans la cabine du camion. Ayant bu le thé j’ai repris la force et le chauffeur a somnolé. A peu près une heure après un garçon de 12 à 13 ans est venu avec ma chemise, mon pantalon et mes souliers déjà séchés et il nous a invités à dîner. Le soir était tombé et nous avions grand faim tous les deux et c’est pourquoi nous avons accepté l’invitation du garçon avec plaisir. Nous sommes allés dans l’un des alatchiks des bergers. Il était construit des barres de cerisiers et d’autres arbres élastiques, ses murs étatient doublés par les roseaux et son toit était couvert de bâche. A l’entrée de l’alatchik, sur le feu rouge il y avait une bouilloire en fonte qui bouillait et produsiait un bruit spécifique. Le plancher était couvert de palaz (une sorte de moquette pour couvrir le plancher) sur lequel il y avait une nappe pleine de repas: du pain de campagne, du fromage, du fromage frais, du yaourt, de la crème fraiche, du beurre frais. La propriétaire de l’alatchik était une vieille dame de soixante-dix – soixante-quinze ans, taciturne du premier regard, à la peau brûlée par le Soleil et au visage couvert de rides profonds prématurés. Pendant la conversation nous avons appris que le fils de la vieille était berger. Il pâturait les moutons du kolkhoze de Minkend. La bru de la vielle dame était morte jeune et à cause de cela elle avait dû élever deux petits-fils et une petite-fille, tous entre 8-12 ans.

Nous avions faim tous les deux et nous avons mangé avec appétit et après nous avons pris deux tasses de thé avec l’herbe de province, pour chacun. Puis nous nous sommes appuyés sur un coussin sur le tapis pour nous reposer un peu. Pendant la causerie le propriétaire de la maison a appris que j’étais médecin-neuropathologue et il s’est réjoui : il m’a demandé d’examiner son petit-fils de neuf ans qui serat tombé de la roche il y a deux ans suite à quoi il souffrait aujourd’hui du traumatisme crânien. Ayant examiné l’enfant je leur ai dit qu’il n’y avait rien de grave et je laur ai donné certains conseils pour suivre. La grand-mère m’a beaucoup remercié et a maudit les arméniens quand elle a appris mes problèmes. Elle nous a raconté à son tour que sa famille était originaire de province de Daralayaz et elle était devenue réfugiée suite aux sauvageries faites par les bandits d’Andranik en 1918 et tous les membres de sa famille avaient trouvé l’abri dans le village de Minkend de Latchin. «Qu’Allah nous garde encore des pires», a-t-elle dit.

Nous avons dit « au revoir» à la maitresse de l’alatchik l’ayant remerciée et nous sommes revenus au camion. Nous avons eu notre tour seulement à minuit. La brume était devenue encore plus forte. Le tracteur a remorqué notre camion avec un gros cordage en fil d'acier et a commencé à le tirer vers la montée du col de Sariyokhouche («la montée jaune»). On avançait pas à pas. On ne voyait rien : ni la route, ni le sentier. La lumière faible du tracteur qui grimpait la montée avec difficulté, se brisait contre la brume forte. La boue jaune de Sariyokhouche écrasée par le tracteur produisait un bruit spécifique. Dieu nous en garde si le Kamaz glissait sur le sol argileux mouillé et il risquerait de tomber dans la falaise ensemble avec le tracteur qui le remorquait et comme cela je ne pense pas qu’on aurait la chance de rester en vie. Bien que j’eusse peur moi aussi, j’essayais de contrôler mes nerfs et mes inquiétudes et je tâchais de soulager le chauffeur qui étais en panique. Tout effrayé le chauffeur maudisait tout et tous : les arméniens, la montée de Sariyokhouche, moi et le jour qu’il m’avait rencontré. Il allumait une autre cigarette tout de suite après celle qui était encore dans sa bouche.

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