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De Carlo Goldoni ( 1707-1793), 1760 adaptation d’Hélène Toutain, 2013


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LES RUSTRES

de Carlo Goldoni ( 1707-1793), 1760

adaptation d’Hélène Toutain, 2013

Personnages :

Lunardo, mari de Margarita, père de Lucietta 92 Margarita 65

Simon, mari de Marina 57 Marina 56

Canciano, mari de Felice 39 Felice 72

Felippetto, fils de Maurizio 40 Lucietta 49

Comte Riccardo, ami de Felice 49 Vittoria, grand mère de Lucietta 52



Maurizio 16 Coralline, servante de Maurizio 52


ACTE I Scène 1 : Vittoria, Margarita, Lucietta


Vittoria : Le carnaval va être bientôt fini.

Margarita : Qu’est-ce que vous en dites, hein ? Pour s’amuser, on s’est bien amusées !

Lucietta : Ca oui, nous n’avons même pas vu une pauvre petite comédie !

Margarita : Pensez un peu ! Depuis seize mois que je suis mariée avec votre père, est-ce qu’il m’a jamais emmenée quelque part ? Pas une seule fois !

Vittoria : C’est un ours !

Lucietta : Vous avez raison, grand-mère, quoique je ne me permettrais pas de le dire moi-même.

Vittoria : Il n’aime pas s’amuser, il ne veut pas que nous nous amusions non plus.

Margarita : Pourtant, quand j’étais jeune fille, pensez un peu, nous allions deux ou trois fois au théâtre, en automne, et cinq ou six fois pendant le carnaval. On allait aussi regarder les masques, et sur la Piazzetta il y avait des diseuses de bonne aventure et des marionnettes, pensez un peu.

Vittoria : Il y avait aussi la foire. Mais cet homme est un ours. Ah ! Ma pauvre fille !

Lucietta : Ah ! Ma pauvre mère ! Et moi, pauvre fille, qui ne sors jamais de la maison ! Il ne veut même pas que j’aille sur le balcon…

Vittoria : A quoi sert-il d’avoir un balcon si on ne peut pas y aller ?

Lucietta : L’autre jour, je m’y suis mise un petit peu, et cette pimbêche d’épicière m’a vue, et elle le lui a dit , et j’ai bien cru qu’il allait me battre.

Margarita : Et moi, qu’est-ce que j’ai dû entendre à cause de vous !

Vittoria : Margarita, il faut changer d’épicière !

Lucietta : Mais, bon sang, qu’est-ce que je fais de mal ?

Margarita : Vous, du moins, ma petite, vous allez vous marier, mais, pour moi, ça sera comme ça jusqu’à ma mort.

Vittoria : Et moi donc !

Margarita : Mais vous, grand-mère, vous avez déjà vécu, tandis que moi…

Lucietta : Je vais me marier ? Je vais me marier, madame ma mère ?
Margarita : Je crois bien que oui.

Lucietta : Oh dites, madame ma mère, quand cela ?

Margarita : Quand cela ? Pensez un peu ! Quand le ciel voudra !

Lucietta : Alors, le ciel va me marier sans que j’en sache rien ?

Vittoria : Ne dis pas de bêtise, évidemment que tu le sauras ! Alors, Margarita ?

Margarita : Votre père ne veut pas que je vous en parle.

Lucietta : Je vous en prie, chère madame ma mère, dites-le moi ! Et quand ? Et qui ?

Vittoria : Moi je le sais bien, mais je n’en dirai rien. C’est Coralline qui me l’a dit. Et elle ne le tient pas de Lunardo, mais d’une autre source… Il y a trois jours déjà que je le sais.

Margarita : C’est impossible ! Il me l’a dit hier soir !

Vittoria : Je parie que vous ne savez pas tout, ma chère Margarita. Vous comprenez, moi…

Margarita : Pensez un peu ! Qu’est-ce que vous savez ?

Vittoria : Je sais que c’est un jeune homme…un jeune homme… jeune…

Margarita : Pensez un peu ! Pour être jeune… Il a tout juste vingt ans !

Vittoria : Et que c’est le fils de… d’un ami de Lunardo …

Margarita : Elle vous a donc dit que c’était le fils de Maurizio ?

Vittoria : Oui, oui, le fils de Maurizio, et elle m’a même dit son prénom… un prénom en o… voyons… Mi, ni… ti…Ou était-ce Té quelque chose ?

Margarita : Felippetto, il s’appelle Felippetto, pensez un peu ! Ne faites pas semblant de ne pas vous rappeler, je sais que vous avez une très bonne mémoire…

Vittoria : Honnêtement, je ne savais rien avant cette minute !

Lucietta : Felippetto ! Il a vingt ans ! Il doit être joli garçon…

Vittoria : Son père n’était pas mal, à vingt ans, en tout cas.

Margarita : Vous êtes diabolique !

Lucietta : Et quand se fera ce mariage, grand-mère ?

Vittoria : Voyons, voyons… C’est Margarita qui sait tout cela, pas moi, pauvre de moi !

Margarita : Ne faites pas semblant ! Ce mariage se fera ce soir même. Mais je ne vous ai rien dit ! Et remettez-vous au travail vous deux ! Si Lunardo voit que votre travail n’est pas fini…

ACTE I Scène 2 : Vittoria, Margarita, Lucietta, Lunardo


Vittoria : Bonjour, monsieur mon gendre. Vous arrivez toujours sans faire aucun bruit… Comme les chats et comme les espions…

Lucietta : Votre servante, monsieur mon père.

Margarita : Votre servante, monsieur. On ne dit même plus bonjour ?

Lunardo : Travaillez, travaillez. Pour me saluer, faut-il que vous cessiez de travailler ?

Lucietta : Je n’ai pas arrêté de toute la journée. J’ai bientôt fini ce bas.

Margarita : Pensez un peu ! C’est à croire que nous sommes payées à la journée !

Lunardo : Oh, vous, à quoi bon mâcher ses mots, …

Lucietta : Allons, allons, cher monsieur mon père, du moins pendant ces derniers jours de carnaval, essayez de ne pas trop ronchonner.

Vittoria : Oui, même si nous n’allons nulle part, qu’au moins nous ayons la paix à la maison !

Lunardo : Non, mais, ce qu’il faut entendre ! Que suis-je donc ? Un Tartare, une brute ? De quoi pouvez-vous vous plaindre ? Les divertissements honnêtes, je les aime bien moi aussi.

Margarita : Vous avez raison, allons faire un tour, nous allons mettre nos masques…

Lunardo : Vous avez le toupet de me demander de vous emmener promener masquées ? A quoi bon mâcher ses mots, les jeunes filles n’ont pas à sortir masquées. Les femmes mariées non plus. Les veuves non plus.

Margarita : Mais alors, pensez un peu !Pourquoi les autres le font-elles ?

Lunardo : Pensez un peu, pensez un peu ! Moi, je m’occupe de ce qui se passe chez moi !

Margarita : Parce que, à quoi bon mâcher ses mots, vous êtes un vrai ours !

Lunardo : Ne dites pas de sottises, madame Margarita !

Margarita : Ne me poussez pas à bout, monsieur Lunardo !

Vittoria : Allez-vous nous laisser en paix, tous les deux ! Aujourd’hui, ne voyez-vous pas que nous sommes tous de bonne humeur, pensez un peu, à quoi bon mâcher ses mots ?

Lunardo : Vous avez raison, pour une fois. Aujourd’hui c’est carnaval et je veux que nous prenions un vrai jour de congé !Ecoutez : nous allons dîner en compagnie !

Lucietta : Où ça ?

Lunardo : A la maison, bien sûr. Il n’y a pas de raison d’aller dépenser son argent dans un restaurant. J’ai invité des personnes, cela nous distraira…

Margarita : Qui avez-vous invité ?

Lunardo : Des hommes très comme il faut. M. Canciano, M.Maurizio et M. Simon.

Margarita : Cela va être gai ! Trois sauvages comme vous !

Lunardo : Mais oui, madame, aujourd’hui, à quoi bon mâcher ses mots ? Quand un homme a un peu de plomb dans la tête, on le traite de sauvage. Et vous savez pourquoi ? Parce que vous autres femmes, vous aimez trop la société. Il vous faudrait des fêtes tous les jours, des soupers fins, des robes à la mode, des spectacles de saltimbanques, et mille sottises de ce genre.

Vittoria : Vous avez raison, à quoi bon mâcher ses mots, il vaut mieux tricoter des bas de l’aube à la nuit jusqu’à en crever. Cela dégourdit le corps et réjouit l’âme. Il y a même dans le spectacle des bas qui s’allongent je ne sais quoi de la réflexion philosophique et de l’élévation spirituelle…

Lunardo : Et voilà, à quoi bon mâcher ses mots, quand vous restez chez vous, vous avez l’impression d’être en prison ! Quand un mari veut vivre chez lui dans la dignité et le sérieux, on le traite de rustre et de sauvage. Ce que je dis n’est-il pas vrai ?

Margarita : Tout à fait ! Ainsi, Mme Felice et Mme Marina vont venir dîner avec nous ?

Lunardo : Oui, madame. Chacun viendra avec sa légitime épouse. Comme ça, pas question de vilains trafics, oui, à quoi bon mâcher ses mots ? .. ( à Lucietta) Que faites-vous là à m’écouter , Lucietta ? ( à Margarita ) Il me tarde d’être débarrassé d’elle.

Margarita : Où en est cette affaire ?

Lunardo : Je vous raconterai. ( à Lucietta) Allez -vous-en !

Lucietta : Oh là là, quel caractère de cochon !

Lunardo : Allez-vous en ou je vous flanque une gifle !

Margarita : Allez, obéissez, ma petite.

Lucietta : Oh, si ma vraie mère était encore de ce monde ! Ah, non, si un balayeur voulait de moi, tant pis, je l’épouserais !

Vittoria : Viens donc, mon enfant : nous allons nous préparer pour le dîner. ( sortent )

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