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La Turquie fait table rase

La doctrine suivie par les autorités turques depuis des années est presque officiellement nommée "néo-kémalisme" car il serait indécent d'utiliser une doctrine sans le prénom d'Atatürk. Mais elle n'a rien à voir avec les commandements du père des Turcs. Et on ne parle pas ici du fait que ses principes sont appliqués par les islamistes, qui étaient justement chassés par Atatürk aussi impitoyablement que le premier ministre Erdogan défend la politique turque des militaires - les kémalistes les plus dévoués. Il est question d’une logique d'évolution contre laquelle le gouvernement turc n'a pas osé aller jusqu'au bout.

Soit l'empire, soit le nationalisme : il faut choisir. Telle est la leçon de la Turquie à ses voisins. Finalement le nationalisme a dû être sacrifié pour la construction d'un pays solide. Selon la logique de substitution d'un vice par un autre, il n'y a en Turquie ni de Kurdes, ni d'Arméniens, ni de Grecs, ni personne du conglomérat ethnique diversifié qui serait constitutionnellement appelé Turc. La guerre civile contre les Kurdes dure depuis plus de vingt ans. Seulement aujourd'hui, à l’approche de la présidentielle de 2015, Erdogan a engagé les négociations avec les leaders rebelles. Et uniquement car le risque d'attentats avant l'élection paraît plus sérieux que l'indignation patriotique de ses compatriotes.

Néanmoins Erdogan a longtemps essayé de trouver un compromis raisonnable entre la tradition et la nécessité politique objective. Dans un pays conservateur et extrêmement antiaméricain il s’efforçait de maintenir les équilibres. Il a longtemps réussi à conserver un modèle plus ou moins laïque de l'islam, lui permettant de ne pas brûler les ponts ni avec l'Occident ni avec l'Orient. C’était fondamental car son néo-kémalisme visait notamment à se rapprocher de l'Europe – pas en tant que simple pays solide mais comme leader régional.

La Turquie, entourée par des voisins plutôt hostiles et une histoire complexe de relations, a annoncé vouloir tout recommencer à zéro avec l'Iran, la Grèce, l'Irak, la Syrie…

Erdogan échange l'Europe contre le gaz… lacrymogène

L'équilibre a été trop fragile. Le drame de la Flottille de la liberté qui avait tenté en 2010 de percer le blocus israélien dans la bande de Gaza a détérioré les relations turco-israéliennes, marquant le début du combat d'Ankara pour être considéré un leader politique et islamique de la région – avec toutes les conséquences que cela implique pour ses relations avec l'Occident.

A ce moment l'inclinaison orientale et russe de la Turquie était devenue plus que flagrante mais elle était considérée comme un coup de bluff et un avertissement pour l'Europe, pas un choix définitif. La région s'est finalement transformée en principal théâtre d'opérations et d’actions semi-militaires à un moment très inopportun pour les initiatives turques. Le sujet syrien à lui seul a tiré une croix sur les projets de réconciliation du pays avec la Syrie et l'Iran. Et ce n’est qu’un exemple.

Dans le même temps plus les Turcs avaient de problèmes, plus l'Europe était soulagée : la Turquie était alors responsable de ses propres échecs européens. Deux ans avant cela, la Turquie avait également bloqué les négociations de paix avec l'Arménie alors que c'était l'une des conditions de son entrée dans l'UE.

Lorsqu'en juin 2013 Istanbul a été frappée par des émeutes déclenchées par les travaux d'aménagement du parc Gezi, les autorités n'étaient pas du tout obligées d'intervenir. Cependant grâce à leurs efforts les mouvements de protestation se sont répandus à travers tout le pays.

On peut supposer qu'Erdogan avait parfaitement conscience de la réaction de l'Occident et il faut croire que si à cet instant l'avenir européen lui avait paru plus réel qu'un an ou deux plus tôt, il n'aurait pas pris le risque de faire usage de gaz lacrymogène et de matraques contre sa population.

Mais de toute évidence il n'avait rien à perdre. Ce n’était pas l'Europe qui était en jeu mais le pouvoir en Turquie, que les dirigeants ont pour habitude de défendre d'une main de fer.

D'autant que même dans leur indignation l'Europe et l'Occident savaient bien qu’il n'existe pas d'autre dirigeant plus pro-occidental et pro-européen en Turquie. Erdogan le comprenait parfaitement.



La vie sera plus simple pour tout le monde

Bref, voilà le point final de cette histoire terminée depuis longtemps, déjà l'été dernier. Cet état de fait a été ouvertement annoncé à la conférence de Yalta - avec une formulation certes orientale mais qui ne trompe plus personne. La Turquie et l'Union européenne ont de facto reconnu que leur union était impossible.

Si cette longue histoire était effectivement et officiellement close, les deux parties pourraient s'estimer gagnantes.

L'Europe ne serait plus tenue de mener ces négociations inutiles- ce qu’elle fait depuis cinquante ans - et de faire des promesses qu'elle n'a pas l'intention de tenir. Il ne sera plus nécessaire de mettre en parallèle les négociations avec Ankara, disons, sur la question syrienne et les perspectives des pourparlers sur le rapprochement historique.

Tout deviendrait plus simple y compris pour Erdogan. Il ne devra plus répondre aux questions désagréables sur les délais d'adhésion à l'UE. D'autre part, il sera également moins confronté aux questions indésirables sur son attirance pour l'Occident en général.

Les deux parties seront débarrassées du poids inutile des engagements mutuels, sachant qu'elles ne perdent rien au change. De toute façon l'Europe n'avait aucun levier de pression sur la Turquie et Ankara n'a pas perdu l'Europe. Comme le supposent les observateurs, elle recommence tout à zéro et pourra établir avec l'UE un espace d'échanges commerciaux qui remplacera parfaitement le rapprochement politique.

Et l'Ukraine n'a pas non plus à être déçue ni à s'essayer à ce scénario. L'histoire de la marche turque vers l’Europe n'est pertinente que sur un seul aspect pour Kiev : l'UE ne connaît pas de précédent dans les sujets de ce genre. Elle négocie toujours au cas par cas. Y compris sur la cessation des négociations.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction


http://fr.ria.ru/discussion/20130924/199384945.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=75778

TURQUIE

En Turquie, des policiers seront jugés pour le meurtre d'un manifestant

Le Monde.fr | 24.09.2013 à 18h05 • Mis à jour le 24.09.2013 à 18h26

Un tribunal turc a accepté, mardi 24 septembre, de juger huit suspects, dont quatre policiers, accusés par le ministère public d'avoir assassiné un jeune homme lors des manifestations antigouvernementales de juin.

Le ministère public a en effet réclamé la réclusion à perpétuité pour les huit suspects du "meurtre avec préméditation" d'Ali Ismaïl Korkmaz, âgé de 19 ans, et passé à tabac par un groupe d'individus le 2 juin en marge d'une manifestation à Eskisehir, dans l'ouest du pays.

Grièvement blessé à la tête et souffrant d'une hémorragie cérébrale, l'étudiant avait succombé le 10 juillet, après avoir passé trente-huit jours dans le coma.



CRAINTE DE HEURTS LORS DU PROCÈS

Cinq des suspects, dont un policier, avaient déjà été écroués pendant l'été dans le cadre de l'enquête. La date de l'ouverture du procès devrait être fixée d'ici à un mois, a indiqué Dogan, précisant que les audiences pourraient être délocalisées dans une autre province de crainte de heurts autour du tribunal.

L'ouverture du procès d'un policier, accusé d'un "homicide dépassant le cadre de la légitime défense" pour avoir abattu d'une balle dans la tête un manifestant le 1er juin à Ankara, a été reportée en raison d'une violente altercation entre les avocats de la défense et ceux de la partie civile, a rapporté le quotidien libéral Radikal.

La Turquie a été secouée en juin par une vague d'actions de protestation antigouvernementales sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir du parti islamo-conservateur, en 2002. Selon des évaluations de la police, quelque 2,5 millions de personnes sont descendues dans la rue dans près de 80 villes pendant trois semaines pour exiger la démission du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque. Les manifestations ont été violemment réprimées par la police, et ont causé la mort de six personnes.



http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/09/24/quatre-policiers-turcs-seront-juges-pour-le-meurtre-d-un-manifestant_3483843_3214.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=75777

18 prisonniers du PKK se sont évadés de prison dans l'est de la Turquie

CRI


2013-09-25 16:07:53 xinhua

Un total de 18 prisonniers du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), déclaré hors-la-loi, se sont évadés mercredi matin de prison dans la province de Bingol, dans l'est de la Turquie, a rapporté l'agence de presse privée Dogan.

Les prisonniers, qui avaient été condamnés pour appartenir au PKK et pour avoir aidé et été les complices de malfaiteurs, se sont échappés de prison dans la province de Bingol, par le biais d'un tunnel qu'ils avaient construit, a indiqué Dogan, citant une source de police.

Les autorités de sécurité turques ont lancé une enquête sur l'évasion de prison et ont signalé les évadés aux provinces environnantes pour qu'ils soient arrêtés.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et par une partie de la communauté internationale, a pris les armes en 1984 dans le but de créer une patrie ethnique dans le sud-est de la Turquie. Depuis, plus de 40.000 personnes ont été tuées dans des conflits menés par le groupe.

http://french.cri.cn/621/2013/09/25/302s343931.htm

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=75791

Dix-huit membres du PKK s'évadent d'une prison turque

Les Echos

25/09 | 13:14

Dix-huit membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se sont évadés d'une prison dans le sud de la Turquie en creusant un tunnel de 70 m de long, rapporte la police mercredi.

Cette évasion près de la ville de Bingol intervient quelques jours avant l'annonce par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, d'une série de réformes visant à renforcer la démocratIe et à maintenir sur les rails le processus de paix pour mettre fin à l'insurrection menée par les militants kurdes.

Quatre des prisonniers devaient être jugés pour être venus en aide ou appartenir au mouvement kurde. Les 14 autres détenus ont déjà été condamnés pour les mêmes faits, a précisé à la presse le ministre de la Justice, Sadullah Ergin.

Les combattants kurdes ont commencé à quitter le territoire turc pour le Kurdistan irakien en mai après l'appel à la trêve lancé en mars par leur chef historique emprisonné, Abdullah Öcalan, première étape d'un processus visant à mettre fin à un conflit qui dure depuis 1984 et a fait plus de 40.000 morts.

http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/reuters-00551900-dix-huit-membres-du-pkk-s-evadent-d-une-prison-turque-608997.php

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=75787

Les grands projets d’aménagement urbain en Turquie

laviedesidees.fr

par Jean-François Pérouse , le 24 septembre

La révolte du parc Gezi, en juin 2013, portait contre un projet d’aménagement urbain qui s’inscrit dans une vaste politique mise en oeuvre par le parti au pouvoir pour renouer, par dessus la République, avec le glorieux passé ottoman. J.-F. Pérouse fait la revue de ces projets spectaculaires.

Jamais en Turquie révolte n’a été aussi urbaine, voire urbanistique — c’est-à-dire déclenchée et alimentée d’abord par des enjeux d’aménagement urbain — que la révolte du Parc Gezi de juin 2013. Si son épicentre a été un des hauts lieux d’Istanbul, c’est précisément que la métropole est au cœur des politiques du Parti de la Justice et du Développement (AKP) et de son chef de file Recep Tayyip Erdoğan, maire d’Istanbul entre 1994 et 1998, qui ne cesse d’évoquer ces années fondatrices de sa popularité. Quelques jours avant le début de la contestation, à l’occasion d’un événement organisé dans le cadre du « Festival des projets de l’Union Européenne », le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan déclarait ainsi :

Quand j’étais maire d’Istanbul, j’avais un certain nombre de rêves. À présent je vis le bonheur de voir se réaliser un à un ces rêves. Un des plus importants de ces rêves, le Marmaray, est en train de se réaliser. Nous allons l’inaugurer le 29 octobre [2013]. Et ce n’est pas fini, immédiatement au sud de ce dernier, nous sommes en train de construire un double passage pour les véhicules automobiles sous le Bosphore. Celui-là nous l’inaugurerons en 2015. Sa construction va bon train. Et puis j’ai une troisième passion ; c’est de réaliser ce troisième pont sur le Bosphore. Cette chance aussi devrait nous être donnée par Dieu puisque nous nous apprêtons à inaugurer le chantier de ses fondations le 29 mai (notre traduction ; source : Dünya, 15 mai 2013, p. 2.).

R.T. Erdoğan, qui dispose à Istanbul de bureaux princiers dans la prolongation du Palais de Dolmabahçe, à partir desquels il tend de plus en plus à diriger le pays, plutôt que d’Ankara, devenue la capitale politique en 1923, semble ne pas pouvoir abandonner la métropole dont il fut maire. Il la choie et tient à présider personnellement à toutes les grandes décisions qui la concernent. Car son projet de grandeur nationale passe d’abord par Istanbul, agglomération où il se sent plus à l’aise, tant elle exhale le glorieux passé ottoman dont il se veut le continuateur, le garant et le champion. Comme s’il se sentait trop à l’étroit à Ankara, qui renverrait trop exclusivement à la République. Istanbul, par sa situation et son histoire, a une dimension et une vocation plus internationales, en phase avec le projet d’influence et de rayonnement qu’Erdoğan cultive pour son pays.

Que la colère ait éclaté fin mai 2013 n’est pas étonnant : le mois a été chargé en annonces de projets urbains, plus mirifiques les uns que les autres, mais qui ne peuvent se concrétiser qu’au prix d’une recentralisation de la politique urbaine, en flagrante contradiction avec le discours « politiquement correct » abondamment diffusé par les officiels sur la décentralisation administrative en cours. Parce qu’il faut aller vite en contournant les dispositifs locaux. Le maire d’Istanbul n’a aucune initiative dans cette surenchère de projets — ce n’est qu’un relais local de logiques décisionnelles qui lui échappent , pas plus que l’assemblée municipale de la municipalité métropolitaine, sans parler des citoyens. Les principaux intéressés ne sont consultés qu’une fois les décisions prises pour confirmer ces dernières ou pour donner un vernis consultatif aux opérations conduites. C’est le sens du référendum ou du plébiscite envisagé un temps par l’AKP pour trouver une issue à la question du Parc de Gezi. Or si la sociologie des indignés de Taksim est complexe — tout en étant marquée par la prééminence de classes moyennes urbaines, éduquées et « branchées » sur les réseaux internationaux —, si elle est variable selon les terrains et les moments considérés, une des revendications communes et récurrentes porte sur la gouvernance urbaine et l’impérative nécessité de la rendre plus transparente, plus participative, plus pluraliste et moins précipitée. En d’autres termes, les indignés demandaient en premier lieu à être pris en compte et entendus dans leurs différences, mieux informés et plus associés aux décisions concernant leur environnement quotidien.



Promouvoir et vendre Istanbul à l’international

L’AKP nourrit de grands desseins pour Istanbul, destiné à être la vitrine de la Turquie ou l’expression la plus frappante d’une puissance et d’une vitalité turques enfin retrouvées. Une vitrine éblouissante qui attire les touristes argentés et les investisseurs [1] ; une vitrine qui rappelle le passé grandiose de la Turquie et magnifie particulièrement le moment ottoman, au fondement des ambitions contemporaines. Les master-plans élaborés en 2006 et 2009 comme les discours officiels expriment à satiété la volonté de faire d’Istanbul une grande place internationale touristique, culturelle et financière, libérée des activités de production et de tout ce qui pourrait nuire à l’image cultivée, séduisante et high-tech.

C’est dans cette optique qu’en 2007 le bureau de conseil Deloitte a remis un rapport au gouvernement turc destiné à définir une stratégie pour la création d’un Centre Financier International (IFM), entre Dubaï et Francfort. La feuille de route élaborée est désormais appliquée presqu’à la lettre. Des terrains ont été affectés à Ataşehir, un nouvel arrondissement de la rive anatolienne, pour accueillir ce centre actuellement en cours de construction. D’ambitieux programmes immobiliers (bureaux, résidences) entourent déjà le futur centre d’affaires, dont la mise en place effective semble plus lente que prévu. En effet, le transfert de la Banque centrale de Turquie d’Ankara vers Istanbul, envisagé initialement, est remis en cause et il a finalement été décidé que la Bourse des valeurs immobilières d’Istanbul (IMKB, rebaptisée BİST, « Borsa İstanbul », au premier janvier 2013) ne s’installerait pas non plus dans le futur centre financier, et resterait sur la rive européenne. Les édiles locaux ne jurent plus désormais que par les services supérieurs, les industries culturelles, les lieux de consommation et les marinas.

Pour l’AKP, il s’agit par là d’assurer l’accès à une modernité économique « universelle » — dont le parangon serait la mégapole lisse des services et de la consommation « propres » , tout en défendant par ailleurs une modernité civilisationnelle alternative, fidèle aux valeurs et modes de vie « nationaux ». Aussi cette promotion d’Istanbul sur le marché international convoque-t-elle abondamment le thème du dialogue des civilisations (la métaphore du pont et l’image de la « rencontre des continents » étant sans cesse mobilisées), dont le Premier ministre s’est fait le héraut depuis une dizaine d’années. En 2005, année où Istanbul a accueilli la finale de la coupe des champions-UEFA, un clip publicitaire a d’ailleurs développé ce thème, devenu un lieu commun du marketing territorial stambouliote. Proclamer sur la scène internationale le dialogue des cultures — et, pour ce, réécrire l’histoire d’Istanbul dans le sens de l’harmonie exemplaire dans la cohabitation des différences —, permet de masquer des politiques identitaires très conservatrices à l’intérieur du pays. Dans ce contexte, la métropole cherche à se doter de grands équipements, à la fois pour prouver sa conformité aux normes internationales et, en ce qui concerne les équipements lourds de transport, pour renforcer sa centralité régionale, voire mondiale. Un discours auto-justificatif présente ainsi Istanbul comme le centre à venir du monde, ou, à défaut, comme un centre régional de la plus haute importance commandant le corridor anatolien, interface stratégique entre Europe et Asie, Balkans et Moyen-Orient, monde russe et monde méditerranéen... Les montages possibles sont innombrables et activés successivement ou simultanément, en fonction du contexte ou des interlocuteurs. Au premier rang de ces équipements, on compte les grandes infrastructures de transport devenues des symboles surmédiatisés de la vocation internationale d’Istanbul.



Les grands travaux en cours

Le troisième pont autoroutier (et ferré) sur le Bosphore, dont les travaux ont été officiellement inaugurés le 29 mai 2013, s’inscrit dans ce désir de consolider et développer la vocation de transit international d’Istanbul. Avec son tablier suspendu de 1275 mètres de long, sa largeur impressionnante (10 voies routières et deux voies ferrées sont annoncées) et ses hautes tours (les plus hautes piles de pont suspendu au monde : 320 mètres), il est destiné à être un ouvrage d’art prestigieux, icône d’une volonté de puissance criée au monde. Cependant, quand on regarde la structure du trafic sur les deux ponts déjà existants, on s’aperçoit qu’elle est constituée à moins de 10% par un trafic de transit, et donc pour l’essentiel intra-métropolitain.

Outre ce troisième pont intercontinental, deux tunnels sous le Bosphore sont en construction : l’un, ferroviaire, dit Marmaray, devrait être inauguré (partiellement) pour la fête nationale du 29 octobre 2013, l’autre, autoroutier, devrait l’être à la fin 2015. Le premier est financé et en partie construit par le Japon ; le second par la Corée du Sud. Selon le Premier ministre, qui aime à jouer avec les noms des grandes capitales pour repositionner Istanbul, le Marmaray permettra d’aller de Londres à Téhéran ou Bagdad en train, sans solution de continuité. En parallèle, branchée sur le Marmaray, la liaison ferrée à grande vitesse entre Istanbul et Ankara est en cours d’aménagement : une fois cette ligne à grande vitesse ouverte, la capitale politique ne sera plus qu’à trois heures de la métropole. Le pont du métro sur la Corne d’Or, attendu depuis des années, fera partie de ces ouvrages d’art landmarks qu’affectionne le pouvoir AKP, avec ses tours terminées par des cornes dorées. Edifié entre les ponts routiers de Galata et d’Unkapanı, il a déjà fait couler beaucoup d’encre, en raison de ses effets négatifs sur la perception de la silhouette historique de la péninsule.

Le troisième aéroport international, en cours de construction au nord-ouest de l’aire urbaine [2], s’inscrit également dans cette série d’infrastructures ambitieuses. Il est destiné à être, par le nombre annuel des voyageurs comme par la longueur totale des pistes, un des premiers au monde. Un consortium de cinq entreprises a remporté le marché en mai 2013, pour le montant le plus élevé de l’histoire des adjudications de marché public en Turquie, soit 22,15 milliards d’euros (auxquels il faut ajouter l’équivalent de la TVA, qui s’élève à 4 milliards). Les dimensions et performances envisagées dépassent l’entendement : une superficie totale qui en fera « le seul aéroport visible de la lune », une capacité-voyageurs maximale de 150 millions à l’année [3], 1.500.000 m2 de surfaces couvertes, une capacité de parking-avion de 500, 260 ponts pour avions, 160.000 personnes travaillant en permanence (contre 45.000 dans l’actuel aéroport Atatürk-Yeşilköy)... Enfin, le pont suspendu sur le Golfe d’İzmit, future pièce maîtresse de l’autoroute İstanbul-İzmir, est appelé à être un autre grand œuvre à la gloire du pouvoir qui l’a lancé (alors que sa construction a commencé en 2011, on parle d’une ouverture en 2015). Il permettra de réduire de façon substantielle les distances-temps entre la capitale économique et la métropole égéenne, grand centre touristique et d’affaires.

Kanalistanbul, canal maritime de 200 mètres de large, tranchant en deux la péninsule de Thrace, à l’ouest d’Istanbul, sur quarante-cinq kilomètres du nord au sud entre mer Noire et mer de Marmara, ne peut pas seulement être décrit comme un projet d’infrastructure de transport. Il relève en même temps d’une stratégie géopolitique et économique — contourner les traités internationaux qui régissent la circulation maritime dans le Bosphore et taxer le passage obligé des navires marchands par cette nouvelle artère — et d’une volonté de remanier la géographie et l’histoire par un geste splendide destiné à marquer et à imposer l’admiration au monde entier. Accepté en mai 2013 par l’instance supérieure de la planification des grands investissements publics, le YPK, ce projet n’est pas encore fixé dans les détails (son tracé est encore discuté).

À ces grandes infrastructures de transport, directement planifiées et suivies d’Ankara, s’ajoutent toute une série d’autres décidées au niveau local, à l’instar des tunnels routiers qu’on a commencé à ouvrir au mépris de la planification urbaine générale. En dépit d’un discours passe-partout sur l’importance des transports en site propre et des transports doux, la priorité revient clairement au transport routier privé (le seul département d’Istanbul compte en mai 2013 plus de 3 millions de véhicules motorisés immatriculés).


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