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UE/TURQUIE



UE: Ankara doit faire plus de réformes
Source : AFP
02/08/2008 | Mise à jour : 10:32 |

Deux des principaux responsables de l'Union européenne ont appelé le gouvernement turc à accélérer la mise en oeuvre de réformes pro-européennes à l'issue d'une crise politico-judiciaire qui a failli voir l'interdiction du parti au pouvoir à Ankara, rapporte un journal allemand.

Le responsable de la diplomatie de l'UE, Javier Solana, et le vice-président de la Commission européenne, Günter Verheugen, ont appelé Ankara à poursuivre sa politique de réformes visant à préparer la Turquie à rejoindre l'UE.

"La Turquie est un candidat à l'adhésion (à l'UE), rien n'a changé dans ce domaine", a affirmé M. Solana à Bild am Sonntag après que la Cour constitutionnelle turque a refusé d'interdire le parti AKP du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, accusé de dérive islamiste. M. Verheugen pour sa part a souligné que le rythme des négociations d'adhésion dépendait de la mise en oeuvre effective des réformes votées par le Parlement turc.


http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2008/08/02/01011-20080802FILWWW00399-ue-ankara-doit-faire-plus-de-reformes.php

Adhésion à l'UE : Le président turc appelle le gouvernement à accélérer les réformes
02-08-2008 à 21:00 EL MOUDJAHID

Le président turc, M. Abdullah Gül, a appelé le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à accélérer les réformes nécessaires pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE). L'intégration de la Turquie dans l'UE "ne peut avancer si les moteurs tournent au ralenti", a déclaré M. Gül, cité hier par des médias locaux.

"Il est nécessaire que tous se mobilisent pour la réforme", a-t-il ajouté. M. Gül a d'autre part appelé "les partis politiques turcs à l'autocritique et à la réconciliation", après la décision cette semaine de la justice turque de ne pas interdire le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir.

"Tous, chacun d'entre nous, avons besoin de faire notre autocritique et de faire preuve d'empathie envers les autres (...). Le pays est fatigué", a-t-il déclaré au journal Milliyet. "Alors que la situation s'apaise, nous ne devons pas oublier qu'il y a des obstacles à surmonter", a-t-il ajouté.

La Cour constitutionnelle turque a rejeté mercredi dernier une demande d'interdiction de l'AKP, accusé d'activités anti-laïques. M. Gül a rappelé que si la laïcité était "profondément ancrée dans le système politique turc", des efforts étaient nécessaires pour "concilier les positions de chacun".
http://www.elmoudjahid.com/em/monde/12266.html

La Turquie regarde vers l’Europe

Le Monde Diplomatique de Juin 2008 avait publié un dossier "La Turquie regarde vers l'Europe" dont l'un des articles avait été repris sur le site du Collectif VAN en juin. Trois autres articles étoffaient ce dossier. Nous vous les soumettons aujourd'hui.

Brève histoire des relations turco-européennes depuis 1963

La marche séculaire du peuple turc vers l’Ouest et les relations qu’il entretient avec l’Europe occidentale ont connu de multiples péripéties dont il est bien sûr impossible de rendre compte ici. Pour s’en tenir à la période républicaine, nous savons la profonde fascination qu’exerça l’Europe sur la réflexion et la pratique de Mustafa Kemal Atatürk. Ce dernier considère la civilisation et les valeurs occidentales, incarnées à ses yeux par l’Europe, comme les seules pouvant permettre à la Turquie de rentrer de plain-pied dans la modernité. C’est cette conviction fondamentale qui permet de comprendre les mesures radicales décidées lors des premières années de construction de la République et les ruptures catégoriques opérées avec l’environnement culturel et géopolitique du pays.

C’est le 31 juillet 1959 que, en vertu de l’article 238 du traité de Rome, le premier ministre turc adresse à la Communauté économique européenne (CEE) une demande d’association. Si les préoccupations économiques ne sont pas absentes, ce sont bien les motivations d’ordre politique qui président à ce choix. Il s’agit, entre autres, de diversifier la politique extérieure turque, exclusivement alignée sur Washington après la seconde guerre mondiale.

Dès l’automne 1959, des discussions exploratoires sont entamées. Elles sont gelées par le coup d’Etat militaire du 27 mai 1960, et il faut attendre le mois d’avril 1962 pour qu’elles soient réactivées, aboutissant à la signature de l’accord d’Ankara du 12 septembre 1963. Celui-ci crée un accord d’association entre la Turquie et la CEE. Lors de la cérémonie de signature, Walter Hallstein, président de la Commission, déclare : « La Turquie est une partie de l’Europe. C’est réellement la signification première de ce que nous sommes en train d’accomplir aujourd’hui. Cela confirme d’une façon incomparablement moderne une vérité qui est plus que l’expression sommaire d’un concept géographique ou d’un fait historique qui tient bon depuis plusieurs siècles. (...) La Turquie fait partie de l’Europe : aujourd’hui cela signifie qu’elle a établi une relation institutionnelle avec la Communauté européenne. Comme pour la Communauté elle-même, cette relation est imprégnée du concept d’évolution (1). »

En dépit du lyrisme de circonstance, les négociations préparatoires connurent de nombreuses difficultés dont la moindre ne fut pas, déjà, la question de la définition de la Turquie comme Etat européen. Toutefois, cet accord constitue pour celle-ci une étape essentielle d’un long processus historique illustrant son attachement à l’Europe et lui ouvrant la possibilité de devenir un jour membre à part entière de la CEE. Ce document fait d’ailleurs encore foi dans les relations turco-européennes.

L’accord d’association comporte trois phases distinctes : une phase préparatoire de cinq ans, sauf prolongation selon les modalités incluses au protocole provisoire ; une phase transitoire qui ne saurait excéder douze ans — sous réserve des exceptions qui pourront être prévues d’un commun accord — au cours de laquelle doivent être progressivement mis en place l’union douanière entre la Turquie et la Communauté et le rapprochement des politiques économiques d’Ankara avec cette dernière ; la phase définitive, fondée sur l’union douanière et impliquant le renforcement de la coordination des politiques économiques des parties contractantes (2).

Toutefois, on constate rapidement que les échanges sont très déséquilibrés : ainsi les exportations communautaires concernent principalement les produits industriels, les biens d’équipement et, évidemment, les capitaux ; les exportations turques sont, elles, surtout basées sur les produits agricoles, les textiles et la main-d’œuvre. Ce dernier élément est d’ailleurs très important et constitue une particularité essentielle des échanges turco-communautaires ; car la croissance rapide des envois de fonds des travailleurs émigrés (3) et les aides financières des pays de la CEE ont constitué les deux principaux moyens de financement permettant de combler le déficit de la balance des paiements du commerce extérieur entre la Turquie et la CEE.

Ruine de l’économie ou électrochoc curatif

Au début des années 1960, le point de vue qui prévaut généralement parmi les cercles dirigeants turcs et européens, c’est toutefois d’envisager l’association des deux parties sous un angle fondamentalement politique. C’est avant tout dans ce cadre qu‘il faut saisir la portée de l’accord d’association, mais aussi ses limites, dans le sens où la Turquie cherche à obtenir d’ambitieux avantages que sa puissance limitée ne lui permet pas en réalité de négocier. Les rapports de forces sont tels qu’Ankara doit se conformer aux exigences de la CEE et prend conscience que la pleine intégration d’un marché et d’un système économiques, jusque-là passablement excentrés par rapport aux flux communautaires, entraînera immanquablement des traumatismes pour l’économie turque.

Une partie des milieux économiques craint publiquement à l’époque qu’un abaissement des tarifs protégés n’entraîne des effets très négatifs, voire une ruine de la fragile industrie turque. A contrario, les plus politiques ou les plus intéressés y voient la possibilité d’une sorte d’électrochoc curatif sur le développement économique du pays. C’est pourquoi le premier ministre Süleyman Demirel, dès mai 1967, demande que les négociations visant à la mise en œuvre de la période transitoire puissent débuter au plus tôt.

Les divergences d’appréciation se traduisent évidemment dans le champ politique. Le Parti républicain du peuple (CHP), qui avait été la force initiale du rapprochement avec la CEE, par tradition kémaliste et par volonté de se dégager de la trop forte emprise des Etats-Unis, commence à mesurer les dangereuses conséquences potentielles de l’intégration à l’Europe communautaire. Par ailleurs, c’est au cours de cette période que le CHP adopte une politique dite de centre gauche et radicalise ses positions sous l’impulsion de Bülent Ecevit. En 1970 toutefois, le parti accepte finalement la perspective d’une complète intégration à la CEE. Le Parti ouvrier de Turquie et les groupes de la gauche radicale, pour leur part, s’opposent alors frontalement à une CEE dans laquelle ils ne voient qu’un instrument de l’impérialisme et l’expression du néocolonialisme (4).

Le gouvernement de droite, quant à lui, poursuit résolument sa politique : le 6 février 1969 sont entamées les négociations pour passer à la phase transitoire et, le 23 novembre 1970, est signé le protocole additionnel qui entre en vigueur le 1er janvier 1973. La Turquie réussit à faire adopter un délai de vingt-deux ans avant la pleine intégration à la CEE pour certains produits, alors que pour la grande majorité d’entre eux il est prévu l’abolition progressive de toutes les barrières douanières dans les douze ans.

Ce protocole est en réalité assez ambivalent : d’une part, précisant les conditions, modalités et rythmes de réalisation de l’union douanière et de la libre circulation des personnes et des capitaux, il confirme la volonté d’établir des relations étroites et durables. Mais, d’autre part, certaines des dispositions du protocole limitent quantitativement les exportations de certains produits turcs d’origine agricole ou textile, pourtant vitaux pour l’économie du pays.

Au final, c’est un compromis acté, mais le cours des événements politiques nationaux et internationaux va bouleverser l’édifice. Le mémorandum militaire de 1971, l’intervention armée à Chypre au cours de l’été 1974 et le coup d’Etat de septembre 1980 contribuent à tendre les relations avec les partenaires ouest-européens et ne permettent pas de mettre à profit la période de transition.

Au cours des années de l’immédiat après-coup d’Etat, une période de tensions se cristallise dans les relations turco-communautaires. La Turquie se trouve isolée tant au niveau du Conseil de l’Europe qu’à celui des différentes instances de la CEE. Les motifs de brouille vont en effet se multiplier entre les deux parties. Toutefois, ce que les Turcs reprochent le plus fréquemment à leurs partenaires ouest-européens, ce n’est pas tant les divergences mais surtout le fait que lesdits partenaires « changent les règles du jeu au fur et à mesure que la partie se joue ». Ils en conçoivent unevive amertume mais maintiennent néanmoins un cap proeuropéen, clairement manifesté par la demande officielle d’adhésion à la CEE déposée le 14 avril 1987 sous l’impulsion du chef du gouvernement Turgut Özal.

Malgré les difficultés, la partie turque ne ménage pas sa peine pour défendre son dossier. L’opinion publique semble d’ailleurs soutenir cette politique. Un sondage, effectué en Turquie en juin 1986 par SIAR-Milliyet, indique que 51,5 % des personnes interrogées sont favorables à l’adhésion de la Turquie à la CEE, contre 10 % d’avis défavorables, 14,5 % d’indifférents et 24 % de sans-opinion (5). La gauche turque elle-même évolue sensiblement et considère désormais que l’adhésion pourrait utilement contribuer à l’installation d’une véritable démocratie.

Reprendre les objectifs de 1963 et de 1970

Mais les embûches ne vont pourtant pas manquer, comme en témoigne par exemple le vote d’une résolution sur la question arménienne au Parlement européen, le 18 juin 1987. L’avis négatif de la Commission européenne est rendu public le 18 décembre 1989. Son argumentation s’ordonne autour de deux axes : le refus d’envisager un nouvel élargissement avant la mise en place du marché unique prévu le 1er janvier 1993, la Turquie ne remplissant pas les conditions économiques (sous-développement de l’économie turque — point 8) et politiques (imperfection de la démocratisation, situation des droits de la personne et des minorités, différend avec la Grèce — point 9) (6).

La Commission, cherchant à relativiser son refus, trace toutefois les voies d’une coopération plus avancée s’articulant autour de quatre points : achèvement de l’union douanière en 1995 ; reprise et intensification de la coopération financière ; promotion de la coopération industrielle et technologique ; approfondissement des liens politiques et culturels.

En réalité, ces propositions constituent une reprise des objectifs déjà contenus dans l’accord d’association de 1963 et le protocole additionnel de 1970 et sont, finalement, empreintes de contradictions qui révèlent les très grandes réticences communautaires à l’égard de la Turquie. Il paraît, par exemple, antinomique de pointer le sous-développement économique réel de la Turquie et lui proposer dans le même temps une union douanière dont la réalisation sans mécanisme de compensation suffisant aggraverait les difficultés.

Pour la Turquie, le revers est réel, mais les réactions officielles mesurées. Le nouveau président de la République Özal manifeste ainsi la volonté de demeurer étroitement associé à la Communauté en soulignant notamment que, malgré les difficultés rencontrées, la CEE reste le partenaire économique privilégié : elle représente 33,8 % du total des exportations turques en 1965, 48,9 % en 1976, 43,8 % en 1986 et 46,6 % en 1989. Les importations, pour leur part, représentent 28,5 % en 1965, 41% en 1986 et 38,4 % en 1989. Il s’agit donc de maintenir le cap vers l’Europe occidentale, dont Özal comprend en outre qu’elle va constituer un pôle d’attraction et de stabilité au moment où les craquements en Europe orientale se font de plus en plus perceptibles.

Malgré l’accord d’union douanière qui entre en vigueur le 31 décembre 1995, les années suivantes sont marquées par une succession de tensions récurrentes — le Conseil européen de décembre 1997 refuse d’inclure la Turquie dans la liste des onze pays dont la candidature est acceptée —, et de périodes d’approfondissement des relations. C’est le Conseil européen de Helsinki (décembre 1999) qui, reconnaissant sans ambiguïté le statut de candidat à la Turquie, admet qu’à terme celle-ci a sa place dans l’Union européenne. Par là même, les sempiternels débats sur l’européanité de la Turquie n’ont théoriquement plus de portée pratique ou politique. A partir de ce moment, le rapport de la Turquie à l’Union s’est considérablement modifié.


On ne peut qu’être favorablement impressionné par le réel enthousiasme qui s’est manifesté en Turquie au lendemain dudit Conseil. Les réformes constitutionnelles votées depuis l’adoption du Programme national en mars 2001 — notamment les neuf « paquets législatifs » — sont particulièrement impressionnantes, surtout si on les replace dans le contexte sécuritaire et liberticide qui prévaut, depuis le 11-Septembre, aux niveaux régional et international. Systématiquement en effet, les réformes votées élargissent le champ des droits et des libertés individuelles et collectives, et tentent de réformer le système économique pour se mettre en conformité avec les éléments de conditionnalité énoncés dans les critères de Copenhague. On peut d’ailleurs souligner que, depuis 1998, les rapports annuels de la Commission européenne sur les progrès accomplis sur la voie de l’adhésion, sans être exempts de critiques, soulignent année après année les pas en avant, nombreux, variés et rapides, franchis par la Turquie.

Une politique de compromis pour faire bouger les lignes

Si les évolutions politiques et économiques méritent d’être soulignées, on peut aussi mentionner la sensible évolution de la Turquie à propos du dossier chypriote. Durant des années, il fut couramment admis, de façon souvent caricaturale, qu’Ankara bloquait toute évolution sur l’île d’Aphrodite, au nom d’intérêts étroitement nationalistes. Pourtant, force est d’admettre que les cartes ont été pour le moins rebattues depuis les résultats du référendum du 24 avril 2004 concernant le plan de réunification de l’île soumis par M. Kofi Annan, alors secrétaire général de l’Organisation des Nations unies : 75,8 % de « oui » dans la partie chypriote turque contre 64 % de « non » dans la partie chypriote grecque.

Si le « oui » des Chypriotes turcs est à mettre au compte des évolutions internes de la « République turque de Chypre du Nord », il ne faut pas sous-estimer le rôle du gouvernement de M. Recep Tayyip Erdogan, qui a su faire bouger les lignes en Turquie et a fait valoir une politique de compromis sur un dossier qui a longtemps provoqué des crispations politiques à Ankara.

Dépassant les objections des uns ou des autres, le Conseil européen de Bruxelles de décembre 2004 a donné son accord pour l’ouverture des pourparlers d’adhésion avec la Turquie : ils ont débuté le 3 octobre 2005.



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Pourparlers d’adhésion, où en est-on ?

Si l’on veut évaluer le moment présent des relations entre la Turquie et l’Union européenne, il convient de nettement distinguer les paramètres « techniques », inhérents à la complexité d’un tel processus, des facteurs plus strictement politiques qui viennent interférer dans le cours dudit processus, voire le perturber.

Concernant le premier aspect, il s’agit pour la Turquie d’intégrer les quatre-vingt-dix mille pages de l’acquis communautaire dans son droit national. Tâche ardue que la partie turque avait probablement sous-estimée. Pour parvenir à cet objectif, trente-cinq chapitres devront graduellement être traités dans la quasi-totalité des domaines de compétence de l’Union. Depuis le 3 octobre 2005, date du début des pourparlers, six chapitres seulement ont été ouverts (science et recherche ; politique industrielle et entreprises ; statistique ; contrôle financier ; réseaux transeuropéens ; protection de la santé et du consommateur). A l’horizon de la fin 2008, il est possible que dix soient abordés au total. Les pourparlers butent sur plusieurs types d’obstacles, dont au moins deux singulièrement problématiques Le premier date du mois de décembre 2006. A la suite du refus de la Turquie d’appliquer aux Chypriotes grecs le même statut qu’aux ressortissants d’autres Etats européens et, conséquemment, d’ouvrir ses ports et ses aéroports aux navires et aéronefs chypriotes grecs, le Conseil européen décida, d’une part, de geler huit des trente-cinq chapitres d’adhésion et, d’autre part, qu’aucun des chapitres ouverts ne puisse être clos.

Le second est lié aux inquiétudes qu’a fait naître l’élection de M. Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Ce dernier, lors de sa campagne, outre son opposition à la perspective de l’intégration de la Turquie au sein de l’Union, avait menacé d’opposer son veto à toute ouverture de nouveaux chapitres de pourparlers. En réalité il n’en fit rien, précisant toutefois qu’il ne s’y opposerait pas à la condition que ces derniers soient compatibles avec ses deux visions possibles de l’avenir : soit l’intégration, soit une association qui prendrait la forme d’un partenariat privilégié. Ainsi il refuse, à ce jour, l’ouverture du chapitre sur la politique économique et monétaire, qui préjugerait, selon lui, que l’adhésion soit l’unique option.

Ces obstacles posés par certains Etats européens – France, Autriche, Chypre... – expriment en réalité la crise existentielle de l’Union européenne, la perspective de l’adhésion de la Turquie renvoyant en réalité à la question du type d’union à construire. En d’autres termes, le cas de la Turquie cristallise de nombreuses questions, au nombre desquelles celles se rapportant à l’identité européenne, à ses valeurs et à ses frontières.

L’axe central qui devrait orienter la réflexion et les décisions de l’Union concernant la Turquie est bien celui de la complémentarité. La question est alors de savoir si l’Union a réellement l’ambition d’exercer une influence politique sur les régions situées à sa périphérie. Si la construction de l’Union ne se fixe pas le projet, certes ambitieux, de peser sur l’échiquier des relations internationales, on peut alors douter de la validité dudit projet. Si, malgré l’ouverture des pourparlers d’adhésion, les facteurs de blocage s’avéraient plus importants que les avancées entre les deux parties, la Turquie pourrait être amenée à renégocier les bases de ses relations avec l’Union et surtout serait poussée à une politique étrangère et de sécurité beaucoup plus autonome. Les nuisances d’une telle stratégie pourraient être considérables, en introduisant une marge supplémentaire d’imprévisibilité dans un jeu régional déjà très instable.

Refuser la perspective de l’intégration de la Turquie, c’est prendre le risque de la renvoyer à une politique de repli nationaliste à laquelle personne n’a intérêt. Pourtant, les rebuffades de l’Union ont induit en Turquie un réel désamour. Durant des années, toutes les études d’opinion indiquaient qu’environ 65 % à 70 % de la population turque était favorable à la perspective de l’adhésion. Nous ne sommes plus dans cette équation aujourd’hui : en 2006, il n’y avait plus que 54 % d’opinions ; en 2007, 40 %...

Inquiétant aussi : le fait que seulement 26 % des Turcs jugent crédible la perspective de l’adhésion. En outre, de nombreux démocrates proeuropéens, maintenant leurs convictions et poursuivant leur objectif d’adhésion, expliquent en même temps qu’ils ne considèrent pas que leur pays parviendra un jour à s’intégrer au sein de l’Union à cause des obstacles récurrents qui lui seront opposés. D’après eux, et finalement, la route est peut-être plus importante que le but, et il faut donc poursuivre inlassablement le mouvement de réformes de toutes façons profitables à la société turque.

Toutefois, en dépit de l’amertume et du désarroi éprouvés face aux politiques européennes, une forte majorité de l’électorat s’est encore portée, lors des dernières échéances, sur le parti qui semble vouloir maintenir un cours politique et économique proeuropéen. Toutefois, si le Parti de la justice et du développement (AKP) marque aujourd’hui le pas pour relancer les réformes demandées par l’Union, ce n’est probablement pas le fruit du hasard. S’il considère que son électorat devient structurellement réticent à la perspective européenne, il n’ira pas à son encontre...

Cette émergence de l’euroscepticisme ne sera peut-être que conjoncturelle, mais elle est toutefois profondément indicative des dynamiques actuelles. Le projet européen, qui a été un fédérateur identitaire très puissant, est en train de s’essouffler. Il convient donc que les dirigeants européens tiennent compte de ce paramètre et ne contribuent pas à ostraciser la Turquie. Il serait erroné d’avoir une vision linéaire et mécanique de l’avenir et d’envisager l’adhésion de la Turquie dans une Union qui ne se serait modifiée que quantitativement. Elle rentrera dans une structure communautaire qui sera qualitativement transformée, ce qui permet de considérer que nombre de dossiers sur lesquels butent les relations turcocommunautaires aujourd’hui seront dépassés ou du moins posés dans des termes radicalement différents.
Didier Billion.
La Turquie regarde vers l’Europehttp://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=19138
La Turquie regarde vers l’Europehttp://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=20225
La Turquie regarde vers l’Europehttp://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=20226
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/06/BILLION/16010

La Turquie regarde vers l’Europe
Le Monde Diplomatique de Juin 2008 avait publié un dossier "La Turquie regarde vers l'Europe" dont l'un des articles avait été repris sur le site du Collectif VAN en juin. Trois autres articles étoffaient ce dossier. Nous vous les soumettons aujourd'hui.

Corne d’or du tourisme

Largement critiquée pour ses violations de la démocratie et des droits fondamentaux, la junte militaire qui prit le pouvoir en Turquie en 1980 a au moins promulgué une loi qui a profondément transformé le pays : dite d’« encouragement du tourisme », cette décision stratégique a propulsé la péninsule anatolienne en tête des destinations les plus visitées dans le monde. En un quart de siècle, l’industrie touristique est ainsi devenue l’une des principales sources de devises du pays : près de 20 % du produit des exportations, juste derrière l’automobile et devant le textile.

Elle a contribué à arrimer la Turquie à l’économie mondiale, dont elle occupe la quizième en termes de produit intérieur brut (PIB), mais seulement la soixantième pour le revenu par habitant. Avec, en 2007, un peu plus de vingt-trois millions d’entrées (+ 17,77 % par rapport à 2006) et près de 14 milliards de dollars de revenus (+ 11,4 %), la Turquie s’installe parmi les dix premières nations du tourisme (1) : en 2006, elle était déjà onzième par le nombre d’entrées, et neuvième par les recettes, au classement de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) — qui n’a pas encore publié son palmarès 2007.

Les revenus de ce secteur participent pour près de 6 % au PIB, affichant une croissance deux fois plus rapide que l’ensemble de l’économie du pays : autour de 10 % annuels, contre 5 % pour l’indice national, en moyenne, sur les deux dernières décennies. Cette croissance est également nettement supérieure au taux de progression du tourisme mondial : + 5,4 % (2).

Quelle que soit la conjoncture économique internationale, l’OMT se montre optimiste à long terme, confortant les prévisions euphoriques des professionnels turcs du tourisme : le nombre de voyageurs dans le monde devrait atteindre un milliard six cents millions en l’an 2020 (contre neuf cents millions en 2007), dont les trois quarts pour des voyages intra-régionaux. Parmi ces derniers, l’Europe se taille toujours la part du lion, avec environ 46 % des voyageurs.

De fait, près de trois visiteurs de la Turquie sur cinq (plus de treize millions de personnes) provenaient en 2007 de l’Union européenne (et de la Suisse). Le ministère turc du tourisme n’est donc peut-être pas trop ambitieux quand il prévoit, pour les six années à venir, de recevoir « plus de quarante millions de visiteurs » et d’en tirer « environ 50 milliards de dollars » (3).

Eviter le « syndrome Costa del Sol »

Pour éviter les conséquences néfastes du tourisme de masse — ce « syndrome Costa del Sol », dont on perçoit déjà certains symptômes à Kusadasi (mer Egée) ou à Lara, dans la banlieue d’Antalya (mer Méditerranée) —, le programme ministériel envisage une nécessaire diversification de l’activité touristique. Il s’agit, précise le document, de « ne pas aggraver l’entassement sur les côtes égéenne et méditerranéenne, l’urbanisation anarchique derrière la bande côtière, le manque d’infrastructures et les problèmes environnementaux ».

Responsable de la conservation au WWF Turquie, M. Ahmet Birsel renchérit : « Il faut absolument bloquer le développement des grands complexes hôteliers, parce qu’ils dénaturent l’environnement sans profiter à l’économie locale. » Ils utilisent en effet des produits d’importation ou industriels pour répondre aux besoin supposés uniformes de la clientèle.

Toutefois, « on ne peut plus se passer de ce tourisme de masse », estime-t-on au Türsab, la puissante association des agents de tourisme, « tant la demande se développe rapidement ». Erreur de jeunesse ? C’est en acceptant les crédits des institutions financières internationales pour permettre aux multinationales du tourisme d’investir en Turquie que les bases de cette industrie désormais florissante ont été jetées, il y a vingt-cinq ans. Kemer, à l’ouest d’Antalya, désignée à l’époque zone-pilote, en est le triste exemple, mélange de La Grande-Motte et de Benidorm...

Au ministère comme au département recherche et développement du Türsab, on assure réfléchir à une diversification de l’activité « mer-sable-soleil », tant géographique que thématique. La pression des professionnels a parfois obtenu du gouvernement qu’il renonce à des projets immobiliers dans des zones déjà surexploitées, comme à Belek (à l’est d’Antalya), ou au contraire dans d’autres encore vierges, pour préserver le cadre naturel qui fait le succès de la célèbre « Croisière bleue » (produit emblématique du catalogue haut de gamme), entre Bodrum et Göcek. Mais tous se retrouvent parfois sur des projets d’un intérêt écologique douteux, comme le prouve la multiplication des parcours de golf...

Hormis cet exemple, les options pour un tourisme alternatif sont nombreuses, tant la Turquie est riche en lieux culturels et historiques, et variée en termes de paysages et de climats. Vieux projet qui avait failli aboutir avec un précédent ministre, l’idée de « privatiser » ce ministère stratégique refait même surface, les groupements professionnels (agents de voyage avec le Türsab, hôteliers avec le Türob, entrepreneurs avec l’Association turque des investisseurs dans le tourisme [TTYD]) dénonçant volontiers le manque de vision de l’administration.

Des options de tourisme alternatif

« La promotion est mal orientée, et les investissements négligent les régions mal desservies », estime le Türsab, qui travaille sur de nombreuses « niches », comme le tourisme... pour les handicapés. Un fascicule vient d’être édité pour accueillir, informer et guider ces visiteurs souvent ignorés. L’incroyable biodiversité du pays peut, par ailleurs, lui conférer un rôle pionnier en matière d’écotourisme (rural, botanique, animalier...). La Turquie commence aussi à développer le tourisme sportif, à l’instar des Foulées de Cappadoce ; mais randonnées, trekking, rafting et alpinisme demeurent confidentiels, malgré un énorme potentiel naturel. On réfléchit aussi au tourisme thermal et médical. Bref, la Turquie ne manque pas d’idées neuves.

Les sports d’hiver sont bien lancés, avec des sites exceptionnels, comme le domaine skiable avec vue sur la mer de Saklıkent (Antalya), ou les plus longues pistes combinées du monde à Palandöken (Erzurum). Ils vont bénéficier de la publicité des Universiades de 2011 pour s’imposer. De même, certains opérateurs affirment que la Turquie est « une destination incontournable en matière de tourisme d’affaires » et de congrès, lequel, de fait, connaît un véritable boom, avec des capacités d’accueil et d’organisation en constant développement (4).

Les initiatives locales, associatives ou étrangères viennent compléter cette riche palette : ainsi, la petite société familiale Kirkit implique les villageois de Cappadoce pour les aider à reconstruire leur patrimoine architectural en péril ; l’association Les Gourmets de Turquie organise un festival annuel des saveurs traditionnelles ; un voyagiste français propose des week-ends pour noctambules, Istanbul passant pour une des villes les plus « branchées » d’Europe. Imagine-t-on qu’il existe même un début de tourisme scientifique, avec le camp spatial d’Izmir, quatrième exemple du genre au monde, qui divertit et entraîne tant les enfants que les adultes ?

Diversification : la clé de la réussite

Avec un cinquième des emplois directs et induits (5), le tourisme joue un rôle-clé dans la stabilité économique et sociale. La moindre de ses qualités n’est d’ailleurs pas d’avoir fourni des dizaines, voire des centaines de milliers d’emplois à la population kurde, appauvrie par les combats dans une région située en dehors des circuits touristiques : opportunités saisonnières (construction), puis de plus en plus régulières et durables (services, commerce et restauration), ces offres de travail constituent un apport non négligeable pour des familles, parfois des villages entiers.

Le plus frappant, c’est que l’activité touristique est restée florissante malgré les soubresauts de 1999 — séisme, mais aussi arrestation du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan — et surtout de 2006 — grippe aviaire, reprise des combats au Kurdistan, crise des caricatures de Mahomet, Coupe du monde de football en Allemagne (6). Entre-temps, elle a même servi d’amortisseur à la grande crise financière de 2001, maintenant le cap de la croissance et accueillant une partie des laissés-pour-compte des autres branches de l’économie.

La baisses de confiance de la part des marchés traditionnels occidentaux a d’ailleurs permis au tourisme turc de se tourner vers de nouvelles régions : la Russie et ses partenaires de la Communauté des Etats indépendants (plus de quatre millions huit cent mille vacanciers), les pays du Golfe et l’Extrême-Orient rééquilibrent la traditionnelle filière européenne. Cette diversification est sans doute le secret d’un succès durable.

Jérôme Bastion.



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