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Théâtre de la Jacquerie, Villejuif Maquette : a mollot Texte et traduction nouvelle : c merlant


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Sir Henry craque une allumette et tire sur sa cigarette…



Sir Henry : Ah Cher !

Voici que ça me revient…


Basil : Quoi Harry ?
Sir Henry : Je sais où j’ai entendu ce nom de Dorian Gray

Chez Lady Agatha ma tante

Elle avait découvert un merveilleux jeune homme

Une âme superbe

Prête à l’aider à nourrir les pauvres et à leur faire construire des

logements.

C’était bien Dorian Gray…
Basil : Je ne veux pas que vous le rencontriez Harry
Sir Henry : Vous ne le souhaitez pas ?
Basil : Non
La conteuse 1 : Monsieur Dorian Gray est dans l’entrée, Monsieur
(Basil se lève affolé).
Sir Henry : (riant) Très cher…navré

Mais il semble difficile désormais de ne pas me le présenter !


(Dorian Gray se retrouve éclairé là où il est.)
Dorian Gray : Excuse-moi Basil, je te croyais seul
Basil : Je te présente Lord Henry

Henry Wotton


Sir Henry : Enchanté M Gray

Hasard des rencontres...

J’évoquais à l’instant l’éloge que ma tante Agatha

Fait de votre dévouement pour les pauvres…

Mais vous avez bien trop de charme monsieur

Pour verser dans ces frénésies philanthropiques !


La conteuse 1 – il allait ouvrir son porte cigarette mais…
Basil : Henry je dois finir ce tableau

Me jugerez-vous grossier si je vous demande de nous laisser seul ?


Sir Henry : Dois-je vraiment partir M Gray ?
Dorian Gray : N’en faites rien.

Je vois que Basil est dans un de ses jours de bouderie que je ne supporte pas

Dites-moi plutôt pourquoi je dois abandonner la philanthropie ?
Sir Henry : Oh… vaste et ennuyeux sujet !

Faut-il vraiment que nous soyons sérieux ?



(Il allume une cigarette)

Vous me l’avez demandé, je reste donc

Mais Basil, rassurez-moi, cela ne vous fâche pas j’espère ?
Basil : Les caprices de Dorian sont des lois

Sauf pour lui

Reste Harry, reste
Sir Henry : (prend son chapeau) Merci d’insister Basil

Mais j’ai rendez-vous au Club

J’en suis désolé mais j’y vais
Dorian Gray : Basil

Si Lord Henry part je pars aussi

Insiste pour qu’il reste
Basil : Restez Henry c’est pour faire plaisir à Dorian

Dorian s’il te plaît reprends la pose et ne bouge pas trop

Et n’écoute pas trop Lord Henry

Il a une très mauvaise influence sur tous ses amis

Sauf sur moi
Dorian Gray : Une si mauvaise influence Lord Henry ?
Sir Henry : Une bonne influence ça n’existe pas Mr. Gray

Toute influence est immorale.


Dorian Gray : Pourquoi donc ?
Sir Henry : Par ce qu’influencer quelqu’un c’est lui donner son âme

Et cette personne n’est plus que l’écho d’une musique étrangère

Vivre c’est épanouir sa nature, se réaliser, jouer sa propre musique

Les gens d’aujourd’hui ont peur d’eux-mêmes. Ils sont charitables. Ils cotisent pour les affamés, ils trient leurs vêtements pour en donner aux nécessiteux mais ils laissent leur âme à eux mourir de faim et de froid

Notre race a perdu tout courage.
Basil : (affairé) Dorian la tête légèrement sur la droite

Comme un gentil garçon

Voilà2
(Lord Henry est venu s’asseoir derrière Dorian, et lui fait signe de tourner la tête vers Basil).
Lord Henry : Je crois que…
La conteuse : Si l’homme vivait à fond sa vie, dit Lord Henry

A fond ses sentiments à fond ses pensées à fond ses rêves

Eh bien on serait tous redevenus joyeux !

Et il dit qu’il ne faut plus résister à nos désirs !

La seule façon de se libérer d’un désir c’est

Vous savez pas ?…


Sir Henry : C’est céder au désir ! Passer à l’acte !

Résistez… et vous verrez votre âme infectée, mutilée de tous ces interdits

Vous-même M Gray votre jeunesse rose et candide

S’est effrayée de ses passions épouvantée de ses pensées


La conteuse : ( au public) Vous aussi…

Vos pensées elles vous foutent la trouille !

Toi, le simple souvenir de ce que tu rêves la nuit ou même le jour

Ça te fait rougir de honte

Ne te cache pas : ça se voit !
Dorian Gray : (fiévreux) Basil, j’étouffe et je suis fatigué d’être debout
Basil : Excuse moi quand je peins je n’entends plus rien je ne pense à rien

Je ne sais ce qu’Henry t’a dit mais tu as une expression étonnante !


Sir Henry : C’est que Dorian lui, possède la jeunesse

Et que la jeunesse est le seul bien qui mérite qu’on le conserve



Dorian Gray : Je ne le sens pas comme ça
Sir Henry : Un jour vous aurez le teint cireux
La conteuse : (public) Les Dieux reprennent vite ce qu’ils donnent

Vos joues se creuseront, votre regard s’éteindra

Vos roses vont faner !

Vous allez souffrir, ça va être affreux !

Chaque mois vous rapproche du désastre…

Sir Henry : Vivez la vie qui est en vous

Jouissez chaque jour de sensations nouvelles

Un nouvel hédonisme, voilà ce veut notre siècle nouveau

La jeunesse la Jeunesse rien ne vaut rien en ce monde que la jeunesse !


La conteuse : (public) Les Dieux vont venir vous les piétiner vos roses… !
(un temps, elle revient dans l’histoire)

Une abeille velue bourdonne autour de lui un petit moment



(elle imite le bruit de l’abeille qui tourne, virevolte et disparaît)

Deux papillons verts voltigent autour d’eux

Et dans le poirier du jardin une grive se met à chanter

C’est plus calme…


(L’autre femme bourdonne en chantant, tandis que Lord Henry et Dorian se regardent immobiles).
Sir Henry : Content d’avoir fait ma connaissance Mr. Gray ?
Dorian Gray : Content oui maintenant

Mais je me demande si je le serai toujours


Sir Henry : « Toujours » ? Quel mot affreux !

.Les femmes adorent d’ailleurs ce mot vide


La conteuse : La porte est ouverte

Une poussière dorée danse dans les rayons du soleil

Tout semble alourdi par le parfum des roses
Basil : Cette fois il est complètement terminé
(Tous se précipitent sur le tableau).
(Musique)

Sir Henry : C’est le plus beau portrait de notre temps

Mr Gray venez-vous admirer


Dorian Gray : Il est réellement terminé ?
(Dorian Gray vient craintivement voir le tableau, hésitation, découvre sa beauté, esquisse une fuite loin du tableau)
Basil : Tu as admirablement posé aujourd’hui

Il ne te plait pas ? 3


Sir Henry : A qui ne plairait-il pas ?

C’est un chef d’œuvre

Je le veux

Je vous en donne ce que vous demanderez


Basil : Je n’en suis pas propriétaire Harry
Sir Henry : A qui appartient-il ?
Basil : A Dorian bien sûr

(silence)

Dorian ? Qu’y a-t-il ?
Dorian Gray : Je suis triste…C’est triste

Je vais vieillir devenir horrible et effrayant

Et ce portrait restera toujours jeune

Si seulement ce pouvait être le contraire

Que moi je reste toujours jeune

Que le tableau lui devienne vieux

Je donnerais tout pour cela

Je donnerais mon âme pour cela


Basil : Je m’y opposerais carrément Dorian !
Dorian Gray : J’en étais sûr Basil

Tu préfères ton Art à tes amis

Pour toi j’ai moins de valeur que ton Hermès d’Ivoire

tu l’aimeras toujours mais moi combien de temps m’aimeras-tu ?

Jusqu’à ma première ride ?

Ton tableau m'aura appris que si on perd sa Beauté,

on n’est plus bon qu’à se faire jeter

Vieillir ! Jamais…Je me tuerais plutôt

Je suis jaloux de ce portrait

De quel droit garderait-il ce qui est à moi et que le temps m’enlève ?

Je voudrais qu’il vieillisse lui…
Basil : Le résultat de votre travail à vous le voilà Henry

Je suppose que vous êtes fier


Sir Henry : Basil c’est là le véritable Dorian Gray sans plus
Basil : Vous auriez mieux fait de partir quand je vous le demandais
Sir Henry : Basil… vous avez insisté pour que je reste…
Basil : Vous avez gagné !

Ce portrait, ce chef d’œuvre

Je le hais maintenant et je vais le détruire !

(mouvements vers le portrait)

Ce ne sont pas quelques couleurs sur de la toile qui vont détruire nos trois vies !4
Dorian Gray : Non Basil ! Ne fais pas cela Basil, ce serait un meurtre
Basil – Ah voici que mon œuvre te plaît maintenant ?

Je commençais à en douter !


Dorian Gray – Elle ne me plaît pas Basil

J’en suis amoureux comme d’une part de moi-même



Basil – (au portrait) Eh bien dès que tu seras sec

Je te vernis, je t’encadre et je te renvoie chez toi

Dorian tu pourras faire ce que tu veux de toi !
Sir Henry : Et si nous allions au théâtre ce soir ?

Il n’y a qu’au Théâtre que je supporte les scènes


Dorian Gray : J’aimerais vous y suivre
Sir Henry : Venez donc et vous aussi Basil !
Basil (il va vers le Portrait) Non je reste avec le vrai Dorian
[ Dorian Gray - Est-ce lui le vrai Dorian ?

Je lui ressemble tant ?


Basil – Tu lui ressembles à s’y tromper…
Dorian Gray - C’est formidable !
Basil – Ton apparence lui ressemble avec fidélité

Sauf que le Portrait lui ne se dégradera pas…


Sir Henry – « Fidélité » voici le mot lâché !

Les débat est ouvert, pas près d’être achevé…

Moi je vais au Théâtre
Conteuse 1 – ( au public ) Y a-t-il dans la salle quelqu’un qui est Fidèle ?

« Les jeunes ils veulent être fidèles mais ils peuvent pas…

Et les vieux ils veulent être infidèles et ils peuvent plus »

Total ? c’est difficile pour tout le monde… !

(retour au propos sur le plateau)

Basil : (suppliant5 ) Ne va pas au théâtre Dorian

Reste dîner avec moi !


Dorian Gray : Je ne peux pas Basil
Basil : Pourquoi ?
Dorian Gray : Parce que j’ai promis à Lord Henry
Basil : reviens bientôt, reviens demain
Dorian Gray : Certainement
Basil : Tu n’oublieras pas ?
Dorian Gray : Non, bien sur que non
(Musique des Beatles (?) Sir Henry et Dorian Gray tournent autour du promontoire en conversation. Sir Henry montre des choses avec sa canne)
La conteuse : Là je referme la porte sur eux, je préfère

Vous voyez maintenant le pauvre Basil

Il s’est affaisé sur le sofa

Et son viage reflète un grand chagrin…

Sir Henry vous savez qui c’est ? C’est un héritier… grosse fortune !

Papa ambassadeur… Aristocrate !

Lui aussi un grand Artiste… Il pratique avec génie l’Art de ne rien faire, oui : Rien !

Non… c’est pas si facile…

Il a un appartement avec un valet mais il mange à son Club

Parfois il va voir si ses mines de charbon marchent bien…

Mais … L’industrie c’est un peu vulgaire…

(Lord Henry et Dorian Gray refont un nouveau tour de piste et Lord Henry trompe la vigilance de Dorian Gray et lui fausse compagnie. Une table est dressée, à laquelle s’est installée la conteuse devenue tante Agatha. Dorian continue à le chercher. Sir Henry frappe sur la table et Dorian s’immobilise.)

La conteuse1 – Agatha(transformation) Quand il entra dans la salle à manger de l’hôtel particulier de sa tante Agatha Lord Henry la trouva en train de déguster une glace
- Hé bien Henry en retard comme d’habitude

Je sais je sais : « la ponctualité est voleuse de temps »…

Qu’est-ce qui t’amène ?
Sir Henry : Tante Agatha, j’aimerais vous demander quelque chose
Tante Agatha : De l’argent, je suppose.

Aujourd’hui les jeunes s’imaginent que l’argent fait tout…


Sir Henry : je sais, en vieillissant ils en sont sûrs…

Non, ce qu’il me faudrait c’est un renseignement sans importance


Tante Agatha : Que ce soit important ou stupide

Je peux te dire tout ce qui s’écrit officiellement sur les grands


Sir Henry : Qui est Dorian Gray ?

Il ne fait pas partie des hautes sphères


Tante Agatha : Ah ! Dorian Gray !

Non, mais c’est le petit-fils de Lord Kelso

Sa mère, Margaret Devereux était extraordinaire, une beauté scandaleuse !

Tous les hommes enrageaient d’elle et voilà qu’elle s’enfuit avec un moins que rien

Sans un sou mais jeune

Alors Kelso il va chercher un voyou Belge

La brute Belge elle insulte le gendre

Duel


Et bien sûr : le jeune il se fait embrocher comme un pigeon

Oh on a étouffé… ! Mais la fille est morte de chagrin

Juste le temps de laisser un fils : Dorian, Dorian Gray
(Lord Henry se lève et va vers Dorian, immobile.)
Sir Henry : (regarde Dorian) Une femme belle…

Une passion insensée

Quelques semaines d’un bonheur pur

Que brise un crime sordide

Des mois de souffrances muettes

Un enfant né dans la douleur et la mère qu’emporte la mort

Il fallait donc de tels univers de souffrances pour éclore une fleur si belle…

Quelle beauté…


Lady Agatha : Au fait Henry je ne suis pas contente de toi

Pourquoi veux-tu convaincre ce bon M Gray de délaisser les pauvres de nos banlieues ?

Ils adorent son toucher au violon
Sir Henry : C’est pour moi que je veux qu’il joue
Lady Agatha : Mais Henry à Withechapel, les pauvres sont tellement malheureux
Sir Henry : (qui voit réapparaître une marionnette miséreuse)

Je peux compatir à tout sauf à la souffrance

C’est tellement laid, tellement déprimant et en plus insistant…

(il repousse la marionnette)
Il faut réserver sa sympathie aux couleurs aux beautés aux joies de la vie…

(À Dorian, qui est resté immobilisé)
N’est-ce pas mon cher Dorian.
(Dorian est soudain en présence des deux autres).
Dorian Gray : Ah Sir Henry, je vous cherchais, bonjour Madame !
Sir Henry : Chère Tante ces pauvres vous font-ils perdre le goût du Bonheur ?

Vous souvenez-vous de quelques belles sottises de vos jeunes années ?


Lady Agatha : Oh de plus d’une je le crains
Sir Henry : Eh bien répétez ces folies ma Tante

Vous retrouverez votre jeunesse…et le Bonheur


Lady Agatha : Quelle délicieuse théorie !

Je vais la mettre en pratique…



(Reprenant la conteuse)
Conteuse 1 - Henry sent que le regard de Dorian ne le quitte plus

Il est conquis et fasciné par ses discours

Mais un étonnement grave assombrit son regard
Dorian Gray : (est fixé sur Sir Henry) Croyez-vous vraiment à ce que vous dites ?
Sir Henry : J’ai complètement oublié ce que j’ai dit

Venez donc Dorian



(Ils sortent)
(Reprise de la musique des Beatles, les chaises sont changées de place à vue)
Conteuse 1 - (conteuse) Un mois a passé et nous sommes chez Lord Henry

Boiseries de chêne « olive », carpettes de Perse, vases de Chine bleus

Tulipes « perroquet »

Et les vitraux de la fenêtre donnent une couleur abricot à la lumière…

Superbe !
(Entre Dorian Gray seul)
Dorian Gray : Henry, Henry !
Lady Henry : Désolée mais ce n’est pas Henry Mr Gray
Dorian Gray : pardonnez-moi je pensais…
Lady Henry : … que c’était mon mari…

Mais je ne suis que sa femme

Je vous connais très bien surtout en photographie

Mon mari en a 17 je crois…


Dorian Gray : Non… pas 17 ! Lady henry
Lady Henry : (rire nerveux) Bon… disons 18.

Et puis je vous ai entrevu avec lui un soir à l’Opéra


Dorian Gray : C’était à Lohengrin… ?
Lady Henry : juste ! à ce cher Lohengrin

Wagner c’est superbe non ?

Sa musique fait tant de bruit qu’on peut parler sans déranger personne !
Dorian Gray : Je crains de ne pas vous suivre Lady Henry

Pour la bonne musique j’écoute

Mais pour la mauvaise, c'est un devoir de la noyer sous un flot de paroles !
Lady Henry : Encore une de ces théories d’Henry Mr Gray ?

Je sais ce qu’il pense par ses amis…

Mais voici Henry… Bonjour Henry !

J’ai eu avec M Gray une conversation délicieuse

Et pleine de désaccords sur la musique
Henry : très chère vous m’en voyez ravi

absolument enchanté mon amour !

Je suis navré d’être en retard Dorian

(silence g^né)



Lady Henry – (elle rit) Désolée moi aussi de devoir partir

Sans doute nous croiserons-nous chez Lady Thombury ?


Sir Henry – J’ose le croire très Chère
(elle sort)

Lord Henry : N’épousez jamais une femme aux cheveux paille, Dorian.
Dorian Gray : Pourquoi Harry ?
Lord Henry : Elles sont trop sentimentales

Elles portent des toilettes conçues dans la fureur et ajustées dans une tempête…


Dorian Gray : Mais j’aime les passionnées
Lord Henry : Ne vous mariez jamais
Dorian Gray : Henry ?

Je suis trop amoureux aujourd’hui pour me marier


Lord Henry : De qui donc ?
Dorian Gray : D’une actrice
Lord Henry - Banal !
Dorian Gray – je marchais un soir dans la grisaille de Londres

Sans but mais assoiffé de sensations, d’aventures

Devant un petit théâtre ridicule dans la lumière des becs de gaz

Un juif hideux m’accoste


(Le directeur du théâtre avec un cigare est devant le promontoire qui est devenu le théâtre. Dorian se retrouve dans l’action de ce récit).
Le directeur - (tire son chapeau) Milord Bonsoir…

Vous prendrez bien une loge ?

Le spectacle, les décors, les costumes sont magnifiques

Du Grand du Beau du Vrai théâtre… !

Roméo et Juliette !
(Dorian Gray paye et le directeur ouvre le rideau sur Sybil, en attitude).
Dorian Gray : Ce fut comme une vision

La plus grande émotion d’amour de ma vie

Je vois que vous riez

Vous êtes méchant…


Lord Henry : Je ne ris pas de vous Dorian

Mais il faut dire « la première » émotion amoureuse de ma vie

Car vous serez toujours aimé et amoureux de l’amour
Dorian Gray : Me trouvez-vous si « creux » ?
Lord Henry : « Creux » non

Au contraire très « profond »


Dorian Gray : C’est-à-dire ?
Lord Henry : Ceux qui n’aiment qu’une fois dans leur vie manquent de profondeur

Leur fidélité est un aveu d’échec, une fatigue, un manque d’imagination

Mais continuez...
Dorian Gray : J’étais dans une petite loge crasseuse

Le rideau était de mauvais goût

Le Paradis et le parterre grouillaient de monde

Des femmes vendaient des oranges et de la bière



(Sybil fredonne).

Sa voix…

Jamais je n’avais entendu une telle voix

Comme une flutte ou un hautbois

Harry je l’aime !
(Sur les différentes mimiques de Sybil sur le promontoire)
Je la vois tous les soirs

Un soir Rosalinde, un soir Marianne, un soir Juliette

J’aime la voir expirer dans les ténèbres d’une tombe italienne

Et sucer le poison sur les lèvres de son amant

La voir errer dans la forêt d’Arden déguisée en garçon

Voir les mains noires de la jalousie d’Othello briser son cou frêle comme un roseau

J’aime la voir à tout âge, dans tous les sexes dans tous les costumes !

Les femmes ordinaires Harry n’ont pas de mystère

Elles n’enflamment pas l’imagination

Mais une actrice, Harry, une actrice !


(Dorian applaudit).
Le directeur : Alors, je vois que Milord est satisfait

Qu’il s’intéresse au théâtre

Aux acteurs, aux actrices aussi

Veut-il rencontrer Juliette en coulisse ?

Bavarder un peu ?
Dorian Gray : Rencontrer Juliette ?!

Elle est morte à Vérone depuis des siècles


Le directeur : Pardon pardon…

Alors vous écrivez pour les journaux ?


Dorian Gray : Je ne les lis pas
Le Directeur : Ah tant mieux !

Les critiques sont tous achetés

Vous devriez essayer ce cigare…

(Il tend un cigare que Dorian refuse)

Non ?

Ah ! Shakespeare ! Le grand Shakespeare ! Le Barde de Strafford !



J’ai fait Cinq fois faillite pour le défendre

Les critiques s’acharnent mais je tiens

Je sens que vous êtes un mécène, un protecteur des arts

La petite est une spécialiste de Shakespeare

Elle saura vous parler du grand Barde !

(à Sybil)

Sybil ! Sybil !

C’est le « Milord » qui vient voir Shakespeare chaque soir

Et qui insiste pour te rencontrer


Sybil : Milord ? Non pas un Lord vous avez l’air d’un Prince

Puis-je vous appeler mon Prince ? Mon Prince Charmant ?


Sir Henry : Charmant ! Elle sait tourner un compliment…
Le directeur : Allons Sibyl raconte ta triste vie au Prince
Dorian Gray : Peu m’importe de savoir d’où elle vient
Sir Henry : Vous avez raison, la tristesse le malheur…

Comme c’est banal…


Dorian Gray : ( à Sibyl ) Du sommet de votre petite tête à l’extrémité de vos petits pieds

Vous êtes purement absolument divine


Sybil : Au revoir mon Prince Charmant...
Le directeur (fermant le rideau) Cher Prince demain c’est Roméo et Juliette

Votre place est déjà réservée


Dorian Gray : (à Henry) Henry je veux rendre Roméo jaloux

Je veux que les amants défunts de l’univers entier

Se mettent à pleurer en entendant nos rires

Sibyl Vane sera Juliette

Et je ferai reconnaître son génie sur les plus grandes scènes
Sir Henry : Est-ce Juliette ou Sybil Vane qui vous transporte ainsi ?
Dorian Gray : Demain je veux que vous m’accompagniez

Elle est à elle seule toutes les héroïnes du monde


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