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Principes sur la liberté du commerce des grains


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II.
Ses origines et sa jeunesse


François Quesnay est né à Méré 6, près Montfort-l’Amaury, en 1694. Tous les biographes donnent la date du 4 juin et cette date semble avoir été fournie par Quesnay, car elle figure au bas d’un portrait fait de son vivant. Son acte de baptême est toutefois du 20 juin 7.

Les ordonnances royales 8 avaient prescrit aux curés d’indiquer sur leurs registres le jour et le temps de la nativité des enfants. L’acte de baptême de Quesnay est muet à cet égard, ainsi que beaucoup d’autres, mais ordinairement le baptême se faisait le lendemain ou le surlendemain de la naissance et non seize jours après. La date du 4 juin est donc douteuse.

Les panégyristes ont raconté, d’après la note d’Hévin, que le père de Quesnay, Nicolas, était avocat.

Dans son contrat de mariage 9, Nicolas Quesnay est désigné comme marchand ; dans l’acte de baptême de l’un de ses enfants, il est dit « garde-plaine de S. M. » ; dans d’autres actes de baptême 10, notamment dans celui de son fils François, il est qualifié : « receveur de l’abbaye de Saint-Magloire ». À partir de 1696 11, il est désigné comme laboureur. C’était là, sans doute, sa profession principale.

L’existence de sa famille dans le canton de Montfort est constatée par des contrats remontant jusqu’au milieu du XVIe siècle et ces contrats montrent que les Quesnay étaient des paysans. L’aïeul de Nicolas était à la fois laboureur et marchand ; il fut collecteur de la taille en 1639. Le père 12 de Nicolas fut également laboureur et marchand ; il jouissait d’une certaine considération, car au contrat de mariage de son fils, figurèrent comme témoins, tant du côté du mari que du côté de la femme, plusieurs « nobles hommes », un sieur de la Queue 13, un seigneur d’Adam-ville, etc.

Les Quesnay habitaient à Méré, rue Saint-Magloire, une maison qui, probablement, n’existe plus aujourd’hui et qui était composée de deux chambres à feu, avec cave et grenier ; à côté, était une grange ; derrière, se trouvaient trois bâtiments couverts en chaume, une écurie, une boutique et une étable. Le jardin attenant n’avait que 27 pieds de large à un bout, 42 au milieu, 19 à l’autre bout. Dans la boutique devait se faire un commerce de menus objets 14, ainsi qu’il arrive encore fréquemment dans les campagnes.

Les Quesnay avaient donc une situation modeste. Ils possédaient quelques terres sur Méré, mais elles donnaient de médiocres revenus, puisque Nicolas ajouta de petits emplois à sa profession. Nicolas avait toutefois deux domestiques, un homme et une servante, qui tinrent son dernier enfant sur les fonts baptismaux ; les mariages dans la famille se faisaient par contrats et chacun des, époux apportait une dot, ce qui indique une aisance relative.

Les panégyristes, et ils doivent dire vrai sur ce point, nous représentent le père de Quesnay comme un brave homme, fort négligent de ses affaires 15, et non moins négligent de l’éducation de ses enfants. Il en eut pourtant douze qui, pour la plupart, moururent en bas âge 16. A sa mort, il n’en restait que cinq, deux fils et trois filles. François Quesnay, né le huitième, fut le quatrième des survivants.

Il est vraisemblable que Nicolas Quesnay, garde-plaine de Sa Majesté, puis receveur d’abbaye, était un homme médiocre et peu instruit, bien qu’on cite de lui des paroles sentencieuses.

Quant à sa femme, Louise Giroux, du village de Davron 17, les biographes nous font entendre qu’elle gouvernait la maison ; elle se livrait tout entière aux soins qu’exigeait la culture et associait son fils François à ses occupations champêtres, sans avoir d’autre ambition maternelle que de lui confier la gestion du petit bien familial quand elle ne pourrait plus s’en occuper elle-même.

Les biographes prétendent qu’elle avait l’esprit cultivé. Cependant, à onze ans, Quesnay ne savait pas encore lire ; le premier livre qui lui tomba sous la main fut la Maison rustique, et pour le déchiffrer, il recourut à l’assistance du jardinier de la maison qui le lui avait prêté 18.

Les biographes ajoutent que le jeune homme remédia de lui-même à l’insuffisance de son éducation première, dévora tous les livres qu’il put se procurer, apprit le latin et le grec presque sans maîtres. Ils disent enfin que la chirurgie fut chez Quesnay une vocation, que sa mère lui résista d’abord, puis qu’elle céda devant son obstination. Il serait allé apprendre les premiers éléments de l’art chez un chirurgien d’Ecquevilly 19, mais s’étant aperçu de l’ignorance d’un tel maître, il se serait rendu à Paris pour y faire des études sérieuses.

Le récit des biographes est accompagné d’anecdotes dont l’invraisemblance saute aux yeux.

Pour montrer le degré de curiosité du jeune François, ils racontent que, dans les grands jours d’été, il partait quelquefois de Méré au lever du soleil, allait à Paris acheter un livre et rentrait chez ses parents le soir, après avoir lu en route le livre qu’il était allé chercher. Méré est à plus de 40 kilomètres de Paris ; faire plus de 20 lieues en un jour, en lisant en chemin, c’est beaucoup !

Les panégyristes racontent encore que le chirurgien d’Ecquivilly n’avait pas de diplômes, que, pour s’en procurer un, il s’empara en cachette des cahiers de son élève et les présenta au lieutenant du premier chirurgien du roi comme renfermant des leçons qu’il avait données ; le lieutenant, ayant trouvé les leçons excellentes, lui aurait délivré, sans autre examen, des lettres de maîtrise. Mais les panégyristes nous disent que Quesnay ignora la supercherie et ils n’indiquent pas comment elle fut connue.

Ils rapportent enfin que, lorsque Quesnay eut, à seize ans et demi, achevé des études correspondant à peu près aux humanités et se fut ainsi suffisamment pénétré de Cicéron et de Platon, sa mère lui mit un Montaigne dans les mains en lui disant : « Tiens, voilà pour t’arracher l’arrière-faix de dessus la tête ». Un des biographes ajoute : « On ne saurait s’étonner que le fils d’une telle mère ait été un homme original, peu assujetti aux préjugés, propre à se frayer lui-même les routes qu’il voulait parcourir. »

Ce qui est étonnant, c’est qu’une femme de campagne, mariée à dix-sept ans à un laboureur, constamment absorbée par des occupations matérielles et par les soins de la maternité, ait pu porter sur Montaigne le fin jugement qui lui est attribué. Elle attachait, en réalité, si peu d’importance aux connaissances littéraires que non seulement elle n’apprit pas à lire à son fils, mais qu’elle n’enseigna pas à écrire à celle de ses filles qui resta le plus longtemps près d’elle. 20 Dans l’acte de mariage de cette dernière, âgée alors de trente-deux ans, se trouve cette phrase caractéristique : « L’épouse ayant déclaré ne savoir signer. »

Fn tout cas, Mme Quesnay, devenue veuve en 1707, mit quelques années plus tard, en octobre 1711, François, alors âgé de dix-sept ans, en apprentissage chez un graveur de Paris, Pierre de Rochefort 21. Cette profession était alors à la mode : « La France était remplie de graveurs », dit Monteil.

Un autre fait non moins certain, c’est que Quesnay obtint, on ne sait à quelle date, le grade de maître ès-arts qu’il a inscrit à la suite de son nom sur le titre de plusieurs de ses ouvrages. Ce grade, qui donnait le droit d’enseigner les humanités et la philosophie, était conféré par l’Université après deux examens devant quatre examinateurs et devant le Chancelier de Notre-Dame ou de Sainte-Geneviève qui remettait le bonnet au candidat heureux. Il est possible que Quesnay ait complété son instruction première lorsqu’il vint à Paris, mais il est peu probable qu’il ait pu se mettre en situation de subir des examens d’humanités et de philosophie sans avoir acquis auparavant, soit auprès du curé de Méré, soit autrement, des connaissances d’une certaine étendue.

D’après l’affirmation d’Hévin, ce serait en 1710 que Quesnay serait allé chez le chirurgien d’Ecquevilly. Une conjecture est dès lors permise. Pour devenir maître en chirurgie, il fallait, en vertu de l’édit de février 1692 22, avoir été apprenti chez un maître d’une ville principale ayant communauté de chirurgiens et avoir servi ensuite pendant quatre ans chez un ou plusieurs maîtres, ou bien, à défaut du premier apprentissage, avoir servi pendant six ans chez un ou plusieurs maîtres. Quesnay aurait commencé son stage à Ecquevilly en suivant la seconde filière ; il l’aurait interrompu pour apprendre la gravure, mais il ne serait pas resté beaucoup plus longtemps en apprentissage comme graveur que comme chirurgien.

Un biographe dit qu’il travailla chez Cochin et qu’il logea à Paris chez le père du célèbre artiste ; il est probable qu’il n’y a là qu’une confusion de nom entre Cochin et Pierre de Rochefort.

Quoi qu’il en soit, Quesnay ne tarda pas à aller faire ses études médicales à Paris, et c’est à cette époque qu’on peut placer le désaccord signalé entre lui et sa mère, celle-ci persistant à vouloir le faire graveur et lui voulant être chirurgien.

Rangé et d’une vigoureuse santé, il fut un étudiant laborieux ; il assista aux leçons du Collège de chirurgie et à celles de la Faculté de médecine où il prit des inscriptions ; il étudia la pharmacie, suivit des cours d’anatomie, de chimie et de botanique au Jardin du roi, fréquenta les hôpitaux, « ne manquant ni une visite, ni un pansement », fut admis « à travailler » à l’Hôtel-Dieu et trouva néanmoins, au milieu de ses occupations professionnelles, le temps de compléter son instruction générale. « Il effleura les mathématiques », dit Grandjean de Fouchy avec une pointe d’ironie, et étudia la philosophie ; La recherche de la vérité, de Malebranche, lui inspira un goût très vif pour la métaphysique.

En 1716, il quitta Paris pour aller, comme chirurgien, à Orgerus, petit village situé à une douzaine de kilomètres de Méré, vraisemblablement pour compléter son temps de service chez un maître ; celui d’Orgerus ne devait avoir ni plus de science, ni plus de clientèle que celui d’Ecquevilly.

L’année suivante, le 30 janvier 1717, il se maria avec Jeanne Catherine Dauphin, qui, nous dit encore Grandjean de Fouchy, était fille d’un marchand des six corps de Paris. Les six corps étaient, comme on sait, ceux des drapiers, épiciers, merciers, pelletiers, bonnetiers et orfèvres ; si la femme de Quesnay avait été la fille d’un orfèvre, le biographe l’aurait signalé. Il n’a pas osé dire ou Hévin ne lui a pas fait connaître qu’elle était la fille d’un épicier de la rue des Fossés-Saint-Sulpice, ce qui est constaté par son contrat de mariage.

À ce contrat, daté du 8 janvier 1717 23, figurèrent comme témoins, du côté de Quesnay, son beau-frère, épicier à Saint-Léger, le curé de Saint-Léger et un bourgeois de Paris ; du côté de la future, un marchand de grains, un secrétaire de conseiller au Parlement, un officier d’échansonnerie du roi, un marchand perruquier. Chaque époux apporta en dot 3.000 livres.

Quesnay, voulant s’établir à Mantes, demanda la maîtrise aux chirurgiens de la ville ; ceux-ci la lui refusèrent. Les membres des corporations trouvaient facilement des prétextes pour écarter un concurrent.

Muni de sa lettre de refus, Quesnay alla à Paris, au collège de Saint-Côme, subir les épreuves de la maîtrise et fut reçu avec éloges le 9 août 1718.

« J’ai entendu plusieurs fois, dit Hévin, M. de Malaval (prévôt du collège de chirurgie) rappeler le jugement distingué que ses collègues et lui avaient porté du candidat, d’après la supériorité de lumières qu’ils lui avaient reconnues dans se différents examens. »

Hévin n’a pas expliqué pourquoi cet élève si brillant n’avait pas concouru à la maîtrise lorsqu’il était à Paris avant de se rendre à Orgerus. Il est à supposer qu’il n’avait pas alors le temps exigé par les règlements, ou qu’il voulait éviter de payer les droits de maîtrise à Paris, sensiblement plus, élevés qu’à Mantes 24.

Ce sont là des détails. Ce qui avait quelque importance, c’était d’être fixé sur les origines de Quesnay. Ses disciples avaient dit : Quesnay est né dans une ferme, Quesnay est parti de la charrue 25. D’autres de ses contemporains avaient confirmé ce témoignage 26 ; les dires des panégyristes l’avaient fait suspecter.

Grâce aux recherches des membres de la Société archéologique de Rambouillet, la vérité est maintenant connue. Au lieu d’être le fils d’an avocat au Parlement qui s’était retiré à la campagne par amour de l’agriculture ou par économie, Quesnay est issu d’une famille de laboureurs et de petits marchands ; il a passé son enfance au milieu des faits agricoles, dans un pays de petite et moyenne culture, et au milieu des faits du petit négoce ; il s’est marié dans le petit commerce.

Son origine paysanne, ses alliances modestes expliquent mieux ses travaux économiques que l’origine robine, que la vanité voulut lui donner. Mais au XVIIIe siècle on voulait tout au moins être bourgeois, si l’on n’était pas noble ; le titre de paysan sonnait mal, il avait encore quelque chose du serf.



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