Ana səhifə

Petit Manuel à l’usage de la France d’en bas L’école pour tous Tous pour l’école «Le peuple qui a la meilleure école est le meilleur peuple du monde. S’il ne l’est pas aujourd’hui, il le sera demain»


Yüklə 0.63 Mb.
səhifə6/8
tarix26.06.2016
ölçüsü0.63 Mb.
1   2   3   4   5   6   7   8


voici pourquoi, m. raffarin,

nous allons nous opposer a votre reforme…

Il y a d’abord, M. le Premier ministre, un point qui nous chagrine, nous irrite ou nous exaspère selon le caractère, l’humeur du moment ou le montant de la paie. Comment pouvez-vous avoir l’audace d’exiger des Français un effort en matière de retraites sans vous l’appliquer à vous–même et aux gens de votre rang ? Nous n’avons pas oublié que, votre gouvernement à peine formé, vous avez procédé à une substantielle revalorisation du traitement des ministres, de près de 70% ! Nous n’avons pas non plus oublié le départ à la retraite de M. Juppé, énième illustration des privilèges parlementaires.


Et comment pourrions-nous perdre de vue l’insolent et régulier étalage des salaires, stock-options, golden parachutes et autres retraites somptueuses de nos grands patrons ? Pourquoi, vous généralement si prompt à discourir sur l’équité, êtes-vous à ce propos tellement silencieux ? Si vous souhaitiez réelle ment une juste réforme, le minimum, M. Raffarin, aurait été de veiller à ce que tout cela soit mis sur la table…

Un autre sujet nous mécontente beaucoup, c’est votre façon de discuter. La méthode, comme l’on dit. Depuis votre entrée à Matignon, vous n’avez eu de cesse de vous présenter comme l’homme de la France d’en bas, soucieux de proximité, de dialogue social.
Et que faites-vous quand arrivent les choses sérieuses ? Rien, en définitive, que de la basse politi que et de l’autisme : une réforme dont il faut attendre des mois la teneur exacte, soit autant de temps perdu pour une étude et une négociation sérieuses ; un projet quasi bouclé, sans autre « ouverture » que des miettes à distribuer ; un souverain mépris pour toutes les propositions alternatives qui vous ont été présentées, qu’elles émanent des syndicats ou d’autres sources. Irréalistes, le retour du privé à 37,5 ans de cotisation, l’intégration des primes des fonctionnaires en échange du passage à 40 ans, le minimum de pension à 100% du SMIC ou une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail !
Bref, tout ce qui ne vient pas de vous est toujours impossible, toujours pas sérieux, trop coûteux ! Alors même que les ressources sont là, à portée de main, à réfléchir et à panacher : augmentation des cotisations sur le travail, modulation des taux en fonction du recours de l’entreprise à l’emploi précaire, instauration d’une cotisation vieillesse sur les transactions financières, les revenus boursiers, la consommation, création d’une taxe sur les ventes d’armes, etc. Par ailleurs, on ne vous a guère entendu parler, dans votre prétendu « grand chantier », des retraites des petits commerçants, artisans ou paysans dont nul n’ignore les modestes montants. Enfin, comment ne pas dire et redire que vous avez omis d’asso- cier à vos « consultations » un invité pourtant bien naturel : les jeunes ?! Ceux-là même qui payeront demain nos retraites. Quel symbole que cet oubli, M. Raffarin, de votre manque de bon sens et de votre esprit si peu démocratique !


Mais venons-en au point central de votre réforme. Vous souhaitez, à partir de 2008, aligner la durée de cotisation du public sur le privé, puis allonger pour tous cette durée à 41, 42 ans. Avec, à la clef, une baisse des pensions et retraites que l’on évalue de 20 à 30%, des jeunes qui, compte-tenu de leur entrée tardive sur le marché du travail, vont devoir travailler jusqu’à 65 ou 70 ans, et des chômeurs et précaires soumis, en quelque sorte, à une triple peine : choc du licenciement, recherche épuisante d’emploi, retraite au montant forcément amputé.

Ni les fonctionnaires, ni les salariés du privé, ni les précaires des deux secteurs, ni les chômeurs jeunes ou âgés, n’ont mérité, M. le Premier ministre, pareil traitement, pareille régression sociale !
En outre, qui ne voit qu’avec une telle baisse des pensions et retraites, la voie sera ouverte, de fait, aux fonds de pension ? Pour ceux, bien entendu, qui auront les moyens d’y souscrire et avec tous les aléas boursiers que l’on sait. Mais c’est incontestable, si votre réforme passait, le piège se refermerait.
Le droit à une vie, décente et digne, après le travail, garanti par la contribution de tous, deviendrait de plus en plus un produit. Lucratif pour les marchands, généreux pour une petite minorité, appauvrissant et insuffisant pour le plus grand nombre.


Il y a enfin, M. Raffarin, que nous ne vous voyons que trop bien venir.


En cas de succès, il ne fait pas le moindre doute que vous serez, demain, encore plus agressi- vement libéral que vous ne l’êtes déjà : sur la Sécurité sociale dès le deuxième semestre 2003, sur les régimes de retraite des entreprises publiques ou la sécurité d’emploi des fonctionnaires un peu plus tard, sur les privatisations tous azimuts que vous négociez dans le cadre de l’Union européenne ou de l’Accord général sur le commerce des services à l’OMC. Votre réforme n’est que l’une des pièces d’une offensive mondiale qui dure depuis maintenant plus de vingt ans et se nourrit, partout, de ses victoires ou grignotages successifs.

Voilà pourquoi, M. le Premier ministre, nous allons nous opposer à votre réforme et chercher à en imposer une autre, solidaire, démocratique et moderne.


Une réforme où tout soit mis sur la table, où tous soient dignement traités, et sans le dogmatisme idéologique dont vous faites preuve. Il ne faudrait surtout pas croire que parce que vous avez été confortablement élu – dans les conditions que l’on sait – tout vous soit permis. Nous allons, dès demain et aussi longtemps qu’il le faudra, vous le faire entendre.
3- L’enjeu des cotisations patronales Bernard Friot, professeur de sociologie à l'Université Paris X Nanterre, habilité à diriger des recherches en économie et en sociologie, mardi 20 mai 2003 bernard.friot@u-paris10.fr

On va le voir, le volet financier du dossier « retraites » est vite présenté : il est plus facile de consacrer aujourd'hui aux retraites 12% d'un PIB de 1500 milliards d'euros qu'il ne l'était il y a quarante ans d'y consacrer 5% d'un PIB de 750 milliards, et il sera plus facile encore dans quarante ans de dépenser pour les retraites 20% d'un PIB qui sera alors de 3000 milliards. De quarante ans en quarante ans, le doublement du PIB en monnaie constante permet de consacrer de trois à cinq fois plus aux retraites tout en quasi-doublant la richesse affectée aux actifs ou à l'investissement.

Cela, la classe dirigeante le sait parfaitement. Pourquoi alors son acharnement à « sauver » une institution en parfaite santé ? C'est que c'est cette santé qui l'affole. Hier, le salaire était fait de 85% de salaire direct et de 15% de cotisation sociale, et ça ne prêtait pas à conséquence. Aujourd'hui, nous sommes à 60/40 : c'est déjà peu tolérable que 40% du salaire nous paie à ne rien faire, c'est-à-dire à travailler librement, à produire de la richesse et non pas à mettre en valeur du capital. Demain, continuer à financer les retraites par cotisations sociales supposera que plus de la moitié du salaire finance non pas le travail subordonné mais le travail libre. Alors notre destin de force de travail subordonnée à la loi de la valeur pourra être déjoué, d'autant que - seconde dimension subversive du financement de la retraite par cotisation sociale - financer les retraites sans épargne financière montre le caractère parasitaire de celle-ci … et donc qu'il est possible aussi de financer l'investissement productif (220 milliards d'euros aujourd'hui, à peine plus que les 180 milliards des retraites) sans accumulation financière. Là, c'est le droit de propriété lucrative qui est en jeu, et avec lui le fondement même du capitalisme. On le voit, c'est une bataille politique majeure qu'engage la classe dirigeante contre le financement de la retraite par la hausse des cotisations sociales patronales, et elle est prête, cette fois encore, à ce que saute le fusible Raffarin plutôt qu'à renoncer à engager une bataille où elle joue, à long terme, sa survie.

l'urgence d'un changement de notre représentation du salaire

Evidemment, une telle perspective, à notre portée, suppose un déplacement voire un renversement de notre représentation du salaire. Nous l'identifions au prix de notre force de travail, à la subordination à la loi de la valeur auquel notre travail est soumis, et finalement, tout en aspirant à de meilleurs salaires, nous ne pensons pas que le salaire puisse être aussi un chemin de libération. Et il est vrai que le salaire est de la monnaie, et que cette monnaie correspond à la mise en valeur des capitaux par le travail salarié : c'est ce qu'on appelle la subordination du travail à la loi de la valeur. Cette subordination est faite d'exploitation (la valeur créée par notre travail ne nous revient actuellement qu'à 60%, la part des salaires dans le PIB) et d'aliénation : ce sont les actionnaires qui décident des biens et services qui vont être produits. Mais précisément, parce que le salaire est l'expression de cette subordination, il est depuis deux siècles l'enjeu d'un affrontement de classes qui en Europe continentale a transformé les travailleurs en salariés, ce qui est une mutation aux potentialités considérables.



Le salaire pour tous

Un salarié, c'est quelqu'un qui n'est pas simplement une force de travail puisque les employeurs doivent payer le temps libre de sa retraite … et tout l'enjeu est de leur faire payer le temps libre du chômage et de la jeunesse. Cela n'est possible que si nous comprenons que la pension n'est pas la contrepartie de mon travail passé, qu'elle n'est pas du salaire différé, mais qu'elle est du salaire socialisé, la part qui me revient, au titre des règles du droit du travail en permanence délibérés politiquement, de la valeur créée par le travail subordonné collectif, … ce qui est aussi la définition du salaire direct payé à la qualification.

Il faut insister en effet sur une évidence mal perçue : un salarié n'est pas payé pour son travail, mais pour sa qualification (s'il est fonctionnaire) ou pour celle de son poste (s'il relève du statut privé). La qualification n'est pas la mesure de la tâche accomplie au jour le jour, ni de l'implication dans la culture d'entreprise : parce qu'elle fonde le salaire sur des critères plus généraux, elle introduit la distance entre mon travail et ma ressource qui est une condition de liberté et qui, si je l'assume au lieu de m'arc-bouter sur l'idée fausse que " mon, salaire est la contrepartie de mon travail ", me rend solidaire des chômeurs et des jeunes dans la revendication d'un salaire pour tous.

Le salaire pour tout

Cela dit, l'augmentation des temps libres payés ne libère pas de la subordination au travail : comme on l'a vu souvent avec les 35 heures, le temps libre augmente au prix d'une intensification inhumaine du temps subordonné ; et surtout ce sont toujours les titulaires de l'accumulation financière qui ont la main sur l'investissement : le profit est réduit mais pas supprimé. C'est ici qu'il est possible de concrétiser ce qu'offre le salaire comme tremplin pour en finir avec le droit de propriété lucrative. La réussite des régimes de retraite en répartition (les seuls qui aient pu vaincre la pauvreté de masse des personnes âgées) ouvre la voie à une transposition au financement de l'investissement de ce qui s'est opéré pour la retraite, à savoir la transformation de patrimoines lucratifs des ménages en salaires à travers la cotisation sociale. C'est maintenant les grands centres d'accumulation financière qu'il faut supprimer en imposant la cotisation économique qui financera par le salaire l'investissement. Le tableau 3 (construit comme le tableau 1 à partir de données arrondies, et dont il ne faut donc pas durcir les valeurs absolues) explore trois scénarios à l'horizon 2040 pour montrer comment peut se poursuivre la révolution du salaire engagée depuis les luttes du siècle dernier.



Tableau 3 : La mutation du salaire (1960-2040)




1960

2000

2040 (A)

2040 (B)

2040 (C)

Part du salaire dans le PIB

60%

60%

60%

70%

85%


Progression du montant du salaire réel et de ses composantes (indice base 100 en 2000)

Salaire total

50

100

200

230

280

Dont Salaire direct

60

100

167

176

176

Cotisations sociales

35

100

250

310

310
1   2   3   4   5   6   7   8


Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©atelim.com 2016
rəhbərliyinə müraciət