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Ion Manoli Dictionnaire stylistiques et poétiques Etymologie. Définition. Exemplification. Théorie


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Anantapodoton n.m. ou Anantapodote n.f. du gr. anantapodoton :  « absense de correspondance symétrique ».

Variété d'anacoluthe (voir sous ce mot), dans laquelle on oppose de deux éléments corrélatifs d'une phrase (les uns... les autres; tantôt... tantôt; soit que... soit que, etc.) le premier seul est exprimé; le mouvement logique de la phrase est sousentendu, et la phrase s'achève d'habitude d'une autre manière. Il s'agit donc d'une reprise approximative, ou partielle, de termes corrélatifs ou parallèles dans une phrase ou un ensemble de phrases. Par ex. :



Les uns ne veulent pas parler et (les autres ne veulent pas se taire - I. M.) du reste je crois que personne ne sait rien.

J. Marouzeau

L'anantapodoton est d'assez large usage.

Anapeste n. m. Du lat. anapoestus; en gr. anapaistos : « happer à rebours »

Pied composé de deux syllabes brèves et une longue: UU/U. On appelle vers anapestique celui qui comporte un anapeste.



Si | l'aurore | malapprise

L'a surprise

Peureuse, | elle part | sans bruit

Et s'enfuit.

A. de Musset

Les vers anapestiques sont presque toujours employés avec d'autres pieds.

Voir sous versification.



Anaphore n. f. Du gr. anaphora : « retour ».

Figure de construction qui consiste à répéter un mot ou un groupe de mots pour obtenir un effet de renforcement ou de symétrie.

Les anaphores de persévérance :
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, ce sont

Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front,

Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime

Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime,

Ayant devant les yeux, sans cesse, nuit et jour,

Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.

V. Hugo


Les anaphores d'indignation sont assez largement employées dans la poésie française des XIXe-XXe s. :
De quel droit mettez-vous les oiseaux dans des cages,

De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,

Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents?

V. Hugo


Anaphores du lyrisme, de l'éloquence, du chagrin :
Rome, l'unique objet de mon ressentiment!

Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant!

Rome, qui t'a vu naître, et que ton coeur adore!

Rome, enfin, que je hais parce qu'elle t'honore!

P. Corneille



Le nombre des termes répétés de l’anaphore n’est point stable. Nous avons glané un exemple d’anaphore tiré de la poésie de Saint-Pol-Roux le Magnifique (1861-1940) où le mot « Onde » constitue le pivot du poème « Sur un ruisselet qui passe dans la luzerne », étant répété plus de quarante fois. Nous y présentons une partie du poème :
 O l’Onde qui file et glisse, vive, naïve, lisse ! [...]

Je me pris à prier comme devant une Statue-de-la-Vierge en fusion :

« Onde vraie,

Onde première,

Onde candide,

Onde lys et cygnes,

Onde sueur de l’ombre,

Onde baudrier de la prairie,

Onde innocence qui passe,

Onde lingot de firmament,

Onde litanies de matinée,

Onde choyée des vasques,

Onde chérie par l’aiguière,

Onde amante des jarres,

Onde en vue du baptême,

Onde pour les statues à socle,

Onde psyché des âmes diaphanes,

Onde pour les orteils des fées,

Onde pour les chevilles des mendiantes,

Onde pour les plumes des anges, 

Onde pour l’exil des idées,

Onde bébé des pluies d’avril,

Onde petite fille à la poupée,

Onde fiancée perlant sa missive,

Onde carmélite au pied du crucifix,

Onde avarice à la confesse,

Onde superbe lance des croissades,

Onde émanée d’une cloche tacite,

Onde humilité de la cime,

Onde éloquence des mamelles de pierre,

Onde argenterie des tiroirs du vallon,

Onde banderole du vitrail rustique,

Onde écharpe que gagne la fatigue,

Onde, palme et rosaire des yeux,

Onde en vacances des ruches sans épines,

Onde versée par les charités simples,

Onde rosée des étoiles qui clignent,

Onde pipi de la lune-aux-mousselines,

Onde jouissance du soleil-en-roue-de-paon, 

Onde analogue aux voix des aimées sous le marbre,

Onde qui bellement parait une brise solide,

Onde pareille à des baisers visibles se courant après,

Onde que l’on dirait du sang de Paradis-les-Ailes,

Je te salue de l’Elseneur de mes Péchés ! »

Ce Ruisselet, j’ai su depuis, était mon Souvenir-du-premier-âge.

O l’Onde qui file et glisse, vive, naïve, lisse ! 

Du recueil De la Colombe au corbeau par le paon (1885-1904).

L'anaphore est une figure largement employée non seulement dans la poésie, mais aussi dans la prose en gardant toujours a valeur de persévérance, d’indignation et du lyrisme :



- Va, va, tu seras vengé, mon petit, mon garçon, mon pauvre enfant. Dors, dors, tu seras vengé, entends-tu ?

- C'est la mère qui le promet.

G. de Maupassant

Dans la poésie roumaine de Bessarabie cette figure de construction est exploitée en profondeur par Grigore Vieru, Dumitru Matcovschi, Nicolae Dabija. Parfois ce moyen est employé en corrélation avec un autre, d'ordre néologique, comme dans l'ex. suivant :
Viaţă, că tare eşti Noaptevine.

Viaţă, că tare eşti Numiebine.

Viaţă, că tare eşti Ofmieteamă.

Viaţă, că tare eşti Vindemamă.

..................................................



Viaţă, că tare eşti Sloidegheaţă.

D. Matcovschi

A ne pas confondre l'anaphore comme figure de construction avec la redite - terme de la poétique arabe et de la poétique des peuples d'Orient où l'on fait repérer un mot ou un groupe de mots à la fin de la strophe.

C'est avoir tort de considérer que l'anaphore est une simple répétition au caractère simpliste : au contraire, l'anaphore donne beaucoup d'allure, de souffle aux textes qu'elle soutient.

Synonymes : épanaphore, épiphore (voir sous ce mot).

Anaphorique adj. On emploie période (voir sous ce mot) anaphorique pour période comme phrase complexe dont plusieurs membres commencent par le même mot comme dans l'ex. ci-dessous :

Elle changeait de place : elle retrouvait les mêmes sourires, la même hostilité, les mêmes chuchotements. Elle alla jusqu'au fond de la salle : tous ces yeux de femmes l'y suivaient ; elle se sentait enveloppée de regards de méchanceté et d'envie, depuis le bas de sa robe jusqu'aux fleurs de son chapeau ; elle était rouge...

Goncourt


Anaphorisme n. m. De anaphore, et le suffixe -isme.

Abus, excès dans l'emploi de l'anaphore comme moyen de construction.

On dit : l’anaphorisme de V. Hugo.

Anastrophe n. f. Du gr. anastrophê : « renversement ».

Renversement de l’ordre habituel des mots dans une phrase. Ex. : D’amour mourir me font, belle marquise, vos beaux yeux (Molière) pour la variante classique : Vos beaux yeux me font mourir d’amour.



Anciens et Modernes n. m. pl. ou Antiques et Modernes n. m. pl.

Du fr. Querelle des Anciens et des Modernes. En roum. Antici şi Moderni.

1. Terme de l’histoire de la littérature qui se rapporte à deux grands groupes de littéraires parus en France à la fin du XVIIe siècle. La grande querelle a duré quelques décennies. N. Boileau était en tête du groupe des Anciens. D’autres partisans du groupe : Montaigne, La Fontaine, Racine, Rousseau et d’autres. A la tête du groupe des Modernes, de l’esprit « révolutionnaire » étaient les frères Perrault. D’autres adeptes comme Descartes, Molière, Corneille, Voltaire, Diderot ont largement contribué à l’approfondissement de la « bataille ». Le résultat de cette querelle a été L’Illuminisme comme mouvement littéraire et philosophique.

Se délimitant des Antiques (des Anciens), les Modernes ont un respect particulier pour l’esprit et les valeurs nationales françaises. Ils découvrent l’idée de la relativité et insistent sur l’innovation, choses indispensables pour progresser. A insi, les Modernes ouvrent-ils largement la voie au siècle des Lumières et exercent une influence considérable sur les mentalités. Sans entrer en détails de la querelle, nous admettons, comme le fait Fénélon dans Lettre à l’Académie qu’être moderne signifie appartenir à son temps et participer, en mȇme temps, à l’évolution de la connaissance. L’originalité historique des modernes, qui les opposait chaque fois aux antiques est considéré juste une constante littéraire.

La modernité opère dans un camp de tension fixée entre tradition et innovation, conservation et renouvellement.

Le succès de la modernité est basé sur le fait qu’il se situe sous le signe de la métamorphose. La modernité est associée avec l’époque des transformations fondamentales qui supposent un changement de paradigme dans les domaines de l’activité spirituelle et matérielle.

Ch. Baudelaire donne un sens nouveau à la modernité se rapportant à la vie moderne. H. Meschonnic souligne que dans Le peintre de la vie moderne de Baudelaire, moderne est la vie. Pas le peintre. Pas l’art. Le peintre doit s’inscrire dans sont temps. Pour Balzac, Zola et les frères Goncourt le fait que l’artiste doit représenter son temps devient une norme.

Moderne, pour Baudelaire signifie, avant toute chose « sujet moderne ». Il constate que la « grande majorité des artistes qui ont abordé des sujets modernes se sont contentés des sujets publics et officiels, de nos victoires et de notre héroisme politique ».

Les adeptes admirateurs de l’Antiquité (Les Anciens) et ceux de l’esprit moderne font un modèle d’analyse et d’interprétation de l’acte littéraire.

2. Sens général : Le terme désigne des moments divers de l’histoire littéraire où les Romantiques répugnent tout ce qu’appartient au Classicisme, les Surréalistes n’acceptent point les Réalistes.

On dit : partisan des Anciens et partisan des Modernes.

Anecdote n. f. Du lat. anectoda (surtout au pluriel) ; gr. anekdota : « choses inédites », titre d’un ouvrage de Procope.


  1. Particularité historique, petit fait curieux dont le récit peut éclairer le dessous des choses, la psychologie de l’homme.

  2. Historiette - L’un d’eux avait une anecdote à raconter (A. Maurois).

Anecdotier, ière n. De anecdote.

Conteur, conteuse d’anecdotes ; historien qui aime les anecdotes.



Anecdotique adj. De anecdote.

Qui s’attache aux anecdotes, contient des anecdotes.

On dit : Situation anecdotique ; histoire anecdotique.

Angle de l’image Archibald Sayce symbolise le degré de difficulté qu’a le lecteur à interpréter un trope, une image littéraire par l’ouverture variable d’un angle. Plus l'image est difficile plus l'angle sera grand. Les objets comparés sont représentés par les côtés de l'angle, le trait commun qui permet le rapprochement par le sommet. Selon Sayce l’angle de Nous semblions... Lui les Hébreux, moi Pharaon. (G. Apollinaire) est plus grand que celui de Mon beau navire ô ma mémoire. (G. Apollinaire).

Depuis le Symbolisme, prosateurs et poètes ont exalté à l’envi le prestige d’augmenter l’angle de l’image et son rôle dans la création littéraire. A en croire André Breton, « comparer deux objets aussi éloignés que possible l’un de l’autre, ou, par toute autre méthode, les mettre en présence d’une manière brusque et saisissante, demeure la tâche la plus haute à laquelle la poésie puisse prétendre » (A. Breton, Les Vases communicants, p. 148).



Anglicismes n. m. pl. Du lat. médiéval anglicus : « ce qui rend anglais d'aspect ».

On sous-entend par anglicisme la tendance parfois fâcheuse et abusive qu'ont les écrivains français de se servir du vocabulaire, des constructions grammaticales et syntaxiques anglaises.

On distingue :


  1. anglicismes légitimes - le résultat d'un transfert nécessaire d'un mot ou d'une

expression dont le sens et la forme restent intacts. C'est le cas, en général, des termes sportifs et industriels. Employés dans des oeuvres littéraires ces mots sont dépourvus de valeur connotative;

  1. anglicismes illégitimes - tout mot ou tournure anglais introduit dans le

vocabulaire des personnages littéraires avec un sens tout nouveau et parfois une orthographe fantaisiste.

Synonyme : xénisme (voir sous ce mot).



Annales n. f. pl. Du lat. annales, pl. d’annalis : « de l’année ».

1. Ouvrage rapportant les événements dans l’ordre chronologique, année par année.

2. Titre de revues, de recueils périodiques de faits relatifs à la vie scientifique ou à la vie littéraire.

On dit : Annales littéraires.

Synonyme : chronique (voir sous ce mot).

Annexée (Rime ~) n. f. Voir sous rime.

Annomination n. f. Du lat. ad : « à », et nominare : « nommer ».

L'annomination la plus nette, la plus déclarée aussi consiste à opérer une dérivation inattendue, inconnue, d'ordre néologique, en général à partir d'un nom propre, de manière à créer un effet plaisant ou humoristique (G. Molinié). On forme d'habitude des annominations en utilisant les noms propres des personnalités connues :


Flaubert - flaubertiser - flaubertisation;

Prévert - prévertien, - ne;

Beyle (Henri) - beylisme, etc.

On considère qu'il s'agit aussi d'une annomination quand on est en présence d'une allusion qui évoque un nom, une chose au moyen d’un autre aux sonorités analogiques.


O Romeo!

Tu te fais, mais si je criais son nom d'amour

Comme l'on jette

Dans l'eau muette

(on sous - entend le nom de Juliette - I. M.)



Un caillou lourd,

Si je disais son nom tout bas,

Son nom d'amour.

Ne te souviendrais-tu pas?

H. de Régnier

De même, on a pu voir une annomination dans la reprise d'un nom propre sous la forme d'un attribut représentant excellemment une qualité éminente de la personne ou de l'objet désigné : Balzac n'est pas toujours Balzac ; c'est alors un cas particulier de métonymie-synecdoque.

A ne pas confondre l'annomination avec paronomasie (voir sous ce mot).



Annotation n. f. Du lat. annotatio : « remarque ; observation ».

Remarques, indications secondaires ou indications relatives concernant un objet, un phénomène, un fait décrit.

La tradition, surtout celle médiévale et renaissante, a donné plusieurs noms à la chose: annomina notation, spécification, division en parties.

L'annotation exagérée peut souvent nous pousser dans la redondance du style. L'annotation fait partie des composantes du style abondant.

Voir sous le mot abondance.

Synonyme : spécification.



Anomalie (stylistique) n. f. D’origine gr. Anomalia : « irrégularité ».

En linguistique moderne, une phrase est dite anomale quand elle présente des divergences au regard des règles de la langue. Pour les anomalies grammaticales, on use plutôt des termes agrammaticalité et de degrés de grammaticalité, et on réserve celui d’anomalie pour désigner la déviation sémantique. Ainsi la phrase Il écoute la musique qui reluit sur ses chaussures est sémantiquement anomale. Mais elle est possible comme métaphore, grâce à la modification des traits verbaux.

Par ex., la poésie des surréalistes ayant le crédo « Détruisons tout, et voyons ce qui reste... » est construite en base d’anomalies et d’agrammaticalités. Voici un poème de Tristan Tzara « plein d’anomalies » :
Hirondelle végétale

Confluent des deux sourires vers

l’enfant – une roue de ma ferveur

le bagage de sang des créatures

incarnées dans les légendes physiques – vit

les cils agiles des orages se troublent

la pluie tombe sous les ciseaux du

coiffeur obscur – de grandes allures

nageant sous les arpéges disparates

dans la sève des machines l’herbe

pousse autour des yeux aigus... (De nos oiseaux, 1914-1922).

La différence entre anomalie et agramaticalité dépend du contenu des composantes syntaxique et sémantique, et comme ce contenu varie avec les théories linguitiques, elle est souvent floue.



Anonyme adj. Du bas lat. d’o. gr. anonymus : « sans nom. »

  1. Dont on ignore le nom, ou qui ne fait pas connaître son nom. Les auteurs de la

plupart des chansons de geste sont anonymes. Les pamphlétaires sont d’habitude anonymes.

  1. Dont l’auteur n’a pas laissé son nom ou l’a caché. Par ex. Il est toujours

désagréable de recevoir des lettres anonymes (G. Duhamel) ; Les pyramides d’Egypte sont anonymes (V. Hugo).

  1. Sens figuré : Impersonnel, neutre. Ses vêtements anonymes s’adaptaient à tous

les décors (A. de Saint-Exupéry).

Il faut reconnaître que chaque nation a une littérature, une poétique anonyme

qui mérite d’être étudiée.

Quand on détermine l’auteur anonyme d’une oeuvre il s’agit de l’attribution.

Antonymes : connu, - e, signé, - e.

Anonymement adv. De anonyme.

En gardant l’anonymat.



Antanaclase n. f. Du gr. antanaklasis : « répercussion ».

Figure stylistque qui consiste dans la répétition d'un mot pris dans des sens différents grâce au même contexte. C'est une variété subtile de répétition.



Mais un enfant (qui est fils de l'homme - I. M.) reste toujours un enfant (un être faible, innocent ou dénué, sans expérience, ingénu, fragile, etc) ;

Le coeur a ses raisons, que la raison ne connaît point.

B. Pascal



Un homme de caractère n'a pas bon caractère.

J. Renard



Tous méprisent le peuple, et ils sont le peuple.

La Bruyère


Il y en a qui élèvent des enfants

d'autres qui élèvent des poulets

ou des vaches,

Moi, j'élève la voix.

J. Prévert

Dans le dernier exemple le verbe élever signifie dans la première occurrence éduquer, former qqn ; dans la seconde occurrence signifie faire l'élevage de, et dans la troisième occurrence - hausser, relever.

L'antanaclase sert donc à donner du sel à l'expression de banalités.

Voir sous répétition, paronomase, diaphore, dérivation.

Antapodose n. f. Du gr., du lat. antopodosis, du lat. reddutio contraria : « comparaison mutuelle ».

Ce terme est utilisé pour décrire l'organisation de la phrase périodique (voir sous période). Une antapodose désigne un membre de phrase qui répond à un précédent, soit comme élément successif de parallélisme, soit comme corrélation syntaxique attendue, soit même comme expansion importante. La définition du terme et l'exemple commenté appartiennent à G. Molinié :

Considérons le passage suivant de Cohen (Ô vous, frères humains) :

Ô mon peuple et mon souffrant, je suis ton fils qui t'aime et te vénère, ton fils qui jamais ne se lassera de louer son peuple, le peuple fidèle, le peuple courageux, le peuple à la nuque raide qui dans sa sainte colline a tenu tête à Rome des Césars et durant sept années a fait trembler le plus puissant des empires. Ô mes héros, les neuf cent soixante assiégés de Massada, suicidés le premier jour de la Pâque de l'an soixante-treize, tous suicidés plutôt que de se rendre au vainqueur romain et d'en adorer les méprisables dieux.

Ce texte est rassemblé sous un même numéro (XLV) : on a donc une raison extérieure supplémentaire de le considérer comme une unique période. On dira que l'ensemble Ô mes héros...dieux forme l'antapodose de l'ensemble Ô mon peuple...empires. A l’intérieur de ce premier ensemble, et mon souffrant est l'antapodose de mon peuple; et te vénère de qui t'aime; ton fils qui jamais ne se lassera... est l'antapodose du groupe ton fils qui t'aime et te vénère; les trois séquances le peuple… constituent une antapodose complexe de son peuple; le peuple courageux est l'antapodose de le peuple fidèle, et le peuple à la ... constitue une antapodose au groupe des deux précédents le peuple; enfin, et durant sept années a fait trembler... est l'antapodose de dans sa sainte colline a tenu tête... Au sein de la grande antapodose O mes héros, la suite les neuf cent soixante... est l'antapodose du segment Ô mes héros; l'ensemble suicidés...-tous suicidés... est l'antapodose de l'ensemble Ô mes héros - les neuf cent...; tous suicidés... est l'antapodose de suicidés le premier...; et et d'en adorer... est l'antapodose de de se rendre... (G. Molinié, p.51).

Voir sous période, kôlon.

Antéisagoge n. f. De l'élément du lat. ante- « avant » et du gr. isagoge : « introduction ».

Figure de construction qui consiste à faire se succéder, dans le discours ou dans un texte écrit, des éléments d'information négatifs puis des éléments positifs. Une antéisagoge est une variété d’antithèse (voir sous ce mot). Par ex. :



Les empereurs n'ont jamais triomphé à Rome si mollement, si commodément, ni si sûrement même, contre le vent, la pluie, la poudre et le soleil, que le bourgeois sait à Paris se faire mener par toute la ville: ... Ils ne savaient point encore se priver du nécessaire pour avoir le superflu, ni préférer le faste aux choses utiles. On ne les voyait point s'éclairer avec des bougies, et se chauffer à un petit feu: la cire était pour l'autel et pour le Louvre. Ils ne sortaient point d'un mauvais dîner pour monter dans leur carrosse; ils se persuadaient que l'homme avait des jambes pour marcher, et ils marchaient.

G. Molinié donne l'explication suivante à cet exemple : « Chaque première partie de ces phrases de La Bruyère est construite sur des négations, chaque seconde sur des affirmations: c'est dans le choc de ces deux modalités opposées que résident l'effet et la force du propos de l'auteur, bien plus que dans le détail de chaque énoncé. La structuration sémantique est globale. » (G. Molinié, p. 52).

Synonymes : description négative, antithèse.

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