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Et sa civilisation première partie de


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B. — La pensée philosophique.

Les origines. — On sait que presque toutes les con­ceptions qui ont alimenté la spéculation philosophique en Chine jusqu’à nos jours ont fait leur apparition entre le Ve et le IIIe siècle av. J. C. Les temps qui ont suivi n’ont guère vu surgir de doctrines nouvelles. Il y a eu surtout des déviations, des renouvellements, des combinaisons de différents systèmes. La période envisagée vit la fin du régime féodal, la création des hégémonies, les « Royaumes Combattants », l’établis­sement de l’empire unifié. Aucune époque ne fut plus favorable à l’éclosion des idées, des systèmes, des plans. Chaque prince voulait avoir auprès de lui un conseiller, « détenteur de recettes », mainteneur de son prestige. Des écoles et des sectes se formèrent, les unes fixes, les autres itinérantes. Par la force des circonstances, elles ne se préoccupaient guère de métaphysique, mais surtout d’éthique et de politique. La philosophie p.120 chinoise est d’abord une science du gouvernement et de la vie sociale.

Sur les hommes, nos renseignements sont loin d’être également précis. La vie de plusieurs d’entre eux est à demi légendaire. D’autres n’ont peut être jamais existé. Quant aux œuvres, leur valeur d’utilisation a été indiquée au chap. I : La sinologie. — Ses méthodes.

Les systèmes naissent rarement de toutes pièces du cerveau d’un penseur unique. Pour la Chine, il existe un fonds commun dont la période d’incubation est inconnue, mais dont les premières manifestations apparaissent avec le mouvement littéraire qui s’es­quisse vers les derniers temps de l’empire des Tcheou occidentaux, à la cour des rois Siuan et Yeou, entre 827 et 771 av. J. C. A cette époque appartiennent vraisemblablement les plus anciens textes de poésie et de prose venus jusqu’à nous, à travers les remanie­ments d’usage. M. Maspero a mis en lumière l’activité des compositeurs d’odes religieuses et de chants popu­laires, celle des scribes du palais et des devins officiels 1. Les efforts conjugués de générations de ces fonction­naires s’exercèrent d’une manière scientifique sur des acquisitions probablement très anciennes de la pensée chinoise. La notion de l’ordre universel, de l’ordre humain et de leur interaction respective, peut être intuitivement perçue par les ancêtres de la race, fit l’objet d’une élaboration systématique. Un chapitre du Chou king, généralement daté du VIIIe siècle, le chapitre Hong fan, la « Grande Règle », contient déjà les bases de la conception du gouvernement, avec les relations entre les vertus, les éléments, les activités, les correspondances numériques, la concordance entre le monde sensible et le monde moral.

p.121 Quatre courants principaux peuvent être reconnus dans la philosophie chinoise, représentés respectivement par Confucius, le taoïsme, Mö tseu, les Légistes.

Confucius (551 479) 2. — Une partie de sa vie est faite d’anecdotes d’authenticité douteuse. On sait qu’il naquit dans l’État de Lou, au Chan tong actuel, et qu’il devint le conseiller de son souverain. Ayant résigné ses fonctions dans des circonstances mal connues, il s’en alla offrir ses conseils à différents princes. Sur la fin de son existence, il rentra à Lou et y organisa un véritable enseignement, réunissant, dit on, jusqu’à 72 disciples. Son portrait moral véritable ne nous est pas connu. On ne peut lui attribuer aucun écrit. On sait seulement que lui ou son école étudièrent d’une manière approfondie les recueils de poésies, d’annales, de divination, etc., premières productions de l’acti­vité intellectuelle chinoise : Che king, Chou king, Yi king. La chronique officielle du pays de Lou, le Tch’ouen ts’ieou, aurait été également utilisée par Confucius pour édifier sa philosophie politique. Ses enseignements oraux se retrouvent dans une compilation sortie de son école, relativement tardive, mais représentant pour nous l’état le plus archaïque de la doctrine confu­céenne : le Louen yu, ou « Entretiens ».

Il a dit lui-même qu’il n’inventait rien, mais se bornait à transmettre les enseignements de l’anti­quité, de cet « âge d’or » des chroniqueurs, celui où vivaient les grands souverains : Fou hi, Chen nong, Houang ti, Yao, Chouen, et les fondateurs de dynasties p.122 royales, Yu le Grand, Tcheou kong, les rois Wen et Wou. Confucius prêchait aux princes l’imitation cons­tante de ces sages. Sa théorie du bon gouvernement a été résumée plus haut. La vertu du souverain lui vient du « mandat céleste » qu’il a reçu. C’est par cette vertu qu’il gouverne. Les lois ne servent à rien si le prince n’a pas la vertu. Pour conduire les hommes, il n’a qu’à découvrir la loi naturelle que le Ciel a mise en son cœur. Il est ainsi conforme au type de l’« Homme supérieur », Kiun tseu, celui qui se forme par l’étude de la littérature, des écrits de l’antiquité, poésie et histoire, celui qui se conduit conformément aux « rites », c’est à dire aux règles disciplinées des comportements humains, qui a le sentiment des relations sociales et de la justice (jen yi), de l’harmonie résultant de la musique, celui enfin qui sait donner aux choses leur appellation correcte (tcheng ming1.

Telle est, résumée à grands traits, la doctrine confu­céenne telle que l’enseignait l’école, environ un siècle après la mort du maître : un système de gouvernement rendant les lois inutiles, fondé sur la vertu du prince, et conforme aux exemples de l’antiquité ; une morale sociale, civique, pourrait on dire, faite pour une élite. Peu ou point de métaphysique. Confucius n’était peut être pas agnostique, mais il enseignait qu’on ne sait rien des dieux et que mieux vaut n’en point parler. Sa philosophie est toute positive, plus exactement, humaniste 2.

Après la mort de Confucius, l’école ne fut d’abord p.123 que l’une quelconque des nombreuses sectes qui lut­taient entre elles à coups d’arguments et proposaient leurs recettes aux princes. Toutefois, les lettrés confu­céens devaient déjà former une caste puissante à la fin de la période des « Royaumes Combattants », puisqu’ils furent si violemment persécutés par Ts’in Che houang ti et ses conseillers. Des tendances nouvelles, que je ne puis que signaler, avaient contribué à la lente victoire de « l’orthodoxie confucéenne ».

Mencius 3 est l’un des plus brillants défenseurs des idées de Confucius, dont il était le compatriote. Il croyait à la bonté native des hommes et prêchait le gouvernement par la bienveillance.



Siun tseu (Siun K’ouang, Siun k’ing), mort vers 328 325, emprunta une partie de leurs thèses aux écoles taoïste et légiste et les combina avec le confu­céisme pour préconiser le gouvernement par les « rites ». Il compléta la théorie de la « rectification des noms » (tcheng ming). Il a exercé la plus grande influence sur la formation de l’orthodoxie confucéenne et par suite l’évolution ultérieure de la civilisation et des institutions. Sous les Han, Tong Tchong chou (entre 175 et 105 av. J. C.) développa la conception du gou­vernement par la bienveillance. Il la perfectionna en exaltant l’importance des précédents historiques et de leur interprétation. « Cette théorie a eu une consé­quence grave. Elle a empêché, en Chine, tout progrès de l’esprit historique. Elle a conduit à concevoir l’his­toire comme un aménagement du passé estimé efficace pour l’organisation du présent » 1. C’est sous les Han que l’École confucéenne, après le triomphe passager des Légistes, prit un caractère officiel. Le confucéisme p.124 devint religion d’État et Confucius le « Maître de Dix ­mille générations ». A peu d’exceptions près 2, tous les lettrés, au cours des âges, seront confucéens, prendront comme idéal le Kiun tseu, l’Homme supérieur. La morale et la religion qu’ils enseigneront au peuple seront d’ins­piration confucéenne. Sous les Song, après la longue éclipse due à l’expansion du bouddhisme, le rationa­lisme philosophique renaîtra sous l’aspect d’un néo­confucianisme qui n’est qu’un retour aux plus anciennes spéculations de la pensée chinoise. Tchou hi (1129­-1200) fixera le canon confucéen dans des commen­taires qui demeureront obligatoires pour les examens. Sous les Ming, Wang Yang ming (1472 1528) soutiendra brillamment une interprétation hétérodoxe. Ce sont ces diverses présentations du confucéisme qui ont nourri la pensée chinoise durant les siècles suivants, engendré les écoles confucéennes japonaises, inspiré, à des degrés divers et avec bien des nuances, de grands lettrés et politiciens des temps modernes : K’ang Yeou wei, Leang K’i-tch’ao, Hou Che, etc. Mais si Confucius, en qui l’on ne peut voir, ni un « fondateur de religion » au sens étroit de l’expression, ni, encore moins, un législateur, a joué ainsi un rôle aussi prodi­gieux dans l’orientation de la civilisation chinoise, c’est peut être, comme il le croyait lui-même, qu’il n’a fait que traduire à jamais des aspirations, des croyances, des notions, qui existaient déjà, à l’aube des âges, dans l’âme des hommes de sa race. Il a été, pour tout dire, la conscience d’un peuple. C’est par là qu’il demeure si grand.

La philosophie taoïste. — Il est arbitraire de séparer l’aspect magique et religieux du taoïsme, indiqué plus haut, de son aspect philosophique, bien que ce p.125 soit surtout comme doctrine philosophique qu’il ait été formulé anciennement. A vrai dire, nous ne savons rien sur cette histoire ancienne du taoïsme, rien sur la vie des principaux écrivains taoïstes, fort peu de chose sur l’histoire des ouvrages qu’on leur attribue. Le livre le plus célèbre de l’école, le Tao tö king, est mis sous le nom de Lao tseu, qu’on fait vivre vers la fin du Ve siècle av. J. C., mais dont on n’est pas sûr qu’il ait jamais existé. La même remarque peut être faite à propos de l’ouvrage attribué à Lie tseu. En revanche, Tchouang tseu, regardé comme le plus vigou­reux de tous les écrivains chinois, est un personnage authentique 3. La doctrine taoïste est une doctrine mystique. C’est par le mysticisme, l’ascétisme, la médi­tation, que l’on acquiert la connaissance du tao, envisagé comme un premier principe, unité et identité absolues, placé à l’origine des choses. Le tao produit l’univers à l’aide du rythme yin et yang, qui est une des plus vieilles notions chinoises. La communion mystique avec le tao donne à l’initié un pouvoir magique sur les choses. Le monde sensible n’est qu’une illusion. A ces vues métaphysiques, l’école joignit une logique (la dialectique de Tchouang est redoutable), une psycho­logie (essai de définition du Moi), une philosophie politique. Celle ci est importante, car elle s’opposera à la conception confucéenne. L’homme « saint » des taoïstes se modèle sur le tao, lequel est immobile. Le prince doit donc ne pas agir, wou wei, et laisser faire les choses, sinon il mettra le désordre partout. Il s’at­tache à ce que le peuple ne sache rien, ne désire rien. Par la pratique du non agir, il n’est rien qui ne soit bien réglé 1. La doctrine taoïste se présentait ainsi p.126 comme un système complet et cohérent. Elle eut une très grande influence dans tous les milieux, réagissant même sur d’autres écoles éloignées ou adverses. La poésie chinoise, l’art surtout, lui doivent de nombreux motifs d’inspiration. Dès la fin du IVe siècle av. J. C., le poète K’iu Yuan décrira des voyages extatiques à la recherche du tao. Vers le milieu du même siècle, Yang Tchou soutiendra une thèse pessimiste et fata­liste dérivée du taoïsme : la vie et la mort sont un mal, le sage les accepte avec une égale indifférence et prend, comme ils se présentent, les événements heureux et malheureux, en s’abandonnant à ses passions, qui lui viennent du destin. Un peu plus tard, un petit traité, le Houai nan tseu, résumera les conceptions taoïstes, qu’on retrouvera encore à la base des thèses de l’école des Lois. Enfin, les aspects magiques de la doctrine, sa propension à la sorcellerie, au spiritisme, à l’alchimie, facilitèrent, vers le IIe siècle de notre ère, la formation de ce néo taoïsme qui allait s’organiser en religion et en Église.

Mö tseu. — Mö tseu ou Mö ti (env. 490 415) était probablement du pays de Lou, comme Confucius et Men­cius, et mourut vers le début du IVe siècle av. J. C. Il reste sous son nom un volumineux recueil considéré comme contenant son enseignement authentique sous la forme de sermons. Il est tenu pour un penseur très original et un logicien vigoureux. En politique, il a exalté le principe d’autorité, représenté par le pouvoir absolu du Fils du Ciel, et combattu l’esprit de clan, principe d’anarchie. En métaphysique, il a enseigné p.127 la soumission à la volonté du Ciel. En morale, il a soutenu le devoir d’entr’aide et d’entente impartiales. Pour que les hommes, surtout les chefs, prennent conscience des exigences que leur impose ce devoir, ils doivent se contraindre au travail et à l’économie. D’où la condamnation du luxe, des cérémonies du deuil, des banquets, des spectacles, de la guerre qui ruine également vainqueur et vaincu. Son école, très florissante pendant près de deux siècles, disparut ensuite sans laisser de traces, bien qu’elle ait donné quelques éléments aux Légistes. On a vu en Mö tseu, arbitrai­rement, tantôt « un précurseur du socialisme », tantôt « une belle âme qui crut en Dieu » 1. Ce qui est certain, c’est que son influence est aujourd’hui sensible sur la « reconstruction morale » de la Chine nouvelle.

Les Légistes. — En marge des systèmes qui viennent d’être résumés, nombre d’écoles s’appliquaient, d’une façon plus pratique, à fournir des arguments aux grands hégémons qui succédèrent à la ruine des petits États féodaux. A Ts’i, sous le règne du roi Siuan (342 322), existait une espèce d’Académie où l’on pou­vait rencontrer, par centaines, dit on, les plus brillants représentants de ces écoles aux tendances les plus diverses. Les uns étaient des politiciens, qui allaient offrant leurs services aux princes. D’autres étaient des logiciens, dialecticiens ou sophistes. D’autres, enfin, furent le plus souvent des ministres qui diri­geaient la politique de leurs souverains respectifs et la légalisaient après coup. Il est impossible, dans un livre élémentaire, de donner des noms, d’isoler des doctrines. Il y eut à coup sûr, au temps des « Royaumes Combat­tants », une brillante floraison d’écoles non confu­céennes dont l’importance n’a attiré l’attention, en p.128 Chine et à l’étranger, qu’à une époque récente. Mais il faut insister sur ce que l’on a appelé l’école des Lois, Fa kia, parce que les hommes qu’on y rattache ont exercé une profonde influence sur le cours de l’histoire de la Chine ancienne et que la Chine moderne leur demande des leçons et des remèdes.

Parmi les ouvrages attribués aux Légistes, les uns sont vraisemblablement des « faux » mis sous le patro­nage d’hommes ou de héros célèbres, les autres sou­tiennent peut être les idées effectivement mises en pratique par leurs auteurs supposés, d’autres paraissent offrir un certain caractère d’authenticité dans quelques-­unes de leurs parties. On ne connaît assez bien que la vie du dernier d’entre les Légistes, Han Fei tseu 2, et l’on a de vagues informations authentiques, ou sim­plement des anecdotes légendaires, sur quelques autres, tels que Teng Si, Tseu tch’an, Kouan Tchong, Kong souen Yang, etc. On ne peut pas dire que ces hommes aient une doctrine unitaire, car ils se situent dans le temps à des époques fort éloignées les unes des autres. Ce qui les rapproche, c’est qu’ils ont pra­tiqué des politiques comparables et que ceux qui ont écrit sous leur nom ont donné de leur attitude une formule systématique 1. Enfin, leurs « principes » doivent beaucoup aux écoles philosophiques propre­ment dites, celles de Confucius, du tao, de Mö tseu, p.129 ainsi, du reste, qu’à l’apport des politiciens et so­phistes. Il m’est impossible d’entrer dans plus de détails.

A s’en tenir à la philosophie politique de l’école des Lois, elle est fondée sur la constatation que les hommes naissent naturellement mauvais, tandis que Confucius les croit naturellement bons. C’est perdre son temps que d’essayer de les gouverner par la vertu ou par l’exemple du prince. Du reste, le saint souverain, idéal de l’École confucéenne, ne se rencontre qu’excep­tionnellement, tandis qu’il y a beaucoup de souverains médiocres. Il ne faut donc pas compter sur la force persuasive du « gouvernement par les hommes ». La détermination concrète des relations sociales ne doit pas être livrée à l’arbitraire du prince. Elle doit être réglée par des lois justes et sévères. Il faut récompenser le peuple quand il le mérite et le punir avec la plus extrême rigueur quand il commet des fautes. Les lettrés, qui ne cessent de ressasser au prince les exemples de l’antiquité, sont des bavards inutiles. Il faut vivre avec son temps et évoluer selon les circonstances.

De pareilles théories étaient étrangères à la menta­lité chinoise. Elles étaient défendues — et mises en œuvre — par des hommes énergiques qui voulaient ainsi fortifier la puissance de l’État. Si elles avaient pu s’implanter et durer, elles conduisaient directement au résultat que la Chine recherche aujourd’hui, c’est à-dire à transformer en nation ce qui n’était que civi­lisation. Les résultats immédiats furent immenses : triomphe du T’sin, unification de l’empire, destruction des ouvrages confucéens, persécution des lettrés, apparition de l’esprit juridique, premières codifications. Mais tout ceci n’eut qu’un temps. L’autorité des Légistes disparut avec la chute des Ts’in. Ils ne réus­sirent à « accréditer la notion de règle constante et la p.130 conception de la Loi souveraine » 2. Avec les Han, le confucéisme refleurit, les Classiques furent reconsti­tués, les lettrés furent de nouveau à l’honneur et, pen­dant vingt siècles, accablèrent de leur haine Ts’in Che houang ti et ses conseillers. Aujourd’hui, bien des gens s’en vont répétant qu’il faut à la Chine « une cure de Han Fei tseu »......

VI. — Littérature. — Arts. — Sciences

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A. — Littérature.

Les catalogues chinois sont divisés traditionnel­lement en quatre séries : Classiques, Histoire, Philo­sophie, Littérature générale. Cette division est commode pour donner un aperçu d’une monumentale production littéraire qui s’étend sur vingt cinq siècles.

Classiques. — Ce sont les ouvrages de l’École confu­céenne. Plusieurs contiennent des pièces antérieures à Confucius, mais nous ne les connaissons que par les arrangements de l’École. De plus, la plupart des livres ont été reconstitués sous les Han. On attribue à un contemporain de l’usurpateur Wang Mang, le lettré Lieou Hin, un véritable travail de fabrication inspiré de la volonté d’aménagement orthodoxe de l’histoire. La liste des Classiques a varié selon les époques. Quel­ques uns ont un caractère quasi sacré et constituent, pour les lettrés, la source de toute connaissance : ce sont les King, au nombre de cinq : Yi king ou livre des mutations (livre de divination), Chou king, ou livre d’histoire, Che king, ou livre de poésie (contient d’an­ciennes odes religieuses, des chants d’amour, des p.131 chansons populaires, etc., recueillis et aménagés, pour des fins d’enseignement moral, par l’École confucéenne), le Li ki, qui est un rituel, et le Tch’ouen ts’ieou, chro­nique de l’État de Lou, pour les années 722 à 480, que, d’après la tradition, Confucius aurait récrit en vue de justifier sa philosophie politique. — Viennent ensuite les Quatre Livres, Sseu chou, contenant le Louen yu (entretiens de Confucius avec ses disciples), le Tai hio (la « Grande Étude »), le Tchong yong (l’« Invariable Milieu »), — ces deux ouvrages renferment une partie de l’enseignement confucéen, — le Meng tseu, ou livre de Mencius. — Il faut rattacher à ce genre de littéra­ture certains commentaires, tels que les Appendices du Yi king ; les trois commentaires du Tch’ouen ts’ieou : le Tso tchouan, le plus célèbre de tous, le Kong yang tchouan, le Kou leang tchouan ; — les rituels Tcheou li et Yi li ; — un petit traité sur la piété filiale, le Hiao king, des ouvrages confucéens sur la musique, la lexi­cographie (dictionnaire Eul ya), etc. — Tous ces ouvrages ont engendré, au cours des âges, une monu­mentale littérature de critique et d’exégèse. Des écoles d’interprètes se sont formées, sous les Han, sous les Song, qui comptent dans leurs rangs quantité d’illustres lettrés. La réimpression des Classiques, avec une constante addition de commentaires nouveaux, demeure une des branches importantes de l’industrie des grandes maisons d’édition. Les Japonais ne témoignent guère moins d’activité dans ce domaine. Les Classiques ont été traduits plusieurs fois dans les principales langues étrangères.

Histoire. — C’est le genre littéraire le plus en honneur en Chine. Sseu ma Ts’ien des Han (env. 145 86) ouvre la tradition avec le Che ki, « Mémoires historiques », dont une partie a été traduite par Chavannes. Cet p.132 ouvrage couvre l’histoire chinoise des origines au Ier siècle av. J. C. Son plan servira de modèle aux his­toriens de l’avenir. Chaque dynastie fera rédiger, par une commission de lettrés, l’histoire de la dynastie précédente. Ainsi s’est constituée la collection des « Vingt quatre histoires », qui n’a probablement pas d’équivalent dans le monde. Elle comprend des cen­taines de volumes et renferme, pour chaque période dynastique, un inventaire complet non seulement des événements, mais des connaissances, de la litté­rature, des arts, etc. — En dehors de ces histoires officielles, des historiens privés continueront le genre imaginé par Sseu ma Ts’ien. L’un des plus notoires est, sous les Song, Sseu ma Kouang (1019 1086), auteur du Tseu tche t’ong kien, « Miroir historique », couvrant une période allant du Ve siècle av. J. C. jusque vers la fin du Xe siècle ap. J. C.

Philosophie. — D’innombrables éditions et collec­tions d’auteurs philosophiques, avec commentaires, ont été faites à diverses époques. Celle dite des « Cent philosophes » est classique.

Littérature générale. — Les Chinois ont écrit à perte de vue sur toutes les branches du savoir humain. Il est impossible de mentionner des noms d’auteurs ou des titres d’ouvrages qui ne pourraient être que choisis arbitrairement parmi des milliers. Je me borne à décrire quelques genres, à raison de leur importance.

a. — La poésie a produit des œuvres dont certaines appartiennent à la littérature universelle. Vers la fin du IVe siècle av. J. C., Yuan, de K’iu (K’iu Yuan), dont on a mentionné les poèmes d’inspiration taoïste (v. le Yuan yeou), créa un genre nouveau, le fou, qui est resté une des formes littéraires la plus en vogue à toutes p.133 les époques et jusqu’à nos jours. Son œuvre la plus célèbre est le Li sao, longue poésie élégiaque en vers d’un rythme très libre 1. Sous les Han, le genre créé par K’iu Yuan fut illustré par Sseu ma Siang jou. La seconde grande époque de la poésie est celle des T’ang. Les noms de Wang Po, Tch’en Tseu ugang, Song Tche wen, Po Kiu yi, Lieou Tsong yuan, etc., sont surtout familiers aux spécialistes. Mais ceux de Li T’ai-po, ou Li Po et de Tou Fou, sont connus du grand public grâce aux traductions 2. Tous deux vivaient à la cour de Hiuan tsong et de la belle Yang Kouei-fei, qu’ils ont chantée d’une manière exquise. La poésie des T’ang relève de nombreuses sources d’inspiration. Elle est tour à tour héroïque, élégiaque, descriptive, religieuse, amoureuse, bacchique. Le boud­dhisme lui a communiqué un accent nouveau, celui de la fuite du temps et des choses, de l’impermanence universelle.

L’époque Song connaît deux grands poètes, Ngeou­-yang Sieou (1007 1072) et Sou Tong p’o ou Sou Che (1036 1101), le rival de Wang Ngan che en politique. Leurs œuvres relèvent de ce qu’on a appelé l’impres­sionnisme philosophique, parallèle à l’impressionnisme artistique qui se manifeste à la même époque. « Leurs plus beaux poèmes sont des transpositions de paysa­ges » 1. Les dynasties suivantes, bien qu’ayant compté un grand nombre de poètes, ne présentent aucun nom p.134 capable de s’égaler à ceux des époques Song ou T’ang. D’agréables versificateurs reprennent à l’infini les thèmes connus et les mètres éprouvés.

b. — La littérature bouddhique constitue un monde à part. Elle comprend un très grand nombre de traduc­tions chinoises de textes sanscrits. Des pèlerins comme Fa hien, Hiuan tsang, Yi-tsing, non seulement ont laissé de précieux récits de leurs voyages aux Indes, mais encore ont rapporté quantité d’ouvrages boud­dhiques dont la traduction a exigé un style et un vocabulaire spéciaux.

c. — A diverses époques, des empereurs lettrés ont aimé faire l’inventaire des principaux ouvrages existants et les rassembler dans de gigantesques encyclopédies, dont plusieurs font actuellement l’objet de réimpres­sions. Les traités, mémoires, commentaires, etc., ainsi réunis se comptent par milliers. Parmi les encyclo­pédies les plus célèbres, citons, sous les Song, le T’ai p’ing yu lan, le Wen hien t’ong k’ao, sous les Ming, le Yong lo ta tien, détruit dans un incendie lors de la révolte des Boxers, sous les Ts’ing, le T’ou chou tsi tch’eng.

d. — La lexicographie a été illustrée par des œuvres très importantes, depuis le Chouo wen de Hiu Chen, des Han, jusqu’aux grands recueils établis sous K’ang-­hi. La critique textuelle a produit également des ouvrages fort nombreux. Il faut enfin mentionner les collections d’ouvrages anciens réimprimés, ts’ong chou, qui forment une section à part dans les catalogues.

e. — Tous les genres qui viennent d’être décrits ne com­prennent, comme les séries de Classiques, de philo­sophie, d’histoire, que des œuvres rédigées en langue classique, c’est à dire dans la langue plus ou moins artificielle des lettrés. On sait que cette langue ne permet guère à un auteur de manifester sa personnalité. p.135 L’abus des citations, des redites, de la « marqueterie », donne à toutes les œuvres un caractère d’uniformité et de monotonie. La distinction des styles et des époques est malaisée. Mais la littérature chinoise comprend encore au moins deux genres que les lettrés ont toujours méprisés mais qui sont, pour l’étude de la société, de grande importance : il s’agit du drame et du roman. L’un et l’autre firent leur apparition sous la dynastie mongole des Yuan. Pour le théâtre qui, sans doute, était connu en Chine bien avant cette dynastie, les pièces écrites sous les Yuan ont la valeur de classiques. Tel est le cas du Si siang ki, le drame le plus célèbre de l’époque. Ces pièces forment encore aujourd’hui le vaste répertoire des scènes chinoises, répertoire que les dynas­ties subséquentes n’ont presque pas enrichi. — Le roman est également né sous les Yuan. La tradition s’en est continuée jusqu’à l’époque moderne. Il offre de nombreuses variétés : romans d’amour et d’intrigues, souvent fort licencieux, — romans d’aventures et de voyages, romans historiques, romans religieux et édi­fiants, romans d’imagination qui sont de véritables contes de fées. — Parmi les plus célèbres (plusieurs ont été traduits), citons le San kouo tche yen yi, roman histo­rique bâti sur l’épopée des Trois Royaumes, le Chouei hou tch’ouan ; le Si yeou ki ; le Feng chen tchouan ; le Lie kouo tch’ouan, écrit sous les Ming, et dont l’action se place sous la féodalité ; le Hong lou meng, roman fameux de la fin du XVIIe siècle et dont l’édition cou­rante comporte 24 volumes, 120 chapitres et environ 4 000 pages. L’auteur — inconnu comme la plupart des auteurs de drames et de romans — a mis en action près de 400 personnages.

Le grand intérêt de ces œuvres, c’est d’abord qu’elles nous renseignent sur la vie réelle et les mœurs des Chinois beaucoup mieux que la littérature classique, p.136 purement conventionnelle. Toutes les classes de la population sont prises là sur le vif, dans leurs occupa­tions quotidiennes, avec leurs réactions humaines, leurs attitudes naturelles, leurs gestes accomplis dans un décor familier. De plus, drames et romans sont écrits, non pas en chinois littéraire, mais en langue parlée, en po houa. Tandis que le style littéraire, accessible aux seuls lettrés, représente un aspect en quelque sorte figé de la langue, le style des romans, plein de vie, acceptant les expressions populaires, est compris par tout le monde. De nos jours encore, ces romans fameux sont lus par des millions de Chinois et les illettrés ne se lassent pas, dans les moindres villages, d’en entendre réciter de longs passages par les conteurs. « Ce furent les Classiques du peuple. Grâce à eux, une immense population a pu apprendre la sagesse pratique, la morale, les règles de conduite, la conversation, des bribes d’his­toire, de religion, d’esprit et de superstition » 1.



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