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Et sa civilisation première partie de


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La dynastie Ts’in (221 207). — Le « premier empe­reur » établit sa capitale près de l’actuel Si-ngan fou, au Chen si. Il lutta rudement pour consolider et étendre l’empire. Au Nord, il contint les Hiong nou (les Huns), qui vivaient en Mongolie et, pour arrêter leurs incur­sions, fit, en 214, compléter la Grande Muraille, dont diverses portions avaient été construites dans des temps plus anciens. Au Sud, il conquit les pays anna­mites. Son administration intérieure fut énergique et réformatrice. Sur les conseils de son ministre, Li Sseu, il combattit les lettrés et les théories confucéennes. En 213, il décréta la destruction des anciens livres, de toute la littérature classique. Acte d’une haute signification politique, mais qui lui a valu à jamais l’exécration des lettrés. Ce fut la première réaction de la Chine pour échapper à l’étreinte de son passé. Son fils, tyran incapable, fut tué au cours d’une révolte. L’un des chefs de celle ci, Lieou Pang, prit le pouvoir et fonda une dynastie : il avait à son tour reçu le man­dat du Ciel. Ce fut la dynastie Han.

Les Han (202 av. J. C. - 220 ap. J. C.). — Le pre­mier des Han est connu sous le nom posthume de p.38 Kao ti ou Kao tsou 1. Il établit sa capitale à Tch’ang-­ngan, non loin de Si-ngan fou. Une ère nouvelle exige une capitale nouvelle, des noms nouveaux pour les institutions. C’est encore là un « rythme » que n’a pas désappris la Chine contemporaine.

A la suite d’une révolte et d’une usurpation qui survinrent au début de l’ère chrétienne, la capitale fut transférée à Lo yang, au Ho non. On distingue ainsi des Han occidentaux ou antérieurs, Si Han ou Ts’ien Han et, à partir de 25 ap. J. C., des Han orientaux ou postérieurs, Tong Han ou Heou Han. — Tout en poursuivant la politique centralisatrice des Ts’in, Kao tsou se concilia les lettrés, fit rechercher et recons­tituer les Classiques, institua le culte de Confucius. A l’extérieur, surtout sous le règne de l’empereur Wou ti (140 87), la dynastie pratiqua une politique d’impérialisme et d’expansion dans toutes les direc­tions. Successivement, le Kan sou occidental et le Fergâna, les pays sino annamites, la Corée, tombèrent sous la domination ou l’influence chinoises. L’expansion vers l’Ouest allait permettre à la Chine de pénétrer peu à peu en Asie centrale et, plus tard, par l’inter­médiaire des pays iraniens, d’ouvrir une voie aux échanges entre l’Extrême Orient et le monde gréco­romain.

En l’an 9 de notre ère, un ministre ambitieux, Wang Mang, s’empara du trône. Son passage au pouvoir, qui dura seize ans, fut marqué par des essais de réformes sociales et économiques, une grande impulsion donnée p.39 à l’étude — d’aucuns disent : à la fabrication — de la littérature confucéenne, des révoltes de paysans dirigées par la société secrète des « Sourcils Rouges ». La dynastie fut restaurée en la personne de Kouang Wou ti (25 57 ap. J. C.), qui ouvre la série des Han orientaux. Mais la domination chinoise en Asie avait été ébranlée par cette révolution intérieure. Il fallut reconquérir l’Annam et, avec plus de difficultés, les régions de l’Asie centrale jadis soumises par l’empe­reur Wou. Au cours de ces campagnes, le général Pan Tch’ao, considéré comme un des grands hommes de guerre de l’antiquité, accomplit de mémorables exploits. Il reconquit tous les royaumes perdus jusqu’aux Pamirs et envisagea d’aller reconnaître l’Empire ro­main (Ta ts’in) (97). L’un de ses lieutenants fut dissuadé de cette entreprise par les indigènes alors que, parvenu au golfe Persique, il se disposait à se rendre par mer vers la nation qui jouait alors en Occident le rôle tenu par la Chine en Extrême Orient.

La décadence apparaît vers la fin du IIe siècle. Mais la dynastie laissait un grand souvenir dans tous les domaines : administratif, littéraire, artistique, mili­taire. Elle avait fait rayonner en Asie la civilisation chinoise et mis celle ci en contact avec des influences artistiques et religieuses étrangères. L’art gréco­-bactrien et le bouddhisme pénétreront en Chine sous les Han. Cette ère glorieuse va être suivie de quatre siècles de désordre.



Les « Trois Royaumes » (221 265). — A la suite d’un soulèvement populaire dirigé par la société secrète des « Bonnets Jaunes », s’ouvrit une période de troubles durant laquelle les chefs militaires s’arrogèrent le pouvoir. Trois d’entre eux, Ts’ao Ts’ao, Souen K’iuan et Lieou Pei, s’installèrent respectivement à Lo yang, à p.40 Kien k’ang (Nankin) et à Tch’eng tou, chacun grou­pant sous son autorité un certain nombre de provinces. Le fils de Ts’ao Ts’ao fonda une dynastie Wei, Lieou Pei continua une dynastie partielle Han, Souen K’iuan fonda une dynastie Wou. Ces « Trois Royaumes » se disputèrent l’hégémonie 1.

La dynastie Tsin (265 313). — Une fois de plus, une famille énergique émergea du désordre. Les Sseu ma, de Wei, absorbèrent les royaumes de Han et de Wou et fondèrent la dynastie Tsin (Tsin de l’Ouest), qui, pen­dant quelques années, régna sur une Chine unifiée, avec capitale à Lo yang.

Les invasions barbares du IIe siècle. — La puissance militaire chinoise s’affaiblit sous les derniers Tsin. Pendant plus d’un siècle, les barbares du Nord (Huns, Mongols, Turcs), envahirent la Chine et se répandirent en Asie centrale, où ils formèrent un vaste empire. Les Tsin durent transporter leur capitale à Nankin (Tsin de l’Est) et ne régnèrent plus que sur les provinces méridionales, tout le reste de la Chine, au nord du Houang ho, puis du Yang tseu, étant abandonné aux barbares. Ils furent d’ailleurs renversés en 420 par un général rebelle et, entre cette date et l’arrivée des Souei, en 589, quatre dynasties chinoises se succé­dèrent sur le trône de Nankin : les Song (Lieou Song) (420 479), les Ts’i (479 502), les Leang (502 557), les Tch’en (557 589).

Pendant ce temps, des États barbares se fondaient dans la Chine du Nord. Le plus important de tous, p.41 celui des T’o pa, peuple de race mongole ou turque, finit par absorber ses voisins. Une dynastie tartare, celle des Wei du Nord, s’établit au nord du Yang tseu, à P’ing tch’eng, puis à Lo yang, tandis que l’Empire national chinois se perpétuait au Sud. C’est ici le pre­mier exemple authentique d’une séparation politique dont les conséquences ne cesseront plus de se faire sentir sous des formes diverses, jusqu’à l’époque contem­poraine. Séparation qui, du reste, ne compromet en rien l’unité de civilisation. Bien que barbares d’origine, les Wei se sinisèrent très rapidement. Ils jouèrent un grand rôle dans l’expansion du bouddhisme. Vers le milieu du VIe siècle, leur royaume fut partagé entre deux branches dynastiques, d’où les quatre dynasties des Wei de l’Est, des Ts’i du Nord, des Wei de l’Ouest et des Tcheou du Nord. En 581, les deux États fondés par les T’o pa passèrent sous l’autorité d’une dynastie unique, celle des Souei.



Les Souei (589 619) et les T’ang (620 907). — En 589, le premier empereur Souei, Yang Kien, conquit l’em­pire chinois du Sud et la Chine se trouva réunifiée après un morcellement de près de trois siècles. L’hégé­monie chinoise en Extrême Orient fut rétablie par des expéditions contre les Annamites, les habitants des îles Lieou k’ieou (Formose), les Turcs de Kachgarie. Contre la Corée, en revanche, les armées de Yang ti, le successeur de Yang Kien, furent moins heureuses. Les désastres qu’elles subirent déterminèrent une révolte contre la dynastie. Les chefs militaires se ren­dirent indépendants dans leurs provinces. Yang ti fut assassiné. Deux chefs se distinguèrent par leur valeur et leur énergie. C’étaient les ducs de T’ang, Li Yuan et son fils Li Che min. En 618, Li Yuan se proclama empereur (nom posthume Kao tsou). En p.42 626, il abdiqua en faveur de son fils. Celui-ci fut l’em­pereur T’ai-tsong, et le véritable fondateur de la dynas­tie T’ang. C’est probablement le plus grand souverain qu’ait eu la Chine. La période T’ang a été, pour la civilisation chinoise, une période de création, de vita­lité, de prestige, d’expansion. Les lettres et les arts brillèrent d’un éclat exceptionnel. La vie de cour, surtout au temps de Hiuan tsong et de sa favorite Yang Kouei-fei, célébrée par les poètes, connut une délicatesse de mœurs et des raffinements esthétiques de l’ordre le plus élevé. L’administration acquit défi­nitivement cette majestueuse ordonnance qu’elle devait conserver jusqu’à nos jours. Une vaste codification fut entreprise. Mais, surtout, l’impérialisme chinois en Asie atteignit son apogée. Plus encore que sous les Han, les contacts se multiplièrent. avec l’extérieur.

Les trois plus grands souverains de la dynastie sont T’ai-tsong (627 649), Kao tsong (650 683) et Hiuan tsong (713 755), plus connu sous le nom de Ming houang. Durant vingt ans, la veuve de Kao-­tsong, Wou Heou, usurpa le pouvoir. Sa cruauté et ses crimes sont restés légendaires, mais, comme de nos jours Ts’eu hi, elle sut gouverner, à l’intérieur et à l’extérieur, avec une virile énergie. Au cours de ces règnes, la domination chinoise fut étendue, par une série de guerres victorieuses, jusqu’à la Transoxiane et aux confins indo iraniens, en passant par les royaumes turcs de l’Asie centrale, qui durent se soumettre. L’em­pire T’ang touchait à l’empire arabe. Une partie du Tibet passa sous la suzeraineté chinoise. On vit, en 747, un général de Hiuan tsong franchir les passes du Pamir avec une armée de 10 000 hommes et occuper Gilgit et le Baltistan. Une partie de la Corée fut annexée.

Les cent cinquante dernières années de la dynastie virent la débâcle. La Chine perdit peu à peu toutes p.43 ses conquêtes. Des guerres civiles éclatèrent. Un aven­turier, Tchou Wen, déposa le dernier des T’ang, en 907.

Les « Cinq Dynasties » (907 960). — En l’espace d’un demi-siècle, cinq dynasties se succédèrent au milieu des troubles intérieurs et des attaques venues du dehors : dynasties Heou Leang (907 923), Heou T’ang (923-­936), Heou-Tsin (936 947), Heou Han (947 951), Heou­-Tcheou (951 960) 1. Leur capitale fut généralement à K’ai-fong, dans le Ho nan. Au cours de cette période, l’Annam et la Corée se rendirent indépendants. L’époque des « Cinq Dynasties » ne mériterait de laisser aucun souvenir si l’on ne pouvait y faire remonter l’appa­rition de l’imprimerie.

Les Song (960 1280). — L’anarchie qui suivit la chute des T’ang permit d’abord à un peuple d’origine mongole, les K’i-tan, d’occuper les marches septen­trionales de l’empire. Pékin (alors appelé Yen tcheou) devint une de leurs capitales (dynasties Leao, 907 1168). Le reste de la Chine — en dehors des dynasties qui se succédaient à K’ai-fong — se partageait entre une dizaine de dynasties provinciales indépendantes. Mais en 960, le mandat du Ciel réapparut aux mains de Tchao K’ouang yin, qui fonda la dynastie Song et refit l’unité chinoise. C’est l’empereur T’ai-tsou (960-­976). Son règne et celui de son successeur, T’ai-tsong (977 997) furent occupés par des guerres contre les K’i-tan et un clan tangut qui avait établi au Kan sou un nouvel État barbare, le royaume de Si-Hia, avec capitale à Ning Hia. Mais sous Houei-tsong (1101­1125), d’autres barbares, les Jou tchen, qui vivaient p.44 en Mandchourie, au nord des K’i-tan rapidement sinisés, envahirent le territoire de ces derniers et y instal­lèrent une dynastie, celle des Kin (1115 1260), tandis qu’un prince K’i-tan, refusant d’accepter le joug des vainqueurs, s’en allait fonder pour son compte un empire turc en Asie centrale, l’empire Kara K’i-tan. Les Kin ne tardèrent pas à franchir le Houang ho et à assiéger K’ai-fong, la capitale des Song. Après quinze années de luttes, ceux ci, qui avaient d’abord transporté leur capitale à Nankin, durent s’installer à Lin ngan (Hang-­tcheou), dans le Tchö kiang. A partir de 1141, il y eut de nouveau une Chine du Sud, où se maintenait la dynastie nationale des Song, et une Chine du Nord, au pouvoir de dynasties tartares.

A l’intérieur de son domaine réduit, la dynastie des Song connut de longs règnes relativement pacifiques qui permirent à la littérature, à la philosophie et aux arts (peinture et céramique) de prospérer d’une manière éclatante. Marco Polo nous a laissé, deux siècles plus tard, une description émerveillée de « Quinsay » (du chinois King che, capitale) = Hang tcheou. Les règnes de Chen tsong (1068 1085) et de Tchö tsong (1086 1100) furent remplis par la lutte des idées conservatrices avec les conceptions socialistes du ministre Wang Ngan­-che. Ces conceptions, mises en pratique pendant quel­ques années, trouvèrent d’irréductibles opposants dans la personne de l’historien Sseu ma Kouang et du poète Sou Che, successivement appelés au pouvoir. Cette brève période de réformes doit être ainsi ratta­chée à ce mouvement de révision des valeurs de la civilisation traditionnelle qui reparaît aux diverses époques de l’histoire et dont nous avons sous les yeux un exemple.



La dynastie mongole des Yuan (1280 1368). — En 1155 ou 1156 était né, dans un clan mongol, Temu-­jin. A l’âge de cinquante ans, il avait réussi, par des guerres impitoyables, à réunir sous son autorité tous les peuples turco mongols de la Mongolie et du Tur­kestan. En 1206, il était proclamé « souverain uni­versel » de ces peuples : Gengis khan. C’est sous ce titre qu’il est passé à la postérité comme un des plus grands fondateurs d’empires que le monde ait connus. Son œuvre gigantesque n’a pas à être rappelée ici. Disons seulement qu’après avoir unifié la Mongolie, il entreprit la conquête de la Chine, et, aidé de ses lieutenants, anéantit d’abord le royaume des Si-Hia et la dynastie des Kin. Après sa mort (12 août 1227), l’un de ses quatre fils, Ogodai, continua de résider à la capitale fondée par Gengis khan à Karakoram et prit pour ministre un Chinois, Ye liu Tch’ou ts’ai, qui joua un grand rôle dans l’évolution de l’empire militaire des Mongols vers un empire administratif à la manière chinoise. Ogodai acheva la conquête du royaume Kin, qui s’était maintenu dans le Ho nan. Puis, à partir de 1234, commencèrent les opérations qui devaient amener, au bout d’une lutte de cinquante ans, la chute des Song. Celle ci fut l’œuvre d’un petit­-fils de Gengis khan, Kubilai. En 1280, il monta sur le trône du Fils du Ciel, établit sa dynastie sous le titre de Yuan et fixa sa capitale à Pékin. Pour la pre­mière fois dans l’histoire, la Chine entière tombait au pouvoir d’un conquérant étranger.

Les premiers temps de la dynastie Yuan sont une des époques merveilleuses de l’histoire de la Chine et du monde. « Possesseur de la Chine, suzerain théo­rique du Turkestan et de la Russie mongole, suzerain effectif de l’Iran, Kubilai, selon la remarque de Marco Polo, fut vraiment « le grant Sires », « le plus puissant homme de gens et de terres et de trésors qui oncques p.46 fust au monde, du temps de Adam jusques aujour­d’hui » 1. En fait, il mit tout son orgueil à être un grand empereur chinois, et il y excella. Il fut peu heu­reux dans ses essais d’expansion territoriale d’un em­pire qui s’étendait de la mer Noire au Pacifique et de la Mongolie du Nord aux lisières de l’Annam. Ses expéditions en Corée réussirent, mais celles qu’il diri­gea contre le Japon, en Indochine, en Birmanie, à Java, même, furent des échecs ou des demi-échecs. En revanche, à l’intérieur de son immense territoire, il fit régner l’ordre et la loi. Les institutions des Song furent maintenues et perfectionnées. En matière de commerce et de communications, la largeur de vues de Kubilai (nom dynastique : Che tsou) et de ses mi­nistres assura à la Chine une prospérité sans précédent. Sa politique de tolérance religieuse permit le développe­ment du bouddhisme et des religions chrétiennes : nestorianisme et catholicisme. A sa cour résidèrent les Polo, les envoyés du Pape, Jean de Monte Corvino, Odoric de Pordenone, Guillaume de Prato. Voyageurs étrangers de toute nationalité venaient à la Chine par les routes de l’Asie centrale, et, au Sud, par les voies maritimes. Grande et noble époque, où « l’esprit inter­national » fleurit dans ce qu’il a de plus fécond et de plus sain 2.



Mais le mandat du Ciel allait une fois de plus se retirer de la dynastie régnante. Les derniers Yuan furent des souverains incapables. Des révoltes écla­tèrent dans la Chine du Sud. Un chef militaire, Tchou Yuan tchang, fit reconnaître son autorité. Il entreprit ensuite de reconquérir sur les Mongols les provinces p.47 du Nord. En 1368, il s’empara de Pékin, tandis que le dernier des Yuan s’enfuyait vers le Gobi. Il se fit alors proclamer empereur et fonda la dynastie Ming. Sa capitale fut à Nankin. Pékin, dépossédé de son rang, fut appelé — comme aujourd’hui — Pei-p’ing, la « Pacification du Nord » 3.

La dynastie chinoise des Ming (1368 1644). — Les premiers empereurs, Hong wou (1368 1398), Yong lo (1403 1425), s’appliquèrent à restaurer dans tous les­ domaines les traditions nationales. La Chine redevint strictement confucéenne, repliée sur elle même, hos­tile aux influences étrangères. La littérature et la philosophie présentent peu d’œuvres originales. La pein­ture s’achemine vers l’académisme. Seule, la céramique connaît une période de splendeur. — Yong lo, souve­rain guerrier et énergique, rétablit l’hégémonie chi­noise en Asie. Il remit la capitale à Pékin et ruina en Mongolie le pouvoir des derniers héritiers de Gengis­-khan. Il annexa le royaume d’Annam, qui fut partagé en provinces chinoises, mais redevint indépendant sous le règne de Siuan tö. Le règne de Wan li (1573­-1620), le plus fastueux de la dynastie, vit la première guerre sino japonaise, à propos de la Corée (1592-­1607). Celle ci resta un royaume indépendant, mais théoriquement vassal de la Chine. Wan li eut également à lutter contre les nouveaux maîtres de la Mongolie, les Oirat. Au début du XVIIe siècle, il accueillit le P. Ricci et les premiers Jésuites. Entre 1549 et 1557, les Portugais s’étaient établis à Macao, et cette occu­pation est le premier anneau de la longue chaîne qui rivera un jour la Chine aux « traités inégaux ». C’est p.48 enfin sous les Ming que prit place la réforme du boud­dhisme tibétain et l’établissement du lamaïsme. — Vers la fin du règne de Wan li, la Chine entra en lutte avec les Mandchous. Ceux ci avaient déjà menacé Pékin à plusieurs reprises lorsque des révoltes dans les provinces vinrent affaiblir les forces de l’Empire. Un aventurier, Li Tseu tch’eng, après avoir assis son autorité sur le Ho nan et le Chan si, arracha la capi­tale des mains de l’empereur Tch’ong tcheng (1628­-1644) qui, de désespoir, se suicida. Le chef de l’armée qui luttait contre les Mandchous aux abords de la Grande Muraille, Wou San kouei, fit la paix avec ses ennemis et leur demanda de l’aider à venger la mort de l’empereur Ming. Mais une fois à Pékin, les Mand­chous refusèrent de s’en retourner et proclamèrent empereur leur propre chef, Chouen tche. Une nouvelle dynastie étrangère venait de monter sur le Trône du Dragon.

La dynastie mandchoue des Ts’ing (1644 1911). — Il est commode de distinguer deux périodes, la première se terminant avec l’abdication de K’ien long, la seconde comprenant tout le XIXe siècle, c’est à dire celui qui vit la Chine s’affaisser sous la pression étrangère.

a. — Les premières années de la dynastie furent em­ployées à consolider sa conquête, du Nord au Sud. Canton fut occupé dès 1650, mais il fallut de longs efforts pour venir à bout de la résistance de Wou San-­kouei au Sud Ouest et du pirate Koxinga (Kouo sing­-ye), qui fonda même un éphémère royaume à Formose. Une fois maîtres de la Chine, les Mandchous, comme jadis les Mongols, voulurent faire figure de grands souverains chinois. En fait, ils continuèrent les tradi­tions millénaires, conservèrent l’administration chi­noise en doublant, surtout dans les postes militaires, p.49 les fonctionnaires chinois par des Mandchous. Le seul signe de vassalité qu’ils imposèrent à leurs sujets chi­nois fut le port de la natte à l’instar des Mandchous eux mêmes.

Le XVIIIe siècle fut illustré par les règnes de K’ang-­hi (1669 1722) et de K’ien long (1736 1796). Sous ces princes, la Chine retrouva la splendeur et le prestige qu’elle avait connus au temps des T’ang et des Yuan. Une vie de cour fastueuse et raffinée, l’art de la céra­mique poussé à la plus extrême perfection technique, une production littéraire peu originale mais remar­quable par d’immenses travaux d’érudition et de com­pilation. A l’égard des missionnaires, le règne de K’ang­-hi fut marqué par la « Querelle des Rites » qui aboutit, durant la brève souveraineté de Yong tcheng (1723­-1735), à une persécution dictée par des raisons poli­tiques. Sous K’ang hi et K’ien long, les Jésuites acqui­rent une grande influence à la Cour et occupèrent même des postes de confiance.

A l’extérieur, les deux souverains firent une poli­tique impérialiste, et l’expansion chinoise atteignit à nouveau son zénith. Les campagnes de K’ang hi contre les Éleuthes, c’est à dire les tribus mongoles, sont restées célèbres. Le même prince imposa au Tibet, où l’Église lamaïque soutenait les Éleuthes, un dalaï­-lama muni de l’investiture chinoise. Yong tcheng, puis K’ien long, achevèrent la conquête du royaume éleuthe. K’ien long annexa l’Ili et la Kachgarie, réali­sant ainsi l’œuvre séculaire poursuivie depuis les Han. Il renforça la suzeraineté sur le Tibet, grâce à une habile politique de contrôle administratif et de balance entre les hautes autorités religieuses. Il obligea le Népal à accepter cette même suzeraineté, à la suite d’une extra­ordinaire campagne au cours de laquelle une armée chinoise traversa l’Himalaya. Il contraignit enfin le p.50 roi de Birmanie à se reconnaître tributaire. Lorsque K’ien long abdiqua, après un règne de soixante années, il laissait la Chine à l’apogée de sa puissance.



b. — Dans le courant de l’été de 1793, K’ien long accueillait la première mission envoyée à la Chine par l’Angleterre (mission Macartney). Son successeur, Kia k’ing (1797 1826), reçut, en 1816, la mission Amherst. C’étaient là les premières tentatives faites par l’Occident pour s’ouvrir l’immense marché chinois. Elles échouèrent. Pour de nombreuses raisons, dont plus d’une était justifiée, la dynastie mandchoue dési­rait fermer la Chine aux étrangers. Le conflit entre ces politiques opposées ne pouvait se dénouer que par la force. Le 29 août 1842, à l’issue d’une guerre dont le prétexte était indéfendable (guerre de l’Opium), la Chine était contrainte par l’Angleterre à signer le traité de Nankin, le premier d’une longue série par laquelle les Puissances étrangères allaient s’assurer en Chine une position exceptionnelle. Sous les règnes suivants (Tao kouang, 1821 1850 ; Hien fong, 1851-­1861 ; T’ong tche, 1862 1874), l’interprétation et l’appli­cation des premiers traités donnèrent lieu à de nom­breux conflits, entre autres à une campagne collective (1858 1860) de la Russie, des États Unis, de l’Angle­terre et de la France (sac du Palais d’Été). Durant cette période, la dynastie fut sérieusement mise en péril par la rébellion dite des T’ai-p’ing. Elle dura quinze années (1851 1865), fit des millions de victimes, ravagea plusieurs provinces et ne fut matée que grâce à l’appui donné aux Ts’ing par des forces étrangères (exploits du général Gordon). Faute de cette inter­vention, il est probable que la dynastie aurait sombré suivant le processus habituel. L’aide extérieure, en prolongeant son existence d’un demi-siècle, a eu de vastes conséquences.

p.51 A la mort de T’ong tche, des intrigues de cour abou­tirent à placer sur le Trône le jeune empereur Kouang-­siu (1875 1907) et à confier la régence à sa tante, l’im­pératrice douairière Ts’eu hi. Celle ci devait en fait gouverner la Chine pendant plus de trente ans, avec une cruauté, une absence de scrupules, mais aussi une énergie et une activité qui en font une des grandes figures de l’histoire contemporaine. — Son règne fut fertile en événements. Dès la première année, le meurtre de l’interprète britannique Margary fut le signal d’une aggravation des traités sino étrangers (convention de Tche fou, 18 septembre 1876). La dynastie eut ensuite à soutenir deux guerres extérieures. L’une, avec la France, lui coûta l’Indochine (1885). L’autre, avec le Japon, lui fit perdre son protectorat sur la Corée (1895). Mais, surtout, le traité de Shimonoseki (17 avril 1895), qui mit fin à ce conflit, consacra la puissance matérielle naissante du Japon, lui donna en Chine la situation privilégiée des « Puissances à traités », lui permit de prendre définitivement pied sur le continent asiatique et d’amorcer ainsi la politique impérialiste dont nous voyons aujourd’hui le développement, fit enfin appa­raître la faiblesse organique de la Chine, déchue de son prestige millénaire. Alors s’ouvrit l’ère de la « curée ». Pendant les cinq années qui suivirent, l’asservissement politique, territorial, financier de la Chine aux étran­gers fut consommé.

En 1898, se dessinèrent les premiers signes de réac­tion. Un plan de réformes fut sanctionné par Kouang-­siu. Mais il se heurta à l’opposition de Ts’eu hi qui, à partir de cette date, éloigna complètement son neveu des affaires, faisant de lui un souverain fantôme et un souffre douleur. En même temps, l’activité des sociétés secrètes devenait intense. Visiblement, le mandat du Ciel se retirait de la dynastie. Ts’eu hi p.52 parvint à la prolonger en détournant la révolte inté­rieure contre les étrangers. Ce fut l’insurrection dite des Boxers 1, le siège des Légations, la fuite du gou­vernement à Jehol, puis les conditions dictées par les armées alliées et, enfin, le protocole du 7 septembre 1901, qui consacrait l’écrasement de la Chine par les Puissances.

L’un des signataires chinois du protocole, le vice roi Li Hong tchang, homme d’État de grande envergure, conscient de la menace japonaise contre la Chine, avait, depuis plusieurs années, joué la carte russe en vue de faire équilibre au Japon. Sa diplomatie avait abouti à faire accorder par la Chine à la Russie le droit de construire un chemin de fer traversant la Mandchourie du N.O. au S.E. et reliant à la région du Baïkal la province maritime russe et Vladivostok (chemin de fer de l’Est chinois). Apparemment habile, cette tac­tique devait se révéler désastreuse. Après la signature du protocole des Boxers, la Russie, qui avait amené des troupes importantes en Mandchourie au moment de l’insurrection, avait promis de les retirer graduelle­ment. Mais ce retrait, effectué avec une évidente mau­vaise volonté et des retards croissants, alarma le Japon, à qui sa victoire de 1895 sur la Chine avait permis d’entrevoir la réalisation de sa politique d’expansion continentale. La guerre qui suivit, gagnée de justesse par le Japon, consacra le triomphe de celui-ci (traité de Portsmouth, U.S.A., 22 décembre 1905) et eut un grand retentissement en Asie : pour la première fois, la race jaune l’emportait par la force sur la race blanche. La Chine était restée neutre, mais, en fait, c’est elle qui devait faire tous les frais de cette lutte.

p.53 A l’intérieur, Ts’eu hi avait compris, bon gré mal gré, la leçon de l’affaire des Boxers. Une nouvelle ère de réformes s’ouvrit après 1901. Rien de définitif n’avait été réalisé lorsque, le 15 novembre 1908, l’im­pératrice mourut, précédée de quelques heures dans la mort par Kouang siu. Par suite d’intrigues, un neveu de ce dernier, le prince P’ou Yi, âgé de deux ans, fut placé sur le Trône (nom de règne : Siuan­-t’ong). Son règne, sous la régence de son père, le prince Tch’ouen, devait être fort bref 1. La révolution était déjà en marche, avec ses causes traditionnelles : fonc­tionnaires prévaricateurs, misère du peuple, désordres, pression étrangère. L’impopularité de certaines réfor­mes (atteinte portée à l’autonomie provinciale par l’institution d’un contrôle central des chemins de fer) fit le jeu de ceux qui aspiraient à renverser la dynastie. Le 10 octobre 1911, l’armée se révolta à Wou tch’ang. Les provinces du Sud se détachèrent du Gouvernement central. Sun Yat sen établit un gouvernement répu­blicain à Nankin. La Cour appela à son aide Yuan Che k’ai, habile politicien et réorganisateur de l’armée, ce qui lui donnait une situation prépondérante. Deux mois se passèrent, durant lesquels le mouvement révo­lutionnaire s’étendit tandis que Yuan Che k’ai et Sun Yat sen négociaient. Le 12 février 1912, les Ts’ing abdiquaient, Yuan était porté à la présidence de la République. L’Empire chinois, fondé vingt deux siècles plus tôt par Ts’in Che houang ti, disparaissait avec la XXIVe dynastie.


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CHAPITRE IV

LA CIVILISATION CHINOISE

I. — Les origines

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p.59 Des théories contradictoires ont été avancées sur ces origines. Les uns ont prétendu les trouver en Égypte, les autres ont soutenu la thèse d’une origine sumé­rienne. Pour d’autres encore, la race chinoise serait venue du Sud. Certaines de ces hypothèses, justifiées parfois d’une manière fantaisiste, font état d’une prétendue similitude entre les caractères chinois d’une part, les hiéroglyphes ou les signes cunéiformes d’autre part. Elles sont généralement abandonnées de nos jours.

Plus sérieux sont les arguments tendant à prouver que les Chinois, branche des populations nomades de l’Asie septentrionale ou centrale, seraient arrivés dans la vallée du Fleuve Jaune, y seraient devenus séden­taires et s’y seraient civilisés. Les causes de cette migration sont diversement interprétées. On a supposé un desséchement progressif de l’Asie centrale (bassin du Tarim) dû lui-même à la fusion de la calotte gla­ciaire nord asiatique. Le Balkash et le Lob nor, jadis vastes mers, se seraient lentement évaporés, les grands déserts se seraient formés. C’est en fuyant ces régions p.60 devenues impropres au nomadisme que les Chinois seraient partis à la recherche de terres plus hospi­talières. Des légendes rapportées dans le Chan hai king présentent des traits qui révéleraient l’origine étran­gère, occidentale, des Chinois.

La plupart des Classiques attribuent à la civilisation une origine indigène. Si légendaires que soient les faits dont ils font état, et sans même faire appel aux tech­niques sociologiques de la sinologie, les données qu’ils nous transmettent ne sont pas nécessairement contre­dites par les résultats des plus récentes découvertes proto chinoises, non plus que par les inductions tirées de la linguistique.

En ce qui concerne les découvertes, on rappellera les travaux, publiés en 1924, des PP. Licent et Teilhard de Chardin, sur les stations paléolithiques de la région des Ordos. Ces stations sont antérieures à la formation du lœss qui recouvre une grande partie des plaines de la Chine septentrionale. Un hiatus de plusieurs millé­naires séparerait donc ce paléolithique antérieur au dépôt du lœss, du néolithique chinois, postérieur au lœss. J. G. Andersson, de 1921 à 1924, a exploré au Kan sou et au Ho nan jusqu’à six étages géologiques dont les dates s’échelonneraient entre 3 500 et 1 500. La civilisation avancée révélée par ces fouilles serait déjà chinoise par certains aspects. Les magnifiques vases de terre cuite tripodes de Yang chao semblent annoncer les tripodes de bronze des premières dynasties. La parenté qu’on peut relever entre ces vases et ceux que l’on rencontre vers la même époque dans toute l’Asie antérieure a permis de supposer l’existence, au IIIe millénaire, d’une « civilisation eurasiatique com­mune de la poterie peinte », allant de l’Égée et de l’Ukraine à la Chaldée, à l’Indus, au Turkestan et à la Chine, mais sans que la province néolithique p.61 chinoise doive pour cela être considérée comme une dépen­dance sans originalité des provinces occidentales 1.

Quant à la langue, on est aujourd’hui à peu près d’accord pour la rattacher à la famille sino tibétaine. C’est la raison pour laquelle on ne peut plus soutenir sérieusement les hypothèses faisant venir les Chinois de la Kachgarie, ou du Turkestan russe, ou encore moins celles qui plaçaient leurs origines en Mésopotamie, en Chaldée ou en Égypte.

D’après certains sociologues, le peuplement pri­mitif de la Chine aurait été l’œuvre de deux races : l’une, indigène, d’agriculteurs, l’autre, de conquérants nomades venus de l’Asie centrale. Ainsi s’expliquerait l’existence dans la Chine ancienne des deux classes, paysanne et noble, aux usages respectifs desquelles ont été empruntées les institutions que présente la civilisation classique.

Compte tenu des recherches ci-dessus résumées, on peut accepter en gros la thèse voyant dans les Chinois une branche des populations nomades de l’Asie septentrionale, qui se serait fixée sur les bords du Fleuve Jaune. A l’aube des temps historiques, le do­maine de la civilisation apparaît localisé d’une part, dans la plaine basse, entre le plateau du Chan si et la mer, d’autre part, dans la petite plaine où les rivières Wei et Lo se jettent dans le fleuve. Autour de ces îlots vivaient les Barbares, dont les uns étaient peut être d’origine différente des Chinois, tribus locales ou émi­grées, et les autres des peuplades chinoises restées en retard dans leurs montagnes, leurs marais ou leurs forêts à l’écart du mouvement civilisateur qui entraî­nait les gens des plaines 2. En tout état de cause, si les données proprement historiques que nous possédons p.62 ne nous permettent pas de remonter très haut dans le passé, il semble bien que les origines de la civilisation chinoise soient très anciennes et peut être antérieures au IIIe millénaire.

II. — Le peuple



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