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Et sa civilisation première partie de


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Limites. — Les limites politiques ne coïncident pas avec les limites géographiques. Les frontières du Nord, du Nord Ouest et de l’Ouest ont subi, au cours des p.21 dernières années, les fluctuations suivantes :

1° les « trois provinces de l’Est », Liao ning, Ki-lin, Hei­-long kiang, formant la Mandchourie, ont été arrachées à la Chine par l’agression japonaise de 1931 1932. La frontière septentrionale, qui suivait auparavant l’Oussouri et le Hei-long kiang (Amour), est reportée sur la Grande Muraille. Les anciennes limites sont celles du Man tcheou kouo ;

2° l’agression japonaise a encore détaché de la Chine la province de Jehol. Celle ci faisait partie, avec les trois autres provinces de Tcha har, Souei-yuan, Ning hia, de la Mongolie intérieure. Le Jehol est incorporé au Man tcheou-­kouo ;

3° la Mongolie extérieure, théoriquement rat­tachée à la Chine, est en fait sous l’influence de l’U.R.S.S. ;

4° le Sin kiang (Turkestan chinois) forme aujourd’hui une province soumise, dans sa région occidentale, à une active pénétration soviétique ;

5° la région orientale du Tibet forme une province sous le nom de Si-kang. Mais la démarcation d’avec le Si-tsang, ou Tibet proprement dit, placé sous la suze­raineté nominale de la Chine, reste indécise. Cette indécision existe même en ce qui concerne les limites du Sseu tch’ouan, province de la « Chine propre », et du Si-kang ;



6° la frontière entre le Yun nan et la Birmanie n’est pas encore fixée dans sa section méri­dionale (v. l’échange de notes sino britannique du 9 avril 1935).

Superficie. — Les plus grandes dimensions de la Chine sont environ 5 000 km. de l’E. à l’O. et 3 000 km. du N. au S. Pour la Chine propre, celle des « Dix huit provinces », telles qu’elles étaient définies jusqu’en 1907, — date de la division de la Mandchourie en pro­vinces, — la superficie est de 4 626 512 km2. La super­ficie de la Mandchourie serait de 887 245 km2, celle p.22 de la Mongolie de 3 337 120 km2, celle du Sin kiang de 1 343 128 km2, celle du Tibet (Si-kang et Si-tsang) de 1 130 269 km2. La somme de ces chiffres est égale à 11 324 274 km2, soit vingt fois l’étendue de la France. Mais il s’agit ici de la superficie géographique. Celle de la Chine politique comporte les corrections indiquées plus haut 1.

Population. — Bien que de nombreuses évaluations aient été données au cours des âges, les méthodes scientifiques de recensement ne sont appliquées que depuis peu de temps, et seulement pour certaines régions. On aboutit au chiffre moyen de 440 millions d’habitants, soit environ le quart de la race humaine. Des enquêtes spéciales ont établi des résultats démo­graphiques intéressants 2. La répartition de la popu­lation suivant le sexe donne 112 hommes pour 100 femmes. Le nombre moyen de personnes par ménage urbain est de 5,11, par ménage rural de 5,46. La popu­lation est très inégalement répartie sur le territoire. Les 5/6 des habitants n’occupent que le 1/3 de la super­ficie. La densité varie énormément d’une province à l’autre : Kiang sou, 313 habitants au km2 (1928), Yun nan, 26. Dans la plaine de Tch’eng tou, centre du « bassin rouge » du Sseu tch’ouan et remarquable­ment irriguée, la population atteint 650 habitants au km2 3.

p.23 Le mouvement de la population est mal connu pour l’ensemble. Mais des travaux conduits localement permettent de noter des taux élevés de nuptialité (107 131 pour 10 000 habitants), de natalité (357 387), de mortalité (289 315). Le mouvement migratoire, très important, a été mieux étudié. Environ 8 millions de Chinois sont établis dans les divers pays du monde. L’émigration intérieure est active. En 1927 et en 1929, on a enregistré plus d’un million d’émigrants des pro­vinces du Nord vers la Mandchourie. Variées sont les causes de ces mouvements : calamités naturelles, séche­resse ou inondation, amenant la disette et la famine ; surpeuplement de certaines régions ; insécurité (ban­ditisme, guerres civiles), mauvaise administration (impôts excessifs, exactions de fonctionnaires) dans d’autres. Mais l’esprit d’entreprise joue ici un rôle important. En Indochine, au Siam, dans les Straits Settlements, les colonies chinoises ont une situation commerciale prépondérante.

Divisions naturelles. — La distinction en Chine propre, — celle des « Dix huit provinces », — et Chine extérieure (Greater China) a une signification poli­tique et une valeur géographique.

La Chine propre comporte les divisions naturelles ci-après. Au Nord, c’est le bassin du Houang ho (Fleuve Jaune), succession d’immenses plaines au sol jaunâtre interrompues de loin en loin par des massifs peu élevés de montagnes nues ou des ravins profonds où coulent des torrents. Pays âpre, aux températures extrêmes, aux communications difficiles. C’est la région du lœss, sorte d’argile poreuse arrachée sans doute par les vents à la surface des déserts voisins et qui forme des cou­ches atteignant parfois plusieurs centaines de mètres d’épaisseur. En été, sous les pluies abondantes, ces p.24 terres bien cultivées se couvrent de récoltes : millet, maïs, blé, sarrasin, coton, riz, sésame.

Une ligne non continue de montagnes basses (monts Ts’in ling) sépare la Chine du Nord de la Chine cen­trale, le bassin du Houang ho de celui du Yang tseu. Plus de terres jaunes, mais de basses plaines d’allu­vions lourdes et marécageuses. Des pluies plus régu­lières, un climat doux, très constant, la vie plus facile. La végétation est de caractère méridional : bambous, orangers, camphriers. Une population très dense cultive le riz sur de larges étendues, le thé, le coton, qui n’est plus annuel comme dans le Nord.

Les montagnes du Sud, Nan chan, plus élevées et accidentées, séparent le bassin du Yang tseu et celui du Si-kiang, ou rivière de l’Ouest. C’est ici la Chine méridionale au climat semi-tropical. Les diverses espèces de palmiers y poussent en abondance.

La Chine extérieure comprend la Mandchourie — mais seulement au point de vue géographique, — la Mongolie, le Sin kiang, le Tibet.

La Mandchourie est traversée du N. au S. par les chaînes des monts Hing ngan et Tchang po. Elles enserrent de larges et fertiles vallées arrosées par de puissants cours d’eau, la plupart navigables sur de longs parcours : Hei-long kiang (Amour), Soungari, Oussouri, Yalou, Toumen, Liao ho.

La Mongolie est un immense plateau d’altitude élevée. Au S., ce plateau se redresse en falaise au dessus des plaines chinoises. Il s’infléchit au N. vers la Sibérie et le bassin du Baïkal. La région désertique du « Désert de Sable », Cha mo, ou Gobi, sépare la Mongolie inté­rieure (centre commercial : Tchang kia keou, ou Kal­gan) de la Mongolie extérieure, capitale Oulan Bator (Ourga). Bien plus fertile, celle ci est arrosée par d’im­portants cours d’eau : Kerulen, Tola, Orkhon, Selenga.

p.25 De vastes régions du Sin kiang sont désertiques ou couvertes de hautes montagnes. Les deux déserts de Dzoungarie et de Taklamakan sont la continuation du Gobi mongol. Les principaux systèmes hydrogra­phiques sont ceux de l’Irtych, de l’Ili et du Tarim. Ce dernier fleuve, qui se jette dans le Lob nor, forme un bassin fermé. Les eaux descendues des hautes chaînes se perdent dans les sables, après avoir contribué à la formation d’oasis réparties suivant une ligne orientée N.E.-S.O. depuis Hami jusqu’à Kachgar 1, Yarkand et Khotan. Ces oasis et la vallée de l’Hi sont les centres de population de la province. Les « Routes de la Soie » passaient au N. et au S. des Monts Célestes (T’ien-­chan).

Le Tibet proprement dit (Si-tsang) est un plateau dont l’altitude moyenne varie entre 4 000 et 4 500 m., et en bordure duquel sont disposées les plus hautes chaînes de montagnes du globe. Les régions méridio­nale et orientale sont parcourues par de larges cours d’eau. Ceux du Sud se dirigent vers l’Inde : Indus, Sutlej, Karmali, Tsang po (Bramapoutre). Ceux de l’Est entrent en Chine : Houang ho et Yang tseu, qui restent entièrement fleuves chinois ; Mékong, Irra­ouaddi, Salouen, qui s’infléchissent vers l’Indochine et la Birmanie.



Orographie. — Les grands systèmes montagneux se développent surtout dans la Chine extérieure ou sur les frontières géographiques de la Chine propre : Altaï, Tien chan, Kouen louen, Himalaya et Trans-­himalaya, Amni Manchin, Minya Konka. Tous ces massifs dépassent 7 000 et même 8 000 mètres d’alti­tude. Sur la frontière du Tibet et du Népal, le Chomo­lungma ou Mont Everest atteint 8 932 m. Le Minya Konka, près de K’ang ting (Ta ts’ien lou), au Si-kang, p.26 a 7 587 m. et est regardé comme la plus haute cime entièrement chinoise (1e ascension : 28 octobre 1932, par les Américains Terris Moore et Burdsall). Les trois chaînes des T’ien chan, du Kouen louen et de l’Hima­laya, s’attachent au plateau du Pamir, à l’extrémité occidentale du Sin kiang, et divergent en éventail vers l’Est. A l’intérieur de la Chine, les reliefs qui forment les divisions naturelles, et sont du reste des rameaux éloignés des grandes chaînes occidentales, n’atteignent qu’une faible altitude. De nombreux massifs indépen­dants se rencontrent dans plusieurs provinces : Yun­nan, Chen si, Chan si, Kouang tong, Kouang si, Tchö-kiang, Fou kien, Sseu tch’ouan. Ils sont en général peu élevés, à l’exception du Wou t’ai-chan au Chan si et du Mont Omei au Sseu tch’ouan, qui dépassent 3 000 mètres. L’aspect des montagnes est exprimé avec beaucoup de fidélité par la peinture chinoise. Les massifs du N. sont presque complètement déboisés. Cinq montagnes sont tenues pour des lieux historiques et sacrés et abritent un grand nombre de temples : ce sont à l’E. le T’ai-chan (Chan tong), au N. le Heng­chan (Chan si), au centre le Song chan (Ho nan), à l’O. le Houa chan (Chen si), au S. le Heng chan (Hou­-nan).

Hydrographie. — La longueur des côtes, compte tenu des accidents : caps, golfes, baies, atteint environ 9 000 kilomètres. La région septentrionale est d’allu­vions, le reste est granitique. Au N. E. abondent les bancs de sable et les hauts fonds, l’accès des navires n’étant possible que par les estuaires. La mer est au contraire profonde le long des provinces du S E. et du S. Les îles de toutes dimensions y abondent. — L’Océan Pacifique forme ici une série de mers intérieures séparées de l’océan proprement dit par une ligne d’îles p.27 volcaniques (îles Kouriles, archipel du Japon, îles Lieou k’ieou, Philippines). Ces mers sont appelées Houang haï (mer Jaune, avec les golfes du Tche li et du Liao tong) ; Tong haï (mer de l’Est, avec le canal de Formose) ; Nan haï (mer du Sud). Les marées y sont de faible amplitude. — Parmi les points remar­quables des côtes, il convient de citer : en Mandchourie, — actuellement Man tcheou kouo, — les ports de Ngan Long, Dairen et Port Arthur ; ceux de Nieou­-tchouang et de Yin k’eou, bloqués par les glaces en hiver. Dans la Chine propre : Chan haï kouan, d’où part la Grande Muraille, le port de Ts’in wang tao, libre de glaces, celui de Ta kou, sur l’estuaire du Pei­-ho, avec une barre importante, donnant accès à T’ien-­ts’in ; Tche fou ; Wei-haï wei, ancien territoire à bail britannique ; la baie de Kiao tcheou, avec Ts’ing­-tao, ancien territoire à bail allemand ; l’embouchure du Houang ho ; l’estuaire du Yang tseu, avec l’île basse de Tsong ming et la base de Wou song, accès de Chang haï ; la baie de Hang tcheou ; Ning po ; les archipels de Chou san et des Saddles, centres de pêche ; la baie de San men ; les ports de Fou tcheou et d’Amoy ; celui de Sien t’eou (Swatow) ; Mirs Bay et Bias Bay, refuges de pirates ; Kieou long et Hong kong, terri­toire à bail et colonie britanniques ; Macao, territoire portugais ; la rivière des Perles et Canton ; Kouang­tcheou wan, territoire à bail français ; l’île de Haï-­nan ; le port de Pakhoi.

Les eaux intérieures sont, en Chine, un élément primordial de l’aspect physique et de l’économie du pays. Grands fleuves, rivières, torrents, lacs, canaux, composent un régime hydrographique complexe. Le Houang ho et le Yang tseu ont joué un rôle majeur dans l’histoire et la civilisation.

Le Houang ho prend sa source au S. du Koko nor, p.28 dans la province de Ts’ing haï. Il forme, au Souei-yuan, une immense boucle contournant le plateau des Ordos. Dans la dernière partie de son parcours, le limon qu’il roule a exhaussé son lit au point que le fleuve domine de plusieurs mètres les régions qu’il arrose. Grossi, sur sa longueur d’environ 4 200 km, d’importants affluents : Wei, Si-ning ho, Fen ho, Tao ho, Lo ho, le Fleuve Jaune est navigable depuis Lan tcheou, malgré l’existence de quelques rapides. Mais à partir de K’ai-fong, il présente la particularité d’être un fleuve « vagabond ». Son cours actuel date de 1854. Avant cette époque, il coulait vers le S.O. et, au long des âges, son estuaire s’est plusieurs fois déplacé au nord et au sud du promontoire du Chan tong. Les catas­trophes causées par ces divagations ont valu au Houang-­ho l’épithète de : « Fléau des hommes de Han ».

Le Yang tseu, avec ses 5 200 km, est le cinquième fleuve du monde 1. Sa source se trouve au centre du Tibet, à 500 km environ au nord de Lhassa. La pre­mière partie de son parcours s’effectue à plus de 4 800 mètres d’altitude. A Siu fou, c’est à dire à plus de 3 000 km de son estuaire, il commence à être navigable. Entre Tch’ong k’ing et Yi-tch’ang se trouvent les célèbres défilés et les rapides qui rendent la navigation parfois fort dangereuse. A partir de Yi-tch’ang, le Yang tseu, grossi de larges affluents : Min kiang, Kia-­ling kiang, Ho kiang, Wou kiang — plus tard : Han-­kiang et Siang kiang — est un fleuve majestueux rou­lant des eaux chargées de limon arraché aux hautes terres tibétaines et à la plaine du Sseu tch’ouan, le p.29 « bassin rouge ». Limon si épais et si abondant que le colmatage de l’estuaire, jusqu’à l’archipel des Chou-­san, se poursuit avec une grande rapidité. Le Yang-­tseu, après avoir baigné plusieurs villes importantes : Cha si, Han yang, Han k’eou, Wou tch’ang, Ngan­-k’ing, Nankin, Tchen kiang, achève sa course dans un des plus vastes estuaires du monde. Un bras de son delta se détache vers le S.O. à Wou song, et sous le nom de Houang p’ou, assure la communication entre Chang haï et la mer. Celle ci, à plus de cent milles de l’embouchure du fleuve, garde la couleur jaune des sédiments qu’il charrie.

En dehors de ces deux grandes voies, une mention est due au Si-kiang, long de près de 2 000 km et qui traverse la Chine méridionale. A l’extrémité de son delta se trouve Macao. Un bras — la rivière des Perles — conduit à Canton.

Parmi les rivières — plus d’une, en Europe, serait classée comme fleuve — l’une des plus curieuses est la Houai, dont la source est au Ho nan et qui, jusqu’au milieu du XIVe siècle, se jetait dans la mer Jaune. A cette époque la dernière partie du cours de la Houai fut absorbée par le Houang ho. Les eaux s’en vont depuis au Yang tseu par le Grand Canal et les lacs qui le flanquent.

Très nombreux sont les lacs dans la Chine propre et dans la Chine extérieure. Ces derniers sont surtout au Tibet : Koko nor, Tengri-nor, Manasarowar, etc. Le Tong ting, dans le Hou nan, sert de déversoir au Yang tseu. Ses eaux, comme celles du T’ai-hou, dans le Kiang sou, disparaissent presque complètement en hiver.

Les canaux sont innombrables, surtout dans le Sud, où une partie de la population vit sur l’eau. L’ouvrage le plus remarquable en ce genre est le Grand Canal, p.30 Yun ho. Il réunit Pékin et Hang tcheou par une voie de 1 200 km. Certaines portions ont été construites au Ve siècle av. J. C. Les autres datent des Song et des Yuan. Il servait jadis à apporter à la Cour le tri­but de riz envoyé par les provinces du Sud. Mal entre­tenu, il a perdu de nos jours beaucoup de son importance.

Climat. — Le climat de la Chine est commandé par l’existence de très hautes pressions en hiver et de basses pressions en été. Sous l’influence des premières — elles atteignent jusqu’à 815° au voisinage du lac Baïkal, — s’établit dès le début de décembre un régime de mousson d’hiver, direction N.O. S.E. C’est l’époque des vents glacés et des ciels clairs. La sécheresse est intense, la lumière radieuse, l’atmosphère électrique. Le sol est gelé à grande profondeur, la glace apparaît sur la mer, bloquant les ports. En été, les basses pres­sions rayonnent d’Indochine, et la mousson souffle du S.E. C’est l’époque des vents humides et chauds et des pluies torrentielles. Le printemps, fort bref, est une saison d’orages, de vents irréguliers, de pluies rares, de brouillards persistants sur les côtes. L’automne est caractérisé par un régime d’équilibre parfait. L’ab­sence de vent, la température fraîche, la pureté du ciel, l’éclat adouci du soleil, tout concourt à donner à cette époque un charme exceptionnel. Le régime qu’on vient de décrire n’est pas uniforme pour tout le territoire. Les caractéristiques du climat hivernal sont bien plus marquées dans la Chine du Nord, celles du climat d’été dans la Chine du Sud.

Les typhons, qui se forment normalement, de juin à octobre, au moment du renversement des moussons, dans la région des îles Carolines et Mariannes, abor­dent les côtes dans la proportion de 10 environ sur une moyenne annuelle de 30. En dehors de leur influence p.31 temporaire sur le régime climatique normal, ils causent souvent d’énormes dégâts et entraînent la perte de nombreuses vies humaines. La navigation interna­tionale n’a guère à en souffrir, grâce à un admirable système de prévision et d’information dont la création est un des titres de gloire des Jésuites français installés à Zikawei, près Chang haï.

Les tremblements de terre sont fréquents. Dans le Kan sou et le haut bassin du Houang ho, ils attei­gnent une extrême violence et font des milliers de victimes.


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CHAPITRE III



RÉSUMÉ HISTORIQUE

p.32 Il y a, en Chine, un « rythme » de l’histoire. D’après les notions traditionnelles, il existe un ordre universel qui régit à la fois le monde et les hommes. La tâche du Prince est de veiller à ce que cet ordre soit main­tenu. Il n’y réussit que s’il possède le « mandat du Ciel », T’ien ming. Son investiture est attestée par le fait que, sous son règne, cette harmonie n’est pas troublée. Les hommes se conduisant selon les règles, la nature observe ses propres lois. La survenance de troubles, de prodiges, est le signe que le Ciel entend retirer son mandat. S’ouvre alors une période anarchique qui ne prend fin que lorsqu’un soldat heureux ramène l’ordre et la prospérité. C’est le témoignage qu’il a recueilli le mandat du Ciel. En fait, tout au long des siècles, le processus se répète. Le fondateur d’une dynastie est un chef énergique, souvent d’origine étrangère, un Mongol (dynastie Yuan), un Mandchou (dynastie Ts’ing). Mais, même étranger, il est très rapidement assimilé par la civilisation chinoise, et c’est l’ordre chinois qu’il préserve. Sous ses successeurs, l’autorité initiale s’affaiblit, d’ordinaire par suite des intrigues de cour et de la corruption des fonction­naires. — Il n’est guère de révolutions qui n’aient eu p.33 leur source dans les exactions en matière d’impôts fonciers. — Des chefs locaux se soulèvent, des bandes armées parcourent le pays, qui s’ouvre aux invasions barbares. La période d’anarchie s’instaure. Des dynas­ties partielles se partagent la Chine. Au bout d’un temps plus ou moins long surgit de ce chaos l’homme énergique — chef de bandes, aventurier heureux, général étranger — qui remet les choses en ordre, unifie le pays, fait apparaître le mandat du Ciel. Et l’histoire recommence. Mais à travers les âges, la Chine conserve intacte sa civilisation. Les valeurs tradi­tionnelles s’affermissent, après un ébranlement ou une révision qui ne laissent pour ainsi dire point de traces. Ce bloc formidable défie les tempêtes. La pérennité des formes de la civilisation en face de l’alternance régulière des périodes d’ordre et d’anarchie, la « sini­sation » rapide des conquérants étrangers : tels sont les traits fondamentaux de l’histoire de Chine.

Les temps légendaires 1. — Leur importance tient à ce fait que l’histoire orthodoxe y fait vivre des per­sonnages auxquels sont attribués tous les progrès réalisés par la race au cours de son évolution. C’est l’âge d’or des souverains modèles dont la philosophie confucéenne affirmera transmettre les traditions. Dans les écrits de l’école reviendront inlassablement les noms de Fou hi, inventeur de l’écriture, auteur des lois du mariage : la chronologie chinoise place son avènement en 2852 av. J. C. ; — Chen nong, le père de l’agriculture et de la médecine ; Houang ti, inven­teur du calendrier et de la divination, et dont l’épouse p.34 apprit aux femmes l’élevage des vers du mûrier et le tissage de la soie ; Yao et son gendre Chouen, idoles de tous les fonctionnaires.

Les trois dynasties royales. — Leurs souverains portent le titre de wang, c’est à dire roi, et non de houang ti, que nous traduisons par empereur. Mais on les classe d’ordinaire parmi les dynasties impériales, et la pre­mière, celle des Hia, qu’on fait régner de 1989 à 1559 1, ouvre une liste qui ne sera clôturée qu’en 1911 ap. J. C.

Elle aurait été fondée par Yu le Grand qui, au temps de Yao, se serait illustré en réparant le désastre d’un déluge universel. Le dernier souverain des Hia, le tyran Kie, apparaît, aux yeux des historiens ortho­doxes, comme le premier exemple de ces princes qui perdent le mandat du Ciel et sont chassés du trône par un aventurier énergique. — Grâce à de récentes découvertes archéologiques, la dynastie Chang (puis Yin) (1558 1051) sort un peu de la brume des légendes. Des écailles de tortues et des os portant des inscrip­tions nous ont donné les noms de plusieurs souverains et quelques détails sur leur administration. Le dernier roi des Yin, Cheou, cruel et débauché, fut battu et tué par un roi local, Wou, qui fonda la dynastie Tcheou. Dans la littérature, Kie et Cheou, les deux souverains indignes, sont constamment opposés à Yao et à Chouen, les deux empereurs modèles. — Avec les Tcheou (1050­-256), les faits historiques apparaissent. A vrai dire, des premiers rois de la dynastie, on ne connaît avec certitude que les noms et les titres : les rois Wou, Tch’eng, K’ang, Tchao, Mou. Leurs faits et gestes ont engendré une vaste littérature entièrement faite p.35 de légendes romancées 2. Mais avec le roi Siuan (827-782) commence la période de l’histoire de Chine contrô­lable par les premiers documents authentiques. Il semble que la décadence de la dynastie était commencée dès cette époque, le roi Siuan ayant dû employer son règne à lutter à la fois contre ses vassaux et les hordes barbares. La décadence deviendra complète après le roi Yeou (781 771). Les grands feudataires accroî­tront leurs domaines et ne reconnaîtront plus aux Tcheou qu’une suzeraineté nominale qui finira par disparaître.



Les hégémonies et les « Royaumes combattants ». — Les cinq derniers siècles de la dynastie Tcheou ont une importance capitale pour l’histoire et la civili­sation. Au point de vue politique, ils offrent de parfaits exemples du « rythme » signalé plus haut. Ils s’achè­veront par la réunion sous une autorité unique de tous les territoires chinois et la fondation du premier empire. Ils verront en même temps surgir la plupart des grands mouvements d’idées, des conceptions sociales, poli­tiques, littéraires, philosophiques, sur la base desquelles s’est construit le passé chinois, si proche du présent 1.

A partir du moment où les rois Tcheou ne possèdent plus qu’une autorité nominale, la Chine est partagée en une vingtaine de principautés féodales ou royaumes. Le domaine impérial des Tcheou est situé à Lo yang, dans le nord ouest du Ho nan ; l’État de Yen occupe la région de Pékin ; ceux de Ts’i et de Lou se partagent p.36 le Chan tong ; le Chan si est le fief du grand État de Tsin, le Chen si, celui du Ts’in ; Tcheng et Tch’en se partagent le Ho nan ; Tch’ou occupe le Hou pei ; Song, Wou, Y Lie, Chou, occupent les provinces méri­dionales. Les États de Ts’in et de Tch’ou étaient habités par des races non purement chinoises, mais largement métissées de barbares et, de ce fait, éner­giques et belliqueuses.



Une fois constitués et organisés, ces États s’affron­tèrent. La diplomatie et la force entrèrent en jeu 2. Les plus puissants d’entre eux s’assurèrent à tour de rôle l’hégémonie 3. Celle du Ts’i, puis du Tsin s’écrou­lèrent aussi soudainement qu’elles s’étaient formées. Tsin forma alors alliance avec Wou. Mais ce dernier fut détruit et annexé par Yue (473) et Tsin, entre 457 et 376, disparut, anéanti par des dissensions intes­tines. La période des hégémonies est close. Seuls restent en présence trois grands États : Ts’i, Tch’ou et Ts’in et quelques principautés secondaires. Le tu­multe de leurs rivalités — les « Royaumes combat­tants » — emplit les deux derniers siècles de la dynastie Tcheou, dont le rôle est depuis longtemps complè­tement effacé. Tch’ou commença par absorber Tch’en, Lou et Yue. Mais Ts’in, sous la conduite de quatre rois successifs : Houei-wen, Tchao siang, Tchouang-­siang et surtout Tcheng, vainquit l’un après l’autre les États du Nord et, au Sud, triompha de Tch’ou p.37 lui-même. En un siècle, toutes ces souverainetés rivales avaient disparu. Le domaine impérial des Tcheou était annexé en 256. En 221 av. J. C., le roi Tcheng prit le titre de Che houang ti, « le premier empereur ». Pour la première fois dans l’histoire, la Chine venait d’être unifiée par le fer et par le feu. A l’empire patriar­cal et féodal des Tcheou succédait un empire unitaire, militaire et centralisé, celui-là même qui, avec des fortunes diverses, allait durer près de vingt deux siècles.
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