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Deux voyages en ouroud


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Des discussions
Etant rentrés à Bakou Mubariz muallime et moi nous sommes allés voir Ogtay Assadov, Président de Milli Medjlis. L’ayant informé sur les activités de la réunion du comité à Bucarest nous lui avons parlé des propositions sur la participation de l’Azerbaïdjan à la réunion de l’Assemblée Générale qui aurait lieu à Irévan au mois de juin. Ogtay muallime nous a dit qu’on ne pourrait pas prendre une décision hative à ce propos, il faudrait attendre une invitation officielle. A la veille de la Session nous nous prononcerons à ce propos tenant compte de la situation sur la ligne de contact des armées.

A la fin du mois d’avril de 2006 Ogtay muallime a accueilli Safa Mizayev, Mubariz Gourbanli et moi afin de discuter la question de participation de l’Azerbaîdjan à la XXVIII Session de l’AP de l’OCEMN qui aurait lieu à Irévan. Le Président de Milli Medjlis a dit qu’Aleksey Koudryavtsev, Secrétaire Général de l’AP de l’OCEMN et Artour Bagdasaryan, Président du Parlement de l’Arménie nous ont communiqué une lettre officielle. Dans ces deux lettres il est mentionné que la participation de l’Azerbaïdjan est nécessaire parce que la présidence de l’AP de l’OCEMN passe à l’Azerbaïdjan et la sécurité de la délégation azerbaïdjanaise sera assurée. C’est sûr que je n’irai pas à Irévan et c’est pourquoi ma candidature n’est pas sujet à discussion. Si la présidence ne passait pas à l’Azerbaïdjan on pourrait trouver inopportun la visite des députés azerbaïdjanais en Arménie, mais maintenant on a besoin d’une discussion. Vos opinions, s’il vous plaît.

Safa muallime et moi nous avons souligné qu’un ou deux députés pourraient aller à Irévan pour accepter la présidence de l’AP de l’OCEMN. Mubariz Gourbanli n’a pas objecté mais il a dit qu’il n’irait pas à Irévan.

Pour conclure les discussions Ogtay muallime a dit que nous ne pouvons pas envoyer une délégation complète dans le pays ennemi et nous ne pouvons pas y envoyer une seule personne non plus. Mubariz Gourbanli ne veut pas y aller. Nous ne pouvons pas y envoyer Jala Aliyeva pour la simple raison qu’elle est une femme. Alors, c’est Moussa qui y va avec ou Imamverdi Ismayilov, ou avec Assaf Hadjiyev si jusqu’à là la Cour Constitutionnelle confirme son mandat (Assaf Hadjiyev était élu au deuxième tour).


Préparation au voyage
De jour en jour j’avais plus d’espoir d’aller à Ouroud. J’avais déjà obtenu l’autorisation pour aller à Irévan. Mais ce n’était pas un voyage touristique. J’irai comme un représentant du Parlement de l’Azerbaïdjan dans un pays maintenant ennemi, mais qui était à l’époque ma Patrie. La réunion aura lieu à Irévan. Pour aller à Sissyan il faudra faire 230 km. C’était toujours possible de «tomber en accident» sur cette même route. A Sissyan ou à Ouroud «un arménien simple faché» pourrait toujours réaliser une provocation. Ils pourraient faire du chantage, ils pourraient prendre l’interview et l’utiliser autrement. Mais en tout cas il faudrait encore discuter cela et demander l’autorisation des hauts pouvoirs.

J’ai trouvé une bonne occasion pour entrer dans le bureau d’Ogtay muallime, et je lui ai annoncé mon intention d’aller à Ouroud. Je lui ai raconté notre conversation avec Gaguik Minasyan, Président de la Commission du Parlement de l’Arménie à Bucarest et je lui ai demandé de donner son accord.

Ogtay muallime connaissait bien les problèmes des réfugiés, leurs chagrins parce que lui même était originaire du village de Shahadjik du district de Gafan de la région de Zangazour. Il comprenait bien mon envie d’aller visiter le village dont le nom est devenu mon deuxième nom. Il m’a dit tout ça lui-même. Mais il a ajouté que ce voyage serait un voyage difficile, surtout les questions de sécurité pour la partie non officielle du voyage (Irévan-Ouroud) ne seraient pas assurées et il y aurait des risques de provocation et voilà pourquoi il m’a suggéré de prendre des décisions sur place avec prudence. En un mot sa réponse était ni «oui», ni «non».

Comme ça j’ai commencé à me préparer au voyage à Ouroud. Chaque nuit dans mes rêves je buvais de l’eau des puits en bas et en haut du village et des sources – «Zor-zor»,  «Shor boulag», «Djafar boulag», «Dayirman arkhi», je me baignais dans la rivière de Bazartchay, dans «Isti sou», je cueillais des fruits des jardins «Gazi bagui»,  «Puroul», «Gandjali adasi», «Bal bagui», «Gullu bag», je me promenais à Gara Gaya, Tchadir dache, Ag yasta, Ilan gaya, Véli gaya, je montais à Chirvanéken, Meydanlar, Takhtalar, Sari guney, Tchomtchéyer, Téguézur et je visitais le cimetière. Chaque jour je faisais venir devant mes yeux notre maison, notre cour, les arbres que j’avais plantés moi-même, les rosiers.

J’ai préparé un appareil photo, une caméra-vidéo et des cassettes vièrges. A tout hazard j’ai terminé les travaux, j’ai acquitté toutes mes dettes. Mes proches et mes parents à qui je parlais de mon intention d’aller à Irévan et depuis là à Ouroud essayaient de me persuader que cela n’était pas une bonne idée. En tout cas il y avait du risque. La situation en Arménie, le manque d’information précise sur les attitudes réelles des arméniens envers nous rendaient la situation encore plus sombre.

La seule personne à qui je n’ai rien dit sur ma visite en Arménie c’était ma mère. J’avais demandé aux membres de la famille de ne rien lui dire sur cette visite.


L’inquiétude
Juste au moment où je comptais les minutes a eu lieu un événement inattendu à cause duquel notre visite pourrait facilement échouer : vers la fin du mois de mai Artour Bagdasaryan, Président du Parlement de l’Arménie à demissionné d’une façon inattendue. C’était bien le même Bagdasaryan qui nous avait envoyé une lettre d’invitation et avait assuré la sécurité de la délégation azerbaïdjanaise du nom de l’Etat d’Arménie. A sa place était élu Tigran Troyan que nous connaissions bien au Conseil de l’Europe et qui était connu par ses idées chovinistes et nationalistes. La situation a complètement changé.

10 jours avant la réunion de l’Assemblée Générale on a eu une réunion générale auprès de Milli Medjlis où on a eu de larges discussions à ce sujet et on a décidé d’annuler la visite de la délégation de l’Azerbïdjan à Irévan; de demander au Secrétariat de l’AP de l’OCEMN de déclarer le passage de la présidence en Azerbaïdjan pendant notre absence et de confier à Aleksey Koudryavtsev, Secrétaire Général ou à l’un de ses assistants de signer à la place du chef de la délégation de l’Azerbaïdjan les papiers nécessaires.

Un échange intensif de messages a commencé entre le Département des relations internationales de Milli Medjlis et le bureau de l’AP de l’OCEMN. Le Secrétariat de l’Organisation de Coopération Economique en Mer Noire nous exigeait de respecter le Statut de l’Organisation et de ne pas violer les règles de procédure, sinon nous risquerions d’être exclu de l’Organisation.

Nous exigions une nouvelle lettre d’assurance pour la sécurité des députés azerbaïdjanais parce que la première était signée par Artour Bagdasaryan était maintenant en opposition. Profitant du manque de temps le côté arménien retardait exprès la deuxième lettre d’assurance.

Enfin, au bout de longues discussions le Secrétariat de l’AP de l’OCEMN a déclaré clairement que la tenue de la XXVII Session de l’AP à Irévan pourrait être annuler si le Parlement de l’Arménie ne fournissait pas une nouvelle lettre d’assurance de sécurité pour les députés azerbaïdjanais qui devaient y participer.

Seulement après cette position stricte le Parlement de l’Arménie a communiqué au Secrétariat une lettre d’assurance de sécurité des députés azerbaïdjanais avec la signature de Tigran Torosyan.

Ainsi 3-4 jours avant le voyage Assaf Hadjyev et moi nous avons obtenu l’autorisation d’aller à Irévan. Ici je voudrais souligner le fait que la politique extérieure est plus difficile, plus compliquée et non stable que la politique intérieure. La région géographique de l’Azerbaïdjan, le conflit existant sur ses territoires et le fait que l’Azerbaïdjan est une République turque et islamique – tous ces facteurs nous obligent à mener une politique très ponctuelle, bien méditée et équilibrée. La situation géopolitique de l’Azerbaïdjan est très active et précaire. Comme l’avait aprécié Heydar Aliyev, notre lidear national, maintenant nous marchons sur une file tendue sur un ravin profond. On doit sortir sur la rive sain et sauf. Les idées prononcées par les partis politiques en opposition, par l’Organisation de Liberté de Karabakh et par certaines ONG telle que : «Les arméniens ne doivent pas mettre leurs pieds sur le sol de Bakou et les azerbaïdjanais ne doivent pas aller en Arménie» peuvent apparaître dilettantes, mais dans la réalité elles sont calculées à l’autoisolation de l’Azerbaïdjan et à l’afaiblissement des positions de l’Azerbaïdjan devant les organistaions internationales par rapport à l’Arménie.

J’étais très inquiet la veille du voyage. Ogtay Assadov, Président de Milli Medjlis était en visite officielle dans des pays Baltes et en Finlande, il serait de retour le 4 juin. Le 5 juin nous devions aller par avion à Tbilissi et depuis-là on devait aller à Irévan avec les députés géorgiens. Après l’événement de ce maudit Tigran Torosyan je n’ai pas eu l’occasion de voir Ogtay muallime et je n’ai pas pu informer quelqu’un à la Présidence sur mon intention d’aller à Ouroud, ayant peur qu’il ne donnât pas du tout son accord pour ma visite à Irévan et à Ouroud.

Les trois députés de Gandja – Vidadi Mammadov, Assaf Hadjyev et moi nous sommes toujours ensemble et chaque jour nous ne parlons que de notre voyage à Irévan. Vidadi muellim qui est définitivement contre ce voyage essaie de me faire changer d’idée d’aller à Ouroud, au moins. «Le danger est parfois tout près. Ne risque pas. Qui sait, Dieu nous en garde, tu y vas et tu a des malheurs. Tu dois penser à ta mère, à tes enfants, à nous.» Je n’avais pas d’autre solution que de tourner en plaisenterie la conversation de Vidadi muallime.

Ne t’inquiète pas. Je serai apprécié si je meurs jeune et je serai héros, si je meurs à la Patrie. En ce qui concerne la famille, j’y ai trouvé une solution pendant la première fois que j’étais élu député : avec l’initiative de quelques députés nous avons obtenu le changement à la Loi sur le statut des députés : la famille du député mort a le droit d’avoir la pension du député. Assaf muallime a l’air plus réservé. Je ne te laisserai pas d’aller seul à Ouroud, je t’accompagnerai si tu y vas, dit-il.


A Irévan par dessus de la Géorgie
A 15 heures le 5 juin 2006 nous allons à l’aéroport pour aller à Tbilissi. Vidadi muallime nous accompagne jusqu’à l’aéroport. Il insiste que je n’aille pas à Ouroud et demande à Assaf muallime de ne pas me laisser seul.

Enfin, nous disons au revoir à Vidadi muallime et nous prenons l’avion. J’ai des sentiments d’orgueil dès que j’entre dans le salon de l’Aérobus neuf qui a tous les conforts. Entre Bakou et Tbilissi, à 7000 m d’altidues Assaf muallime me dit enfin les suivants qu’il voulait me dire depuis longtemps :



  • Ce matin j’ai parlé à Ogtay muallime au téléphone. Il a fait ses suggestions liées à notre voyage et il a dit qu’il ne donnait pas son accord à la visite de Moussa Ouroud pour aller à Ouroud. Ne t’en fais donc pas souci, avec la permission du Dieu bientôt on aura la paix, nos terrirotires occupés seront libérés et on ira avec toi visiter ton Ouroud.

J’ai eu l’impression que l’avion est tombé dans un trou d’air. Quelque chose s’est cassé en moi. J’ai fermé les yeux et je n’ai pas parlé pendant longtemps. Assaf muallime a remarqué mon stress et s’est tu. On n’a pas parlé jusqu’à Tbilissi. Enfin j’ai dit à Assaf muallime ce que je pensais à ce propos au moment où notre avion tournait sur Tbilissi :

  • Faisons comme ça : tu as oublié de me transmettre le message du président, ou bien tu m’as dit cela au moment où j’avais sommeil et je n’avais pas entendu ce que tu voulais me dire.

Assaf muellim ne l’a pas accepté :

  • Non, c’est une question très sérieuse. Cela ne serait pas sérieux de dire qu’on a oublié de transmettre le message de la deuxième personne de l’Etat ou de dire que tu avais sommeil quand je t’en parlais. Ce n’est pas vraisemblable. De l’autre côté, en tant que chef du groupe j’ai plus de reponsabilité que toi. Sûrement Ogtay muallime a plus d’informations que nous sur la situation socio-politique en Arménie et il ne protesterait pas contre ton voyage à Ouroud s’il n’avait pas suffisamment d’arguments pour cela. Vraiment on peut s’attendre à tout des arméniens, ils peuvent organiser un accident, par exemple, et nous serions des victimes.

Voyant ma situation embarrassante il s’adoucit :

  • Bon, ne te fais pas de soucis, on arrive à Irévan et on verra sur place. Dans le salon de VIP de l’aéroport de Tbilissi nous sommes accueillis par les députés et les collaborateurs du Parlement de la Géorgie et les collaborateurs de l’AP de l’OCEMN. Un député qui se présente comme Mélik est très actif et très soicable. Il parle avec tout le monde et il commande de l’eau et du thé jusqu’à ce que nos passeports arrivent. Nous demandons où sont les autres députés géorgiens de l’AP de l’OCEMN. Mélik nous répond:

  • Ils nous attendront à la fontière de la Géorgie avec l’Arménie.

A la sortie de VIP Mélik nous invite dans sa voiture. Il conduit la voiture Mersedes lui-même. En faisant route il parle de Bakou, d’Irévan, de l’amitié, de la fraternité.

L’enthousiasme de Mélik me dérange un peu. Je partage mon doute avec Assaf muallime :



  • Il ressemble beaucoup à l’arménien ce Mélik, je dis.

  • On va préciser maintenant, dit Assaf muallime et demande directement, d’une façon pas trop propre à sa manière :

  • Mélik, tu es député de Djavakhétiya, n’est-ce pas?

  • Oui.

  • Probablement tu es arménien. La réponse de Mélik est intéressante :

  • Oui, si les géorgiens me permettent de l’être.

Puis il éclate de rire, nous rions, nous aussi. Plus tard il devient plus sérieux et ajoute :

  • Je suis président du groupe d’amitié interparlementaire Géorgie-Arménie. Je reste à Irévan plus qu’à Tbilissi. Là j’ai mon appartement, mon business. J’essaie de régler tous les problèmes de Djavakhétiya à l’aide de mes connaissannces privées auprès des autorités des deux pays. A mesure que Mélik parle les problèmes des azerbaïdjanais vivant en Géorgie passent devant mes yeux. Le chef du groupe d’amitié des deux parlements ne pourrair-il pas faire la même chose que Mélik?

Nous passons par les villages de Mrnéouli habités par les azerbaïdjanais. A l’époque ces villages étaient développés et avaient toutes les conditions pour vivre, mais maintenant du loin on voyait comment ils étaient appauvris et oubliés. Cette région de la Géorgie s’appelle en langue géorgienne Kvémo Kartli et en langue azerbaïdjanaise Borthcali. En 1991 avec le decret signé par Zviad Gamsakourdiya, Président géorgien à l’époque les noms de tous les villages de cette région géorgienne ont été changés et remplacés par les noms géorgiens. Le poste frontière de la Géorgie avec l’Arménie se trouve dans le village de Sadakhli. La pauvreté et la primitivité attirent l’attention. On peut dire la même chose pour le côté arménien.

A la frontière nous nous rencontrons très sincèrement comme des vieux amis avec Mikhaïl Mathcavariani, vice speaker du parlement géorgien et avec les députés Zourab Davitachvili, Manana Jébachvili, David Saganélidzé.

Ayant passé le contrôle de passeport nous mettons nos pieds sur les territoires de la République d’Arménie – dans le village de Lambali du district de Noyembryan fondé par les tribus de Garapapaglar et Ansarlar au XVI siècle.

L’ancien nom de ce district était d’abord Indjasou, plus tard il est devenu Barana et depuis 1937 il est Noyembryan. En ce qui concerne Lambali, depuis sa création jusqu’à la fin de 1988 c’était la patrie des turcs.

Conformément aux règles de protocole c’est l’adjoint du chef du secrétariat du Parlement de l’Arménie qui nous acueille sur les terroitoires de l’Arménie. Le poste frontière de l’Arménie est logé dans un petit bâtiment et dans trois vieux wagons. Mais autour il y a un chantier qui est en cours: il y a de la poussière partout. Il n’y a pas le moindre ombrage pour se protéger contre le Soleil de plomb en été. Une fois que le contrôle de passeport est terminé le collaborateur du Parlement d’Arménie qui acueille ne nous permet pas de prendre la voiture de Mélik et dit :

- Nous avons l’instruction selon laquelle les députés azerbaïdjanis doivent prendre la voiture du Parlément d’Arménie pour la raison de sécurité.

Nous ne protestons pas. Nous nous installons dans le dernier salon du BMW tout neuf. L’adjoint du chef du secrétariat du Parlement de l’Arménie qui nous avait acueilli et dont j’ai oublié le nom a pris le siège près du chauffeur. Deux voitures de police devant et une Niva-Chevrolet derrière avec le personnel du service de sécurité et derrière eux les députés géorgiens dans leur voiture, nous partons pour Irévan.

La route suit la rivière de Débet, l’une des plus grandes rivières de l’Arménie et de la Géorgie qui passe par les montagnes toutes vertes et par les forêts. Nous allons par l’itinéraire de Kalinino-Spitak-Ararat-Irévan. La route est complètement vide. De temps en temps on voit des TIRs venant de la Turquie et de l’Iran. On ne voit aucun chantier dans des centres de districts que nous traversons. Les ruines des villages habités à l’époque par les azerbaïdjanais déportés nous font mal au coeur.


L’Hôtel «Mariott»
A neuf heures et demie du soir nous arrivons à Irévan. Ils nous amènent dans un hôtel cinq étoiles qui s’appelle «Mariott» et qui est reconstruit à la place de l’hôtel «Arménia», l’un des fameux hôtels de l’époque soviétique se trouvant à la place centrale d’Irévan. Selon ce qu’ils disent une partie des hôtes sont installés dans l’hôtel «Yérévan» et les hôtes plus honorables venant de la Russie, de la Turquie, de la Grèce, de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan sont installés dans l’hôtel «Mariott».

A l’hôtel on nous dit que deux gardes du corps sont désignés pour chacun de nous et ils nous accompagneront jusqu’au moment où nous quitterons l’Arménie. Nos chambres étaient loin l’une de l’autre : la mienne était au cinquième étage à l’aile gauche et la chambre d’Assaf muallime était au septième à l’aile droit. Les deux chambres larges, claires étaient de catégorie luxe avec tout le confort. Accompagnés de nos gardes du corps nous allons dans nos chambres, nous prenons une douche, nous changeons d’habits et nous descendons dans le hall de l’hôtel. Les quatres gardes de corps étaient assis dans le hall et ils se sont levés tout de suite quand ils nous ont vus. Ils se sont approchés de nous et ils nous ont très poliment dit que nous ne devions pas quitter nos chambres sans les avoir prévenus. Pour cela avant de sortir de nos chambres nous devions demander au réceptionniste d’envoyer les gardes de corps chez nous. Nous avons accepté les conditions.

Avec les députés géorgiens on s’asseyait dans le café d’été à l’entrée de l’hôtel et on prenait du thé, on discutait et on suivait la vie nocturne de la place centrale d’Irévan. Malgré le temps agréable du soir d’été il y avait peu de monde sur la place centrale de la ville. La majorité de ceux qui se promenaient étaient habillés modestement, même pauvrement. A partir de cela on pourrait juger indirectement le niveau de vie en Arménie.

Bien que l’hiver d’Irévan soit dur, l’été, le printemps et l’automne sont très agréables. En été bien qu’il fasse chaud la brise de terre venant des montagnes Agri dag et Alayaz dag rafraichit l’air de la ville.

A la période soviétique j’avais été à Irévan plusieurs fois mais ma vraie connaissance de cette ville est grâce aux livres d’Hidayat, poète et publiciste, qui s’appellent «Mille chevaliers ont passé par-là» et «7 lettres à Irévan». J’ai lu plusieurs fois ces livres, même je les prenais avec moi quand je voyageais. Ces livres, surtout «Mille chevaliers ont passé par-là», contiennent beaucoup d’informations sur la vie sociale et littéraire d’Irévan des années de 1960-1980.

D’un coup je me suis rappelé Hidayat muallime et son «Mille chevaliers ont passé par-là». D’un coup, j’ai eu l’idée d’aller visiter la place vide du Théatre d’Irévan des azerbaïdjanais portant le nom de Djafar Djabbarli qui a démenagé à Bakou et depuis qui n’a pas de place à Bakou et qui était dirigé à l’époque par Hidayat muallime. Mais je n’ai pas eu ni le temps, ni les possibiltés pour faire cela. (De retour à Bakou j’ai tout raconté à Hidayat muallime sur mon voyage en Arménie sauf ce que j’avais pensé au café d’été de l’hotêl de «Mariott»).

Le repésentant du Secrétariat du Parlement de l’Arménie s’est approché de nous et nous a demandé si nous voulions quelque chose. Assaf muallime lui a demandé le programme de la journée de demain et à mon tour je lui ai demandé de m’aider à appeler Gaguik Minasyan. Un peu plus tard il est revenu avec le programme et il m’a dit :


  • Mr. Minasyan est hôspitalisé et opéré du coeur. Il est informé de votre visite. Il dit qu’il pourra organiser votre voyage à Ouroud si vous le voulez. Demain les chefs des délégations se réunieront et pour les autres délégués on prévoit une excursion à Etchmidzin et à Djermouk qui est tout près de Sissyan.

  • Je me suis rappelé une phrase de Safa Mirzayev qu’il m’avait dite pendant notre conversation dans son bureau :

  • Qui sait, peut être un jour tu iras en Arménie et tu pourras visiter Sissyan.

Le même moment j’ai confirmé en moi-même qu’il y a une force qui contrôle tout et c’est Allah dont le pouvoir illimité et magique gère tout. On ne peut pas aller contre lui. On ne peut pas obtenir ce qu’il ne veut pas donner.

Tout de suite je monte dans ma chambre et je commence à faire les préparations de voyage : Je charge les batteries de ma caméra vidéo, je vérifie les cassettes, je faisais des projets de ce que je voudrais faire dans le village. Je n’ai pas pu dormir jusqu’au matin.


Voyage avec Nikoyan
A 9.30 du matin le 6 juin quelqu’un de la réception m’appelle et demande de descendre dans le hall au rez-de-chaussée pour aller à Sissyan. Un peu plus tard Gaguik Minasyan m’appelle et s’excuse de ne pas pouvoir m’accompagner à Sissyan à cause de sa santé et il me dit qu’il m’envoie sa voiture pour y aller et qu’un député du Parlement de l’Arménie m’accompagnera.

A 10.30 accompagné par mes gardes du corps je descends dans le hall. Un homme de haute taille, à l’âge de 45-50 s’approche de moi et me salue :



  • Je suis Samvel Nikoyan, député. Je suis chargé de vous accompagner à Sissyan, prenez la voiture, s’il vous plaît.

Depuis hier soir je pensais que je ne devais pas aller à ma maison les mains vides. Pour la première fois j’avais quitté cette maison en 1978 et jusqu’en 1988 (jusqu’à la déportation des habitants de notre village) j’étais revenu chez moi chaque été toujours avec les cadeaux. Maintenant je ne sais pas s’il y a quelqu’un qui vit dans notre maison ou elle est en ruine. Mais en tout cas je vais à la rencontre de mon village et de ma maison. Je pense que je peux mettre les cadeaux que j’ai achetés sur les tombeaux de mes parents et de mes proches qui sont enterrés dans le cimetière de notre village, s’il n’y a personne qui vit dans notre maison.

Je veux faire des achats. Comme ça je pourrais voir les magasins d’Irévan et je suis curieux de voir les prix pour les comparer avec ceux de chez nous. Je dis à Samvel Nikoyan mon intention :



  • Les caucasiens ont des habitudes et des moeurs dont l’un est d’acheter des cadeaux quand on revient chez lui d’un voyage loin ou quand on est invité quelque part. Mais maintenant je ne sais pas s’il y a quelqu’un qui vit dans notre maison ou pas. Mais en tout cas je préfère de ne pas y aller les mains vides.

Mon compagnon de route salue mon idée. Sur la route nous échangeons 100 dollars américains en 44-45 milles drams arméniens. Si on prend en considération le fait que le minimum vital en Arménie est assez bas – moins que 40 dollars américains, on peut dire qu’ici les prix en général, surtout les prix des produits d’alimentation sont assez bas aussi. La majorité des marchandises sont de production locale et iranienne. Ce qui est paradoxale c’est que les produits locaux sont plus chers que les produits iraniens. A Irévan il n’y a pas de grands supermarchés, d’hypermarchés, de centres de commerce comme à Bakou, à Moscou, à Istanboul, dans de grandes villes de l’Europe. Ici les grands magasins sont ceux qui sont installés dans des bâtiments datant de l’époque soviétique. Quand je finis mes choix Samvel veut payer à ma place, mais je ne permets pas :

  • Le salaire des députés chez nous est plus élevé que le vôtre, dis-je. Samvel ne laisse pas sans réponse ma réplique :

  • Que faire, nous n’avons pas de pétrole.

Je continue à taquiner :

  • D’abord vous devez trouver une mer et après vous pouvez en extraire du pétrole.

Mais je ne pense pas que Samvel Nikoyan qui est ingénieur d’agriculture de formation et qui habite dans le district de Chirak puisse saisir l’ironie que je fais allusion au rêve «de mer en mer» de l’Arménie.
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