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André Durand présente Milan kundera (Tchécoslovaquie-France)


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André Durand présente
Milan KUNDERA
(Tchécoslovaquie-France)
(1929-)

Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres

qui sont résumées et commentées.

Bonne lecture !

Il est né à Brno, la capitale morave qui était alors un centre culturel en pleine effervescence et rivalisait d'éclat avec Prague. Son père, Ludvik Kundera, était un grand pianiste, professeur de conservatoire, et, dès sa petite enfance, Milan Kundera entra de plain-pied dans l'univers de la musique à laquelle il se destina d'abord, étudiant le piano et la composition, et qui resta sa passion : ses oeuvres littéraires sont d'ailleurs composées comme des partitions. Il fit ses études au lycée de Brno. La poésie, sous la forme du surréalisme, étant, au début de la Seconde Guerre mondiale, particulièrement vivante et féconde en Tchécoslovaquie, il se mit tout naturellement à versifier vers quatorze ou quinze ans. Ses premiers poèmes parurent dans des revues et il débuta dans la vie littéraire de la capitale, s'inscrivant de plus en plus résolument dans la tradition de l'avant-garde tchèque. Pourtant, au lendemain de la victoire alliée, lycéen encore, Kundera adhéra au Parti communiste, car, comme tous les adolescents de sa génération, il avait été profondément marqué par les années de l'occupation allemande. Le militant pensa devoir choisir une carrière utile : tournant le dos à la musique et à la poésie, il s'inscrivit à la faculté cinématographique bien qu'il n'éprouvait aucun goût particulier pour le septième art. Néanmoins, il fut exclu du Parti communiste dès 1950 en raison de son attitude trop indépendante et il travailla pendant un an comme ouvrier. Il fit paraître :

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‘’Člověk zahrada širá’’

(1953)


L'homme, vaste jardin”
Recueil de poèmes.
Commentaire
S'élevant contre l'esthétique rigide et l'optimisme de rigueur, Kundera y plaidait pour une conception plus ouverte de l'art socialiste et revendiquait le droit à la tristesse, à l'érotisme, à une forme plus libre. Peut-être pressentit-il déjà que rien n'est plus éloigné de la réalité que le réalisme dit socialiste - proposition qu'il développa jusqu'au grotesque dans “La vie est ailleurs”. Bien qu'il se soit efforcé de rester dans le cadre des moyens littéraires légalement admis, il fut accusé d'individualisme et l'opuscule suscita des critiques violentes.

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À la faveur de la première libéralisation, Milan Kundera fit paraître un deuxième, et dernier, recueil de poèmes :

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Monologi

(1957)


‘’Monologues’’
Recueil de poèmes.
Commentaire
La majorité de ces poèmes d'amour au vitriol témoignait de cette volonté de démystifier les comportements humains, de démythifier les rapports amoureux analysés à leur point de tension extrême, qui sous-tendra la majorité des oeuvres en prose. Tant de franche acuité était inadmissible : le recueil provoqua un tollé et la deuxième édition, qui devait être paraître aussitôt, attendit huit ans.

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Taxé de «cynisme», Milan Kundera devint suspect. Cet épisode coïncidait avec un nouveau durcissement de la censure face à l'éclosion d'une génération de jeunes écrivains. Il abandonna le rôle de poète qui, dans le contexte national, impliquait une vénération populaire et une carrière quasi officielle (récitals, lectures publiques) et dans lequel il ne s'était jamais senti à l'aise. Désormais, il tourna le dos à la poésie, dont il dénoncera les méfaits dans ses romans : l'âge lyrique, celui de la jeunesse, n'est-il pas synonyme d'imperfection, de manque de discernement et d'humanité, de grandiloquence ennemie de la réflexion? Sa critique visait surtout le comportement culturel de ses compatriotes, à qui il reprochait de se gaver de vers au détriment de l'analyse et de la connaissance rationnelle.

Chargé d'enseigner la littérature à la faculté cinématographique, il se tourna vers la réflexion théorique et les problèmes techniques de la prose.

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Kundera indiqua : «Jusqu'à l'âge de trente ans, j'ai écrit plusieurs choses : de la musique, surtout, mais aussi de la poésie et même une pièce de théâtre. Je travaillais dans plusieurs directions différentes, cherchant ma voix, mon style et me cherchant moi-même. Avec le premier récit de ‘’Risibles amours’’ (je l'ai écrit en 1959), j'ai eu la certitude de ‘’m'être trouvé". Je suis devenu prosateur, romancier, et je ne suis rien d'autre »

En fait, en même temps, il s'intéressa au mécanisme du théâtre et produisit deux pièces :

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‘’Majitelé klíčů’’

(1961)


Les propriétaires des clés”

(1969)
Pièce de théâtre


Le héros tue un témoin qui l’a vu cacher à la Gestapo une femme qu’il avait aimée. Mais il est dénoncé.
Commentaire
Dans cette pièce d’une structure complexe qui annonçait déjà ce qu’allait être son art romanesque, Kundera plaça son héros dans une série de situations limites sartriennes dont l’enjeu était toujours la vie et la mort, offrit un regard satirique sur l’héroïsme pendant l’occupation par les nazis, et posa ainsi la question de l’engagement de l’être humain dans l’Histoire.

Apparemment, le sujet traité était l'occupation allemande, la peur et la violence psychologique qu'elle imposa au pays. Mais personne ne s'y trompa : il s'agissait plutôt d'une dénonciation du stalinisme oppressant de Novotny.

La pièce fit salle comble.

Avec les révélations faites en 2008, on a pu se demander dans quelle mesure est autobiographique la trahison décrite dans la pièce, que d’ailleurs Kundera a ensuite reniée.



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Après août 1968, Kundera perdit son emploi à la faculté cinématographique.

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‘’Dvě uši, dvě svatby’’

(1969)


Deux oreilles, deux mariages”
Pièce de théâtre
Dans une école, les maîtres sont plus bornés encore que leurs élèves.
Commentaire
Cette pièce grotesque et absurde sur le pouvoir et le sexe dans le milieu scolaire est une caricature de l'arbitraire, du despotisme, de l'obscurantisme.

Elle a ensuite été titrée ‘’Ptákovina’’ (‘’La blague’’).

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Le temps de la narration était arrivé. Milan Kundera commença par des morceaux courts :

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‘’Směšné lásky’’

(1969)


Risibles amours”
Recueil de sept nouvelles

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‘’Personne ne va rire’’
Nouvelle
Un assistant qui écrit quelques articles dans une revue d'art se refuse à rédiger une note sur le travail d'un certain M. Zaturecky, travail qu'il trouve fort mauvais d'ailleurs. Celui-ci insiste pendant plusieurs semaines. L’assistant, excédé, l'accuse d'avoir couché avec sa compagne. Pensant en être débarrassé, il se fait accuser de calomnie.
Commentaire
Le personnage fait face à un monde où le rire n'est pas permis, alors qu'il découvren le comique de sa situation.

On y lit :

- «Nous traversons le présent les yeux bandés. Tout au plus pouvons-nous pressentir et deviner ce que nous sommes en train de vivre. Plus tard seulement, quant est dénoué le bandeau et que nous examinons le passé, nous nous rendons compte de ce que nous avons vécu et nous en comprenons le sens

- «Selon la manière dont on le présente, le passé de n'importe lequel d'entre nous peut aussi bien devenir la biographie d'un chef d'État bien-aimé que la biographie d'un criminel».

- «Il me fallut encore un moment pour comprendre que mon histoire (malgré le silence glacial qui m'entourait) n'est pas du genre tragique, mais plutôt comique. Ce qui m'apporta une sorte de consolation

En 1965, la nouvelle a été adaptée au cinéma par Hynek Bočan : ‘’Nikdo se nebude smát’’.

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‘’La pomme d'or de l'éternel désir’’
Nouvelle
Au cours d’un voyage en voiture, Martin explique au narrateur les bases de la drague, à l'aide de mises en pratique.


Commentaire
La nouvelle présente un don Juan, c’est-à-dire, selon la définition qu'en fait Kundera, un personnage qui accorde plus d'importance au jeu de la séduction qu'à l'acte final.

On y lit : «Une foi trop ardente est le pire des alliés. [...] Dès que l'on prend une chose à la lettre, la foi pousse cette chose à l'absurde

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‘’Le jeu de l'auto-stop’’
Nouvelle
Un couple s'invente un scénario érotique dans lequel l'homme joue le rôle d’un automobiliste et la femme celui d’une auto-stopeuse. C’est ce qui leur permet de parvenir à l'acte sexuel, à «l'amour sans sentiment et sans amour».
Commentaire
La nouvelle rend compte de la rencontre érotique d'un couple sur fond d'illusion, avec un acte sexuel à moitié provoqué, à moitié consenti. Une situation analogue a été traitée par Harod Pinter dans sa pièce ‘’L’amant’’.

On lit dans la nouvelle : «Dans le jeu on n'est pas libre, pour le joueur le jeu est un piège».

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‘’Le colloque’’
Nouvelle
Cinq personnages sont réunis dans la salle de garde d'un hôpital et discutent avec facétie de l'amour.
Commentaire
Cette nouvelle, la plus longue et la plus segmentée, se distingue surtout fortement des autres parce qu'elle ressemble à une pièce de théâtre, à un vaudeville, car elle consiste principalement en dialogues concernant les thèmes évoqués dans les autres textes. Elle aurait pu être le récit enchâssant le reste, mais Kundera décida d'en faire le cœur de l'œuvre, la clé de voûte donnant sa cohérence au recueil.

On y lit :

- «L'érotisme n'est pas seulement désir du corps, mais, dans une égale mesure, désir d'honneur. Un partenaire que nous avons eu, qui tient à nous et qui nous aime, devient notre miroir, il est la mesure de notre importance et de notre mérite

- «Si l'on n’était responsable que des choses dont on a conscience, les imbéciles seraient d'avance absous de toute faute. [...] L'homme est tenu de savoir. L'homme est responsable de son ignorance. L'ignorance est une faute

- «Uriner dans la nature est un rite religieux par lequel nous promettons à la terre d'y retourner, un jour, tout entier

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‘’Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts’’
Nouvelle
Un homme rencontre une femme qu'il n'avait pas vue depuis quinze ans. Il était amoureux d'elle, mais elle a vieilli. Il est tiraillé entre le désir intense qu'il avait quinze ans auparavant et la vieillesse actuelle de la femme.

Commentaire
La nouvelle rend compte de la rencontre érotique d'un couple sur fond d'illusion, avec un acte sexuel à moitié provoqué, à moitié consenti.

On y lit : «Toute la valeur de l'être humain tient à cette faculté de se surpasser, d'être en dehors de soi, d'être en autrui et pour autrui

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‘’Le docteur Havel vingt ans plus tard’’
Nouvelle
Le docteur Havel, qu'on avait déjà vu dans ‘’Le colloque’’, est vieux et marié à une jeune actrice. Il doit faire une cure dans un établissement de province pour des problèmes de santé. Là, un jeune reporter qui lui porte une certaine admiration cherche à l'interviewer.
Commentaire
La nouvelle présente un don Juan, c’est-à-dire, selon la définition qu'en fait Kundera, un personnage qui accorde plus d'importance au jeu de la séduction qu'à l'acte final.

On y lit :

- «Elle était excessivement bavarde, ce qui pouvait passer pour une pénible manie, mais aussi pour une heureuse disposition qui permettait à son partenaire de s'abandonner à ses propres pensées sans risque d'être surpris

- «Il faisait l'affaire de ses concitoyens qui, comme chacun sait, adorent les martyrs, car ceux-ci les confirment dans leur douce inaction en leur démontrant que la vie n'offre qu'une alternative : être livré au bourreau ou obéir

- «C'est toujours ce qui se passe dans la vie : on s'imagine jouer son rôle dans une certaine pièce, et l'on ne soupçonne pas qu'on vous a discrètement changé les décors, si bien que l'on doit, sans s'en douter, se produire dans un autre spectacle

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‘’Édouard et Dieu’’
Nouvelle
Dans la Tchécoslovaquie socialiste naissante, Édouard, amoureux d'une fille très croyante, ne perçoit pas tout de suite que la croyance ou la non-croyance en Dieu est quelque chose de très sérieux. Pour la séduire, il se met à jouer le fou de Dieu. Cela est assez dangereux, et il est remarqué par la directrice, puis par le concierge de l'école dans laquelle il est instituteur. Il est convoqué et interrogé sur ses convictions religieuses. Il nie alors être croyant. En conclusion, la directrice de l'école et Édouard prévoient de se voir de temps en temps, d'autant plus qu'elle a des vues sur lui.

Commentaire
Le personnage fait face à un monde où le rire n'est pas permis, alors qu'il découvren le comique de sa situation.

On y lit : «Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu'il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu te disputer avec lui? Vas-tu te déshabiller devant lui pour lui montrer que tu n'as pas de nageoires? Vas-tu lui dire en face ce que tu penses?" Son frère se taisait, et Édouard poursuivit : "Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C'est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t'obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d'aussi peu sérieux, c'est perdre soi-même tout son sérieux. Moi, je dois mentir pour ne pas prendre au sérieux des fous et ne pas devenir moi-même fou.»



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Commentaire sur le recueil
Il est reconnu qu’il fut le point de départ de toute l'entreprise romanesque de Milan Kundera. Les nouvelles furent écrites entre 1959 et 1968, soit avant et pendant la rédaction de son premier roman, ‘’La plaisanterie’’. Sorte de laboratoire pour ses premiers romans, elles en reflétaient déjà la quintessence. En effet, les principaux thèmes (l'amour et la fidélité, l'identité, l'être et le paraître), voire les thèses, développés plus tard furent ici abordés. D'un côté étaient étudiés les rapports de l'individu avec la collectivité, perçus sous l'angle de la capacité de fabriquer une blague (situation de l'individu) et de l'impossibilité de la percevoir comme telle qui est le propre d'une société hiérarchisée et bureaucratisée où la «responsabilité» érigée en valeur suprême exclut l'humour et, partant, toute communicabilité authentique, la notion d'altérité étant abolie en même temps que le concept de personnalité, cela au profit d'une «unicité» factice de l'homme socialiste. Au-delà de l'anecdote burlesque et pitoyable, c'est un tableau de moeurs que brossait Milan Kundera qui allait indiquer dans ‘’Les testaments trahis’’ : «La seule chose que je désirais alors profondément, avidement, c'était un regard lucide et désabusé. Je l'ai trouvé enfin dans l'art du roman. C'est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un "genre littéraire" parmi d'autres ; ce fut une attitude, une sagesse, une position.» Kundera porte un regard désenchanté sur la sexualité. Les personnages sont en décalage par rapport aux situations comiques et légères dans lesquelles ils sont plongés et le sérieux avec lequel ils abordent ces situations. Saynètes d'une nouvelle théologie de la prédestination où l'on ne choisit ni sa profession (déterminée en fonction des besoins sociaux, des appréciations du comité politique, etc.), ni son lieu de résidence, ni - bien souvent - l'être qui partage votre vie, ces nouvelles étaient cependant empreintes d'une tendresse pudique pour ceux qui ne possédaient pas les moyens de contester et ceux qui, échaudés, se résignaient à jouer le jeu. L'aventure amoureuse, la poursuite du désir plus que celle de l'objet désiré ou de l'aboutissement sexuel devenaient alors la seule chasse gardée de l'imagination et du vouloir. D'où une interprétation très personnelle du personnage de don Juan et de son mythe.

Le recueil a une cohérence, une structure complexe et équilibrée qui met en valeur la nouvelle centrale.

En 1977, il a été adapté pour le théâtre par Jacques Lasalle, la pièce étant jouée au Studio-Théâtre de Vitry.

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Réintégré par le parti communiste après la déstalinisation, Kundera exerça une influence déterminante sur les cinéastes de la «nouvelle vague» tchèque qui étaient ses élèves à la faculté cinématographique. Milos Forman, le plus connu d'entre eux, n'a cessé de lui rendre hommage. Son discours d'ouverture du Congrès des écrivains tchèques qui se tint en juin 1967 fut acclamé : Kundera y poursuivait sa lutte contre l'obscurantisme en revendiquant pour l'homme socialiste le droit de connaître l'histoire des générations qui le précédèrent sous peine de n'être qu'«un barbare inculte». La même année parut son premier roman :

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‘’Zert’’

(1967)


La plaisanterie”
Roman de 330 pages

En Tchécoslovaquie, dans les éprouvantes années de l'époque stalinienne, Ludvik, étudiant en mathématiques et membre actif du parti communiste, préfère les plaisanteries aux femmes qu'en raison de son égoïsme, il n'apprécie que pour leurs aptitudes sexuelles. Lucie est la seule qui compte pour lui et qui le possède même, alors qu'elle repousse ses avances. Il lui envoie une carte postale où il a cité Trotski par plaisanterie. Or Lucie est très orthodoxe et Ludvik connaît bien des déboires : il est exclu du Parti et de l'Université ; il doit faire son service militaire dans un corps disciplinaire où on punit et avilit ceux qu'on considère comme des ennemis du régime.


Commentaire
Dans ce livre cinglant, c'était une amère expérience à la fois autobiographique et collective que l'écrivain présentait en poussant à bout la logique du processus. Il considérait que l'homme qui rit est le seul qui sache prendre ses distances vis-à-vis de ses propres égarements comme des erreurs du système dans lequel il vit. À travers l'évocation de ses souvenirs, entrecoupés d'innombrables réflexions (en particulier, sur les sources et les singularités du folklore musical morave dans lequel le régime tente d'introduire des éléments périmés ou étrangers), le lecteur est le témoin subjugué d'une lente maturation au cours de l'évolution des conditions politiques et sociales de la Tchécoslovaquie de 1948 à 1964. Sans être franchement idéologique, le roman traite, à travers une poignante histoire d'amour, du thème qui demeurait le thème central de toutes les littératures des pays soumis à des régimes communistes : la liberté, la dénonciation de l'utopie communiste. Il dénonçait aussi la corruption.

Le roman a été placé par Alain Finkielkraut dans ‘’Un cœur intelligent’’ parmi ceux qui lui ont donné accès à la complexité du monde (avec ‘’Tout passe’’ de Vassili Grossman, ‘’Histoire d’un Allemand’’ de Sebastian Haffner, ‘’Le premier homme’’ de Camus, ‘’La tache’’ de Philip Roth, ‘’Lord Jim’’ de Conrad, ‘’Les carnets du sous-sol’’ de Dostoievski, ‘’Washington square’’ d’Henry James, ‘’Le festin de Babette’’ de Karen Blixen.

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Le roman eut un grand retentissement et assura à Kundera une renommée internationale. Sa parution en France, avec une préface d'Aragon qui le saluait comme une «oeuvre majeure», suivit immédiatement les événements survenus en Tchécoslovaquie durant l'été 1968, l'occupation par les troupes soviétiques. Milan Kundera fut à nouveau exclu du Parti communiste, chassé de la faculté cinématographique, se vit interdire la publication de nouveaux livres, ses titres antérieurs étant retirés des bibliothèques et des bibliographies, son nom ne pouvant plus figurer dans la presse. Pourtant, il refusa de se laisser tenter par l'émigration et continua à écrire : deux romans, qui constituent, avec “La plaisanterie”, un triptyque épique de la vie dans la Tchécoslovaquie d'après-guerre, sont achevés en 1969 :

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‘’Život je jinde’’

(1970)


La vie est ailleurs”
Roman de 380 pages
À Prague, autour de 1948, Jaromil est un jeune poète, ainsi préfabriqué dès son enfance par une mère abusive et amère qui prend, par ce moyen, une revanche contre le père, contre le monde. Poète de l'amour, il ne le connaît pas et ne vit qu'une relation dérisoire avec une fille laide et rousse. Il se veut d'avant-garde, mais se soumet pourtant au réalisme socialiste quand s'instaure le régime communiste. Il va jusqu'à dénoncer son amie qui ne sort de prison qu'alors qu'il est déjà mort lamentablement.
Commentaire
À travers le destin de Jaromil, c'est celui de Hugo, de Lermontov, de Rimbaud, de Maïakovski, mais surtout celui de tous ses contemporains que Kundera décortiquait sans pitié. Plus rigoureux, plus dense, ce roman est celui de la maturité. Il parut en première édition mondiale dans sa traduction française, et obtint le prix Médicis étranger.

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Bien que passionnément attaché à son pays, Kundera le quitta quand il y fut autorisé en 1975, et, avec sa femme, Vera, s'établit en France, étant même naturalisé français. Ce fut un moment clé de son oeuvre. Il y publia :

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