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A. Boulenger, (chanoine honoraire d’Arras)


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3ème LEÇON

Le Dogme. Le Symbole des Apôtres.




1° Définition

a) vérité révélée

b) vérité définie

2° Objet

  1. vérité inaccessibles à la raison

  2. vérités accessibles à la raison

  3. Faits historiques

3° Ses sources

    1. Écriture Sainte

  1. Définition

  2. Inspiration

  3. Canon

    1. Ancien Testament

    2. Nouveau Testament

  4. Les divers sens de la Bible

    1. Tradition

    1. définition

    2. caractère

  • Antérieure à l’Écriture sainte

  • Champ plus étendu

  • Mérite la même foi

    1. ses canaux

4° Son développement



      1. Erreur moderniste

      2. La doctrine catholique

      1. La formule des dogmes peut changer pas le sens

      2. Révélation immuable depuis les Apôtres

      3. Connaissance que nous avons susceptibles de progrès

5° Symboles de foi

  1. Définition

  2. Utilité

  3. Espèces :

    1. Symbole des apôtres

    2. Symbole de Nicée-Constantinople

    3. Symbole de S. Athanase

6° Symbole des Apôtres

  1. Division

  2. Renferme les principaux dogmes

  3. La révélation des mystères qu’il contient ne répugne à la raison

    1. ni de la part de Dieu

    2. ni de la part de l’homme

15. Mots.
Dogme (du grec « dogma » décision, décret). Ce mot a souvent, dans l'Ancien Testament et le Nouveau, la significa­tion de lois ou décrets. Ainsi sont appelés les décrets portés par les Apôtres au concile de Jérusalem (Actes, XVI, 4).

C'est seulement au IVème siècle que plu­sieurs auteurs commencent à réserver le nom de dogme aux seules vérités qui sont l'objet de la foi.

Dans la langue théologique actuelle, le mot « dogme » signifie : ou 1°. un article de foi, ou 2°. l'ensemble des dogmes. Dans ce dernier sens, le « dogme catholique » comprend toutes les vérités révélées par Dieu et définies par l'Église comme articles de foi.

Révélation. Deux sens : 1°. acte par lequel Dieu fit connaître aux hommes ses mystères et ses commandements 2°. Ensemble des vérités que Dieu nous a enseignées.

Symbole (du grec « sumbolon »). Trois sens : 1°. formulaire, c'est-à-dire abrégé, recueil des principaux articles de foi n° 19) ; 2°. signe distinctif. Un sym­bole est un signe auquel les chrétiens peuvent se reconnaître entre eux ; 3°. sceau, pacte. Le symbole que nous récitons au Baptême, scelle un pacte entre Dieu et nous. Le symbole des Apôtres s'appelle « Credo » du premier mot par lequel il commence en latin.

Apôtres. Les douze disciples élus par Jésus-Christ pour aller prêcher sa doc­trine dans tout l'univers.

Leurs noms : S. Pierre, le chef, et S. André, son frère ; S. Jacques le Majeur et S. Jean son frère, l'Apôtre bien-aimé ; S. Philippe et S. Matthieu ou Lévi, l'évangéliste ; S. Barthélemy et S. Thomas (l'incrédule) ; S. Jacques le Mineur et S. Jude (appelé aussi Thad­dée ou Lebbée) ; Simon le Zélé et Judas de Carioth (l'Iscariote), remplacé, après sa trahison, par Mathias. À ces noms s'ajoutèrent, par la suite, ceux de Bar­nabé et de Paul, apôtres des Gentils.



Mystère (grec « mustêrion », chose secrète, « mustês », initié). Conformé­ment à l'étymologie, on appelait mys­tères, dans les religions de l'antiquité, les doctrines ou pratiques, qui étaient cachées au vulgaire et n'étaient révé­lées qu'aux initiés. Ex. : mystères d'Isis et d'Osiris chez les Egyptiens, mystères orphiques et d'Eleusis chez les Grecs, mystères de Cérès, de Bacchus (baccha­nales) chez les Romains.. Par extension, le mot mystère désignait aussi les céré­monies elles-mêmes au cours desquelles se faisait l'initiation. Dans la reli­gion chrétienne, le mystère est un article de foi que nous ne pouvons comprendre, mais que nous devons croire parce que Dieu l'a révélé. Saints mystères = le sacrifice de la Messe.
16. I. Le Dogme. Définition. Objet. Corollaire.
1° Définition. Un dogme est une vérité révélée par Dieu et pro­posée par l'Église à notre croyance. Il ressort de cette définition que deux conditions sont requises pour constituer un dogme. Il faut : a) que la vérité soit révélée par Dieu ou garantie par l'autorité divine ; et b) qu'elle soit proposée par l'Église à notre croyance, soit par voie de définition solennelle, soit par voie d'enseignement ordinaire et universel.

Les vérités ainsi proposées sont dites de loi catholique (V. N° 281).


2° Objet. Si l'on considère la nature de la vérité définie par l'Église, le dogme a un triple objet : Il comprend : a) des vérités inaccessibles à la raison : tels sont les mystères que l'intelligence ne peut ni découvrir ni comprendre ; b) des vérités accessibles à la raison, : par exemple, l'exis­tence de Dieu, la vie future, que la raison humaine peut connaître par elle-même mais que Dieu a révélées, soit dans le but d'en donner une intelligence plus nette, soit parce que, autrement, elles n'auraient été connues que d'un petit nombre4 c) des faits historiques, comme par exemple la plupart des faits que les prophètes ont prédits touchant le Messie et qui se sont réalisés à la venue de Notre-Seigneur.
3° Corollaire. VÉRITÉS QUI NE SONT PAS DES DOGMES. Il ne faut donc pas ranger parmi les dogmes, à cause de l'absence d'une des conditions re­quises : a) les vérités dont la révélation paraît certaine mais qui n’ont pas été définies par l'Église : par exemple, l'Assomption de la Sainte Vierge5 ; b) les vérités non révélées et cependant enseignées par l'Église, parce qu'elle les juge utiles à l'expli­cation ou à la défense des vérités révélées : tels sont les conclusions théologiques et les faits dogmatiques. Une conclusion théologique est une proposition déduite de deux autres dont l'une est une vérité révélée et l'autre une vérité connue par la raison. Par exemple, si je dis, d'un côté que « Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres » (vérité révélée) et, de l'autre que Dieu ne peut récompenser ou punir l'homme que s'il lui a donné la liberté de bien ou de mal faire (vérité de raison), je puis conclure que l'homme est libre. L'existence de la liberté humaine est ainsi une conclusion théologique. Notons que certaines conclusions théologiques sont contenues implici­tement dans le dépôt de la Révélation et ont pu, de ce fait, être définies par l'Église comme articles de foi : tel est précisément le cas de la liberté humaine qui fut définie par le concile de Trente, sess. VI, can. 5. Il faut entendre par « fait dogmatique » tout fait qui, sans être révélé, est en connexion si étroite avec le dogme révélé que le nier, c’est du même coup ébranler les fondements du dogme lui-même. Dire, par exemple, que tel concile oecuménique est légitime, que tel pape a été régulièrement élu, que telle version de la Sainte-Écriture (v. g. la Vulgate) est substantiellement conforme au texte original, que telle doctrine hérétique est contenue dans tel livre6 : voilà autant de faits dogmatiques. Bien que les conclusions théologiques et les faits dogmatiques s'imposent à notre croyance comme garantis par l'enseignement infail­lible de l’Église, ces vérités ne sont pas des dogmes.

c ) Il faut encore bien moins regarder comme des dogmes les systèmes philoso­phiques destinés à les formuler et à les expliquer, de même que les expressions : essence, personne, nature, substance, accident, matière, forme, employés pour exposer les mystères de la Sainte Trinité, de l'Eucharistie et la nature des Sacrements. L'Église ne donne à ces systèmes et à ces mots qu'une simple préférence ; elle les considère seulement comme la meilleure façon de traduire les dogmes.



17. II. Les sources du Dogme.
Puisque le dogme est avant tout une vérité révélée par Dieu, il s'agit de savoir où se trouve consignée la Révélation divine.

La Révélation est contenue dans une double source : l'Écriture Sainte et la Tradition. Art. de foi défini par les Conciles de Trente et du Vatican.


1° Écriture Sainte.


  1. DÉFINITION. L'Écriture Sainte ou la Bible (grec « biblia », plur. de « biblion » livre) est l'ensemble des livres qui « ont été écrits sous l'inspiration de l'Esprit Saint, qui ont Dieu comme auteur et ont été transmis comme tels à l'Église » (Concile de Trente). C'est pour cette raison que ces livres s'appellent : « Écriture Sainte », ou Bible, c'est-à-dire le livre par excellence, ou Livres Saints, ou Saintes Lettres.


B. INSPIRATION. L'inspiration est « une impulsion surnaturelle par laquelle l'Esprit Saint a excité et poussé les écrivains sacrés à écrire, et les a assistés pendant la rédaction, de telle sorte qu'ils concevaient exactement, voulaient rapporter fidèlement et exprimaient avec une vérité infaillible tout ce que Dieu leur ordonnait et seulement ce qu'il leur ordonnait d'écrire.» (Enc. Providentissimus).
Il ressort de la définition qui précède: a) que Dieu est l'auteur de tout l'ensemble de l'Écriture Sainte. Mais que faut-il entendre par là ? Doit-on considérer l'écrivain sacré comme un instrument passif, dont le rôle aurait été de transcrire les idées et même les mots dictés par Dieu ? Évidemment non. L'auteur inspiré n'est pas un simple agent de transmission ; bien que écrivant sous l'impulsion de l'Esprit Saint, il garde sa personnalité, ses habitudes littéraires, son style, bref, toutes les qualités et les imperfections qui peuvent affecter le fond et la forme de son couvre. Mais du fait que Dieu est l'auteur de l'Écriture Sainte, il s'ensuit que celle-ci est exempte d'erreurs. Toutefois, il convient de remarquer que l'inerrance ne s'applique qu'au texte original, tel qu'il est sorti des mains de l'écrivain sacré ; il va de soi, en effet que l'inspiration n'a pas mis le texte des Livres saints à l'abri des altérations des copistes. Qui dira alors si tel texte est authentique et quel en est le sens ? Ce travail est celui des exégètes, autrement dit, des interprètes autorisés qui doivent se con­former à l'esprit de l'Église. b) L'inspiration ne doit pas être confondue avec la révélation. L'inspiration est une impulsion qui détermine l'écrivain sacré à écrire ce qu'il sait ; qu'il ait appris ce qu'il sait, par révélation ou par des moyens naturels, de n'importe pas. Il n'y a pas de raison de croire par exemple que saint Luc ait connu par révélation tout ce qu'il a écrit dans son Évangile et dans les Actes des Apôtres.

c) Quelles sont les limites de l'inspiration ? Y a-t-il une distinction à établir entre les différents passages de l'Écriture ? L'inspiration ne concerne-t-elle que les ensei­gnements sur la foi et les mœurs sans s'étendre à tout ce qui se rapporte à l'histoire profane et aux sciences de la nature, ou encore aux choses qui sont dites incidem­ment ? À cette question voici la réponse que fit Léon XIII dans son encyclique Providentissimus : «  Il ne sera jamais permis de restreindre l'inspiration à certaines parties seulement de la Sainte Écriture on d'accorder que l'écrivain sacré ait pu se tromper. On ne peut pas non plus tolérer l'opinion de ceux qui se tirent de ces difficultés en n'hésitant pas à supposer que l'inspiration divine s'étend uniquement à ce qui touche la foi et les mœurs. »



C. CANON (V. N° 476). Le canon est le recueil des livres que l'Église reconnaît comme inspirés. Sont divinement inspirés7 tous les livres inscrits au canon de Trente : art. de, foi, défini par le Concile du Vatican, Const. de Fide, chap. II, can. 4. Le canon comprend deux parties : l'Ancien Tes­tament8 antérieur à Jésus-Christ, et le Nouveau Testament, qui lui est postérieur.

Les livres de l'Ancien Testament se divisent en quatre classes : a) le Penta­teuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), où se trouve la Loi, c'est-­à-dire le code religieux, liturgique et civil, qui régissait les Juifs; b) les livres historiques dont les principaux sont : Josué, les Juges, Ruth, Samuel, les Rois, Tobie, Judith, Esther, les Macchabées ; c) les livres poétiques et sapientiaux : Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, la Sagesse, l'Ecclé­siastique ; d) les livres prophétiques renfermant les prédictions des quatre grands prophètes, Isaïe, Jérémie (auquel on joint Baruch), Ezéchiel et Daniel, et des douze petits : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie.



Les livres du Nouveau Testament comprennent: a) des livres historiques, les trois Évangiles de saint Matthieu, de saint Marc, et de saint Luc, dont la compo­sition remonte avant l'an 70, et appelés « synoptiques» (du grec « sunopsis » vue simul­tanée), parce que beaucoup de leurs récits, étant identiques, peuvent être rangés sur trois colonnes et embrassés d'un même regard ; puis l'Évangile de saint Jean, de date postérieure ; et les Actes des Apôtres que saint Luc écrivit pour donner une suite à son évangile ; b) des écrits didactiques, traitant des questions de doctrine et contenant des instructions adressées à différentes communautés chrétiennes : les Epîtres de saint Paul, de saint Jacques, de saint Jude, de saint Pierre et de saint Jean ; c) un livre prophétique, l'Apocalypse, dans lequel saint Jean prédit les des­tinées futures de l'Église.
D. LES DIVERS SENS DE LA BIBLE. Le texte de la Sainte Écriture est souvent susceptible de plusieurs sens. On distingue : a) le sens littéral ou historique, c'est-à-dire celui qui ressort du sens naturel des mots, celui que l'auteur sacré a voulu exprimer en termes propres ou métaphoriques ; b) le sens mystique, ou allégorique, ou figuratif, ou typique, c’est-à-dire celui qui résulte de ce que des personnes, des choses ou des faits ont été choisis par Dieu pour signifier l'avenir, pour être les figures ou types de Notre-Seigneur et de son Église. Ainsi Isaac portant le bois de son sacrifice est la figure du Christ portant sa croix ; le prêtre Melchi­sédech, qui offre au Seigneur le sacrifice du pain et du vin, figure Notre-Seigneur, le prêtre par excellence, et le sacrifice de la Messe c) le sens accommodatice, c'est-à-dire un sens supposé, artificiel, celui qu'on veut bien lui attribuer, par exemple, dans un dessein de piété. Ce sens n'a aucune valeur dogmatique. D'après les rationalistes, il faudrait atta­cher un sens mythique à certains passages de la Bible; ainsi, tous les mira­cles ne seraient que des mythes ou fables, sans aucune valeur historique. Le sens mythique a été condamné par Pie IX clans le Syllabus, prop. VII.
2° Tradition.
A. DÉFINITION. Le mot tradition a un double sens. 1° Dans son sens large la tradition c’est l'ensemble des vérités révélées par Dieu et transmises jusqu'à nous soit par écrit, soit de vive voix. 2. Dans son sens strict et comme le mot est ici entendu, la tra­dition comprend les vérités enseignées par Jésus-Christ et les Apôtres et transmises d'âge en âge par une autre voie que l’Écriture Sainte.
B. SES CARACTÈRES. a) La Tradition est antérieure à l'Écriture Sainte. La catéchèse a été le premier et le principal mode d'enseignement employé par les Apôtres ; ce n'est que dans des occasions exceptionnelles que ces derniers ont envoyé des instructions écrites aux églises qu'ils avaient fondées : toutes les Épîtres de saint Paul sont des écrits de cir­constance. L'Évangile lui-même a été prêché tout d'abord ; il n'a été écrit que par la suite. En cela les Apôtres ne faisaient du reste que se con­former à l'ordre de leur Divin Maître. Jésus leur avait dit, en effet : « Allez, enseignez toutes les nations » (Mat., XXVIII, 19), et non : « Allez, écrivez ce que je vous ai appris, et que vos écrits servent à instruire les autres »)

b) La Tradition a donc un champ plus étendu que l'Écriture Sainte. En terminant son Évangile, saint Jean nous avertit qu' « il y a encore beaucoup d'autres choses que Jésus a faites ; si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde même peut contenir les livres qu'il faudrait écrire. » (Jean, XXI, 25).

c) La Tradition est une source de la Révélation, distincte de l'Écriture Sainte et qui mérite la même foi. Art. de foi défini par le concile de Trente, puis par le concile du Vatican, Const. de Fide, chap. II. Ce n'est pas là, du reste, un dogme nouveau : la tradition a toujours été, dans l'Église, la première règle de foi. La preuve en est dans ces témoignage de saint Paul : 1°. « Mes frères, écrit-il aux Thessaloniciens, soyez fermes et gardez les traditions que vous avez apprises, soit par nos discours, soit par notre lettre. » (II Thess., II, 15). 2°. « Les enseignements que tu as reçus de moi, en présence de nombreux témoins, écrit-il à Timothée, confie les à des hommes sûrs qui soient capables d'en instruire d'autres. » (II Tim., II, 2). Au IIIème siècle, Origène répondait déjà aux hérétiques de son temps : « Que les hérétiques allèguent les Écritures, nous ne devons pas ajouter foi à leurs paroles, ni nous écarter de la tradition primitive de l'Église, ni croire autre chose que ce qui a été transmis par succession dans l'Église de Dieu. »

C'est donc une erreur de prétendre, comme les Protestants, que les Écritures seules contiennent le dépôt de la Révélation9.



C. SES PRINCIPAUX CANAUX. La Tradition se trouve consi­gnée: 1°. dans les symboles et les professions de foi, les définitions des conciles, les Actes des papes (bulles, encycliques, décisions des congrégations romaines authentifiées par le pape), 2°. dans les écrits des Pères de l'Église, qui sont comme des échos des croyances de leur temps, 3°. dans la pratique générale et constante de l'Église, 4°. dans la liturgie, qui contient les prières et les rites touchant le culte public et l'administration des sacrements. 5°. Elle apparaît aussi dans les Actes des martyrs et dans les monuments de l'art chrétien : dans les inscriptions, dans les peintures des Catacombes qui, par exemple, retracent souvent l'acte du culte eucharistique.

Remarque : La Tradition, comme l'Écriture Sainte, a pour inter­prètes et pour organes infaillibles, soit le Pape seul, soit les Évêques réunis en Concile oecuménique, soit même les Évêques dispersés et unis au Pape. D’où il suit que le magistère, ou enseignement de l'Église, est la règle prochaine de notre foi, l'Écriture Sainte et la Tradition n'en sont que la règle éloignée ; autrement dit, chaque fidèle tient son symbole, ses croyances, immédiatement de l'Église, et médiatement, de l'Écriture et de la Tradition.
18. III. Ce qu'il faut entendre par « développement du Dogme ».
Remarque préliminaire. Le dogme, avons-nous dit (N° 16), est une vérité révélée par Dieu et proposée par l'Église à notre croyance. Il faut donc distinguer deux choses dans un dogme : la vérité elle-même, et la formule dans laquelle elle est pro­posée ; autrement dit, le fond et la forme. Il va de soi que les deux choses ne sont pas étroitement liées entre elles, et tout le monde admet qu'une même vérité peut être exposée de différentes manières ; mais il est clair aussi que la modification de la formule peut être telle qu'elle entraîne un changement de sens.
1° Erreur moderniste. D'après les modernistes, symbolistes et pragmatistes, le dogme, en tant qu'article de foi, est non seulement susceptible de varia­tion, de développement dans sa formule, mais même de modification dans le sens qu'il faut lui attacher. D'après l'école symboliste (Loisy, Tyrrel), les dogmes ne sont que des symboles, des formules destinées à traduire le sentiment reli­gieux qui est en nous. Or le sentiment religieux est quelque chose de subjectif, de spécial à chaque individu, et par conséquent, soumis à des transformations. D'où il suit que les formules qui expriment ces sentiments, doivent varier avec eux. D'après l'école pragmatiste10, les dogmes doivent être considérés comme de simples « recettes pratiques »11, comme des règles d'action, qui n'ont d'autres but que d'in­fluer sur la vie de l'homme en vue de son salut éternel. Peu importe donc qu'ils n'aient aucune valeur de vérité, pourvu qu'ils aient une valeur de vie et qu'ils dirigent le croyant dans la voie du bien et du salut.
2° La doctrine catholique. Pour bien comprendre la doctrine de l'Église, il faut envisager les deux sens du mot dogme dont il a été parlé dans le Vocabulaire (N°15).
A. Si l'on considère le dogme en tant qu’article de foi, l'enseignement de l'Église tient dans les deux points suivants: a) La formule d'un dogme peut subir des transformations. Les formules n'ayant qu'une perfection relative, l'Église se reconnaît le droit de les préciser, de les expliciter, en un mot, de les modifier pour les améliorer et pour mettre ainsi la vérité en plus grande lumière. La formule dog­matique n'est donc pas immuable et figée ; elle comporte le progrès. b) Mais, tout variable qu'il est dans sa formule, le dogme ne peut changer de sens : il reste toujours le même quant à la substance. Le concile du Vatican (1870) a décrété, en effet, (Const. de Fide. chap. II) « qu'il faut perpétuellement retenir le sens que notre mère la Sainte Église a une fois déclaré, et que jamais, sous prétexte d'une intelligence plus profonde, il n'est permis de s'écarter de ce sens ». Sur ce second point, la thèse moder­niste, symboliste ou pragmatiste, est donc en opposition flagrante avec la doctrine de l'Église, et a été justement condamnée par l'encyclique Pascendi et le décret Lamen­tabili (1907). N'est-ce pas absurde, du reste, de prétendre que le dogme n'est qu'un symbole, une simple « recette pratique», et que le sens qu'il faut lui attacher importe peu? Par exemple, le dogme de l’Eucharistie n'aurait-il pas une influence totalement différente sur la vie religieuse, selon que l'on croit que l'hostie est un symbole du Christ ou bien qu'elle contient vraiment le Christ lui-même ?

B. Si l'on considère le dogme en tant qu’ensemble des vérités de foi, l'enseignement de l'Église comprend également deux points: a) Aucune addition de dogme ne peut se faire par une révélation nouvelle. L'Église considère la Révélation comme terminée, et elle invoque comme preuves: 1° cette déclaration de N.S. : «  Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jean, XV, 15) ; 2° cette autre parole à propos de la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres « Quand l'Esprit de vérité sera venu, il vous guidera dans toute vérité » Jean, XVI, 13). De ces textes il ressort que les Apôtres ont reçu le dépôt complet de la Révélation12. Des révélations postérieures ont pu être faites pour l'instruction et l'édification de quelques âmes, mais elles n'appartiennent pas à la Révélation chrétienne générale : d'où leur nom de révélations privées afin de les distinguer de la Révélation publique adressée à tout le genre humain. Quand l'Église les approuve, elle n'entend pas les assimiler aux dogmes, elle veut simplement affirmer qu'elles n'ont rien d'opposé à la foi catholique, à la morale, ou à la discipline chrétienne.

b) Mais si la Révélation est immuable, la connaissance que nous pouvons en avoir, est, au contraire, susceptible de progrès. Jésus-Christ a chargé son Église d'enseigner aux fidèles de tous les temps les vérités révélées et de les défendre contre les attaques des adversaires. Une telle mission ne se comprendrait pas sans quelque développe­ment dans l'exposition de la doctrine révélée. Les dogmes ne sont donc pas des vérités nouvellement révélées, mais nouvellement proposées par l'Église à notre croyance. Par exemple, l'Immaculée Conception et l'Infaillibilité pontificale, qui ont été pro­clamées au siècle dernier « articles de foi», se trouvaient en germe dans la Sainte Écriture et la Tradition, et l'Église, en définissant ces vérités, n'a fait que tirer les deux dogmes du sein de la Révélation. En résumé, lorsque de nouveaux dogmes ont été, au cours des siècles, inscrits dans les symboles de foi, l'Église les a toujours puisé à une double source : l'Écriture Sainte et la Tradition, où ils étaient contenus en termes soit implicites, soit explicites.
19. IV. Les Symboles de foi.
1° Définition. Un symbole de foi est un bref formulaire qui contient les principales vérités de foi et que l'Église propose à ses fidèles comme moyen de professer leur croyance.
2° Utilité. La définition du symbole en fait ressortir l'utilité. En pré­sentant dans une formule brève et concise les points essentiels de la Reli­gion, le symbole est : a) pour ceux qui enseignent, la meilleure garantie de la conservation et de la propagation inaltérable de la même règle de foi. b) Pour ceux qui sont enseignés, il est un excellent moyen de fixer dans la mémoire les dogmes les plus importants, grâce à la brièveté et à la simplicité de la formule. c) Il offre, de plus, l'avantage de permettre aux fidèles de pouvoir se reconnaître entre eux, de se distinguer des autres religions et de se prémunir plus aisément contre les hérésies.
20. V. Les trois principaux Symboles. Leur origine.
L'Église compte trois Symboles principaux : le Symbole des Apôtres, le Symbole de Nicée Constantinople et le Symbole de saint Athanase.
A. Symbole des Apôtres. Il n'est pas possible d'établir d'une ma­nière certaine l'origine du plus ancien des Symboles. a) Une vieille opinion, longtemps admise, regardait les Apôtres comme les auteurs, tant du fond que de la forme, du symbole qui porte leur nom. D'après le prêtre Rufin, « ils auraient, avant de se séparer, rédigé en commun une règle pour leur futur enseignement afin de ne pas exposer une croyance diffé­rente à ceux qu'ils appelleraient à la foi du Christ », et ils auraient fixé dans ce symbole le thème unique de leur prédication. Saint Bonaventure va même plus loin, et prétend que chaque apôtre est l'auteur d'un article.

b) Les critiques modernes rejettent généralement cette opinion. Ils sont d'avis que le Symbole, tout en étant d'origine apostolique, quant au fond, n'a pas reçu d'eux la forme sous laquelle il nous est parvenu. Le texte du Symbole actuel, sauf quelques additions faites par la suite, remonterait à la fin du Ier ou au début du IIème siècle. Il serait la formule que l'Église romaine faisait réciter aux catéchumènes comme profession de foi avant le baptême : formule qui aurait été adoptée par plus tard par les autres Églises d'Occident et les Églises d'Orient.



Quoi qu'il en soit, le Symbole peut être considéré comme l’œuvre des Apôtres dans ce sens qu'il représente la doctrine ou plutôt la substance des vérités qu'ils enseignaient aux catéchumènes et qu'ils exigeaient comme profession de foi avant le Baptême.
B. Symbole de Nicée Constantinople. Ce symbole, qui est appelé aussi symbole des Pères, est le second en date. Il a été commencé au concile de Nicée (325), augmenté au Concile de Constantinople (381), approuvé par le concile d'Éphèse (43l) et complété au IXème siècle par l'addition du mot « Filioque ». Le concile de Nicée, voulant combattre l'hérésie arienne a ajouté au Symbole des Apôtres tout ce qui concerne l'affirmation de la divinité de Jésus-Christ. Plus tard, le concile de Constantinople introduisit les articles qui ont trait à la divinité du Saint-Esprit « qui procède du Père » et « qui a parlé par les prophètes » et les Latins, depuis le IXème siècle, disent « qui procède du Père et du Fils ». C'est ce symbole qui est chanté ou récité à la messe après l'Évangile.
C . Symbole de saint Athanase. Ce Symbole ne se retrouve pas dans les écrits de saint Athanase, bien qu'il porte son nom. Il ne fut composé vraisemblablement qu'au VIème siècle, peut-être par saint Césaire, évêque d'Arles. Ce dernier ayant l'habitude de mettre en tête de ses écrits le nom d'un Père de l'Église, c'est de là que viendrait la dénomination de Symbole de saint Athanase (273). Ce Symbole expose la doctrine catholique sur la Trinité et l'Incarnation. Il fait partie de l'office de Prime du Bréviaire et il a été mis par les Anglicans dans leur « Livre de la prière commune » (Prayer book)13.

21. VI. Le Symbole des Apôtres. Sa division.
Le Symbole des Apôtres, qui va servir de base à l'explication du dogme, comprend douze articles et se divise en trois parties. a) La première traite de Dieu le Père et de l’œuvre de la création ; b) la seconde, du Fils et de la Rédemption ; c) la troisième, du Saint-Esprit. Les articles qui suivent, sur l'Église et la Communion des Saints, ainsi que sur le salut (rémission des péchés) et la vie future, se rattachent à l'article du Saint-Esprit et en sont comme le développement, puisqu'ils expriment les dons surnaturels d'inspiration et de sanctification qui sont regardés comme son oeuvre.
22. VII. Les Vérités contenues dans le Symbole des Apôtres.
Tout symbole est un abrégé (N° 15). Il ne faut donc pas s'attendre à trouver dans le Symbole des Apôtres toutes les vérités de foi. Il ne renferme que les dogmes principaux : encore certains n'y figurent-ils pas ; par exemple, la présence réelle de Notre-Seigneur dans l'Eucharistie. Que d'autre part, il ne puisse les contenir tous, cela découle de ce qui a été dit précédemment du progrès que peut réaliser l'Église dans la connaissance et la proposition des dogmes. Avec le temps et à l'occasion des hérésies naissantes, ou des controverses entre théologiens catholiques, ou encore par suite d'un examen plus approfondi de certaines questions, les deux sources de la Révélation ont été plus étudiées et, par le fait, mieux connues. En tout cas, les nouveaux dogmes, comme l'Immaculée Conception et l'Infaillibilité pontificale, s'ils ne figurent pas dans le Symbole, peuvent être compris dans l'article IXème, car, en professant que « l'on croit en la Sainte Église catholique» l'on sous-entend qu'on a foi en tout son enseignement.
23. VIII. Les Mystères devant la raison.
Avant d'entreprendre l'exposé du Symbole des Apôtres, il y a une question préliminaire à résoudre. La révélation des mystères qui y sont contenus, est-elle possible et ne contredit-elle pas la raison ?
On peut distinguer trois sortes de mystères. Il y a : 1°. les mystères de l'ordre naturel. Très nombreuses sont les vérités et les lois scientifiques dont nous connaissons l'existence, mais dont nous ignorons totalement, ou presque, l'essence. Qu'est-ce que la germination, par exemple, quelle est la nature de la vie végétative, de la vie animale ? Qu'est-ce que l’électricité, l'attraction ? Comment se fait l'union substantielle de l'âme avec le corps ? etc. « Quelque loin que la science pousse ses conquêtes, son domaine sera toujours limité ; c'est tout le long de ses frontières que flotte le mystère ; et plus ces frontières seront éloignées, plus elles seront étendues. » (H. Poincaré). 2°. Les mystères théologiques improprement dits : vérités dont nous ne pouvons découvrir l'existence, mais que notre intelli­gence peut comprendre, lorsqu'elles nous sont révélées. De ce nombre sont la chute originelle, la nécessité de la Rédemption, l'institution et l'infaillibilité de l’Église. 3° Les mystères théologiques proprement dits : vérités qui surpassent l'intelligence humaine, au point que cette dernière est incapable non seulement d'en soupçonner l'existence, mais même d'en comprendre la nature et la raison intrinsèque, alors qu'elles lui sont révé­lées ; par exemple, le mystère de la Trinité, celui de l'Incarnation et celui de la transsubstantiation.
Thèse. La révélation des mystères proprement dits est possible et ne répugne pas à la raison, ni de la part de Dieu ni de la part de l'homme.
A. DE LA PART DE DIEU. Dieu ne connaît-il pas une infinité de choses que nous ignorons ? Si nous admettons, et comment ne pas l'ad­mettre, qu'il y a dans l'ordre naturel une foule de mystères scienti­fiques, a fortiori nous devons croire qu'il y a des vérités dans l'ordre sur­naturel très claires pour Dieu, bien que inintelligibles pour nous. Que de mystères il y a dans la vie pour l'ignorant ! Or l'abîme est bien plus grand entre Dieu et l'homme qu'entre le savant et l'ignorant. Mais si la science de Dieu est infinie, qui l'empêche de nous en communiquer des parcelles, tout aussi bien que le maître qui communique son savoir à ses élèves ?
B. DE LA PART DE L'HOMME. L'homme peut-il, sans abdication de sa raison, adhérer aux mystères proprement dits ; en d'autres termes, les mystères sont-ils absurdes ? À cette question Pascal répondait déjà que « les mystères sont au-dessus de la raison mais qu'ils ne sont pas contre.» Dire que Dieu est une substance unique qui subsiste en trois personnes n'est pas formuler une proposition contradictoire, comme si nous disions que un égale trois. Dieu est un sous un rapport et triple sous un autre. Comment cela peut-il se faire ? Nous l'ignorons, mais nous devons croire qu'il en est ainsi, parce que Dieu nous l'a révélé.

Les mystères étant inaccessibles à la raison, nous pouvons nous deman­der pourquoi Dieu les a révélés. Il est possible de trouver dans la révé­lation des mystères un double but. a) Au point de vue intellectuel, les mystères ont été le principe des études théologiques les plus relevées sur la nature de Dieu, sur les rapports de Dieu avec ses créatures, sur les immenses bienfaits de l'Incarnation et de la Rédemption et ont ainsi enrichi le domaine des connaissances de l'esprit humain. b) Au point de vue moral, ils nous fournissent l'occasion d'exercer plusieurs vertus: la foi et l'humilité, en nous rappelant notre dépendance et en mettant notre obéissance à l'épreuve, puisqu'ils nous forcent à soumettre notre raison et à nous incliner devant l'incompréhensible, sur la seule autorité de la Parole divine. Ils sont, en outre, les facteurs les plus précieux des vertus d'espérance et de charité en tournant notre cœur vers les biens éternels et en l'unissant à Dieu.


Conclusion pratique.
1° Puisque le Symbole des Apôtres contient les vérités essentielles de notre Religion, nous devons le réciter: a) avec attention, pour qu'il se grave mieux dans notre esprit, b) avec foi, c'est-à-dire non seulement du bout des lèvres, mais du fond de notre cœur, c) avec piété. Le Sym­bole est plus qu'une profession de foi, c'est une prière que nous adressons à Dieu pour lui faire hommage de tout notre être, pour reconnaître sa souveraineté et le remercier de ses dons.

2° Incliner notre raison devant les obscurités des mystères.


LECTURES. 1° La foi d'Abraham qui, sur l'ordre de Dieu, quitte son pays et sa famille (Genèse, XII), 2° La foi du Centenier (Mat., VIII). Abraham et le Centenier nous apprennent comment nous devons accepter la révélation et croire à la parole divine.
QUESTIONNAIRE.

1° Qu'est-ce qu'un dogme ? Quelles sont les deux conditions requises pour un dogme ? Quel est l'objet du dogme ? Y a-t-il des vérités que nous devons croire et qui ne sont pas des dogmes ?


2° Quelles sont les sources du dogme ? Qu'est-ce que l'Écriture Sainte ? Qu'est-ce que l'inspiration ? Dieu est-il l'auteur de l'Écriture Sainte ? Qu'en­tendez-vous par là ? L'inspiration se confond-elle avec la révélation ? Quelles sont les limites de l'inspiration ? Qu'entendez-vous par canon de l'Écriture Sainte ? Que comprend-il ? Quels sont les divers sens de la Bible ? Qu'est ce que la tradition ? Quels en sont les caractères ? Quels en sont les principaux canaux ? Quels sont les interprètes de l'Écriture Sainte et de la Tradition ?
3° Qu'est-ce que le dogme, d'après les modernistes ? Quelle est la doctrine catholique sur le développement du dogme ? Admet-elle que le sens d'un dogme peut changer ? Le dogme catholique, en tant qu'ensemble des vérités de foi, peut-il se développer ? Les Apôtres ont-ils reçu le dépôt complet de la Révélation ? À quoi servent les révélations privées ? La connaissance que nous avons de la Révé­lation est-elle susceptible de progrès ?
4° Qu'est-ce qu'un Symbole de foi ? Quelle en est l'utilité ?
5° Combien de symboles connaissez-vous ? Quelle est leur origine ?
6° Comment peut-on diviser le Symbole des Apôtres ?
7° Quelles sont les vérités contenues dans le Symbole des Apôtres ? Con­tient-il tous les dogmes ?
8° Combien y a-t-il de sortes de mystères. Les mystères proprement dits sont-ils en opposition avec la raison ? Pourquoi Dieu les a-t-il révélés ?
DEVOIRS ÉCRITS. 1° Dire ce que vous savez sur le Symbole des Apôtres. 2° Quelle différence y a-t-il entre les mystères de la Religion et ceux de la nature ? Qui nous a fait connaître les premiers ? Et les seconds ? 3° Expliquer, en les rappro­chant et en les comparant, les mots: Révélation, Écriture Sainte, Tradition, Dogme.

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