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1958 tableau des états-unis


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Chapitre 2 :

POSITION DES ÉTATS-UNIS
PAR RAPPORT
AU CONTINENT AMÉRICAIN
ET AU MONDE EXTÉRIEUR




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Les États-Unis ont une superficie de 8 000 000 de km2, plus des trois quarts de l'Europe, quatorze fois la France. Plusieurs des quarante-huit États sont comparables à des pays européens : le Texas, avec 689 000 km2, est plus grand que la France, la Californie, avec 41 000 km2, grande comme la Suède. Il faudrait ajouter, pour prendre conscience de l'unité nord-américaine, les 9 000 000 de km2 du Canada, cet ensemble de 17 000 000 de km2 étant peut-être la vraie réalité, d'où le sens riche et profond de l'expression North America. De ce point de vue les États-Unis sont plutôt à considérer comme un continent que comme un pays : il ne faut pas les comparer à la France ou à l'Angleterre, mais à l'Europe elle-même. Les problèmes américains prennent dès lors un autre sens et s'éclairent de cette extension de la notion d'un pays à celle d'un continent.

On ne réalise bien l'importance des distances intérieures aux États-Unis qu'en traversant le pays, non en avion, mais en chemin de fer ou en auto. On se rend compte alors de ce que signifient les 5 000 km de New York à San Francisco : une nuit d'avion, mais quatre jours et demi de chemin de fer ! Il y a 2 000 km de la frontière canadienne au golfe du Mexique, 2 000 de New York à la Nouvelle-Orléans, 1 200 d'un rebord à l'autre des Montagnes Rocheuses : c'est bâti sur des mesures extra-européennes, auxquelles l'Européen doit s'accoutumer et dont il ne retrouverait l'équivalent, en deçà de l'Atlantique, que dans [p. 14] l'immense Russie. Cette impression est encore accrue par la massivité du territoire nord-américain : regardez la carte, on dirait une commode trapue, de dessin simplifié, tandis que l'Europe fait penser à une main effilée s'avançant dans l'Atlantique. Il s'agit d'une nature immense où l'homme se situe mal, d'un bloc continental que les mers ne pénètrent pas, qui semble voué à l'autonomie. Une civilisation distincte devait logiquement se former là.

La notion d'espace, dans ce milieu, prend une signification nouvelle. Révisons donc nos échelles de mesures : tout est plus grand, les montagnes, les plaines, les fleuves, les villes, les usines, les maisons, les wagons, les divisions administratives. Sinclair Lewis, évoquant Zenith, la patrie de Babbitt, écrit : « C'était une cité qui semblait bâtie pour des géants. » Quand on rentre en Europe tout paraît minuscule ! L'espace, aux États-Unis, est disponible avec une telle profusion qu'on est naturellement conduit à le gaspiller : il y en a tant qu'on en veut, toujours, sans limitations. On conçoit que, dans ces conditions, l'idée de conquérir des territoires n'intéresse pas les Américains : de là leur incompréhension des luttes européennes pour la disposition de quelques kilomètres carrés, leur condamnation du colonialisme, car, s'ils conquièrent ou colonisent, c'est chez eux. Ce gaspillage a produit une remarquable absence de concentration géographique, dès l'instant qu'on peut toujours aller plus loin. Les États sont souvent sans la moindre limite naturelle, leurs frontières ont été généralement tracées arbitrairement et elles eussent pu presque toujours être ailleurs. Dans un livre consacré aux quarante-huit États, These United States, l'auteur parle ainsi du South Dakota State without limits :

Il y a quelques années un de mes amis me fit remarquer que chaque fois que je me rendais à la poste je traversais le 45e degré de latitude Nord. Je ne m'en étais jamais avisé. Il me fit noter la place exacte par le point de repère d'un arbre et par la suite, chaque fois que je passais par là, je me surprenais à lever le pied très haut afin de ne pas buter... Un État qui doit compter sur des artifices cartographiques de la sorte pour fixer ses frontières, combien n'est-il pas infortuné 1 !

Les villes ont une propension analogue à s'étendre indé-[p. 15] finiment, avec des espaces vides à l'intérieur et souvent plusieurs centres de gravité.

Ce vice est d'autant plus sensible qu'on s'avance vers l'Ouest, car, en l'absence de tout cadre naturel, les agglomérations risquent d'y devenir informes à force d'étalement. C'est le cas de Los Angeles qu'on pourrait qualifier un canton rempli de maisons. L'usage généralisé de l'auto corrige dans une certaine mesure cet écartement invraisemblable de quartiers solidaires qu'on ne saurait éloigner indéfiniment les uns des autres, mais la vitesse elle-même finit par travailler encore pour la déconcentration, de sorte qu'on aboutit à la conception nouvelle de la zone urbaine, de la cité bâtie à la campagne.

Toute une politique s'est imposée pour maîtriser cet espace, qui autrement aurait pu empêcher le pays de se constituer une unité. Le transport, intensifié et efficace, a joué en l'espèce un rôle unificateur essentiel. Le chemin de fer, l'auto, l'avion enfin ont été les instruments les plus authentiques de la solidité politique américaine. En Amérique du Sud, on a passé sans transition de la mule à l'avion. Aux États-Unis, c'est le rail qui, devançant la route, a vraiment permis à la nation de se faire, et en dépit de crises graves il survit. Mais l'auto est devenue une nécessité individuelle non moins pressante, dans un système de vie où, les distances étant prohibitives, personne ne marche, au point que le piéton est vaguement considéré comme suspect par la police de la route. Plus important encore est le rôle, tout récent, de l'avion, qui achève de corriger ce qui restait hier encore de gigantisme dans la structure américaine.

En hauteur, les États-Unis ont connu les mêmes tentations. Le building, né d'une circonstance topographique spéciale à New York, s'est répandu sur toute la surface du pays et même du continent, mais il ne se conçoit pas davantage sans l'ascenseur que la route moderne sans l'automobile. Le génie américain avait du reste imaginé l'organe avant la fonction : dès 1861, mon père, visitant New York, avait noté, au Fifth Avenue Hotel, la présence de « petits chemins de fer verticaux ». Là encore le progrès technique était victorieux de l'espace. C'est dans le même sens qu'ont joué le télégraphe, le téléphone, la radio, la télévision, car c'est grâce à la combinaison de tous ces moyens de communication que la dissociation géographique a pu ne pas produire quelque fatale sécession. Au temps de la guerre civile, si j'en crois notamment la correspondance de mon père, chacun [p. 16] s'attendait à une division éventuelle du pays en souverainetés distinctes : les distances, vraiment pathologiques pour les moyens de l'époque, justifiaient dans une certaine mesure pareil jugement et il fallait tout le génie d'un Lincoln pour affirmer, pour imposer la nécessité de l'Union. Les progrès immenses réalisés dans les communications permettent aujourd'hui une conception géographique où, sans inconvénient grave, le commerce, l'industrie, la population peuvent impunément se répandre sur un territoire énorme sans qu'il y ait dissociation. Il semble désormais que n'importe quoi puisse se faire n'importe où : pendant la campagne présidentielle de 1952 l'expérience a prouvé que telle réunion politique, hâtivement convoquée, peut indifféremment se tenir à Boston, à Saint-Louis ou sur la côte du Pacifique.

En dépit de ces corrections l'espace demeure là et sa présence a certainement marqué la psychologie des Américains. Il faut observer qu'il est homogène, partout semblable à lui-même et par conséquent générateur d'ennui. Sur les autostrades américaines il est fréquent que le conducteur s'endorme au volant, ce qui est source de nombreux et dangereux accidents. Les grandes plaines de l'Ouest sont monotones, dépourvues de fantaisie, mais il n'est pas question ici de Nitchevo russe ou de Nirvana asiatique. L'Américain, cet Occidental, conserve toujours son contrôle, sans se perdre comme le Russe de la tradition dans l'abîme de l'incommensurable ; il se libère de la nature, il s'impose à elle et, dans ces conditions, l'influence circonstancielle du milieu tend à décroître, le facteur géographique perdant de ce fait beaucoup de son importance : telle ville est bâtie là, mais elle pourrait aussi bien être plus loin ; telle usine est élevée là, mais elle pourrait sans aucun inconvénient être ailleurs. L'espace étant indifférent, on change facilement de place. Le contraste est frappant avec le paysan éternel de nos pays, marié au sol, attaché à sa ferme par des liens qu'on pourrait comparer à des racines. Aux États-Unis, le cultivateur achète, vend, arbitre sa ferme comme il ferait d'un titre en Bourse.

Le détachement, l'instabilité, le nomadisme qu'on a souvent signalés chez l'Américain tiennent pour beaucoup à ces conditions naturelles. Quelle idée de s'accrocher à un lieu, quand il y en a tant d'autres, et toujours de trop, et si faciles ?... La vieille inquiétude de l'homme blanc, son besoin immémorial de bouger n'a jamais rencontré moins d'entraves. Toute installation est provisoire 1.

[p. 17]


Cet espace, en fin de compte, doit être considéré comme une richesse dont la limitation ou la perte serait dangereuse pour l'équilibre du pays. C'est une richesse, pour un peuple de plus de 160 000 000 d'hommes, de ne pas trop se sentir mutuellement les coudes, et, qu'il subsiste des vides, c'est autant de possibilités ménagées à l'aventure, à l'initiative, à l'énergie : aucune partie, dans ces conditions, ne doit être regardée comme tout à fait perdue, dès l'instant qu'il reste une fenêtre ouverte, une issue. C'est le sens, moins géographique que mystique, de l'Ouest, de ce que les Américains nomment la frontière, c'est-à-dire l'espace encore libre, non encore utilisé, offrant un débouché aux ambitions non encore satisfaites. Dans les crises du XIXe siècle, quand un jeune ne savait plus que faire dans l’Est, on lui disait : Young man, go West ! Telle était la vertu de cette réserve de possibilités. Attention ! la frontière n'existe plus et l'Ouest lui-même n'a plus guère de signification depuis que la mise en valeur, remplissant le continent, a atteint la côte du Pacifique. Il se pourrait qu'au moment où la frontière a cessé d'être, une page ait été tournée, non seulement dans l'histoire des États-Unis, mais dans la psychologie profonde du peuple américain.

III


Avec des traits semblables, y a-t-il de quoi faire un pays, plus exactement une nation ? Pendant tout un siècle l'Américain ne s'est jamais heurté à aucune limite, l'immensité de ses ressources était telle qu'on eût pu leur appliquer le mot de Pascal : « L'imagination se lasse plutôt de concevoir que la nature de fournir. » Mais cette profusion même de moyens contredisait, par son caractère amorphe, l'articulation nécessaire à la constitution d'un État. Il s'est trouvé heureusement que la structure géographique conduisait à l'établissement stable d'une communauté organisée et unifiée. Une plaine centrale encadrée de deux systèmes montagneux, un continent bordé de deux océans, il y avait là les éléments fondamentaux d'un édifice politique équilibré, comportant un système hydrographique, un régime des pluies, une variété suffisante de climats, une harmonie possible enfin entre des régions complémentaires. Le pays s'est ainsi constitué, unifié, dans un cadre géographique qui paraît déso. – mais fixé. En dépit de la grandeur du territoire, son unité est solide : elle est due, moins à des facteurs physiques qu'à des [p. 18] conditions de vie communes et de plus en plus telles, dont l'uniformité résulte d'une suppression effective de la distance. L'idéologie initiale se double d'une idéologie nouvelle axée sur le genre de vie, ce fameux American way of life dont les Américains se font une sorte de drapeau.

En raison de ces transformations issues de la technique, ce pays qui était trop grand, au point d'avoir failli se scinder en deux au moment de la guerre de Sécession, n'est plus aujourd'hui de taille excessive. Peut-être même, dans notre XXe siècle, doit-il être considéré comme le type désormais normal de la grande puissance, adaptée aux exigences et aux moyens du monde moderne. Les États-Unis ont 8 000 000 de km2 et 160 000 000 d'habitants ; l'U.R.S.S., avec quelques traces de gigantisme, 22 000 000 de km2 et 2 000 000 d'habitants : ce décalage dans les mesures caractérise un âge nouveau.


IV


Par rapport à l'ensemble du monde, la position des États-Unis a subi, du fait des deux guerres mondiales et surtout de la seconde, une complète révolution. Géographiquement le pays reste bien au même endroit, mais l'ensemble de ses contacts et de ses rapports s'est transformé du tout au tout.

En ce qui concerne l'Amérique du Nord il n'y a pas, entre les États-Unis et le Canada, de frontière naturelle, mais une simple ligne artificiellement dessinée sur la carte : économiquement, socialement, c'est la continuation du même pays et, s'il y a une frontière politique, ce n'en est pas tout à fait une, car de part et d'autre les rapports seraient plutôt frontaliers, entre gens ne se sentant pas vraiment étrangers les uns aux autres. La ligne de défense des États-Unis n'est pas à la limite sud du Canada, mais sur le Cercle Polaire ou au delà, d'où la conception d'une unité nord-américaine, comportant la protection militaire concertée d'un ensemble de civilisation commun aux deux pays.

Il n'y a pas davantage de frontière naturelle entre les États-Unis et le Mexique, cependant que Cuba est infiniment proche de la Floride et de la Louisiane. De ce côté-là le contact avec le monde latin (ou indien) est également étroit, non plus sous le signe d'une défense anglo-saxonne, mais à l'abri d'une mystique continentale. Les communications aériennes ont, [p. 19] depuis une quinzaine d'années, mis l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud à proximité de New York, de Chicago, de San Francisco, surtout d'un Sud maintenant ressuscité de la guerre de Sécession et en voie de développement rapide. Par les axes aériens qui se dirigent, d'un côté vers le Pérou et le Chili, de l'autre vers le Brésil et l'Argentine, l'influence des États-Unis tend à devenir irrésistible sur cette partie du monde qui, hier encore, gravitait surtout vers l'Europe.

À l'égard des autres continents, l'Amérique se félicite traditionnellement d'un complet isolement. De New York à Gibraltar il y a 3 175 milles (5 109 km), de Québec à Liverpool 2 684 (4 318 km). La distance de Los Angeles à Yokohama est de 4 839 milles (7 786 km), celle de Seattle à Yokohama de 4 257 milles (6 849 km). Longtemps les seuls itinéraires intéressants sont restés ceux de la mer, mais les itinéraires aériens empruntent la zone boréale : le grand cercle Moscou-San Francisco passe par le cap Nord, l'extrémité Nord du Groenland, l'Alberta ; le grand cercle Chicago-Calcutta par Edmonton, l'Alaska, la Sibérie orientale, Tchoung-King. Par le Pôle il n'y a plus que 3 800 km entre la Terre de Victoria, dernière possession canadienne, et la péninsule de Tamyr en Sibérie. De Thulé, ultime base américaine dans le Nord du Groenland, à la Terre François-Joseph, base avancée de l'U.R.S.S., il n'y a guère que 2 300 km. L'air n'offre plus la même protection que la mer.

L'isolement d'autrefois était réel. Le trajet maritime du Havre à New York prenait douze à treize jours vers 1880, moins de neuf jours à la fin du siècle, quatre jours et demi sur Normandie à la veille de la seconde guerre mondiale, et l'United States l'enlève en moins de quatre jours. Sur les paquebots rapides du Canadien Pacifique, Vancouver-Yokohama se fait en une douzaine de jours. À ce régime de communications maritimes le vol de Lindbergh, en 1927, a apporté un sensationnel bouleversement. Paris-New York se fait par air en quatorze heures, mais avec l'avion à réaction c'est dès maintenant affaire de sept heures, de telle sorte que la distance transocéanique est supprimée et qu'il ne peut plus être question d'isolement continental. Il a suffi d'une génération pour que cette révolution s'opérât et elle s'est faite si rapidement que l'opinion, tout informée qu'elle soit, a quelque peine à s'en rendre compte : si l'isolement est fini, un état d'esprit isolationniste subsiste. Les Américains savent qu'ils ne bénéficient plus d'une position insulaire, mais le [p. 20] croient-ils tout à fait ? À pareille question peut-être n'est-il pas possible de donner une réponse unique, en raison, selon les régions américaines, de la diversité des orientations, des expositions, des versants géographiques et politiques. Il s'ensuit un jeu complexe de contacts, d'attractions, de répulsions.

La côte Atlantique en deçà des Alleghanies, tournée vers l'Europe, connaît le vieux monde et sait effectivement son existence autrement que pour l'avoir apprise dans les livres : elle sent que, de l'autre côté de cette rue qu'est l'Atlantique, il y a un autre continent, dont elle éprouve, presque physiquement, la proximité. Tournée vers le Pacifique et l'Extrême-Orient, la côte californienne connaît de la même façon l'existence du monde asiatique ; ce monde est pour elle une préoccupation, car elle regarde à l'Ouest instinctivement et cette orientation s'impose à tout ce qui est au delà des Rocheuses. Quant à la côte du Golfe, contiguë au monde caraïbe, elle participe de son climat, au sens large du terme : là l'orientation est celle du Sud. Il reste un Centre, énorme, encadré entre les deux chaînes de montagnes, formant un monde autonome, capable de vivre sur soi-même, avec peu de contact extérieur, n'ayant pas la sensation vécue qu'il y ait une Europe et un Extrême-Orient. On y lit dans les journaux ce qui ce passe dans les pays lointains, mais les événements extérieurs n'y ont que des répercussions atténuées : c'est comme une cour intérieure, largement taillée j'en conviens, mais n'ayant pas de fenêtre sur la rue. Là est le foyer intime d'un isolationnisme qui en apparence n'a pas survécu à la guerre, mais qui subsiste de façon latente sous la forme d'un provincialisme persistant, ou plutôt d'une sorte de continentalisme.

On s'explique, dans ces conditions, qu'il soit difficile pour les États-Unis d'avoir un esprit vraiment international. Rien ne les y pousse, ce qui leur est le plus naturel c'est l'esprit continental. Ils l'ont en matière économique, sous la forme d'un protectionnisme élémentaire, instinctif, issu du plus profond de la tradition nationale ; ils l'ont sous la forme d'une nostalgie de l'isolement quand ils sont entraînés malgré eux dans le tourbillon mondial. L'attitude américaine dans les relations internationales relève donc largement d'une orientation de base des versants géographiques, dans laquelle les deux fronts maritimes sont ouverts à la nécessité des obligations extérieures, tandis que le Centre, tout en étant forcé de les admettre aussi, leur oppose instinctivement une obscure résistance.

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