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1939-) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées


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Le loup
Roman de 240 pages
D'entrée de jeu, le narrateur et protagoniste du roman, Sébastien, un homosexuel de vingt-quatre ans, étudiant au conservatoire de musique, commence par déclarer que ce qui anime son idéal amoureux, c'est le précepte chrétien, universellement répandu : l'amour du prochain ; qu’il s’est voué à un idéal de compassion ; qu’il s'est fait rédempteur d'âmes, choisissant ses amants parmi les êtres tourmentés, au cœur atrophié, marqués du signe de la mort. Il dresse le bilan de sa vie amoureuse, déroule le fil des amours passées. Le collégien Bernard fut le premier : pervers, lucide, dévoué «à l'idéal de chevalerie du mal», il lui montra la voie de l'animalité. Lucien, maître de contrepoint, et Georges, commerçant protecteur de musiciens, étaient de la race des soumis et des pusillanimes, asservis aux lois sociales, refusant d'accepter leur homosexualité. Puis il y eut Luc, Gilles, et l’amant du moment est Éric, l'un de ses professeurs, qui dit être un «loup féroce». C’est que l’échange amoureux, bien souvent, ressemble à la relation entre le loup et l’agneau. Issue attendue et impossible, une tentative de vie à trois est faite par Éric, Sébastien et Gilles.
Commentaire
Le loup” formait avec “Les nuits de l'”Underground” un diptyque homosexuel. Marie-Claire Blais explorait ici le milieu des “gais”, des «loups», égoïstes et narcissiques, de leurs «besoins fantasques et insondables», de leurs mythologie unique. Montrant une amitié particulière pour ses héros qu'elle trouvait vulnérables, dans cette éducation sentimentale, elle procédait, sur un ton presque mondain, avec un don subtil de pénétration et de compréhension qui frappe autant le cœur que l’esprit, à une analyse de l’amour, du couple en général, des problèmes d’incommunicabilité. Même si c’est Éric qui dit être «un loup», on peut se demander si ce n'est pas Sébastien qui l'est vraiment, tant sa charité même est diabolique. Marie-Claire Blais illustra bien la puissance de l'imaginaire qui oriente les destinées humaines, qui alimente illusions et chimères.

Outre la confession de Sébastien, confidences, aveux, conversations, plaidoyers, objurgations composent le roman. Par cette stratégie narrative axée sur la parole, Marie-Claire Blais a voulu rejoindre ce que l'être a de plus intime et de plus profond, ce qui se cache au-delà des apparences. Aussi a-t-elle éliminé ces apparences que sont les descriptions physiques, le décor ou les situations sociales, pour ne garder que le médium privilégié de la voix et de l'écoute. À la voix dominante de Sébastien, qui emprunte les accents de l'interrogation douloureuse, de la tendresse et de la vérité, se mêlent et se superposent, comme en contrepoint, les autres voix, dissonantes, suppliantes, accusatrices, cris d'abandon, de détresse, toutes clamant la même faim d'amour. Le déchirement de l'être est ainsi habilement intensifié par ce concert de voix pressantes qui s'appellent et se répondent sans cesse mais toujours en vain. Constamment, l'émotion affleure et trouve son chemin à travers les méandres amoureux des hommes-loups.

Organisé comme une suite de variations sur le thème de l'amour dévorant, le roman se divise en quatre chapitres dont chacun est lié à la figure d'un amant mais sans jamais oublier ni les amours passées ni celui du moment, si bien que chaque nouvel amour est vu comme se nourrissant de l'ancien et déterminant déjà celui à venir. L’histoire de la liaison avec Éric ouvre et clôt la série des amours narrées.

Le livre a été composé avec un art consommé, a été écrit dans une langue extraordinairement limpide, et avec une musicalité extrême, tout se passant dans le registre de la voix.

La critique a généralement apprécié ce roman. Il fut traduit en anglais sous le titre “The wolf’’ (1974).

. Le premier est consacré aux hommes, le second aux femmes. Le ton du premier est plus tendre que le second comme si Marie-Claire Blais avait une amitié particulière pour ses héros qu'elle trouve, somme toute, plus vulnérables que ses héroïnes. Ces deux livres sont des éducations sentimentales. Pourquoi aimer? Qui aime-t-on? Comment aime-t-on? L’écrivaine y racontait des aventures lourdes de désirs et marquées au fer rouge de la passion et, surtout, de la passion pour la solitude. Elle y décrit des êtres et des lieux étranges et frivoles. On y parle de «la friabilité de l’être» et de l’impermanence de l'amour sur un fond de mélancolie lunaire et de culpabilité car les humains ont besoin, selon sa belle expression, d’«une perpétuelle absolution».

l'amour homosexuel, dit «contre nature», qui, par sa marginalité même, donne du relief aux ombres et aux dessous de la nature humaine, angoissée et contradictoire.

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1972

Le disparu


Pièce de théâtre radiophonique de 45 minutes
Le départ de Gérard, le cadet et le mouton noir d’une famille bourgeoise, qui a refusé, au nom de sa liberté d'entreprendre la carrière médicale, qui est reprise de père en fils, perturbe complètement la vision du monde d'un de ses frères, Robert, qui est médecin. Il se demande s'il faut vivre selon la norme «au service des autres», comme son père, ou vivre en suivant l'instinct de liberté et d'individualisme comme son frère disparu. Il en discute avec ses parents et aussi avec son frère, revenu... un an plus tard.

Commentaire
La pièce a été créée par la radio de Radio-Canada à l'émission ‘’Premières’’.

Elle a été publiée dans ‘’Textes radiophoniques’’, avec sept autres textes (1999).

Elle a été traduite en anglais par Nigel Spencer sous le titre de ‘’Vanished’’ ( 2005).

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1972

L’envahisseur


Pièce de théâtre de trente minutes
Un homme excessivement bon, Joseph, se voit déposséder de sa terre, de sa femme, de son fils aimé, par un passant à qui il a offert l'hospitalité d'un repas. passant profite de la naïveté excessive d'un paysan charitable pour le déposséder de tous ses biens et obtenir les faveurs de son épouse.
Commentaire
La morale de cette fable sur la bonté et le mal, où on se demande si la bonté est viable ou si elle n'est que bêtise et manque de lucidité, se résume par le proverbe «Charité bien ordonnée commence par soi même».

La pièce a été créée par la radio de Radio-Canada à l'émission ‘’Premières’’.

Elle a été publiée dans ‘’Textes radiophoniques’’, avec sept autres textes (1999).

Elle a été traduite en anglais par Nigel Spencer sous le titre de ‘’Invader’’ (2005).

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En 1972, Marie-Claire Blais s’établit en Bretagne avec son amie, la peintre Mary Meigs.

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1973

Deux destins


Pièce de théâtre radiophonique
La rencontre annuelle de Jacques et Gilbert, deux amis d'enfance, donne lieu à une discussion pleine de nostalgie et d'amertume lorsqu’ils font le bilan de leurs piètres existences en regard de leurs aspirations d'autrefois. Jacques s'est marié, un peu forcé par la grossesse de celle qui l'avait secouru au jour de son suicide raté. Depuis, il semble avoir oublié ses rêves d'écriture, son talent, ses désirs. Gilbert fait le procès de la nouvelle vie de Jacques : «son véritable suicide». Il essaie de le secouer. Sa femme entretient son engourdissement pour le garder et Jacques s'éteint, ses rêves remplacés par des cauchemars.

Commentaire
La pièce a été créée par la radio de Radio-Canada.

Elle a été, en 1999, publiée dans ‘’Textes radiophoniques’’, avec sept autres textes.

Elle a été traduite en anglais par Nigel Spencer sous le titre de ‘’Two fates’’ (2005).

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1973

Un joualonais, sa joualonie


Roman
Ti-Pit est un enfant de la crèche qui, après avoir travaillé sur une ferme avec Ti-Cul pendant quelques années, immigre à la ville, Montréal. Pensionnaire chez la mère Fontaine, il s'embauche à la “Rubber company”, mais devient vite chômeur et fréquente assidûment la taverne, où il rencontre l'écrivain Papillon qui lui donne des cours de joual, l’argot québécois, et le fait entrer dans le cercle de ses amis, des petits bourgeois hypocrites qui croient posséder la culture : l’éditeur Corneille, l'avocat de Québec, Papineau-le-marxiste. En face d'eux, Ti-Pit le chômeur, Ti-Cul l'assassin, Ti-Guy l'utopiste meurtri, les petites tapettes, Mimi et Dany, le prêtre ouvrier Vincent, paraissent d'une moralité exemplaire parce qu'ils sont dépourvus de prétention. Les intellectuels sont condamnés par le désaccord entre leurs propos et leurs conduites : au nom de ses principes Papineau-le-marxiste laisse mourir de froid sa femme et ses enfants ; le professeur-poète est uniquement occupé à se trouver du génie ; l'éditeur Corneille, féru des droits de l'Homme, publie n'importe quoi. On rencontre aussi des fédéralistes et des séparatistes, des grévistes, des féministes. À la fin du roman, Ti-Pit rejette son surnom pour reprendre son vrai nom, Abraham Lemieux, affirmant ainsi son droit de rompre avec la sous-culture dont les écrivains vantent le pittoresque. En ceci, le rôle de Papillon n'a pas été entièrement négatif puisque c'est lui qui éveille Ti-Pit à la nécessité d'assumer sa propre identité.

Commentaire
Le titre, avec ses douteux néologismes, confine déjà le lecteur, avant qu’il ait lu une seule ligne, à l'univers étroit et restreint du Québec qui utilise le joual. Les dialogues se déroulent d'un bout à l'autre dans cette variété de français pitoyable, avec ses prononciations, ses élisions, ses vieux mots français (dont les «sacres» que l'«écrivailleux» Papillon lance à tout moment pour se mettre au diapason du «peuple»), ses anglicismes qui traduisent la crise d'identité du Québec. Le livre est en fait une satire de ces particularismes langagiers, la moquerie d’une culture à l’égard d’elle-même : «J’suis pas comme un autre, j’ai pas une graine d’instruction mais j’attrape les mots comme une maladie, j’me fais des fois une jasette pas mal savante mais ça c’est mon secret à moé, y paraît que les mots ça fait vivre quand on a personne» - «C’est pas vrai qu’on va toujours vivre comme des chacals, c’est pas vrai, ça, Christ». Le pauvre Ti-Pit est le prototype de ce que la société peut sécréter de plus sacrifié et de plus misérable. Mais le «blues», le vague à l'âme habitent tous les personnages qui subissent le mal de vivre et de survivre, ce climat typiquement montréalais fait de grisaille et de neige, que Marie-Claire Blais a le secret de toujours si bien rendre. L'univers de souffrance et de misère propre à tous ses romans est ici donné comme à petites doses, à travers les dires des uns el des autres, les petits coups d'œil subtils, les remarques de rien du tout. L’ensemble baigne dans une fine ironie, dans une façon bien particulière de sourire, ou même de ricaner, avec ou sans méchanceté. Le malheur réussit à être presque comique par moments et les personnages eux-mêmes, à force de ressembler à des caricatures, finissent par faire rire, au beau milieu des malheurs et des larmes. Même si “Un joualonais sa joualoniereste parmi les œuvres mineures de Marie-Claire Blais, il ne faut pas pour autant oublier qu’il apporte lui aussi, à sa façon, une dose de santé et de bon humour au roman québécois.

Les critiques n'ont pas été tendres pour Marie-Claire Blais. On a parlé d'échec, de roman pénible à lire, on a déploré l'absence du lyrisme des œuvres précédentes pour s'inquiéter du virage dangereux que semblait prendre son écriture. «Une œuvre ambitieuse, mais manquée», résumait Ivanhoé Beaulieu.

Le roman a été publié en France sous le titre “À cœur joual” et au Canada anglais sous le titre “St Lawrence blues” qui rend beaucoup mieux son atmosphère mi-triste, mi-pathétique.

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1973

Fièvres


Pièce de théâtre radiophonique
Une femme à la conscience perturbée voyage avec son mari au Maroc. Incapable de supporter la pauvreté qui se cache derrière des sites enchanteurs, elle se culpabilise avec tout le dégoût que cela entraîne. Puis, refusant en toute lucidité, de continuer son existence auprès de sa famille, elle décide de rester seule à Agadir.
Commentaire
La pièce véhicule des thèmes rencontrés ailleurs : inégalités sociales, ridicule de l’ambition. L'originalité de l'écriture vient de ce que Joyce Cunningham a appelé «la technique des réflexions murmurées».

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1974

Un couple


Pièce de théâtre radiophonique
Françoise et Jean-Pierre sont au bord de la séparation. De retour d'un serein voyage de deux mois où ils ont été seuls pour la première fois depuis la naissance de leur enfant, ils n'arrivent plus à s'entendre depuis qu'ils ont découvert les différences qui les éloignent l'un de l'autre. Éprise de liberté, Françoise, chez qui le voyage a accentué le goût de liberté, préfère courir le monde à sa guise tandis que Jean-Pierre est sédentaire, désire la stabilité. À l'issue de cette nuit, ils se sépareront.
Commentaire
Les dialogues se mêlent aux monologues intérieurs.

La pièce a été publiée dans ‘’Textes radiophoniques’’ (1999).

Elle a été créée par la radio de Radio-Canada à l'émission ‘’Premières’’.

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1974

Sommeil d’hiver


Pièce de théâtre
C'est l'hiver. Un homme se réveille lentement; son corps est faible et endolori. En fait, il s'éveille à la mort et est passé dans un autre monde où il devra refaire les rencontres marquantes de sa vie, à laquelle il a mis fin volontairement.
Commentaire
La pièce a été publiée dans ‘’Théâtre’’, avec quatre autres pièces (1998).

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1975

Une liaison parisienne


Roman
Le jeune romancier québécois, Mathieu Lelièvre, séjourne à Paris où il pénètre dans une grande famille de la bourgeoisie française, les d’Argenti, enveloppant au départ d’une aura d'irréalité le mode de vie de cette société. Mais Yvonne d'Argenti, grande dame inaccessible, mystérieuse, envoûtante, raffinée, écrivaine à la plume «ravissante et perfide», gardienne des secrets qui métamorphosent la vie en littérature, devient sa maîtresse. Il découvre alors le racisme, la cupidité et d’autres vices qui croupissent au sein de cette société, les «péchés hygiéniques» des d'Argenti mal recouverts par «la patine de la culture aromatique et affinée». La cynique Yvonne d'Argenti dénigre dans le privé les amies qu'elle flatte en société, vocifère dans un vocabulaire grossier, accable de reproches et d'injures son époux, ses fils et ses domestiques. Cette aristocrate racée, grande consommatrice d'argent (d'où son nom) et d'amants, montre la gloutonnerie et la voracité d’une véritable mante religieuse, ne faisant qu'une bouchée de cette proie qu'est Lelièvre. Après la rupture avec madame d'Argenti, au plus fort de sa désillusion, il découvre la beauté cachée de la province, de ses humbles qui, par leur chaleur, peuvent seuls transfigurer l'écriture. Ce faisant, il reconnaît sa propre vérité et la richesse de l'héritage nié.
Commentaire
Ce roman drôle et tragique, tendre et violent, offre des descriptions grandioses de la vie parisienne, une caricature de Français aristocratiques, une dénonciation retentissante de l’esprit de classe et de la discrimination sous toutes ses formes. L'écart qui sépare l'étalage des maux de cette société corrompue de son image idéalisée, écart assuré par la narration à la troisième personne du singulier, ouvre la porte à l'ironie et à la satire. Ce recours à l'humour permet à Mathieu de prendre assez de recul pour démonter les mécanismes de sa liaison parisienne et conséquemment se libérer de préjugés sclérosants.

Marie-Claire Blais s’en prend au mythe qui veut que seul le mariage des valeurs aristocratiques de la haute société parisienne et de la littérature peut engendrer l'Art. Et c’est naturellement elle qu’on retrouve assez souvent sous les traits de Mathieu.

Le roman reçut un accueil assez sévère de la part de la critique. Entre autres choses, on reprochait à l'autrice la candeur de son héros et une phrase longue qui tenait du pastiche.

Le roman fut traduit en anglais sous le titre “A literary affair”.

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En 1975, Marie-Claire Blais fut nommée compagnonne de l’ordre du Canada.

En 1976, elle reçut le prix Belgique-Canada pour l’ensemble de son œuvre.

Elle fut faite docteur «honoris causa» de l’université York à Toronto et professeuse honoraire de l’université de Calgary.

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1976

Marcelle


Pièce de théâtre
Marcelle, dans un monologue, raconte sa vie de femme dominée.

Commentaire
Marie-Claire Blais méditait en douceur sur la possibilité de réconcilier une exigence d’autonomie et le besoin de l’autre, de même que sur l’amour privilégié et l’amour au pluriel.

La pièce faisait partie d’un ensemble de petites pièces féministes intitulé “La nef des sorcières” (1975), les autres étant dues à Marthe Blackburn, Nicole Brossard, Odette Gagnon, Luce Guilbeault, Pol Pelletier et France Théoret. Exposant le perpétuel quotidien de la vie refoulée, six femmes de conditions et d'âgesdifférents étalent en plein jour un aspect de la vie privée, en autant de monologues réalistes ou délirants. Elle fut créée au Théâtre du Nouveau Monde, le 5 mars 1976.

Elle fut traduite en anglais par Linda Gaboriau sous le titre de ‘’A clash of symbols’’ (1977).

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1976

L’océan


Téléthéâtre
Un écrivain célèbre meurt. Ses trois enfants se retrouvent à la maison paternelle, au bord du fleuve-océan, symbole explicite de sa puissance créatrice. Tandis que l'héritage spirituel et matériel de l'écrivain est remis en question par Simon et Maria, François, qui était son préféré, qui avait toujours aspiré à l'écriture, trouve alors sa voie. Portant à la main une valise pleine des écrits de ce père dont il a hérité, il renonce à la part plus matérielle de son héritage, le tiers de la maison de campagne. Il quitte sa famille rapace et ses voisins pourtant amicaux, se plonge dans l'essentielle solitude du véritable artiste, s'emparant ainsi de la parole que son père lui avait inscrite un jour, condensée, énigmatique, dans la paume de sa main vierge de lignes : «PARTIR», qui est quitter et se séparer. Comme son père décédé, comme son voisin, le compositeur Jean, qui se meurt aussi, il fait à son tour partie de la communauté spirituelle des créateurs, qui choisissent de fuir la société et de se consumer égoïstement à leur propre flamme intérieure. S'ils ne le faisaient pas, ils mourraient de toute façon. Qu'importe alors si l'artiste peut, aux yeux de certains, passer pour un poseur qui inlassablement s'autoreprésente par des personnages récurrents, répétitifs jusqu'au lieu commun?
Commentaire
Marie-Claire Blais met ici en parallèle les qualités intérieures nécessaires à l'écrivain, qui doit apprivoiser sa souffrance, et celles que doivent posséder ses proches et la société pour l'accueillir et le comprendre. étudie le rôle de l’écrivain. Des retours dans le temps nous dévoilent des querelles difficiles à oublier.

Le télé-théâtre, commandé et produit par Radio-Canada, réalisé par Jean Faucher et diffusé le 28 mai 1976, ne reçut pas un accueil enthousiaste. Le scénario-ébauche de Marie-Claire Blais, quand il fut publié au début de 1977, ne connut pas un meilleur sort, le critère de l'innovation primant pour les critiques.

Il fut de nouveau publié dans ‘’Théâtre’’ (1998).

Il fut traduit en anglais par R. Chamberlain sous le titre de ‘’The ocean’’ (1977).

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1977

Murmures


Pièce de théâtre radiophonique de 40 minutes
Judith, qui écrit, dessine, qui est introvertie, a une sensibilité d'artiste, lors d'une baignade dans une rivière, nous livre la fragilité de son existence. Son frère Luc, qui est plus terre à terre et altruiste, qui a choisi de travailler «parmi les enfants handicapées», l'aide à extirper d'elle-même son mal de vivre en l'écoutant raconter ses rêves d'enfant, sa recherche d'absolu, sa tentative de suicide, son regret des êtres chers disparus, sa peur de vieillir et sa difficulté de faire partie de l'univers des humains. Mais il refuse de se laisser atteindre par ce qui blesse ou émeut sa sœur, qu'il protège et qu'il a sauvée du suicide, car elle ressent pour elle-même, en elle-même profondément, toute la douleur du monde. La maladie mortelle d'une amie, les effets ravageurs du temps sur sa grand-mère qui l'a initiée à la poésie, la misère des enfants, l'eau de la rivière qui coule sur son corps nu, toute sensation, tout rêve, toute pensée lui rappellent la précarité, la futilité de l'existence. Encouragée par Luc, acceptera-t-elle enfin le legs de sa grand-mère déclinante? «Elle aussi espère que... oui... qu'enfin j'apprendrai à résister à la peur... au souvenir... Elle aussi me dit de partir... Peut-être que ces mots divins qu'elle m'avait appris autrefois et qu'elle commence à oublier aujourd'hui, peut-être que cette musique me reviendra comme jadis...»
Commentaire
Les personnages, qui se devinent sans s'approuver, sont de grands enfants dont les rapports ne peuvent être que des affrontements. Ils ne semblent pas vouloir trouver leur centre entre le malaise et la révolte, la colère et la peur, l'inconfort coupable et la haine. Ils ont une attitude ambivalente devant la souffrance et la misère morale, une peur alliée à une fascination morbide. L’action ne présente guère de progression, de point culminant. L'intime est exploré par les atmosphères, la musique, le rêve, le monologue intérieur et le retour en arrière, dans un langage correct, souvent abstrait, au bord de l'essai philosophique. L’épanchement est tempéré par la réflexion sur l'enfance, la création, senties et affirmées comme précaires, menacées, insuffisantes peut-être.

On a reproché à Marie-Claire Blais d’avoir écrit trop vite et d’avoir bâclé bien des passages de cette pièce radiophonique commandée par Radio-Canada et qui a été créée à l'émission ‘’Premières’’.

Elle a été publiée dans ‘’Textes radiophoniques’’ avec sept autres textes, 1977)

Elle a été traduite en anglais par Margaret Rose sous le titre de ‘’Murmurs’’ (1979) puis par Nigel Spencer sous le même titre (2005).

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En 1977, Marie-Claire Blais a scénarisé ‘’Le journal en images froides’’, film réalisé par James Dormeyer.

À partir de 1978, elle partagea son temps entre Montréal et Key West, où elle s'était établie, et qu’elle fit découvrir à Michel Tremblay. À deux pas de la maison d'Hemingway, dans le souvenir de Tennessee Williams et d'Elizabeth Bishop, elle se trouva dans une communauté d'artistes bohèmes venus de tous les horizons, ce qu’elle apprécie parce qu’ils disent des choses plus apaisantes que celles que disent les politiciens et que cela lui donne de l’espoir. «C'est un lieu international où il y a beaucoup de théâtre, de musique, de poésie. C'est très enrichissant.» Elle eut la chance de voir Tennessee Williams lire ses poèmes sur les plages.

Elle évolua vers une écriture polyphonique qui abolit la notion même de personnage romanesque :

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1978

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