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1867-1936) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées


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I vecchi e i giovani’’

(1909)

‘’Les vieux et les jeunes’’ ou ‘’L’aube naît de la nuit’’


Roman
Grâce au prétexte d’une campagne électorale et par le biais des divers membres d’une même famille aristocratique, le roman montre comment, après les années exaltantes du Risorgimento, la réalité politique quotidienne de la Sicile est marquée par une inévitable médiocrité qui ne va pas sans injustices ni scandales. Les espoirs qu’avait fait naître, quelque trente ans plus tôt, l’unification de l’Italie s’étaient évanouis.

En Sicile rien n'a changé, au point que les Bourbons continuent à y avoir des fidèles, comme le prince don Ippolito di Colimbetra, tandis que Roberto Auriti, glorieux garibaldien se complaît dans une existence amorphe et que don Flavio représente la nouvelle bourgeoisie capitaliste. Dans les années 1893-1894, l’île est secouée par la révolte paysanne et ouvrière des ‘’fasci siciliani’’, mouvement d'inspiration socialiste qui prend une telle ampleur que le gouvernement italien décrète l'état d'urgence et envoie l'armée mater l'insurrection : un capitaine chargé du maintien de l'ordre fait tirer sur la foule.

À Rome, règne la corruption, illustrée par le scandale de la ‘’Banca romana’’, dans lequel sont impliqués de nombreux parlementaires. Y a été contraint à l’exil le jeune prince Gerlando di Colimbetra qui est partisan des idées nouvelles et des solutions possibles incarnées par Antonio Del Re, qui représente un anarchisme juvénile et stérile, par Lando Laurentano, tenant d'un socialisme humanitaire, et par don Cosmo Laurentano, agnostique politique.
Commentaire
Dans cette fresque historique et sociale sur la situation troublée de la Sicile après l'unité italienne mêlée d'éléments autobiographiques (son père et sa mère appartenaient à des familles qui avaient combattu pour l’unité), Pirandello s’inspira de ‘’Viceré’’, le grand livre du romancier catanais F. De Roberto, traduit en français sous le titre ‘’Les princes de Francalanza’’. Il voulut, a-t-il dit, « exprimer le drame de sa génération », traita le heurt des intérêts et des générations, revenant à la matière et à la technique vériste qui est reconnaissable dans l'accumulation des données socio-historiques et dans les procédés de collage de textes non littéraires.

Pirandello, qui n'était ni insensible à la réalité politico-sociale de son temps, ni étroitement et unilatéralement « engagé », qui avait été ému par l'agitation sociale, se livra sur un ton violemment polémique, à un examen de tous les vices constitutifs du système politico-social du Risorgimento, à une constatation de l’échec des promesses ou des mythes qu’il avait suscités, exprima la désillusion des jeunes devant la société qui est apparue après l’unification : injustices sociales, exploitation du Sud par le Nord, corruption administrative, intrigues politiques de tous les partis. Il se fit ici le porte-parole de tous les Siciliens déçus par l'incurie de la classe dirigeante italienne, incapable d'apporter quelque solution que ce soit à la « question méridionale », mais aussi de tous les Italiens écœurés par l'arrivisme et l'affairisme de ces mêmes milieux dirigeants. « C'est cela l'Italie ! », s'écrie à Rome Mauro Mortara, le vieux garibaldien, symbole des vertus patriotiques, du courage et du désintéressement des hommes qui se sont battus pour que renaisse l'Italie.

Le sens du roman est clair. Après avoir été menacée dans un premier temps par l'immobilisme d'une classe dirigeante qui a perdu tout idéal et aussi par un parti clérical qui ne rêve que de revanche et de restauration, l'Italie devait faire face maintenant à une autre menace : le socialisme. Aux anciens ennemis que représentaient les Bourbons et leurs alliés, hostiles à l'unification, faisaient place de nouveaux ennemis, les socialistes, hostiles à la patrie. Du coup, ‘’Les vieux el les jeunes’’ cessaient d'être un roman historique tourné vers le passé, un passé récent, et devenaient un roman politique tourné vers l'avenir, et qui annonçait le fascisme : à la fin du roman, le vieux Mortara ne déclare-t-il pas de façon prémonitoire en pensant à ses vieux camarades de combat pour lutter contre les insurgés : « Si les ennemis s'étaient groupés, réunis en ‘’fasci’’, pourquoi ne pouvaient-ils s'unir et former, eux, un fascio de la vieille garde? » À ce titre, ‘’Les vieux et les jeunes’’ sont un texte de première importance pour comprendre, à travers ce qui se passait en Sicile et dans l'Italie tout entière à un moment clé de son histoire, l'attitude de Pirandello devant cette histoire. Comme dans les autres grands romans véristes, dans ‘’Les vieux et les jeunes’’ aussi, la littérature se fit document.

Le roman, foisonnant mais diffus, annonçait à la fois ‘’Le guépard ‘’ de Lampedusa et ceux de Sciascia.

Pirandello fut soucieux de marquer les traces du passé de la Sicile et cela prit la forme en particulier d'une réflexion sur les noms de la région d'Agrigente : «Via Athénéa, Empédocle [...] des noms lumineux qui rendaient plus tristes la misère et la laideur des choses et des lieux. L'Akragas des Grecs, l'Agrigentum des Romains, avaient fini dans la Kerken des musulmans, et la marque des Arabes était restée profondément imprimée dans les esprits et moeurs des habitants. Mélancolie taciturne, méfiance ombrageuse et jalousie.»
Le roman fut publié en feuilleton en 1909 dans la ‘’Rassegna contemporanea’’, édité en volume en 1913, puis, dans une version remaniée, en 1931 (ce qui prouve l’intérêt que lui portait Pirandello qui était alors devenu mondialement célèbre grâce à des oeuvres d’un tout autre genre).

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‘’Lumie di Sicilia’’

(1910)


‘’Cédrats de Sicile’’
Comédie
Micuccio, un jeune paysan naïf, fut le bienfaiteur de Teresina, une apprentie cantatrice qui était pour lui une figure idéale, et ils ne faisaient qu’un dans leur village natal, au pays des cédrats. Mais leurs destins s’écartèrent et s’opposèrent. Aussi, dans la grande ville du Nord où elle était devenue une diva fameuse, des retrouvailles furent-elles impossibles : le pauvre paysan, tentant de voir celle qu’il aime, s’aperçoit qu’elle n’est plus celle qu’il a connue, que, riche et pleine de confiance, elle vit dans un univers frelaté, qu’elle l’a oublié et trahi. Dans un premier temps, elle le méprise ; on le sent devenir petit à petit comme un étranger qui ne reconnaît plus rien. Et les cédrats qu’il lui apporte, fruits du pays qui sont un symbole de fidélité, n’ont plus aucune saveur, même plus celle du passé. Mais il renvoie par sa seule présence à un passé qu’elle veut fuir car il évoque un bonheur perdu. En fait, d’une certaine façon, elle est également restée la même.
Commentaire
C’est une pièce nocturne, qui parle de passages, de prises de conscience, qui se situe entre deux mondes, qui interroge la représentation que l’être humain se fait se fait de lui-même et du monde. L’homme se demande comment rester fidèle à des apparences totalement vaines, comment rester tout simplement fidèle à soi-même. Dans ce drame tendu, âpre, la chute est douloureuse.

Le paysan porte en lui toute la naïveté, toute la candeur et toute la misère du monde. Il sort totalement morcelé de la représentation dont ils est la matière. On assiste, comme souvent chez Pirandello, à une dissociation, une véritable diffraction du moi. Il montra comment le temps et les changements de statut social peuvent modifier les sentiments et les actes. Il fit découvrir l’impossibilité fondamentale de croire que quoi que ce soit puisse jamais se révéler définitif, cette incapacité à être toujours et totalement raccord avec soi-même. Mais il ne fut pas ici un auteur raisonneur, philosophe, il créa un texte empruntant à la forme de la fable, qui se situe beaucoup plus à l’intérieur de l’émotion, du sensible, que ses grands classiques.

La pièce fut créée le 9 décembre 1910 au ‘’Teatro Metastasio’’ de Rome.

En 2008, à Paris, à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, dans une traduction de Jean-Loup Rivière, elle fut mise en scène par Jean-Yves Lazennec.

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‘’Pensaci, Giacomino !’’

(1910)


‘’Méfie-toi, Giacomino !’’
Nouvelle
Le vieux professeur Agostino Toti décide d’épouser Lillina, la jeune fille de sa concierge, seulement pour faire une bonne action car il lui laissera plus tard sa pension et ses biens. En fait, elle est déjà enceinte, et sa famille la jette à la rue quand elle la découvre avec Giacomino, son amant. Le mariage avec le professeur résout le problème : Lillina vivra avec lui comme si elle était sa fille, elle pourra encore rencontrer Giacomino et l’enfant à naître aura une famille et un avenir. Cependant, les fréquentes visites de Giacominoto chez les Toti sont remarquées par toute la ville et considérées comme scandaleuses. Sa soeur, Rosaria, s’étant mise d’accord avec le curé, le père Landolina, veut que son frère épouse une bonne fille et sorte de cette situation embarrassante. Mais, lorsque Lillina donne naissance à Ninì, le vieux professeur Toti prend l’enfant dans ses bras et se rend chez Giacomino, où il le réprimande, lui rappelant clairement ses devoirs de père et d’amant. À la vue de son enfant, le jeune homme comprend finalement que sa vie est indissolublement liée à Lillina et à leur enfant.
Commentaire
La nouvelle présente un cas paradoxal que l'auteur pousse logiquement aux plus extrêmes conséquences, situation qu'il a portée au théâtre et qui constitue le caractère le plus marquant du « pirandellisme ».

On remarque que, si le professeur Toti est assez pitoyable, il est diablement inspiré dans sa compassion et dans sa manière de se dresser face au qu’en dira-t-on. Au principal, qui s'inquiète de la manière dont les élèves lui parlent, il réplique : « Vous vous inquiétez en croyant que les élèves se moquaient de moi alors qu'ils se moquaient du professeur. La profession est une chose, l'homme en est une autre. Dehors, les enfants me respectent. Au collège, ils font eux aussi leur métier, celui d'élève et, forcément, ils se moquent de celui qui fait son métier de maître et le fait comme moi. »


La nouvelle figura dans le recueil ‘’La giara’’.

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‘’Leonora, addio !’’

(1910)
Nouvelle


La famille La Croce vit « à la continentale » dans une ville de la Sicile intérieure où son comportement fait scandale. La fille aînée, Mommina, finit par épouser un autochtone, Rico Verri, qui, possédé par la jalousie du passé, l’emmène dans sa ville natale et la séquestre avec ses deux fillettes, ne lui laissant comme échappée que le souvenir des opéras que chez elle, avec ses sœurs et leurs jeunes amis, elle chantait jadis sous la conduite de sa mère installée au piano. Tous ces opéras qu’elle sait par cœur, elle les interprète donc pour ses filles, en l’absence de son mari ; mais un soir, arrivée à la fin du ‘’Trouvère’’ et de l’air ‘’Leonora, addio !’’, elle s’écroule, morte. Rico Verri entre et repousse rageusement son cadavre du pied.

Commentaire
Cette courte nouvelle qui relate un drame de la jalousie, un type de jalousie implacable, irrémédiable : la jalousie du passé, allait être reprise par Pirandello dans ‘’Ce soir on improvise’’ où elle sert de canevas.

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Pour répondre à demande de la mode du vérisme, version italienne du naturalisme, Pirandello traduisit en dialecte sicilien des pièces qu’il avait déjà écrites en italien et qui furent jouées par Angelo Musco, un comédien sicilien de génie. Le 9 décembre 1910, sa carrière d’auteur dramatique commença avec la création à Rome de ‘’La morsa’’.

Il publia :

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‘’La vita nuda’’

(1911)


‘’La vie toute nue’’
Recueil de nouvelles

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‘’Suo marito’’

(1911)


‘’Le mari de sa femme’’
Roman
Le titre évoque ironiquement l'étrange situation du héros, Giustino, un pauvre clerc de notaire, qui, un beau jour, épouse une femme de lettres en passe de devenir célèbre et nommée Silvia Roncella. Au lieu de vivre simplement dans l'ombre de sa femme, il se met en tête de devenir son agent publicitaire. Son activité frénétique lui procure l'illusion d'être indispensable au travail, et, partant, au succès de son épouse, sans se rendre compte des plaisanteries dont il est l'objet. Un jour, Silvia s'aperçoit qu'elle ne peut plus supporter davantage cet homme incapable de la comprendre, au point de ne juger ses œuvres que sur leur valeur commerciale et qui se permet, en outre, de lui suggérer des sujets de roman et des méthodes de travail. Elle se décide donc à le quitter pour suivre un littérateur d'âge mûr. Ce dernier ayant eu, hélas, maille à partir avec elle, rompt. Après le scandale, Giustino se réfugie avec son fils auprès de ses parents, dans un village des environs de Turin. Il y mène une existence empoisonnée par le remords. Jusqu'au jour où il apprend que le théâtre d'une ville voisine joue une pièce de sa femme. Il parvient à peine à entrevoir cette dernière. Mais, sur ces entrefaites, son fils tombe malade et meurt avant que sa mère, avisée, ait pu se rendre à son chevet. Rencontrant sa femme auprès du cercueil, Giustino se réconcilie avec elle et reprend ses fonctions d'agent publicitaire. Sans plus tarder, il communique à la presse les détails « émouvants» de cette journée de deuil. Mais Silvia, devant le cadavre de leur enfant, a compris que toute relation avec Giustino est désormais impossible. Ce dernier doit bien finir par s'en convaincre. Il se résigne donc à tout, bien que son unique souci soit les comptes qu'il entend lui rendre et qui, dit-il, « pourront peut-être lui servir un jour ».
Commentaire
Dans ce roman des plus amers, Pirandello fustigea implacablement les mœurs philistines de la bourgeoisie italienne.

Il le remania ensuite et le publia en 1941, sous le titre de : ‘’Giustino Roncella nato Boggiolo’’ (‘’Giustino Roncella né Boggiolo’’).

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‘’Ciaula scopre la luna’’

(1912)


‘’Ciaula découvre la lune’’
Nouvelle
Ciaula, un simple d’esprit qui a trente ans mais l’âge mental d’un enfant, est le souffre-douleur de tout le monde. Il est employé dans une mine de soufre, où il travaille comme un animal, se sentant cependant en sécurité dans les entrailles de la terre. Mais il est terrorisé par l’obscurité depuis une explosion de la mine. Or une nuit où il a à travailler tard, sa lampe s’éteint. Il perd son chemin dans le labyrinthe des galeries où s’ouvrent de profondes cavernes qui font qu’à chaque tournant il pense que la mort se tient à l’affût. Quand il en émerge, il fait la découverte inattendue de la lune, ressent un infini réconfort et répand des larmes de joie.
Commentaire
Pirandello voulut montrer que l’être humain le plus grotesque, le plus humilié, est capab;le de sentir la beauté de la nature.

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‘’Il dovere del medico’’

(1913)


‘’Le devoir du médecin’’
Comédie en un acte
Un homme ramené du bord de la mort comprend qu’il a été sauvé pour une vie en prison.
Commentaire
C’était l’adaptation d’une nouvelle du même titre.

Les deux oeuvres montrent les interprétations multiples et contradictoires données d'un même fait par chacun des acteurs et des spectateurs du drame.

La pièce fut créée le 20 juin 1913 à la ‘’Sala Umberto’’ de Rome.

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1915 fut une année marquée de douloureux événements pour Pirandello : l’entrée en guerre de l’Italie et le départ de son fils, Stefano, engagé volontaire qui fut fait prisonnier par les Autrichiens ; la mort de sa mère ; l’aggravation de la maladie de sa femme qui explosait alors en manifestations de violence, accusant Lietta d’avoir voulu l’empoisonner et son père d’inceste avec elle qui, de ce fait, tenta de se suicider. Il fut obligé de l’envoyer vivre chez une tante, à Florence.

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‘’La signora Frola e il signor Ponza, suo genero’’

(1915)


‘’Mme Frola et M. Ponza, son gendre”
Nouvelle
Qui détient la vérité dans le trio formé par Monsieur Ponza, sa femme et sa belle-mère, Madame Frola? Mais qui est Madame Ponza : la seconde femme de Monsieur Ponza ou la première? Est-ce Madame Frola qui est folle en croyant que sa fille, disparue depuis quatre ans, est bien l'actuelle épouse de son gendre? Ou bien est-ce lui, Monsieur Ponza, le fou, prenant pour seconde épouse, sa première femme qui lui aurait été rendue après un séjour en maison de santé? Dans la petite ville où Monsieur Ponza vient d'être nommé secrétaire à la préfecture, tous s'interrogent…
Commentaire
La nouvelle présente un cas paradoxal que l'auteur pousse logiquement aux plus extrêmes conséquences, situation qu'il a portée au théâtre et qui constitue le caractère le plus marquant du « pirandellisme ».

Il allait en tirer sa pièce ‘’Chacun sa vérité’’.

Elle figura dans le recueil ‘’Una giornata’’.

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‘’Se non è così’’

(1915)


‘’La raison des autres’’
Comédie en trois actes
Commentaire
La pièce, d’abord intitulée ‘’Il nido’’ puis ‘’Il nibbio’’, a été créée le 19 avril 1915 au ‘’Teatro Manzoni’’ de Milan par la ‘’Compagnia Stabile milanese’’ de Marco Praga, avec Irma Gramatica.

Dans son recueil de pièces ‘’Maschere nude’’ (‘’Masques nus’’), elle s’allait finalement s’appeler ‘’La ragione degli altri’’ (‘’La raison des autres’’).

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‘’Cecè’’

(1915)

‘’Cécé’’


Comédie en un acte
Squatriglia vient chez Cécé le remercier d’un grand service qu’il lui a rendu auprès de Son Excellence. Cécé ne remet pas immédiatement le visiteur : il connaît tellement de monde. Mais il est animé de bons sentiments. Cependant, il est maladroit et a ainsi commis une dernière gaffe, avec Nada, la belle demi-mondaine. Squatriglia tombe bien. Cécé, en deux mots, lui explique le rôle qu’il devra jouer lorsque Nada arrivera. Lui s’absente. Squatriglia et Nada s’entendent sur Cécé : il n’est rien ou presque. Lorsqu’il revient, il aggrave la confusion par la bagatelle : Nada est si belle !
Commentaire
La pièce fut créée le 14 décembre 1915 au ‘’Teatro Orfeo’’ de Rome.

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Le succès de ses pièces dialectales ne plaisait guère à Pirandello qui envisageait de cesser son activité théâtrale si la pièce non dialectale et novatrice qu'il était en train d'écrire et qui lui tenait à coeur ne lui apportait pas l'adhésion et l'approbation qu'il connaissait en tant que romancier et nouvelliste.

C’était :

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‘’Così è (se vi pare)’’

(1916)


‘’Chacun sa vérité’’
‘’Parabole’’ en trois actes
Dans le salon de monsieur Agazzi, conseiller à la préfecture de la petite ville italienne de Valdano, sa femme, Amélie, et sa fille, Diana, commentent le comportement du nouveau secrétaire de la préfecture, monsieur Ponza. Non seulement, il néglige ses devoirs les plus élémentaires, à savoir venir saluer le conseiller chez lui, mais, en plus, il vit de manière bien étrange : il cloître sa femme à la maison et en interdit l'accès à madame Frola, sa belle-mère. Voilà qui est amplement suffisant pour susciter les médisances. Le beau-frère de monsieur Agazzi, Laudisi, a beau prendre parti pour les nouveaux venus en soulignant que les apparences sont souvent trompeuses et que l'attitude de Ponza s'explique sans doute aisément, rien n'y fait. Bien plus, l'arrivée d'autres mauvaises langues comme les époux Sirelâ et madame Cini ne fait qu'envenimer les choses. Et l'appel à la raison que réitère Laudisi : «Je vous vois acharnés à savoir ce que sont les êtres et les choses comme si les êtres et les choses en soi étaient ceci plutôt que cela» n'est pas écouté. Le hasard veut que madame Frola rende une visite opportune au conseiller. Pressée d'expliquer la conduite de son gendre qu'elle estime infiniment bon, la vieille dame justifie son attitude par l'amour excessif qu'il voue à sa femme. L'assemblée présente, et surtout les dames, a tôt fait de prendre parti pour les pauvres femmes qu'un homme jaloux sépare. À peine sa belle-mère est-elle sortie qu'entre monsieur Ponza, qui se montre disposé à révéler la vérité : depuis la mort de son épouse, sa belle-mère est devenue folle et, par compassion, lui et sa seconde femme jouent la comédie afin qu'elle conserve ses illusions. Revirement complet : chacun plaint monsieur Ponza. Mais à peine ce dernier a-t-il quitté le salon que reparaît madame Frola. Elle n'ignore pas dans quels termes son gendre l'a dépeinte et elle tient à compléter sa version des faits : monsieur Ponza fut terriblement affecté par le long séjour à l'hôpital que dut faire son épouse, à tel point que, lorsqu'elle revint, il se refusa à la reconnaître ; les deux femmes durent simuler un second mariage. Nouveau revirement : c'est madame Frola qu'on plaint à présent. Il semble que cette affaire soit devenue l'unique sujet de conversation de la ville tout entière et, afin d'apaiser les esprits, le préfet ordonne une enquête discrète. Malheureusement, tous les documents d'état civil ont été détruits dans un tremblement de terre. Le sage Laudisi s'en réjouit : les preuves sont inutiles ; seules deux personnes détiennent la vérité ; il suffit de croire ce qu'elles disent. Mais la curiosité est à son comble, et le clan organise une confrontation d'où jaillira, à n'en pas douter, la vérité. En quoi ils se trompent : monsieur Ponza, très en colère, tance vertement sa belle-mère («elle sait bien que sa fille est morte») et celle-ci ne contredit pas son beau-fils. Devant un tel accès de rage, l'assemblée le croit fou. Mais il se calme aussitôt et explique que la folie qu'il simule permet à madame Frola de conserver intactes ses illusions. À nouveau seules, madame la conseillère, sa fille et les autres personnes présentes ne savent plus qui croire. Laudisi propose que le préfet fasse venir madame Ponza, tout en précisant qu'en toute logique, elle ne devrait être qu'un fantôme. Sur les instances de l'assemblée bien pensante, la jeune femme est convoquée malgré les protestations de son mari qui considère toute cette histoire comme une atteinte à sa vie privée. Madame Ponza entre, voilée ; elle accepte de bonne grâce de révéler son identité : pleine de pitié pour son mari et pour Madame Frola, elle dit que, vis-à-vis de celle-ci, elle est sa fille ; que vis-à-vis de celui-là, elle est sa seconde femme. Quant à elle, elle n'est personne ; elle est celle qu'on croit qu'elle est. C'est à Laudisi qu'appartient le mot de la fin : «Voilà, Mesdames et Messieurs, comment parle la vérité ! Êtes-vous satisfaits?»
Commentaire
La pièce fut tirée de la nouvelle : “Madame Frola et Monsieur Ponza, son gendre”.

Le titre original ‘’Cosi è (se vi pare)’’ peut se traduire littéralement par : « C'est ainsi (si bon vous semble)» ou encore : « C'est comme ça (si ça vous plaît)’ ». Notons que l'affirmation contenue dans les premiers termes : « C'est ainsi » est immédiatement tempérée par les parenthèses. Les premiers mots du titre semblent se référer aux habitudes sociales, à l'ordre établi : «C'est ainsi» ; et les seconds « si bon vous semble», renvoient à tout ce qui est personnel, enfoui dans la personne privée, et caché dans le libellé même du titre, avec ces parenthèses qui mettent ces mots à l'écart. La formule sonne bien en italien, la traduction littérale (plus longue dans notre langue que le titre original) est moins heureuse. Malgré la disparition des parenthèses, le titre français, donné par le premier traducteur de Pirandello, Benjamin Crémieux, ‘’Chacun sa vérité’’ est plus percutant que sa traduction littérale.



L’histoire est apparemment simple : il s'agit d'élucider qui détient la vérité dans le trio formé par Monsieur Ponza, sa femme et sa belle-mère, Madame Frola... Mais qui est Madame Ponza? La seconde femme de Monsieur Ponza ou la première? Est-ce Madame Frola qui est folle en croyant que sa fille, disparue depuis quatre ans, est bien l'actuelle épouse de son gendre? Ou bien est-ce lui Monsieur Ponza, le fou, prenant pour seconde épouse, sa première femme qui lui aurait été rendue après un séjour en maison de santé? Il refuse à la mère et à la fille toute rencontre, prétend que la mère vit dans le fantasme. Ce gendre et sa belle-mère ne sont pas d'accord sur l'identité de l'épouse du premier que la seconde prend pour sa fille alors que le mari prétend qu'il s'agit de sa seconde femme. Qui dit vrai? On ne le sait pas… Et plus la pièce se déroule, plus on sait qu'on ne saura pas. La toute fin de la pièce ne nous éclaire pas non plus et reste confuse, opaque. On y assiste en effet à une destruction de la notion de dénouement car Pirandello indique alors que Ponza et sa femme s'en vont, accrochés l'un l'autre en se murmurant des paroles d'amour… Nous, les spectateurs, de qui Pirandello requiert une attitude active, nous faisant nous poser en même temps que ses personnages des questions à propos du cas à élucider, qu'il traita comme une énigme policière et philosophique, jusqu'à nous conduire au vertige, nous restons sur notre faim car, finalement, nous ne savons toujours pas la vraie vérité ! Mais comme le dit Pirandello : «Chacun sa vérité »…
La pièce est d'abord une critique de la mentalité bourgeoise cancanière et de la médisance en général. Cette critique s'inscrit dans le cadre des petites villes de Sicile et d'Italie du Sud où le qu'en-dira-t-on était roi, et où l'arrivée de nouveaux venus prétexte à commérages. Pirandello nous présente les inutiles démarches de cette sorte de tribunal de la bienséance formée par les habitants de la petite ville de Valdano où se déroule l'enquête sur la vie privée des nouveaux venus. Tribunal un peu voyeur et fort cruel, puisqu'il ne prend pas en compte les effroyables malheurs de la famille Ponza, endeuillée par un tremblement de terre. Par l'intermédiaire de Laudisi, son porte-parole, Pirandello conteste cette manière de vivre et interpelle directement le public, tout aussi curieux que madame Agazzi de connaître le fin mot de l'histoire. Laudisi est une sorte de Trivelin égaré chez les petits bourgeois. Il fait le bel esprit et tire les ficelles, nargue, critique, lance à dessein la compagnie sur une fausse piste, tout en suggérant, dès le début de la pièce, que nous ne connaîtrons jamais la vérité, semble se divertir des stupidités de cette société qui s’érige en tribunal mais qu’il oblige à douter de tout, même de ses soupçons. La scène où il s'adresse à son miroir, en lui demandant s'il est lui ou son reflet, donne déjà à entrevoir le concept suivant lequel les choses et les êtres humains dépendent du point de vue. C’est un dialecticien qui prend plaisir à dérouter son auditoire, qui pense qu'il n'y a pas d'un côté la vérité et la raison, et de l'autre l'erreur et la folie. Son rire moqueur, qui ponctue la fin des actes, est démystificateur, parce qu'il remet en cause les vérités établies. Mais il est également sensible au malheur d'autrui.
Pirandello joue tout au long de la pièce, qui est une enquête sur une psychose, par l'intermédiaire de Madame Frola et de son gendre, avec le thème de la folie (simulée ou réelle). Il suscite, au moyen de l'alternative folie réelle - folie simulée, les réactions les plus diverses :

«Monsieur Ponza : Monsieur le conseiller, Madame Frola est folle .

Le conseiller : Folle?

Ponza : Depuis quatre ans.

Agazzi : Comment ça folle?

Ponza : On ne le dirait pas, mais elle est folle ! Et sa folie consiste précisément à croire que je ne veux pas qu'elle voie sa fille. Quelle fille, au nom du ciel, puisqu'elle est morte depuis quatre ans, sa fille !

Le conseiller : Comment? Morte?

Ponza : Depuis quatre ans. C'est ce qui l'a rendue folle !

Sirelli : Mais alors celle qui vit chez vous…

Ponza : C'est ma seconde femme ; je l'ai épousée il y a deux ans.

Mais Madame Frola dit exactement le contraire : « Il se figure que sa femme, ma fille, est morte, qu'il en a épousé une autre et c'est pourquoi il m'interdit de l'approcher, ce qui ruinerait son erreur

Elle aurait sublimé l'amour qu'elle avait pour sa fille, l'amour de sa fille et de son gendre, à travers la relation qu'elle entretient avec lui, Ponza. Troublant…
Dans ce drame de l’ambiguïté, plein de jeux sophistiqués sur le concept de vérité, deux et même trois versions incompatibles des mêmes événements s'opposent sans espoir de vérification :

«Madame Ponza (épouse de Monsieur Ponza) : Il y a un malheur qui doit rester secret, pour que seule la pitié puisse y remédier.

Le préfet : Mais nous voulons respecter cette pitié, madame. Nous voudrions seulement que vous nous disiez…

Mme Ponza : Quoi donc? La vérité? La seule vérité, la voici : je suis bien la fille de madame Frola…

Le préfet : Ah !

Mme Ponza : …et la seconde femme de monsieur Ponza.

Le préfet : Oh ! Comment cela?

Mme Ponza : Oui ; et pour moi, je ne suis personne ! personne !

Le préfet : Ah non ! pour vous , madame, vous êtes l'une ou l'autre !

Mme Ponza : Non, mesdames et messieurs. Pour moi , je suis celle que vous croyez que je suis.

Laudisi : Et voilà, mesdames et messieurs, comment parle la vérité… Vous êtes contents? (et il se met à rire aux éclats).»

La mystérieuse Madame Ponza arrive, arrachée à sa maison dont la cour est, selon la jeune Dina, comme un puits. La croyance populaire ne dit-elle pas que la Vérité sort toute nue du fond du puits? Mais Madame Ponza est voilée : la vérité ne se laisse donc pas déchiffrer facilement.

Et l'ambiguïté si savamment élaborée demeure : rien n'est simple, rien n'est en soi, et notre normalité est peut-être folie pour les autres, et vice-versa. La lecture la plus courante de “Chacun sa vérité” débouche sur la conclusion un peu hâtive que la vérité en soi n'existe pas (conception ébauchée par Laudisi dans la pièce) et qu'il faut respecter autrui. Si la pièce met effectivement ces idées en évidence, elle ne se réduit pas à elles seules.

Une dissolution de la personnalité découle des deux premiers thèmes cités. Grâce à la folie et à l'absence de vérité une et infaillible, l'auteur mène le spectateur sur un terrain mouvant où l'identité des protagonistes principaux n'est pas une donnée acquise, mais, au contraire, est perpétuellement remise en question. En ce sens, le personnage pirandellien s'oppose au héros classique, typé et défini socialement, tel que l'a conçu Molière.

Mais le concept abstrait de dissolution de la personnalité est ici ancré dans un contexte donné comme réel et concret : un tremblement de terre a détruit tous les papiers officiels, toute trace écrite susceptible de donner une certitude. Bien plus : l'écrit, même s'il existait, pourrait être faux... Le développement du thème peut paraître exagéré, mais, à cette époque, du fait de la Première Guerre mondiale, se manifestaient de nombreux cas de personnes amnésiques dont les papiers avaient disparu et qui vivaient sans soupçonner l'existence, ailleurs, de leur conjoint.
‘’Chacun sa vérité’’ est annoncé comme une « parabole en trois actes », une histoire allégorique sous laquelle se cache un enseignement.

La cruauté inconsciente dont font preuve tous ces braves gens nous invite à être attentifs aux autres et à respecter ce qui leur apparaît comme la vérité, à nous écarter des idées reçues, de ces vérités qu'on croit absolument irréfutables, à nous méfier des fausses nouvelles démenties le lendemain à faire preuve de tolérance et de compassion, à réfléchir avant de juger, à prendre conscience que les sentences hâtives et péremptoires peuvent anéantir une vie, à leur préférer les incertitudes convaincantes.

S’imposent l’incertitude de la normalité (où débute la folie?), de la vérité (qui peut se targuer de la connaître dans les relations humaines? elle apparaît différente pour chacun de nous), de la perception (qui sommes-nous au juste dans le regard des autres? même le miroir nous renvoie une image faussée de notre propre personne !), la perpétuelle mutation des physiques, des sentiments et des idées. Pirandello critique la soumission à la rationalité, s'approche d'une vérité basée sur le dualisme. Il est en effet aussi indécidable de déchiffrer les sentiments, sans cesse en mutation, des habitants de Valdano que de repérer les relations exactes entre les trois membres de la famille. La psychanalyse venait juste de mettre en lumière les notions d'ambivalence, d'ambiguïté des sentiments. Depuis, les thèmes de la complexité et des paradoxes ont été largement développés dans les sciences et les arts. ‘’Chacun sa vérité’’ anticipa donc les nouvelles positions de l'esprit contemporain qui s'accommode fort bien de l'existence d'interprétations multiples dans l'étude des constellations familiales, et qui, dans d'autres sphères, admet les contradictions pour résoudre des problèmes jusque-là insolubles. La connaissance, toute connaissance, est présentée comme précaire ou bien se résout en un acte de foi aveugle.

Dans ce XXe siècle, et dans notre monde d'aujourd'hui, où tant de croyances erronées ont conduit à des catastrophes, la pièce apparaît plus que jamais actuelle.


La pièce a été créée le 18 juin 1916 au ‘’Teatro Olimpia’’ de Milan. Ce fut un début difficile, après lequel elle fut cependant très vite accueillie avec enthousiasme, au-delà même de l'Italie. Heureusement parce que, si la pièce était demeurée incomprise, un des plus grands dramaturges du XXe siècle aurait renoncé à écrire pour le théâtre, n'aurait pas écrit ses nombreuses et grandes comédies. Elle fut donc une étape décisive dans son œuvre, étant à l'origine de ce que la critique appelle le pirandellisme qui se caractérise par la contestation du personnage clairement définissable par son caractère et son appartenance sociale. Il n’allait cesser de mettre en lumière la dissolution de la personnalité, jusqu'à son paroxysme dans “Six personnages en quête d'auteur”.

La pièce a été montée pour la première fois en France le 23 octobre 1924, au Théâtre de l'Atelier, par Charles Dullin, qui jouait Laudisi, tandis que Marcelle Dullin, était Madame Frola. La pièce est entrée au répertoire de la Comédie-Française le 15 mars 1937, toujours dans une mise en scène de Dullin, avec notamment pour interprètes Berthe Bovy (Mme Frola), Fernand Ledoux (M. Ponza), Jean Debucourt (Laudisi), Pierre Bertin (Sirelli). Depuis, la pièce a été reprise plusieurs fois, devenant un classique.

En 1938, la section française du ‘’Montreal Repertory Theatre’’ monta la pièce avec un succès certain, sous la direction d'un compatriote de Pirandello immigré au Québec, le metteur en scène, comédien et auteur Mario Duliani.

En 1962, elle fut jouée à Montréal, au Théâtre du Nouveau Monde, dans une mise en scène de Jean Gascon, qui y joua avec Gisèle Schmidt, Gabriel Gascon, Henri Norbert, Roger Garceau, Lucille Cousineau, Janine Sutto, Marcel Cabay, Jean-Louis Roux.

En 1985, elle fut reprise au Rideau Vert, dans une mise en scène de Danièle J. Suissa, avec Jean-Marie Lemieux, Catherine Bégin, Gérard Poirier et Yvette Brind'Amour.

En 2003, la pièce a été mise en scène par Bernard Murat à Orléans le 4 janvier 2003 et reprise ensuite au Théâtre Antoine à Paris, jouée par Niels Arestrup dans le rôle de Monsieur Ponza, Gérard Desarthe dans celui de Lamberto Laudisi, et Gisèle Casadesus dans celui de Madame Frola.

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Avec le succès de ‘’Chacun sa vérité’’, Pirandello, à l’âge de cinquante ans, devint un écrivain de renommée mondiale. La critique italienne se fit plus respectueuse, mais n'en continua pas moins d'entretenir un rapport équivoque tant avec l'oeuvre qu'avec l'homme, équivoque qui contaminait aussi le public et les gens de théâtre.

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